Mon seul crime a été de naître - Octavia Blake

Ma vie a basculé il y a un mois environ. Des souvenirs semblant venir d’ailleurs me reviennent. Je ne sais pas s’ils sont réels ou s’ils sortent de mon imagination, mais j’ai l’impression d’avoir vécu chacune de ces choses. Mais comment aurais-je pu avoir deux vies ? Comment aurais-je été capable de ces atrocités ?

Il y a un peu plus d’un an maintenant, je me suis réveillée dans mon lit, ne me souvenant plus de mon passé. Je ne savais pas comment cela était possible, ni même ce qui venait de m’arriver, mais j’ai très vite recouvré la mémoire. En me promenant dans les rues de cette ville, en apercevant certains visages, certains objets m’appartenant. Tout me rappelait un passé qui pour moi avait bel et bien existé, pourtant, depuis plus d’un mois tout à basculé dans ma vie.

Je rêve d’une jeune fille me ressemblant, enfermée dans un endroit très étroit, à l’abri des regards et du danger, bien que peureuse d’être, un jour, découverte. Je rêve d’une voix masculine et d’un visage bien trop flou pour savoir à qui il appartenait et de qui il s’agissait. Ce premier rêve est apparu le soir de la lune rouge, pourquoi ? J’ai cherché des réponses, des solutions, mais les souvenirs devenaient de plus en plus atroces et douloureux.

Je crois que… je crois que j’ai commis des crimes par le passé. Pas de petits actes de délinquance sans importance, non j'ai ôté la vie. Je me suis revue une arme à la main, au beau milieu d’une scène de combat, faisant un véritable massacre. J’ai ressenti une telle haine en moi, une haine que jamais je n’aurais pu soupçonner. Je refusais de le croire, mais j’ai bien tué tous ces gens. Mon passé n’était qu’une histoire que je m’étais inventée, un passé bien plus beau que la réalité. Je ne me souviens pas encore de toutes les choses qui ont pu composer mon passé, mais je n’ai pas envie de savoir celle que j’étais autrefois, parce que je pense que jamais je ne le supporterais.

J’ai tout abandonné il y a deux semaines environ. Je refuse de recevoir des gens, je refuse de sortir de chez moi, de retourner au travail, je ne réponds plus au téléphone, je ne réponds plus à mes proches. Je ne suis qu’un mensonge, toute ma vie a été construite autour d’un mensonge. Je n’arrive plus à affronter les gens en connaissant les horreurs que j’ai pu faire. Mes souvenirs me font mal, me prennent beaucoup d’énergie, tant physique que mentale. Je n’accepterai sans doute jamais celle que j’étais.