Kyoru ❀ La chose la plus effrayante et la plus douloureuse est d'être détesté par quelqu'un que vous aimez vraiment.

@Kyo Soma, ♡

La fenêtre qui donne sur la rue, la foule qui semble aller et venir en ne se souciant de rien, la chevelure rousse du jeune homme en tenue de sport, cette fille, brune, qui semble complètement déboussolée..
Était ce l'un de ses rêves qu'elle avait l'habitude de faire ? Ou l'un des nombreux tours de son esprit ? Kyo-chan.. Son souffle marque l'épaisse vitre tandis que l'une de ses mains vint s'appuyer dessus, se serrant avec douceur. Était ce réellement lui, cette fois-ci ? Kyo. Kyo Soma. Son, Kyo. Le cœur à l'intérieur de sa poitrine manque plusieurs battements alors que ses jambes flagellent et que, déjà, la jeune femme se sent partir à la dérive.
Il avait l'air heureux. Et c'est sans doute la première chose qu'elle remarqua, la première chose qui frappe son palpitant de plein fouet. Il a l'air heureux. Malgré son air habituellement renfrogné et cette façon de paraître tellement détacher d'absolument tout. Kyo.. Évidement, il ne l'entend pas. Évidement, il ne la remarque pas. Probablement trop occupé avec son cours, probablement toujours aussi désintéressé de ce qui se passe, autour. La main alors posée sur la fenêtre vient glisser le long de la poitrine de la demoiselle aux cheveux bruns. Une brise se lève, douce et légère, faisant virevolter ce petit ruban qu'elle y a nouer. Kyo. C'était lui, c'était bien lui. Il n'y avait plus de doute possible, il n'y avait plus d'erreur commise. Elle l'aurait probablement reconnue, entre mille. Même sous sa forme féline, au milieu d'une centaine d'autres. Il n'y avait pas de doute... Il n'y en aurait jamais eu. C'était lui, elle en était persuadée, elle pouvait le sentir, le ressentir jusqu'au plus profond de son âme.
La porte du complexe se trouvait être de l'autre côté du bâtiment aussi, Tohru s'élança jusqu'à la rue adjacente, manquant d'ailleurs de tomber tant son empressement était effréné. Elle craignait qu'il ne s'échappe, une fois de plus. Elle craignait qu'il disparaisse, encore. Qu'il fuit, loin d'ici.. Néanmoins, ses inquiétudes s'envolèrent lorsqu'elle pénétra dans le centre sportif et que son regard se posa à nouveau sur lui, au travers d'une seconde fenêtre, intérieure cette fois-ci. A ce moment précis, elle n'avait envie que d'une chose : aller à sa rencontre, sur le champ. Lui sauter dessus, peut-être. L'enlacer avec furie, sans doute. Mais il semblait en cours. Occupé. Il n'était pas seul. Il y avait du monde, beaucoup de monde. Et, outre le fait que Tohru craignait au sujet de la malédiction, elle ne se serait jamais permise d'interrompre l'un de ses enseignements. Il avait l'air tellement épanoui, tellement heureux et à sa place. Tellement, que la jeune femme en eu le cœur serré et qu'elle hésita même à faire demi tour et à s'enfuir. Et si il ne voulait pas d'elle, après tout ? Si il ne voulait pas qu'elle revienne dans sa vie ? Elle avait déjà tellement de fois tout gâchée.. Il avait tellement l'air heureux.. Tellement.. Qui était elle pour oser venir s'imposer dans tout ça ? De s'immiscer comme cela, dans sa nouvelle vie ? Vie qu'il avait probablement décider de faire, sans elle...

Les larmes lui montèrent aux yeux tandis qu'elle fit un pas en arrière, prête à s'échapper du bâtiment pour s'enfuir en courant. Je peux vous aider mademoiselle ? Elle frissonne, la brune, sursaute même un peu tout en se retournant promptement vers la voix dans son dos, l'air coupable comme une enfant prise en faute. Euh.. Je... Une jeune femme aux cheveux noirs et au visage fermé l'observait en arquant un sourcil, se demandant probablement ce qu'une fille comme elle pouvait bien faire dans un endroit pareil. C'est.. Pour.. Euh.. voir Ky- euhm, Monsieur Soma. Son interlocutrice porte son regard sur le rouquin derrière la vitre avant de toiser la jeune femme d'un air suspicieux. Vous êtes son rendez-vous de 17h je suppose. Son rendez-vous ? Non. Tohru n'avait pas pris de rendez-vous. Tohru s'était imposée comme elle s'était toujours un peu trop imposée aux gens, à lui. Je.. ne suis pas... son rendez-vous. Bien. Vous n'avez qu'à attendre ici. Il ne devrait pu en avoir pour très longtemps. La panique la submerge, un peu. Elle aurait voulu crier qu'il y avait méprise, qu'elle n'était pas là, pour ça. Qu'elle ne voulait pas attendre.. Mais.. Elle ne pouvait rien ajouter de plus, elle ne pouvait rien contredire, tant son désir de le revoir était à ce point fort. Fort, au point de la rendre égoïste.

Elle patienta donc, sagement. Assise sur l'un des petits bancs à l'entrée du complexe, se demandant une bonne centaine de fois ce qu'elle pouvait bien faire là, à attendre bêtement. Comment pouvait elle ne serait-ce que penser à lui faire une surprise comme celle-ci ? Peut-être qu'il ne voulait pas d'elle. Après tout, il s'était enfuit, en la traitant d'idiote. Balayant ses sentiments d'un revers de la main, colérique et dégoûté. Idiote. Et si il ne voulait pas de toi ? Idiote. Et si il te détestait ? Idiote. Et si il avait préféré t'oublier... ? Idiote... Elle souffle, la tête baissée et les yeux embuées de larmes. Car, la perspective d'une fin comme celle-ci lui était inconcevable. Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas vu... Et.. si elle avait pu tenir tout ce temps, c'était uniquement dans l'espoir de ces retrouvailles. Mais.. avait elle seulement penser à lui ? Avait elle seulement penser à son ressenti, ses émotions, à ce qu'il pouvait bien penser de tout cela ? Finalement, Tohru était égoïste. Sans doutes la pire des égoïstes qui soient.

Des voix proches d'elle qui s'esclaffent l'extirpe de ses états d'âmes, lui annonçant, d'ailleurs, que la personne avec qui était Kyo quelques minutes auparavant venait de quitter la salle de sport et que, par définition, son tour était venu. Mais, il ne s'agissait pas exactement de son tour, pas vrai ? Après tout, Tohru venait d'allégrement substituer l'identité de quelqu'un, de se faire passer pour cette personne afin d'avoir une possibilité de revoir Kyo. C'était pathétique. Et par chance, la véritable détentrice de cette séance de sport privée semblait n'être toujours pas arrivée..
Tohru se leva, alors, le cœur battant à tout rompre. Ne fallait il plutôt pas fuir cette situation grotesque ? Qu'allait elle bien pouvoir lui dire lorsque Kyo se rendrait compte de cette supercherie ridicule ? "Salut Kyo, tu te souviens de moi ? Surpriiise." Pathétique. Mais il l'avait toujours dit, pas vrai ? Kyo l'avait toujours su. Tohru Honda, cette pauvre petite orpheline pathétique.

C'est une mauvaise idée. Qu'elle déclare à voix haute sans même s'en rendre compte, désormais entrée dans la salle de sport où le rouquin devait se trouver. Une très mauvaise idée, assurément. Alors elle pivote, brusquement, se prend malencontreusement les pieds dans l'un des tapis au sol, bascule en avant, n'a pas vraiment le temps de comprendre.. le temps de voir... cette chevelure qu'elle ne connaît que trop.. de sentir ces bras la saisir, la rattraper.. ses bras, qui lui avait tant manquer...