(Terminé) La fille du Diable ⊹ Sabrina.

Depuis cette fameuse nuit d'Halloween, Sophie se posait mille questions par rapport à Sabrina. Qui était-elle réellement ? Son père avait laissé supposer bien des choses - notamment être le Diable en personne, ce qui paraissait être une idée ridicule aux yeux de Sophie - et Sophie n'arrivait pas à oublier tout ça. Elle avait eu envie, bien des fois, de poser ses questions à Sabrina. Après tout, elles vivaient sous le même toit, il était donc logique qu'elles ne se cachent rien d'important. Pourtant les jours puis les semaines étaient passées sans que Sophie ne demande quoi que ce soit. A vrai dire, Sophie avait été occupée par bien d'autres choses ces derniers temps. D'abord, elle avait retrouvé sa soeur Madeleine, puis elle avait retrouvé Jean. Ils avaient presque trois ans à rattraper et Sophie ne voulait qu'une chose : passer le plus de temps possible avec eux par crainte de les voir s'évaporer de nouveau. Alors elle avait un peu délaissé ses questions, profitant de ses moments avec Sabrina pour discuter de tout et de rien, plutôt que de discuter sérieusement.

Pourtant, le temps passant ne changeait rien. Les questions de Sophie étaient toujours là, plus présentes que jamais, et sa curiosité atteignait ses limites. Sophie avait donc décidé que ce jour serait celui où elle questionnerait Sabrina. Elle l'avait attendue une bonne partie de l'après-midi, trouvant toujours le temps trop long lorsqu'il s'agissait de patienter. La jeune femme avait donc occupé son temps entre de la lecture et attendre bêtement sur le canapé en grignotant. Le plus simple pour elle - et le plus logique - aurait été qu'elle ne commence à l'attendre qu'à l'heure où Sabrina finissait, mais dès que Sophie eut décidé de lui parler, elle n'avait pas été capable de faire vraiment autre chose.

Ce fut donc en fin de journée que sa colocataire poussa la porte d'entrée. Sophie était installée sur l'une des chaises de la salle à manger. « Sabrina ? » Appela-t-elle, ignorant si elle viendrait la saluer ou non. Sophie devait paraître bien sérieuse pour une fois, installée ainsi. « Je sais que tu rentres tout juste, mais tu pourrais venir, je dois te parler de quelque chose. » Ce n'était tellement pas elle tout ce sérieux et pourtant, lorsque c'était nécessaire, elle savait prendre sur elle et jouer ce rôle. « S'il te plaît. » Ajouta-t-elle alors en lançant un sourire à la jeune femme qui arrivait vers elle. Après tout, le but était d'obtenir des réponses à ses questions, pas d'effrayer Sabrina.

Sophie était impatiente et pourtant, aujourd'hui, sa patience avait été mise à l'épreuve. A partir du moment où elle avait décidé de questionner Sabrina, elle n'avait pu rien faire d'autre qu'attendre et encore attendre. Installée sur une chaise de la salle à manger, la jeune femme entendit, enfin, la porte d'entrée s'ouvrir. Sabrina était rentrée. Aussitôt, Sophie appela donc Sabrina et lui demanda de venir. Elle ne perdait pas de temps parce qu'elle avait envie de se débarrasser de cette corvée au plus vite. Ce n'était pas un moment agréable à passer, elle préférait davantage rire et s'amuser avec Sabrina. Jamais Sophie n'était aussi sérieuse avec son amie, mais elle ne pouvait pas attendre plus longtemps pour obtenir des réponses à ses innombrables questions.

Sophie entendit alors son amie se presser et se diriger vers elle. C'était le moment. Sophie sentit alors le stress monter d'un coup. Elle ne voulait pas se fâcher avec Sabrina, ni même se prendre la tête avec elle. Elle voulait simplement comprendre et avoir des réponses. C'était normal, non ? « Non non, tu n'as aucune raison de t'inquiéter, ne t'en fais pas... » Tenta-t-elle de rassurer son amie, un sourire aux lèvres. Sophie l'espérait en tout cas. Elle espérait sincèrement qu'elle se faisait des idées et que Sabrina ne cachait rien du tout, que l'une et l'autre n'avaient aucune raison de s'inquiéter.

Sans un mot de plus, Sabrina s'installait face à elle, sur une chaise. Sophie tenta alors de trouver du courage, prenant une grande inspiration puis se lança : « C'est à propos de ce qui s'est passé le soir d'Halloween... » souffla-t-elle, perdant toute la confiance qu'elle avait et oubliant totalement tout ce qu'elle avait prévu de dire. « Tu sais, ce que ton père a dit à propos de qui il était... De toi... » C'était totalement brouillon. Sophie n'allait quand même pas lui demander clairement si son père était réellement le diable ? Déjà parce qu'elle n'arrivait pas y croire, ensuite parce qu'elle risquait de braquer son amie et ce n'était pas son but. Alors plutôt que d'être plus claire et de poser clairement ses questions, elle se taisait et attendait une première réaction de son amie.

Assise sur cette chaise, Sophie essayait de se donner du courage maintenant que Sabrina était face à elle. Ce n'était pas un sujet facile à aborder, d'autant plus qu'elle ne voulait surtout pas se fâcher avec Sabrina. Son amitié comptait beaucoup à ses yeux et elle ne voulait pas la perdre pour des mensonges et des cachoteries. Sophie se lança donc. Elle n'osa pas poser les mots clairement, alors elle tournait un peu autour du pot, attendant la réaction de son amie et ses réponses. Peut-être n'aurait-elle pas besoin de poser clairement les questions ? Peut-être que Sabrina comprendrait et lui donnerait les réponses attendues ?

La première réaction de Sabrina fut de reculer sur sa chaise, l'air sérieux, puis elle se mit à rire aux derniers mots de la rousse. Qu'y avait-il de drôle ? Sophie se questionnait sans cesse depuis plusieurs semaines et c'était drôle ? Enfin, malgré ce rire, Sophie avait l'impression de pouvoir lire de la peur au fond de son regard. Elle semblait tendue aussi, mais Sophie ne voyait peut-être que ce qu'elle aimerait - ou pensait, en tout cas - voir. Sabrina n'ajouta aucune explication, se contentant de poser une simple question à Sophie. Savait-elle que les dires de Lucifer étaient faux ? L'idée paraissait ridicule et impossible aux yeux de Sophie, mais un infime doute persistait au fond d'elle à ce sujet. Et ce n'était pas tout, pourquoi avait-il dit ça dans ce cas ? Qu'avait-il laissé sous-entendre à propos de Sabrina ?

Sophie ne répondit pas immédiatement, se laissant un instant pour réfléchir. Sabrina insista alors en réclamant une réponse. Sophie se lança donc, toujours incertaine de ce qu'elle allait répondre. « Oui, oui, bien sûr... Je sais que ça ne peut pas être vrai... Enfin, je le crois ! Enfin, bien des choses me semblaient impossibles avant d'arriver ici et puis, j'ai dû accepter qu'elles existaient... Alors, en réalité, je ne sais plus. » souffla Sophie, incapable de donner une réponse claire parce qu'elle ne réussissait pas à organiser sa pensée. « Pourquoi a-t-il dit tout ça si ce n'est pas vrai ? Que cherchait-il ? Il avait l'air si sérieux... » Demanda-t-elle alors, n'osant pas affronter le regard de son amie, de peur d'y lire de la moquerie ou de la colère. Elle voulait simplement comprendre, rien de plus. Et depuis son arrivée dans cette ville, elle avait compris qu'il ne fallait plus chercher ni raison, ni logique.

Sabrina se montrait insistante pour obtenir une réponse. Sophie voulait prendre son temps pour réfléchir, pour donner les bonnes réponses. Elle ne voulait vraiment pas braquer son amie. Elle voulait simplement obtenir des réponses à ses questions, comprendre ce que Sabrina lui cachait. Sophie avait le droit de savoir avec qui elle vivait. Le père de Sabrina avait sous-entendu de nombreuses choses la concernant et il s'était lui-même présenté comme le diable. Cette idée, Sophie l'avait trouvée stupide pendant longtemps, même si une part d'elle-même se questionnait. Avant d'arriver ici, jamais elle n'aurait imaginé que les sorcières existaient. Pourtant, elle vivait avec l'une d'entre-elles. Alors ne pouvait-elle pas supposer que tout pouvait exister ? Mais le diable... Quand même ! Et c'était donc bien pour obtenir toutes ces réponses que la jeune femme devait interroger son amie. Après avoir obtenu les réponses attendues, elle serait enfin fixée pour de bon. A supposer que Sabrina ne lui mentait pas, évidemment.

Sophie répondit alors enfin à Sabrina. Sa réponse n'était pas très claire puisqu'elle supposait que non, ça ne pouvait pas être vrai et, en même temps, pourquoi pas, puisque tout existait dans cet endroit étrange. La sorcière lui donna une explication sur le comportement de son père et elle se mit même à rire - rire que Sophie ne pouvait pas partager, toujours perplexe. Sophie n'arrivait pas à être pleinement convaincue par les explications de son amie, même si elle avait envie de la croire et de ne pas douter d'elle. Sabrina, malgré ses efforts, semblait si mal à l'aise que c'en était forcément suspect. « Alors pourquoi ne pas m'avoir dit tout ça après la fête ? Tu devais sans doute te douter que j'allais me poser un tas de questions. » Si elle ne cachait rien, pourquoi ne pas dire la vérité tout de suite ? Pourquoi ne pas justifier ce comportement qui avait étonné Sophie ? Pourquoi attendre de longues semaines que la rousse relance cette conversation ? « Son amie, pourtant, l'appelait Lucifer. » Rétorqua aussitôt Sophie, se demandant pourquoi cette dernière l'avait appelé Lucifer s'il s'appelait réellement Edward. Entrait-elle simplement dans son jeu ? Même lorsqu'ils commençaient à se disputer ?

Sans même laisser Sophie reprendre, Sabrina se redressa en lui demandant si elle pouvait aller se reposer après son épuisante journée. Sophie tendit un bras vers elle pour lui dire d'attendre. « Attends ! » Elle n'en avait pas fini. Pas encore. « Je sais que tu es fatiguée, mais je n'ai pas fini. S'il te plait. » Sophie comptait bien obtenir la vérité aujourd'hui, ou essayer. « Je veux simplement connaître la vérité Sabrina. Je veux savoir avec qui je vis. J'en ai bien le droit, non ? » Souffla la rousse, elle ne se mettait plus seulement elle en danger si les fréquentations de Sabrina était mauvaise. Il y avait Camille, mais elle avait aussi retrouvé Jean et Madeleine. Sabrina n'avait pas le droit de lui cacher de choses aussi importantes, Sophie avait le droit de savoir pour protéger les siens.

Les explications de Sabrina tenaient peut-être la route, Sophie n'en savait plus rien. Son amie semblait avoir réponse à tout, elle semblait pouvoir donner une explication pour tout, mais quelque chose empêchait Sophie de la croire pleinement. Un doute subsistait toujours malgré toutes les explications de la sorcière. « J'ai voulu croire qu'il racontait n'importe quoi et j'ai été suffisamment occupée pour passer à autre chose pendant quelques semaines, c'est vrai. » Elle devait l'avouer, elle ne s'était pas spécialement montrée inquiète après cette fête. La jeune femme s'était posée de nombreuses questions tout au long de ces semaines, mais elle avait eu l'esprit suffisamment occupé ailleurs pour ne pas prendre le temps d'en discuter avec Sabrina. Aujourd'hui, elle avait besoin de réponses et de lever ses doutes et il n'était plus question de reculer.

Sabrina poursuivit ses explications, affirmant que le véritable nom de son père était Edward. Sophie pouvait croire à ça, mais elle ne pouvait s'empêcher de se poser une question. Pourquoi l'amie de son père, alors, l'appelait-elle bel et bien Lucifer ? Etait-ce une façon d'entrer dans son jeu ? Etait-ce un surnom qu'elle lui donnait ? Si ces deux explications pouvaient paraître plausibles, Sophie n'arrivait pas à comprendre pourquoi l'amie en question aurait continué à appeler Edward Lucifer lorsqu'ils se disputaient. Rares étaient ceux qui continuaient de jouer ou de surnommer en plein milieu d'une dispute. Cette fois-ci, les explications de Sabrina lui parurent moins convaincantes et elle haussa les épaules à ses réponses. « Je ne sais pas... J'ai l'impression qu'elle le connaît vraiment bien... Elle se moquait même de lui lorsqu'il prétendait être le diable, alors j'imagine assez mal qu'elle continue de l'appeler ainsi si elle savait ce prénom inventé ! » Sophie pouvait totalement se tromper, mais têtue comme elle était, maintenant qu'elle avait cette idée en tête, elle n'abandonnerait pas et elle n'était pas prête à laisser Sabrina tranquille.

La sorcière tenta alors d'échapper à la conversation - ce qui n'éveilla que davantage les soupçons de l'humaine - en se relevant. Sophie l'arrêta d'un geste de la main et d'un simple mot. Elle comprenait que son amie puisse être fatiguée, mais elle n'allait pas la laisser s'en tirer comme ça. Elle voulait des réponses ! Et elle y avait le droit ! Evidemment, l'insistance de Sophie ne plaisait pas à Sabrina qui ne se privait pas de le montrer en soupirant bruyamment et en roulant des yeux. Sabrina fut alors la première à reprendre la parole, jurant qu'elle disait la vérité. Sophie aimerait tellement la croire, mais elle ne pouvait pas faire taire ce petit doute au fond d'elle qui persistait sans savoir pourquoi. « Sabrina, s'il te plaît, je ne veux pas te blesser ou te vexer. Dis-moi simplement la vérité et prouve-moi que tu me fais suffisamment confiance pour ça. C'est tout ce que je te demande. » Après tout, si elle lui cachait quelque chose, n'était-ce pas par manque de confiance elle aussi ? Alors aucune n'était bien placée pour parler de confiance donnée à l'autre. Sophie voyait bien l'air de son amie et elle était peinée de la voir blessée et déçue, mais elle n'arrivait pas à lui faire complètement confiance sur ce point, elle devait l'avouer.

« Ne fais pas l'enfant. » rétorqua Sophie à la réflexion de son amie, levant les yeux au ciel à son tour. Elle avait l'impression d'avoir la version capricieuse et boudeuse d'elle-même face à elle - et elle commençait à comprendre la fatigue des gens face à ce comportement détestable. Sabrina se leva donc pour se rendre dans la cuisine. Sophie en profita simplement pour souffler et se détendre un peu, priant pour que cette situation ne dure pas des jours. Elle n'avait pas la moindre envie qu'elles se fassent la tête jusqu'à ce que l'une ou l'autre ne doive s'excuser. Sabrina ne fut pas très longue à revenir, deux sodas à la main, mettant alors fin à ce petit instant de repos. Sophie remercia son amie lorsque cette dernière déposa la boisson devant elle et ne perdit pas une seconde pour reprendre. « Je te fais confiance Sabrina, mais quelque chose me dit que cette fois-ci, tu ne me dis pas toute la vérité ! Je te promets que je ne cherche qu'à comprendre, ça ne changera rien à notre amitié, peu importe la vérité. En revanche, si tu me mens, tu perdras ma confiance. » Sophie la mettait en garde. Si elle lui cachait une chose importante, elle aurait dû mal à oublier. Si elle lui avouait une chose importante ou dangereuse, sans doute serait-elle méfiante ou apeurée, mais l'aveu ne changerait rien à ce qu'elle ressentait pour elle. Et Sophie était persuadée qu'elles se retrouvaient dans cette seconde option. La jeune femme savait comme on pouvait mentir avec volonté lorsqu'on le voulait vraiment, alors elle se devait de rester méfiante sur un sujet aussi important.

Si Sophie n'était pas convaincue par quelque chose, c'était bien par ça. Elle avait voulu croire que le père de Sabrina racontait n'importe quoi. Pour autant, elle n'avait jamais réussi à se convaincre que tout était faux. Elle ne pouvait rien certifier, sans quoi elle ne serait pas en train d'interroger son amie actuellement, mais une petite voix, au fond d'elle, lui assurait que cet homme n'avait pas raconté n'importe quoi, aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Malgré tout, Sophie avait eu l'esprit trop occupé par autre chose et sa logique avait voulu la raisonner en lui disant que le Diable ne pouvait pas se trouver en ville. Pour moins y penser, elle s'était donc concentrée sur ses retrouvailles avec Madeleine et Jean et sur son désir de réunir sa famille. Autant dire, donc, que cette histoire n'était pas passée en priorité - sans pour autant complètement disparaître de son esprit.

Par tous les moyens, Sophie essayait donc de faire parler Sabrina. La jeune femme tentait de relever les incohérences, elle essayait de lui donner envie de lui faire confiance. Après tout, Sophie l'avait accueillie ici, puis n'étaient-elles pas censées se faire confiance et être amies ? Pas suffisamment pour mériter de connaître la vérité, semblait-il. « Ton père ne semble avoir aucun problème, c'est étrange. » Souffla Sophie en haussant les épaules, pourtant prête à essayer de croire cette version de son amie. Tous les problèmes n'étaient pas visibles, après tout. « Donc si je vais voir ton père aujourd'hui, il pourrait prétendre être autre chose que le Diable ? Et si je lui parle de sa véritable identité, comment réagirait-il ? » Sophie était entêtée et ne lâchait pas facilement l'affaire. Cette fois, elle insisterait jusqu'à être convaincue des mots de son amie parce qu'elle était persuadée qu'il y avait un mensonge derrière tout ça - lequel précisément et pourquoi, c'était ce qu'elle cherchait à découvrir.

Sabrina ne semblait pourtant pas décidée à lui fournir les réponses qu'elle attendait. Elle prenait tout ça pour un jeu et comme ce jeu commençait, sans doute, à l'agacer, elle voulait prendre la fuite. Sauf que Sophie ne la laisserait pas tranquille. Pas encore. La jeune femme insista donc pour continuer cette conversation maintenant. Sabrina aurait alors tout le temps de se reposer une fois les réponses données. La laisser fuir, c'était retarder l'inévitable et lui donner le temps d'inventer un mensonge - si elle était en train de mentir, évidemment. Sophie jouait alors sur la confiance que Sabrina lui accordait pour la forcer à tout avouer. Si la sorcière disait réellement toute la vérité, Sophie devait paraître incroyablement insupportable à tant insister. L'impatience et la colère dont Sabrina faisait preuve actuellement seraient alors tout à fait légitimes. « Alors si je me fais des idées, je veux parler à ton père. Si tu m'organises un rendez-vous avec lui, je saurai que tu ne me mens pas et je ne t'ennuierai plus avec tout ça. » Elle cherchait davantage à remarquer la réaction de Sabrina qu'à obtenir un réel rendez-vous avec celui qui se trouvait être, potentiellement, le Diable. Si elle acceptait sans réserve et si son regard restait assuré et ne fuyait pas, Sophie serait prête à essayer de la croire. Dans le cas contraire, ses doutes se renforceraient.

Comme Sabrina s'agaçait et perdait patience, elle se montrait particulièrement désagréable en demandant s'il lui était toujours possible de se servir à boire. La situation était tendue et devenait tout ce que Sophie ne voulait pas. Les deux amies risquaient de se disputer et de s'en vouloir un bon moment. Au retour rapide de la sorcière, Sophie reprit aussitôt, sans lui laisser davantage de répit, voulant en finir au plus vite. Elle voulait faire comprendre à son amie que la vérité ne changerait rien alors que le mensonge détruirait la confiance qu'elle avait en elle. Ces quelques mots déclenchèrent alors quelque chose chez Sabrina - ou, peut-être était-ce simplement l'agacement de subir un interrogatoire à peine rentrée des cours ? Sabrina se décida donc à tout avouer. Sophie ne la quittait plus des yeux, écoutant chacun de ses mots avec une attention que l'on voyait rarement chez elle. Du début de sa vie, Sophie connaissait quelques détails, notamment sa vie avec ses tantes et son cousin. L'histoire la surprit davantage lorsqu'il fut question de son seizième anniversaire. Le livre de la Bête. Un nom qui fit frissonner la rousse parce qu'il ne laissait rien présager de bon. Ce nom respirait le mal. Et le pire - ou ce que Sophie pensait être le pire à cet instant - tomba : Sabrina vénérait le Diable. La gentille et innocente petite sorcière qu'elle semblait être - et avait prétendu être - vénérait ce que Sophie considérait comme la pire entité existante. Elle vénérait le mal en personne. Sophie n'eut pas le temps de réagir - bien que sa réaction dût se lire sans mal sur son visage - que déjà Sabrina enchaînait sur un pacte passé avec le Diable. Et enfin, elle avait conclu avec la pire chose que Sophie pouvait entendre. Elle voyait ses craintes se confirmer. Sabrina était la fille du Diable.

Sophie resta silencieuse un long moment face à ces révélations. Ses yeux fixaient la table, ne pouvant plus affronter le regard de son amie. Elle essayait de comprendre et d'accepter ce qu'elle venait d'entendre, mais bien vite elle se rendit compte qu'elle n'y arriverait pas. « Sabrina Morningstar. » Répéta-t-elle alors dans un souffle, comme pour se convaincre elle-même de ce qu'elle avait entendu. « Sabrina Morningstar ? » Répéta-t-elle en levant les yeux vers Sabrina, à la recherche d'une confirmation, priant quelque part pour que ce ne soit qu'une mauvaise blague. De nouveau silencieuse, Sophie passait par un nombre incalculable d'émotions. Déçue de savoir que son amie lui avait caché ça tout ce temps ; en colère à l'idée de ces mensonges ; apeurée à l'idée de vivre sous le même toit que l'enfant de Satan... Tout ça devenait extrêmement difficile à contrôler. « Tu as juré que tu me disais la vérité ! Tu as juré, Sabrina ! » Souffla Sophie, en colère. Sophie avait promis que la réponse de son amie ne changerait rien, mais elle n'avait pas compris tout ce que cette vérité impliquait. Si Lucifer était le Diable, Sabrina était une partie du Diable. Alors, finalement, sa réponse changeait tout. Sa réponse ne pouvait que tout changer. « Tu m'as menti ! » Affirma-t-elle en se relevant, haussant la voix pour crier, la peur et la colère se mélangeant en elle. « Je me suis trompée en affirmant que ça ne changerait rien ! Je ne peux pas vivre sous le même toit qu'une fille capable de cacher quelque chose comme ça, qu'une fille capable de me regarder droit dans les yeux pour me jurer qu'elle dit la vérité. » Elle tourna le dos à Sabrina, regardant à l'extérieur, incapable d'affronter son amie. Incapable d'affronter sa réaction. Comment réagirait-elle si Sophie la mettait dehors ? « Tu n'es pas quelqu'un de bien. Tu ne peux pas être quelqu'un de bien. » souffla-t-elle, sans oser regarder son amie. Le Diable représentait tout ce qu'il y avait de pire pour Sophie alors sa fille ne pouvait être que mauvaise. « Tous ces beaux discours sur ta façon d'utiliser tes pouvoirs, sur le bien... Ça aussi, c'était des mensonges ? Je ne sais pas qui tu es en réalité... Je ne te connais pas ! » Sophie ne comprenait pas. Après tout, Sabrina n'avait jamais été mauvaise avec elle ou devant elle alors comment pouvait-elle être une partie du mal en personne ? « Je veux que tu partes. Je vais quitter la maison quelques jours et quand je reviendrai, tu seras partie. » Affirma-t-elle avec toute la certitude qu'elle était capable de montrer et avec le moins d'hésitations possibles. Enfin, elle osa se tourner vers son amie, à la recherche du moindre signe d'hostilité après cette annonce. Elle irait où elle voudrait, ce n'était plus son problème, mais elle ne voulait plus d'elle ici. C'était un risque bien trop grand pour elle et sa famille. « Qui sait ce que tu me caches d'autre ? » Après tout, si pendant trois ans, elle avait été capable de cacher à tout le monde ses origines, elle pouvait très bien cacher sa nature profonde et le mal qu'elle faisait.

Sophie se contentait d'hausser les épaules à la réponse de Sabrina. Elle devait essayer de la croire, mais ses explications paraissaient plus folles encore que l'idée d'avoir le Diable comme père. Sophie croyait généralement, sans difficulté, son amie, mais pas cette fois-ci. Cette fois-ci, elle sentait que quelque chose n'allait pas et que Sabrina essayait de se sortir de cette situation délicate. Son comportement lors de cette soirée d'Halloween, son comportement aujourd'hui... Elle mentait ou, au moins, ne disait pas toute la vérité. Sophie essayait alors de démêler le vrai du faux en posant tout un tas de questions à Sabrina. Elle espérait ainsi la prendre à son propre jeu, en la piégeant et en la faisant se contredire elle-même. Mais Sabrina restait sur ses positions et elle persistait dans ce qu'elle disait. « Pourquoi est-ce si important ? Que se passerait-il si je n'entrais pas dans son jeu ? » Etait-ce important pour éviter une crise de nerfs ? Pour éviter un réel danger ou problème ? Sabrina était bien trop vague pour que Sophie la croit sans insister davantage. « Lors de la fête d'Halloween, je lui ai dit que je ne le croyais pas et... Il ne s'est rien passé ! » Alors pourquoi ne fallait-il rien dire ? Toute cette histoire n'avait aucun sens aux yeux de la rousse et plus Sabrina s'expliquait, moins elle la croyait.  

Pour forcer son amie à se trahir ou à révéler la vérité, Sophie émit donc l'hypothèse d'un rendez-vous organisé avec Lucifer. Ainsi, elle pourrait jauger la réaction de la sorcière face à cette demande. Si elle mentait, jamais elle ne voudrait organiser ce rendez-vous. C'était évident. « D'accord. Je lui parle et ensuite je ne t'embête plus jamais avec cette histoire, s'il réussit à me convaincre. » Si Sabrina lui préparait vraiment cette rencontre, si ce Lucifer savait la convaincre alors elle n'embêterait plus Sabrina et accepterait de croire en son histoire, bien qu'elle soit étrange à ses yeux.

Sophie sentait la situation lui échapper. Sabrina perdait patience et ne se gênait pas pour le montrer. Finalement, la sorcière livra son histoire et la vérité que Sophie réclamait tant. Sophie ne savait plus comment réagir. Soupçonner une vérité et l'apprendre étaient deux choses bien différentes. Puis, Sophie ne s'était pas rendue compte de tout ce que la vérité qu'elle cherchait impliquait. Un instant, Sophie resta silencieuse. Elle ne savait quoi dire ou comment réagir. La jeune femme, dans un premier temps, répéta alors le nom de son amie. Elle cherchait à imprimer en elle cette vérité ou à entendre Sabrina lui dire que tout ça n'était qu'une très très mauvaise blague. La rousse enchaîna sur le fait que son amie lui avait juré. Ce n'était pas simplement qu'elle avait menti ! Non, elle avait juré qu'elle disait la vérité et pour Sophie, ça changeait beaucoup de choses de savoir que son amie était capable de la regarder droit dans les yeux en lui jurant une chose complètement fausse. A combien d'autres reprises alors lui avait-elle menti ? Combien de fois lui avait-elle promis quelque chose de faux ? Sur quoi d'autre était-elle capable de garder des secrets ? Sophie s'était trompée. Elle ne pouvait pas avoir confiance en Sabrina. « Tu ne te dis pas que si tu avais dit toute la vérité dès le départ, ça aurait été différent ? Rien ne t'obligeait à me mentir Sabrina ! C'est ton choix, ta décision. Ne me mets pas ça sur le dos ! » Obligée de mentir à cause de l'insistance de Sophie ? Puis quoi encore ? Sabrina n'avait pas le droit ! Elle n'avait pas le droit de lui mettre ça sur le dos ! Elle était la seule responsable de ses mensonges. « On ne jure pas pour convaincre ses amis d'un mensonge ! On ne ment pas à ses amis ! On ne cache pas quelque chose d'aussi important à la personne qui vous accueille chez elle ! » Sophie était en colère. Elle l'était rarement. Elle faisait la tête parfois, souvent pour des bêtises, mais elle était rarement aussi en colère après quelqu'un.

Sophie continua donc à expliquer à Sabrina qu'elle ne pouvait plus lui faire confiance et qu'elle s'était trompée sur son compte. La rousse avait remarqué l'expression de son amie, mais elle ne pouvait pas avoir de compassion pour elle, pas à cet instant. Elle se l'interdisait. Non contente de mentir, Sabrina haussait le ton à son tour. Fallait-il que Sophie accepte la vérité sans broncher, pour Sabrina ? Devrait-elle ne rien dire en apprenant que celle qu'elle croyait être son amie lui avait menti pour une chose aussi importante ? Pour quoi d'autre avait-elle été capable de mentir ? Et si tout le reste n'était que mensonge ?  « Si ça ne change rien, pourquoi ne pas me l'avoir dit, alors ? Sabrina, tu ne peux pas mentir comme ça et nous demander de te croire sur parole pour tout le reste. Alors non, tu n'es pas la même ! L'amie que je croyais avoir, elle, elle ne mentirait pas ! » Comment pouvait-elle espérer qu'on la croit alors qu'elle mentait sans cesse ? « Tu peux mentir sur n'importe quoi Sabrina ! Tes amis humains, Nicholas, tes tantes... Ils existent eux ou ils ne sont qu'une invention pour te faire paraître plus... humaine ? » Sophie remettait en doute toute l'histoire de Sabrina ! Jusqu'où avait-elle menti en prétendant qu'il s'agissait de la vérité ? Tout pouvait être faux, sa vie pouvait être une invention totale pour paraître plus humaine. Cette vie n'était peut-être qu'une pure invention pour cacher sa vie passée en Enfer ?

Et parce que c'en était trop pour Sophie, elle demanda à Sabrina de partir. La jeune femme ne pouvait plus vivre sous le même toit que cette personne. Oui, elle lui avait dit que ce qu'elle dirait ne changerait rien, mais finalement... Si ! Ça changeait les choses ! Ça changeait beaucoup trop de choses. « Oui. Je veux que tu partes. » Réaffirma la rousse, inflexible, lorsque Sabrina lui demanda si elle la mettait dehors. « C'est inutile, je ne te crois plus. » Sabrina pouvait lui promettre tout ce qu'elle voulait, lui jurer qu'elle ne cachait rien d'autre, pourquoi la croirait-elle désormais ?

Sophie ne la quittait jamais des yeux. Sabrina ne tenait plus en place. Elle s'éloignait, se tournait et se retournait. Et elle criait. Elle criait parce que Sophie la prenait pour un monstre, parce que Sophie se montait la tête, selon ses propres mots. « Je ne te considère pas comme un monstre Sabrina. Juste comme une fille en qui on ne peut accorder aucune confiance. Tu ne voulais pas me le dire simplement pour ne pas avoir à te justifier, pour te faciliter la vie, c'est tout ! » Sabrina avait menti et elle persistait en validant son mensonge par des excuses et des explications que Sophie ne trouvait pas justes. Sophie n'était ni trop humaine, ni elle ne savait quoi d'autre. Elle n'était que la fille qui avait été trahie par son amie. Ce n'était pas un petit mensonge, elle avait menti sur qui elle était réellement, sur sa véritable nature. Ce n'était pas rien, mais Sabrina, trop persuadée d'avoir raison, ne pouvait pas l'accepter et préférait rejeter la faute sur les autres.  

Sans que Sophie n'ajoute quoi que ce soit, Sabrina se rapprocha d'elle. Elle pleurait et Sophie ne put s'empêcher d'être peinée par cette vision. Elle ne voulait aucun mal à son amie. Elle aurait aimé que tout soit différent, que tout se passe autrement, mais elle ne pouvait pas laisser passer une telle chose sans réagir. Lorsque Sabrina approcha ses mains du visage de Sophie, cette dernière eut un léger mouvement de recul. La sorcière ne lui faisait pas particulièrement peur, mais elle ne comprenait pas ce qu'elle était en train de faire alors elle restait sur ses gardes. Sabrina s'excusa et la suite demeura un mystère pour Sophie, qui ne comprit rien à ce qui était en train de se passer.

Lorsqu'elle reprit conscience de la situation, Sophie n'avait conservé aucun souvenir de toute cette discussion, évidemment. Il lui semblait simplement avoir eu un bref moment d'absence. Elle secoua légèrement la tête, comme pour se reprendre, et observa son amie un instant : « Je... Tu as dit quelque chose ? » Sophie n'arrivait pas à se souvenir de ce qui venait d'être dit, son esprit s'était sans doute égaré un court instant, distrait par autre chose, comme bien trop souvent. « Tout va bien ? Tu pleures ? » Son amie semblait ne pas se sentir bien. Il fallait dire que la conversation n'était pas facile. Sophie s'était montrée un peu trop insistante à propos du père de Sabrina, obligeant cette dernière à parler de son histoire difficile avec lui alors elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir responsable. « Je suis désolée Sabrina, je ne voulais pas te blesser. Je n'aurais jamais dû insister autant. » S'excusa-t-elle sincèrement. Sophie s'était montrée impolie et beaucoup trop curieuse face à une situation qui ne la concernait pas et, à cause d'elle, Sabrina devait se sentir mal.

Sophie cherchait, fouinait, insistait. Elle voulait des réponses à ses doutes et à ses questions, mais Sabrina refusait de répondre avec sincérité. C'était, du moins, l'impression qu'elle donnait.  Sabrina insistait sur le fait qu'il ne fallait pas parler à son père de son problème pour éviter les ennuis. Sauf qu'elle était incapable de lui expliquer le pourquoi, disant simplement que ce serait dangereux. Sophie ne put alors pas s'empêcher d'ajouter qu'elle ne l'avait pourtant pas cru, lors de la soirée d'Halloween. Comme d'habitude, la jeune femme avait réponse à tout et lui répondit que Sophie ne l'avait pas confronté à la réalité des choses, donc que ça n'avait eu aucun impact.

Incapable d'obtenir les réponses qu'elle attendait et sentant que son amie était en train de lui mentir, Sophie essayait de la piéger. Ce n'était pas facile, Sabrina réussissait à contrer chaque piège - ou presque. A la demande de Sophie, elle lui promit ce rendez-vous avec Lucifer et jura qu'il saurait la convaincre. Si elle obtenait réellement ce rendez-vous, alors, peut-être, commencerait-elle à y croire plus sérieusement et à arrêter de remettre en doute les mots de son amie.

Face à l'insistance de Sophie, Sabrina avoua tout. Si Sophie avait eu envie d'entendre la vérité, l'entendre réellement fut difficile. Elle avait l'impression de ne pas connaître Sabrina, elle avait l'impression de ne plus pouvoir lui faire confiance après que cette dernière avait juré ne pas lui mentir. Sabrina se trouvait toutes les excuses du monde. Elle mentait et justifiait ses mensonges en les disant nécessaire. C'était de pire en pire. « Ça n'aurait peut-être rien changé, mais au moins, tu ne m'aurais pas menti alors que je te faisais confiance. » Peut-être que Sophie aurait réagi pareil dans un premier temps, mais l'annonce aurait été plus facile à accepter. Aujourd'hui, elle devait accepter, en plus de cette annonce, le fait que son amie lui mentait depuis des mois sans aucun scrupule apparemment.

Sophie remettait alors tout en doute, même l'existence humaine de Sabrina. Elle s'imaginait que cette dernière avait tout inventé pour paraître plus humaine et s'intégrer plus facilement à ce nouveau monde. Comment lui faire confiance ? Comment savoir lorsqu'elle mentait ? Lorsqu'elle disait la vérité ? « Je ne te crois plus. » Souffla-t-elle simplement face aux promesses de la sorcière sur sa véritable nature et sur sa vie humaine. Si elle arrêtait de la croire, aucun risque d'être déçue de nouveau. C'était une simple façon de se protéger.

Toujours pour se protéger, elle voulait voir Sabrina quitter cet endroit. Elle ne voulait plus la voir. Elle ne supportait pas ses mensonges. Désormais, elle n'avait plus la confiance de Sophie. « Oui, j'ai déjà menti. Jamais pour quelque chose d'aussi important Sabrina. C'est trop tard, je te vois différemment. Je te vois comme la personne qui a abusé de ma confiance et de ma naïveté en me regardant droit dans les yeux et en me mentant. » Et si Sophie n'était pas rancunière, elle allait avoir du mal à le lui pardonner et à l'accepter, c'était certain.

Mais Sabrina se moquait de ses erreurs au point d'en commettre une autre, aussi grave - peut-être même plus grave, en réalité. Puisque Sophie ne réagissait pas bien à cette annonce et qu'elle voulait mettre Sabrina à la porte, Sabrina eut l'idée d'effacer la mémoire de la jeune femme. La sorcière avait toujours une façon bien à elle de régler ses problèmes : bien souvent, la pire des façons. Sophie perdit conscience de ce qui était en train de lui arriver. Elle avait simplement l'impression d'avoir eu l'esprit ailleurs. Revenue à elle, elle demanda à Sabrina si elle avait dit quelque chose. Tous ses souvenirs de cette soirée ayant été modifiés, elle se sentit coupable de voir son amie pleurer. Elle s'était montrée tellement insistante qu'elle avait blessé involontairement son amie. Elle s'en voulait tellement. Sabrina tenta alors de la rassurer par quelques mots, lui disant qu'elle n'y était pour rien, que la situation avec son père la travaillait simplement. Sophie avait été si stupide d'en parler et d'insister tant. Sans lui donner la moindre réponse, Sophie se contenta de sourire à son amie lorsqu'elle lui annonça qu'elle allait se reposer un peu dans sa chambre. Sophie n'avait plus qu'à se montrer particulièrement gentille et patiente avec Sabrina pour se faire pardonner cette fin d'après-midi - ou ce qu'elle croyait être leur fin d'après-midi.