Dance Like Nobody's Watching

feat. Selina

La musique, forte à vous transpercer les tympans, une techno indistincte dont on finit par ne plus apprécier que les basses régulières, une odeur déplaisante d’alcool et de transpiration, un éclairage au néon à faire fuir un épileptique… voilà où Jesse aime se détendre et passer ses soirées quand l’occasion lui en est donnée, dans cette boîte de nuit miteuse qui a le mérite de ne pas réclamer des mille et de cents à l’entrée, et encore moins une tenue correcte. Il a découvert cette boîte un jour où un client lui a demandé d’y faire une transaction, mais ce n’est pas pour cette raison qu’il est là. Ce soir, Jesse veut seulement danser et oublier.

Ouais, c’est pas spécialement le cadre le plus idyllique, le plus précieux ou même le plus plaisant, mais tant que la musique est forte, tant que la piste de danse pleine à craquer vous perd dans une masse humaine indistincte, ça lui convient… Jesse peut s’oublier, oublier les merdes qui lui collent à la vie, oublier son passé tumultueux et son présent pas plus glorieux, oublier Jane et le souvenir ravivé de sa mort, oublier Walt et son putain de cancer, oublier Andrea, et Brock… et absolument tout le putain de reste.

Prétendre que Jesse danse en cet instant serait un peu exagéré, disons plutôt qu’il sautille sur place, les yeux fermés et l’attention focalisée sur une musique dont il ne saurait même pas prétendre qu’elle lui plaît vraiment… Dans le fond peu importe. Noyé dans la marée humaine, et l’esprit en vacances… Jusqu’au moment de décider qu’il est temps pour lui de se rafraîchir au bar.

Là, au comptoir, l’atmosphère est un peu plus vivable : les gens ne sont pas amassés les uns sur les autres, et aussi, on peut s’entendre parler… Pas dit que ce soit nécessairement une bonne chose, mais dans tous les cas, Jesse sait apprécier cette sorte d’intermède qui lui fait le plus grand bien, avant de repartir dans l’arène.

« Une bière », il commande à la serveuse, de l’autre côté du comptoir. « Et… » Il tourne son regard vers la femme debout à côté de lui. Dans la semi-pénombre, il ne distingue pas très bien les traits de son visage, il ne voit que sa longue chevelure brune et sa silhouette avantageuse. Honnêtement, ça lui suffit largement. « Ce que mademoiselle prendra », ajoute-t-il dans l’intention d’attirer son attention.

Quand elle se retourne vers lui, il a comme un vague sentiment, quoique lointain, de familiarité, trop lointain en tout cas pour qu’il réalise qu’il a déjà rencontré cette jeune femme, dans des circonstances bien différentes de celle-ci.

« Je m’appelle Jesse », il se présente alors en attendant de faire plus ample connaissance avec cette jeune femme qui pourrait peut-être lui offrir une autre opportunité d’oublier, et de chasser ses démons, au moins temporairement.

Dance Like Nobody's Watching

feat. Selina

Cette voix lui est vaguement familière, mais Jesse n’est certainement pas capable de reconnaître celle de la voleuse agile qui l’en avait largement fait baver au cours de leur première rencontre. Non, il ne voit qu’une jolie jeune femme particulièrement élégante, et totalement à son goût, qui semble suffisamment sensible à ses attentions pour lui donner le vague espoir qu’elle acceptera de finir la soirée chez lui. Elle a de beaux yeux, un beau sourire, elle lui plaît immédiatement. Il boit une propre gorgée de sa bière alors que la jeune femme engage la conversation avec la plus grande facilité. Sans doute est-elle habituée à ce genre de discussion. Ça n’aurait rien d’étonnant, en même temps. Une fille comme elle… elle ne passe pas inaperçu, il n’est certainement pas le premier homme à l’avoir jamais abordée, et il ne sera probablement pas le dernier. Si sexiste cette pensée puisse-t-elle être, Jesse songe que cette jeune femme doit rarement payer ses consommations, dans cette boîte ou dans n’importe quel bar. Ça lui est pas mal égal, en réalité, tant que pour l’instant, elle s’intéresse à lui, et passer une soirée en bonne et séduisante compagnie, c’est précisément ce dont Jesse a besoin pour mettre de côté ses angoisses, ses questionnements, le flot de ses souvenirs traumatisants, ce qui a un peu trop souvent et un peu trop bruyamment tendance à accaparer ses pensées et son esprit torturé.

« C’est un joli nom, Selina. Pas courant »

Et ça, c’est certainement l’approche la plus bateau à laquelle Jesse pouvait bien penser. Lui-même s’agace intérieurement d’être à ce point… lourd, mais il a bu… et même sans ça, on ne peut pas franchement dire que Jesse Pinkman ait jamais été un parangon de subtilité. Heureusement que son interlocutrice n’a pas l’air de lui en tenir rigueur et passe rapidement à un autre sujet. Elle semble curieuse, et cette curiosité ne déplaît pas à Jesse, qui décide d’y trouver un signe particulièrement encourageant.

« Faut forcément choisir entre les trois ? » il demande en riant.

Amateur de musique indistincte, oui, tant qu’il peut sentir les basses pulser et s’harmoniser avec les battements de son cœur. Amateur d’alcool, oui, comme tout ce qui peut être susceptible d’anesthésier ses pensées – et de réduire drastiquement son espérance de vie… Jesse a toujours eu un tempérament autodestructeur.

« Pour les rencontres, ça dépend. Elles valent pas si souvent la peine, ici. » Souvent, d’ailleurs, ses conversations se réduisent à un minimum très strict. Jesse ne recherche pas, il faut dire, des interactions sociales très profondes, pour des raisons évidentes. S’attacher ne lui a jamais rendu un fier service. Ni n’a rendu un fier service non plus à ceux qui ont commis l’erreur de s’attacher à lui. « C’est la première fois que tu viens ici ? J’crois pas t’avoir déjà vue. J’m’en serais souvenu, sinon. »

Bon sang ce qu’il peut être lourd ! Une vraie catastrophe.

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feat. Selina

Dans le fond, Jesse voit bien que son interlocutrice se moque gentiment d’elle et de ses approches bateau. Il ne peut pas lui en vouloir, parce que clairement, il ne fait pas dans la dentelle, mais elle est beaucoup trop canon – et lui a sans doute un peu trop bu – pour lui en tenir rigueur ou même se sentir vexé en quoi que ce soit. Non, vexé, il ne l’est pas le moins du monde, il espère juste que cette approche hasardeuse ne la dissuadera pas de faire plus ample connaissance avec lui. Il y a de la malice dans son regard, et contrairement à lui, elle a clairement du répondant. Ça ne la rend que plus intéressante à ses yeux. Le sentiment d’étrange familiarité qu’il ressent en sa présence ne le lâche pas, par ailleurs. C’est pire encore, il a d’autant plus le sentiment de la connaître, tout en se convainquant du fait que c’est impossible.

On ne peut pas oublier les femmes comme elle, pas vrai ? Même si elles sont changeantes et joueuses… Peut-être un peu vicieuses, aussi, mais en même temps, en termes de vices, ce n’est pas exactement comme si Jesse pouvait se permettre de dire quoi que ce soit. Quant aux autres demoiselles dans ce club qui pourraient éventuellement être offensées par sa remarque… comment dire que Jesse s’en moque strictement. Elle est clairement la femme la plus intéressante qu’il ait rencontrée depuis un bail, et ça, il ne peut clairement pas l’ignorer.

« Tu déconnes pas vrai ? » il demande, décontenancé, quand elle affirme qu’il ne se souvient pas d’elle – ce qui est techniquement vrai. Il sent bien qu’elle n’est que faussement vexée, en revanche, lui, il est définitivement dérouté, car une part de lui ne peut certainement pas tolérer l’idée d’être à ce point sourd, aveugle ou idiot. Pourtant, il sait régulièrement être les trois à la fois, et c’est proche de l’habitude la plus stricte, à ce stade. « Je devais être sacrément défoncé si on s’est déjà croisés, parce que je te jure, t’es carrément… »

Il se rend bien compte qu’il est en train de partir en vrille totale, et xque ce n’est pas exactement la meilleure manière de s’attirer la sympathie et certainement pas l’affection ou l’admiration de son interlocutrice.

« Oublie ça, je parle trop… », il dit alors, histoire d’ajouter au pathétique de la scène, comme si ce n’était pas suffisant. Et suffisant, ça ne l’est définitivement pas. « Dis-moi comment je peux me faire pardonner », suggère-t-il alors en se plongeant dans son verre, comme une manière de se raccrocher à quelque chose et surtout de ne pas totalement perdre le contrôle de la discussion (c’est mignon de sa part de croire qu’il l’a un jour eue).

Dans tous les cas, il est curieux de savoir ce qu’elle a à lui proposer plus précisément, sachant qu’il devine aisément que lui offrir un verre – voire même plusieurs – ne sera pas suffisant à ses yeux.

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feat. Selina

Elle joue la carte du mystère. Cela pourrait peut-être l’agacer, c’est loin d’être le cas, cela ne la rend que plus séduisante à ses yeux. Il faut dire qu’elle n’a pas besoin de faire grand-chose, en réalité. Il suffit d’un sourire, d’une remarque enjôleuse, d’un battement de cils… et Jesse est déjà séduit. Cette femme doit faire des ravages, et il est définitivement convaincu du fait qu’ils ne jouent pas dans la même catégorie… mais ma foi, puisqu’elle ne semble pas encore s’être lassée de sa compagnie, Jesse en profite autant que possible. Après tout, ce n’est pas comme s’il recherchait autre chose que des aventures sans lendemain dans tous les cas. L’amour, il a donné, il s’y est brûlé les ailes, et les femmes de sa vie ont particulièrement mal fini… Quelque part, s’enticher de filles qui n’ont aucune raison de s’enticher de lui, c’est aussi s’épargner d’éventuelles souffrances… et en épargner au sexe opposé.

S’ils se sont déjà croisés, en tout cas, une chose est certaine, ce n’est pas dans l’état où il se trouve qu’il s’en souviendra, d’autant plus qu’il est loin, très loin de l’associer aux circonstances toutes particulières de leur première rencontre… Et pourtant, ce n’est pas faute de lui avoir laissé une impression des plus marquantes… mais un tel changement de contexte altère absolument tout, y compris ses capacités d’analyse et de réflexion. Bon, pour sa défense, Selina cache bien son jeu… Mais Jesse n’est pas toujours le couteau le plus affûté du tiroir, il faut aussi l’admettre.

« Ça va, c’est pas trop cher payé… sauf pour tes orteils, éventuellement », répond Jesse avec un léger sourire quand, pour se faire pardonner, la jeune femme lui assure qu’il n’a rien de plus à faire que de l’inviter à danser. Ah, s’il savait, il la lui avait refusée, cette danse, dans des circonstances bien différentes. Mais cette femme au caractère exceptionnelle, il finirait bien par l’admettre, n’a pas son pareil pour obtenir toujours précisément ce qu’il veut.

C’est sans retenue qu’elle se colle à lui, et Jesse mentirait s’il affirmait qu’il ne trouvait pas sa danse particulièrement… sensuelle. Clairement, elle a le sens du rythme, et elle danse particulièrement bien, si bien qu’elle saurait presque faire oublier que lui-même bouge à peu près aussi élégamment qu’une sardine arthritique. Ils dansent, et tandis qu’ils dansent, Jesse prend la peine de porter un œil plus attentif encore à cette femme splendide, dont il est assez difficile de croire qu’elle puisse vouloir lui accorder une telle attention.

« Tu ne m’avais pas dit que tu étais une danseuse pro », la nargue-t-il gentiment, en appréciant franchement que ce soit elle qui mène la danse, en réalité. « Tu voudras faire quoi, après ? » dit-il à voix plus forte histoire de se faire entendre par-dessus la musique.

Autant tenter le tout pour le tout, pas vrai ?

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feat. Selina

C’est difficile de rester concentré sur ses pas de danse ma foi très relatifs et franchement maladroits quand son attention tout entière se voit accaparée par la beauté incandescente de cette jeune femme qui enflamme quasi-littéralement la piste de danse. Jessie en revient pas qu’une femme comme elle lui accorde autant de temps et d’attention, elle est… brillante, sûre d’elle, tout ce qu’il pourrait désirer chez une femme, tout ce dont il devrait se méfier chez n’importe qui… Et alors qu’il se fait cette réflexion, elle lui apprend, de son côté, avoir fait de nombreux métiers au cours de son existence. Il s’interroge. Elle est un peu plus âgée que lui, elle s’est probablement beaucoup cherchée, comme lui, sauf que lui ne s’est jamais vraiment trouvé, et que le bon à rien qu’on l’estimait être a rencontré plus de portes fermées que de véritables opportunités de travail, faut quand même dire ce qui est.

Avant de s’engager sur une voie qui ne devrait convenir à absolument personne, disons. Il réalise qu’il a envie de tout savoir, à son sujet, sur les différents métiers qui ont été les siens, sur ce qu’a été sa vie… Peut-être parce qu’elle sait entretenir une aura de mystère… Lui qui a tendance à se fermer aux relations qui dépassent un seuil purement physique, pour sa propre paix d’esprit, découvre qu’il serait bien capable de s’intéresser à cette femme, au-delà de son physique attirant… Raison pour laquelle, probablement, ses suggestions et réflexions sont avant tout triviales… Parce que c’est un sujet qu’il maîtrise bien davantage que ce qui doit avoir l’épaisseur et les complexité de ces relation qui par essence sont susceptibles de vous briser violemment le cœur et de vous briser intérieurement.

« C’était très sexy jusqu’à ce que je m’imagine effondré sur mon lit, au milieu de mes chaussettes sales, les bijoux de famille à l’air et la bave aux lèvres », il répond avec un sourire. Il aime son franc parler. Quand elle veut séduire, elle n’hésite pas à aller droit au but… Même si elle n’aurait définitivement pas besoin de cela pour le séduire de toute manière, tant il la trouve attirante dans tous les cas, peu importe ce qu’elle peut bien dire ou faire. Il est clairement dérouté par son comportement, mais il est aussi très attiré… Ses murmures à son oreille déclenchent chez lui un frisson qui vient mourir dans sa colonne vertébrale, aussi délicieux qu’inattendu. Elle est proprement exceptionnelle. Comment voulez-vous que ce genre de filles ne vous rendent pas positivement dingue ? « Tu pourrais venir chez moi tout de suite, plutôt », il suggère alors, plus aventureux, parce qu’à moins qu’il se foire complètement, les signaux qu’il lui adresse lui paraissent tout de même plutôt clairs. « J’habite pas loin », il ajoute comme ultime argument pour la convaincre, oubliant quand même un peu vite qu’il ne vit pas seul, et que Mr White ne sera peut-être pas ravi de voir sa conquête débarquer au beau milieu de la nuit. Bah… après toutes les merdes qu’il a essuyées à cause de lui, il lui doit au moins ça, pas vrai ?

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feat. Selina

Un long frisson traverse son échine au moment de sentir les ongles de la belle danseuse s’enfoncer dans le tissu de son T-shirt, au creux de ses reins. Il y a chez cette femme quelque chose d’animal, de séducteur… de bestial, qui ne le laisse pas indifférent, bien au contraire. Tout ce qu’elle dégage lui inspire une envie terrible, en même temps que le sentiment qu’il n’y a absolument rien en ce bas monde qui devrait justifier le fait qu’elle s’intéresse, de près ou de loin, à son improbable personne. Elle lui plaît plus que de raison, même s’il est convaincu qu’on ne peut pas tomber sous le charme d’une femme comme elle sans y laisser quelques plumes, c’est même une certitude. Leurs lèvres sont si proches qu’il ne sait plus se concentrer que sur elles quand elle affirme qu’il lui reste quelques heures pour ranger son chez-lui et espérer qu’elle l’y rejoigne, qu’il a du mal à se concentrer sur quoi que ce soit d’autre.

Elle le mène probablement en bateau, il y a de fortes chances pour qu’elle ne vienne pas le trouver. Mais quand elle vient poser ses lèvres dans les siennes et l’embrasse longuement, passionnément, il ne sait rien faire d’autre que de lui rendre son baiser. Son cœur bat la chamade, et il reconnaît que si ce baiser est un avant-goût de ce qui l’attendra ensuite… il est très impatient de voir ce que ça donnera. Il pose sur elle des yeux rieurs et en même temps animés d’un désir qui ne pourrait définitivement pas échapper à la jeune femme.

« C’est pas très intelligent de filer son adresse à une inconnue », il fait avec un sourire malicieux, complice.

Il n’a pas tort, cependant. Donner son adresse à une voleuse professionnelle, ce n’est pas franchement malin… mais ce n’est pas comme s’il se rendait compte de qui elle était. Ce n’est pas comme s’il avait conscience, par ailleurs, du fait qu’ils se sont déjà rencontrés, tous les deux. Ceci dit, ce n’est pas comme s’il y avait grand-chose à voler chez lui… Si l’on fait abstractions des quelques kilos de meths qu’il a cuisinés dans son sous-sol.

Alors, parce que Jesse n’est pas exactement la prudence incarnée, et parce que, dans le fond, il a très envie de la revoir et de tenter le coup, il fouille vaguement ses poches et y déniche un stylo. Il s’en sert pour écrire son adresse à même le bras de cette femme remarquable et envoûtante.

« Comme ça, tu ne pourras pas prétendre l’avoir perdu », il lui dit en souriant.

Et maintenant, il est probablement temps qu’il y aille, surtout si ce doit être pour ranger et suggérer à Walter de ne surtout pas quitter sa chambre… Mais il n’aura peut-être pas besoin de ça, en fin de compte… Impossible de le dire. Et pour cette raison, il n'a pas envie de s'en aller tout de suite.