(Terminé) INTRIGUE N°2, chapitre II ▿ Octavia & Clarke

La tête lourde et douloureuse, Clarke était en train de réaliser qu'elle n'était plus chez elle. Elle ne se souvenait plus de comment elle était arrivée là, mais elle savait où elle était : en pleine forêt. Avant d'être ici, la dernière chose dont elle se souvenait était d'être installée devant la télé après une longue journée. Et voilà maintenant qu'elle se retrouvait en pleine forêt sans aucune explication, sans aucun souvenir.

La jeune femme voulut lever une main pour se la passer sur le visage, mais elle se rendit compte qu'elle tenait quelque chose dans ses mains. Ses yeux se posèrent sur ces dernières. Elle comprenait encore moins ce qu'elle tenait. Comment avait-elle obtenu une arme ? Pourquoi était-elle pointée sur... ? Ses yeux se relevèrent alors pour trouver ce qui était visé par l'arme qu'elle tenait en main. Bellamy. La vision de ce qui était en train de se passer lui rappelait quelque chose. Quelque chose de douloureux, mais quelque chose dont elle n'avait aucun souvenir.  Alors d'où provenait cette douleur ? D'où provenait cette peine qu'elle ne pouvait faire taire, qui l'envahissait toute entière ? Puis il y avait cette rage, cette haine, cette colère qui naissaient en elle. Elle éprouvait tout ça rien qu'en posant les yeux sur Bellamy. Elle était pourtant si heureuse lorsqu'elle l'avait retrouvé et aujourd'hui... « Tu ne peux pas lui faire confiance. Regarde-le ! Souviens-toi ! Il t'a trahi une première fois, il est responsable de la mort de ta fille ! Ne le laisse pas recommencer, tue-le ! » Cette voix qui était dans sa tête l'empêchait de réfléchir logiquement, l'empêchait de se concentrer. De quoi parlait-elle ? La mort de sa fille ? Sa fille ? Clarke n'avait pas d'enfant. Si elle avait oublié une partie de sa vie, elle en était certaine. Enfin. Non. Presque. Il y avait bien cette fille, Madi. Elle ressentait quelque chose de fort, de puissant lorsqu'elle pensait à elle. Elle avait toujours su qu'elle aimait cette enfant comme la sienne, mais... Etait-ce réellement le cas ou n'était-ce qu'un tour de cette voix ? Comment aurait-elle pu oublier ça, ce n'était tout de même pas un détail ! Si elle n'était pas ici, c'était donc à cause de Bellamy ? Il l'avait trahi et causé sa mort !

Cette arme pointée vers lui, elle avait envie de tirer, elle avait envie de se venger. La voix parlait en boucle, sans s'arrêter, sans lui laisser le moindre répits. « Ne le laisse pas recommencer, tue-le ! Tue-les ! Sa soeur ne vaut pas mieux que lui. Elle t'a souvent jugé pour ce que tu as fait, mais regarde tout ce sang. A qui est-il ? Ce n'est pas une victime, c'est la coupable. Débarrasse-toi d'eux ! Fais quelque chose de bien pour une fois. » Si elle s'était concentrée sur Madi jusqu'à présent, elle remarqua la suite : sa soeur ? Octavia était ici ? Clarke s'était tant concentrée sur la vision de Bellamy qu'elle n'avait pas remarqué Octavia qui était à leurs côtés. Ses yeux rencontrèrent alors la jeune femme, couverte de sang. Ce n'était plus la Octavia de ce monde, il n'y avait besoin que de poser les yeux sur elle pour reconnaître le retour de Blodreina. Clarke pointa alors son arme sur Octavia, visant tour à tour le frère et la soeur, la voix dans sa tête se faisant plus insistante. Et si elle avait raison ? Si elle devait se débarrasser d'eux ? Si Clarke n'avait aucun souvenir de comment elle était arrivée ici, peut-être était-ce un piège des Blake ? « Tais-toi ! Tais-toi ! Ferme-la ! » hurla Clarke à la voix qui était dans sa tête. Devenait-elle folle ? Elle avait l'impression que ce n'était pas la première fois qu'une voix la poussait à croire des choses, que des hallucinations lui montraient ce qu'elles voulaient, mais elle n'était plus certaine de rien. C'était en train de la rendre folle, c'était bien la seule chose dont elle était certaine. « Où elle est, Bellamy ? Où est Madi ? » Cria-t-elle alors la voix pleine de rage et de peine, cette fois-ci en visant l'homme un instant. « Rends-la moi ou je la tue ! » cracha-t-elle finalement en pointant son arme sur Octavia. Et elle était sérieuse, parce que la voix était en train de la convaincre que ces deux personnes qu'elle croyait être ses amis n'étaient en réalité que deux traitres qui lui avaient pris la personne qui comptait le plus à ses yeux. « Si ce sang appartient à Madi, je te jure que je n'hésiterais pas une seule seconde ! »

Clarke aurait pu donner n'importe quoi pour que ces voix cessent, pour qu'elles se taisent, pour qu'elles lui foutent la paix. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser. Elle ne s'entendait plus réfléchir et était incapable de faire des choix logiques, guidés par la raison. Ses choix n'étaient, actuellement, guidés que par cette voix qui lui répétaient les mêmes choses en boucle. Et elle commençait à les croire. Elle commençait à croire en chaque mot prononcé par cette dernière.

Comme si la situation n'était pas déjà suffisamment compliquée avec cette voix, Clarke était au beau milieu de la forêt sans aucun souvenir de comment elle était arrivée là. Pire encore, elle avait une arme entre les mains. Arme dont le canon était dirigé vers Bellamy. Puis vers Octavia, lorsque Clarke se rendit compte de la présence de Blodreina. Cette situation provoquait chez elle une drôle de sensation de déjà vu. Sensation à laquelle elle ne voulait pas penser, refusant de laisser à ses souvenirs le droit de revenir.  

Il y avait tant de sentiments différents en elle, sentiments qui se battaient pour avoir le dessus. Elle était pleine de rage, de haine, de colère. Elle n'avait jamais éprouvé ça pour Bellamy, si ? Sans doute était-ce un sentiment nouveau, un sentiment lié aux actions de Bellamy. Il était son meilleur ami, il était son meilleur soutien, il était celui pour qui elle était prête à tout et pourtant... Pourtant cette voix lui rappelait à quel point il venait de la trahir. « Tu ne peux pas lui faire confiance. Regarde-le ! Souviens-toi ! Il t'a trahi une première fois, il est responsable de la mort de ta fille ! Ne le laisse pas recommencer, tue-le ! » Ces mots s'imprimèrent en elle, désormais persuadée de leur exactitude. Si Clarke ne se souvenait pas de Madi - ou très peu - elle savait qu'elle était attachée à cette enfant. Sauf que si Madi n'était pas avec elle aujourd'hui, c'était à cause de Bellamy. D'une façon ou d'une autre, cette voix lui rappelait qu'il était responsable de la mort de cette enfant. Comment avait-il pu lui enlever la personne la plus importante à ses yeux ? Et Blodreina, recouverte de sang, était-elle responsable aussi de la disparition de cette enfant ? Ce sang lui appartenait-il ?

Clarke n'arrivait pas à réfléchir calmement, tout se mélangeait en elle. Bellamy la suppliait de baisser son arme, chose qu'elle ne pouvait pas faire. Ils l'avaient piégé en l'amenant ici, elle devait rester armée. La voix refusait de se taire, le chagrin et la haine la submergeaient. Il lui fallait comprendre. Il lui fallait des réponses, alors elle interrogea Bellamy. Il devait lui dire où était Madi. Il n'avait pas le choix. Elle était la personne armée, celle qui avait le pouvoir sur les deux autres. Et s'il refusait, alors elle tuerait la personne qu'il avait de plus précieux sur cette terre, Octavia. Ils lui avaient pris Madi, elle prendrait la vie d'Octavia. Elle devait protéger sa fille, elle devait la venger.

Octavia s'adressa alors à Clarke. Non, ce qu'elle disait était faux ! Jamais Clarke n'avait souhaité la mort de la brune. Elles ne s'entendaient pas parfaitement, mais pas au point de vouloir sa mort. Lorsqu'elle évoqua la permission de Bellamy, la blonde ne put s'empêcher de l'observer, cherchant effectivement une approbation, un signe. C'était stupide, puisqu'ils étaient de mèche, mais Clarke n'était plus capable de raisonner logiquement. Les mains tremblantes de la blonde se resserrent alors autour de l'arme tendit qu'elle visait toujours Octavia. Ses yeux s'emplissaient de larmes. Elle ne voulait pas faire ça. Ou si. Il fallait qu'elle se débarrasse de ces criminels ! De ces monstres qui lui avaient volés son enfant. C'était un choix difficile, mais il lui était impossible de reculer. Ils devaient être punis.

Clarke fut alors sortie de toutes ses réflexions par la voix de Bellamy qui se mit à hurler. Il demandait de tout arrêter. Pourquoi ? Leur petit jeu ne se déroulait pas comme prévu ? « Elle... Elle le mérite. » son esprit s'était arrêté un court instant sur le mot qu'il avait utilisé, revivre, parce qu'elle n'était pas capable de le comprendre. Pourtant la voix était plus forte que tout et elle reprenait toujours le dessus. Alors elle affirma qu'Octavia méritait la mort. « Toi... Toi aussi, tu le mérites. » affirma la blonde, les mains tremblantes toujours autour de l'arme qu'elle serrait de plus en plus, visant le frère et la soeur à tour de rôle. « Tu m'as pris Madi alors que j'te faisais confiance. » reprécisa-t-elle, l'évocation de la fille lui brisant le coeur un peu plus encore. « Alors elle va mourir pour ça. Elle va mourir pour que tu ressentes ce que je ressens ! » hurla-t-elle. Il devait ressentir ce qu'elle, elle ressentait.

Son arme visa alors une nouvelle fois Octavia et elle appuya sur la détente. Volontairement, elle avait tiré à côté. Pour lui faire peur, pour la faire réagir. Elle n'en savait rien elle-même. « Je veux savoir si ce sang est celui de ma fille ! Et je peux te jurer que la prochaine fois, je ne te raterai pas. » cracha-t-elle, les larmes se mélangeant à la rage. « Tu sais que j'en suis capable Bellamy, tu sais que je suis prête à tout... alors dis-moi ce que vous avez fait de Madi. Je t'en prie. » Elle suppliait tout en continuant de les menacer. Elle voulait savoir. Elle voulait la retrouver si c'était possible. Ils ne se débarrasseraient pas d'elle comme ça.

En quelques minutes à peine, cette voix qu'elle entendait en elle avait gagné. Les mots étaient désormais gravés dans son esprit et ils n'étaient plus que vérité aux yeux de la blonde. Ceux qu'elle prenait pour ses amis, celui qu'elle prenait pour son meilleur ami, l'avaient trahie de la pire des façons : ils l'avaient privée de sa fille. Elle ignorait comment ou pourquoi, mais ils l'avaient fait ! Les supplications de Bellamy ne changeaient rien, la colère d'Octavia prenait le dessus dans l'esprit de Clarke. Cette arme qu'elle tenait entre ses mains passait de Bellamy à Octavia puis d'Octavia à Bellamy. Ils refusaient de lui répondre ou de lui dire la vérité. Ils jouaient à ceux qui n'étaient pas alliés, mais le frère et la soeur l'avaient toujours été.

Ses mains tremblaient et se resserraient autour de son arme. Elle pleurait désormais. Deux choses s'opposaient en elle : elle n'avait pas envie de faire ça, Clarke n'avait pas envie de blesser ses amis, mais ils avaient fait du mal à sa fille, elle lui devait la vengeance. Ce combat intérieur était difficilement supportable et empêchait toute réflexion logique de sa part. Elle aurait aimé que tout s'arrête, elle aurait aimé hurler encore à cette voix de la fermer, mais elle avait compris que ça ne servait à rien. Clarke ne voulait pas être celle qui prenait la vie de ses amis, elle ne voulait plus être ce genre de femme. Pourtant, quel autre choix avait-elle aujourd'hui ? Aucun, selon cette voix. Et ce que cette voix soufflait, Clarke écoutait.

Clarke hurlait qu'ils méritaient tous les deux de mourir. Ils méritaient tous, d'une certaine façon, de mourir. Si jusqu'à présent Bellamy gardait un certain contrôle, il laissait désormais parler sa rage affirmant qu'ils méritaient tous la mort parce qu'ils avaient tous les trois commis des choses horribles. Puis il leur reprocha, à toutes les deux, d'avoir oublié une partie de leurs crimes pendant que lui devait continuer à vivre avec. Comme si elles avaient eu le choix un seul instant en arrivant dans cette foutue ville ! Il n'avait pas le droit de leur reprocher ça. « Alors, c'est pour ça que tu me l'as prise ? Pour me punir parce que je ne me souviens de rien ? » cracha-t-elle, repensant à cette fois où ils s'étaient retrouvés. N'avait-elle pas accepté de l'écouter, de revivre des moments difficiles pour qu'il ne soit plus seul à se souvenir ?

Parce que la tension était de plus en plus forte, parce que Clarke n'avait plus aucune patience ni aucun contrôle, parce qu'elle voulait des aveux, elle tira juste à côté d'Octavia. Les mains encore tremblantes, elle leur faisait comprendre que le prochain coup ne serait pas à côté, qu'elle leur laissait encore une chance. Pourquoi refusaient-ils de parler ? Clarke devait-elle vraiment blesser - ou pire encore, tuer - Octavia pour que Bellamy comprenne la souffrance qu'il était en train de lui infliger ? Après ce coup, Clarke fut surprise par la réaction de Bellamy, mais elle était bien trop concentrée sur son envie d'obtenir des réponses qu'elle ne s'en soucia pas davantage. La haine l'aveuglait.

Plutôt que d'avouer ou d'avoir peur, Octavia s'approcha de Clarke, l'air déterminé et fier. Elle attrapa le bras qui tenait l'arme - sans que Clarke n'oppose la moindre résistance, sans savoir pourquoi - pour la poser sur son front après s'être agenouillée. Elle lui avouait enfin tout et lui demandait de tirer à plusieurs reprises. Les yeux de Clarke se posèrent sur les mains pleine de sang d'Octavia, celles qu'elle était en train de lui présenter comme une preuve. Clarke ne répondait plus, n'ajoutait plus rien. Elle revint à elle lorsque celle qui avait été son amie avait posé sa main sur son poignet. Ses yeux ne quittaient plus ceux de cette dernière. Pourquoi ne tirait-elle pas sans attendre maintenant qu'elle avait obtenu des aveux ? Pourquoi était-elle incapable de venger Madi ? Puis Bellamy se manifesta de nouveau et sortit Clarke de ses questionnements. Si ses premiers mots ne firent rien à Clarke, elle tourna la tête vers lui aussitôt qu'il confia un secret qu'il n'avait pas évoqué l'autre fois.

Chaque mot était douloureux. Chaque mot la brisait. Clarke n'avait pas pu tuer Bellamy. Il était son meilleur ami et elle avait toujours voulu le protéger. La blonde s'était figée, tentant de comprendre les révélations de l'homme parce qu'elle refusait cette douloureuse vérité. La jeune femme voulait y voir autre chose, y comprendre autre chose. Elle ne réagissait pas plus lorsqu'il se mit à rire tout en s'approchant. C'était dangereux, elle ne devait pas rester ainsi immobile parce qu'ils pouvaient l'attaquer, profitant de son absence.

Elle déglutit avec difficulté et sentit son coeur battre plus vite lorsqu'il attrapa le canon de l'arme pour le poser sur sa poitrine, mais elle n'opposa aucune résistance. Clarke ferma les yeux une seconde, une nouvelle image la frappant de plein fouet. Une image qu'elle n'avait encore jamais vu jusqu'à présent, mais qui confirmait les mots de Bellamy. C'était impossible ! « Non, non, non... » soufflait-elle à plusieurs reprises, pleurant davantage. « Je n'ai pas pu faire ça... Tu mens ! » elle lâcha l'arme d'une main pour passer cette dernière sur son visage, n'ignorant pas le danger que pouvait représenter son inattention, mais elle n'arrivait pas à faire autrement. Il fallait qu'elle retrouve le contrôle d'elle-même. « Elle a avoué ! » hurla-t-elle alors en regardant Octavia. « Je n'ai jamais voulu te faire le moindre mal, tu m'y as obligée ! » elle hurlait toujours, ses cris se mêlant à ses larmes, son discours n'ayant pas le moindre sens.

Puis cette voix revint plus forte encore et les mots de Bellamy continuaient de tourner en boucle dans son esprit. Elle l'avait tué pour protéger Madi ? Alors il était bien responsable de quelque chose, non ? Clarke n'y comprenait plus rien, tout se mélangeait en elle. Elle sentait qu'elle n'y arrivait plus, elle se sentait perdre pied. Elle appuya donc un peu plus l'arme contre la poitrine de son meilleur ami, ses mains tremblantes se resserrent autour de son arme et pleine de rage, arrêtant de hurler pourtant, elle ajouta : « Pourquoi j'aurais fait ça ? Pourquoi j'ai dû la protéger de toi ? Qu'est-ce que tu lui as fait ? » ses yeux quittèrent ceux de Bellamy un instant pour observer Octavia. Elle cherchait des réponses alors même qu'elle savait qu'Octavia ne se souvenait de rien.

Clarke ne supportait plus ces voix. Elle ne supportait plus les mensonges de ses amis. Elle ne supportait plus les aveux de Bellamy. Elle ne voulait pas leur faire le moindre mal. Pourtant, s'ils s'en étaient pris à sa fille, elle n'avait plus le choix. Elle ne pouvait pas les laisser s'en tirer ainsi. Il fallait qu'elle se venge. Qu'elle la venge. Madi. Son souvenir était si flou dans l'esprit de Clarke. L'idée qu'elle ne pourrait peut-être plus jamais la revoir la brisait, plus encore lorsqu'elle comprenait que c'était à cause d'eux. Bellamy et Octavia. N'avaient-ils pas tout fait les uns pour les autres ? Ne s'étaient-ils pas détestés, aimés, aidés, compris ? Ils avaient vécu tellement de choses et aujourd'hui le frère et la soeur privaient Clarke de son enfant. Les mots de son ami étaient clairs. Il s'en était déjà pris à Madi d'une façon ou d'une autre puisqu'elle avait déjà dû l'arrêter ! Elle l'avait tué pour la protéger de lui. Clarke pleurait, elle perdait le contrôle d'elle-même et elle perdait patience, tandis que l'arme était toujours pointée sur Bellamy. Octavia avait avoué avoir fait du mal à Madi. Bellamy avait avoué avoir représenté un risque pour elle dans leur passé. Les mains tremblantes, son arme appuya davantage contre la poitrine de son meilleur ami.

La situation était totalement hors de contrôle. Octavia clamait sa culpabilité. Et il y avait tout ce sang sur elle... C'en était trop ! Clarke posa une question silencieuse à Octavia. Il fallait qu'elle lui confirme cette horreur, même si elle ne se souvenait de rien. A la place, Octavia attrapa la main de Clarke - celle qui tenait l'arme - et répondit, à la place de Bellamy. L'arme toujours pointée sur le frère, malgré la main d'Octavia, Clarke observa les deux à tour de rôle. Comment pouvait-elle connaître la vérité alors qu'ils avouaient tous les deux des choses différentes et que cette maudite voix ne cessait de lui répéter les mêmes choses en boucle ? « Stop ! Stop ! » Hurla la blonde, dégageant sa main de celle d'Octavia pour venir frapper Bellamy, sur la tête, d'un geste irréfléchi, brutal et rapide. Elle ne réfléchissait plus et elle ne lança pas le moindre regard à celui qui était son meilleur ami, trop concentrée sur la soeur à cet instant. Il lui fallait du calme et en éliminant temporairement une partie du problème, elle espérait mieux gérer cette situation. Clarke n'avait jamais apprécié voir une situation lui échapper. Aujourd'hui; pourtant, elle n'avait plus aucun contrôle. Aussitôt son ami au sol, inconscient, assommé par le coup, Clarke pointa de nouveau l'arme sur Octavia. « Tu as deux minutes pour me dire où est Madi et ce que tu lui as fait. Si j'ai déjà tué ton frère une fois à cause de toi, je peux te jurer que je n'hésiterai pas à recommencer ! Ce n'est pas toi qui négocies Octavia ! Soit tu parles, soit tu n'auras plus jamais la chance de le voir se réveiller. C'est compris ? » Clarke n'était pas d'humeur à plaisanter. Elle parlerait parce qu'elle n'était pas en position de négocier quoi que ce soit. Bellamy était un problème en moins - temporairement du moins - il restait simplement le problème Octavia à régler. Une fois qu'elle saurait ce qu'ils ont fait de sa fille, alors elle leur ferait payer leur geste, sans la moindre hésitation, comme cette voix le lui soufflait depuis de trop longues minutes.

Clarke perdait totalement le contrôle de la situation. La dernière fois que c'était arrivé - dans ses souvenirs, du moins - elle avait poussé un levier qui avait tué presque 400 personnes. Pour les siens, pour ceux qu'elle aimait, elle était prête à tout. Vraiment tout. Les choses n'allaient pas comme elle le voulait. Ceux qui devaient être ses amis s'en étaient pris à sa fille. Madi. Clarke avait tellement besoin d'elle. Elle ne se souvenait de presque rien à son sujet. Simplement son visage et cet amour infiniment grand qu'elle ressentait lorsqu'elle pensait à elle. Puis il y avait cette douleur impossible à soigner chaque fois qu'elle pensait à son absence, aussi. Bellamy et Octavia avaient la possibilité de lui dire ce qui était arrivé, mais ils s'amusaient avec elle. Ils s'accusaient à tour de rôle avant de finalement assurer qu'ils n'y étaient pour rien. Jusqu'où comptaient-ils aller ? Jusqu'à quand comptaient-ils lui mentir ?

Leurs comportements ajoutés à la voix que Clarke entendait sans pouvoir la faire taire lui firent péter les plombs. Son arme vint frapper violemment le crâne de Bellamy, le faisant tomber au sol. Aussitôt, elle pointa l'arme sur Octavia. Un problème en moins. Bellamy ne représentait plus aucun danger pour le moment. Désormais, soit Octavia racontait tout, soit Clarke tirerait sur Bellamy pour la priver de lui. La brune prétendait ne pas se souvenir de lui, mais elle n'y croyait pas. Elle n'y croyait plus. Et si Octavia possédait un minimum d'instinct de survie, elle saurait que Clarke ne plaisantait pas. Elle tirerait. Elle en était capable. Pour Madi, elle était capable de tout.

Les cris de la blonde se mêlèrent alors à ses larmes lorsqu'elle ordonna à la soeur de lui montrer où était Madi. Sans trop d'hésitations, cette dernière l'invita à la suivre. Derrière elle, à distance raisonnable, l'arme pointée dans son dos, Clarke suivait Octavia. Où avaient-ils mis Madi ? Que lui avaient-ils fait ? S'ils lui avaient fait le moindre mal, si ce sang sur Octavia lui appartenait, elle les tuerait. Qu'importe qu'ils soient ses amis, elle vengerait son enfant.

Les deux femmes s'éloignèrent dans une ambiance pesante et dans le plus grand des silences. Clarke perdait patience, mais ne disait rien, écoutant ces maudites voix en boucle dans sa tête. Après un certain temps, Octavia se stoppa et désigna quelque chose enveloppé dans du tissu. Quelque chose... Ou quelqu'un. Aussitôt elle sentit son coeur se serrer, ses pleurs redoublèrent et tout son corps se mit à trembler. Aux yeux de Clarke, Octavia n'existait plus, il ne restait que le corps de sa fille vulgairement abandonné dans cette forêt, seule. Il l'avait laissée toute seule. « Mon bébé... » Soufflait-elle entre deux sanglots, s'approchant pour la serrer contre elle. « Madi... » ajouta la mère, mais avant de pouvoir ajouter quoi que ce soit, elle sentit une vive et violente douleur à l'arrière de la tête. Le choc la fit tomber au sol, l'étourdissant un moment. Octavia. Elle avait profité de la faiblesse de Clarke pour l'attaquer et fuir.

Après un court instant, toujours sonnée, elle se redressa. Une de ses mains vint se poser à l'arrière de son crâne douloureux. Elle ne l'avait pas ratée. Sauf qu'à cet instant la douleur importait peu. Seules sa rage et sa colère prenaient le dessus. Ses yeux pleins de larmes cherchaient la silhouette du monstre qui avait pris la vie de son enfant. « Qu'est-ce que vous lui avez fait ? » Hurla-t-elle à pleins poumons, en cherchant partout autour d'elle. Elle allait la tuer. Elle allait les tuer. Un dernier regard vers le tissu qui recouvrait sa petite fille, Clarke promit silencieusement de revenir. D'abord, elle allait la venger. Son coeur déchiré, brisé ne lui permettait plus de réfléchir logiquement avant de prendre une décision. Elle les massacrerait sans aucun remord. Rien ne l'arrêterait. « Octavia ! » Hurlait-elle en parcourant cette forêt, se glissant entre les arbres. La blonde restait sur ses gardes, connaissant les aptitudes d'Octavia dans ce milieu, mais elle était déterminée à la retrouver. « Je vais tuer Bellamy ! Je te jure que je vais le tuer ! » Enragée, elle faisait le chemin inverse pour retrouver le corps inanimé de son ami tout en continuant de hurler : « T'entends ? Il va mourir à cause de toi ! » Ils venaient de la briser de l'intérieur, de la détruire. Elle allait la détruire elle en le tuant lui, puis elle la tuerait, elle.

Elle n'avait pas pu la voir une dernière fois. Elle n'avait pas pu lui dire à quel point elle l'aimait. Elle ne pouvait pas entendre sa voix une fois encore ou voir son sourire. Non. Plus jamais. Bellamy et Octavia venaient de la priver de ce bonheur. Ils venaient de la priver de son enfant. Pourquoi ? Qu'avait-elle bien pu leur faire ? S'ils en voulaient à Clarke, pourquoi ne pas s'en prendre à elle, directement ? Pourquoi s'en prendre à une innocente ? Parce qu'elle était liée à Clarke et Clarke n'apportait que la mort. Les gens autour d'elle mourraient, encore et encore. Elle ne les protégeait pas, elle les mettait en danger.

La priver de sa fille ne suffisait pas. Octavia la privait également d'un dernier moment serein avec elle, d'un dernier moment où elle pourrait la tenir dans ses bras et lui faire ses adieux. Octavia la ramenait à la situation présente. A la violence qui les entourait, comme elle les avait toujours entourées. Plutôt que de lui laisser un instant avec Madi, elle préféra l'assommer. Sonnée un instant, Clarke ne mit pas longtemps avant de retrouver la force de se mettre debout. Un regard et une promesse silencieuse faite à Madi plus tard et Clarke était déjà en chasse. Elle vengerait son bébé. Elle tuerait Bellamy. Elle tuerait Octavia. Elle se débarrasserait d'eux - et à cette pensée son coeur se serrait parce qu'après, elle serait seule. Complètement seule. Mais ne l'était-elle pas déjà ? Ces monstres n'étaient pas ses amis, pas après ce qu'ils venaient de faire.

Clarke courrait donc à travers cette forêt, arme en mains. Elle hurlait. Octavia finirait bien par se montrer. Puisque chasser Octavia semblait compliqué - elle avait des aptitudes bien supérieures à celles de Clarke dans ce genre d'endroits - les plans de la blonde changèrent. La jeune femme allait d'abord retrouver son meilleur ami. Elle le tuerait. Octavia entendrait, verrait peut-être, mais ne pourrait rien arrêter. Elle assisterait, impuissante, à cette fin. Toujours en courant, alors, la blonde se dirigeait vers le corps de Bellamy. Mais avant qu'elle ne puisse atteindre ce dernier, Octavia entra dans son champ de vision. C'était beau, la soeur qui voulait protéger le frère. C'était beau, la façon dont Octavia avait su piéger Clarke en lui faisant croire, durant tout ce temps, qu'elle ne se souvenait de rien.

Aussitôt apparue devant elle, Clarke leva son arme. Ses mains se resserrèrent autour de cette dernière, incapable de tirer directement. Clarke pleurait. Clarke voulait se venger, mais n'arrivait pas à presser cette foutue détente. Elle avait envie de comprendre, de savoir. « Pourquoi ? » hurla-t-elle alors, sa rage se mêlant à sa peine, ses cris à ses larmes. Ces explications sur la vengeance ne valait rien aux yeux de la mère. Une vengeance pour quoi ? Qu'est-ce qui l'attendait ? Pourquoi auraient-ils voulu la tuer ? Tout ne ressemblait qu'à de stupides excuses pour justifier la monstruosité de son acte. « Tu as tué une enfant. Mon enfant. Tu n'as protégé personne, tu es une meurtrière. » Comme eux tous, en réalité. Mais le contexte était différent. Madi ne représentait pas la moindre menace. Elle avait été tuée pour faire mal à Clarke. N'était-ce pas la pire raison pour tuer ? «  Avance ! » Hurla-t-elle à Octavia tout en désignant le chemin par un signe de tête et de mains, mains qui tenaient toujours fermement l'arme. Elles allaient rejoindre Bellamy et cette fois-ci, Clarke ne ferait pas la même erreur une deuxième fois. Cette fois-ci, elle ne la lâcherait pas du regard et ne lui permettrait pas de s'en prendre à elle.

En une minute ou deux, les deux femmes arrivèrent là où Bellamy était censé se trouver, inconscient. Il n'était plus là. Il s'était volatilisé. Clarke se tendit davantage et resta sur ses gardes, observant les alentours à toute vitesse, en gardant toujours Octavia dans son champ de vision. Il pouvait être n'importe où, prêt à l'attaquer à n'importe quel moment. Merde ! « Où est-il, Octavia ? Où est Bellamy ? » Elle ne criait plus. Elle était fatiguée de ce petit jeu. Elle avait déjà tout perdu. Il ne lui restait que sa vengeance. Que cette envie de leur faire payer pour ce qu'ils avaient fait. Mais ils étaient deux. L'un devant elle, l'autre elle ne savait où. A tout moment, ils pouvaient l'avoir avec facilités. Alors Clarke commençait à croire que la situation était perdue d'avance. La seule chose qui la faisait encore tenir, c'était Madi. C'était de ne pas abandonner pour Madi.

Clarke aimait Bellamy. Il était son meilleur ami. Il était celui qui l'avait soutenue dans leur autre vie. Leaders, ils avaient dirigé ensemble et s'étaient protégés. Pourtant, elle le tuerait sans la moindre hésitation après ce qu'il avait fait à Madi. Elle ne se souvenait pas de cette enfant, mais elle l'aimait plus que tout. Octavia et Bellamy lui avaient fait du mal alors elle vengerait son enfant. Elle tuerait le frère devant la soeur et tuerait la soeur ensuite. Sa vengeance prenait le pas sur sa douleur alors qu'elle hurlait à Octavia de se montrer si elle ne voulait pas voir Clarke exécuter son précieux grand frère. La menace fonctionnait à merveille. Octavia était sortie de sa cachette pour faire face à la blonde. Elle menait le jeu. L'arme pointée vers Octavia, Clarke hurlait sa haine face à la meurtrière qui avait pris la vie d'une innocente enfant pour une vengeance qui n'avait pas lieu d'exister. Elle venait de détruire tellement de vies. Ce monstre ne méritait aucune pitié. Octavia avait été son amie autrefois, aujourd'hui elle était le monstre qui avait volé la vie de Madi. Son acte venait de la condamner. Son acte venait de condamner son frère. Son acte venait de détruire Clarke. Tuer une innocente pour arriver à un tel résultat, est-ce que ça valait réellement le coup ?

Avançant à travers la forêt pour retrouver le corps de Bellamy, Clarke ne quittait plus des yeux sa nouvelle ennemie. Elle l'avait assommée une fois, elle ne se laisserait pas avoir une seconde fois. Une fois sur place, les deux femmes remarquèrent la disparition de l'homme. Ce traître était, sans aucun doute, caché quelque part, prêt à attaquer Clarke à la moindre occasion pour protéger sa petite soeur. La jeune femme avait fouillé, du regard, les alentours. Rapidement, parce qu'elle ne voulait pas quitter Octavia des yeux trop longtemps. Clarke était épuisée. Elle ne criait plus. Ce qu'elle voulait, c'était venger sa fille ou qu'ils en finissent de s'amuser avec elle. Ne pouvaient-ils pas lui accorder un peu de pitié après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, tous les trois ? Qu'avait-elle bien pu faire pour mériter un tel sort ? Pourquoi jouer avec elle ? Quel plaisir pouvaient-ils éprouver à ce jeu terrible ?

Octavia continuait de jouer, poussant Clarke à bout. Elle n'en pouvait plus de la voir jouer l'innocente et de prétexter être la pauvre victime d'un complot fomenté par les deux amis. « Pourquoi vous faites ça ? » Pleurait Clarke, ne comprenant pas pourquoi ils voulaient tant jouer avec elle. Octavia n'avait aucune raison de se battre. Son frère était là, caché quelque part. Il l'attendait, il attendait le bon moment pour s'attaquer à Clarke. Alors pourquoi ne pas en finir ? Parce qu'il fallait attendre l'ordre d'Octavia. Sans doute voulait-elle d'abord détruire Clarke autant que possible ? Mais enfin, Octavia reprit la parole, hurlant à son frère de sortir de sa cachette et d'arrêter de jouer. Clarke ne prit pas ça comme une supplique, mais bien comme l'ordre que le jeu était terminé et qu'il était temps d'en finir avec elle.

Déglutissant avec difficulté, ses mains se resserrèrent autour de son arme tandis qu'elle cherchait la présence de Bellamy du coin de l'oeil. Elle ne pouvait plus totalement quitter la brune des yeux puisque cette dernière s'avançait vers elle, déterminée. Qu'allait-elle faire ? Clarke, avait-elle la force de tirer sur celle qui fut son amie autrefois ? Cette voix dans sa tête l'y incitait, mais devait-elle le faire ? En la voyant s'approcher, Clarke n'aurait pas dû hésiter. Clarke aurait dû tirer et mettre fin à ce calvaire, mais elle n'avait pas pu.

Jouant toujours à son petit jeu, Octavia soufflait à Clarke qu'elle pouvait tirer puisque c'était leur plan depuis le début, la punir. Clarke secouait la tête, ne comprenant rien. Ses larmes coulaient davantage, son corps se tendait de plus en plus. Elle était effrayée parce qu'elle ne comprenait pas quel piège se refermait sur elle. « Arrête ! Ne t'approche pas ! » Hurla Clarke à son tour. Pourquoi ne pouvait-elle pas tirer ? Ce n'était pas la première fois qu'elle tuerait. Mais là, c'était différent. Ils n'étaient plus chez eux. Octavia était son amie. Pourtant, elle avait fait du mal à sa fille alors elle devait se venger. Sans oublier que si elle tardait à tirer, elle prenait le risque de voir Bellamy agir. Deux contre une, elle ne ferait pas le poids.

Octavia se fichait des mots de Clarke. Cette discussion ne menait à rien. Alors, plutôt que ne plus s'approcher comme elle le lui avait demandé, Octavia s'approcha jusqu'à se trouver tout près de son oreille. Son arme appuyait contre elle, mais Clarke était incapable de tirer, paralysée. Incapable de bouger, la mère était obligée d'entendre les horreurs qu'Octavia lui soufflait à l'oreille. Clarke éclata en sanglots. Avait-elle réellement été une mère si horrible ? A cette pensée, sa douleur se transforma en une violente colère. Une colère envers elle-même. Une colère envers Octavia qui lui rappelait la mère monstrueuse qu'elle avait été. Plutôt que tirer, elle lâcha son arme, inconsciente du danger que cela représentait et oublia de se soucier de Bellamy. Les mains libres, elle poussa Octavia et se jeta sur elle pour la faire tomber, se laissant emporter dans cette chute pour se retrouver sur elle. Les poings se Clarke se serrèrent et, sans plus avoir la moindre maîtrise d'elle-même, la jeune femme frappa Octavia sur le visage. « Ferme-la ! » Hurlait-elle entre deux sanglots. « Tu ne peux pas dire ça ! Ferme-la ! » Continuait-elle de hurler à plein poumon tout en frappant encore et encore. « Je t'en prie, tais-toi ! Arrête ! Je n'en peux plus, arrête ! » Ses mots s'adressaient tant à cette voix qu'à son amie. La mère était épuisée. Alors elle cessa de frapper et se laissa finalement tomber sur le côté, tout en pleurant encore et encore. Elle ne voulait plus se battre. Cette voix lui soufflait comme elle était une mauvaise mère en renonçant finalement à venger son enfant, mais elle ne pouvait plus. Elle voulait juste que tout s'arrête. Frapper la coupable, la tuer, la torturer... Ça ne changerait rien. Madi était morte et Madi resterait morte, quoi que Clarke fasse.

Octavia était particulièrement monstrueuse et odieuse. Elle semblait ne pas craindre la mort, laissant l'arme s'enfoncer dans sa peau sans le moindre frisson. Elle soufflait des mots insupportables à l'oreille de celle qui tenait cette arme. La logique aurait voulu que Clarke tire sans sommation pour faire taire le monstre qu'elle avait devant les yeux. Sauf qu'elle n'avait pas pu. Elle n'avait pas pu parce qu'une colère incontrôlable s'était emparée d'elle. Une colère si forte que le besoin d'extérioriser avant été plus fort que le besoin de se venger. Il fallait qu'elle laisse cette colère s'exprimer. Alors, sans prendre le temps de réfléchir, impulsive, Clarke avait jeté son arme à terre pour se jeter sur Octavia. L'attaque avait fait chuter les deux femmes au sol, Clarke au-dessus d'Octavia. Sans plus réfléchir, Clarke l'avait frappée. Ses poings étaient venus frapper le visage d'Octavia à de nombreuses reprises. Elle hurlait. Elle ne voulait plus rien entendre. Le sourire de la soeur et son inaction face aux coups rendaient Clarke folle de rage. Elle désespérait d'obtenir la paix. Rien ne la soulagerait. Pas même de se défouler sur cette meurtrière. La violence des coups ne changeait rien à sa peine immense et à sa douleur.

Octavia avait fini par fermer les yeux. Si la blonde avait remarqué ce détail, elle ne s'était demandée, à aucun moment, si elle avait perdu connaissance ou non. Les signes évidents ne l'aidaient pas, parce qu'elle ne leur prêtait aucune attention. Finalement, à bout de forces, usée de se battre, épuisée, elle se laissa tomber sur le côté. A quoi bon frapper encore et encore ? La douleur ne disparaîtrait pas. Elle était là et serait toujours là. En pleurs, Clarke regardait ce qu'il était possible de voir du ciel à travers les arbres. Octavia pouvait en finir. Elle lui laissait le champ libre. Sa réflexion sur la pitié qu'inspirait Clarke ne la fit pas réagir. Voir Octavia se relever du coin de l'oeil ne la faisait pas réagir. La suite n'était qu'un couteau planté en plein coeur. Pas foutue d'abattre la meurtrière de sa fille. C'était ça. Elle n'était qu'une lâche. Une mère horrible qui n'avait apporté que de la souffrance à son enfant. Mais elle ne réagissait pas davantage. Elle écoutait la brune dire qu'elle partait, que si elle voulait la tuer, elle le pouvait, mais qu'elle ne ferait plus demi-tour. C'était quoi le plan ? Pourquoi la torturer ainsi, encore et encore ? Pourquoi ne pas mettre fin à son supplice une bonne fois pour toutes ?

L'arme avait été rapprochée d'elle, par Octavia, avant qu'elle ne fasse demi-tour. Ce petit jeu malsain ne prendrait donc jamais fin ? Clarke ne jeta pas le moindre regard sur l'arme. Un instant, elle s'imaginait attendre la fin ici, allongée. Elle ne pensait plus à tuer Octavia parce qu'elle était fatiguée de tuer. « Attends ! » Hurla-t-elle finalement, sans bouger d'un millimètre pour autant. « Pourquoi vous faîtes ça ? » Supplia-t-elle afin d'obtenir une réponse, ne sachant quelle mort l'attendrait finalement : des mains d'Octavia ou de celles de Bellamy ? « Putain, mais arrêtez ce petit jeu ! » Clarke ignorait si son amie était encore là, elle hurlait simplement, perdue entre ses pensées, cette voix et la situation. « Vous avez gagné. Je suis détruite. Je ne suis plus rien. » confia-t-elle, le corps et le coeur en miettes. « Vous allez jouer avec moi pendant combien de temps ? » Que fallait-il qu'elle fasse pour être enfin définitivement libérée ? Qu'attendaient-ils d'elle ?

Clarke n'était rien de plus qu'une lâche et une mère horrible. Celle qui avait ôté la vie de son enfant était ici, juste à côté d'elle. Pourtant, elle restait là. Elle restait là, immobile. Elle l'avait battue, mais n'avait pas été capable de la tuer. Elle s'était défoulée sur son amie, laissant toute sa rage s'exprimer, mais sa douleur était identique. C'était son rôle, son devoir, de venger son enfant, mais elle en était incapable. Pourtant, Clarke avait retiré la vie à tellement d'innocents. Tellement d'innocents avaient été sacrifiés au nom de son peuple, d'une cause, simplement parce qu'elle l'avait décidé. Aujourd'hui, une coupable, une meurtrière, un monstre échappait à sa violence et à la mort parce qu'elle devenait faible. La peine était sa faiblesse et la rendait monstrueusement faible. Elle voulait en finir. Elle ne pouvait pas tuer Octavia, sinon qui mettrait fin à sa douleur, alors ? Bellamy ? Il avait disparu. Sans doute caché dans un recoin de cette forêt à attendre le bon moment. Mais avait-elle envie de mourir des mains de son meilleur ami ? Ne préférait-elle pas la soeur au frère ? Mourir des mains d'Octavia serait, sans le moindre doute, moins douloureux. Voir ses yeux, à elle, plutôt que ses yeux, à lui, au moment de rendre son dernier souffle. C'était la seule faveur qu'elle leur demandait après qu'ils lui avaient pris sa fille.

Pourtant, même ça, ils ne comptaient pas lui offrir. Octavia s'était simplement redressée pour quitter cet endroit. Clarke était allongée, elle. Incapable de se redresser, ses yeux ne quittaient pas ce qu'elle était capable de distinguer du ciel au travers des arbres. Elle pleurait. Elle hurlait. Elle demandait des explications. Elle retenait Octavia - ou essayait. Elle demandait qu'on l'achève parce qu'elle était détruite. La leader des cent n'existait plus. La femme forte qui avait poussé ce levier pour sauver sa mère et ses amis n'existait plus. Elle n'était plus qu'un corps brisé et détruit par la plus terrible des pertes. Les questions de Clarke restèrent sans réponse. La brune s'éloignait, riant aux mots de la jeune femme, l'ignorant simplement. Ils n'allaient pas l'achever. Ils allaient la laisser mourir de chagrin, ils l'abandonnaient comme un animal. Ils la punissaient pour tout ce qu'elle avait fait. Alors qu'elle pensait qu'Octavia partirait sans plus rien dire, elle ajouta quelque chose. Étrangement, et sans que ça n'ait le moindre sens, les mots d'Octavia firent taire les larmes de Clarke. Allez vous faire dériver. Etait-ce la preuve qu'elle se souvenait ? Que tout n'avait été que mensonge et piège ? Etait-ce un souvenir inconscient qui remontait à la surface ? Sans un mot de plus, Clarke pensait aux mots prononcés par celle qui avait été son amie. Il n'y avait plus aucun bruit. Bellamy ne réapparaissait pas. Octavia semblait réellement partie. Et la voix, dans sa tête, s'était tue. Elle n'avait plus qu'à retrouver le corps de Madi pour attendre sa propre fin, à ses côtés. Que pouvait-elle faire ? Rentrer et faire comme si rien ne s'était passé ? Peut-être, après tout, peu à peu, retrouvant ses esprits, l'idée que ce n'était pas réel faisait son chemin. Néanmoins, il lui fallait avoir une confirmation. Il lui fallait s'assurer que Madi n'était pas morte, quelque part dans cette forêt.