“i looked to the sky last night, and my eyes caught the light of a star. burning like the memories of brighter days, and i know this life is all mine. just a moment in time, but everyday's another beginning's so. pull yourself together. you know it's for the better. now, it's our turn. it's our turn to carry this way. nothing is forever. you can't predict the weather. now, it's our time and i'll help you carry this way.” (
you're always here ▴
ashley tisdale) ✧
@Pansy Parkinson 16. 04. 22 ▴ MANOIR TARKIN-PARKINSON, DANS L'ALLÉE RÉSIDENTIELLE DE BAKER STREET AVENUE ▴ 20H
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Pansy ! ─ s’exclame une voix haut perchée, snobe et irritée. La voix signature de Thalassa Tarkin. ─
Pansy, ma chère, où as-tu emporté mon rouge à lèvres ? ─ Elle farfouille longuement dans chaque trousse à toilette en tissu et boîte à maquillage qui se trouvent éparpillées ici et là dans leur gigantesque salle de bain. Thalassa soupire d’agacement en ne retrouvant pas la couleur fétiche qu’il lui faut impérativement porter à cette fameuse soirée. On ne fête pas des retrouvailles avec un simple paquet de chips et une bouteille de mauvais vin. Et ce soir, c’est la grande fête. Pansy a retrouvé Drago, son amour de jeunesse, celui dont elle ne cesse de parler depuis plus de trois ans. Celui qu’elle ignorait jusqu’à il y a quelques semaines qu’il se trouvait également sur l’île. Thalassa ne peut qu’être heureuse pour elle. Elle sait mieux que personne qu’une obsession amoureuse peut être douloureuse à vivre. Penser aux retrouvailles entre Drago et Pansy ne fait que la conforter dans l’idée folle qu’un jour, peut-être, quelque chose d’aussi merveilleux viendra frapper à sa porte. Et si Wilhuff se trouvait également quelque part ? Thalassa est bloquée sur ce fantasme depuis que Pansy est rentrée un jour chez elles en criant avoir retrouvé Drago Malefoy dans l’office de son cabinet de notariat. Malheureusement, cette pensée s’est très vite muée en une obsession quotidienne, jour et nuit, elle ne cesse de s’exciter sur l’éventualité de retrouver son mari. Elle épuise son amie avec son mari, moralement parlant, mais elle est incapable d’imaginer autrement sa vie. Pansy a beau lui prouver de toutes les manières possibles que son mari n’est qu’un sombre imbécile, cela ne sert strictement à rien.
Thalassa agrippe chaque coin du meuble, et plonge son regard vert ambre dans son propre reflet, depuis le miroir mural. Les sourcils foncés et la moue boudeuse, tout laisse croire que Thalassa s’impatiente dangereusement. ─
PANSY CHÉRIE ! ─ crie-t-il, avec un mélange d’agacement et d’excitation, dans l’espoir de voir débarquer sa meilleure amie d’une seconde à l’autre par la porte de leurs appartements. ─
Je suis encore loin d’être prête et les invités ne vont plus tarder à arriver ! ─ Trop tard. Un son familier vient siffler désagréablement à ses oreilles, celui de la sonnerie de la porte d’entrée. Thalassa jure mentalement. Elle est loin d’être parfaite ! Prête, elle l’est, mais il lui manque cette fameuse couleur de rouge à lèvres, la seule capable de mettre en valeur sa véritable beauté. Thalassa s’inquiète de ne pas pouvoir être absolument parfaite. Elle se faisait quelques idées depuis un certain temps, persuadée de rencontrer son mari à cette orgie d’alcool et de petits fours. Qui sait, peut-être se trouverait-il parmi la longue liste des invités et de leurs proches. Après tout, si Wilhuff se trouvait sur cette île, la première chose qu’il ferait ne serait pas de la retrouver ? Sa vie est depuis des mois complètement sans-dessus-dessous. Cela fait un peu plus de trois ans déjà que la vie de Thalassa s’est littéralement transformée. Comme crashée. Elle s’efforce encore aujourd’hui de se reconstruire dans cette nouvelle vie de riche mondaine trempant dans des affaires illicites avec Qi’ra.
Lady Tarkin n’est pas du genre à jeter l’éponge aussi facilement. En se ruant sur l’un des sacs à main de Pansy, avec le vague souvenir de l’avoir vue ranger son rouge à lèvres dans l’un d’entre eux, pendant leur dernière sortie en ville. Au bout de quelques minutes, le précieux Graal est enfin entre ses doigts parfaitement manucurés. Thalassa soupir de soulagement. Un rictus se niche au coin de ses lèvres pleines et nues. Sans rouge à lèvres, la jeune femme se sent comme dépossédée de tous ses vêtements, voire de tout son argent. Elle n’imagine pas un instant sortir dans un lieu avec d’autres êtres humains autour d’elle sans s’être parfaitement apprêtée. Les apparences sont primordiales en ce bas monde. L’aristocrate se dirige ensuite vers l’un des miroirs qui se trouve dans le dressing pour appliquer un peu de couleur sur ses lèvres pulpeuses. Elle débouchonne élégamment le capuchon en vernis noir, et vient apposer le bout du bâton sur sa lèvre inférieure. La couleur est puissante, un beau rouge sang profond, un peu lie de vin. Thalassa savoure la texture crémeuse qui glisse sur ses lèvres comme la caresse d’un amant transi. Elle apporte un soin méticuleux à ce que chaque coin de lèvre soit parfaitement dessiné. Thalassa est habituée, si bien qu’il ne lui arrive jamais de déborder, à moins d’être excessivement distraite par une source extérieure. Une fois satisfaite de son reflet dans le miroir, elle frotte avec énergie ses lèvres quelques secondes entre elles pour que le produit se répande bien entre les plis. En refermant le tube de rouge à lèvres, avant d’appliquer un dernier spray de son parfum, elle s’observe une dernière fois dans la glace. Son maquillage de soirée est bien appliqué, choisi avec goût, pour que les couleurs puissent s’harmoniser avec les nuances dorées de ses cheveux. Thalassa a coloré ses paupières d’un léger voile ocre, ses cils sont recouverts d’une fine couche d’un mascara recourbant et volumisant très noir, ses sourcils sont discrètement redessinés, et ses joues sont fardées dans une teinte champagne. ─
Parfaite. ─ murmure-t-elle à son propre reflet. Les premiers éclats de voix résonnent en bas, ils l’avertissent du fait que sa présence est plus que souhaitée. Pansy soupire pour la énième fois, tout en rejetant ses cheveux en arrière d’un revers gracieux de la main, désinvolte et classe jusqu’aux bouts des ongles. Ses cheveux soyeux, bruns de base, mais parsemés de mèches blondes ondulent délicatement sur ses frêles épaules. Un élégante frange décore son front.
En s’extirpant de sa chambre, la jeune femme se dirige vers l’un des grands escaliers en marbre donnant sur le hall d’entrée où quelques petits clans se sont déjà formés. Des groupes de deux à quatre personnes, tous avec un verre d’alcool en main. Du vin, du champagne, du whisky, voire un cocktail. Pansy a fait les choses en grand. Sans doute espère-t-elle aussi que Drago vienne faire une petite visite… Lorsqu’elle descend, Thalassa fait exprès de prendre sa plus belle démarche lascive et élégante. Ainsi habillée, cela ne peut que rendre son plus bel effet. Une petite robe noire, très classe, entièrement faite en dentelle, avec une longueur mi-genoux et un fond de robe noir, afin de ne pas tomber dans la vulgarité et dans la transparence. Des exclamations d’admiration venant de certaines de ses connaissances encouragent ses efforts. ─
Thalassa ! Tu es magnifique ce soir ! ─ souffle une proche collègue, critique d’art, avec laquelle elle discute bien souvent des derniers vernissages en vogue. Un semblant d'amie, qui n'en est pas vraiment une. Une amitié de façade pour le travail, rien de plus. De faux compliments. Un sourire niais. ─
Très belle robe. Dolce&Gabbana ? ─ L’intéressée répond par un rire léger et aérien, en approuvant d’un hochement de tête la suggestion portant sur la marque de luxe de sa robe. ─
Excuse-moi de te couper, mais où est cette chère Pansy ? ─ souffle Thalassa d’une voix pleine de suffisance. Cette discussion ne l’intéresse pas, et elle semble d’avis de le faire comprendre. Finalement, rien ni personne n’a autant d’importance que sa meilleure amie. ─
Sans doute dans l’autre pièce. ─ Elle lui répond avec la même froideur hypocrite, mais Thalassa n’est nullement affectée par ce timbre de voix. Entre dames de ce monde, les affections sont la plupart du temps exprimées avec soit beaucoup de pudeur, soit beaucoup d’hypocrisie. ─
Excusez-moi… ─ renchérit Lady Tarkin en disparaissant pour traverser l’autre bout du hall d’entrée, le bruit de ses talons aiguilles claquant frénétiquement sur le marbre, pour atteindre le grand salon.
Un détail attire rapidement son attention et la fait mystérieusement vriller. Là-bas, toutes les personnes présentes semblent obnubilées par quelque chose. Thalassa fronce les sourcils en s’approchant d’un pas décidé de cette petite masse d’invités réunies devant ce qui semble être le poste de télévision. Elle s’exclame en désignant d’un mouvement de la tête l’écran allumé sur le journal télé du soir. ─
Qui a allumé le poste de télévision ? ─ se plaignit-elle en rejetant une seconde fois ses cheveux en arrière, agacée par le fait que l’un de ses invités s’est senti mystérieusement poussé des ails. « Pansy ? » D’un coup d’œil, elle découvre une tête brune très familière, près des enceintes, celle de Pansy. Un sourire se dessine sur ses lèvres peintes, alors qu’elle entreprend de se frayer un chemin entre les invités, quitte à les forcer à se pousser par un
« excusez-moi » ou avec un discret coup d’épaule. ─
Pansy, que se passe-t-il… ? ─ s’impatiente-t-elle, une fois arrivée à hauteur de sa meilleure amie. Pansy est sans voix, le visage livide, comme celui de toutes les autres personnes présentes dans la pièce. Thalassa écarquille les yeux, stupéfaite par la vision d’horreur qui se découvre sur l’écran de télévision. En plein JT de 20 heures, une scène atroce, d’une bestialité sans nom se déroule sous leurs yeux impuissants. Une femme, dont le visage est encore dissimulé par une mauvaise prise de vue, est torturée devant des millions de téléspectateurs par un homme étrange, déguisé comme un clown. C’est d’ailleurs ce que certains invités semblent particulièrement retenir de la scène plutôt que les souffrances de la pauvre victime. Des chuchotements, à peine audible, montent à leurs oreilles.
« Pourquoi est-ce qu’il est déguisé en clown ? » souffle un homme.
« C’est pas Halloween, quel con ce type ! » répond un autre.
« Je hais les clowns depuis que j’ai lu Stephen King. » renchérit une femme. Thalassa s’agace de leurs murmures, de ces phrases qu’elle considère immédiatement comme beaucoup trop déplacées pour mériter un commentaire de sa part. Lady Tarkin est trop précieuse pour ces imbéciles.
« J’ai trouvé la vidéo originale sur YouTube ! Celle-ci est censurée ! » Thalassa lève les yeux au ciel, comme s’ils se croyaient dans un film d’horreur.
« Envoie le lien ! » Thalassa s’apprête à faire entendre sa voix cinglante et glaciale, lorsque le visage figé dans une moue d’effroi attire son attention. Les choses s’enchaînent alors à une vitesse folle. Elle ancre ses beaux yeux bleus sur l’écran de télévision qui met bien en évidence le visage ensanglanté de la victime du Joker. ─
Mon dieu… ─ murmure-t-elle en plaquant sa main contre sa bouche.
Qi’ra. Qi’ra Sorrento. Ce prénom s’échappe des lèvres rouges de Lady Tarkin, dans un souffle chaud. L’effroi. La terreur. La stupéfaction. Tant d’émotions qui se succèdent en elle et qui lui font toucher du bout des doigts les portes de l’Enfer. C’est dans le feu de ce dernier que son courroux s’abattra. ─
Qi’ra Sorrento. ─ C’est un cauchemar, c’est forcément un cauchemar. C’est forcé. Thalassa refuse d’admettre l’impensable, ses yeux scrutent dans les moindres détails les traits gracieux du visage de Qi’ra. Elle essaie de trouver une imperfection ou une faille lui permettant de croire que ce n’est pas elle, mais cette femme torturée et gémissante, est bien Qi’ra Sorrento. Thalassa s’accroche au doux fantasme que ce ne soit qu’un montage, une blague cruelle et de mauvais goût. Mais ce n’en est pas une. Pourquoi elle ? Comment peut-elle s’être retrouvée sans protection, aussi fébrile qu’une brindille entre les mains sadiques d’un clown démoniaque ? Thalassa est habituée à la violence, au sang des innocents versé des mains de ses soldats, des proches de son mari. Bien qu’elle le soit, ce qu’elle observe depuis de longues minutes déclenche en elle une envie de vomir tout ce qui se trouve dans son estomac. Ses jambes flagellent, parce qu’elle est incapable de contenir ce tsunami d’émotions violentes et vertigineuses.