(Terminé) Réapprendre à se connaître - Arthur

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

Arthur ne saurait se qualifier comme un homme de la campagne ou prétendre être proche de la nature, mais il n'est pas non plus attiré par la vie citadine. Habitué à un cadre plus prestigieux, mais aussi plus intime, l'homme regrette la simplicité qui régnait à Camelot comparé à ici. Tout allait moins vite et ce qu'il y faisait avait du sens. Ici ? Il n'en est pas si sûr. Il s'est fondu dans la masse en acceptant le cadeau que les Dieux, ou peu importe qui, lui ont offert en le ramenant à la vie, mais il n'a pas l'impression d'en profiter comme il le devrait. Il a été difficile de se réveiller seul et de continuer à l'être pendant des années, forcé de renoncer aux rires et aux visages qui jadis lui donnaient la force de continuer… Il aurait pu tout lâcher après la trahison de son oncle et parfois, en ces lieux et dans les moments les plus mornes, Arthur replonge dans cet état. Si retrouver Morgana l'a aussi bien touché que mitigé, ça l'a surtout aidé à retrouver son optimisme. Lui qui perdait de plus en plus foi en la destinée, a vu ses espoirs nourris de nouveau. S'il y a bien un visage familier qu’il espérait revoir entre tous, c'est le sien, peu importe à quel degré il le nierait si on l'accablait de cette vérité. Il n'était pas totalement certain de le trouver chez cet apothicaire, alors bien sûr, la surprise fut tout de même de taille et sans réfléchir, il avait serré son vieil ami contre lui – avant même de lui dire bonjour ! Il avait tant à lui dire et en même temps, les mots lui manquaient ; pressé par le temps ou désireux d'avoir un moment privilégié avec le magicien, dans les deux cas, un autre rendez-vous fut décidé.

C’est la chance qu'Arthur attend depuis quatre ans, celle de pouvoir se rattraper auprès d’un ami avec qui les choses ont un goût d’inachevé. Guenièvre connaissait l'ampleur de son amour pour elle et ce n'était pas un secret que les chevaliers étaient comme des frères à ses yeux. Il était parti l'esprit serein les concernant. Mais pour Merlin ? Qui aurait pu croire qu'une si longue amitié pouvait encore l'étonner de mystères ? Le garçon a toujours été une énigme pour lui après tout, et il le sera resté jusqu’au bout. Les regrets se sont mêlés aux remords au fil du temps, pour des questions sans réponse et des non-dits qu'il redoute, enfouis au fond de son cœur. Et durant leurs derniers instants, entre révélations et rédemptions bancales, ils n'ont jamais eu l’occasion de parler des choses importantes, pas comme il le fallait. Puis… Merlin ne lui a pas souri, quand il a préféré se rassurer dans ses prunelles glacées plutôt que le bleu du ciel, au moment de s'éteindre. Une défaite personnelle, que de ne pas avoir réussi à lui rendre le sourire ce jour-là, aussi funeste fût-il.

Un sourire comme celui-ci, par exemple.

“Bonjour, Merlin.”

Ils se sont vus il y a peu, pourtant Arthur a l'impression que ça vient d'arriver. Est-il nerveux, ou incrédule ? Est-ce qu'il s'est demandé si la ville lui avait joué un tour, une illusion de plus tirée de ses cauchemars ? N'y avait-il pas cru jusqu'à cet instant précis, où le plus jeune l'a salué avec enthousiasme tel qu’il le faisait autrefois ? Oui. Et il sourit en miroir à ses réactions, mais ne voit pas l'étreinte venir et dans sa surprise, reste stoïque. “Oh.” Il hésite à refermer ses bras autour du jeune homme, figés à mi-chemin, mais le temps d'y réfléchir le moment était passé.

“Tu n'as pas fait les choses à moitié, mais ça tombe bien, j'avais une petite faim !”

Il rit doucement avant de s'installer sur le banc et d'attraper un sac avec entrain, curieux. Il reconnaît les parfums de pizza et de tacos, mais c'est un plat plus atypique qui attire son attention. “Celui avec le riz… je ne sais pas ce que c'est, mais il me tente bien.” Un enfant devant une crème glacée : voilà ce à quoi Arthur ressemble en ce moment. Un véritable enfant qu'on vient de gâter, bien qu'il n'ait rien fait de spécial pour mériter pareille attention. “Merlin, ta position de serviteur te manque ? Tu n'étais pas obligé de faire tout ça.” Dit-il avec humour, et bien trop d'étoiles dans les yeux pour cacher son enthousiasme. Il est ravi de l'initiative. “Je me sens bête d'être venu les mains vides.” Fut un temps, il aurait prétendu que sa royale compagnie était déjà un beau cadeau. Il lève les yeux sur le brun quelques instants pour mieux l'observer et constate qu'il n’a pas beaucoup changé, si ce n'est pour des traits moins juvéniles. Il finit par détourner le regard sur les arbres au loin après quelques secondes. Distrait par le passé et sa curiosité, Arthur se perd dans le silence tandis que ses mains s'occupent avec une bière, qu'il tarde à ouvrir.

“Qu'est-ce que tu deviens ?”

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

C’est rassurant de voir que les choses n’ont pas changé entre eux, malgré ce qu’il avait pu se passer il y a des années. Arthur se sent peut-être un peu plus sur la retenue, mais c’est seulement parce qu’il vient d’arriver et qu’il lui faut encore réaliser que tout est vrai. Qu’il a bien les pieds sur terre et qu’il va pouvoir retrouver son meilleur ami. Il commence donc par prendre place à ses côtés et découvrir les mets que le brun leur a apportés, pour finalement jeter son dévolu sur ce qui semble être du porc au caramel. Il saisit la boîte et la paire de baguettes en bois fournies avec, car c’est ainsi qu’il se déguste, mais il ne sait pas vraiment s’en servir. Il abandonne à chaque fois qu’il prend des sushis et se contente d'y aller avec les mains, mais ce n’est pas possible ici. Alors, le temps de caler ces trucs entre ses doigts et de réussir à chopper un morceau de viande, il écoute Merlin répondre à sa taquinerie. Ses derniers mots ne sont pas passés inaperçus et il sourit bêtement, mais c’est avec un ton indigné qu’il lui répond.

“Tu exagères ! Combien de fois faudra-t-il que j’te le dise ? Ce sont des coups amicaux. Et ce n’est pas ma faute si tu étais toujours là quand j’avais besoin de crier sur quelqu’un.” Des excuses, Arthur ? Ô grand jamais, sauf lorsqu’il est mortellement blessé… alors là, il se sent d’humeur repentante. Mais aujourd’hui, place à la taquinerie et la légèreté – en tous cas, pour commencer. Sa compagnie lui suffit aussi, même si certaines questions lui restent en tête. Il aura tout le temps d’assouvir sa curiosité plus tard et préfère, pour l’heure, s’intéresser à la vie du jeune homme. Ce qu’il est devenu depuis leur séparation, en somme et il l’écoute tout en galérant avec son repas.

“Je suis content pour toi et puis, ça doit te rappeler l’atelier de Gaius. Est-ce que vous vendez des potions… liées à la magie ? Parce que les médicaments ont remplacé les tisanes ici, sans vouloir offenser Gaius.” Même si désormais, il doute que ses remèdes aient tous été authentiques, mais sans lui ni Merlin, Camelot aurait été privée d’un roi et de son héritier bien plus vite. Il le comprend assez bien pour ne plus faire fi des méthodes, car la fin justifie les moyens, non ? Ironiquement, Morgana devait penser de la même façon lorsqu’elle les attaquait sans cesse et toujours plus violemment. Il soupire à ces pensées et manque de faire tomber un morceau de viande, alors que le plus jeune continue. Il est rarement maladroit et ça l’embarrasse un peu de ne pas réussir à tenir ses baguettes comme il faut. Il accusera ces dernières d’être trop fines pour ses doigts ou trop légères, mais pour l’instant, il râle seulement dans sa barbe.

“J’aurais pu t’avoir une chambre plus grande, tu sais. Mais je comprends, que de désavantages à être au service du roi…” dit-il avec un air abattu, faussement vexé, même s’il y a de quoi douter. Il se peut que son ego soit un peu touché, mais c’est juste son désir de toujours vouloir plaire à ses proches. Cela dit, quand son ami mentionne ne pas avoir récupéré toute l’essence de sa magie, il se montre plus inquiet.

“Comment ça ? Elle a toujours fait partie de toi, non ? Elle n’a pas pu disparaître totalement… tu as essayé de… um, j’en sais rien, trouver des lieux imprégnés de magie ? Il doit bien y avoir des endroits sacrés ici ou quelque chose du genre.” Si on lui avait dit qu’il se sentirait concerné à propos d’un problème pareil, autrefois, il aurait mis cette personne aux fers. Mais c’est de Merlin qu’il est question et il n’a pas envie de voir le mal en lui. Et dans un élan d’affection, il vient poser sa main sur l’épaule du jeune sorcier pour la presser gentiment et lui apporter une forme de soutien. Il n’y connaît vraiment rien, mais ça le touche quand même de savoir que son ami a perdu sa magie. C’est comme s’il perdait ses capacités au combat, comme si on lui levait sa force et son agilité. Alors il est capable de comprendre ce que ça fait, même si ce n’est à la fois, pas comparable.

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

Quand on lui tend une perche aussi facilement, Arthur s’en voudrait de ne pas la saisir. Alors quand Merlin insinue qu’il était le seul à bénéficier de ses excès de colère, il ne résiste pas.

“Ils étaient peut-être plus compétents, t'y as pensé ?? Et moins stupides ?! Mais je ne me souviens d'aucun d'eux et je crois… que ça en dit assez.”

Quand il n’était pas frustré par l’absence de Merlin, alors il devenait inquiet et peu importait les serviteurs qui défilaient devant lui pour le remplacer dans ses tâches. Ils avaient été bien formés, trop bien même et c’est à peine s’il remarquait leur présence. Discrets et disciplinés. Merlin était tout l’inverse, en restant respectueux et il admet s’être montré parfois injuste envers lui, mais Arthur ne pouvait pas sans cesse ignorer la ligne qui séparait leurs rangs. Il l’a souvent franchi, mais il l’effacerait bien complètement, désormais.

Le sujet se tourne alors vers les potions et les souvenirs que ça leur évoque en la personne de Gaius. Si Arthur l’a connu toute sa vie et qu’il pourrait lui raconter quelques anecdotes sur son enfance turbulente, il ne peut nier que Merlin était plus proche du médecin et qu’il était sûrement devenu un fils pour ce dernier. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas le remarquer, et quelque part, ça l’avait rassuré. A la question de Merlin, de savoir s’il lui aurait vraiment donné des quartiers plus spacieux, il hausse les épaules.

“Tu étais le serviteur du roi et t'avais déjà quelques privilèges Merlin. Je te laissais assister à toutes mes réunions et je t'emmenais partout. On m'a parfois questionné, critiqué et souvent remis en doute ta loyauté, mais ceux-là n’ont plus jamais remis les pieds dans ma cour. M'enfin, tu vivais avec Gaius et ça me semblait évident que tu veuilles rester avec lui.”

Il ne voulait pas en dire autant, mais c’est pour toutes les fois où Merlin lui rappelait son rang de serviteur dans des moments de sincérité, sans qu’il n’ait eu le courage de lui dire ‘je m’en fiche, tu sais’ quand bien même il le pensait. Il avait pleine confiance en son serviteur, mais ça n’avait pas toujours été au goût de tout le monde. Il ne préfère pas se demander ce qu’il se serait passé si Merlin avait dévoilé sa magie plus tôt cela dit, mais le savoir privé de cela aujourd’hui, l’affecte.

Ce n’était qu’un geste impulsif, un moyen de l’encourager et de lui montrer qu’il l’écoute, mais il aurait dû se montrer bref. Sa main est froide sur la sienne, et ce n’est pas la raison qui provoque un frisson le long de son échine. C’est la rareté du geste entre eux et son extrême douceur qui le perturbent en silence. Il ne se souvient pas de la dernière fois où ils auraient partagé ce genre de moments paisibles, sans un facteur urgent ou menaçant à côté. C’est agréable et déroutant à la fois, mais il n’a ni l’envie ni l’intention de mettre fin à cela et se concentre plutôt sur la voix de Merlin. Ce dernier lui partage alors son ressenti sur la disparition de ses dons et Arthur se contente d'acquiescer. Il ne veut pas l’interrompre et choisit donc de ne pas lui couper la parole, pour le laisser répondre à ses questions. Il est fier d’avoir soulevé un bon point sur les solutions possibles, mais déçu d’entendre que ça ne l’a pas aidé jusque-là.

“Si d'autres ont pu retrouver leur magie, alors il n'y a aucune raison pour que ça ne t'arrive pas aussi.”

Quand Merlin relâche sa main avec embarras, Arthur retire la sienne aussi vite et replonge son attention sur son encas. Son cœur s’est agité au même moment, mais il préfère en ignorer les raisons et retenter sa chance avec les baguettes pour se distraire. C’est au tour du brun de se montrer curieux envers lui, et il grimace à la mention de son double bien qu’il devait s’y attendre. Entre-temps, il perd aussi patience avec ses baguettes et les balance en direction d’un sac. “Bon, j'abandonne !” Il préfère encore se rabattre sur autre chose plutôt que de se ridiculiser davantage. Ceci dit, il se contente de poser le plat sur ses genoux et de le fixer avant de continuer.

“J'ai croisé la route d'un autre moi, oui. Je n'ai pas eu le plaisir de rencontrer Guenièvre, mais lui était… Eh bien, disons qu'il m'a fait forte impression. C’est un peu grâce à lui que nous sommes ici aujourd'hui.. tous les deux.”

Il se triture les mains en songeant à cette rencontre des plus particulières, mais qui l’aura laissé avec plus de questions que de réponses sur ce monde, ou même sa propre existence. Il relève les yeux vers son ami pour lui sourire, mais il enchaîne avant que ses émotions ne s’en mêlent.

“Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé une place qui me convient dans cette ville et qui répond à mes principes, sans trop de contraintes. Je suis agent de sécurité et j'ai pas mal bougé, mais tu me trouveras au centre commercial de Raccoon Square en ce moment. Ils n'ont pas de code d'honneur ici, mais je respecte toujours celui des chevaliers, d'une certaine manière.” Avoue-t-il en haussant les épaules, car il est et restera un chevalier toute sa vie, peu importe l’époque. “Par contre, je ne suis plus roi et tu n'es plus à mon service. Tu sais ce que ça veut dire ?” Il marque une pause durant laquelle il ébouriffe les cheveux du brun, rapidement et sans tact, amicalement. “Que tu peux arrêter de me vouvoyer, je ne m'offenserai pas.”

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

C’est difficile de ne pas se plonger dans les souvenirs quand on se retrouve ainsi face à son passé. Oui, Merlin faisait partie de son passé jusqu’à il y a peu, voire jusqu’à aujourd’hui s’il est pointilleux. Il ne peut réfréner ses taquineries et son sourire lorsque les mots deviennent légers, en se remémorant certains comportements vis-à-vis de leurs situations d’antan, bien différentes de leur présent. La nostalgie fait partie de lui depuis son retour à la vie, mais aujourd’hui, elle a une saveur plus douce, plus sucrée en comparaison de l’amertume à laquelle il s’est habitué. Alors peut-être se sent-il un peu plus euphorique en ces instants et que les vérités sortent plus facilement, celles autrefois gardées entre les quatre murs de sa fierté. Plus de barrière aujourd’hui, alors ? Bien sûr que si, mais elles sont seulement moins solides. Les questions et les réponses se succèdent, accompagnées de quelques tendresses subtiles dans leurs gestes, ou leurs regards et Arthur a le sentiment d’être à sa place. C’est étrange, mais c’est aussi apaisant et lorsqu’il abandonne ses baguettes ou encore, qu’il autorise Merlin à le tutoyer – et qu’il s’exécute aussitôt, il y a ce quelque chose de familier qui revient et qui le rassure. Serait-ce de la moquerie subtile cachée derrière l’apparition d’une fourchette devant ses yeux ? Ou alors, le ton espiègle avec lequel son ami tente de renverser la situation ? Et Arthur s’offusque des deux à la fois, la bouche grande ouverte et le regard incrédule.

“Est-ce que c’est une menace ? Tu peux toujours essayer, mais on sait tous les deux comment ça va s’finir. Tu n’as eu le dessus sur moi qu’une seule fois, et tu avais triché.” Dit-il en agitant la fourchette devant le nez de son ami, tout sourire alors qu’il fait référence à leur première rencontre. Sans magie, il suppose que les jeux sont contre Merlin, c’est même certain ! Toutefois, il est bien curieux de le voir essayer et puis, ce serait de bonne guerre avec tout ce que l’ancien souverain lui a fait subir. Et si Arthur s’attendait à quelque chose de plus physique, voilà que son ami vient le narguer avec son expertise sur la bonne utilisation des baguettes.

“Tu as vite pris tes aises, Merlin. Fais attention quand même.” Il garde la fourchette bien en évidence, comme si elle était devenue une arme potentielle à ses yeux. En lui autorisant pareille familiarité, il avait ouvert la porte à un petit diablotin ! Il le regrette presque autant qu’il en est heureux. Merlin lui a toujours montré le respect qu’il méritait et il appréciait cela bien sûr, mais il existait une certaine distance entre eux par ce fait. Garder cette dynamique l’aurait maintenue, et ce n’est plus ce qu’il veut.

“Oh, je ne savais pas que tu pensais de cette façon ou même, que tu t’y t’intéressais tant que ça. Les chevaliers ne sont donc pas seulement des brutes sans cervelle pour toi ?” Il a un sourire narquois à l’idée de soutirer, peut-être, quelques louanges de la part de l’ancien serviteur. En attendant, il réfléchit à la question sur son métier actuel et ça l’amène à réfléchir plus loin, à la modernité de ce monde et à la façon dont il s’y est adapté. Il a eu quelques ratés, surtout au début, mais il pense s’en être bien sorti jusqu’ici. Il rigole à la mention de l’épée.

“J’aurais bien aimé, mais c’est vu comme une arme dangereuse ici et elle serait inutile contre une arme à feu. J’ai une sorte de petit bâton à la place, mais c’est surtout dissuasif. J’ai plus souvent affaire à des gamins maintenant, mais j’ai déjà dû repousser des brutes dans un hôtel où j’ai travaillé. J’essaie de changer d’endroit tous les ans, pour ne pas me lasser.” Avoue-t-il en haussant les épaules, et puis, les expériences ne sont pas les mêmes quand tu surveilles le hall d’un hôtel, d’une banque ou les allées d’un centre commercial. Pas la même ambiance, ni les mêmes menaces, mais les commerces ont ce côté plus ‘vivant’ qui ravit mieux ses journées. “Et si on ouvrait ces bières ?” Lance-t-il finalement, tout en mangeant tranquillement son riz.

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

“D'accord, d'accord… avec le recul, j'avoue que c'était équitable, mais c'est difficile de prévoir sa défense quand on ne sait pas à quoi s'attendre.” Et il ne veut pas savoir combien de fois Merlin avait utilisé sa magie sous son nez, car ça doit se compter en centaines. “Oh ? Très bien alors, je te mets au défi de réussir à me rendre la pareille, avec mes cheveux ou autrement.” Il restera vigilant à partir de maintenant, ou pas. Il est peut-être curieux de savoir ce que leur complicité peut donner sans barrière, même si c’est relativement nouveau. Pas vraiment pour Arthur en soi, car il a toujours fait ce qu’il voulait de son pauvre serviteur, mais l’inverse n’était pas toujours vrai. Même s’il laissait passer quelques taquineries par-ci par-là, ce n’était en rien comparable à la liberté qu’il lui offre aujourd’hui. Ça ne l’empêche pas d’utiliser une fourchette pour se défendre, mais ce n’est qu’une façon de plus de l’embêter et non de le dissuader, au fond.

“Je pourrais aussi me servir de ces baguettes..” Qu’il ajoute avec une étincelle de malice dans le regard.

Mais s’il y a bien un couvert qu’il n’utilisera jamais pour plaisanter, c’est le couteau et encore ici, il se montre prudent avec les piques de sa fourchette. Cela dit, lorsque Merlin appuie l’intelligence de ses confrères chevaliers en omettant son nom, il est tenté d’attaquer… et il le fait, en prenant sa cuisse pour cible. Il en rigole malgré tout et l’écoute comparer les chevaliers à sa famille, ce qui le touche d’autant plus. Il n’est pas certain d’être la cible de ses derniers mots, même si son regard en dit suffisamment, mais son embarras prend le dessus et il répond sans réfléchir. “Bien sûr, il y avait aussi Hunith et… sans doute Guenièvre, j'imagine.” Il regrette à la seconde même où il a ouvert la bouche, alors que c’était le meilleur moment pour la garder fermée. Puis la conversation change, par chance pour son cœur paniqué.

“J'ai déjà été à la tête d'un royaume une fois et j'ai bien mérité ma retraite maintenant, tu ne penses pas ? Je voulais avoir l'esprit tranquille, protéger les autres sans me poser de questions. Trouver ma paix…” Et c’est fait, même s’il a déploré l’absence de ses proches pendant longtemps. C’est quelque chose qui commence à changer et il ne peut s’empêcher d’être optimiste pour les jours à venir, même si Morgana l’inquiète tout de même. Qui sait s’il n’a pas réveillé les prémices d’une tempête en la retrouvant ? Il aimerait tellement réparer les choses, qu’il se laisse encore trop guider par la naïveté de son cœur parfois.

Ils parlent, ils parlent, mais les bières se réchauffent et Arthur suggère de les sortir pour trinquer. C’est du moins, l’idée qu’il avait et il ouvre sa bière avant de la tendre vers celle de Merlin. “Tu as bien raison, trinquons à cela, aux pizzas et aux burgers ! Et à nos retrouvailles.” Il affiche un sourire tendre et son regard se fige dans celui de son ami, d’un bleu si distrayant. “Où étais-tu passé, Merlin ?” C’est peut-être la première chose qu’il aurait dû lui dire, mais c’est comme s’il ne le réalisait que maintenant. Il l’a attendu encore et encore, tous les jours depuis quatre ans et le voilà aujourd’hui, en chair et en os devant lui. Il n’avait pas conscience du poids qu’il avait sur le cœur avant qu’il ne s’en libère, mais il laisse le champ libre à des émotions contraires qui, désormais, se disputent l’espace. S’il est heureux, alors pourquoi sa gorge se serre ? Et s’il plaisante à nouveau avec le brun, pourquoi le fond de ses rires est triste ? “Tu ne m'avais pas oublié, hein ?” De l’humour pour cacher ses doutes, toujours.

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

Merlin marque un point avec sa remarque, mais c’est surtout par mauvaise foi qu’il se trouve des excuses. Arthur n’est pas très bon perdant lorsqu’il s’agit de défendre son ego personnel, mais il a été plus conciliant lorsqu’il s’agissait de défaites méritées dans des cadres plus sérieux. Ça dépendait du contexte et avec Merlin, tout était souvent personnel, entre joutes verbales et paris perdus qui égayaient son quotidien. Son serviteur ne manquait jamais de répartie et s’il voulait gagner un débat à tout prix, Arthur n’hésitait pas à faire valoir son autorité royale. Aujourd’hui, il pourrait encore se servir de son ancien statut pour le taquiner, mais il ne se montrerait plus aussi sévère qu’avant. Il n’a plus de sujets à convaincre ou impressionner, et ses responsabilités ont changé.

“Eh bien… j’en sais rien, surprends-moi ? Disons que tu n’es plus forcé de me laisser t’embêter sans riposter.” Répond-il naturellement, avant de se voir taquiné à propos de sa non maîtrise des baguettes. Et tandis que le naturel revient très vite entre eux, Merlin ne tarde pas à moquer son absence d’intelligence et lui, à répondre en l’attaquant avec sa fourchette. Son air étonné le fait rire et il commente alors : “tu vois, là par exemple, tu aurais pu riposter.” Mais le brun a toujours été un homme d’esprit plus que d’action, à l’inverse du Pendragon et c’est un des nombreux points où ils se complètent assez bien.

Leur conversation se dirige ensuite vers les valeurs qu’ils ont gardé de leur ancienne vie, des choses qui leur tiennent à cœur et même si Arthur comprend le sous-entendu de son ami, il ne le soulève pas. Savoir que Merlin le considère comme sa famille est une pensée agréable et c’est un sentiment réciproque, sans aucun doute, mais ça fait partie des choses qui l’embarrassent d’avouer à haute voix. Ainsi, trinquer est un bon moyen de le sauver et ils boivent à leurs retrouvailles. Cependant et alors qu’il réalise un peu plus de l’avoir retrouvé après tout ce temps, Arthur se laisse envahir par le doute. A y réfléchir, depuis sa rencontre avec le magicien, ils ne s’étaient jamais perdus de vue aussi longtemps. Il mentirait s’il disait ne pas avoir ressenti un certain manque et un vide que personne n’a pu combler, quand bien même il s’est forgé de nouvelles amitiés. Et parce qu’il a conscience des mots qu’il ne lui a jamais dit et qui lui ont brûlé les lèvres dans ses derniers instants, car cela aurait été égoïste, Arthur est en réalité nerveux. Alors il lui demande si, entre-temps, il n’aurait pas été oublié, car c’est ce qui arrive quand on perd un proche : on en fait le deuil et on finit par avancer.

Si Arthur a employé un ton léger pour minimiser ses pensées égoïstes, Merlin lui répond avec sérieux, comme s’il l’avait compris. La sincérité du jeune homme l’a toujours touchée et ici encore, ça ne rate pas. C’était déjà assez dingue qu’il soit revenu à la vie dans un tel lieu, mais il ne savait pas que Merlin y avait cru avant même que ça n’arrive. Lui avait-on dicté une énième prophétie ? “Loyal même dans la mort, du moins la mienne. Tu m’étonneras toujours Merlin.” Ses paroles suivantes le prennent de court, même si à force il devrait s’y attendre, mais plus rien ne l'oblige à rester à ses côtés désormais. Il lui renvoie son sourire sans le quitter des yeux, mais son cœur s’affole et c’est aussi agréable que déplaisant, à ne pas savoir comment déchiffrer ce qu’il ressent. C’est familier, c’est chaleureux mais aussi déroutant, et il ne sait pas encore s’il veut emprunter cette voie. Il ne voudrait pas briser ce qu’ils ont, surtout pas maintenant. “Non, c’est très bien comme ça. Je ne veux pas que ça change.” Si la chaleur qui lui monte au visage rosit ses joues, il accusera l’alcool ou le temps frais qui accompagne leur journée.

“Je le sais maintenant, oui, mais je crois que cette ville s’est aussi bien jouée de nous ! A partir de maintenant, tu n’auras qu’à me faire signe quand l’ennui te trouvera. Je connais ça aussi, et mon appartement est bien grand pour un homme seul. La télévision est devenue une grande amie. Oh ! C’est d’ailleurs une invention qui me fascine. Il y a des séries vraiment drôles et même des films sur notre époque, sur nous ! Tu m’aurais vu, à comparer le vrai du faux et protester comme si ma réputation en dépendait, mais le plus drôle c’est que-…”

Il s’est emballé d’un coup, comme un enfant surexcité à la veille de Noël, mais il faut dire que le divertissement du vingt-et-unième siècle a été révolutionnaire pour lui. Il se calme à la seconde où il s’en rend compte et s'éclaircit la gorge. “Enfin bref, je voulais surtout te dire que ma porte te sera toujours ouverte, peu importe la raison.” Il hausse les épaules avant de s’attaquer au reste de son porc au caramel. Une fois le plat fini - un peu vite sans doute - il récupère sa canette et se lève du banc pour s’étirer. “Tu connais bien ces bois ? J’y viens souvent et pourtant, je découvre de nouveaux coins à chaque fois. Ça me rappelle les forêts qui entouraient Camelot et c’est rassurant parfois, de retrouver un peu de chez soi dans l’inconnu.”

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

Leur amitié n’est plus à faire, mais leur quotidien a bien changé depuis la dernière fois qu’ils se sont vus. Et malgré les mauvais souvenirs qui refont surface, Arthur ne veut pas transformer ces retrouvailles en exutoire pour ses regrets. Alors, même s’il laisse ses émotions parler quelquefois, il ne les laisse point gagner et dans un élan d’optimisme, il pense aux jours futurs ; à tout ce qu’ils pourront partager ou découvrir ensemble, à leurs nouvelles habitudes et plus encore, libres comme ils ne l’ont jamais été. “Des soirées films… oui, ça me plairait.” Ajoute-t-il pour compléter les paroles du brun, amusé par l’idée.

Après quoi, il tourne l’attention de son ami vers les bois et il s’y retrouve un peu dans sa description. Il ne définirait pas ça par de la magie, mais il se sent attiré par la nature et les nombreux secrets qu’elle cache. Si la ville lui paraît parfois interminable tant elle est grande, le sentiment est deux fois plus fort avec la forêt. Certains la préfèrent à la folie citadine d’ailleurs, comme son double, qui fait toujours construire un château à l’heure où ils parlent. Merlin espère que le royaume de Camelot a pu être préservé et lui aussi, bien sûr. Il ne sait pas à quel moment le magicien s’est fait emporter dans ce monde, donc il ne lui pose aucune question, mais les réponses arrivent malgré tout. Il arrête son regard sur son ami pour l’écouter avec parcimonie, et un sourire qui s’élargit au fur et à mesure.  

“Elle était la mieux placée pour reprendre les rennes, je suis fière d’elle.” Néanmoins, il est surpris par les sous-entendus de Merlin concernant son ignorance. “Comment ça, tu ne sais pas ? Tu n’es pas retourné à Camelot après la bataille ? Jamais ?” Il aurait pensé que Merlin serait retourné auprès de Gaius, mais à présent ça l’intrigue. “Où es-tu allé, qu’es-tu devenu ? Hé, t’as survécu j’espère ?!” Il hausse les sourcils en lui lançant un regard mi-curieux, mi-inquiet et un brin sévère, comme des traces de son autorité passée. Il ne l’a peut-être attendu que deux jours, une semaine ou un mois avant d’atterrir ici – des années ? Non, il est encore jeune… à moins que les sorciers de son espèce vieillissent plus lentement ?

Quant à la question de redevenir roi, il n’est pas offensé, car il y a souvent réfléchi. “Je ne sais pas, Merlin. Nos amis, mon ancienne vie, le royaume… bien sûr que tout ça me manque.” Si on lui donnait le choix de retourner à Camelot, il irait sans hésiter et avec des changements plein sa besace. Son regard se fige vers l’horizon et il laisse quelques secondes de silence avant de continuer : “Arthur m’a promis une place dans son château et ça me plairait de collaborer avec lui, si j’en ai l’occasion, mais c’est tout. Tu es déçu ?” Il sourit en venant gentiment cogner son pied contre ceux du sorcier, à répétition. “Allons, cet Arthur te traitera mieux que moi. Il a fait de toi son magicien, non ? Fais de ton mieux pour l’aider, et ne t’en fais pas pour moi.” De plus, il préfère partager des moments nouveaux avec lui et même s’il ressent un semblant de jalousie envers son alter-ego, il comprend aussi l’accord passé entre les deux. “On va faire un tour ?” Propose-t-il finalement et en hochant la tête vers les bois.  

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

Parler de Guenièvre le ramène des années en arrière et aux premiers jours de son affection pour elle, lorsqu’il a fini par comprendre qu’il n’appréciait pas seulement son courage et sa loyauté, mais sa beauté et son cœur d’or également. Il ne saurait dire quand ses sentiments ont évolué, car lorsqu’on réalise être amoureux, c’est déjà trop tard. Elle a été son premier amour et il a été heureux en sa compagnie, le temps que cela a duré, mais mourir l’a quelque peu changé. Quand on se sait mourant, on ressasse bien des choses et on se pose beaucoup trop de questions.

Ai-je été une bonne personne, un bon souverain digne de mes aïeux, ai-je donné assez d’amour à mes proches, suis-je passé à côté de choses importantes, n’aurais-je donc jamais d’héritier, est-ce que Morgane aurait pu être sauvée, aurais-je pu la protéger de mon père, et Merlin, aurais-je été aveugle tout ce temps, m’en a-t-il jamais voulu, était-ce un fardeau lourd à porter, ai-je échoué ?

Elles demeurent sans réponse, mais ici et depuis quatre ans, de nouvelles questions se sont ajoutées. Alors il observe son jeune ami et perçoit un changement dans son attitude, comme un froid tombé entre eux d’un coup, fugace, mais difficile à ignorer.

“Je l’ai retrouvé, figure-toi, mais nous avons choisi de prendre des routes différentes.” Dit-il avec tendresse, mais un certain entrain aussi. “Je ne pensais jamais revoir aucun de vous et… disons que mes sentiments ont changé. J’étais comme en deuil ici, moi aussi et–” Et plus honnêtement, il a réalisé quelque chose qui n’aurait plus rendu son mariage sincère. “Elle avait tourné la page, dans tous les cas.” Qu’il avoue finalement.

Son sourire s’estompe à mesure que Merlin lui raconte son point de vue et ce qu’il s’est passé pour lui après leurs adieux. Il ne devrait pas être surpris, mais il est surtout touché par l’ampleur de sa dévotion. Il en est peiné aussi, car il a dû le faire attendre très, très longtemps avant de réapparaître et si pour lui, ça n’a été que quelques années, il peut sentir le poids des années dans la voix du magicien. “Pardon pour le retard, mon ami.” Dit-il sur un ton mi-rieur, mi-sérieux.

Puis le sujet vire sur ses désirs de reprendre son ancien rôle ou non. Arthur est heureux de la vie qu’il mène ici pour l’instant et ne compte pas en changer, mais personne ne sait de quoi l’avenir est fait et ça dépendra aussi des caprices de ce Monde. En attendant, Merlin respecte ses décisions et l’ambiance redevient légère, entre taquineries et tendres promesses qui ne cessent de le rendre euphorique. Ainsi, les sujets plus sérieux lui passent au-dessus, conscient qu’il aura des questions plus graves à lui soumettre un jour, mais pas aujourd’hui.

Quand le brun se lève, il n’attend pas pour passer un bras autour de ses épaules et les rapprocher. “Je le sais bien ! T’es un ami en or, mais tu t’en fais trop pour les autres et pas assez pour toi-même.”  Alors qu’ils avancent vers la forêt, il répond à sa question. “J’y fais parfois de longues promenades à pied et à cheval. J’ai une jument d’ailleurs, il faudra que j’vous présente ! Mais oui, en effet, j’y trouve la tranquillité.” Il ne laisse pas Merlin respirer tandis qu’il lui pince les côtes sans prévenir. “Hé, tu as toujours autant la peau sur les os !” Il s'attaque ensuite à son bras, où le résultat l’étonne. “Oh, pas mal ici.” Remarque-t-il en riant.

Enfin et après ses petites inspections, il vise à nouveau les cheveux en le décoiffant, puis le relâche pour lui faire face et marcher à reculons. “Je vois que les années ne t’ont pas rendu plus vif, mon cher Merlin.” Un clin d'œil pour accompagner ses railleries habituelles et il vient tapoter sa joue, en signe de consolation. Il avance alors à reculons pour garder son ami en visuel et continuer à le narguer sans regarder où il met les pieds, alors même s’il a de bon réflexes pour éviter les racines qui sortent du sol, ce n’est pas le cas pour le tronc d’arbre vers lequel il file. 

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

Le caractère désintéressé de Merlin n’a guère changé, même après des décennies écoulées depuis leur séparation. Arthur a bien compris que le temps avait été plus long pour son ami, mais il n’est pas non plus en mesure de deviner à quel point. “Et c’est tout à ton honneur, mais ne t’oublies pas trop en chemin.” Il se promet de garder un œil sur lui, du mieux possible malgré leur quotidien différent. Il ressent un peu plus de maturité chez lui, plus de retenue aussi, mais quoi de plus normal alors qu’ils viennent de se retrouver ? Il faut dire que c’était souvent Arthur qui le provoquait en premier et Merlin qui répondait, même si à force, ce dernier ne se gênait plus de le taquiner à la moindre occasion et en outrepassant les convenances.. Et ce sens de l’humour très taquin, le Pendragon ne l’a pas perdu.

Alors qu’ils parlent de balades et de chevaux, Arthur est impatient de lui présenter Nyx et même de lui proposer de l’accompagner, dans ses futures randonnées. En attendant, il se laisse distraire par autre chose tandis que ses mains deviennent baladeuses et taquines sur la silhouette du brun. Ses réactions le font sourire et sa menace lui fait hausser un sourcil, incrédule. “Ah oui, vraiment ? Ne t’enflamme pas, je doute que tu me fasses mal.” Dit-il avec provocation, mais il n’a pas forcément envie de trop l’énerver pour le savoir. Il le relâche donc, non sans un dernier geste pour lui saboter les cheveux avant. C’est bon, il va se calmer maintenant, mais ça lui manquait de ne plus pouvoir enquiquiner son meilleur ami de la sorte.

Cependant, il a eu la chouette idée de marcher à reculons, par défi et pour montrer son agilité au plus jeune – car s’il est capable de se battre les yeux bandés, ne pourrait-il pas avancer les yeux fermés aussi ? Et dans un coin de son esprit, il se dit que Merlin sera ses yeux, aussi. Un peu naïf comme pensée après l’avoir à ce point ennuyé, et ce n’est pas comme s’il ignorait le caractère revanchard de son ami, qui plus est… mais allez savoir, il n’a pas vu le coup venir. Au contraire, il se laisse berner par les flatteries et les signes de riposte auxquels il répond allègrement. “Quand tu veux ! Tu me flattes dis-mo…attends… tu te moques de moi ?” Et alors que Merlin s’avance vers lui d’un coup, Arthur était déjà prêt à l’esquiver et c’est ainsi qu’il se fait avoir.

Il n’a pas le temps de se rattraper quand ses pieds s’emmêlent aux racines plus épaisses, mais de toute façon, il n’a que l’air auquel se raccrocher, autrement dit rien et il part en arrière. Sa tête heurte le tronc d’arbre avant qu’il n’attérisse lourdement sur son derrière, tout grimaçant. “Ehh… il est apparu de nul part.” Qu’il grommelle, peu fier de sa performance. “Tu aurais pu m'le dire !” Se défend-il, à présent. Il se frotte l’arrière du crâne lorsqu’il réalise quelque chose soudainement, et il esquisse un sourire malgré sa mine déconfite. “Bien joué, Merlin.” Dit-il avec ironie, mais aussi un fond de fierté et alors qu’il paraît contrarié lorsqu’il plante son regard dans celui du brun, il éclate de rire peu après. “J’ai connu pire, mais ça ne m’a pas rendu invulnérable.” Il reste au sol tel un vaincu et des plaintes de douleur se mêlent à ses rires, mais il l’a sans doute mérité.

Réapprendre à se connaître

avec @Merlin Warlock

Les compliments n’ont jamais été pour lui déplaire, qu’ils soient hypocrites ou sincères. Il sait les accepter comme reconnaître leurs sens cachés, lorsqu’ils en ont. Il usait lui-même de ses codes à Camelot et il a même grandi en les apprenant, plus ou moins bien, notamment grâce à Morgane. Il ne s’agit pas seulement d’avoir une couronne et une épée pour être un prince, il faut savoir les porter et supporter leurs poids. Outre les responsabilités, son titre s’accompagnait d’un tas de convenances et de courbettes adressées aux bonnes personnes, du moment que ça n’allait pas contre ses valeurs. Ainsi, les flatteries ne lui font plus grand-chose, sauf apparemment, lorsqu’elles viennent des personnes qu’il admire avec un grand A. Guenièvre l’avait fait rougir plus de fois qu’il n’oserait l’admettre et Merlin n’est pas loin derrière, mais ce n’est pas une compétition. Il remarque juste que son cœur ne réagissait pas ainsi auprès de ses frères d’armes, mais il le savait déjà. C’est comme s’il cherchait à confirmer la nature de ses sentiments, pour peu qu’il y trouve une faille qui le ferait reculer. Difficile d’assumer quelque chose qu’il faisait taire autrefois. Sa liberté aujourd’hui ne le rend pas plus audacieux cela dit – pas là-dessus, c’est vrai. L’amour n’a jamais été son point fort.

Et toutes ces bêtises l’ont distrait ! Il n’a pas vu le piège vers lequel Merlin le conduisait, mais alors que la douleur lui coupait le souffle, il remarquait aussi l’ingéniosité de son meilleur ami. C’est ainsi depuis toujours entre eux, entre chamailleries et chutes humiliantes, mais désormais Arthur ne peut plus se venger en lui donnant une infinité de corvées. “Je vais bien.” Dit-il en riant toujours et en laissant Merlin l’ausculter, mais après quelques secondes, il chasse gentiment ses mains de là. “Je n’ai rien Merlin, ça va. Le nombre de fois où j’me suis pris des coups sur la tête, franchement..” Il ne lui en veut pas et tente de lui faire comprendre à travers son regard. Ils restent ainsi quelques secondes, dans le silence et c’est peut-être le coup qu’il s’est pris sur la tête, mais il veut quelque chose.. Et quand le moment se volatilise, il ressent comme une déception, mais il est trop sonné pour en définir la raison.

“Non.” Répond-il finalement et s’il attrape la main tendue pour l’aider, ce n’est pas pour se relever, mais pour tirer Merlin vers lui et renverser la situation. Il y met assez de force pour le déséquilibrer et ce n’est qu’une fois tombé dans ses bras, qu’Arthur lui fait goûter le sol brutalement, dos contre terre. Toutefois, il a gardé une main à l’arrière de sa tête pour protéger le brun du choc tandis qu’il prenait appui sur la deuxième, pour tenir en équilibre au-dessus de lui. “En pleine forme… tu vois ?” Il y a des fois où ses pensées s’égarent sur la texture de ses lèvres ou la douceur de sa peau, comme maintenant, mais ce n’est pas aujourd’hui qu’il assouvira sa curiosité. Il libère le jeune homme en lui adressant un clin d'œil et se relève doucement, mais une migraine pointe déjà le bout de son nez. “Mais allons voir un médecin, si ça peut te rassurer.” Ajoute-t-il enfin, en dépoussiérant ses vêtements. Le magicien n’a pas complètement tort en soi, mais Arthur peut se montrer têtu et inconscient quand ça le concerne. Ce n’est pas plus mal qu’on lui ait donné un protecteur toutes ces années, finalement.