Clarke ⊹ titre

Je viens de votre futur ou d'un autre monde, je l'ignore. La Terre qui existe aujourd'hui n'existe plus à mon époque. Détruite par un holocauste nucléaire ayant poussé les derniers humains à se réfugier dans l'espace. Je suis née sur l'Arche, du bon côté, du côté de ceux qui ont du pouvoir. Je suis née sur une Arche à bout de souffle, une Arche qui a dû prendre des mesures pour survivre comme celle de condamner par la mort chaque crime. Il n'existe qu'une exception à cette règle : les mineurs. Heureusement, lorsque j'ai été arrêté, après la mise à mort de mon père, j'étais mineure. J'ai donc échappé à la peine de mort, mais pas à la prison. Juste avant sa mort, mon père avait découvert que l'Arche avait des problèmes, son principal étant que l'oxygène allait finir par manquer. Il voulait dire toute la vérité aux habitants, mais il en a été empêché et j'ai été emprisonnée. Je devais être jugée de nouveau à mes dix-huit ans, et je risquais alors d'être exécutée, comme mon père. Sauf que tout a basculé pour moi, un mois avant mon dix-huitième anniversaire, lorsque j'ai été sortie de ma cellule. J'ai essayé de leur dire que ce n'était pas encore le moment, que j'avais encore un mois et puis... Et puis, je les ai vu. Des dizaines de jeunes, des prisonniers, sortis de leur prison eux-aussi. Ma première idée a été que les dirigeants de l'Arche souhaitaient réduire la population en commençant par exécuter les prisonniers mineurs. Mais ce n'était pas ça, je me trompais. En réalité, cent jeunes, dont je faisais partie, avaient été choisis pour avoir une deuxième chance et être envoyés sur Terre afin de vérifier si elle était de nouveau habitable. Selon moi, ce n'était qu'une autre façon de nous sacrifier en nous envoyant vers une mort certaine sur cette planète inhabitable à cause des radiations. Ils étaient en train de nous éliminer pour donner du temps à l'Arche. J'avais à peine dix sept ans et les autres prisonniers étaient tout aussi jeune, malgré tout, on nous envoyait sur une Terre inconnue et hostile ? Ce n'était qu'un sacrifice déguisé, purement et simplement.


Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'étais dans un vaisseau nous conduisant sur Terre, entourés par tous les autres. Cent jeunes abandonnés totalement à eux-mêmes sur une Terre inconnue et potentiellement dangereuse. Nous avons atterri et, pour la première fois depuis presque cent ans, des humains ont foulé le sol de la planète Terre. Pour la première fois, j'ai vu le ciel et le soleil. Pour la première fois, j'ai senti l'air sur ma peau. La Terre était de nouveau habitable, mais nous n'avions plus aucun moyen de prévenir l'Arche, nous n'avions plus aucun contact avec eux, là-haut. Certains souhaitaient même qu'ils ne sachent rien, oubliant que nos familles et nos amis risquaient de tous mourir à cause du manque d'oxygène. Certains retirèrent même leur bracelet, celui qui permettait de les savoir toujours en vie. Il semblait difficile de les contenir, de contenir leur joie et leur envie de liberté. Nous étions que des jeunes, des anciens prisonniers, désormais libres sur une Nouvelle planète sans aucun adulte pour nous diriger. Ceux-là étaient dirigés par le seul adulte qui nous avait accompagné dans ce voyage, Bellamy Blake. Il leur offrait ce qu'il n'avait jamais eu, en apparence du moins : la liberté de faire ce qu'ils voulaient, en échange, ils devaient simplement retirer ce bracelet.

La Terre était magnifique. Tout était nouveau pour nous tous. Tandis que certains préfèraient profiter de cette nouvelle liberté, avec d'autres nous avions décidé de nous rendre au Mont Weather. Nous ne pouvions pas rester là, à ne rien faire, il nous fallait résoudre tant de problèmes pour survivre. Le principal étant de trouver de la nourriture. C'est lors de cette première expédition que nous avions découvert l'impensable : nous n'étions pas les seuls survivants sur Terre. Certains avaient survécu à l'holocauste nucléaire, les Natifs. Ils nous avaient attaqué parce que nous étions sur leur territoire, ils semblaient hostiles et nous n'étions qu'une bande d'adolescents sans arme. Rapidement, nous avions appris que bien d'autres dangers nous guettaient comme cette pluie acide qui semblait se déclarer n'importe quand. Il s'était alors passé tant de choses, je m'étais rapprochée de Finn, Raven était arrivée sur Terre à l'aide d'une navette, Wells, mon meilleur ami, était mort, j'avais appris que ma propre mère avait dénoncé mon père et nous avions fini par réussir à contacter l'Arche, là-haut. Nous avions aussi essayé d'entamer des négociations de paix avec la cheffe des natifs, Anya, mais cela n'avait pas donné le résultat attendu, au contraire ça n'avait qu'envenimer les choses.

Le reste de l'Arche avait réussi à revenir sur Terre, non sans perte. Beaucoup étaient morts, mais j'avais pu retrouver ma mère à Arkadia, le nouveau nom de la station alpha, la seule station s'en étant sortie vraiment indemne. Pour autant, nous ne vivions toujours pas en paix. La guerre continuait, la survie aussi. Nous avions dû nous battre contre les Natifs et nous avions gagné, en utilisant le vaisseau qui nous avait conduit sur Terre. Une nouvelle menace fit également son apparition, les Hommes des Montagnes. Ils nous avaient attaqués et ils avaient enlevé plusieurs dizaines d'entre-nous. Je m'étais alors réveillée dans un lit, dans une chambre que je ne connaissais pas. Je n'étais pas seule ici. Après avoir pris en otage l'une d'eux, elle m'emmena voir certains de mes amis présents et heureux ici. Ils vivaient normalement et en sécurité, en apparence du moins. J'avais alors appris qu'il s'agissait des survivants de l'holocauste nucléaire qui s'était cachés dans ce bunker et qui ne pouvaient se rendre à l'extérieur puisqu'ils n'étaient pas immunisés contre les radiations de l'extérieur. Peut-être aurait-il été plus facile de vivre parmi eux, en paix ? Sauf que dehors, il restait ma mère, il restait Bellamy, il restait tous les survivants de mon peuple. Rapidement j'avais alors appris que ces survivants n'étaient pas si innocents qu'ils le laissaient paraître. Ils enlevaient des Natifs pour se transfuser et ainsi pouvoir se guérir des blessures de l'extérieur. Anya, la cheffe des Natifs, faisait partie des prisonniers. Je n'avais pas le choix, je devais abandonner mon peuple, encore en sécurité entre ces murs pour le moment et, avec Anya, nous nous étions enfuies. Il nous fallait de l'aide pour sortir nos deux peuples de cet endroit. Après plusieurs combats pour que l'une puisse prendre le dessus sur l'autre, nous avions fini par trouver un accord de paix, au moins pour faire tomber le Mont Weather. Tout fut de nouveau compromis, puisqu'Anya avait été tuée avant de pouvoir en parler à son peuple. De retour au camp d'Arkadia, j'avais fini par retrouver tous mes amis, tous ceux qui ne faisaient pas partis des prisonniers du Mont Weather. Tous sauf Finn qui était parti à ma recherche. Les choses étaient, encore une fois, de pire en pire. Les survivants de l'Arche ne semblaient pas faire une priorité de nos amis prisonniers des hommes des montagnes, alors, avec une partie des cent, nous avions dû nous échapper de notre propre camp. Finn, qui avait commis un massacre, devait être livré aux Natifs, remettant sinon la paix en cause. Il se rendit finalement lui-même et je l'avais tué de mes propres mains pour éviter qu'il ne se fasse torturer avant d'être tué par les Natifs. Ce fut sans doute la pire chose que j'avais eu à faire, jusqu'à présent, pour survivre et préserver la paix, mais ce n'était pas la dernière.

Durant cette période où nous essayions de lutter contre les Hommes des Montagnes, j'avais fait la rencontre de Lexa, la commandante. Nous avions alors formé cette alliance tant recherchée pour lutter contre le Mont Weather. Alors que nous nous préparions à l'attaque, le village où tous se réunissaient fut attaqué. J'étais au courant, grâce à Bellamy qui s'était infiltré dans la base de Mont Weather, mais je n'avais prévenu personne, laissant alors des dizaines d'innocents mourir pour protéger Bellamy et les informations qu'il nous apportait en étant infiltré. Puis vint ensuite l'attaque. Ensemble, alliés, le peuple du ciel et le peuple de la Terre devaient combattre ceux de la Montagne. Pourtant un arrangement avait tout fait changer, mettant fin à l'alliance. En effet, Lexa avait conclu un marché avec les Hommes des Montagnes. Malgré tout, aidés par certains membres des cent, j'avais pu entrer dans la base. Là-bas, les miens n'étaient plus en sécurité, ils passaient sur la table pour leur prendre leur moelle osseuse. Folle de rage de ne pas pouvoir arrêter tout ça, incapable de trouver une autre solution, j'avais tué le Président, Dante afin de faire céder son fils. L'effet fut contraire puisqu'en représailles ce dernier s'en prit à ma mère, la faisant passer, à son tour, sur la table d'opération. Pour ne pas voir tous les nôtres mourir, j'avais dû prendre la pire décision de toute ma vie, avec Bellamy et Monty, en laissant l'air extérieur pénétrer l'enceinte de la montagne. Je savais qu'en faisant ça je les condamnais tous, les bons comme les mauvais, les enfants comme les adultes, ceux qui nous avaient attaqués comme ceux qui nous avaient aidés, mais je n'avais pas le choix.


Lorsque je me suis réveillée dans ce nouveau monde, il y a un peu plus d'un an, mes souvenirs s'arrêtaient là, à ce moment précis où je décidais du sort de dizaines d'innocents pour sauver mon peuple. Dans mon esprit, ma vie s'était arrêtée pile à ce moment-là, me faisant alors me réveiller ici, dans ce monde inconnu. J'ai néanmoins rapidement compris que ce n'était pas le cas, que j'avais connu et fait bien d'autre chose. Je ne me souviens pas encore de tout, beaucoup d'événements sont flous. Je rêve parfois de certains visages, de certains prénoms, de certains événements. Réveillée, parfois, j'ai ces mêmes sensations d'absence. Je sais que j'ai fait bien d'autres choses affreuses dans la vie, au nom de la survie de mon peuple. Je me souviens avoir été seule longtemps, je me souviens avoir perdu des amis, je me souviens de cette intelligence artificielle, je me souviens de Lexa, je me souviens de Madi. Je ne sais plus qui elle est, mais je sais que je l'aime plus que tout et qu'elle est importante pour moi. Je sais que j'ai besoin d'elle et qu'elle a besoin que je sois auprès d'elle, mais je ne sais pas où elle est. Je n'ai retrouvé personne. Ici le monde semble être celui d'avant l'holocauste nucléaire. J'ignore où je suis, même si le nom de Sanctum hante mon esprit. J'aimerai retrouvé tous mes amis, ma famille, j'aimerai être certaine qu'ils aillent bien, j'aimerai comprendre où je suis, j'aimerai retrouvé mes souvenirs, mais après plus d'un an passé ici, je commence à douter que tout cela arrivera un jour.