EAT ME. (mangez moi) La vie aurait pu être si belle, si douce, si.. normale. Une famille aimante, une demeure confortable. Maman, Papa, Lizzie, Dinah et ton esprit débordant de créativité et d'imagination. Les premières années de ta vie furent probablement les plus belles et les moins tourmentées. Occupée à rêvasser, à dessiner, à jouer du piano petit fille adorée dont la vie semblait être la plus heureuse qu'il soit.
Mais chaque tableau à son ombre, n'est-ce pas ? Et la tienne prend un aspect des plus mythologiques lors de la nuit du 5 novembre 1863. Tu le revois, très clairement, tu entends le bruit de ses sabots sur le parquet du couloir. Il craque, il pleure.. il gémit.. Comme Lizzie.. Douce Lizzie.. Tendre Lizzie.. Pauvre Lizzie. Innocence arrachée de la pire façon qu'il soit. Car, après avoir fait ce qu'il a fait, il termine de l'achever à l'aide du coussin sur lequel elle dormait. Tu ne vois pas, mais tu entends, à moitié endormie. Est-ce encore l'un de tes rêves étranges ? Un rêve dans lequel tu es tellement plongée que tu ne sens même pas cette lourde odeur de fumée. Heureusement que tes amis du pays imaginaire son là, heureusement que le chapelier, aussi fou soit-il parvient à te réveiller, te sauver in extremis du brasier ardent qu'es désormais ta maison..


DRINK ME. (buvez moi) Le centaure hante tes nuits, et tous tes magnifiques rêves d'autrefois sont désormais transformés en cauchemars abjectes. Le feu, tu peux sentir sa chaleur à chaque fois que tu fermes les yeux. Les cris, tu peux les entendre dès que ta chambre à l'asile devient trop silencieuse. Enfermée. Enchaînée. Droguée. Ils disent que tu es folle, que ton esprit a été complètement anéanti, qu'il est perdu, tout comme toi, Alice. Perdue. La folie a un côté réconfortant, tu dois bien l'admettre. Car elle te permet de ne pas faire face à ce que tu as vu. Elle te permet de dissimuler toutes ces choses derrière un vaste écran de fumée. Mais tu ne dois pas céder, Alice. Tu dois te battre, pour eux, pour elle. Il le faut.
Les années s'écoulent, passent. Tu te mures dans un long silence. La seule fois où ils entendent tes cris c'est lorsqu'il te traite avec mépris, qu'ils t'inflige toutes ces tortures, qu'ils te batte et t'humilie. Ils disent que c'est toi la responsable des malheurs de ta famille. Ils disent que c'est toi, qui a fait brûler ta maison, que c'est toi qui les a tous tués... Mais ce n'est pas vrai.. ça ne peut pas être vrai.. Jamais tu n'aurais pu faire ça... ? Jamais tu n'aurais pu commettre un acte aussi horrible.. N'est-ce pas, Alice ?


KILL ME. (tuez moi) Tu essayes de te reconstruire maintenant, de faire face à ce passé qui semble constamment vouloir te rattraper. Orpheline, tu trouves refuges à Houndsditch, un foyer conçus spécialement pour les jeunes égarés, comme toi. Le "capitaine du navire" semble vouloir t'aider, semble vouloir t'accompagner dans cette lute acharnée que tu mènes contre cette folie qui te ronge. Il s'appelle Bumby. Le Dr Angus Bumby et c'est ton ami. Ton seul ami. L'asile de Rutledge a été un épisode très compliqué pour toi, pour qui ne l'aurait-il pas été, d'ailleurs. Alors tu essayes de l'oublier, tu essayes de te concentrer sur ce qu'il y a d'important, de vraiment important... Tu as été jugé non coupable et suffisamment saine d'esprit pour être relâchée mais le doute demeure néanmoins. Si ce n'est pas toi qui allumé ce feu cette nuit là.. alors qui cela peut-il être, Alice ? Tu dois réfléchir. Tu dois te souvenir.. Ne l'écoute pas, écoute toi. Mais lui, semble accorder beaucoup d'importance à ce pays des merveilles que tu décris depuis plusieurs années. Lui, semble s'y intéresser, et t'écouter lorsque tu racontes ce par quoi tu es passé. Cet endroit merveilleux dans lequel tu te réfugies depuis que tu es toute petite.. cet endroit que tu as dû défendre plusieurs fois, que tu as dû protéger, et sauver. Tu es une battante, Alice. Ne l'oublie pas. Ne l'oublie jamais..
Le docteur te pousse à affronter tes peurs, te pousse à retourner dans ce monde de merveilles que tous pensent n'être que le fruit de ton imagination. Mais, il n'est pas si gentil que tu l'aurais pensé. Il n'est pas si doux et aimable que tu le croyais. La vérité en est tout autre et tu comprends, à tes dépends, que tu n'as été qu'un enfant de plus qu'il a corrompue. Que tu as été le dindon de la farce et que, depuis toutes ces années, il ne faisait que te manipuler. C'est lui. Lui le coupable. Lui que tu pensais être une personne juste, et honnête. Lui, à qui tu avais accordé ta confiance et ton esprit.. Tu n'aurais pas dû l'écouter, Alice.


SAVE ME. (sauvez moi) Et tout recommence. Encore. Toujours. Cette folie que tu t'obliges à combattre depuis des années... Tous ces efforts, balayés comme de vulgaires grains de sable. Car dans cette ville tu revois toutes ces choses... Ces monstruosités que tu as créées. Hallucinations ? Réalités ? Tu ne saurais dire tant elles te semblent si réelles, si vraies..
Un mélange de vie imbriqué dans de l'imaginaire qui te pousse à te noyer plus profondément encore dans cette hérésie qui te caractérise tant. Mais tu luttes. Perpétuellement. Car elle ne doit pas gagner, jamais.
Ce monde dans lequel tu viens d'être propulsé est étrange car le temps et l'espace semble s'y être enchevêtrer. Différentes époques, différents mondes et différents gens. Est-ce là encore un coup de ton esprit belliqueux et malicieux ? Tu es toute seule, ici bas. Aucun de ce que tu n'as connu ne semble s'y trouver, aucun des enfants de Houndsditch, aucun des patients de Rutledge. Pas même ceux du pays imaginaire que tu chérissais tant. Pourquoi maintenant ? Pourquoi.. alors que tu étais enfin parvenue à te reconstruire.. alors que tu étais enfin parvenue à te pardonner, à oublier.. à de nouveau rêver.. Ton esprit et ta folie te jouent des tours, constamment. Il t'arrive même très souvent de penser que tout ce qui se trouve ici, sur cette île, n'est qu'une annexe du pays imaginaire, peut-être même, lui, mais sous de nouveaux aspects. Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Tu as oublié beaucoup de chose car ton esprit reste perpétuellement tourmenté. Parfois elles reviennent, parfois tu en oublies d'autres. Dès fois, tu en viens même à ne plus savoir ce que tu as fait la veille... Et si tout ça n'était finalement qu'un rêve de plus, Alice .. ?
Tu as été enfermée de nouveau, peu de temps après ton arrivée ici. Âme perdue et errante bien trop agressive pour pouvoir circuler comme tu le souhaitais. Diagnostiquée schizophrène, ils t'ont accordée un droit de sortie après 4 mois d'internement, tu as obligation de prendre un traitement et, bien évidemment de suivre une thérapie. Une thérapie.. Douce ironie, n'est ce pas, lorsque l'on sait que c'est à cause d'un psychiatre que tu as failli définitivement sombrer dans la folie...