Jack Napier

Le passé est un élément fragile, effacé par le temps… Mais dans ce cas-ci, la folie, elle-même, dévore les souvenirs, les falsifiant, les rendant flous… Distillés à jamais dans une cuve d’acide… Néanmoins, quelques rares personnes possèdent des brides d’information. Sont-elles véridiques ? La réponse est un privilège que je ne pourrai vous offrir… L’incompétente et ignorante police de Gotham n’en savait rien… Ces magouilleurs ne recherchaient que la corruption et l’argent… Ils s’engraissaient comme des porcs sur le dos d’une société traite jusqu’à l’os. Un seul homme possédait des renseignements… Voici ce que raconte l’un de ses dossiers :

Une enfance accablante, terrifiante… Où le monstre de ce récit n’était, d’autre, que son père. Alcoolique et cruel, les violences étaient diverses, déjà bien avant la naissance du gamin. Les coups et blessures avaient impacté la psyché fragile du nourrisson. Qui pourrait s’en sortir indemne ? Au fil des âges, l’état du père empirait… Il chutait dans les limbes. L’alcool l’avilissait, obstruait tout jugement… Le bien, le mal ne signifiait plus grand-chose. Désormais, il battait son fils pour pouvoir se défouler. Le pauvre Jack servait de sacrifice. Sa mère le jetait en pâture à ce monstre sans le moindre regret. Un bouclier humain voilà ce qu’il était, une simple pièce de viande ballottée dans tous les sens. À l’adolescence, les relations se gâtèrent à la suite d’une tragédie : la mort de sa mère. Lors d’une nuit d’hiver bien arrosée, le patriarche rentra et son sadisme s’abattit sur son épouse. Cette fois-ci, les choses dégénèrent… Elle empoigna un couteau de cuisine et se retourna contre l’ivrogne pour se défendre ! Le père de famille n’apprécia guère ce geste. Furieux, il empoigna le couteau et l’enfonça en plein abdomen sous les yeux innocents de son enfant. La suite de la nuit ne fut guère plus réjouissante… Cette nuit-là, le gamin failli y passer… Cette nuit-là, son esprit se fendit… Cette nuit-là, la folie s'immiscait en lui doucement…

Quelques années plus tard, loin de son père et complètement délaissée par une société qui n’en avait que faire lui… Il tentait, tant bien que mal, de survivre dans ce monde austère… Larcin dans l’âme, il choisit d’effectuer un cambriolage dans l’une des entreprises qui fonctionnait le mieux à Gotham : Ace Chemicals. Malheureusement, l’appât du gain l’obligea à s’allier à la racaille du coin… Cette opération fut un échec de A à Z. Ses coéquipiers capturés n’hésitèrent pas à le vendre à Batman. Pris de peur et n’ayant point envie de finir dans un trou à rat, il n’eut d’autres choix que de sauter une des cuves fumantes remplies d’acide. La grande faucheuse ne vint pas le chercher ce jour-là, elle le laissa là, rongé par les produits chimiques… Son apparence changea… Ses cheveux ressortirent avec une teinte verdâtre, sa peau se blanchit ressemblant à de la poudre d’os écrasé et ses lèvres se teintèrent d’un rouge vermillon. La fissure, crée par son paternel, s’effrita totalement à la vue de cette nouvelle apparence une fois chez lui. Cet incident marqua un tournant décisif dans sa vie… Le jeune Jack Napier n’était plus… Il laissait place à un sociopathe en puissance : le Joker. La suite, vous la connaissez et n’avez en rien besoin de ce dossier aux informations improuvées… Il sombra totalement dans une vie de criminalité et engendra une organisation qui terrorisa Gotham… Rapidement, sa renommée s’établit, il passa de pion à roi. Il ne comptait plus les atrocités commises et ne portait plus grand intérêt à la vie humaine. Dans cet océan de démence, il y sombra avec le sourire aux lèvres… Le point de non-retour venait d’être atteint. Bien entendu, qui dit grand méchant, dit grand ennemi ! Le chevalier noir ne tarda pas à faire son apparition… Un jeu mesquin, perfide débuta entre les deux individus. Fatalement, ce petit jeu amena chaos et méfaits immoraux, mais se solda par une mise en échec du roi… Dévoré par la folie, ils jugèrent raisonnables de l’envoyer en hôpital psychiatrique plutôt qu’en prison.

L’asile d’Arkham… Lieu fatidique, lieu emblématique, lieu de repentance… Le justicier avait mis la bête de foire en cage, sa chimère… Les créatures mythologiques ne s’attrapent pas, ne se domestiquent pas… Tel un mythe, sa disparition se fera et rejoindra l’imaginaire collectif avant de mordre vicieusement son geôlier. Néanmoins, une pièce maîtresse le dérouta : la charmante doctoresse Harleen Quinzel. Son psychiatre éveilla un intérêt profond chez lui… Une certaine obsession se construisit au fil de leur entretien… Toutefois, une faiblesse se manifesta chez son soignant. Une passion écrasante se développa envers cet énergumène… Adoration qui condamnera son peu de lucidité… Cette brèche n’échappa pas à sa vigilance, de toute manière, il était trop tard… Trop tard pour échapper à cette monstruosité pourrissante qui grandissait dans le cœur de la jeune femme. Lors d’une délicate attention de la part du médecin, Joker en profita pour lui demander une arme à feu. Avec ou sans son aide, l’escapade de la bête mythologique s’effectuerait, mais elle ne pouvait se résoudre à partir sans lacérer son petit bout de viande… Ses larbins attachèrent la doctoresse et une longue agonie débuta… Un élément était sûr, elle avait la peau dure… Quant à l’esprit, il se fragilisait, se brisait petit à petit… Fatalement, il tomba en lambeaux et la folie s’insinua tel un poison dans ses veines. Cette relation n’était pas prévue… Au premier abord rejeté par le bouffon vert, il tenta de s’en débarrasser en la laissant se jeter dans une cuve à Ace Chemicals… Son avis changea par amour, par intérêt, par désir, par ennui ? Grande question sans réponse, mais lors de ce sauvetage… Le baiser d’une union interdite fut scellé. Leur rire raisonna dans cet entrepôt bouillonnant de fumées acides… Cet acte scella à jamais le début de cette macabre entreprise.

Les tortures, les crimes, les jeux tordus et perfides pleuvaient… Mais leur plus belle prise resta et restera celle d’un proche de Batman. Son acolyte le paya de sa vie après une lente et douloureuse descente aux enfers. Malheureusement, Joker n’en ressortit pas indemne de cet incident… Batman en représailles lui brisa les dents. Ses incisives et ses canines explosèrent en mille morceaux sous les rires tonitruants du fou. Une nouvelle fois, le roi se retrouva coincé dans cet établissement qui répondait au doux nom d’Arkham… Apparence brisée, mâchonnée par la brutalité, il eut recourt à des implants dentaires métallisés pour colmater les séquelles de cet amour vache. Bien entendu, sa fuite ne tarda pas à s’effectuer… Le clown disparut dans un tour de magie grandiose, mais Gotham ne tarda pas à souffrir des méfaits perpétrés par ceux qu’on surnomme le roi et la reine de Gotham du moins jusqu’à ce que la reine se retrouve en échec et mat.  

Sombre histoire… Histoire habituelle… Lors d’une soirée en amoureux, les deux tourtereaux se rendirent à un club de strip-tease. Dans cet endroit, le clown devait rencontrer un gangster du coin… Cependant, son attention était accaparée par sa compagne qui agissait comme une strip-teaseuse à son plus grand désarroi… Ô oui, ses yeux ne parvenaient pas à quitter cette charmante créature qui se donnait en spectacle. Un autre homme fut également attiré par ce petit numéro d’Harley… Grossière erreur, un pion ne manquait pas de respect à la reine et encore moins en présence du roi. Lui coller une balle entre les deux yeux ? Non… Trop rapide… Il fallait laisser la peur se distiller au plus profond de son être… Et surtout en faire un exemple pour tous les autres. Par jeu, par folie, par provocation, le Joker lui offrit son arlequin. Néanmoins, l’agacement mélangé à un soupçon de rage agitait les traits blanchâtres de l’homme. Recalé par le gangster, Harley se déporta sur le côté et une balle se logea dans le crâne du pion. Les deux amants quittèrent le club, amusés par leur soirée. C’était sans compter sur le chevalier noir de Gotham ! Une course-poursuite endiablée se solda par une sortie de route et un magnifique plongeant dans l'eau… Adorateur de sa liberté, il abandonna Harley dans le véhicule submergé… Encore une fois, il venait de glisser entre les doigts de cette foutue chauve-souris !

Comateux sans Harley, il sombrait dans une apathie… Envoyant ses hommes creuser pour retrouver le trésor qu’il avait égaré. Au milieu d’une pièce quasiment démunie de mobilier, il s’y trouvait, allongé… Arme à feu, couteaux et bizarreries en tous genres parsemaient la pièce dans un parfait cercle… En son centre, une âme en perdition, une âme annihilée par une société animale… Son regard galopait frénétiquement d’un coin à un autre, quelques fois, s’arrêtant sur un costume rouge et noir. Une certaine nostalgie renaissait, mais la vérité le ramenait brutalement à la réalité… Elle n’était plus et impossible de lui mettre la main dessus. Son homme de main débarqua avec de bonnes nouvelles ce qui était préférable pour lui, s’il tenait un minimum à la vie. Apparemment, elle se trouvait dans un marais en Louisiane… Une prison secrète, tiens donc ! le gouvernement était toujours aussi imaginatif… Néanmoins, on ne pouvait pas échapper à sa vigilance… Chaque être-humain chantait tel un rossignol dès qu’on caressait d’un peu trop près son point de rupture.

Grâce aux informations de ces oiseaux, il mena un assaut d’envergure envers la Wayne Entreprise... Cette foutue entreprise concevait des nanopuces explosives et Amanda Waller avait eu la brillante idée d’implanter ces puces au cou d’une unité spéciale, mais cela ne le concernait pas... Mais un membre de cette équipe n’était pas anodin à son cœur. Sa chère partenaire de crime en possédait une... Donc avant toute tentative d’évasion, il était impératif de la désactiver. Détrompez-vous, il possédait plus d’une carte dans sa manche... Quoi de mieux que d’avoir la femme du chef de projet en otage et de lui implanter une de ces puces pour être sûr de sa coopération... Enfin... Avouons que la deuxième est peut-être plus pour instaurer un climat de crainte et pour satisfaire son sadisme. Muni de son atout, le plan s’élabora... Prendre le contrôle d’un hélicoptère, tirer dans le tas pour en abattre un maximum d’élément perturbateur et exfiltrer sa petite-amie. Un plan parfait, si la tête pensante de l’unité spéciale n’avait pas des hommes équipés de lance-roquettes à chaque coin de rue. La roquette s’encastra à l’avant de l’appareil blindé. Le feu consumait la carlingue dévorant peu à peu le rotor… L’un des moteurs ne tarda pas à exploser, l’altitude diminua dangereusement. Dans un soubresaut, Harley fut propulsé hors de l’habitacle et se rattrapa à l’un des toits… Malheureusement, le clown sombra avec son coucou géant, mais in extrémis, il sauta avant d’être avalé par les flammes de l’explosion. Cette chute lui offrit quelques ecchymoses et blessures légères. Enragé et amusé par ce contre-temps, il ricana grossièrement en regardant la carcasse brûlant de l’hélicoptère. Disparaissant dans la pénombre de la nuit, il trouva d’autres associés pour planifier l’évasion de son arlequin… Son emprise s’étendait dans bien des domaines et cette prison de haute sécurité ne faisait pas exception à la règle. Cette fois-ci, son plan fonctionna à merveille… Il s’infiltra au pénitencier de Belle Rêve et retrouva enfin celle qu’il avait perdu.

Leur idylle reprit, embellie par le chaos et la discorde la plus totale… De nouveau, Gotham saignait sous les crimes qu’ils exécutèrent. La liste de leurs méfaits était longue, entachée par le sang, mais leur couple à nouveau complété allongea davantage cette liste. Bien entendu, ce pauvre Batman se retrouvait démuni face à cette recrudescence de criminalité. Le roi et la reine dansaient au-dessus de leurs pions et leurs ennemis se faisaient petits pour éviter toutes punitions de leur part. Personne n’osait défier leur empire, car si c’était le cas… L’homme veillait au grain et gare à ceux qui troubleraient son royaume. Malheureusement, au sein même de cette monarchie, des différents éclatèrent. L’égoïsme surdimensionné l’empêchait d’admettre que Harley pouvait se montrer utile en réalisant ses coups les plus démesurés. Hormis son égoïsme, il ne souhaitait pas mettre en avant cette créature… Non, non, Joker s’était fait un nom seul en instaurant l’anarchie et le chaos… Il refusait qu’une petite fille vienne troubler sa réputation ! Du coup, une rupture se décida… La pauvre Harley n’accepta pas cette difficile décision, mais que voulez-vous, elle n’était rien sans lui… Elle vivait pour lui, respirer pour lui… Toute sa vie se construisait autour de lui… Elle faisait tout pour briller à ses yeux ! Désormais, elle devait faire cavalier seul… Et ne plus posséder l’immunité du Joker se montrait pour le moins dangereux…

Rôdant en ville pour affaires, il ne put s’empêcher de voir l’immense feu d’artifice qui illumine quasiment tout Gotham… Un seul endroit pouvait créer un embrasement de la sorte... Et une seule personne avait l’audace de faire un tel acte ! Bouillonnant à l’intérieur, un rire mi-hystérique, mi-nerveux s’échappa de son gosier… Ses hommes le regardaient d’un air méfiant, peur d’avoir à subir les folies de leur patron, mais bien qu’il empoignât son arme dissimulée dans sa veste et s’apprêtait à plomber le premier incompétent. Son regard fut happé par cette lune couleur sang. Le sol se déroba sous ses pieds et son corps s’écrasa lourdement. Au petit matin, nauséeux, il regarda autour de lui… Gotham n’était plus, le décor de la ville était tout autre. Doucement, il se redressa et comprit rapidement que ce monde n’était plus le sien… Ce nouveau monde lui accordait une chance de refaire sa vie, loin du crime, loin de Gotham, loin de Batman… Un certain regret embrassa le jeune homme. Son ennemi de toujours n’était plus… Contre qui allait-il combattre ? Qui allait-il pousser à enlacer sa propre folie ? Néanmoins, ses pensées furent balayées par le fait qu’un tout nouveau terrain de jeu s’ouvrait à lui… Certes, Gotham n’était plus… Mais décimer et continuer ses activités extra-scolaires pour assouvir son propre sadisme étaient toujours possibles… Qui plus que cette chauve-souris ne risquerait plus de lui mettre des bâtons dans les roues. N’abandonnant pas son pseudonyme de toujours, cependant, il décida de renouveler son identité. Un certain retour aux sources, si l’on puit dire… Désormais, ce cher Joker avait pris la couverture de Jack Napier… Un chimiste prêt à rendre les autorités complètement folles...