Five aimait passer du temps dans ce café au coin de la rue. Simplement parce qu'il savait qu'il n'allait pas être embêté. Pas que Diego l'emmerdait spécialement mais il était très... nerveux. Five aimait bien avoir son espace à lui pour bosser et dans l'appartement pas bien grand dans lequel ils vivaient tous les deux...
Au final, cet endroit, il l'avait trouvé là. Et Five pouvait passer des heures à siroter un café plutôt bon servit par une personne qu'il pouvait apprécier. -et c'était rare venant de lui.- Elle n'était pas bête, elle pouvait parfois lui donner des conseils qui n'étaient pas mauvais. Five avait fini par comprendre qu'elle était d'une grande sagesse malgré son jeune âge. Donc à vrai dire, il se sentait bien. Et c'était l'espace idéal pour travailler. En plus, elle avait bien compris qu'il souhaitait avoir la paix et elle connaissait d'avance ce qu'il souhaitait. Donc elle ne perdait pas de temps. Elle le servait à son arrivée, pendant que lui-même essayait de comprendre pourquoi et comment ils avaient atterri ici.
Car c'était aussi devenue une lubie pour Five. Les morts revenaient à la vie, il n'y avait aucune logique. Loin de son apocalypse, et de logique, il devait nourrir son esprit d'une nouvelle chose. Et comme un junkie il avait besoin de comprendre pourquoi... Jusqu'à ce que ca ne suive plus et là... il se retrouvera sans rien. Et même Five n'arrivait pas à se projeter à ce moment fatidique. Est-ce qu'il péterait les plombs ? Il ne voulait pas y penser... Enfin... Les plombs ca faisait un moment qu'ils avaient disjonctés.
Le soir arrive. Five range ses notes et les mets dans le sac en bandoulière qui l'accompagnait lors de ses escapades pour ses recherches. Il finit de payer. Visiblement, Gwen avait fini son service. Surement trop occupé, il ne l'avait pas vu partir. C'était régulier, il sait qu'elle ne lui en voudra pas.
Il passe la porte du café, glisse ses mains dans les poches de son pantalon pour commencer à remonter la rue qui mène à leur appartement à Diego et lui. Alors qu'il marche tranquillement, il entend alors du remue ménage dans une rue adjacente. Five tourne le regard et voit une jeune femme se faire alpaguer par deux types qui ne semblaient pas fort sympathique. Five s'arrête. Il n'était pas du genre à jouer les héros. C'était pas son délire mais en même temps... Il ne pouvait pas laisser des marioles emmerder une jeune femme. C'était Luther le bon samaritain ou encore Diego. Lui, il était plutôt égoïste et se fichait un peu de tout le monde.
Il se demanda une longue seconde s'il allait intervenir quand il remarqua que c'était Gwen. Bon, d'accord, il n'y avait plus à réfléchir. Il ne pouvait clairement pas lui faire ça. Il réajuste sa trajectoire, les mains toujours au fond de ses poches et arrive près de la scène. Un de ses fameux sourires ironiques se dessine sur son visage.
" Messieurs... " Annonce-t-il quand il arrive à leur hauteur. " Vous vous êtes perdu peut être ? " Il regarde la jeune femme. " Gwen, tu pouvais m'attendre pour que je te raccompagne. " Fait-il avec délicatesse envers elle pour montrer qu'il la connaît.
Bon, les types se concertent en un regard et se mettent à rire. Après tout, il n'avait l'air que d'un adolescent et pas bien costaud qui plus est. Five avait l'habitude, sauf que s'ils continuaient, ils n'allaient pas rire bien longtemps. Five claque sa langue contre son palais, signe d'un premier agacement.
" Ha ouais ? Le morveux a décidé de raccompagner la demoiselle ? T'as décidé de te la faire ou... t'es juste trop con pour te mêler de ce qui ne te regarde pas... - Hooo hoooo... " Il rit doucement. " Par contre, toi tu es trop con pour fermer ta gueule. Si j'étais toi, je me la bouclerai, et je nous laisserai tranquille. Si tu choisis l'autre option et que tu continues de nous emmerder avec ta grande gueule... Et bien... Ca risque de ne pas être beau à voir. Capiche ? "
Journée banale, comme les nombreuses où Gwen troque sa tenue de civile pour un tablier de serveuse. Oh bien sûr, elle aime beaucoup le contact avec la clientèle. Servir donuts et café sont devenus une habitude depuis son arrivée ici. Si elle a pendant longtemps peiné à trouver ses repaires, ce qui lui provoque encore parfois une montée d'angoisse, la jeune femme a su reprendre du poil de la bête afin de vivre pleinement cette vie qui lui a été injustement volée dans son univers. Elle était morte, jamais elle n'aurait du bénéficier d'une seconde chance comme celle-ci alors autant en profiter au maximum. Personne ne sait combien de temps cet endroit sera en mesure de tous les accueillir.
A force de venir travailler ici tous les weekends et les mercredis, Gwen est en mesure de mettre un nom sur certain visage. L'un des clients récurrent se prénomme Five et sous ses airs d'adolescent, elle sait qu'il est bien plus sage et âgé qu'il n'y paraît. Elle connaît par cœur le café qu'il aime boire et la pâtisserie qu'il lui arrive de choisir, sans même qu'il n'ait besoin de la saluer. A l'image de nombreux autres clients, Five passe beaucoup de temps entre les murs du Central Perk et ne s'en va que lorsqu'il a terminé ce qu'il avait à faire. Elle n'est donc pas étonnée le moins du monde de le voir encore assit près du comptoir lorsque dix-neuf heures sonne.
Service terminé, elle retire son tablier et l'accroche au vestiaire avant de saluer ses collègues. Rien de prévu pour elle ce soir, si ce n'est bouquiner, observer les étoiles depuis la fenêtre de sa chambre et dîner une pizza devant une émission de télévision barbante. Une routine parfois ennuyante que Gwen comble par quelques sorties en semaine, cinéma et bowling pour chasser l'ennui quand le cœur lui en dit. Mais il semblerait que le trajet du retour ne soit pas aussi calme que d'habitude ce soir lorsque son chemin croise celui d'un petit groupe d'individu. Leurs rires ne présagent rien de bon et bientôt, la voilà prise à partie par ces hommes qui sentent l'alcool à plein nez. Si elle grimace, elle sait de toute manière qu'elle ne pourra pas faire grand chose seule face à ces sales types. Alors son dos heurte le mur derrière elle et un hoquet de surprise lui échappe. "-Laissez moi tranquille !" Crache-t-elle en agrippant son sac à main. Elle se souvient avoir laissé sa bombe de poivre sur la table de la cuisine, grave erreur.
Mais le vent tourne et la figure familière de Five fait soudainement son apparition. Un soupir de soulagement lui échappe car, si les hommes se moquent ouvertement de ce qu'ils pensent être un gamin, Gwen sait que sous cette petite taille se cache beaucoup de ressource. Elle ne craint plus grand chose désormais. "-Désolée, tu avais l'air bien occupé quand je suis partie." Dit-elle, comme si elle ne faisait plus du tout attention aux quelques individus venus l'importuner. "-Vous devriez vraiment écouter ce qu'il dit. Il n'a pas l'air comme ça mais, il est loin de rigoler."
Five connaissait un peu ce genre de connards qui n'avaient tellement pas de couilles qu'ils emmerdaient les nanas à la sortie des bars. Bien souvent ca n'allait pas bien loin, mais parfois ca pouvait dégénérer, surtout quand ils étaient en bande comme ici. Bien entendu, ils ne le prirent pas au sérieux, surtout qu'il avait l'allure d'un gamin encore, même s'il a pris quelques années depuis lors. -et heureusement, car Five cru à un moment donné qu'il serait totalement prisonnier d'un corps d'adolescent à jamais. De quoi vous donner mal au crâne mais passons.-
Gwen reconnu Five, elle répondit à sa remarque, qui était surtout par pour faire comprendre qu'ils se connaissaient bien tous les deux et que les jeunes cons n'avaient pas à jouer les marioles avec eux. Bien entendu, notre jeune numéro cinq ajouta une remarque sarcastique pour bien leur faire passer le mot.
Toujours les mains dans les poches, il fronce graduellement les sourcils, lui donnant un air plus vieux. -bien que tout restait relatif car plus vieux, il était.- Five les observe en train de ricaner et se foutre de lui.
" Cherche pas Gwen, ils sont tellement cons qu'ils ne comprennent qu'un mot sur deux de ce que tu dis. "
Celui qui semble être le chef de meute arrête de rire et bombe le torse pour montrer d'un seul coup qu'il est le mâle Alpha. Un air qui apprécie pas la remarque du plus jeune en apparence. Five soupire longuement quand il le voit se rapprocher et bien qu'il fasse une tête voir deux de plus que lui, notre garçon le regarde avec un air consterné et toujours avec un calme olypiens. Après ce que Five avait pu voir dans sa vie, ca n'était pas une racaille qui allait lui faire peur.
" Tu viens de nous traiter de cons là ? - Ho ! Il a compris. Aurais-tu besoin que je répète ? Ou alors mon vocabulaire est assez léger pour toi, tête de noeud ? "
Le poing du mec fuse vers Five qui disparait immédiatement. Le gars titube et se sent perdu de voir ce type disparaitre sous ses yeux. Five attérit simplement derrière lui, et lui donne un grand coup de pied au cul qui le fait voler sur le macadam. Ses deux autres potes le regardent avec de gros yeux, alors que le premier ahuri gémit au sol, son nez aillant malencontreusement heurté le gravier du bitume.
" Bon, on continue ou ca va ? Les idées vous ont été remises à votre place? J'ai pas trop envie de me battre ce soir, surtout pour des abrutis dans votre genre. On a pas l'même niveau les gars... "
Les deux autres étaient prêt à s'enfuir, mais le caid, blessé dans sa fierté n'avait pas envie de laisser le gamin s'en tirer si facilement. Il est déjà en train de grogner et se redresser sur ses pieds pour venir attraper Five et regagner sa fierté. Mais Five était clairement plus rapide, et il contourna sa furie meurtrière et lui attrapa le bras sur le côté et en lui retournant dans son dos. Bloqué, gémissant à moitié plié en deux, le gars grogne au jeune garçon de le lâcher. Finalement, Five se penche vers son oreille, un sourire carnassier se dessinant sur ses lèvres, il lui souffle ces quelques mots;
" Je te lâche tu dégages, et je ne te vois plus trainer dans le coin. Si je te retrouve à emmerder n'importe qui, sache que je ne vais pas simplement te foutre la honte devant ta petite bande de connards, je vais te refroidir une bonne fois pour toute. Ai-je été clair ? "
Il attend que l'homme réponde positivement, non sans laisser un long gémissement sortir de sa gorge. Five fait un peu pression sur sa torsion du bras prêt à céder pour qu'il se dépêche dans sa démarche. Une fois fait, il le relâche et fait deux pas en arrière pour revenir près de Gwen. Il soupire longuement et se tourne vers elle, alors que les types se tirent en courant.
" Ca va ? " Demande-t-il simplement. Il glisse de nouveau ses mains dans les poches de son pantalon, reprenant son air nonchalant. " Tu ne devrais pas rentrer seule le soir comme ça... Mais je ne suis pas là pour te faire la morale. Tu devrai trouver quelqu'un pour te raccompagner. Enfin... " Il pose un regard aux alentours, ses lèvres esquissent un sourire en coin sarcastique avant de laisser tomber sa nuque en avant en se secouant la tête. " Plus facile à dire qu'à faire. Niveau sociabilité, je suis grave à la traine. Ne me demande pas de te faire un cours. " Il relève la tête. " Mais tant qu'on y est, je serai ton homme pour la soirée. Et en tout bien tout honneur. Tu me connais... " Il esquisse un de ses fameux larges sourires qui était sincère cette fois-ci. Il se laissait rarement gagner par la sympathie des gens, mais Gwen avait fait ses preuves pour Five.
Gwen ne sait pas trop quoi penser de la situation. En plusieurs mois de vie passés dans le coin, jamais encore quelqu'un n'avait pris la peine de la coincer dans une rue pour l'agresser. Bien sûr, cela fait remonter de bien vilain souvenir que l'arrivée soudaine de Five repousse dans un coin de sa tête. Ces trois hommes n'ont pas l'air de se prendre pour n'importe qui, comme s'ils accordaient un point d'honneur à montrer qu'ils sont en position de force. Des loups ridicules, une meute de pacotille composée de gros bras aux ventres ramollis par la bière, des tatouages clichés pour couvrir leurs bras. Ils n'ont rien de bien effrayant mais Gwen sait que seule, le combat était perdu d'avance. Comme elle aurait tant aimé que Peter débarque de nul part, suspendu au bout d'une toile pour la protéger de ces trois crapules. Mais au lieu de ça, c'est Five qui s'occupe de la défendre. Elle sait qu'elle ne risque rien, car l'adolescent n'en est pas vraiment un et ses compétences en matière de combat sont loin d'être minables. Une véritable surprise pour les agresseurs. "-Ouch..." Grimace-t-elle alors qu'un premier type, sans doute le big boss de la troupe, mord la poussière.
Le crac de son nez ne laisse aucun doute quand à une fracture. La jeune femme se recule un peu, comme si elle ne tenait pas personnellement à prendre part au combat. Non pas qu'elle ne sache pas se défendre, avoir eu pour père un policier et pour petit-ami un super-héros, disons que ça aide. Puis, Gwen a toujours été assez débrouillarde mais là, le spectacle est si drôle qu'elle n'ose pas interférer. Five se débrouille parfaitement sans son aide, ses pouvoirs lui étant d'une aide précieuse pour surprendre l'ennemi. Enfin, après plusieurs minutes à se battre dans le vide, les trois hommes capitulent et prennent la fuite, nan sans avoir été menacé par le faux adolescent.
Elle ne peut pas nier, encore moins effacer, le soulagement qui se dessine sur son visage. Gwen relâche un peu sa prise autour de l'anse de son sac à main et hoche la tête lorsque Five lui demande si elle va bien. "-Je crois que la situation aurait pu être pire sans ton aide. Merci, d'être intervenu." La prochaine fois, elle vérifiera deux fois le fond de son sac pour s'assurer que son objet d'auto défense préféré se trouve bien à l'intérieur. Parfois, elle aimerait être de celles et ceux ayant des pouvoirs, ça doit faciliter la tâche dans ce genre de situation. "-Je suis toujours rentrée seule depuis que je suis là. Jusque-là, aucun problème." Mais le risque zéro n'existe pas, la preuve ce soir. "-Peut-être que je devrais songer à me faire quelques amis... Mais merci, encore une fois, de te porter volontaire pour me raccompagner ce soir ! Je te revaudrais ça, si tu as besoin de quoi que ce soit un jour." Elle aussi sourit. C'est une promesse qu'elle lui fait là et Gwen est une femme de parole.
Alors elle commence à s'avancer jusqu'à quitter cette ruelle qui s'éloigne derrière eux. La nuit tombe déjà, baignant d'étoiles un ciel plus sombre. Une main autour de son sac, l'autre pour se balancer le long de sa démarche, elle essaie de ne pas faire attention aux autres passants. "-Alors dis moi, tes recherches avancent ?" Curieuse, il lui arrive de l'être mais quand on aime la science autant qu'elle, il faut bien un peu de curiosité.
Ces connards ne reviendraient pas de sitôt et c'était tant mieux. De toute manière, s'ils revenaient à la charge, Five n'était pas du genre à ne pas tenir ses promesses, il n'allait pas les louper. Il était temps de raccompagner Gwen chez elle. Il se tourne vers elle, et glisse ses mains dans les poches de son pantalon avant de commencer à discuter avec elle et se mettre en route. Elle le remercie d'abord. Five a une exclamation ironique et lui répond:
" Garde ca pour les grands jours s'il te plait. J'ai fait ce qu'il fallait. Et j'allais pas te laisser te démerder avec ces connards... Au moins, ils reviendront plus dans le coin. Et s'ils le font... " Il marque une pause, plisse les yeux, faisant mine de réfléchir. " ... tant pis pour eux. "
Les choses pouvaient changer radicalement avec ce qui pouvait trainer dans le coin. Il suffit du mauvais endroit et du mauvais moment pour qu'on se sente menacé et qu'on manque de passer à la trappe. Five en savait quelque chose, il était tueur. Enfin... Il n'exerçait plus dernièrement. Il vivait aux crochets de Diego et espère trouver quelque chose de plus légal, mais dans un corps d'adolescent, il ne pouvait que prétendre à bosser au fastfood du coin. Et il se voyait mal faire ça.
" Je ne cherche pas tes faveurs. Ca me va... " Lui répond-t-il simplement lorsqu'elle lui propose son aide en retour. " Je ne peux pas te proposer d'amis, j'en ai pas. T'es la rare personne que je peux ranger potentiellement dans cette catégorie. " Lui annonce-t-il. " Et ne le prends pas mal. J'ai disons grandi dans un endroit où il n'y avait pas foule. J'étais un peu seul, donc les contacts sociaux, j'ai du mal. " Il parlait bien entendu du fait qu'il ait été bloqué durant une période apocalyptique.
Ils avancent à travers la rue tranquillement. Ca lui faisait du bien de prendre l'air au final et puis discuter aussi. C'était autre chose qu'avec ses abrutis de frères à qui ils leur manquent une case parfois. Surtout Klaus... Elle lui demande si ses recherches avancent. Five pousse un long soupir.
" J'aimerai te dire que oui... Mais ca n'est pas le cas. " Il marque une pause, montre le ciel du doigt. " Les constellations ne sont pas les mêmes ici que par chez moi. J'essaye de recréer une carte du ciel et de me rappeler de la carte du ciel chez moi. Je sais pas... J'essaye de retracer un chemin. C'est les mêmes étoiles globalement mais pas au même endroit... Comme s'il y avait eu une déformation. J'essaye de calculer les angles et de voir ce que ca donne et... " Il hausse les épaules, les mains toujours dans ses poches. " ... le résultat n'est pas concluant. J'ai l'impression de chercher au mauvais endroit même. Mais je suis coriace, j'ai pas envie d'abandonner... "