(Abandonné) (( where your demons hide )) ✧ – thalarkin – tw. ▴ intrigue 3

where your demons hide · wilhuff tarkin x thalassa tarkin (tw ▴ intrigue n°3 (part ii)

“People who matter don't mind. They don't need all of my time. Somebody told me to light up every room. Make them remember you, but nobody here knows what I'm going through. No they never do. I miss my old friends. 'Cause they know when I need them the most. I made some new friends and they cool friends, but they don't know. What I do, what I got, who I am and who I'm not. I miss my old friends. ▴ ( old friends -- jasmine thompson) ✧  @Wilhuff Tarkin




Des zones composées d’épais feuillages et de plantes, des forêts s’étendant à des kilomètres à la ronde, des lacs impressionnants à l’eau aussi trouble que le regard assombri du Grand Moff Tarkin… –  Le Carrion Plateau sur Eriadu se dresse face à Thalassa Tarkin depuis trois bonnes heures. Elle erre entre les arbres, cherchant le moindre signe de vie humaine ici-bas. Il ne lui a pas fallu plus de vingt minutes pour comprendre sa localisation. Elle a vécu sur la planète Eriadu, au manoir familial Tarkin durant quelques années, après son mariage avec l’actuel Grand Moff. Ou plutôt, l’ancien Grand Moff. Eriadu est une planète de la galaxie qui vous laisse forcément un souvenir brûlant. Celui de Lady Tarkin est toutefois assez amer. Elle se souvient avoir toujours détesté Eriadu. Le manoir Tarkin. Les membres de la famille Tarkin, – tous des mâles à l’égo surdimensionné, froids et condescendants. Tous des aristocrates glacés, qui n’ont eu de cesse de jauger ses moindres faits et gestes au cours des premières années de son mariage avec Wilhuff. Thalassa devait être la femme parfaite. Une femme digne d’un futur lieutenant-commandant, d’un futur Grand Moff. Ce qu’elle a été, de son vivant, au prix d’immenses sacrifices et de blessures qui n’ont jamais vraiment pu cicatriser. Elle a toujours voulu comprendre… pourquoi. Pourquoi Wilhuff est ce monstre de froideur, sévère et sans émotions. Prêt à sacrifier des membres de sa propre famille pour la survie de sa doctrine. Depuis quand est-il devenu cet homme-là, peut-être qu’il a toujours été ainsi, au final. Thalassa s’est longuement positionnée en faveur de la deuxième théorie. Wilhuff Tarkin est né cruel et froid. Wilhuff Tarkin est né complètement despotique, incapable d’exprimer ses émotions ou ses sentiments. Un vrai tyran, autant pour ses ennemis que pour ses proches. Wilhuff Tarkin n’a donc jamais été un… simple enfant ? Innocent, idéaliste, et surtout attachant encore de l’importance aux émotions humaines… ?

En contemplant le panorama impressionnant du Carrion Plateau, l’épouse du Grand Moff Tarkin se fait une triste réflexion. Cette zone spécifique de la planète Eriadu est rude, impitoyable. Appartenant à la famille Tarkin. Elle contient par ailleurs de très nombreuses espèces de faune indigène extrêmement dangereuses. Malgré des nombreuses prairies, lacs saisonniers et zones plus boisées composées d’arbres maigrichons et vieux de milliers d’années, le Carrion Plateau est un territoire particulièrement hostile, où il vaut mieux ne pas se trouver à certaines heures de la journée. C’est un endroit dangereux, principalement conçu par la famille Tarkin comme un moyen d’exercer une espèce de rite d’initiation à l’attention des éléments masculins de la lignée. Les initiés doivent survivre pendant un certain temps dans cet environnement mortel, afin d’apprendre les valeurs impitoyables et dures de la très noble famille Tarkin. Thalassa le sait très bien. Wilhuff a évoqué ce fait, un jour. « Le Carrion Plateau est l’endroit où l’on enseigne la survie. » Il lui a raconté certaines des traditions familiales, sans pour autant… se montrer très loquace sur la question. Par pudeur, sans doute, Lady Tarkin n’a jamais cherché à creuser l’enfance de son époux. Elle a supposé… que certains secrets doivent rester enterrés pour le bien de tous. Foutaises. Thalassa a toujours éprouvé une certaine frustration à l’idée de n’avoir pu obtenir autre chose de lui. Elle aurait tant voulu… tout savoir. Le connaître dans les moindres détails. Tout savoir de lui, de son enfance, qu’elle soit difficile ou paisible. Thalassa espère encore comprendre l'homme qu’il est aujourd’hui pour être capable de l’aimer comme il le mérite.

Elle a l’impression de déambuler dans les bois depuis des jours entiers, alors qu’il ne s’agit que d’heures. Thalassa est peu à peu épuisée de sa longue marche, habillée d’une robe définitivement trop guindée pour une excursion dans les bois, sous un coucher de soleil époustouflant. La nuit va bientôt tomber. Thalassa sent son sang se glacer dans ses veines. Elle ne peut pas rester dans cet environnement hostile durant la nuit, elle doit à tout prix trouver un abri, une route – n’importe quoi. Elle doit surtout le retrouver. Thalassa ignore encore avoir fait un bond gigantesque dans le passé, celui de son bien-aimé époux. Elle se persuade d’être simplement rentrée à Eriadu, son mari se trouvant quelque part dans les parages. Au manoir ou bien encore sur Coruscant City. Il est là. Quelque part. Elle le sait, elle le sent dans sa chair. Wilhuff… « Wilhuff ? » chuchote-t-elle, en s’appuyant contre l’écorce rêche d’un arbre avec la paume de sa main, quelque peu ensanglantée. Elle aperçoit deux ombres, près des falaises. Deux silhouettes masculines se tiennent de l’autre côté de la clairière, en plein cœur d’une montagne située au nord de la rivière Orrineswa. Le mont Veermok. Un enfant et un adulte. Elle identifie le plus âgé comme étant son époux, mais ce n’est pas le cas. C’est Jova Tarkin, l’oncle de Wilhuff Tarkin. Elle s’approche, le sourire aux lèvres, convaincue d’avoir retrouvé le chemin de son époux. Elle l’a perdu de vue si longtemps sur cette maudite île. Deux semaines qu’ils ne s’adressent plus la parole, là-bas, et la voilà au beau milieu des bois, dans leur vrai monde. Elle ouvre les yeux sur une autre scène de leur vie, avec le souvenir douloureux d’un époux en colère et amer. Wilhuff refuse de lui pardonner certaines de ses amitiés. Il lui manque tellement, tellement qu’elle croit le reconnaître au loin… Elle confond Jova avec Wilhuff. Il faut que ce soit lui. Il faut que ce soit Wilhuff, tout simplement. Elle ne peut envisager les choses autrement. Il lui manque tant. Elle se sent déchirée comme une vulgaire poupée de chiffon loin de sa moitié.

Alors qu’elle s’élance dans la prairie, prête à hurler « Wilhuff » à tout rompre, la silhouette plus âgé se tourne vers un enfant probablement âgé d’une douzaine d’années. Thalassa se fige à l’instant même où le visage du jeune garçon se révèle de manière plus claire, sous les rayons ambrés de l’astre solaire. Ce garçon… lui est étonnamment familier. Le cœur de Thalassa Tarkin bat à tout rompre. Elle n’ignore pas qui il est, pour avoir déjà aperçu de vieilles photos dans les albums de famille au manoir Tarkin, sur Eriadu, mais… « Non, c’est impossible… » Thalassa parle à sa propre attention, marmonnant son effroi et sa stupéfaction en se laissant tomber mollement sur ses genoux, dans le champ d’herbe haute. Ce garçon, c’est Wilhuff Tarkin. Jeune. Seulement âgé d’une petite douzaine d’années. Elle veut s’approcher, mais les deux hommes se mettent à parler. Thalassa, tétanisée, reste en retrait. Elle tend l’oreille, afin de ne manquer aucune bribe de leur conversation animée. « N’essayez jamais de vivre décemment, mon garçon, à moins que vous ne soyez prêt à ouvrir votre vie à la tragédie et à la tristesse. Vivez comme une bête, et aucun événement, aussi déchirant soit-il, ne pourra jamais vous émouvoir. » entend-elle dire Jova Tarkin à son jeune neveu, encore inexpérimenté. Thalassa se mord l’intérieur de la joue presque par automatisme. Comment peut-il se montrer si dur envers « son » Wilhuff ? Comment peut-il chercher à briser les émotions d’un enfant si jeune, à vouloir lui apprendre à les comprimer si férocement en lui… Alors, c’est un éclair de lucidité qui traverse ses orbes miellés. Elle comprend tout. Elle a l’impression de saisir là la clé du mystère dans le comportement de son époux adulte. Wilhuff… Wilhuff a été endoctriné très tôt à cacher ses émotions. D’une manière bien différente de Thalassa. Plus brutale, plus mortelle, plus implacable. Thalassa retient autant que possible ses états d’âme en digne beauté froide, mais affirme pleinement ses sentiments, lorsque la situation l’exige ou lorsque le rapport de complicité entre elle et un autre être le commande. Wilhuff, quant à lui… est incapable de tout cela.

Au bout de plusieurs minutes, les éclats de voix finissent par se dissiper, au gré des mouvements des deux héritiers Tarkin. Ils se déplacent dans le champ, farfouillant ici et là, armés de fusils blasters. Ils chassent. Probablement depuis des heures maintenant. Elle ne peut s’empêcher de suivre ces silhouettes, incapable de laisser cette scène se dérouler comme elle le doit. Une terrible créature, accompagnée de sa moitié, bondissent de nulle part pour les attaquer. Des créatures infâmes, parsemées de poils doux, ce sont des sortes de loups sauvages d’une couleur semblable à celle de la violette. Jova s’en sort bien, fort d’une expérience de quelques décennies de chasse et d’un corps endurci. Wilhuff, quant à lui, en appelle à l’aide. Thalassa s’arrête brutalement de respirer. L’aristocrate se met à retenir son souffle le plus longtemps possible, tout en se dissimulant un peu plus derrière de grands arbres et des hautes herbes foncées. Elle cache sa présence, que ce soit aux deux autres humains ou à ce couple de créatures dangereuses. « Oncle Jova ! Aidez-moi ! » crie le jeune Wilhuff, désespéré. Il essaie d’évier les coups de griffes de ces créatures, tandis que Jova, demeure en retrait pour laisser à son neveu le soin de dompter ces animaux. Thalassa, à bonne distance, fulmine intérieurement, poings serrés et lèvres pincées en une moue adorablement boudeuse. « Vous êtes seul Wilhuff. » répond l’oncle Tarkin, froidement. « Oncle ! » Thalassa distingue très clairement Wilhuff tomber à la renverse pour éviter un coup mortel. Elle halète, main plaquée contre sa bouche maquillée. Non… Wilhuff. Elle doit… Elle doit faire quelque chose. N’importe quoi. Une voix lui chuchote toutefois à l’oreille de ne pas intervenir. Ce n’est pas son histoire, son souvenir. Elle doit laisser les choses se produire telles qu’elles sont actuellement sur le point de l’être, – quoi qu’il en coûte. « Tu es un Tarkin, soit tu tues ou... » S’en est trop.

Elle fait un pas en avant, en comprenant que l’oncle de Wilhuff s’apprête à l’abandonner à la merci des deux cruelles bêtes. Son instinct de femme profondément aimante la pousse à les rejoindre pour empêcher ce drame. Jova s’en va bel et bien dans le fond des bois, sans un regard en arrière pour le garçon. Wilhuff doit apprendre à survivre et se débrouiller seul. Complètement seul. C’est d’une cruauté qui lui retourne le cœur. Thalassa détourne le regard quelques secondes, incapable de supporter cette vision digne de l’un de ses pires cauchemars. Jova Tarkin abandonne son propre neveu sous les cris effarés et les appels à l’aide de ce dernier. Non… Thalassa ne peut laisser Wilhuff dans cette situation. Elle ne peut croire qu’il est capable de survivre à cette attaque conjointe, bien qu’il tente brillamment de dévier leurs crocs, tout en se maintenant à terre avec sa précieuse arme située à quelques mètres de lui, sous une couche d’herbe fraîche. Elle ouvre enfin les yeux, en prenant son courage à deux mains. Sourcils froncés, teint blême et lèvres tremblantes, Thalassa s’élance dans les champs. Oui, c'est dangereux pour elle. Oui, elle peut mourir. Thalassa ne porte aucune attention à ces considérations légitimes. Elle n'y pense pas. Elle ne pense qu'à lui. Le sauver. Le sortir de là. Espérer le rendre plus humain qu'il ne l'est aujourd'hui. Comme si...le passé pouvait être changé. Cet acte de grande bravoure révèle une chose importante sur ses sentiments pour Wilhuff Tarkin : elle est prête à sacrifier tout ce qui lui est cher pour lui. « WILHUFF ! » crie-t-elle. Elle hurle, à s’en briser les cordes vocales. Elle l’appelle, elle veut le sauver. Cela fonctionne, elle parvient à attirer l’attention du garçon qui l’observe alors, incrédule. Qui est-elle pour lui ? Personne, encore, – mis à part une très belle femme inabordable, en raison de leur importante différence d’âge. Cela ne doit pas se passer de cette manière. Wilhuff, distrait, se fait prendre par l’une des créatures. Un coup de griffe qui lui lacère l’épaule dans un hurlement. « Non ! WILHUFF ! WILHUFF ! » appelle-t-elle, les larmes aux yeux. Voir son mari souffrir le martyr fait rapidement monter l’eau au coin des cils. Thalassa n’aurait jamais dû se trouver là. Jamais… Wilhuff est blessé par sa faute. C’est un acte d’amour véritable qui a guidé ses moindres faits et gestes, mais surtout… un acte d’inconscience pure.

Finalement, alors qu’elle se trouve à mi-parcours, le jeune Wilhuff se relève, une fois avoir rampé jusqu’à son fusil blaster, – malgré la douleur lancinante qui lui martèle les tempes, le sang qui s’imprègne progressivement dans ses vêtements. Les deux créatures aperçoivent Thalassa. Elles s’approchent, affamées. C’est au moment où elles se précipitent dans les herbes, cherchant à faucher l’aristocrate, qu’une forte détonation laser vient percer l’air chargé en électricité. Le jeune Wilhuff a habilement su tirer profit de la distraction momentanée des créatures pour les frapper de plein fouet. Thalassa ne leur adresse aucun regard, tandis qu’elles s’écroulent dans le champ. Toutes ses pensées convergent sur le jeune Wilhuff, épuisé et chancelant. Ils s’observent à des mètres de distance. Ils se toisent, mais seule Thalassa détient la vérité sur sa future vie. Elle se jette à son cou, alors qu’il dépose malgré lui ses genoux au sol. Surpris, mais stoïque, le jeune Wilhuff Tarkin n’émet aucun mouvement de rejet ou de cri de protestation. A vrai dire, la sensation qui s’engouffre dans un instant aussi crucial a ce petit quelque chose de rassurant. « Je suis là… » chuchote-t-elle, agenouillée dans l’herbe près du Wilhuff enfant. Thalassa le sert fort contre elle, jusqu'à l'asphyxier et couvrir son cou de traces d'ongles ensanglantés. « Ne t’inquiète pas. Rien de mal ne pourra t’arriver. Plus jamais. Je t’en fais la promesse, mon amour. Je t’aime, Wilhuff. Je suis là… Je suis là… Je te protégerai. Tu ne vivras plus ça. Je prendrai soin de toi… Laisse-moi prendre soin de toi… » supplie-t-elle, alors que les larmes roulent au même moment le long de ses joues pleines. Thalassa pleure, parce qu'elle ressent le besoin fou de veiller sur cette jeune version de son mari. Elle doit le protéger. Elle doit prendre soin de lui. « Pardonne-moi… Je t’en prie, pardonne-moi. Je n’ai pas su te protéger là-bas, mais maintenant… Maintenant je te protégerais. » L’enfant ne comprend pas un mot, mais la présence de Thalassa appelle en lui des sentiments tendres. Il se sent presque reconnaissant de cette intervention miraculée. Cette femme, dont il ignore jusqu’au nom, affirme vouloir le protéger et l’aimer. Elle prétend le connaître. Il ne la rejette pas, car la pression de ses bras menus contre son corps tremblant, encore en état de choc, lui est profondément merveilleux. Il reçoit là un amour qui lui est interdit, privé d’une figure maternelle à ce point démonstrative. Le jeune Wilhuff s’abandonne. Il laisse cette femme étrange l’enlacer, le cajoler et même… l’aimer. Thalassa dépose un chaste baiser au milieu de son front, tandis que ses mains s’agrippent à cette nuque Ô combien familière, comme pour ne jamais se séparer de lui. Puis encore un, et encore, encore un. Elle embrasse son front à plusieurs reprises, fébrile. Rien ne peut contenir ses larmes de chagrin, mais aussi de joie. Elle se sent chanceuse de l’avoir retrouvé, même à un âge différent. Il est là... Elle peut changer son passé (non). Elle peut lui redonner l'enfance qu'il mérite. Elle peut être cette figure maternelle pour lui. Thalassa plonge ses yeux dans les siens. Elle admire ce bleu électrique, déjà Ô combien magnétique, à ce si jeune âge. Wilhuff est si jeune... Sa peau est douce, dépourvue de la moindre ride d'expression un petit peu trop creusée, d'amertume ou bien encore de sévérité. L'expression qui se lit dans le visage du garçon est de la reconnaissance. Un mince sourire orne même ses lèvres pâles, légèrement tremblantes. Il est sous le choc. Elle aussi, mais elle est l'adulte, aujourd'hui. Elle doit être forte pour lui. Elle doit être forte pour eux deux. Thalassa glisse l'un de ses doigts manucurés sous les yeux du garçon, pour récupérer quelques larmes de peur qui viennent de naître, après cette douloureuse altercation en pleine nature hostile. Elle lui répète inlassablement qu'elle est là. Thalassa ne l'abandonnera plus jamais.

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“People who matter don't mind. They don't need all of my time. Somebody told me to light up every room. Make them remember you, but nobody here knows what I'm going through. No they never do. I miss my old friends. 'Cause they know when I need them the most. I made some new friends and they cool friends, but they don't know. What I do, what I got, who I am and who I'm not. I miss my old friends. ▴ ( old friends -- jasmine thompson) ✧  @Wilhuff Tarkin




L’enfant a l’air à la fois terrifié par cet environnement hostile et perdu par les gestes d’affection de Lady Tarkin. Cela la décontenance. Wilhuff n’a-t-il jamais reçu la moindre preuve d’amour de la part de ses parents ? De sa mère ? Qui était-elle vraiment ? Thalassa ne l’a jamais connue de son vivant. Elle n’a eu le grand plaisir que de la contempler sur des tableaux et autres photographies élégamment disposées dans le manoir Tarkin, sur Eriadu. Elle n’a pas côtoyé la mère de Wilhuff Tarkin. Fort heureusement, apparemment. Mère indigne, songe-t-elle de toutes ses forces. Cet enfant est… traumatisé. Il craint d’aimer. Elle soupire alors longuement et dissimule sa colère pour lui offrir un sourire qui se veut réconfortant. A genoux devant lui, elle enveloppe son cou de ses mains, pour le garder plus près de lui. Cet enfant qui s’avère être son mari, à quelques décennies près. Cet enfant qui s’effondre en larmes dans ses bras, tout tremblant et chevrotant. Cet enfant qui lui brise le cœur… Son mari… Elle ne l’avait encore jamais vu dans un état pareil. Elle ne l’a jamais entendu ou vu pleurer de toute sa vie, à vrai dire. Cela la bouleverse si profondément, que Thalassa se sent chanceler face à lui. Elle doit prendre quelques secondes pour se comporter comme une adulte. Forte et digne. Pour lui. Elle ne doit pas pleurer de concert, elle doit lui apporter sécurité et assurance. Il en a besoin pour son initiation.

« Thalassa. » répond-elle d’une voix fluette et douce, dont l’intonation semble altérée par le chagrin et l’émotion de leurs retrouvailles. Un prénom qu’elle lui souffle dans un rire, les yeux encore brillants de larmes et les coins des lèvres légèrement recourbés en un sourire amer, à la frontière de l’euphorie et du désespoir. Lorsqu’il lui demande son prénom, Thalassa se demande si une part de lui est capable de s’en souvenir… Elle comprend la peur du garçon mieux que personne, tout comme elle comprend l’homme qu’il deviendra dans le futur. Il craint d’être la risée de toute sa famille. Une très noble famille, les Tarkin. Il doit être un homme fort pour se faire un nom dans cette galaxie. « Tu lui ressemble tellement… » chuchote Lady Tarkin, en glissant ses doigts délicats et manucurés de rouge le long des joues humides du jeune Wilhuff. « A Garoche. » C’est même son portrait craché. Ils se ressemblent tant. Au même âge. Cela la rend si triste. Elle repense alors à leur fils unique, leur fils bien-aimé, mort au combat en digne héros de l’Empire. Un vide béant se creuse dans son être tout entier. Elle le secoue fortement contre elle, pour l’étreindre au point de lui briser les os. Elle le garde si précieusement dans ses bras, en se refusant de le laisser lui échapper une fois encore… Ce n’est pas Garoche, pourtant, mais… Garoche a toujours été une extension de Wilhuff. Ce sont les mêmes, à quelques détails près.

Elle attrape le petit par les mains, tout en se redressant. Thalassa rompt une étreinte salvatrice, autant pour elle que pour lui. « Il faut partir. » D’autres monstres peuvent encore les attaquer. Il a raison. Ils doivent partir. « Je ne te laisserai pas faire ce que tu dois faire. Tu as besoin que quelqu’un veille sur toi. Tu as besoin d’une mère. » Est-ce leur ressemblance frappante, qui lui fait opérer cet étrange transfert, entre son vrai fils et son mari, plus jeune ? Ou bien la peur de perdre Wilhuff à tout jamais, d’être incapable de le protéger, y compris de lui-même ? Quoiqu’il en soit, Thalassa garde l’une de ses petites mains dans le creux de la sienne, avec fermeté et une autorité insoupçonnée la concernant. Elle lui fera entendre raison. De gré ou de force. « Je te protégerai, cette fois. » dit-elle en forçant le jeune Wilhuff à se lever d’un bond, à son tour. Elle l’emporte alors dans sa course effrénée vers le fond d’une clairière, située à quelques mètres du grand lac. Elle court avec le petit Wilhuff. Elle ne lâche pas sa main, pas un seul instant. Elle doit le protéger, l’emmener loin de ces monstres et de cette satanée initiation. Un acte barbare, rien de plus. Ce n’est qu’une fois à bout de souffle, qu’elle s’arrête, paume plaquée contre le tronc ferme de l’un de ces imposants chênes centenaires. Non loin d’un petit abri. « Wi… Wilhuff. » appelle-t-elle, pour vérifier qu’il soit toujours en bonne santé, et près d’elle. Thalassa baisse la tête vers lui, et s’accroupie alors sur l’herbe fraîche pour déposer ses paumes de chaque côté de son visage. Il a la peau si douce, si innocente. « Tu resteras caché là, désormais. Jusqu’à ce que le danger s’éloigne. Comprends-tu ? » Sans doute qu’il se rebiffera, mais elle s’en moque. Elle ne le laissera pas courir le moindre risque. « Laisse-moi prendre soin de toi. » D’un bref geste de sa part, Thalassa se positionne comme une figure maternelle. Une caresse sur sa joue gauche, fébrile et tendre à la fois.