Friend or ennemy ?

feat. Tina

Retour à la case départ. En décidant de travailler pour le cirque, Nagini s’est reposée sur ses anciennes habitudes, comme une manière de garder un certain ancrage avec cette réalité qui doucement lui échappe, et ne cessera de lui échapper à présent que sa malédiction lui est revenue. Son seul repère fiable est Jacob, mais plus le temps passe, plus elle se sent dépassée par sa situation, plus elle se reproche de mêler le boulanger à des histoires qu’il n’est pas capable de résoudre… pouvoir magique ou non, cela ne change rien, il est tout bonnement impossible de la débarrasser de ce qu’elle porte en elle depuis la naissance. Elle a eu droit à trois années de sursis, mais à présent c’est fini, c’est trop tard… Alors peut-être que oui, si elle en revient à des fondamentaux qui ne l’avaient jamais vraiment épanouie, c’est pour cette raison.

Certes, Hisoka n’a pas le même tempérament que Skender, elle se sent moins utilisée par lui qu’elle ne l’était du temps du cirque Arcanus, mais ce n’est pas pour autant qu’elle se sent spécialement heureuse ou épanouie dans cette situation. Non, elle ne l’est pas, elle a simplement renoncé à l’idée de l’être vraiment un jour… Complètement du moins… Il y aura toujours une ombre pour venir planer au-dessus d’elle, perturbant ce qu’elle sait construire de plus juste et de plus beau, soumis à une certaine forme de fragilité. Et les choses ont empiré, bien sûr, au moment de rencontrer – non, de retrouver – celui dont elle a inconsciemment emprunté le nom.

Cette rencontre l’a marqué comme au fer rouge… Elle n’ose en parler, elle sait que l’on ne comprendrait pas, mais elle ne peut s’empêcher néanmoins de songer à cette possibilité, si infime soit-elle, qu’il lui offre de, peut-être, exister au-delà de ce corps éphémère qui sera prochainement remplacé par celui du monstre. Elle ne doit pas y penser, peut-être. Elle le fait constamment, pourtant, c’est plus fort qu’elle, là dans un coin de ses pensées tandis qu’elle s’affaire aux tâches réclamées par Hisoka. Tâches qui avaient accaparé le reste de son attention jusqu’à entendre une voix féminine. En tournant le regard vers cette femme, elle se fige immédiatement.

Elle se souvient d’elle, oui. Elles ne se sont croisées que brièvement, mais elle sait pertinemment qui elle est. Sa présence est-elle bon ou mauvais signe ? Sa présence est-elle signe tout court ? Elle n’en sait rien, mais elle se renferme sur elle-même presque naturellement quand elle prononce lez nom de Credence.

« Je n’ai pas revu Credence depuis Paris », répond-elle froidement. Pas depuis que Credence a fait le choix de rejoindre Grindelwald en la laissant derrière lui. La Malédictus en conserve un profond sentiment de trahison et d’abandon. Si elle devait le retrouver un jour, elle n’est pas certaine qu’elle serait capable de lui pardonner, et pourtant… elle ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour lui et de vouloir le protéger, tout naturellement, de ceux qui pourraient vouloir lui nuire. « Qu’est-ce que vous lui voulez ? »

Friend or ennemy ?

feat. Tina

Les paroles de Tina font naître sur le visage de la maledictus un sourire légèrement triste plus que cynique. Évoquer Credence est toujours chose compliquée pour elle. Contrairement à ce qu’elle pourra prétendre pour se protéger elle-même, elle n’a pas renoncé au fait de le trouver, et de le protéger si cela peut encore être possible, mais pour tout dire, elle y croit de moins en moins. Si elle devait le retrouver, elle est convaincue qu’elle s’exposerait à la plus déplaisante des désillusions.

« Credence a choisi de rejoindre Grindelwald. Il est convaincu que c’est comme ça qu’il pourra rester libre. » Nagini baisse les yeux. « Je ne pense pas qu’il soit possible de faire quoi que ce soit pour lui. »

Est-ce que c’est ce qu’elle pense véritablement ? Une part d’elle le pense bel et bien, oui. Elle garde en mémoire la décision de Credence qui, de son plein gré, a décidé de traverser les flammes bleues de Grindelwald et de la laisser seule, de l’abandonner, faisant fi de ses propos… Il avait préféré le suivre plutôt que de rester auprès d’elle… cette décision l’a impactée et lui a brisé le cœur. Si elle s’est toujours soucié de Credence dès l’instant de leur rencontre et se souciera toujours de lui quoi qu’il arrive, elle n’a en vérité que peu d’espoirs le concernant.

Elle ne fait aucun commentaire quand son interlocutrice remarque qu’elle n’a pas l’air ravie de la voir. Ce qui est le cas. Cela n’a pourtant rien de personnel contre elle, et pour cause, elle ne sait pas grand-chose de cette femme, en fin de compte, mais Nagini se méfie naturellement du plus grand nombre, et rares sont ceux qui ont su obtenir ses faveurs et sa confiance… sachant que parmi eux, certains l’ont finalement déçue, il lui semble tout naturel de rester aussi défiante que nécessaire. Elle ne peut pas être totalement certaine du fait qu’elle est bel et bien de son côté. Elle ne sera pas la première à l’abreuver de belles paroles pour finalement revenir sur ses propos, après tout. Si vraiment, elle veut protéger Credence et arrêter Grindelwald, alors elle est effectivement une alliée, mais Nagini ne peut avoir aucune certitude à ce sujet.

« Oui… »

C’est ce qu’elle répond évasivement aux dernières paroles de son interlocutrice. Oui à tout. Oui elle est une maledictus, oui, elle est capable de comprendre la souffrance de Credence mieux que quiconque. Ce sont d’ailleurs ces similarités qui les ont rapprochées – elle avait été capable de le comprendre quand d’autres s’y évertuaient sans y parvenir… Ils avaient trouvé un terrain de compréhension commun qui leur avait donné l’un à l’autre le sentiment d’être moins seuls. Mais en fin de compte, ça n’avait pas suffi.

« Je sais que Grindelwald est ici, mais je ne crois pas que Credence soit à ses côtés. Peut-être qu’il n’est pas sur cette île. » Elle baisse les yeux. « C’est sans doute mieux comme ça, dans le fond. »

Friend or ennemy ?

feat. Tina

Credence est jeune, bien sûr. Perdu plus encore. Traumatisé, c’est certain. Nagini n’ignore rien de ce qu’a été le passé de Credence, ce dernier ne lui a rien dissimulé de ce qu’il avait vécu avant de rejoindre le cirque Arcanus et de la rencontrer. Nagini sait qu’il se montrait rarement aussi transparent avec quiconque, mais avec elle, il était toujours parvenu à se confier, sans doute parce qu’il se reconnaissait en elle, tout comme la maledictus, de son côté, n’avait pas tardé à se reconnaître en lui également. Oui, il était perdu, et désespéré d’obtenir enfin des réponses sur ses origines, des réponses que Grindelwald lui avaient promisses. Oui, il n’est pas une mauvaise personne, et Nagini le sait… elle ne ressent pas moins d’amertume, néanmoins, vis-à-vis de ce qu’avait été son attitude. Qu’importe qu’il ait eu des circonstances atténuantes, il l’avait abandonnée… il l’avait abandonnée, comme tous les autres, alors qu’il savait pertinemment ce que cela faisait… et ça, elle a bien du mal à l’accepter, à le supporter. Il est même certain qu’elle n’en sera probablement jamais capable.

« J’ai voulu lui montrer le chemin… », répond Nagini, rembrunie par les propos de son interlocutrice, quand cette dernière affirme que Credence a simplement besoin qu’une bonne personne lui montre le chemin.

Elle pensait, pourtant, être capable de l’aider… mais au fond, elle n’avait rien à lui offrir de plus que ce que Grindelwald lui proposait sur un plateau d’argent. Tout comme lui, elle était condamnée… il n’avait pas d’avenir avec elle… mais auprès du mage noir qui lui avait promis monts et merveille, il pourrait en espérer un… Peut-elle lui reprocher ce qu’elle devine avoir fait elle-même dans un passé que sa mémoire a décidé d’occulter ? Probablement que non. Et pourtant, elle ne peut pas s’en empêcher.

Quand Tina lui dit être désolée pour elle, et l’être sincèrement, la maledictus ne doute pas de son honnêteté… Malheureusement, il n’y a rien à faire pour ce qu’elle a. Elle ne peut que subir son sort, se voir devenir, progressivement le monstre, jusqu’à ne plus avoir conscience d’elle-même. Ce n’est qu’une question de temps, et le fait de le savoir, de savoir qu’elle finira comme sa mère avant elle, et la mère de sa mère avant cela, ne rend pas franchement la chose plus simple.

« Il n’y a rien à faire. Croyez-moi, j’ai tout essayé. »

Elle songe à Jacob et aux espoirs vains qu’il nourrit encore de la sauver. Sauf que Nagini est doublement condamnée. Quand bien même elle saurait mettre fin à la malédiction dont elle souffre, elle porte en elle le morceau d’âme d’un maître qu’elle ne se rappelle plus avoir servir, tout en aspirant instinctivement à le servir… Comment, dans ces conditions, pourrait-elle espérer quoi que ce soit de l’avenir ?

Nagini se sent rassurée d’entendre que Credence ne serait pas avec Grindelwald… c’est au moins une bonne chose. Est-ce que, si elle le retrouvait avant que Grindelwald ne le fasse, elle serait capable de faire quelque chose ? Elle n’en est pas sûre. Mais elle le veut.

« Je vous aiderai à le retrouver… », décide-t-elle après un instant d’hésitation.

Friend or ennemy ?

feat. Tina

Nagini affiche un sourire légèrement triste quand son interlocutrice affirme ne pas douter du fait qu’elle ait fait de son mieux. Elle, de son côté, ne l’entend pas vraiment de cette oreille… même si elle ignore ce qu’elle aurait pu faire de mieux, même si elle se pose une multitude de questions quant à la manière dont elle aurait pu intervenir pour changer les choses, elle n’a de cesse que de penser au fait qu’elle aurait peut-être pu, et très certainement dû agir et intervenir d’une manière différente afin de sauver Credence de lui-même. Elle n’y était pas parvenue, et résultat de courses, Credence lui avait échappé, et maintenant, elle n’a pas la moindre d’où il se trouve et s’il est en sécurité. Si elle lui en veut de l’avoir abandonné, elle s’inquiète malgré tout pour lui. Il n’y a rien qu’elle puisse faire à présent. Credence est livré à lui-même, tout comme elle, et elle se sent désœuvrée, incapable d’agir comme elle le voudrait, pour le plus grand bien.

Nagini ne veut pas se leurrer, elle ne veut pas se raccrocher à des espoirs qui seront forcément vains, elle ne veut pas se faire du mal en s’imaginant la possibilité d’être sauvée tôt ou tard de sa malédiction, elle préfère se croire condamnée et accepter ce sort plutôt que de se bercer d’illusions et de voir ces illusions déçues tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre.

« C’est comme ça », fait-elle d’un ton résigné, le regard un peu fuyant, quand son interlocutrice lui confesse combien elle est désolée de sa situation.

Nagini veut la croire sincère mais cela ne change rien, rien du tout pour elle. Elle ne veut pas croire que cela puisse encore changer quoi que ce soit… elle a trop peur de l’erreur, elle a trop peur du vide qui l’attend, elle a trop peur de ce qu’elle est déjà devenu, de tous ces souvenirs que son esprit cherche à refouler tant bien que mal mais qui demeurent malgré tout gravés dans son esprit.

« Ici aussi j’ai tout essayé… » Elle est trop catégorique, elle le sait bien, et quand son interlocutrice se montre aussi prompte à lui venir en aide, elle a du mal à refuser cette main tendue. Au fond, elle en a tant besoin… seulement, voir Jacob s’échiner comme il le fait sans résultat probant à la clé ne l’encourage pas vraiment à se montrer plus sûre d’elle. « Pourquoi feriez-vous cela pour moi ? » ne peut-elle s’empêcher de demander, légèrement défiante, quand son interlocutrice observe qu’elle serait peut-être capable de trouver le moyen de défier sa destinée… mais peut-on vraiment aller à l’encontre de son destin. Elle pousse un soupir résigné. Se montrer désagréable avec quelqu’un qui veut vous venir en aide n’est définitivement pas la chose à faire, mais c’est plus fort qu’elle, une sorte de mécanisme de défense, de longue date. « Désolée… Si vous acceptez de m’aider je… » Elle ne sait pas vraiment comment réagir à cette proposition. « Merci de faire ça pour moi. »