Comment Belle était-elle arrivait là ? Elle ne se souvenait pas s’être déplacée jusqu’ici. Cet endroit n’avait d’ailleurs rien de familier. Elle n’était ni chez elle, ni à la librairie. Sa vision était encore floue, difficile de discerner le moindre indice sur le lieu. La brune était étendue sur le sol, sentant la moindre partie de son corps se tordre sous la douleur. Elle peinait à ouvrir les yeux, prise d’une étrange fatigue. Ouvrant un œil, elle observa ce qui était dans son champ de vision. Un haut plafond, des moulures, des colonnes… Était-elle en train de rêver ? Non. Si elle n’était pas certaine d’être éveillée, elle aurait parié qu'elle était plongée dans cet éternel rêve, c’est-à-dire celui où elle était enfermée dans ce drôle de château.

Belle se frotta les yeux, se donnant le courage de les ouvrir un peu plus. Plus les secondes passèrent, plus la jeune femme réalisait que la situation n’était pas normale. Les douleurs lui rappelaient qu’elle n’avait pas passé la nuit dans son lit. Le froid et la dureté des lieux n’avaient rien à voir avec son confort habituel. Belle tourna légèrement la tête pour voir ce qui l’entourait. Elle était étendue sur le sol, réellement. Que faisait-elle sur le sol et où était-elle ? En tournant un peu plus la tête, elle avait remarqué une pancarte, indiquant qu’elle se trouvait au musée. Belle venait assez régulièrement ici, mais elle ne s’y était pas rendue cette fois-ci, elle en était presque certaine.

Son dernier souvenir remontait à plus tôt dans la journée. Elle était à la libraire et travaillait, une journée banale pour Belle. Tout cela était très étrange. Belle s’essaya sur le sol, avant de s’appuyer contre le mur qui se trouvait derrière elle. Elle avait l’impression que sa tête était lourde et sur le point d’exploser. Très rapidement, elle remarqua qu’elle n’était pas seule ici, qu’ils étaient un petit groupe dans le même état qu’elle. Que s’était-il passait pour que toutes ces personnes se retrouvent étendues sur le sol du musée, inconscientes en plus de cela ? Belle lisait peut-être trop de fantastique, mais elle était persuadée que quelque chose n’allait pas et qu’elle était, comme toutes ces personnes sans doute en danger.

Une fois sur ses deux jambes, Belle s’avança vers la personne se trouvant le plus proche d’elle. « Vous allez bien ? » La brune marqua une courte pause, chaque parole raisonnait insupportablement dans sa tête. « Vous savez ce qu’il s’est passé ? » Il y avait peut-être une raison rationnelle à tout cela, Belle n’en avait peut-être simplement aucun souvenir.

Elizabeth se sentait mal. Elle s’éveillait doucement, comprenant immédiatement que quelque chose n'allait pas. Elle était allongée sur quelque chose de froid, quelque chose qui ne ressemblait en rien à son lit. Sa tête lui faisait mal. Son corps était tendu. Elle ouvrit alors les yeux aussi rapidement qu'il était possible de le faire, dès qu'elle eut pleinement conscience de ce qui était en train de se passer. D'ailleurs, qu'était-il en train de se passer ? Ses souvenirs étaient flous. Difficiles à remettre dans l'ordre. Sa tête lui faisait si mal qu'elle peinait à se concentrer suffisamment longtemps et à réfléchir correctement. Et sa peur habituelle s'était aussitôt emparée d'elle dès que son regard croisa ce haut plafond. Ce n'était pas chez elle. Elle n'était pas chez elle. Elle avait été emmenée ici de force ? Ou était-elle venue ici volontairement ? Elle n'arrivait pas à s'en souvenir et c'était sans doute le plus compliqué à gérer. La moitié de sa journée lui avait été volée, effacée... Et pour Elizabeth, il n'y avait aucun doute, c'était obligatoirement un coup de sa cousine. Comment avait-elle réussi ça ? Elle n'en savait rien, mais depuis leur arrivée dans ce nouveau monde, des coups, elle en avait réussi plusieurs alors elle n'en était plus à son coup d'essai.

Difficilement Elizabeth se redressa, remarquant enfin d'autres personnes autour d'elle déjà éveillée. Tous semblaient ici avoir été endormis et transportés là. Leur regard en disait long, ils étaient perdus, eux aussi et dans l'incompréhension la plus totale. La psy s'attarda alors sur les quelques détails autour d'elle qui lui firent presque aussitôt comprendre qu'elle était dans le musée de la ville. Au moins, elle savait où elle était, c'était rassurant ! Maintenant, il fallait découvrir comment elle était arrivée ici et pourquoi. Et surtout, comment pouvait-elle en ressortir ! Si elle imaginait sans mal la raison de sa présence, sa cousine qui aura sans doute voulu lui faire peur, elle ne comprenait pas ce que ces autres gens venaient faire là. D'abord, elle se sentit méfiante, tout ne pouvait être qu'un vaste piège, Mary en était capable. Puis elle reconnut un visage familier. Cette fille, elle la connaissait à peine en réalité, mais pour Elizabeth, dans ce monde où elle ne connaissait presque personne en dehors de son travail, elle ressemblait presque à la personne la plus proche d'elle. Alors, puisqu'elle semblait occupée à autre chose, Elizabeth ne s'en approcha pas pour le moment. Elle aurait tout le temps d'aller la voir ensuite. Pour le moment, elle préférait rester sur place et observer l'attitude des autres présents du musée. Hors de question qu'elle s'aventure seule dans le musée si tous décidaient de rester ici. Hors de question qu'elle reste seule ici si tous décidaient de partir à la recherche d'une sortie. Et surtout, hors de question pour elle de se mêler à cette foule avant d'en comprendre plus sur tout ce qui était en train de se passer.

Que faisaient-ils tous au musée ? Belle n’était pas venue ici, en tout cas, elle ne s’en souvenait absolument pas. Elle devait bien avouer qu’elle ne comprenait absolument pas ce qui était en train de se passer. Peut-être que les autres personnes présentes ici avaient plus d’informations qu’elle, peut-être qu’ils avaient vu ou se souvenaient de quelque chose en particulier. Belle s’était adressée à une jeune femme qui se trouvait près d’elle, mais elle ne se souvenait de rien. Belle lâcha un léger soupire, ce n’était pas cette femme qui allait lui en apprendre plus sur ce qui était en train de se passer.

L’inconnue s’adressait désormais à tout le monde, leur demandant s’ils savaient ce qui s’était passé. Sauf que personne ne semblait comprendre. Tout cela commençait à devenir de plus en plus étrange.

Belle tentait de réfléchir, elle essayait de réveiller le moindre souvenir en elle, mais rien ne lui venait. Une voix familière vint la réveiller. « Monsieur Drake. Nathan, c’est bien ça ? » Belle était rassurée de voir une personne qu’elle connaissait par ici, ils ne se connaissaient pas parfaitement, mais l’idée de voir un visage familier était rassurant. En se retournant, Belle avait aperçu un autre visage familier, celui d’Elizabeth, une jeune femme qu’elle avait croisé lors des fêtes de fin d’années et lors de cette lune rouge. « Elizabeth. Vous vous souvenez de moi ? » Belle tait souriante, même si la situation était alarmante.

La brune regardait toutes les personnes qui se trouvaient autour d’elle, écoutant également chacune des idées, des réflexions… Une jeune femme proposait dans un premier temps de crocheter la serrure, mais c’était impossible, toutes les fenêtres et les portes du hall étaient fermées. Puis une autre personne avait tentée de l’ouvrir sans succès une fois de plus. La jeune femme proposait ensuite d’essayer de comprendre comment ils étaient arrivés ici, mais c’était compliqué en sachant qu’ils n’avaient aucun souvenir. L’autre inconnue avait reprit la parole, se demandant si tout le monde s’était bien réveillé ici, se demandant en plus de cela s’ils n’avaient pas été drogués. « Pour ma part, je n’en ai aucune idée. Dans mon dernier souvenir, j’étais à la librairie, en train de travailler, puis en effet, je me suis réveillée sur le sol, sans comprendre comment ni pourquoi. » Belle marqua une courte pause avant de reprendre. « Vous pensez qu’on a pu nous droguer ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce que l’on peut attendre de nous ? » L’idée d’avoir était droguée était affreuse. Ne pas savoir ce qu’ils faisaient tous là, pourquoi ils étaient là et ne pas savoir ce que l’on attendait d’eux était encore plus affreux.

Elizabeth ne comprenait rien. Elle ignorait ce qu'elle faisait ici ou ce que l'on attendait d'eux tous. Alors elle restait discrète, à sa place, observant tous ceux qui étaient autour d'elle pour chercher des réponses. Elle n'avait aucune confiance en eux jusqu'à reconnaître Belle. Même si elle la connaissait peu, en elle, elle avait une certaine confiance. Un début, tout du moins. Pourtant Elizabeth ne bougeait pas. Belle était en pleine conversation avec une autre femme et Elizabeth ne souhaitait pas se mêler ni aux conversations, ni aux autres victimes de cette histoire. Tous se réveillaient doucement, s'interrogeaient, se réunissaient. Ils semblaient aussi perdus qu'elle et ne semblaient pas représenter un quelconque danger, mais elle se méfiait, malgré tout. Ils pouvaient cacher leur jeu, tout simplement.

Les différentes personnes présentes ici commençaient à prendre la parole tour à tour, demandant ce qui était en train de se passer ou tentant d'ouvrir une porte pour sortir. Une première femme tenta d'ouvrir la porte en vain. Une seconde tenta aussi d'une façon bien étrange qui intrigua Elizabeth, mais ce n'était pas le moment de se poser des questions, d'autant qu'elle rata son coup aussi. Un homme était également arrivée, interpellant au passage Belle, la seule connaissance d'Elizabeth. La psy essayait de suivre toutes les conversations, mais ce n'était pas simple. Elle fut néanmoins interpellée par Belle qui l'avait remarqué.  « Je me souviens, oui. » souffla-t-elle en s'approchant d'elle. Au moins, elle n'était plus seule de son côté, sans quoi elle aurait pu paraître étrange et éveiller des soupçons. Les conversations continuèrent et l'une des femmes présentes en vint à poser une question, avaient-ils été drogués ? Sauf que personne ne semblait avoir de réponses claires. Personne ne savait. Il fallait que chacun se remémore ses derniers souvenirs pour essayer de trouver des points communs, des explications.. « J'étais en train de travailler, j'étais seule je crois, en milieu d'après-midi je crois... Ou ce midi, je ne sais plus. » répondit-elle à son tour, après Belle, même si ses souvenirs étaient vraiment flous. Quant à savoir si elle avait été droguée, elle l'ignorait. « Quelqu'un a essayé de contacter des secours ? » Sa question était stupide, cela avait sans doute déjà été fait, mais Elizabeth n'était pas douée dans les relations humaines et une situation comme celle-ci, décuplant sa peur naturellement présente, n'aidait en rien.

Belle ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Elle ne savait pas comment elle était arrivée ici. En regardant un peu autour d’elle, elle avait remarqué un visage familier, celui d’Elizabeth. Belle s’était approchée de la jeune femme, en espérant que cette dernière se souvienne d’elle. Et apparemment, c’était le cas, heureusement. Belle se sentait soudainement plus en sécurité, elle n’était plus seule et cela était rassurant.

Quel était le dernier souvenir de chacun ? Tout le monde faisait des choses différentes, personne ne semblait faire quelque chose qui avait un lien avec ce musée. Alors pourquoi ici ? Pourquoi eux ? Elizabeth prit la parole pour demander si quelqu’un avait appelé les secours. Ce n’était pas le cas de Belle, puisqu’elle n’avait aucun téléphone avec elle. En revanche, les autres avaient déjà pu essayer. Une autre femme avait rapidement pris la parole pour demander si quelqu’un avait un téléphone. Belle se contenta d’un simple non de la tête. Elle espérait pourtant que quelqu’un en ait un. Ainsi, ils allaient pouvoir appeler les secours et sortir de cet endroit. Si habituellement Belle aimait le musée, là, elle le trouvait effrayant et n’avait qu’une envie : le quitter. Nathan prit la parole à son tour. Il avait un téléphone, mais il ne captait pas et pour couronner le tout, il n’était plus en état de marche, comme par hasard la batterie était vide. Mais il avait ajouté qu’une ligne fixe était disponible ici. Ils devaient tenter d’y aller, même si cela ne donnait rien. Une jeune femme, avait ajouté qu’ils n’allaient sans doute réussir à joindre personne. Belle craignait la même chose, mais ils devaient essayer, même si cela ne donnait rien.

Tout le monde avait rejoint la pièce indiquait par Nathan. Mais rien. Le téléphone ne fonctionnait pas. Qu’était-il en train de se passer ? Ce n’était pas normal. Pourquoi joindre l’extérieur était impossible ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas sortir d’ici ? Belle commençait à paniquer et les bruits qui se faisaient entendre n’aidaient en rien. Belle était déjà venue de nombreuses fois ici et ces bruits provenaient de la pièce où était exposé tout ce qui concernait l’Égypte. Tout cela était de plus en plus effrayant. Puis rapidement, la brune fut fixée, comme toutes les personnes qui se trouvaient ici. Les momies venaient de se réveiller. L’impensable venait de se produire. Tout ce qui se passait sortait de l’imaginaire. Belle écoutait l’une des femmes du groupe parler. Elle demandait à tous ceux qui savait se battre de prendre les armes et aux autres de rester en arrière. Belle ne savait pas se battre, mais elle ne comptait pas rester les bras croisés à attendre que les autres ne se battent. Elle attendait la réponse de Nathan. Peut-être qu’il connaissait une pièce où ils pouvaient être en sécurité. Le mieux serait une pièce avec armes exposaient, pour se défendre, ça pouvait être pas mal. Belle voulait bien se défendre, mais sans rien, elle n’allait pas tenir le coup.

Si Elizabeth avait eu le choix à cet instant précis, elle aurait laissé ses compagnons d'infortune dans ce musée et ce serait enfuie, les laissant à leur triste sort. Pas par lâcheté, ou pas uniquement en tout cas, mais parce qu'elle n'avait aucune confiance en tous ces gens avec qui elle se retrouvait, elle n'avait aucune maîtrise sur la situation et elle ne supportait pas ça, et enfin parce qu'elle ne souhaitait se mêler à personne. Sauf qu'elle n'avait pas le choix. Elle était ici, coincée avec les autres. Sans arme et sans aucun autre moyen de défense. Avait-elle, de toutes façons, les moyens de se défendre ? Evidemment, comme tout le monde, elle le pouvait. Elle avait déjà affronté des choses bien pires d'une certaine façon, même si c'était bien différent. Puis, ne voulait-elle pas être une personne différente ? C'était l'occasion idéale pour se prouver à elle-même qu'elle pouvait être quelqu'un de bien, prête à aider les autres s'ils en avaient besoin.

Les conversations s'enchaînaient, les essais ratés pour ouvrir les portes également. Elizabeth restait discrète, dans son coin, aux côtés de Belle désormais qui l'avait reconnu. Au moins, avec elle, elle ressentait un semblant de sécurité. Ridicule si l'on pensait au fait qu'elle ne l'avait rencontré que deux fois. Elizabeth restait attentive aux discussions, à l'évocation d'une quelconque drogue les ayant menés jusqu'ici. Ils n'avaient pas de réponses. Rien n'était certain, tout n'était qu'hypothèse. Tout ce qu'elle entendait et qui l'intéressait réellement, c'était l'évocation de la lune rouge. Pourquoi fascinait-elle autant ? Quel lien avait-elle exactement avec les événements qui se déroulaient dans cette ville ? Etait-elle cette puissance invisible qui les guidait et les contrôlait ? Bref, le moment n'était pas aux questionnements. Il fallait sortir d'ici, et pour cela Elizabeth s'aventura à prendre la parole, même si elle n'aimait pas ça. La première chose à faire aurait été de tenter d'appeler les secours, même si ça ne risquait pas d'être aussi simple. Les portables étaient absents ou vides de leur batterie. Comme par hasard. Tous se rendirent alors vers un téléphone fixe, mais rien non plus. Ils étaient tous coupés du monde. Il ne manquait plus que ça.

Mais puisque les problèmes ne semblaient jamais arriver seuls dans cette ville, une bruit étrange leur parvint. Plusieurs en réalité. Des bruits qu'Elizabeth n'arrivait pas à identifier clairement. Alors, avec le reste du groupe, elle suivit l'homme qui se dirigea vers une autre pièce. Des momies ? Etait-il sérieusement en train d'évoquer la possibilité que les momies du musée étaient réveillées ? Elizabeth tentait de garder son calme. Elle savait cacher la peur qui l'envahissait. Un regard rassurant vers Belle, elle prit la première chose qu'elle vit lorsqu'ils affirmèrent qu'il fallait s'armer. Elizabeth ignorait tout de ce que c'était, une sorte de poignard, une dague.. Elle n'en savait rien et n'allait pas chercher à comprendre de quoi il s'agissait. C'était un moyen de défense, voilà tout ce qu'elle savait. Elle restait en arrière pour le moment, ils ne pouvaient pas tous former la première ligne.

Puis l'idée de se cacher quelque part arriva au groupe. Les momies semblaient moins enclines à les laisser partir, se jetant sur le seul homme présent et non armé. Il s'en débarrassa plutôt rapidement, mais la momie était coriace et n'abandonnerait pas aussi facilement. Une idée traversa Elizabeth, la momie n'était sans doute pas seule dans cet endroit, surtout avec les bruits qu'ils avaient entendu, alors où étaient les autres ? Etaient-elles dotées de la capacité de réfléchir et d'élaborer un plan pour les surprendre alors qu'ils essayaient de s'enfuir. « Je suppose que ce musée ne renferme pas qu'une momie ? » demanda-t-elle sans que ça ne soit réellement une question, reprenant aussitôt, « Alors où sont cachées les autres ? » s'enfuir était la meilleure option certainement, mais s'ils fuyaient pour se retrouver piéger ailleurs... Et qui sait ce qui pouvait être encore réveillé !