Sujet aléatoire - Arthur C. & Clarke

Clarke ignorait s'ils avançaient dans leurs recherches, mais ils découvraient de plus en plus de choses, en tout cas : cette substance étrange en faisait partie. Ils ignoraient tout de cette dernière. Arthur tenta d'y jeter une brosse à dents, mais cet acte ne leur apprit rien. Il ne semblait rien se passer, à la surface ou de manière visible, en tout cas. Mais qui sait ce qui se passait dans les profondeurs de la baignoire ? Le mieux était encore de rester loin de cette chose et de ne la toucher sous aucun prétexte. Il fallait simplement espérer que cette chose n'envahisse pas entièrement la maison, sinon... Ils étaient fichus.

Arthur supposait que, comme le reste, tout redeviendrait normal au bout des trente minutes, mais Clarke préférait ne pas se montrer trop optimiste. Si les choses semblaient redémarrer à chaque fois, rien ne leur assurait que ce serait toujours le cas et que tout se réinitialisait à chaque fois. « Sauf si c'est notre présence qui le déclenche, on l'aurait entendu la première fois, je pense. » Rien n'était sûr, mais elle préférait voir toutes les hypothèses. « Peut-être qu'à chaque redémarrage, on va avoir le droit à une nouvelle surprise de ce genre qui s'additionnera aux précédentes. » Jusqu'à les submerger totalement de problèmes à ne plus savoir comment les gérer.  

Laissant ce problème derrière eux pour le moment, Arthur lui présentait une boite mystérieuse qu'il avait découverte dans la salle de bain. Clarke l'observait avec attention et posait une partie de ses nombreuses questions. Bien sûr, il ne devait pas en savoir plus qu'elle, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Le problème était qu'Arthur ne réussissait pas à l'ouvrir, malgré sa force accrue. Forcément, les choses ne pouvaient pas être aussi simples. « Sans doute. Soit c'est un indice pour nous aider, soit c'est un piège, difficile à dire. » Clarke restait sans cesse méfiante, sur ses gardes. Alors, elle préférait envisager les deux hypothèses : était-ce un indice pour les aider à sortir d'ici ou était-ce un piège qui s'abattrait sur eux à l'instant où ils auraient ouvert ce coffre ?

La question était importante, évidemment, mais elle allait devoir attendre. En effet, l'oreille de Clarke était attirée par le craquement du bois des escaliers. Il semblerait que quelqu'un était en train de gravir les marches, ce qui n'avait rien de rassurant, évidemment. Arthur avait raison. Le pas était lourd, presque trop pour un humain. Il était régulier, presque trop, également. Clarke ignorait ce qu'elle devait faire. Son coeur accélérait dangereusement. Ils étaient coincés ici, dans cette salle de bain avec la substance étrange et quelqu'un dehors dont ils ignoraient tout des intentions. Clarke se recula légèrement, à la demande du jeune homme. Elle évitait soigneusement de trop s'approcher de la baignoire, mais elle gardait ses distances avec la porte. Elle tentait de ne pas respirer trop fort, pour éviter d'attirer cette créature, à l'extérieur. Elle espérait que le bruit de la substance suffisait à couvrir les bruits qu'ils pouvaient faire.

Mais ça n'avait plus d'importance. Le bruit des pas s'était stoppé. Devant la porte, elle en était certaine. Ils restèrent immobiles un temps qui lui paraissait durer une éternité. Qu'étaient-ils censés faire ? Soudain, alors que le calme régnait - hormis le bruit de la baignoire - depuis quelques secondes, des coups puissants, nets et réguliers se firent entendre, comme si cette chose frappait à la porte. Trois coups. Le coeur de Clarke rata un battement et son regard se posa aussitôt sur Arthur. « C'est ça qui l'attire ? » Souffla-t-elle dans un murmure si bas qu'elle n'était pas certaine qu'il puisse l'entendre, tout en désignant la baignoire de la tête pour émettre son hypothèse. La question était désormais ce qu'ils allaient faire, il fallait agir. Ils n'allaient pas attendre éternellement. « J'ouvre et vous vous préparez à vous jeter dessus ? » Vint-elle lui souffler à l'oreille, priant pour que cette chose, quelle qu'elle soit, ne puisse pas l'entendre ou espérant qu'Arthur ait une meilleure idée.

Il fallait se cacher. Il fallait attendre que la menace vienne à eux. Cela n'avait rien de rassurant. Ils étaient coincés dans une minuscule salle de bain où une baignoire recrachait une matière étrange et inconnue. Aucune issue de secours. Ils étaient coincés avec cette chose - qu'importe ce qu'elle était - devant la porte. Les coups contre la porte étaient brutaux, secs. Fallait-il attendre indéfiniment ou agir ? Clarke n'avait jamais été du genre à choisir les plans où il fallait attendre - pas assez souvent, en tout cas. Elle craignait que cette chose ne bouge jamais de devant la porte, que cette chose les coince ici avec cette chose dans la baignoire jusqu'à ce que cette dernière ne les atteigne. Attendre était le plus insupportable de tous les supplices à cet instant. Elle n'y arrivait pas. Alors, elle proposait quelque chose. Quelque chose qui ne plut pas à son acolyte qui lui intima de se taire. Parce qu'ils étaient en danger et parce que la situation était désespérée, elle n'insista pas. Néanmoins, elle n'appréciait jamais que l'on remette en cause l'un de ses plans ou que l'on refuse de la suivre - plus encore en lui demandant simplement de la fermer. Comptait-il vraiment jouer au trouillard - ou au prudent, si l'on voyait les choses d'un autre oeil - éternellement, caché ? Une confrontation était dangereuse, bien sûr, mais elle aurait le mérite de surprendre la chose à l'extérieur et ils pourraient enfin découvrir ce qui s'y cachait.

Plus personne ne bougeait. Ni eux, ni cette chose derrière la porte. Et, soudainement, sans que rien ne puisse l'expliquer aux yeux de Clarke, la créature avait fait demi-tour. Un piège ? Difficile de répondre à cette question, comme à toutes les autres, d'ailleurs. Arthur tentait d'écouter contre la porte, pour s'assurer qu'il s'était éloigné. Ce devait être le cas puisqu'il proposa d'ouvrir et la mit en garde. Clarke se tenait prête en cas d'attaque, elle restait attentive et ne lâchait pas des yeux le seuil de la porte. Il n'y avait rien. Plus rien. Comme s'ils avaient tous les deux halluciné cette chose ou comme si cette chose s'était juste volatilisée, sans la moindre explication.

Arthur était sorti de la salle de bain et Clarke n'avait pas perdu de temps pour le suivre. La première chose qu'ils avaient faite avait été de se diriger vers l'horloge. Il ne restait que cinq minutes avant qu'un nouveau cycle ne commence. « Ça nous laisse suffisamment de temps pour fouiller deux autres pièces. » Ils n'avaient pas de temps à perdre. Chaque minute comptait. « Espérons ne pas tomber sur un nouveau danger. » Clarke en doutait. Cette chose jouait avec eux et ils venaient déjà de découvrir deux nouveaux dangers. Pour s'amuser au mieux, il était préférable de les faire apparaître petit à petit, certainement. « On devrait trouver de quoi se défendre en priorité, au cas où cette chose reviendrait nous attaquer. » Au moins repérer quelque chose afin de pouvoir s'en emparer dès le début de la prochaine partie. Alors, réaliste, Clarke se doutait qu'ils ne trouveraient pas d'armes à feu, mais des outils ? Des couteaux de cuisine ? Un objet lourd et manipulable ? En y réfléchissant bien, de nombreux objets du quotidien pouvaient faire office d'armes, il fallait simplement espérer que cette maison n'en avait pas été entièrement dépossédée afin de les rendre totalement vulnérables - parce qu'elle, elle ne pouvait compter sur aucun pouvoir, ce qui la rendait particulièrement vulnérable, à cet instant.

« On s'adaptera aux circonstances. On se débrouille bien pour le moment, même si on ne comprend pas encore grand-chose. » Souffla Clarke lorsque ce dernier lui indiqua qu'ils devraient mieux s'organiser pour l'exploration. Ils avaient de la chance, ils s'entendaient plutôt bien et ils se mettaient d'accord plutôt très facilement. C'était un avantage non-négligeable. Désormais, comme il venait de le dire, lors du prochain tour, ils devraient s'organiser en fonction de ce qu'ils avaient appris ou compris, pour gérer leur temps de la façon la plus optimale possible. Seules les circonstances ne dépendaient pas d'eux - la chose pouvait très bien se trouver à leur porte lors de leur prochain réveil ou il pouvait se passer n'importe quoi qui empêcherait leur expédition - et il fallait donc s'y adapter.

Clarke jugeait que, dans tous les cas, il était préférable de repérer quelque chose d'utile en cas d'attaque. Il n'était pas question de s'en servir absolument, mais ils ne devaient pas être pris au dépourvu si quelque chose les attaquait. La prudence avant tout. « Très bien, je vous suis. » Ce qui ne l'empêcherait pas de chercher des yeux tout ce qui serait susceptible de servir d'armes. D'après Arthur, la créature était à l'étage et ils pouvaient donc mettre de la distance avec elles en se rendant au rez-de-chaussée. Possible. Elle lui faisait confiance et donc elle était prête à le suivre, à écouter son plan et à tenter de comprendre ce qu'il voulait comprendre avant toute chose.

Très prudemment, l'homme s'était approché des escaliers, avait observé et avait testé le bruit de ces derniers, puis il s'était assuré que rien n'était en train de leur foncer dessus avant de commencer à descendre. Il y avait du bruit, évidemment, mais ils faisaient au mieux pour rester discret et avoir le pas léger. Ils arrivèrent en bas sans difficulté. Les yeux de Clarke cherchaient une pièce qui pouvait lui faire penser à une cuisine - toujours dans l'idée de trouver une arme. D'un signe de la tête, elle invitait Arthur à la suivre dans une direction qu'ils n'avaient pas suivi tout à l'heure. Il fallait bien commencer quelque part, après tout. « C'est quoi, votre plan ? » Parce que depuis peu, il lui disait qu'il cherchait à tester quelque chose, mais quoi ? Clarke aurait aimé le savoir avoir que le prochain tour commence, pour se préparer au mieux. D'autant qu'il restait bien peu de temps et même si la créature n'était pas là, ils ignoraient tout de ce qui pouvait se cacher ailleurs, alors n'était-il pas préférable de tout partager, dans l'hypothèse où ils pouvaient être séparés à n'importe quel moment ?

En bas on pouvait voir plusieurs couloirs et de nombreuses portes. A croire que cette « maison » à défaut de la nommée autrement, était plus grande qu’elle n’y paraissait. Un hôtel presque. Pourquoi pas. Après tout, deviner où ils étaient pourrait les aider à trouver comment sortir. Ou alors l’endroit était totalement insolite, monter exprès pour les emprisonner et réaliser un jeu glauque. Pourquoi pas, pour l’heure ils n’étaient guère plus avancer et découvrait pas à pas le fonctionnement de ce « monde ». Arthur cherchait justement à tester les limites, « pirater le jeu » comme on disait, pour savoir tout ce qu’ils pouvaient faire et comment s’en servir pour sortir. Clarke proposa donc de s’armer, mais Curry voulu tester quelque chose avant, que pour lui dans l’immédiat, vu le temps qu’il leur restait, se procurer des couteaux ou une arme a feu, pouvait ne servir à rien. Curieuse, la jeune femme voulait savoir à quoi, il pensait.

"J’aimerais savoir à quel point tout est réinitialisé ici. Si on garde un objet sur soi et que le temps se reboot, le gardons nous ou bien retourne t’il à sa place ? C’est pour ca, si on prend une arme maintenant mais que dans deux minutes, elle revient la où elle était…"

Un détail qui avait toute son importance. Surtout pour réaliser l’énigme qui s’offrait à eux. Est-ce qu’ils pourront garder tous les objets trouver pour résoudre plus vite ce casse tête, ou tout refaire à chaque depuis le début.

"Si tout reprenait place, cela nous apportera un nouvel indice. Pour trouver comment et réussir à sortir d’ici, cela nous prendra maximum trente minutes."

Une fois cette info acquise, de comment les choses se comportaient les trente minutes remises à zéros, ils pourront sans doute progresser plus vite, savoir à quoi s’attendre. C’est alors que les horloges se mirent toutes à sonnées à l’unisson, criant la fin du temps écoulé et le début d’un nouveau cycle.

"Nous n’allons pas tarder à le savoir justement."

Arthur souhaitait tester diverses choses afin de mieux comprendre cet endroit. Ce n'était pas un mal, évidemment, mais Clarke avait envie et besoin de savoir, de comprendre ce qu'il faisait. Arthur avait raison, quelque part, pour mieux s'armer et pour mieux espérer s'en sortir, il était préférable de connaître les règles du jeu auquel ils étaient en train de jouer. Néanmoins, ce jeu avait-il réellement des règles ? Ne changeaient-elles pas au fur et à mesure, en fonction de leurs découvertes et des besoins de la chose qui contrôlait tout ?

Impossible à dire, bien sûr. « Nous aurions au moins su où nous en procurer une. » Souffla Clarke. Elle comprenait parfaitement le raisonnement de l'homme et il était même plutôt logique, en réalité. Néanmoins, chercher des armes leur aurait au moins permis de savoir où en trouver en cas d'attaque - à supposer, comme pour tout le reste, qu'elles resteraient à la même place, évidemment. « Néanmoins, je suis d'accord avec vous. Nous devons comprendre si tout se réinitialise entièrement ou non. » Peut-être que ça ne changerait rien à leur énigme, peut-être que oui. Les objets retournaient-ils à leur place ? Les choses se remettaient-elles à zéro - comme cette chose dans la baignoire ? S'ils perdaient ce qu'ils avaient trouvé pour se soigner, mais que la salle de bain était toujours dans le même état, difficile d'y retourner. S'ils conservaient tout, cela leur faciliterait la tâche. S'ils perdaient tout et que tout se remettait à chaque fois à zéro, il fallait agir vite pour trouver comment sortir. « Espérons que ce que nous apprenons à chaque tour reste valable pour les suivants et que les règles ne changent pas à chaque fois. » Elle ne le pensait pas - enfin, elle ne l'espérait pas - parce qu'alors les choses deviendraient absolument impossible - mais si le but était de les pousser à bout, c'était possible.  

Ils n'avaient pas le temps d'en apprendre davantage, les minutes défilaient à toute vitesse et il était déjà temps d'expérimenter un nouveau cycle. Le bruit terrible recommença, puis plus rien, et Clarke ouvrit de nouveau les yeux dans la chambre, à l'étage. Pendant quelques secondes, elle ne se souvenait de rien. Elle se redressait, s'asseyait, observait les alentours. Ses yeux se posèrent alors sur Arthur et les choses lui revinrent petit à petit. « Tout va bien ? » Le questionna-t-elle en se relevant, pour être certaine que, de son côté, tout allait bien et que ce nouveau cycle n'avait rien changé pour lui. « Alors, votre expérience ? » S’enquérait-elle, afin de savoir s'ils étaient plus avancés qu'avant ou non.

Une fois encore, les choses recommençaient de la même façon. Ils étaient de retour dans cette vieille chambre, dans la même position et dans le même état. Encore une fois, Clarke avait terriblement mal à la tête - mais elle commençait à avoir l'habitude désormais. Une fois encore, elle se souvenait de tout dans les moindres détails. C'était une chance, qu'ils n'oublient pas tout ce qui s'était passé. De nouveau, Arthur était là, à ses côtés. Un cycle sans fin. Un cycle qu'elle espérait stopper bien vite. « ça va. » Répondit-elle, en se redressant. Hormis les douleurs habituelles, il n'y avait rien de nouveau. Pas de blessures, pas de pertes de souvenirs, rien.

Sans perdre de temps, Clarke s'était questionnée à propos du plan d'Arthur. Avait-il donné quelque chose ? Confirmait-il quelque chose ? De sa poche, l'homme avait donc sorti le papier qu'il avait rangé. Les choses restaient donc à leur place. « Très bien, c'est toujours du temps de gagné sur nos recherches. » Ils avaient quoi en leur possession ? De quoi se soigner ? Une lampe torche ? Il fallait certainement trouver autre chose, pour affronter les épreuves les unes après les autres, mais l'important était qu'ils conservaient tout - un gain de temps considérable. « On refera ce cycle aussi souvent que nécessaire, on ne baissera pas les bras. » Il n'avait pas l'air d'être de ce genre-là, mais elle le confirmait à voix haute - parlant d'elle autant que de lui. Il fallait simplement espérer que les règles restent les mêmes à chaque fois.

« Très bien, donc c'est notre objectif pour ce cycle : se procurer des armes et continuer d'explorer cet endroit. » La maison ne paraissait pas bien grande, mais il semblait y avoir beaucoup de pièces, étrangement. Ils étaient loin du compte, sinon ils auraient déjà trouvé plus d'indices - à moins qu'ils aient mal cherché jusqu'à présent et que les indices étaient restés bien sagement cachés dans les pièces qu'ils avaient déjà visité. « On vérifie dans la salle de bain si cette chose est toujours là ou si elle aussi, elle se remet à zéro ? » Le questionna Clarke, cherchant à obtenir son avis pour ne pas prendre de décision seule. « On sait que cette chambre ne semble rien cacher, que la salle de bain est envahie par cette substance étrange, que la chambre d'à côté nous fait voir des choses... » Enfin, après avoir vu le fantôme de sa fille, elle supposait que c'était toujours comme ça. « qu'il y a une chambre d'enfant où je n'ai rien trouvé - ce qui est peut-être étrange, dans ces circonstances - qu'en bas, il y a une bibliothèque avec des livres particuliers et qu'une créature se balade dans les couloirs... » Résumait-elle, comme pour se remettre toutes les choses en tête, avant d'ajouter, dans un soupir : « On va voir ce que nous réserve la suite, désormais. »

Au fur et à mesure, ils découvraient les règles de ce jeu. Les choses pouvaient changer, les règles elles-mêmes pouvaient varier, Clarke en avait conscience et gardait cette information à l'esprit, mais elle espérait également que ce qui s'avérait vrai resterait vrai pour tout le temps de leur aventure. Clarke, plus déterminée que jamais, assurait qu'ils recommenceraient encore et encore, s'il le fallait, mais qu'ils sortiraient d'ici. Peut-être qu'ils mettraient des heures ou des jours, mais ils y arriveraient parce qu'ils étaient motivés.

Puisque les objets restaient en leur possession, Arthur était de l'avis de Clarke : il fallait trouver des armes. Ils n'étaient, semblait-il, pas seuls dans cette maison et des armes seraient bien utiles s'ils devaient se défendre. Fallait-il encore espérer que des armes pouvaient être utiles et utilisables contre la créature qui rôdait dans les couloirs de cette maison. La cuisine, le garage, autant d'endroits où ils étaient susceptibles de trouver des armes : couteaux, outils... Tout était bon à prendre dans leur situation. « Donc c'est notre objectif : cuisine et trouver un garage, s'il y en a un, pour des armes. » Il était préférable de se fixer des objectifs clairs au début de chaque manche, quitte à perdre quelques minutes, afin d'optimiser les recherches et de ne pas simplement errer, sans but, dans les couloirs.

Néanmoins, avant de faire tout ça, Clarke avait une autre préoccupation : la substance étrange de la salle de bain. Se remettait-elle à zéro, comme tout le reste de la maison ? Etait-ce une exception - qui les dérangerait bien, si c'était le cas ? « J'en suis persuadée, moi aussi. » Répondit-elle simplement à la suggestion de l'homme, à propos du décor que la maison représentait. Ce ne pouvait pas être une véritable maison. Ou peut-être l'avait-ce été par le passé, mais qu'aujourd'hui, après des crimes affreux ou quelque chose de ce genre, elle n'était plus qu'un endroit hanté où de pauvres innocents devenaient des victimes ?  

Ils sortirent donc de la chambre, et Clarke fut contrainte de très vite se stopper, derrière Arthur, puisque celui-ci s'était brutalement arrêté. Ses mots n'étaient pas rassurants. Loin de là, même. Clarke se décala donc légèrement pour se glisser à côté d'Arthur. Son regard, automatiquement, se porta à la porte de la salle de bain, puis descendit jusque sur le sol pour y découvrir une traînée noire qui se dirigeait vers les escaliers. « D'accord, les choses se compliquent. » Reprit-elle en tentant de réfléchir à la meilleure chose à faire. « On ne trouvera rien à l'étage et... » Enfin, elle supposait qu'ils ne trouveraient rien à l'étage. « Descendre me paraît particulièrement dangereux désormais. » Et pourtant, avaient-ils le choix ?

Clarke prit alors un instant pour réfléchir. « Nous descendons. C'est la seule solution. » Il fallait absolument qu'ils trouvent de quoi se défendre ou de nouveaux indices. « Qu'en pensez-vous ? » Parce qu'elle donnait son avis, tel un ordre, mais il était évident qu'elle ne pouvait pas être la seule à décider. « On prend le risque d'être coincés en bas, dans une sale situation, mais rester à l'étage ne nous avancera à rien. » Sauf s'il avait une meilleure idée ou solution, bien sûr.

Plus le temps passait, plus les dangers semblaient s'accumuler, comme si cette maison en cachait un nombre infini. Néanmoins, et même s'il s'agissait sûrement de la solution la plus prudente à l'heure actuelle, Clarke n'avait aucune envie de rester à l'étage. Rester ici n'arrangerait rien et ne les avancerait à rien. Ils devaient agir s'ils voulaient sortir de cet endroit et, pour cela, il semblait logique de descendre, même si quelque chose devait se cacher en bas. Il fallait rester prudent, bien sûr, mais prendre des risques étaient inévitables dans leur situation.

Arthur semblait partager son point de vue, une fois encore. Même si la situation était particulièrement dangereuse, il était préférable de visiter le rez-de-chaussée à la recherche d'armes. Il fallait simplement se montrer particulièrement prudent et attentif. Clarke suivait Arthur en tentant de marcher dans ses pas et d'éviter la substance étrange qui recouvrait les marches. Hormis les grincements des marches et le bruit des horloges, la maison était particulièrement calme. Étrangement calme. Dans leur situation, c'en était presque effrayant, en réalité.

Ils avaient de la chance - ou ils étaient en train de se faire piéger royalement - mais il n'y avait aucune trace de la créature. Ils se dirigeaient donc dans une pièce où la créature n'était pas partie - elle le supposait, puisque les traces allaient ailleurs. C'était une sorte de salon dans lequel ils ne trouvaient rien de véritablement essentiel. Il fallait à tout prix trouver la cuisine. « Je n'en sais rien, je suppose. » Clarke avait passé une grande partie de sa vie dans une arche où il n'y avait aucune cuisine dans les chambres. Puis, elle avait vécu le reste de sa vie sur une Terre dévastée - elle avait bien visité le Mont Weather, mais toujours pas de cuisine personnelle et, dans les rares maisons qu'elle avait habitées, elle n'avait tiré aucune conclusion sur la place que la cuisine avait généralement - ou sur d'autres planètes. « Allons voir. » Souffla Clarke en se dirigeant vers le fond de la maison.

Leurs pas les menèrent enfin jusque dans la cuisine, sans qu'ils ne rencontrent la créature. Chance, hasard ou choix délibéré de cet endroit, elle n'en savait rien, mais elle savait qu'ils devaient rester prudents. « Très bien, prenons tout ce qui peut nous être utile. » Et tout ce qu'il était possible de prendre. S'encombrer inutilement était un mauvais plan. « Regardez ! » Souffla Clarke en désignant une partie du plan de travail qui était recouverte d'une flaque de cette étrange substance visqueuse, ce qui était étrange puisqu'il n'y avait aucune traînée jusqu'ici. « Comment est-ce arrivé là ? » Clarke avait bien une idée, une idée qui n'avait rien de rassurant, une idée qui faisait qu'elle refusait de lever la tête vers le plafond, de crainte d'y découvrir ce qu'elle n'avait pas envie de découvrir - mais c'était absurde, n'est-ce pas ?

La visite de la cuisine se déroulait plutôt bien. Arthur avait trouvé un tiroir rempli de couteaux, dans lequel Clarke s'était servie. En revanche, il y avait des choses bien moins rassurantes comme cette matière noire étrange que la jeune femme avait trouvée sur un plan de travail. C'était exactement la même qu'à l'étage ou dans les escaliers, mais il y avait quelque chose d'étrange. Cette substance n'était pas une traînée que l'on pouvait suivre, mais simplement une tache, comme si cette chose était arrivée de n'importe où pour se poser là et disparaître - ou comme si cette chose se déplaçait sur le plafond.

Il fallait s'en inquiéter évidemment, mais il fallait aussi, et surtout, trouver un moyen de quitter cet endroit. Des armes en poche, un couteau dans la main, Clarke attendait qu'Arthur vérifie que le couloir était sûr. Se retrouver dans ce genre de situation, c'était faire preuve d'une prudence à chaque instant. Un seul moment d'inattention pouvait être fatal. Ils étaient alors particulièrement prudents et attentifs et ils réfléchissaient toujours avant d'agir. Attention qui faisait penser à Clarke que cette maison était calme. Trop calme. Trop alors que quelque chose était censée rôder dans le coin. Le bruit serait certainement moins inquiétant parce qu'il permettrait aux deux compagnons de définir les endroits à éviter et la pièce où la créature se trouvait.

Néanmoins, ils devaient faire avec ce silence pesant et terrifiant. Ils n'avaient pas le choix. Alors, une nouvelle fois, il fallait déterminer un plan à suivre avant que les horloges ne remettent les compteurs à zéro et qu'un nouveau cycle commence. Deux choix s'offraient à eux, les mêmes que précédemment. Fouiller chacun une pièce ou rester ensemble. Ils étaient armés désormais, donc plus en sécurité, non ? - même si leurs armes ne fonctionneraient peut-être pas sur ces choses qui habitaient ici, mais Clarke ne voulait pas y penser pour le moment. « On gagnera du temps à fouiller chacun de son côté, comme tout à l'heure. » Suggéra Clarke, une fois encore. Il fallait espérer qu'il n'y ait aucune attaque, cette fois-ci encore, lorsqu'ils seraient séparés. « Comme tout à l'heure, on reste dans des pièces voisines et on reste à portée de voix surtout, d'accord ? » Mieux valait s'assurer d'être d'accord avant de se lancer dans quelque chose qui pouvait s'avérer particulièrement dangereux.

Ils continuaient d'avancer et de chercher une solution pour sortir d'ici. Ils évoluaient peu à peu et ils tentaient de comprendre les mécanismes et les pièges de cet endroit. Une fois encore, ils avaient décidé de se séparer, tout en restant dans des pièces voisines. Cette solution permettait de rester proches afin d'intervenir en cas de besoin, tout en couvrant une plus grande surface rapidement. Nul ne savait s'ils avaient un temps limité, après tout et s'il était bon de perdre du temps. Après un certain nombre de cycles, peut-être auraient-ils perdu ? Comment le savoir ? Il n'y avait ni manuel, ni explication à ce jeu sordide. Il fallait deviner et supposer les règles.

Clarke fouillait donc une nouvelle pièce. Elle ressemblait à une pièce de stockage où se trouvaient des tas d'étagères partout. Elle n'était pas très grande et les imposantes étagères rendaient le passage plutôt difficile. La jeune femme observait donc ce qu'elle pouvait, en tentant de ne rien faire tomber, sa main tenant fermement son couteau, juste au cas où. Les cartons disposés sur les étagères contenaient de la nourriture. Les dates de péremptions indiqués qu'elle n'était plus bonne depuis plusieurs dizaines d'années. Où étaient-ils donc passés ? Etaient-ils dans le passé ? Clarke, après tout, l'était bien par rapport à son monde d'origine, alors pourquoi pas ? Ou ils étaient toujours dans le présent, mais dans une vieille maison qui n'avait pas été habitée depuis des lustres - ce qui paraissait plus probable, au vu de l'état de la maison.

Puisque ses recherches ne menaient pas à grand-chose et parce qu'elle voulait parler de sa découverte à Arthur, tout de même, Clarke sortit de sa pièce pour rejoindre celle où l'homme était entré quelques instants plus tôt. En silence, elle était entrée. Arthur semblait particulièrement troublé et perturbé par quelque chose. Clarke avait jeté un coup d'oeil partout autour d'elle afin de trouver quelque chose, de voir ce qui pouvait mettre Arthur dans cet état, mais il n'y avait rien du tout. Ou alors elle ne voyait rien, elle ne savait pas très bien. En tout cas, elle était persuadée qu'il y avait eu quelque chose. « Tout va bien, Arthur ? » Souffla-t-elle après un certain temps, n'osant pas s'approcher davantage. « Que... Il s'est passé quelque chose ? » S'interrogeait-elle afin de comprendre la situation.

Arthur avait beau dire que tout allait bien, Clarke sentait bien que quelque chose n'allait pas. L'ambiance était lourde et il n'était pas difficile de lire sur le visage de l'homme. Pourtant, elle ne voulait pas insister, alors elle n'ajoutait rien. Pour l'instant. Elle se concentrait donc sur l'essentiel : comment quitter cet endroit - et en vie, de préférence. Lui, de son côté, n'avait rien trouvé. Clarke n'avait rien trouvé de particulièrement utile non plus, mais elle leva la main qui tenait une vieille conserve de légumes pour lui montrer. « Pas grand-chose, si ce n'est ça. » Elle s'approchait un peu plus pour lui donner la conserve afin qu'il puisse l'observer. « J'ignore si ça peut nous être utile, mais regarde la date. » C'était périmé depuis des années et des années. Etaient-ils dans le passé ? Ou cette maison avait-elle été abandonnée depuis des décennies ? Etait-ce simplement la représentation d'une vieille maison laissée à l'abandon ? Il y avait plusieurs hypothèses possibles dans un monde comme le leur, et le plus difficile était de déterminer laquelle était possiblement la bonne. Mais, malheureusement pour eux, le déterminer n'était même pas la certitude de trouver une solution à comment quitter cet endroit.

« Tu crois qu'on a fait un bond dans le passé ? » Ce n'était qu'une hypothèse parmi tant d'autres, mais elle le questionnait. Peut-être avait-il une idée de son côté ? Un indice ? Peut-être que cette information réveillerait quelque chose en lui ? Peut-être que ça n'avait pas la moindre importance ? Peut-être que, au contraire, c'était capital ? Comment savoir ? Comment savoir sur quoi se concentrer quand les règles du jeu étaient si floues ? Clarke avait l'impression d'en perdre la tête, de devenir folle. Peut-être était-ce le cas, en réalité ? « Je sais qu'il s'est passé quelque chose avant que je n'arrive... J't'oblige pas à me dire quoi, mais... Je le sais. » Avait-elle lâché au milieu de cette conversation, sans réfléchir. C'était sa façon à elle, maladroite, sans doute, de lui montrer qu'elle était là pour l'écouter s'il en ressentait le besoin. Parce que garder tout tout au fond de lui, ça pouvait les ralentir. Alors, s'il avait besoin de se libérer, elle était là. Et si ce n'était pas le cas, ils continueraient à chercher une solution.

Cette maison semblait coincée dans un lointain passé. Ou cette maison était le passé ? Les décorations dépassées, les vieux meubles, les dates indiquées sur les conserves de nourriture... Tout indiquait une maison d'une autre époque. Alors Clarke se questionnait : bond dans le temps ou maison abandonnée depuis des décennies ? « Cette maison est peut-être comme... coincée dans une sorte de boucle temporelle. Alors, on aurait fait ni bond dans le passé, ni découvrir juste une vieille maison. J'y connais rien, mais le fait que tout recommence en permanence, que tout semble s'être arrêtée il y a des années, que les horloges n'indiquent pas l'heure... Peut-être parce que l'heure reste toujours la même. Les mêmes trente minutes encore et encore depuis des années et des années... Et on s'est retrouvés coincés dedans, j'sais pas comment. » Ce jeu était peut-être commencé depuis bien avant leur arrivée en ville ? D'autres, avant eux, avaient peut-être eu la malchance de se retrouver coincés ici. C'était peut-être une sorte de boucle temporelle dont il fallait réussir à sortir ? La boucle temporelle était évidente puisqu'ils avaient expérimenté le fait qu'ils recommençaient après une période précise, mais si ce n'était pas juste ça. Si toute la maison était coincée dans ce genre de choses ? Comment en sortir ?

Si Clarke aurait mieux fait de se concentrer sur ce point, elle ne put s'empêcher d'ajouter quelque chose à propos de ce qui s'était passé ici - ou supposait, en tout cas. Arthur avait vu ou vécu quelque chose, elle en était persuadée. Alors, elle se montrait simplement prévenante en lui affirmant qu'il pouvait lui parler s'il en avait besoin. Elle n'allait certainement pas le forcer, mais elle savait - pour avoir eu une vision de sa fille - que la chose pouvait être particulièrement perturbante et ils avaient besoin de toute leur concentration ailleurs, pour se sauver d'ici. Alors, autant qu'il puisse en parler et passer à autre chose.

Malheureusement, il n'eut pas vraiment le temps de lui répondre que le sol se mit à trembler. Des bruits de pas. Lourds. Reconnaissables. Terrifiants. La chose était là. Pas loin. Comme mystérieusement apparue de nulle part. Mais là. Le coeur de Clarke battait soudainement beaucoup plus vite et sa main se resserra autour de son couteau. « Nous sommes armés, nous avons une chance. » Tentait-elle de se rassurer. De petits couteaux contre un monstre, avaient-ils réellement une chance ? « On fait quoi ? » Elle prenait souvent les décisions, mais Arthur savait aussi ce qu'il faisait alors elle s'intéressait à son avis sans lui imposer ses choix comme elle pouvait le faire parfois. Préférait-il se battre, affronter cette chose pour la confronter et espérer obtenir des réponses ? Se cacher et observer en priant pour ne pas être découverts ? Fuir ? Clarke l'écoutait et elle aviserait ensuite.

Les deux compagnons d'aventure tentaient de comprendre le fonctionnement de cette maison. Les hypothèses fusaient, mais ils étaient incapables de déterminer si l'une ou l'autre était la bonne. Et si la clé de ce mystère résidait pourtant dans ça ? S'il fallait trouver l'histoire de cette maison, la raison de leur présence, pour avoir le droit de sortir ? Comment confirmer ou infirmer leurs hypothèses ? « Oui... » Souffla-t-elle à l'hypothèse d'Arthur, tout en réfléchissant. Et s'ils revivaient trente minutes d'un moment atroce, trente minutes qui seraient figés dans le temps à cause d'un événement. Alors qu'avait-il pu se passer ? De la magie qui tourne mal - Clarke n'était pas familière de tout ça, mais elle la côtoyait suffisamment pour comprendre l'impact que ça pouvait avoir. Un massacre ? « On devrait se concentrer sur ça pour l'instant... » Tout en continuant de fouiller, évidemment, mais elle n'eut pas le temps d'en dire plus puisque la créature était là.

S'il le fallait, Clarke était prête à se battre. Ils ignoraient tout de cette créature, mais il fallait parfois affronter l'inconnu pour se donner une chance. Rester caché, fuir, se montrer prudent n'était pas toujours la solution, malheureusement. Clarke en avait souvent fait l'expérience. Cependant, ils étaient à peine armés et ils ignoraient absolument tout de cette créature - que Clarke devinait imposante, aux bruits de ses pas lourds. La confronter, c'était peut-être l'assurance d'une mort immédiate ? Ne pas la confronter, c'était peut-être l'assurance de rester ici pour toujours ?

Clarke comprenait les arguments d'Arthur, mais ils étaient coincés dans cette pièce, qui n'avait qu'une issue. La créature était certainement devant, ils ne pouvaient donc pas sortir. Comme dans la salle de bain. Ils allaient donc devoir se cacher puisqu'ils ne pouvaient pas fuir. « Dans ce cas, attendons qu'elle parte. » En espérant qu'elle parte. Une fois encore. « Et si quelque chose ou quelqu'un avait bloqué cette créature dans cette boucle temporelle pour l'empêcher de sortir ? » Autant réfléchir aux hypothèses, dans un murmure que seul Arthur devait pouvoir entendre - enfin, il fallait l'espérer - pendant qu'ils attendaient. « Nous sommes peut-être là pour la tuer ? » Afin de débloquer cette maison du temps ? Afin de libérer ses habitants invisibles ? Afin de rendre la liberté à elle ne savait qui ? Ou, pire, s'ils étaient là à cause de cette créature, qui les avait attirés pour la faire sortir d'ici ? « La première fois, elle est apparue lorsque nous avons trouvé ce coffre dans la salle de bain. Là, lorsque tu as évoqué l'hypothèse qu'il s'était passé quelque chose durant ces trente minutes. Peut-être que ça a un lien ? Qu'on s'approche de quelque chose et qu'elle veut nous en empêcher ? » Peut-être n'apparaissait-elle que lorsqu'elle se sentait en danger ? Que lorsqu'ils étaient trop proches de la vérité ?

Puisque Arthur ne voulait pas attaquer et qu'il n'y avait aucune autre issue, ils n'avaient plus qu'à attendre que cette créature s'éloigne par elle-même - et espérer qu'elle le fasse, surtout. Clarke émettait, de nouveau des hypothèses. Ne rien comprendre et ne rien pouvoir faire la rendait complètement folle. Elle était faite pour agir, pas pour attendre bêtement. Attendre, éviter, fuir, ça ne les aidait pas. Ils ne comprenaient pas plus la situation, bien au contraire.

« Peut-être. » Répondit-elle lorsqu'il évoqua l'idée qu'ils étaient la nourriture de cette créature. Clarke, à son tour, avait émis d'autres hypothèses. Etaient-ils là pour l'aider à sortir ? Pour la tuer ? A ces suppositions, Arthur répondit qu'ils avaient choisi la mauvaise personne parce qu'il ne tuait pas comme ça. « Ils n'ont pas choisi la mauvaise personne. » Souffla-t-elle, consciente de ce qu'elle était aux yeux de ceux qui la connaissaient. La commande de la mort. Celle qui tuait, sans hésitation, lorsqu'elle n'avait plus le choix. Le cerveau qui faisait passer la raison et la logique, avant les sentiments. Tuer la détruisait, mais si elle n'avait pas le choix, elle en était capable. « Je tuerai cette chose sans hésitation si c'est ce que nous devons faire. » Elle ne laisserait pas une créature de ce genre sortir et semer le chaos en ville.

Oubliant cet aveu qu'elle venait de faire et qui changerait peut-être la vision qu'Arthur avait d'elle, elle évoquait la présence de cette créature à chaque fois qu'ils s'approchaient peut-être de quelque chose de concret, de la vérité. « Nous n'avons peut-être rien découvert, mais nous avons peut-être dit quelque chose qui l'inquiète. » En revanche, difficile de savoir quoi, donc ça ne les aiderait sans doute pas plus que ça. Pas le temps d'y réfléchir davantage de toute façon, puisque la créature essayait d'entrer. Arthur se plaqua contre la porte pour l'empêcher de le faire. « Vous êtes plus fort qu'elle. » Souffla-t-elle en constatant que la créature ne réussissait pas à dépasser la force physique de son compagnon d'aventure.

Clarke réfléchissait, s'apprêtait à attaquer si jamais la créature parvenait à entrer. Ses yeux se posèrent sur l'horloge. Moins d'une minute avant le prochain cycle. « Laissez-la entrer ! » Cria-t-elle soudainement, une idée lui venant - dangereuse, mais utile. « Un nouveau cycle va commencer, laissez-la entrer pour que nous puissions voir à quoi elle ressemble. » Il suffisait juste de la laisser entrer au bon moment pour l'apercevoir et disparaître au début du nouveau cycle avant qu'elle ne puisse leur faire du mal.