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memories of life · sabé tsabin x thalassa tarkin

“I miss the good times we had. Now I don't know who's got my back and somebody told me to light up every room. Make them remember you, but nobody here knows what I'm going through. No they never do. ▴ ( old friends -- jasmine thompson) ✧   @Sabé Tsabin




Les doigts de Thalassa Tarkin glissent le long des épais rideaux en velours de sa chambre à Port Tarkin, tandis que ses yeux scrutent l’horizon depuis l’immense balcon en pierres blanches. La vue spectaculaire qu’elle s’offre des jardins couvets de rosiers et d’orangers est poétique, mais celle-ci ne permet pas d’apaiser sa colère. Ce qu’elle vient d’apprendre, il y a tout juste quelques heures, la met dans un état catastrophique. La goût amer de la trahison en bouche, elle cherche à comprendre les raisons qui ont pu conduire sa plus fidèle dame de compagnie à trahir sa confiance, alors qu’elle lui a finalement tout donné. Un emploi à son service, un endroit où dormir, de jolies tenues et des bijoux somptueux, du personnel à son service, des voyages exceptionnels en compagnie des Tarkin, mais surtout une position extrêmement enviable et privilégiée. Celle que Lady Tarkin a longtemps prise pour une jeune femme honnête, timide et désireuse d’évoluer dans les plus hautes sphères n’est finalement qu’une petite arriviste. Une intrigante. C’est en tout cas ce qu’elle croit pour l’instant.

Une moue sévère au visage, celle-ci dénature très légèrement la beauté naturelle de la maîtresse de maison. Cela ne lui va pas de faire la tête. Thalassa est pâle, bien pâle ce matin. Elle est aussi d’humeur maussade. Les informations qui lui ont été rapportées la veille l’ont empêché de passer une excellente nuit de sommeil. Quelques cernes se sont d’ailleurs glissés sous ses beaux yeux noisette-miel. Comme à son habitude, réglées comme une horloge, les deux femmes se retrouveront pour se préparer, avant de se rendre dans le centre-ville pour assister à une énième commémoration dédiée à la gloire de la famille Tarkin sur la planète Phelarion. Cela obsède l’aristocrate. D’ici quelques minutes, le visage de Sabé se trouvera face à elle. Et à ce moment, Thalassa obtiendra d’elle toute la vérité. L’abominable vérité.

Lorsque les portes en bois peintes dans un beige cassé s’ouvrent sur la silhouette élégante et discrète de sa dame de compagnie, Lady Tarkin ne lui adresse pas même un regard. Elle n’a pas besoin de faire volte-face. Son reflet occupe bientôt tout l’espace de la fenêtre de son balcon. « Sabé. » souffle la voix autoritaire, mais douce, de Lady Tarkin. « Je suis contente de te voir ce matin. » fait-elle remarquer avec l’ombre d’un rictus forcé au coin de sa bouche. L’intonation semble normale, mais au fond, Thalassa est pleine de cynisme et d’amertume. Un détail qu’elle parvient sans difficulté à camoufler à sa jeune servante, habituée depuis son enfance à l’hypocrisie mondaine et aux sourires forcés servant à dissimuler l’ampleur d’une détresse émotionnelle. Lady Tarkin se sent comme poignardée en plein cœur, trahie par celle en qui elle a placé tant d’espoirs, tant de confiance depuis des années. Thalassa refusera de l’admettre, mais elle s’est sincèrement attachée à la jeune Sabé. Au point de vivre ces rumeurs d’espionnage comme une trahison si personnelle et intime, qu’elle en est brûlante.

« Je t’en prie, assieds-toi. » Thalassa désigne alors d’un mouvement gracieux de la main l’une des chaises qui se trouvent devant une table ronde. « Je désire te parler de certains échos que l’on m’a rapporté dans le manoir. » Sa voix est chuchotante, presque tremblante en fin de phrase. Des échos qui viennent surtout de Wilhuff Tarkin, qui n’a jamais vraiment porté la dame de compagnie en si haute estime, et s’est toujours méfié d’elle. En marquant un temps d’absence, afin de peser ses prochains mots, Lady Tarkin cesse de lui tourner le dos, et offre à son interlocutrice une mine glacée, quelque peu fatiguée et inquiète. Si Sabé prête attention à certains détails, notamment au voile qui recouvre ses orbes habituellement chauds et bienveillants à son égard – et seulement envers elle –, elle comprendra quelque chose tracasse fortement la noble épouse de Wilhuff Tarkin. Tracassée, le mot est encore bien faible. Comment vivre autrement ce qui est en train de se passer entre elles ? La relation de confiance tissée sur plusieurs années entre Thalassa et Sabé est particulière, elle est presque fusionnelle. Elle dépasse les frontières d’une relation purement cordiale entre une domestique et son employeuse. Thalassa a eu bon nombre de dames à son service depuis son enfance, mais aucune avec la vivacité d’esprit, la douceur et la dévotion de Sabé. Thalassa s’est naturellement confiée à maintes reprises auprès d’elle, en croyant avoir trouvé une confidente, une amie, dans cette vie infernale d’épouse d’un haut dignitaire de l’administration impériale. Une échappatoire, dans sa cage dorée. Sabé est bien plus qu’une dame de compagnie. C’est une amie.

Cela fait maintenant deux ans qu’elle est à son service. Sabé. L’ex-dame de compagnie de la défunte et magnifique Reine Padmé Amidala. Il y a de quoi être fier d’avoir récupéré une demoiselle aussi importante, aussi précieuse comme le plus beau des diamants. Sabé est une dame de compagnie qui se rapproche le plus de la perfection. Elle incarne l’efficacité, la douceur et la discrétion dans un savant mélange de grâce et de beauté. Thalassa Tarkin est profondément attachée à cette dernière. Plus qu’à n’importe laquelle de ses suivantes. En tant qu’épouse d’un Moff, qui plus est, proche conseiller et ami de l’Empereur Palpatine, elle ne peut que s’en réjouir. Sabé fait généralement toujours bonne impression au cours de ses nombreux déplacements politiques et soirées mondaines. Elle est attachée, et maintenant, elle espère s’en détacher sans douleur. Meurtrie d’avoir été manipulée, en pensant sa dame de compagnie envoyée par la rébellion pour infiltrer les réseaux impériaux de l’intérieur, pour détruire ensuite sa vie. « Il est encore temps de tout me dire.  » murmure Thalassa, en lui donnant une chance de lui dire la vérité d'elle-même, avant de mettre toutes ses cartes sur le tapis. « Est-ce que tu es bien certaine… en entrant à mon service, de m’avoir tout dit ? » souffle-t-elle en posant ses iris durs, et une expression fermée sur Sabé. Elle lui laisse une chance, une dernière chance, avant de révéler ce qu’elle a appris d’elle. Une chance de lui prouver que leur proximité affective et émotionnelle n’est pas simplement le fruit de son imagination, et que cette alchimie entre elle est sincère. Son ton devient alors presque inquisiteur.