Sujet aléatoire - Arthur C. & Clarke

C'était en poussant un gémissement plaintif que Clarke avait ouvert les yeux, difficilement. L'une de ses mains était venue frotter son crâne douloureux, comme si elle y avait reçu un coup. Elle n'était pas dans son lit. Elle n'était même pas dans son appartement. Il lui suffisait d'observer ce plafond pour s'en rendre compte. Elle n'avait alors mis que quelques secondes à réaliser qu'elle était potentiellement en danger. Son instinct de survie avait donc envahi tout son corps et, dans un geste brutal et rapide, la jeune femme s'était redressée pour observer les alentours. Il pouvait y avoir n'importe quel danger. L'important était d'analyser la situation et de comprendre ce qui était en train de se passer. Et ce n'était pas allongée qu'elle réussirait à le faire ou à se défendre.

En quelques secondes, ses yeux s'étaient posés sur un homme, qui semblait dans le même état qu'elle. Afin de ne pas se retrouver en situation de faiblesse et d'infériorité, la jeune femme s'était redressée sur ses deux jambes, en un geste rapide et agile. Sur ses gardes, Clarke cherchait, sans vraiment le quitter des yeux, quelque chose qui lui permettrait de se défendre face à cet homme, s'il s'avérait qu'il lui voulait du mal. Malheureusement pour elle, l'obscurité l'empêchait de discerner quoi que ce soit et elle ne trouvait rien. Alors elle se battrait à main nue, s'il le fallait. Ou, elle prendrait la fuite pour avoir le temps de trouver une idée pour le piéger ou l'attaquer.

Toutes ses pensées étaient tournées vers sa survie et vers ses amis. Sa famille. Bellamy. Octavia. Etaient-ils en sécurité quelque part ? Et s'il lui arrivait quelque chose... Jamais elle ne pourrait venger Madi. Non. C'était hors de question. Clarke ne baissait pas les bras. Jamais. Elle allait se battre. Comprendre ce qu'elle faisait là. Sortir de cette maison - ou de cette chose qui ressemblait à une maison. Et, surtout, elle allait s'assurer que ses amis étaient en sécurité. Il n'allait rien leur arriver par sa faute, c'était hors de question. C'était une promesse silencieuse qu'elle se faisait. « Qui êtes-vous ? Pourquoi m'avez-vous conduite ici ? » Parce que, dans son esprit, il pouvait y être pour quelque chose. C'était logique, évidemment. Ils semblaient être seuls, tous les deux. Donc, pourquoi ne serait-il pas responsable ? Ils n'étaient tout de même pas arrivés ici par magie, si ? Ou alors, il s'agissait, encore, d'un mauvais coup de cette ville ? « Que voulez-vous ? » Parce que, quoi qu'il veuille, il n'obtiendrait rien. Clarke ne négociait pas - ou pas dans un premier temps, en tout cas. Elle obtenait ce qu'elle voulait, elle se battait, mais elle ne négocierait pas avec un type qui l'avait amenée ici de force, inconsciente. Si elle avait peur, elle se montrait froide et déterminée, sûre d'elle et elle cachait sa peur. Elle avait vécu des situations bien plus difficiles, elle gérerait celle-ci, comme elle en avait géré d'autres.

Clarke était méfiante par nature. Les épreuves auxquelles elle avait été confrontée durant toute son autre vie lui avaient prouvé qu'il n'y avait ni bon, ni mauvais. Il y avait simplement des individus qui se battaient, avec force et conviction, pour ce qu'ils voulaient ou pour ceux qu'ils aimaient. Ce type pouvait avoir un millier de raison d'avoir conduit Clarke dans cet endroit. Alors, évidemment, en se réveillant de son inconscience, il paraissait être le coupable idéal. Trop idéal, peut-être. Le seul être humain présent dans cette pièce, avec elle. A y regarder de plus près, il semblait davantage être victime que coupable.

Les premiers mots de l'homme étaient destinés à la rassurer. Il prétendait être arrivé ici, comme elle. Il était vrai que cette ville avait cette tendance à les enlever à leur milieu pour les plonger en plein cauchemar. Clarke y avait eu le droit beaucoup trop de fois en trois ans. Elle était prête à lui accorder le bénéfice du doute. Néanmoins, elle ne lui accordait aucune confiance et restait sur ses gardes. Il pouvait s'avérer être une aide précieuse pour comprendre et sortir de cet endroit, mais il pouvait tout aussi bien s'avérer être le monstre qu'elle devait combattre. « Bonne réponse. » Rétorqua la blonde quand cet homme lui avait indiqué qu'il voulait sortir d'ici, tout comme elle, certainement. C'était en tout cas la meilleure réponse à donner dans ce genre de situation - même si ce n'était pas ses véritables intentions, il n'allait pas lui avouer aussi facilement, elle n'était pas stupide.

Clarke, debout, observait chacun des mouvements de cet homme. Il se dirigeait vers une fenêtre. La seule fenêtre, d'ailleurs. Cette dernière dégageait une lumière vive et presque difficile à regarder. Sans même s'y rendre, et en voyant la réaction de l'homme, elle comprenait que cette dernière ne les mènerait nulle part. Ils allaient devoir trouver une autre sortie. « Clarke Griffin. » Avait-elle répondu lorsqu'il s'était présenté, après son petit discours à propos de leur arrivée dans cette pièce. « Presque médecin. » Encore étudiante, elle entamait ses dernières années avant de posséder réellement son titre - à supposer qu'elle allait jusqu'au bout. « Ne perdons pas de temps inutilement. On doit s'activer et trouver une façon de sortir d'ici avant que quelque chose de pire nous tombe dessus. » Parce que cette ville n'était pas capable de se satisfaire de cette situation, il fallait toujours que plus leur tombe dessus. « Fouillons cette chambre, d'abord. » Sans même savoir s'il avait l'intention de suivre ses directives, Clarke faisait ce qu'elle faisait de mieux : prendre la direction des opérations. Ça avait toujours quelque chose de rassurant pour elle, d'avoir l'impression d'être maîtresse d'une situation qu'elle ne maîtrisait pourtant absolument pas. « Vous vous occupez de ce côté-là, moi je m'occupe de celui-ci. » Dit-elle en séparant, d'un trait imaginaire, la chambre. « On prend tout ce qui peut nous servir, tant pour sortir que pour se défendre. » Continuait-elle tout en ouvrant le tiroir de la seule commode de la pièce, presque vide. « Ça vous va ? » Et même si ça ne lui allait pas, elle comptait bien suivre son plan avant d'écouter le sien, mais autant se montrer polie s'il avait quelque chose à ajouter après lui avoir donné tant de directives.

Prête à tout pour sortir d'ici le plus vite possible, Clarke avait mis en place un début de plan et avait ordonné à l'homme une zone à fouiller pendant qu'elle s'occupait du reste. Par politesse, elle avait terminé en lui demandant si cette façon de faire lui convenait. En réalité, même s'il avait protesté, sauf s'il avait proposé un meilleur plan, elle aurait sans doute suivi son idée toute seule dans son coin. Clarke aimait prendre les choses en main et faire que tout se passe comme elle l'entendait - ce qui n'était, malheureusement, pas souvent le cas. Sa petite réflexion ironique avait provoqué un soupir chez Clarke, puis elle avait levé les yeux au ciel. « Oubliez le capitaine, appelez-moi Clarke, ça suffira. » Ajoutait-elle dans une tentative d'humour maladroite.

Les deux individus fouillaient donc la pièce à la recherche de quelque chose pour se défendre ou de quelque chose leur permettant de sortir d'ici. Et, de préférence en vie et en bonne santé. La commode n'offrait rien du tout d'utile. De vieux papiers, quelques vieilles photos... « Cette maison semble abandonnée depuis vraiment longtemps... » Il suffisait de voir la poussière accumulée un peu partout, les toiles d'araignées et l'ancienneté des photos qui se trouvaient dans la commode. Ou alors, ce n'était qu'une mise en scène. Le deuxième tiroir offrait quelque chose d'un peu plus utile : une lampe de poche. Clarke avait tenté de l'allumer avant de se rendre compte qu'elle n'avait plus de piles. « Je suppose que vous ne vous promenez pas avec un paquet de piles sur vous ? » Ce n'était rien, elle allait garder cette lampe, peut-être trouveraient-ils de quoi l'alimenter dans les autres pièces ?

Alors qu'elle en avait terminé avec son côté, elle observait l'homme qui tentait désespérément d'ouvrir une porte. D'une simplicité incroyable, il avait arraché la poignée. Alors elle avait raison de se méfier. Derrière ses airs innocents se cachait quelqu'un avec une force particulièrement importante. Une force contre laquelle elle ne pouvait rien. « Sans doute parce que les autres pièces nous feront regretter cette chambre. » Soufflait Clarke alors qu'elle rejoignait l'homme sur le pas de la porte pour observer le long couloir. « Prêt ? » A quoi ? A sortir et s'aventurer dans le couloir ? De toute façon, avaient-ils réellement le choix ? Pas vraiment, ils n'allaient pas vivre éternellement dans cette vieille chambre. Après avoir soufflé pour se donner du courage, la jeune femme avait quitté la chambre. Hésitante, elle avait tourné la poignée de la première porte à sa gauche. Elle tournait et, par miracle, elle s'ouvrait. Bonne ou mauvaise chose, Clarke aurait dû prendre le temps de réfléchir à cette question avant de s'y aventurer. A peine avait-elle franchi le seuil que la porte s'était refermée violemment derrière elle. Aussitôt, Clarke avait essayé de rouvrir cette porte, en vain. Elle était coincée. Alors, elle tapait contre elle, tout en criant : « Hey, je suis coincée à l'intérieur. La porte ne s'ouvre plus. » Arthur avait sans doute remarqué la violence de cette porte qui s'était refermée et l'entendait sans doute frapper contre elle, mais elle préférait attirer son attention.

Puis, soudainement, elle s'était stoppée. Elle s'était retournée, serrant la lampe dans sa main, comme s'il s'agissait d'une arme. Il y avait eu un murmure, mais ses yeux n'arrivaient pas à se faire à l'obscurité pour distinguer une quelconque silhouette. Ça n'avait aucune importance, elle n'avait pas besoin de voir. Elle connaissait cette voix, c'était celle de Madi. Sa fille, qu'elle pensait morte. Cette voix chuchotait son prénom, lui demandait pourquoi elle ne l'avait pas protégée. Clarke se plaqua contre un mur et ferma les yeux. Elle tentait de se concentrer sur autre chose, persuadée que ce n'était qu'une hallucination. Mais il n'y avait rien à faire, les murmures se rapprochaient et l'oppressaient. « Je suis désolée, Madi... Je suis tellement désolée. » Hurlait Clarke à ce murmure plein de haine. « Je... J'aurais dû être là pour te protéger, j'aurais dû te sauver... Je... Si tu savais comme je m'en veux. Je suis désolée. » Continuait de répéter Clarke, en boucle, désormais incapable de bouger. La Clarke forte et sûre d'elle venait de disparaître pour laisser place à la mère détruite qu'elle était.

Arthur avait pu ouvrir la porte qui les séparait du couloir. Ils n'avaient pas perdu de temps pour se lancer dans ce dernier. A quoi bon patienter ? S'il y avait une menace, elle leur tomberait dessus qu'ils attendent ou non. Autant comprendre directement ce qui les attendait, non ? Sans réfléchir - à tort, sans le moindre doute - Clarke avait ouvert la première porte qu'elle avait rencontrée. Elle ne s'était pas posée davantage de questions et elle y était entrée. La porte s'était alors aussitôt refermée derrière elle, avec violence. Clarke s'était alors retournée pour tenter de la rouvrir, en vain. Elle avait tapé contre la porte et hurlé qu'elle était coincée à l'intérieur. Pourtant, elle s'était rapidement stoppée et s'était retournée pour observer la pièce, malgré l'obscurité. Clarke avait entendu des chuchotements. Pas n'importe lesquels. Des chuchotements qui avaient la voix de Madi. Clarke s'était prostrée contre un mur et ne bougeait plus. Elle se contentait de s'excuser, encore et encore. Elle s'en voulait tellement pour ce qui était arrivée à sa fille. Elle ne faisait plus du tout attention à ce qui se passait à l'extérieur. Clarke ignorait si Arthur tentait quelque chose ou non, elle se concentrait uniquement sur les chuchotements, de plus en plus proche, de sa petite fille disparue. Elle ne l'avait même pas entendu lui demander de s'éloigner de la porte, mais heureusement, elle n'était plus devant.

Clarke n'était plus du tout elle-même. Elle souhaitait juste que tout s'arrête. Elle ne voulait plus avoir à entendre ces reproches à propos de la mort de son enfant. Le bruit de la porte qui craquait l'avait fait sursauter, sans qu'elle ne comprenne ce qui venait de se passer. Ce furent les mains de l'homme, qui se déposèrent sur ses épaules, qui la ramenèrent complètement à elle. Tout était redevenu soudainement très calme. Il n'y avait plus aucun murmure. « Vous l'avez entendu ? » Elle ne répondait pas à ses questions, elle voulait savoir s'il avait entendu comme elle. D'un revers de la main, elle avait essuyé quelques larmes qui avaient coulé et elle avait ajouté : « La voix d'une petite fille, vous l'avez entendue ? » Peut-être était-elle là, quelque part. Peut-être attendait-elle que Clarke vienne l'aider et qu'elle répare ses erreurs passées ? « Elle était là. Je l'ai entendu. Je... Je n'ai pas réussi à la sauver, une fois encore. » Il fallait qu'elle reprenne ses esprits. Elle devait se calmer pour être en pleine possession de ses moyens, pour être capable de se battre et de se défendre, pour être capable de prendre les décision. « Je suis désolée. » S'excusait-elle pour son comportement tout en reprenant ses esprits petit à petit, même si son coeur battait toujours à tout rompre et même si elle tremblait toujours après ce qu'elle venait de vivre.

Clarke perdait rarement son calme. Elle était habituée à être confrontée à des situations difficiles et perturbantes. Elle était habituée à devoir agir dans l'urgence et à se retrouver en danger. Néanmoins, Clarke avait une faiblesse : les gens qu'elle aimait. Ils étaient sa faiblesse depuis toujours. Pour eux, elle avait tué des innocents. Pour eux, elle était capable de faiblesse. Pour sa fille, plus que pour n'importe qui d'autre, Clarke était prête à détruire le monde. Et pourtant, malgré tout ce qu'elle croyait savoir, elle avait échoué. Elle avait échoué à protéger son enfant. Madi était morte parce que Clarke n'avait pas été le genre de mère prête à se battre pour la vie de son enfant. Les circonstances de cet événement étaient floues et les souvenirs étaient incomplets, mais Clarke ne retenait qu'une chose : elle avait échoué et elle avait perdu son enfant. Aujourd'hui, Madi était venue se venger et obtenir des explications. Comment Clarke avait-elle pu laisser une telle chose se faire ? Pourquoi ne l'avait-elle pas protégée ?

Cette voix, tellement familière, était emplie de colère, de peine et de rage. Cette voix, si douce et réconfortante, était accusatrice. La mère ne pouvait qu'implorer le pardon de sa fille. Ses excuses ne valaient rien. Madi était morte et rien ne la ramènerait. Mais que pouvait-elle faire d'autres, prostrée contre ce mur, dans l'obscurité d'une maison inconnue ? Elle n'avait aucune explication à lui donner parce qu'en plus de l'avoir laissée mourir, elle avait effacé ses souvenirs de sa mémoire, par faiblesse.

Soudainement, Arthur était apparu dans son champ de vision. Elle n'était pas certaine d'avoir entendu tout ce qu'il lui avait dit. Sa seule préoccupation était de savoir s'il avait entendu, lui aussi, la voix de Madi. L'homme tentait alors de la rassurer. Non seulement, il n'avait rien entendu, mais, en plus, il lui assurait que tout était dans sa tête. Il avait peut-être raison. Sans doute, même. Il ne fallait pas tomber dans le piège. Clarke essayait de se convaincre de toutes ces choses, sans comprendre quoi que ce soit pour autant, sans avoir la moindre certitude.

Elle avait fini par essuyer ses larmes et par se reprendre. Elle s'était excusée. Clarke était forte. Elle avait vécu des situations terribles où elle devait garder la tête froide malgré le danger de la situation. Alors, elle avait soufflé pour se reconcentrer sur l'essentiel. Il fallait trouver un moyen de quitter cet endroit. Cette maison s'amusait avec eux, comme cette forêt s'était amusée avec elle en la coinçant avec un autre homme jusqu'à ce qu'ils s'avouent leurs crimes pour les libérer. Peut-être était-ce la même chose qui était attendue d'eux ? Ou peut-être que la ville attendait tout autre chose, mais quoi ?

Si Arthur n'avait pas entendu les murmures de sa fille en colère, il semblait avoir entendu autre chose, comme il le précisait. Autre chose, venant du fond de la pièce, dans l'obscurité épaisse. Clarke s'inquiétait du manque de précision à propos de ce quelque chose, mais en tendant l'oreille, elle entendait quelque chose, elle aussi. Jusqu'à présent, son esprit était trop concentré sur son enfant pour s'en soucier. Désormais, plus calme, elle l'entendait. Elle l'entendait et elle était à peu près certaine de la provenance du bruit : une horloge ?

Lorsque l'homme s'approcha de la source du bruit, Clarke le suivit sans le moindre mot. Leurs yeux s'habituaient à l'obscurité pour découvrir une horloge. « Quoi ? » Souffla la jeune femme à la question de son interlocuteur. Elle avait forcément vu l'horloge qui se trouvait devant eux, alors de quoi parlait-il ? Il n'avait fallu qu'une seconde à Clarke pour comprendre. Cette horloge avait une particularité. Elle ne représentait pas les heures et les minutes habituelles. Plutôt que d'être divisée en douze, elle était divisée en trente. Ça n'avait aucun sens. « Ça n'a aucun sens. » Mais est-ce que quelque chose en avait encore, dans cet endroit ? « Que croyez-vous que ça représente ? » Peut-être avait-il ses propres hypothèses. L'horloge - en dehors de sa particularité - semblait fonctionner normalement. Au vu de la vitesse à laquelle les aiguilles avançaient, bien comme des secondes et des minutes, Clarke supposait que cette horloge représentait trente minutes. Pourquoi trente ? Que représentaient-elles ? Quel sens avait cette horloge ? Elle n'en savait rien, mais quelque chose lui soufflait que ce n'était pas un hasard si cette chose s'était retrouvée sur leur chemin. Cette chose avait une importance pour eux. A eux de découvrir laquelle, désormais. « J'ai peur de découvrir ce qui se passera lorsqu'un tour complet sera passé. » Avouait-elle, craignant qu'ils n'aient pas davantage de temps pour fuir. « Peut-être devrions-nous essayer de stopper l'aiguille ? » Ou alors, ne toucher à rien. Impossible de savoir ce qu'il fallait ou ne fallait pas faire. Il devenait difficile de prendre des décisions, même pour celle qui avait décidé des pires choses dans son monde. « Non. Si on fait ça, on pourrait le regretter. » Avait-elle fini par ajouter précipitamment.  

Peu à peu, Clarke avait retrouvé ses esprits. Le fantôme de sa fille restait toujours là, dans sa mémoire, prêt à ressurgir à n'importe quel instant, mais elle essayait de se concentrer sur autre chose. Elle était coincée dans cette vieille maison avec un inconnu. Ils étaient coincés, sans moyen de sortir et sans comprendre les raisons de cet enfermement. C'était sur ça, qu'elle devait se concentrer. Elle devait comprendre et sortir d'ici le plus vite possible. D'autant que quelque chose s'ajoutait à l'ambiance déjà bien pesante. Une étrange horloge était posée là, près d'un mur, au fond de la pièce sombre dans laquelle se trouvait Clarke. Plus étrange encore, cette horloge n'avait rien d'une horloge ordinaire. Le tour de l'horloge ne représentait que trente minutes, pas les douze heures habituelles. L'hypothèse de l'homme était tout à fait probable. Ils n'avaient que trente minutes, mais pour faire quoi ? Sortir d'ici ? Trouver certains indices ? Et avant quoi ? La mort ? Que pire ne leur tombe dessus ? Et si, à chaque cycle, les choses étaient de pire en pire ? Beaucoup trop de questions se bousculaient en elle, sans qu'elle n'ait, malheureusement, la moindre réponse à formuler.

Il fallait alors réfléchir logiquement. Parfois, les solutions les plus efficaces étaient les plus évidentes, les plus logiques, celles que l'on n'osait pas utiliser tant elles nous paraissaient stupides. Alors, un instant, elle s'était dit que tout ça, ce n'était peut-être qu'un jeu psychologique et qu'il fallait simplement stopper les aiguilles de cette maudite horloge pour mettre fin à ce jeu. Qu'il fallait simplement avoir le courage de faire cette simple chose. Mais, l'instant d'après, elle s'était dit que ce n'était pas une bonne idée et qu'ils pouvaient le regretter s'ils essayaient de s'amuser avec le temps accordé. Quoi qu'il se passait, la chose qui jouait avec eux réussissait parfaitement son coup : Clarke était complètement perdue et tout se mélangeait en elle, incapable de distinguer ce qu'elle devait faire ou non. Cette chose jouait avec son esprit. Elle avait gagné. « On ne se sépare plus. On cherche des indices, on trouve un plan et on sort d'ici. » Avait résumé Clarke, plus que d'accord sur le fait de ne plus se séparer désormais. Il avait réussi à entrer dans cette pièce une première fois alors que Clarke y était coincée, qui sait si la prochaine fois, ce serait encore possible ou non ? Non, mieux valait faire les choses logiquement, dans l'ordre et, surtout, ensemble.

Arthur voulait alors tenter une chose. Il s'approchait d'une des fenêtres et frappait dedans avec une force incroyable, mais, malheureusement pour elle, inutile. Ils ne sortiraient pas d'ici aussi simplement. « J'ai l'impression que ce n'est pas la force qui nous aidera à sortir d'ici. Pas de cette façon, en tout cas. » Peut-être qu'ils en auraient besoin à un moment donné, mais pas maintenant. « Je vous propose que l'on cherche la porte d'entrée. » Il fallait bien faire quelque chose, non ? « Je sais bien qu'elle ne va pas s'ouvrir comme par magie, mais peut-être aurons-nous des indices sur la manière de quitter cet endroit, qu'en pensez-vous ? » Peut-être qu'ils comprendront qu'il y avait quelque chose à résoudre, un mécanisme à débloquer, des clés à trouver ? Ou alors, il n'allait rien y avoir, mais il fallait tenter quand même. « Et je vous propose que l'on fasse ça avant de découvrir ce qui arrivera quand un tour complet de l'horloge aura eu lieu. » Parce que si les choses se compliquaient à ce moment-là, autant avoir déjà une idée des différentes issues possibles - à condition qu'elles ne changent pas de place, évidemment.

Il semblait impossible de tenter – et de réussir – quelque chose. Tous leurs essais finissaient par un échec. Il fallait pourtant bien faire quelque chose. Qu’avaient-ils pour eux, pour le moment ? Rien ! Simplement qu’il y avait une horloge étrange qui ne comportait pas le nombre d’heures habituelles. Mais ils ne savaient ni pourquoi, ni ce qu’il se passerait lorsque l’aiguille aurait terminé son tour. Alors il fallait bien trouver une solution, quelque chose. Clarke proposait donc de se rendre en bas, pour essayer de trouver la porte d’entrée. Évidemment, elle ne s’attendait pas à la trouver grande ouverte, mais peut-être trouveraient-ils des indices sur le comment sortir d’ici ?

Arthur était passé le premier, Clarke le suivait de près, craignant de rester enfermée, une fois encore, dans l’une de ces pièces. Clarke restait silencieuse et se contentait d’observer attentivement les alentours à la recherche du moindre indice pouvant les aider, mais hormis des portes fermées, elle ne voyait rien pour le moment. Arthur, lui, remarqua avant elle une chose importante : une autre horloge se trouvait-là. Cette dernière, bien que d’aspect légèrement différent, indiquait toujours trente minutes. Le temps semblait s’écouler de manière identique, mais il n’y avait pas d’indices supplémentaires. Cette horloge ne leur apprenait finalement pas grand-chose de plus, malheureusement. « Vous avez sans doute raison, oui. » Sauf si le but de tout ça était de trouver toutes les horloges de la maison et de toutes les détruire, sinon il avait très certainement raison. « Le problème c’est que si on ne comprend pas pourquoi il est si précieux, ça ne nous avancera à rien. » Souffla la jeune femme comme une constatation, simplement. Après tout, oui, leur temps était sans doute précieux – sauf s’il s’agissait d’une blague, d’une mise en scène pour les angoisser – mais s’ils ne trouvaient pas comment s’en servir, les choses risquaient de se compliquer.

Ne s’y intéressant pas davantage, les deux s’avancèrent jusqu’à l’escalier, non loin de l’horloge. Chaque pas faisait craquer le bois des marches, rendant l’ambiance plus sinistre et inquiétante encore. Pourtant, Clarke tentait toujours de garder son calme et elle se maîtrisait plutôt bien – une fois la frayeur avec Madi passée. En bas des marches, un peu plus loin, les deux compères trouvèrent une porte en bois, ressemblant à une porte d’entrée. Néanmoins, il n’y avait rien. Aucune poignée, aucune indication. Clarke s’en était approchée et avait fait le tour de la porte avec ses mains à la recherche d’un moyen pour l’ouvrir, mais rien. « Des fenêtres qui ne s’ouvrent pas, des portes qui n’ont pas de poignées, des fantômes qui nous rappellent nos erreurs et des horloges qui indiquent trente minutes… Nous sommes bien avancés avec tout ça. » Résuma Clarke, à court d’idées, pour le moment. Enfin, elle l’était jusqu’à ce que ses yeux tombent sur une bibliothèque, contre le mur à gauche de l’entrée, plongée dans l’obscurité. Elle s’en approchait et l’observait. Tous les livres avaient la même couleur, la même taille et portaient le même titre. C’était plutôt étrange, mais quelque chose lui soufflait que cet endroit avait une importance – ou elle voulait croire qu’il en avait une, parce qu’il fallait bien trouver quelque chose. « Essayons de trouver quelque chose dans ces livres… » Avait-elle dit en attrapant un premier livre, qu’elle feuilletait. Chaque page était vierge. Il n’y avait pas le moindre mot écrit. « Décidément, c’est de plus en plus étrange. » Souffla-t-elle à Arthur, en lui montrant le livre.

Plus ils avançaient, moins Clarke comprenait ce qui était en train de se passer. Ces horloges, ces hallucinations, ces portes qui ne s'ouvraient pas... Qu'attendait-on d'eux ? Que devaient-ils faire ? La force de l'homme n'y faisait rien. Leurs observations, non plus. L'homme résumait d'ailleurs la situation de cette façon. Autant dire que l'entendre ne l'aidait pas davantage, mais ce n'était pas une mauvaise façon de procéder, au contraire. La jeune femme se contenta alors de hocher la tête. Elle n'avait rien à ajouter à ses constatations. Puis, Arthur avait repris pour évoquer la vision que Clarke avait eue. Pour le moment, elle était la seule à l'avoir eue, mais peut-être que son tour, à lui, viendrait ? C'était une probabilité à prendre en compte. Quant aux raisons de leur présence ici, était-ce une punition ? Devaient-ils faire quelque chose de particulier pour se faire pardonner ? Une épreuve allait-elle leur être imposée toutes les trente minutes ? Clarke n'en avait pas la moindre idée, évidemment. Les hypothèses de l'homme étaient loin d'être stupides, elles étaient même probables pour certaines, mais Clarke n'avait pas la moindre certitude et elle en était agacée. La jeune femme avait cette habitude de vouloir tout contrôler. Ici, c'était une chose impossible et il n'était pas facile de l'accepter. « Espérons que ce soit ça. » Une épreuve toutes les trente minutes et pas la mort parce qu'ils n'avaient pas résolu l'énigme dans les temps.

Sans ajouter plus de choses, les yeux de Clarke s'étaient perdus sur une bibliothèque qu'elle n'avait pas aperçue avant. Son idée était peut-être ridicule, mais elle voulait tenter de fouiller les livres à la recherche d'un quelconque indice. Après tout, que risquaient-ils à faire ça ? Rien du tout. La blonde se mit donc à feuilleter les livres qui étaient tous identiques. Toutes les couvertures étaient les mêmes. Chaque titre était identique. Et toutes les pages étaient désespérément vides. Fallait-il trouver le seul livre avec une page inscrite ? La nouvelle hypothèse d'Arthur fit frissonner Clarke d'horreur. Etait-ce seulement possible ? Qu'est-ce qui ne l'était pas dans cet endroit, après tout ? « J'espère que vous vous trompez. » Souffla Clarke, sentant une panique nouvelle l'envahir. Ne pas connaître la menace et l'imaginer sans cesse différente rendaient les choses terribles.

Ils n'eurent pas le temps de discuter davantage puisque toutes les horloges de la maison se mirent à sonner. Dans le silence angoissant de la maison, ces bruits prenaient l'allure de cris terrifiants de monstres tapis dans l'ombre. Le bruit envahissait bientôt tout l'espace et gagnait en puissance. Instinctivement, les mains de Clarke vinrent se poser sur ses oreilles. Elle entendit néanmoins l'homme dire quelque chose. Sans comprendre très clairement, elle avait supposé qu'il lui demandait de rester derrière lui ou quelque chose du genre. Puis, accompagnant le bruit, une lumière vive était sortie de nulle part. Aveuglée et assourdie, la jeune femme ne comprit pas ce qui était en train de se passer.

Difficilement, Clarke avait poussé un gémissement plaintif en ouvrant les yeux. Sa main était venue frotter son crâne douloureux - avait-elle reçu un coup ? Elle n'était ni dans son lit, ni dans son appartement. Elle reprenait difficilement ses esprits. Aussitôt, son instinct s'était remis en route. Elle était potentiellement en danger et elle devait se montrer prudente. Brutalement, donc, elle s'était redressée pour observer les alentours. Clarke ne souhaitait qu'une chose : analyser, au mieux, la situation. Ce fut à cet instant que ses yeux se posèrent sur cet homme. Un instant, elle s'était montrée méfiante et avait eu un geste de recul avant de... Non. Etait-ce seulement possible ? Clarke ne découvrait pas cette pièce, elle la redécouvrait. Clarke ne rencontrait pas cet homme, elle le retrouvait. Ce moment, cet instant, elle l'avait vécu un peu plus tôt. Et une réflexion rapide lui faisait supposer que ce un peu plus tôt valait environ trente minutes. Le temps de l'horloge. Les informations, peu à peu, se remettaient en place dans son esprit. Elle comprenait - enfin certaines choses. « C'est moi, oui. Il y a eu ce bruit assourdissant et cette lumière aveuglante... Et, je ne me souviens de rien d'autre. » Expliquait-elle, dans le cas où il ne se souviendrait pas même de ces détails et elle préférait confirmer son identité au cas où, il n'arrivait pas à la reconnaître même en se souvenant de son prénom. « Je suppose que nos trente minutes étaient écoulées. Alors, on revient donc au point de départ ? » Mais pourquoi, allaient-ils revenir en boucle jusqu'à trouver une sortie ? De nouvelles difficultés allaient-elles s'ajouter aux précédentes ? Instinctivement, Clarke allait fouiller de nouveau le tiroir où elle avait trouvé la lampe de poche - même si elle n'avait pas de piles - au cas où. « J'imagine que les choses vont se compliquer à chaque fois que l'on dépasse ces trente minutes, sinon ce serait trop simple. » Ce n'était qu'une supposition, mais elle préférait la partager. « On retourne en bas ? On fouille les autres pièces ? Un plan ? » Peut-être avait-il un plan plus précis à l'esprit désormais ? Une chose était certaine, mieux valait ne pas perdre trop de temps.

Tout recommençait. Ils étaient de nouveau en haut, dans la chambre. Clarke aurait presque pu croire être dans une sorte de mauvais rêve où tout recommençait, en boucle. L'homme semblait être dans le même état qu'elle. Il se souvenait et ne comprenait rien. Lorsque trente minutes sonnaient, ils recommençaient de zéro. Les pièces étaient-elles identiques ? Les objets restaient-ils aux mêmes endroits ? De nouveaux pièges étaient-ils installés ? Autant de questions qui perturbaient l'esprit de Clarke. Des questions auxquelles la jeune femme n'avait aucune réponse. De nouveau, Clarke s'était armée de sa lampe de poche sans piles, comme si quelque chose, au fond d'elle, lui hurlait que cette lampe finirait par être utile à un moment ou à un autre - ou, parce que c'était rassurant ?

Ils ne pouvaient pas se contenter de refaire les mêmes choses en boucle, alors il fallait réfléchir à un plan. Il fallait comprendre pourquoi ils étaient là et ce qu'ils devaient faire. L'homme proposa donc d'aller vérifier l'horloge, juste à côté. Clarke le suivit, sans discuter. L'horloge du couloir indiquait toujours trente minutes et était identique à celle qu'il y avait lors de leur premier réveil. Bonne ou mauvaise chose, Clarke ne saurait le dire à cet instant précis. « Il n'y a plus qu'à comprendre ce que l'on doit faire de ces trente minutes. » Rétorqua la blonde en poussant un soupir. Clarke détestait ne pas comprendre ou ne pas maîtriser entièrement une situation. Elle était donc en train de vivre tout ce qu'elle détestait, à son plus grand regret.

« Du monde d'où vous venez, est-ce que ce genre de jeu est une habitude ? Etes-vous habitué à résoudre des énigmes de ce type ? » Questionna la jeune femme. Il avait raison. Ils n'y avaient pas mille possibilités qui s'offraient à eux, mais Clarke se questionnait pour essayer de comprendre. S'agissait-il d'un jeu auquel il était habitué ? Après tout, il gardait plutôt facilement son calme et il ne semblait pas totalement effrayé - cela dit, elle non plus. « Si c'est un jeu, peut-être sommes-nous là pour utiliser des particularités que nous avons ? A supposer que tout ne soit pas qu'un hasard. » Réfléchissait Clarke à toute vitesse pour utiliser au mieux son temps. « Vous avez une force surhumaine, autre chose ? » De son côté, elle n'avait aucun pouvoir, juste la capacité extraordinaire de mettre les gens qu'elle aimait en danger, en permanence. « Fouillons les pièces que nous n'avons pas encore eu l'occasion de découvrir, ainsi, si la maison reste la même à chaque fois, nous aurons déjà une idée de tout ce qui se trouve ici, qu'en pensez-vous ? » Ils pourraient alors se créer une sorte de carte mentale de cet endroit et s'en servir lors des prochains tours - parce qu'il était évident que prochains tours, il y aurait.

Clarke n'était pas stupide. Elle avait déjà résolu un bon nombre de problèmes tout au long de sa vie, mais jamais d'énigmes de ce genre. Il n'y avait pas le moindre indice, comment pouvaient-ils alors deviner ce qu'ils devaient faire ? Ils n'avaient pas d'autres choix que de réfléchir, d'essayer, de discuter. La solution n'allait pas leur tomber dessus comme par magie, c'était une certitude. Clarke observa l'homme s'agiter après avoir prononcé quelques mots qu'elle n'avait pas compris. Il s'était dirigé vers la vieille commode, avait pris un vieux morceau de papier et l'avait plié en quatre avant de le mettre dans sa poche. « Que faîtes-vous ? » Se questionna-t-elle. S'il avait eu une idée de génie, il pouvait tout de même prendre une minute pour la partager avec elle. Qui sait, après tout, cela pouvait lui être utile ?

Le besoin permanent qu'avait Clarke d'essayer de comprendre pour contrôler la situation la poussait à émettre des hypothèses. Elle supposa alors qu'ils étaient peut-être dans une sorte de jeu étrange où l'on était en train de tester leurs capacités ou leurs particularités. Il supposait que l'hypothèse était possible, sans donner davantage son avis. A la place, il répondit à sa question, à savoir quel autre pouvoir il possédait, en plus de sa force surhumaine. Peut-être que c'était la piste à creuser. Il avait donc récupéré différents et nombreux pouvoirs. Clarke était surprise, elle devait bien l'avouer, de toutes les possibilités et toutes les capacités que cet homme possédait. Comment tout cela pouvait-il exister ? La jeune femme avait bien dû se familiariser avec la magie, d'une certaine façon, mais il était fascinant de comprendre tout ce qu'il était possible de trouver à travers les univers - ce qu'elle n'avait jamais soupçonné, elle qui avait pourtant traversé l'espace pour trouver une autre planète et elle qui était née à bord de l'Arche. « C'est fascinant. » Souffla-t-elle, dans un premier temps. « J'ignore comment tout ça fonctionne, mais vous êtes une sorte de super-héros, c'est ça ? » Ses questions n'étaient peut-être pas posées au bon moment, mais elle essayait de comprendre. « Je suis - enfin, j'étais - une sang d'ébène, mais je suppose que vous n'avez pas la moindre idée de ce que cela signifie et sauf si la maison se met à être irradiée tout à coup, ça ne nous aurait aidé en rien. » Répondit Clarke à sa question, en haussant les épaules. Ce souvenir lui était revenu naturellement, alors qu'il ne faisait pas partie des moments de sa vie dont elle se souvenait. « Je suis désolée, je ne vous serai pas d'une grande aide s'il faut utiliser de supers pouvoirs magiques pour sortir d'ici. » Alors pourquoi était-elle là ? Devaient-ils s'allier d'une certaine façon ? Utiliser les capacités humaines de Clarke avec les capacités magiques d'Arthur ? Peut-être. Impossible à dire.

Bon, puisqu'il fallait bien faire quelque chose, la jeune femme proposa de visiter la maison en détails. S'ils avaient la chance de voir que la maison ne changeait pas, ils se créeraient un plan mental de cet endroit. Cela pourrait ainsi faciliter leurs recherches et les aider lors des prochains cycles. « Je le pense aussi. Je pense que le but de tout ça est de nous amener à réfléchir et à travailler sur une solution. » Sinon, elle leur serait déjà apparue clairement, non ? « Alors, on subira plusieurs cycles. Ça n'a pas d'importance. » En espérant simplement que les choses ne se compliquaient pas à chaque fois. Ils réussiraient et prendraient le temps qu'il faut, pour cela.

Clarke, pour être tout à fait franche, n'était pas rassurée à l'idée qu'ils se séparent - surtout après ce qu'elle venait de vivre avec le fantôme de Madi - mais ils n'avaient pas le choix s'ils voulaient être davantage efficaces et rapides. Si elle avait peur, elle était consciente, également, des meilleures choses à faire et elle n'allait certainement pas faire l'enfant pour rester à ses côtés. « On ne fouille que des pièces voisines. On se parle régulièrement pour s'assurer que l'autre va bien. Et on reste au même étage. Aux moindres doutes, on appelle au secours. Pas de risques inutiles. » Listait-elle comme elle en avait eu l'habitude par le passé, lorsqu'ils devaient partir au combat ou en mission.

L'homme avait raison, peut-être n'étaient-ils pas tout seul. Après tout, il y avait déjà ces choses, ces fantômes, elle n'en savait rien. Courageusement, la jeune femme avait, malgré tout, ouvert la porte qui se trouvait à côté d'elle et avait jeté un coup d'oeil à Arthur, qui s'apprêtait à en faire de même. « bonne chance. » lui souffla-t-elle en se glissant à l'intérieur. Cette fois-ci, la porte ne se fermait pas violemment derrière elle, tout paraissait étrangement calme. Elle se trouvait dans une sorte de chambre, encore une fois, mais d'enfant. Des jouets étaient étalés un peu partout sur le sol. Clarke se baissa pour ramasser une vieille peluche à qui il manquait un oeil. Elle l'observa longuement et un sentiment étrange l'avait envahi. « Je suis dans une chambre d'enfant. Il semble ne rien y avoir, mais je commence à fouiller. » Cria-t-elle pour se faire entendre de l'homme tout en commençant à soulever le matelas pour voir si rien ne se cachait en dessous.

Les actions d'Arthur intriguaient Clarke, mais il restait vague en répondant à ses questions. Il testait les choses, les limites de cet endroit, ses possibilités et ses capacités. Ce n'était pas une mauvaise idée, c'était bien pour ça qu'elle voulait fouiller la maison. D'après lui, ils devaient considérer que cette épreuve était un jeu dont il fallait découvrir les règles en les testant. Ils n'avaient pas vraiment d'autres choix, de toute façon. Alors même si elle ne comprenait pas parfaitement ce qu'il était en train de faire, elle acquiesça, comprenant, au moins, le but de la manoeuvre. « Dommage qu'ils ne nous aient pas donné un mode d'emploi ou un règlement. » Plaisanta-t-elle en haussant les sourcils, un sourire prenant place sur ses lèvres un court instant. Ça aurait été beaucoup plus simple, évidemment, mais ils n'allaient pas les aider, et puis quoi encore ?

Ils pensaient à peu près les mêmes choses, ce qui facilitait grandement le dérouler de l'opération. S'ils avaient dû se battre l'un contre l'autre en plus de tout, ils ne s'en seraient jamais sortis. Heureusement, ils se mettaient facilement d'accord et les plans de l'un et de l'autre convenaient. Une chance. L'une des théories de Clarke étaient qu'ils était là pour tester leurs capacités. Arthur avait déjà démontré en posséder certaines et avait listé les autres à Clarke, à sa demande. Il était une sorte de super-héros - il le lui confirma, après sa question. Décidément, ce monde était bien particulier. La commandante de la mort et le super-héros, ils formaient un bien drôle de duo. En revanche, hormis semer la mort sur son chemin et être une sang d'ébène, ce qui la protégeait des radiations - un souvenir qu'elle ne possédait même pas vraiment, alors elle supposait qu'il n'y avait que ça - elle n'avait pas de dons particuliers. Enfin, elle ne possédait même plus cette caractéristique alors si tout à coup la maison était irradiée, elle mourrait, comme n'importe qui. Si le but était donc de tester leurs capacités, Clarke devrait compter sur des capacités humaines totalement naturelles - un instinct de survie surdéveloppé, la capacité de prendre des décisions impossibles - et pas à des super dons comme lui, donc elle craignait de ne pas lui être utile. Néanmoins, quelque chose lui disait que ce n'était pas un hasard s'ils étaient là, tous les deux. « Alors trouvons ce quelque chose qui nous permettra de résoudre cette histoire. » Soupira Clarke. Elle sentait que cette journée - nuit, elle n'en savait rien - allait être longue et qu'ils allaient devoir faire preuve d'une résistance supérieure à la normale pour ne pas céder à l'envie d'abandonner ou devenir complètement fou.

Les deux compagnons d'infortune mettaient donc en place un plan. Clarke proposa de fouiller cette maison et d'en découvrir toutes les pièces afin de connaître cet endroit, qui pouvait se révéler à tout moment être leur pire ennemi. Pour faire au plus vite et éviter d'y passer plusieurs cycles - d'autant qu'ils ne savaient pas si les choses changeaient ou se compliquaient à chaque fois - ils décidèrent de se séparer. Clarke, néanmoins, avait quelques recommandations à faire afin de ne pas être davantage en danger qu'ils ne l'étaient déjà. Ne pas s'éloigner. Etre toujours dans une pièce voisine. Rester en contact. Ne pas prendre de risques stupides. Tout semblait convenir à Arthur alors la jeune femme lui souhaita bonne chance et pénétra dans la pièce voisine à celle que l'homme avait choisie.

Clarke était entrée dans une chambre d'enfant. La chambre était dans le même état que le reste de la maison : sale, poussiéreuse... Comme prévu, elle indiqua à son compagnon où elle se trouvait et ce dernier lui répondit qu'il était dans une salle de bain - et à en juger par son commentaire, tout aussi insalubre que la chambre. Pendant ce temps, Clarke fouillait. Il n'y avait rien sous le lit, ni dans la commode. En revanche, l'un des vieux jouets avait deux piles - qui correspondaient parfaitement à la lampe de poche qu'elle avait entre les mains et qui, par miracle, fonctionnait toujours. Ils avaient donc désormais une lampe de poche fonctionnelle, autant dire qu'ils terrasseraient n'importe quel monstre avec ça. Avant qu'elle ne puisse fouiller davantage, l'homme avait de nouveau crié quelque chose. Sans lui donner davantage de détails, il lui avait appris que les tuyaux avaient un problème. Sans poursuivre ses recherches, elle était sortie de la chambre pour le rejoindre. Prudemment, elle était entrée dans la salle de bain pour observer les tremblements étranges de la baignoire et pour écouter les bruits inquiétants des canalisations. « Qu'est-ce que... » elle s'approchait, se postant à côté d'Arthur. « Vous vouliez de l'eau, je crois qu'elle vous a entendu et qu'elle arrive. » Lui souffla-t-elle en lui lançant un regard en coin. « Ou alors une créature immonde va en sortir. J'espère qu'elle craint, au moins, la lumière. » Dit-elle, comme si c'était le moment de plaisanter, en allumant sa lampe de poche pour lui montrer qu'elle avait trouvé des piles. « On fait quoi ? » Attendre ? Fuir ? Chercher à comprendre ce qu'il y avait dans ces tuyaux ?

Clarke se retrouvait de nouveau avec lui, dans la salle de bain. Il fallait croire que cette maison ne tenait pas à ce qu'ils restent séparés finalement. D'elle-même, elle put donc constater ce qui se passait avec les tuyaux. Autant dire qu'elle n'y comprenait pas grand-chose et que ce n'était pas rassurant de se retrouver impuissante face à un potentiel danger dont elle ignorait absolument tout. Ils ignoraient ce qui était en train de remonter, mais Arthur avait raison, cette chose se rapprochait. Clarke sentait son coeur battre plus vite, elle déglutissait difficilement en ne lâchant pas l'endroit des yeux, mais elle tentait de garder le contrôle d'elle-même. Au plan d'Arthur, elle se contentait de hocher la tête. Ils n'allaient pas se battre contre l'impossible, prendre la fuite et verrouiller la porte était encore la meilleure chose à faire pour leur survie.

Soudainement, le robinet recracha quelque chose après qu'un bruit dégoûtant se soit fait entendre. Ce n'était pas de l'eau, c'était... Elle n'était même pas capable de le dire. La substance était visqueuse et sombre. « C'est dégoutant, qu'est-ce que c'est ? » Souffla Clarke, plus pour elle-même que pour Arthur. Ce dernier était en train de s'approcher pour observer la chose de plus près. « Je suis d'accord avec vous, on ignore ce que cette chose peut faire. » Alors, il était préférable de ne pas toucher ou trop s'en approcher. Dans un endroit aussi étrange que celui-ci, il était préférable de se méfier de tout car tout pouvait devenir un danger. « Ça, c'est vous qui le dîtes. Dans trente minutes, cette substance continuera peut-être tranquillement d'envahir la salle de bain avant d'envahir la maison. On ne sait pas quel piège a pu se déclencher. » Après tout, ils ignoraient si tout se remettait réellement à zéro, donc il était préférable de ne pas se montrer trop optimiste.

Néanmoins, il n'était pas non plus question de s'alarmer inutilement. Alors, Clarke observa ce que l'homme avait trouvé : des choses pour se soigner - ce qui s'avérerait toujours utile, d'autant qu'elle était médecin et qu'elle pouvait gérer un certain nombre de blessures avec peu de matériel après avoir survécu sur une terre hostile, sans rien pour soigner ses amis - et un coffre en bronze, gravé. « Vous croyez que c'est cette boite qui nous permettra de sortir ? Qu'on doit réussir à l'ouvrir ? » C'était une possibilité après tout. « Oh... » Souffla Clarke en portant une main à son visage, recouvrant ainsi son nez et sa bouche. « L'odeur est infecte. » Et c'était peu dire. « Cette substance, ce coffre... » Elle tentait de réfléchir logiquement. « Rien n'est dû au hasard. Chaque chose doit avoir son importance. » Tant pour les aider que pour les attaquer, d'ailleurs. Il fallait désormais trouver quelle importance chaque chose avait.

« Chut ! » avait-elle soufflé en mettant son index devant sa bouche, comme si ce geste camouflerait les bruits. « Écoutez. » Il fallait passer au-dessus du bruit immonde que faisait cette chose visqueuse dans la baignoire, mais Clarke entendait quelque chose - enfin, elle en avait l'impression, en tout cas. « L'escalier, vous entendez ? » Ce n'était plus qu'un murmure parce que dans les escaliers, qui n'étaient pas si loin d'eux, elle avait l'impression d'entendre des bruits de pas qui faisaient craquer le bois de chaque marche comme lorsqu'ils étaient descendus. Finalement, peut-être qu'ils ne pourraient pas sortir aussi facilement de cette pièce qu'ils ne le pensaient.