Sparkles of joy in a world full of sadness ((Thalassa x Pansy))

Sparkles of joy in a world full of sadness ((Thalassa x Pansy))

“i could try to forget what you do when i let you get, through to me but then you do it over again. i could rage like a fire and you'd bring rain I desire untill you get to me on my morningside. keep my distance i tried. no use. but no matter the miles, i'm back to you.” (morningside ▴ sara bareilles) ✧  @Pansy Parkinson



Celle que l’on connaît sous le nom de Lady Tarkin ne dort pas encore à cette heure tardive. Son esprit créatif est en ébullition depuis des heures, lisant des magazines sur l’art moderne avec la ferme intention d’organiser un vernissage spécialement consacré aux jeunes talents de la ville. Un événement qu’elle imagine chic, guindé et soigné. À son image. Elle tapote les touches virtuelles de son iPad Pro pour prendre des notes, installée entre les draps soyeux de son immense lit en baldaquin, avec un verre de vin rouge dans l’autre main. Cela fait quelques semaines déjà qu’elle souffre d’insomnies. Ses rêves sont hantés par les mêmes événements, les mêmes souvenirs et les mêmes personnes. La même personne. Wilhuff. Son bien-aimé mari. Une relation abusive, compliquée entre deux aristocrates aux valeurs conservatrices, à la morale plus que douteuse, et au tempérament aussi froid qu’une nuit d’hiver. Malgré tous les obstacles inhérents à leur éducation traditionaliste, Wilhuff et Thalassa jouissent d’un mariage pérenne. Du moins, ils ont jouis d’un pareil mariage jusqu’à la mort de Wilhuff.

Thalassa interrompt son activité pour consulter brièvement ses dernières notifications, dans l’espoir de trouver un signe de sa colocataire. Pansy Parkinson. Cela fait des heures qu’elle guette un message de sa part. Pansy n’est pas encore rentrée de l’une de ses escapades nocturnes. Non pas que les sorties de sa meilleure amie l’accommodent, loin de là, mais la jeune femme lui manque atrocement. Elle lui manque souvent dans ses absences. Thalassa et Pansy vivent en colocation entre les quatre murs du manoir de son « défunt » mari depuis trois ans déjà, mais c’est une fausse impression. En réalité, Thalassa a le sentiment d’avoir partagé la vie de Pansy Parkinson depuis toujours. Leur amitié est ce qui la ramène à sa part d’humanité — elle est la personne qui lui importe le plus — en-dehors de Wilhuff — dans sa vie. C’est un fait nouveau pour elle. Thalassa n’a jamais eu de véritable amie dans son monde. Elle n’a toujours eu d’yeux que pour son vénérable époux, en lui consacrant ses jours et ses nuits sans un regard pour d’autres êtres humains. Elle n’a jamais éprouvé le besoin de se confier à ce point auprès d’une autre femme. Ses confidences avec Wilhuff Tarkin lui ont toujours suffit. Elle n’a jamais eu besoin d’une amie. Elle n’a jamais eu le temps d’avoir une amie. Maintenant, ce temps est révolu.

Sa séparation brutale avec Wilhuff Tarkin a favorisé l’émergence d’une nouvelle Thalassa Tarkin. Plus libre, plus autoritaire, plus sociale. Pansy est son évidence, sa découverte sur cette île, son âme sœur amicale. Elles se ressemblent physiquement au point d’être prises pour des sœurs jumelles. Bien qu’elles aient une vie opposée, elles se ressemblent plus qu’elles ne le pensent. Elles ne se sentent pas jumelles en vain, elles le sont. Elles partagent une véritable complicité pure et sincère, elles se comprennent sans même avoir à prononcer le moindre mot. Elles partagent les mêmes obsessions — chacune pour un homme spécifique. Très spécifique. Drago Malefoy. Wilhuff Tarkin. Toutes deux se sont retrouvées dans des relations intenses et abusives. Toutes deux ont aimé jusqu’à la déraison. Toutes deux se sont vu arrache l’être de toutes leurs convoitises. Toutes deux ont aimé de manière compulsive et obsessionnelle. Toutes deux désespèrent de retrouver leur âme sœur. Pendant trois ans, elles se sont échangé tous leurs secrets, toutes leurs insécurités. Thalassa connaît absolument tout de l’histoire d’amour entre Pansy et Drago. Pansy connaît également tout de l’histoire d’amour entre Thalassa et Wilhuff. Un jour prochain alors — peut-être bien qu’elles retrouveront le chemin de l’homme de leurs obsessions. Thalassa y pense souvent, et à chaque fois, elle se persuade qu’elles le retrouveront ensemble. Comme deux vraies sœurs siamoises, liées par des forces supérieures. Jamais l’une sans l’autre. Quelle erreur. Il ne lui est jamais venu à l’esprit que l’une puisse retrouver l’homme tant fantasmé avant l’autre. Jamais. Jusqu’à ce soir.

Elle repose son verre sur sa table de chevet après avoir remarqué une présence dans la pénombre de sa chambre. La porte s’entrouvre en grand pour laisser place à sa sœur. Pansy. D’un simple coup d’œil vers l’écran de sa tablette tactile, Thalassa vérifie l’heure. Il est trois heures passées. La femme du feu Grand Moff accueille sa jumelle d’un faible sourire de pure béatitude. « Ma Thalie. » l’entend-elle appeler. Ma Pansy... Un large sourire éclaire instantanément son visage à la divine vision de sa jumelle. Nul besoin de réponse, ce sourire sincère exprime amplement son bonheur de la voir passer le pas de sa chambre. Maintenant que Pansy fait partie ds sa vie, elle n’imagine pas un seul instant devoir renoncer à son amitié indéfectible. Un lien invisible les lient comme de véritables jumelles. Une communion d’esprits et de cœurs. Elles sont liées par leurs obsessions. Par les hommes infâmes de leur vie. Lorsque Pansy se glisse dans l’obscurité de sa chambre, son amie la gratifie d’un petit tapotement de la paume de sa main contre le duvet de son matelas. La chambre de Lady Tarkin est une véritable chambre de princesse, avec de très beaux meubles inspirés de la Renaissance, des bibelots et des peintures colorées et pastels qui la représentent de bien des manières (bonjour le narcissisme). Parfois aussi, ces tableaux racontent des scènes de la mythologie grecque. « Viens, je t'en prie. » souffle-t-elle. Pansy ne se fait pas prier. Thalassa la couve du regard lorsqu’elle dépose ses talons sur le parquet pour monter sur le grand lit. Elle replie son plaid moelleux pour couvrir son amie avec.

Elle frissonne, et vient se frotter les bras avant de ranger son iPad dans le tiroir de sa table de chevet. Pansy s’installe à ses côtés, se nichant en cuillère contre sa poitrine. Le sourire de Thalassa s’allonge, alors qu’une douce chaleur réconfortante s’engouffre en elle. Une chaleur amicale, qui lui rappelle que la solitude lui pèse sans Pansy. L’angoisse qu’elle a éprouvé plus tôt laisse enfin place à une sensation de sérénité. « Tu veux un verre ? » s’enquit-elle, en lui proposant de terminer son verre de vin rouge. « Tu ne devineras jamais… » La voix de son amie est fluette, pleine de dévotion.  Elle semble littéralement sur un petit nuage. Tant de lumière la laisse perplexe. Pansy Parkinson irradie comme elle n’a jamais irradié en trois ans amitié et de complicité quotidienne. Une pensée traverse même son esprit. Et si la source de ce bonheur soudain revêtait l’apparence d’un beau blond aux yeux bleu acier ? Non… C’est impossible. Pansy ne peut l’avoir retrouvé aussi vite. Et pourtant, elle ne peut se détacher de cette intuition. Une intuition de plus en plus forte, qui lui fait rater quelques battements cardiaques. Thalassa arque un sourcil. Pansy dégage une aura de bonheur intense qui la submerge de questions. Que s’est-il donc passé ce soir ? « J’en connais une qui a passé une soirée en très bonne compagnie, me tromperais-je ? » En réponse aux embrassades de sa jumelle, elle vient déposer un baisse dans le creux de sa nuque, après avoir écarté quelques mèches de ses cheveux sur le côté de son épaule. Thalassa accompagne sa remarque d’un léger éclat cristallin. Elle connaît bien trop sa jumelle pour savoir que cette dernière a fait une  belle rencontre. « Ma jolie, dis-moi. Ma chère Pansy, dis-moi tout. » Thalassa l’encourage à tout lui raconter dans les moindres détails. Tout. Elle veut tout savoir.

L’intuition de Thalassa Tarkin se confirme quelques secondes plus tard, lorsque son amie lui confie un lourd secret : « … J’ai retrouvé Drago. » Sa surprise est immense, le choc est tel que Thalassa reste silencieuse quelques instants. Elle accuse le coup, en ignorant comment réagir — son plaisir est immense, à la hauteur de sa surprise. Il n’existe personne sur cette île qui désire autant qu’elle que Pansy accède enfin au bonheur. « Pansy… Par les étoiles… Comme je suis heureuse pour toi ! » s’exclame-t-elle enfin, en enveloppant la taille de son amie de ses bras menus. Elle embrasse  délicatement le creux de son épaule, avec une infinie tendresse. « J’ai souvent rêvé de ce moment. » confesse-t-elle. Rien de plus étonnant — Pansy lui parle depuis trois ans de Drago, de long en large et sous toutes les coutures. Elle ne pouvait qu’espérer voir son amie enfin heureuse et les aspirations de son pauvre cœur brisé comblés dans les bras de sa moitié. Thalassa demeure silencieuse, en prêtant une oreille attentive aux circonstances de leurs retrouvailles — avec un léger pincement au coeur. Malgré tout le bonheur qu’elle éprouve pour Pansy, elle ne peut qu’être un petit peu plus brisée de constater que son propre bonheur n’est pas encore à porté de main. Elle est de très loin de caresser le doux fantasme de retrouver un jour son cher Wilhuff. Tout allait bien au début, parce qu'elles étaient deux âmes brisées. Deux moitiés de coeur. Thalassa se sent maintenant si seule. Désespérément vide. « Tu avais raison… Vous étiez bel et bien destinés. » Drago et Pansy sont des âme sœurs. Depuis Poudlard. Les âmes sœurs se retrouvent toujours, un jour ou l’autre. Cette constatation fait prendre des couleurs plus ternes au visage gracieux et bien dessiné de Thalassa Tarkin. Les âmes sœurs se retrouvent toujours, se répète-t-elle avec tristesse. Elle et Wilhuff ne sont finalement pas faits pour être ensemble. Pourquoi Pansy et pas elle ? Pourquoi Drago et pas Wilhuff ? Un flot de questions s’agglutine dans son esprit tourmenté, ce dernier oscillant entre joie et déception. L’une des jumelles trouve le bonheur, tandis que l’autre se sent encore plus dépérir. Une autre question lui vient presque immédiatement à l’esprit. Une question angoissante. Maintenant que Drago et Pansy se sont retrouvés, il est bien naturel qu’ils emménagent ensemble. Elle a conscience du nombre d’années passées à attendre Drago. Elle sait à quel point Pansy l’aime, comme une fanatique. La mission de Thalassa est de rendre son amie heureuse — quel qu’en soit le prix. Elle doit apporter sa pierre à l’édifice de son bonheur. Même si cela lui brise son coeur de bien des manières. L’idée de se retrouver seule dans ce grand manoir la terrorise, mais elle préfère dissimuler sa gêne. Thalassa hésite une fois, puis deux fois. « Tu… Qu’allez-vous faire maintenant que vous vous êtes retrouvés ? » Les mots peinent à s’échapper de ses lèvres, mais maintenant qu’ils le sont, son coeur s’emballe de plus belle. Elle recherche cette réponse tout en la craignant en même temps. Perdre Pansy, après avoir perdu Wilhuff est terrorisant. Comme sauter du haut d’une falaise sans parachute. Nous y sommes pourtant. Ce moment tant fatidique est finalement arrivé.