Bro for real ?!? WTF ?!?

feat. Elvis

« Ecoute… Ecoute… C’est vraiment pas le moment de parler de ça… »

Mais Elvis ne lâche pas l’affaire, et surtout, ce n’est pas comme si Jesse avait vraiment le choix, à présent qu’il se retrouve avec une arme braquée face à lui. Il ne sait pas comment il arrivera à pardonner ça à Elvis ensuite. Rien de ce qu’il a fait, même de plus cruel, ne mérite le comportement qu’il affiche à son adresse en cet instant. Ses manigances n’étaient pas belles, mais elles n’étaient pas violentes, contrairement au comportement d’Elvis en cet instant. Certes, Jesse est capable de comprendre ce genre d’état de détresse émotionnelle, ce n’est pas pour autant qu’il accepte d’en être la cible, encore moins alors que tout ce qu’il a fait, c’est se retrouver plongé dans ce putain de délire mémoriel.

« OK, c’est vrai, je suis pas ton frère, et dans le fond, j’ai bien vu que t’étais pas dupe, crois pas que je suis aussi con que ce que tu penses moi aussi. Et ouais, c’est l’autre connard qui m’a demandé de me faire passer pour ton frangin. Mais je savais pas ce qu’il t’avait fait, je le connaissais pas, moi, ce mec, et c’était de la thune facile, alors… »

Jesse parle vite, mais il sent qu’il n’a pas le choix, parce que face à l’instabilité d’Elvis, il ne sait pas vraiment combien de temps il tiendra avant de décider de le cramer le cerveau parce que, après tout « tout ça n'est qu’une illusion, hein ». Il a clairement pas signé pour ça. Lui, il a juste envie de rentrer chez lui, là, tout de suite.

« Mais j’avais l’intention de tout arrêter, je te jure, et après ce qui s’est passé, tu crois vraiment que j’ai encore envie de son fric ? J’en veux pas, non, ni du tien. T’as compris ? Je m’en fiche. JE M’EN CARRE, PUTAIN ! JE VEUX JUSTE ME BARRER DE CE PUTAIN D’ENFER DE MERDE ! JE VEUX PLUS VIVRE CA D’ACCORD ? »

Maintenant, c’est lui qui s’emballe, mais en situation de stress, Elvis n’est pas le seul à devoir faire face à d’insupportables traumas.

« Vas-y, flingue-moi, si tu veux, j’en ai plus rien à foutre, j’ai juste envie que ça s’arrête. Je veux pas revivre ce genre d’enfer… »

Cette situation et tout ce qu’elle implique trouve un écho beaucoup trop violent avec tout le reste, et Jesse n’arrive définitivement pas à se détacher de l’image que lui renvoie son interlocuteur pour le moment. Il a une empathie sincère pour lui, vraiment. Mais il doit se protéger avant tout. Mais Elvis a déjà baissé son flingue, finalement.

« C’est sûr que si tu menaces de tuer tous les gens qui t’approchent même un peu, tu vas pas te retrouver très entouré. » Jesse soupire. « Je suis désolé de ce que j’ai fait, d’accord, mais là, tout de suite… Je veux juste partir. »

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Est-ce qu’il se rend compte de ce qu’il a accepté… Oui, il s’en rend compte. Bien sûr, au début, il avait pas capté de quoi il retournait, il avait pas compris l’état de fragilité d’Elvis, et même, il avait pensé naïvement que ce serait presque innocent en comparaison de toutes les horreurs qu’il avait déjà faites par le passé. Il allait juste redonner un peu de joie de vivre à un gars qui en manquait. Et puis, ce frangin mort n’avait jamais vraiment connu Elvis, c’est pas comme si c’était un mensonge si grave. Ouais, il s’était réfugié derrière de sales excuses, mais il avait pas conscience, alors, de l’état de fragilité physique et mentale d’Elvis. Pour lui, c’était un gars qui avait tout pour lui, et trop de fric pour savoir quoi en faire, y avait rien de mal dans sa démarche. Maintenant, bien sûr, il a révisé son jugement. Jesse n’a pas besoin qu’Elvis lui fasse l’article sur combien cette situation était merdique et à quel point il fallait être cinglé pour accepter une chose pareille. De la thune facile, ouais, mais pas à n’importe quel prix. Non, Jesse ne veut plus rien avoir à faire avec ce fichu colonel, et il est sincèrement désolé du mal qu’il a fait subir à Elvis… Mais il est probablement trop tard.

Jesse se sent à bout, moralement, physiquement… Il sait que pour Elvis, c’est encore pire, mais en véritable éponge, il subit les émotions de son ami en même temps qu’il fait face aux siennes…. Et le tout ne fait pas bon ménage. Jesse n’a jamais voulu faire autant de mal à Elvis, bien sûr que non, et il se reprochera éternellement d’avoir agi de la sorte. Ce n’est clairement pas ce qu’il voulait, mais il est trop tard pour faire machine arrière… Maintenant, il ne peut que se confondre en excuses, en même temps qu’il constate combien les démons d’Elvis ont de similarités avec les siens. Ce qui est loin, très loin d’être une bonne chose.

« Je sais rien de ta vie, d’accord ? Enfin, presque rien… Avec tout ce qui vient de se passer, je comprends quand même mieux, mais t’as raison, je c’est pas ce que c’est d’être putain d’Elvis Presley. Moi je suis que putain de Jesse Pinkman, je suis pas une superstar, je peux pas connaître la pression que t’as subi, mais je sais ce que ça fait d’être exploiter jusqu’à l’os par un putain de connard. » Sa voix tremble légèrement. « J’dis pas que je peux me mettre à ta place, mais je crois que je peux te comprendre. » Jesse pousse un soupir. « Bien sûr que si tu peux te faire des amis. Et t’as besoin de te faire des amis. Rester seul comme ça, c’et pas possible. » Il pousse un soupir. « On l’emmerde, ton putain de colonel. On va rentrer chez nous et lui faire sa peau. J’suis de ton côté, vieux. Je ferai semblant de marcher dans ses combines, j’enregistrerai nos conversations… je t’aiderai à le faire tomber, je te le promets. »

Il est sincère. Toute cette situation le fait flipper et le plonge dans ses propres angoisses, mais il pense quand même que c’est la chose à faire. Et qu’ils ne doivent surtout pas transiger.

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Sous pression, et exposé à une situation beaucoup trop complexe et inexplicable, Jesse ne sait pas s’il en dit trop ou s’il n’en dit pas assez. Il se sent impacté par le discours ô combien fragile d’Elvis, qui fait naturellement écho à tout ce qu’il a lui-même subi et enduré. Il n’a pas eu le choix. Jesse se reconnaît en Elvis, mais ce n’est pas parce qu’il est capable de s’identifier à sa détresse qu’il est capable d’empêcher cette même détresse. Non, c’est même impossible, en réalité. Alors il espère juste qu’Elvis réussira à se calmer le temps adéquat pour eux afin de rentrer chez eux. Et après ça… Après… Il n’en sait rien. Il n’a pas la moindre idée de ce qu’il fera.

Il a le sentiment qu’Elvis se calme un peu. Il lui dit être désolé, qu’il ne veut pas faire les mêmes erreurs, les mêmes conneries… Il s’est fait embobiner, non pas comme une merde, mais comme une personne dont on a profité de l’instabilité. Jesse aurait envie de lui dire tout ça mais il préfère se taire. Il ne veut pas faire subir une pression supplémentaire à Jesse. Non, c’est l’inverse de ce qu’il veut, même… Il veut que Jesse se calme… et c’est dur, très dur… Car dans cette situation ô combien merdique, il est difficile de faire la part des choses.

Il n’a de toute façon pas le temps de dire quoi que ce soit, parce que le décor a changé, et la tronche d’Elvis aussi. Il a l’air… vieux… Même s’il ne doit pas l’être tant que ça. Très fatigué, aussi. Jesse devine qu’il a vieilli, lui aussi, même s’il ne le ressent pas. Ils sont donc dans une nouvelle scène. Une ultime scène, peut-être. Il me reste cinq mois à vivre. Ces mots l’agressent de manière brutale. Même s’il veut se convaincre qu’ils partiront d’ici, il ne supporte vraiment pas ça. Parce que c’est incertain, et parce qu’il ne sait définitivement pas de quelle manière gérer cette situation pour le moins inattendue.

« Dis pas de connerie, OK ? Tu vas rentrer », tente de le rassurer Jesse du mieux qu’il le peut.

Mais la vérité, c’est qu’il en sait foutrement rien, au bout du compte. Peut-être qu’ils seront coincés ici, peut-être qu’il verra Elvis mourir… Et si ça doit être le cas ? Il ne sait vraiment pas ce qu’il fera si ça doit être le cas.

« On va rentrer tous les deux. Et crois-moi, j’ai pas l’intention de me laisser embobiner… Sérieux, Elvis, qui utilise le mot « embobiner » ? » Jesse fait de son mieux pour détendre son interlocuteur, mais il n’est pas sûr que ça aura le moindre effet.

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feat. Elvis

« Avoue que c’est un peu le cas », répond Jesse dans un sourire en coin quand Elvis affirme qu’il abuse en laissant sous-entendre qu’il parlerait comme un vieux.

Sa réflexion a eu le don de le faire marrer un peu, et Elvis décide d’y voir un bon signe. C’est pas non plus incroyable, certes, mais c’est bon signe malgré tout. Et puis, c’est vrai qu’il a des expressions de vieux… En même temps, c’est normal, vu les circonstances. Il vient d’une autre époque… et même Jesse, qui vient pourtant d’une époque pourtant bien moins lointaine, se sent parfois déphasé… Alors ça veut tout dire.

Elvis lui confie que la mort ne l’inquiète pas tant que ça. Sur ce point, il est chanceux, Jesse peut clairement pas en dire autant. Lui, l’idée de mourir, ça le terrifie totalement, en revanche. Mais Elvis a de l’avance sur lui, sur ce point. Certes, Jesse Pinkman a vu la mort de très très près, et l’a côtoyée à de trop nombreuses reprises, mais il n’est pas mort lui-même quoi qu’il en soit. Alors il ne peut pas comprendre, mais il veut bien entendre, en revanche, que la nouvelle vie qui lui a été accordée est de celles auxquelles il ne veut pas renoncer si facilement.

Et pour cause, il s’en sort particulièrement bien, pas vrai ? Il s’en sort même très bien, en vérité… Il a trouvé un nouvel amour, un travail équilibré loin de ce putain de Colonel, une raison de vivre. Ah, et il a trouvé un frère, aussi, accessoirement.

« Je te le fais pas dire, t’as carrément trop de trucs à faire pour crever là, c’est moi qui te le dis. »

Il pousse un profond soupir. Peut-être aussi qu’ils doivent juste accepter cette situation comme une fatalité et cesser de se battre quand, pourtant, il n’y a absolument rien qu’ils seront en mesure de faire. Ils sont coincés, là, et à part attendre, on dirait bien qu’il ne leur reste plus grand-chose à faire dans tous les cas.

« T’as raison, mec, quitte à être là, autant en profiter, hein. Et… »

Jesse s’engage sur un terrain glissant et il le sait, mais il sait aussi que choisir ce moment pour tout leur confier ne serait pas d’une grande utilité, loin de là… Et n’arrangerait définitivement pas les choses pour eux, bien au contraire.

« Je te raconterai tout quand on sera rentré, c’est promis. Mais j’t’avouerai que si tu veux pas déprimer, c’est pas vraiment le genre d’histoire à raconter. » Il lui donne un léger coup de coude. « Se bourrer la gueule entre frangins, admets que c’est quand même carrément plus intéressant. » Il lui sourit. « Tu sais quoi ? Bouge pas de là, je vais nous trouver deux cocktails bien tassés ! »

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Ce n’est certainement pas une situation idéale, mais dans ces circonstances qui pourraient être amplement déprimantes, Jesse a presque l’impression qu’ils parviennent à trouver une sorte d’apaisement et de sérénité. Ils ne sortiront peut-être pas d’ici, contrairement à ce qu’ils continuent d’espérer, mais plutôt que de s’en inquiéter encore et encore, il est peut-être préférable de laisser couler. C’est sans doute la vieillesse qui leur tombe dessus – voilà qu’ils baissent, aisément, les bras. Ils pourraient se dire plein de choses, peut-être profiter de ce moment entre deux temps pour se raconter leur vie… mais Jesse a le sentiment que ce n’est pas le moment du tout. Non, là, c’est juste le moment d’apprécier ce moment de cloture en même temps qu’un bon cocktail, rien d’autre.

« Monsieur a une plage privée, évidemment », s’amuse Jesse, qui ne fait que chambrer gentiment Elvis. Bien sûr que ce dernier n’allait pas prendre le risque de siroter son cocktail sur une plage publique au risque d’être pris d’assaut.

Les deux sont à présent parfaitement installés sur une chaise longue, sur une agréable terrasse, ils peuvent regarder la mer et savourer le coucher prochain du soleil. Au fond, c’est certainement l’un de ces paysages idylliques pour lesquelles certaines personnes se battraient… Et eux, ils y avaient droit juste comme ça, sur un coup de tête du destin. Jesse boit une longue gorgée de sa boisson avant de daigner répondre à son interlocuteur quand ce dernier attend de lui qu’il lui dise au moins d’où il vient. Jesse hausse les épaules.

Il ne pense pas forcément que savoir d’où il vient aidera Elvis à comprendre quoi que ce soit à sa vie. Son histoire a eu lieu au Nouveau-Mexique. Son histoire aurait probablement pu avoir lieu n’importe où, pour peu qu’il ait eu un Walter White dans son sillage. Son histoire a beau être complexe et douloureuse… quelque chose fait dire à Jesse que c’était probablement inévitable.

« Albuquerque, Nouveau-Mexique », lui apprend-t-il alors sans trop savoir si cette information parlera à son interlocuteur, mais inutile non plus de trop en dire d’un seul coup. « Mais à la fin, je suis parti, changement de décor total. Direction l’Alaska. »

Des paysage solaires et désertiques aux paysages blancs et enneigés… Ce n’était pas vraiment à choix, mais plus il y pense, plus il est convaincu du fait que, si on lui en avait laissé le temps, il aurait probablement été capable de se sentir vraiment bien en Alaska. Il aurait pu oublier Jane, oublier ses parents, oublier Andrea… Recommencer, faire table rase… On peut dire qu’avec cette lune rouge, il l’avait fait dans de plus grandes largeurs encore. Avant de retrouver Mr White.

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Jesse affiche un sourire en coin, lui ne peut que s’imaginer à quel point une popularité telle que celle du king devait avoir été difficile à endurer. Lui, de son côté, n’avait pas vraiment eu de problèmes, au contraire même… Il était une célébrité dans son domaine très particulier, pourtant… Enfin, plus exactement, Heisenberg était une célébrité et il rôdait dans son arbre, mais on n’avait pas à s’inquiéter d’être sollicité sur une plage bondée quand on était Jesse Pinkman… Même si l’ancien Jesse Pinkman aurait tout à fait pu privatiser une plage rien qu’à lui s’il l’avait voulu. Bref ! Lui ça lui va très bien qu’ils ne soient pas accaparés constamment et qu’Elvis puisse profiter d’une certaine quiétude, surtout que le pauvre a vraiment l’air mal en point. Jesse a envie de le rassurer, de lui apporter une compagnie bienveillante, et le reste attendra… un autre moment.

Pour cette raison, il accepte de parler de lui – en surface, mais parler de lui quand même. Il lui parle d’Albuquerque, et Elvis lui dit avoir apprécié son expérience là-bas. Jesse hausse les épaules quand Elvis suggère que c’était un coin moins bling-bling que Los Angeles… En même temps, on fait difficilement plus bling bling que Los Angeles… en dehors de Las Vegas, ça va sans dire.

« Ouais, on est une bonne bande de bouseux », plaisante Jesse avec un léger rire alors qu’Elvis vante la simplicité de ces lieux.

Mais il sait que de la bouche d’Elvis, c’est un vrai compliment, et il le prend pour tel. D’autant que lui-même, au final, n’a au bout du compte que voulu mener la vie la plus simple possible. Ce n’est pas sans raison si c’est l’Alaska qu’il a choisie comme destination finale. Certes, c’était un bon endroit pour disparaître et se faire oublier du monde, mais ce n’est pas la seule chose qui avait motivé son choix. Les grands horizons imprenables, les montagnes enneigées à perte de vue – c’était ça qui, vraiment, avait motivé son choix plus que n’importe quoi d’autre.

« J’t’avoue, en Alaska, j’ai bien cru y laisser une couille, ou les deux », il rit doucement… « Mais c’était pas désagréable. C’est magnifique, là-bas. » Jesse hésite avant d’en dire plus mais il se lance. Il n’a pas envie de mentir plus que nécessaire à Elvis, pas après tout ça. Surtout pas après tout ça. « Fallait que je disparaisse, que je change de vie. Une page blanche, tu vois ce que je veux dire ? » Il fourre les mains dans ses poches. « Alors l’Alaska, c’était pas si mal, ouais. »

A partir de là, Elvis pourra interpréter ce qu’il veut, mais ses quelques paroles sont d’ores et déjà bien éloquentes en elles-mêmes, en vérité.

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Notre sainte patrie… cette expression fait doucement sourire Jesse, ceci dit, ce n’est effectivement pas lui qui irait contredire son interlocuteur. On se plaint très souvent de ce qu’on aime parce qu’on y voit un potentiel d’amélioration – c’est ce qu’il faut se dire en tout cas. Donc rien d’étonnant, non, à ce qu’ils soient tous les deux très attachés à leur terre natale… Et même, on pourrait dire que l’un et l’autre sont assez chauvins à ce sujet, c’est le moins que l’on puisse dire.

Jesse affiche un sourire presque nostalgique quand Elvis songe au fait qu’il aurait bien aimé partir et recommencer de zéro en changeant de nom, peut-être dans un pays où on se gèle les miches… Mais la vérité, c’est qu’on a beau dire qu’on aurait envie de reprendre de zéro, c’est des excuses qu’on se donne. Des décisions radicales comme celles-là, on les prend que si on n’a pas le choix, et au fond, Jesse aurait vraiment voulu ne jamais avoir besoin d’en arriver là. Il n’est vraiment pas fier de ce qu’il a fait, d’avoir été poussé à une telle extrémité. Il avait eu l’impression de ne pas avoir réellement le choix, et ce n’était probablement pas faux au final.

Jesse ne perd pas son sourire quand Elvis suggère qu’il a eu une vie de merde… C’est rien de le dire, et même si Elvis a probablement eu une vie de merde, Jesse ne pense pas que leurs situations sont comparables. Oui, il se trouve toujours plus de points communs avec lui, mais il faut être lucide… Elvis a été une victime de sa situation… Le statut de victime n’est pas fait pour Jesse, même s’il a beaucoup subi au cours de son existence : il a connu la perte de ses proches, la mort, la torture, l’emprisonnement, mais est-ce qu’il ne l’a pas mérité ? Il se pose souvent la question : on est bien souvent l’architecte de son propre malheur, après tout.

« T’es pas responsable de ce qui t’est arrivé », se contente de répondre Jesse d’un ton compatissant. « Et au moins, t’as vécu longtemps, tout le monde a pas cette chance-là. » Il essaie du mieux qu’il le peut de détendre l’atmosphère. « Bon, j’avoue, t’as une sale gueule, mais je suis sûr que ça pourrait être pire. »

Jesse pousse un soupir, il a vraiment, vraiment pas en vie de ressasser le passé. Et surtout pas dans un moment pareil. Là, il a juste envie de fixer l’horizon et de profiter de ce qui sera peut-être le dernier moment apaisé qu’ils connaîtront tous les deux.

« Je te l’ai dit, je te raconterai tout. Mais pas ici. Pas maintenant. » Il dépose une tape amicale sur son épaule. « De toute façon, c’est beaucoup trop long à expliquer, tu vas t’endormir avant que j’ai eu le temps de finir. »

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Jesse s’épargnera de répondre à Elvis qu’il aurait été capable de tenir mot pour mot le discours que ce dernier lui adresse quand il affirme que prendre toutes ces merdes, il l’a fait de son propre chef, et qu’il a probablement été naïf, trop bête, pour échapper à l’influence sordide de cet homme qui avait eu dès lors une part d’emprise dangereuse sur sa vie. Sur ce deuxième point, il n’est pas d’accord, ce sale type est le seul responsable d’être un sale type, et les victimes ne devraient pas se sentir coupable… mais lui-même a porté – et porte encore – le poids d’une culpabilité bien trop grande pour être endossée sans que cela ne vous bousille la santé mentale. Oui, ils se ressemblent clairement plus qu’il n’aurait été possible de le présumer, mais Jesse n’apprendra pas tout cela à son interlocuteur… Il est sincère quand il lui dit qu’il lui expliquera tout, mais les choses doivent être faites en temps et en heure, et Jesse est convaincu du fait que ce n’est définitivement pas le moment.

« Je sais, t’as une mémoire d’éléphant », le chambre gentiment Jesse, quand Elvis lui dit qu’il a intérêt à ce qu’il tienne sa promesse, sans faire aucun commentaire quant au fait qu’il redoute de le voir s’effondrer sous ses yeux. C’est la vérité, oui, il le sent… épuisé, physiquement, moralement. Il a surtout peur que si Elvis ferme les yeux, il se retrouve à les fermer pour de bon. Et il n’a pas envie d’assister à ça. Il préfère donc trinquer, comme Elvis leur suggère si bien de le faire. « A notre seconde vie », renchérit-il avec un sourire très sincère aux lèvres.

Est-ce qu’ils rentreront ? Jesse n’est pas d’un naturel optimiste… Certainement pas assez pour se convaincre du fait qu’ils sortiront bel et bien indemnes de cette situation aussi tortueuse qu’angoissante. Il n’est pas du tout certain qu’ils rentreront. Mais il garde tout de même cette possibilité dans un coin de son esprit qu’il découvre de plus en plus embrumé – sait-on jamais.

« C’est-à-dire, on tape quoi comme délire ? » il répond sans être sûr de comprendre à quoi s’en tenir plus exactement. Il ne sait pas du tout comment interpréter les premiers propos d’Elvis, en revanche, il sait très exactement de quelle manière interpréter les seconds, et sans l’ombre du moindre doute. « J’ai pas l’intention de te la mettre à l’envers, clairement pas, après tout ça. » Il marque une pause. « Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire, mais tu peux avoir confiance en moi. »

Jesse n’est pas forcément quelqu’un de fiable, c’est même souvent tout l’inverse. Mais il est loyal envers les personnes qui à ses yeux le mérite. Et Elvis, eh bien… Il a plus que largement mérité la confiance de Jesse Pinkman.

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feat. Elvis

Jesse se réfugie derrière son verre d’alcool tout en approuvant d’un hochement de tête. Effectivement, hors de question que ce connard s’en sorte indemne. Après tout ce à quoi il a assisté, tout ce qu’il a vu de sa part, il serait positivement horrifié de le voir repartir les mains dans les poches, comme si rien ne s’était passé, comme s’il n’était absolument rien arrivé. En effet, oui, ce fils de pute de première ne doit pas s’en sortir, et Jesse en fait une affaire personnelle. Parce qu’il se sent attaché à Elvis, qu’il considère dorénavant sincèrement comme un frère même si le même sang ne coule pas dans leurs veines, et parce qu’il a une revanche à prendre sur sa propre vie…

Il a vécu ça, pas dans les détails, mais il est capable de se mettre à la place d’Elvis et de ce qu’il a vécu, et il aurait eu besoin que certains le protègent de Mr White à l’époque (il en aurait encore besoin maintenant, d’ailleurs, mais il n’a pas son pareil pour se bercer d’illusions à ce sujet). Non, il est pas question qu’il s’en sorte facilement, reste à savoir comment le prendre au piège, parce que de toute évidence, c’est pas le genre à se faire avoir si facilement. Il va falloir feinter… et feinter très sérieusement.

« Ouais, on va faire ça, de toute façon j’ai besoin de son fric », il ajoute en se marrant légèrement quand Elvis suggère que Jesse fasse mine de continuer à jouer le jeu pour endormir la confiance du Colonel afin de récolter le plus d’infos possibles.

C’est un plan simple sur le papier, mais pas forcément si évident dans le fond, parce que Jesse sait d’avance qu’il va se sentir sur le fil, et nerveux constamment. Et que ça risque de se ressentir. Ce n’est pas une mission évidente que celle qui lui est confiée, mais il fera le nécessaire pour être à la hauteur. A-t-il un autre choix quoi qu’il en soit ? Non, bien sûr que non, et il se doit d’être à la hauteur des attentes d’Elvis et de cette situation.

« Et avec tout le pognon qu’on va lui rafler, on va se faire plaisir, crois-moi. Et on partage, bien sûr », il ajoute avec un clin d’œil, comme si cela pouvait rattraper vraiment le marché qu’il avait accepté de passer par le passé, et dont il n’est pas spécialement fier, il doit le dire.

« Une fois qu’on en saura plus et quand il m’aura dans ses petits papiers, ce sera plus facile de l’entuber, surtout s’il croit que t’as avalé le truc à fond. »

Ce qui est assez comique quand on y pense, car Jesse, dès le début, n’avait pas été si crédible que ça.