(( when cold hearts collide )) ✧ – (thalarkin)

@Wilhuff Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))


Il ne la laissera jamais partir. Pas en vie, en tout cas. Thalassa Tarkin en est convaincue, voilà pourquoi il lui faut partir sur-le-champ de ce manoir de malheur. Quoiqu’en pense l’intéressé. Leur mariage prend l’eau depuis bien plus longtemps que le temps passé sur cette maudite île.  Il l’a maintes fois trompée. Natasi Daala fut la liaison de trop. Wilhuff ne tient pas à elle, ne prend pas en compte ses sentiments. Thalassa n’espère plus rien obtenir de lui. Elle a le cœur brisé. Les souvenirs morcelés de leur vie à deux… complètement fausse. Leur mariage est un mariage d’intérêts, à la fois politique et financier. Thalassa avait fini par l’oublier, parce qu’elle était tombée follement amoureuse de son fiancé. Wilhuff était l’homme parfait. Mais Wilhuff est un homme à femmes… Lorsqu’ils ont eu Garoche, elle a bien cru que Wilhuff avait fini par tomber amoureux d’elle. Ils étaient si heureux auprès de leur enfant. Mais encore une fois, ce n’était qu’une illusion de l’esprit dérangé de Thalassa. Lorsqu’ils ont perdu Garoche, son monde s’est écroulé. Celui de Wilhuff aussi. Ils se sont éloignés tous les deux. Ils étaient déjà… si loin. Pourtant, malgré tous ses efforts pour lui plaire, Thalassa n’avait toujours espéré qu’une seule et même chose : qu’il finisse par l’aimer. Elle aurait donné son monde entier pour plaire à l’exigeant et austère Grand Moff Tarkin. Plus maintenant.

Voilà trois mois qu’il la maintient « captive » dans leur propre manoir que cette île. Thalassa a émis sa volonté de divorcer, mais Wilhuff a écarté cette requête du revers de la main comme on balaie un insecte, un nuisible. Il était hors de question qu’ils divorcent. Wilhuff s’est engagé en politique depuis leur arrivée sur cette île. Il a fondé son propre parti traditionaliste et conservateur. Le divorce est inenvisageable. Sa réputation en pâtirait, ses électeurs finiraient par se retourner de lui. Du grand Wilhuff Tarkin. Celui qui incarne l’avenir de cette île. La relève. L’expérience. La famille. Le mariage. La tradition. L’ordre. La loi. Il lui a fait comprendre le plus froidement possible qu’elle ne s’échapperait pas de ce mariage. Lorsqu’on épouse un membre de la famille Tarkin c’est à la vie ou à la mort. Thalassa le revoit quitter le petit salon après lui avoir affirmé que jamais elle ne divorcerait de lui. Si digne, dans son costume cravate. Ce matin encore, Wilhuff Tarkin apparaît devant elle en très belle tenue. Tiré à quatre épingles. Sur le pas du hall d’entrée, en bas des escaliers.

« Wilhuff ? Que fais-tu encore ici ? Tu devrais être… en déplacement… » Thalassa est prise sur le fait. Elle se trouve au sommet du grand escalier en marbre blanc, sa valise dans une main et un sac dans l’autre, son manteau en fourrure autour du corps, prête à quitter le manoir Tarkin pour ne jamais plus y remettre les pieds. Et le tout, à l’insu de Wilhuff Tarkin lui-même. Mais cet homme est d’une intelligence redoutable, car le voilà qui se tient en bas de l’escalier, l’observant d’en haut avec ses petits yeux glacés et perçants. La mine sévère, le teint livide. Il savait qu’elle comptait partir aujourd’hui. Il lui a menti, c’est impossible autrement. « Quoique tu en penses ou comptes me dire, cela ne changera rien au fait que je te quitte, Wilhuff. J’ai pris ma décision. » cingle Thalassa en fuyant son regard. La belle jeune femme se met aussitôt à descendre les larges marches de l’escalier en marbre, sa valise en main. Elle compte passer le pas de la porte sans se retourner, en faisant abstraction de la présence de son mari. « Tu ne m’en empêchera pas. » C’est terminé. « Je ne suis pas ton jouet, Wilhuff. Plus maintenant. Tu as assez joué. Je récupère ma liberté. » Ces derniers mots, c’est avec douleur et mépris qu’elle les lui crache au visage, une fois arrivée à sa hauteur.

@Wilhuff Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))


Comment en sont-ils arrivés là ? A cette ascension vers l’emprise, l’incompréhension, la douleur et la violence ? Non… ce n’est pas ainsi que la question doit être posée. La vraie question serait plutôt : comment auraient-ils réellement pu ne pas en arriver là ? Tout ceci était probablement inévitable, car un homme tel que Wilhuff Tarkin, aussi inflexible, aussi autoritaire, peut se fendre de vaines promesses… Mais jamais il ne se montrera sincère comme il se devrait pourtant de l’être au moment de pénétrer le champ complexe et délicat des émotions. Thalassa a tort de croire que son époux ne l’aime pas… il l’aime en réalité profondément… et ce n’est pas la chose la plus enviable au monde pour quiconque d’être à ce point aimé par un homme tel que lui. Tarkin aime, certes, il en est capable, mais il aime toujours très mal. Incapable de démonstration, mais capable en revanche d’une violence insoutenable, autant dans ses gestes que dans ses mots. Il l’aime sans le lui dire, il l’aime sans lui témoigner ce centième d’affection qu’il lui devrait pourtant. Il l’aime avec toute l’atrocité de sa nature. En la blessant, en la brisant. Car il ne sait aimer sans détruire. C’est ainsi qu’il s’attache les cœurs les plus vulnérables, en forçant leur docilité, à force de mauvais traitements… Mais Thalassa n’est pas comme les autres. C’est pour cela qu’il l’aime, bien sûr, mais aussi pour cette raison que leur histoire a pris une tournure à ce point complexe. Leur mariage est un naufrage. Un naufrage orchestré par ses propres soins. Un sabordage, même, pourrait-on dire, compte tenu du nombre de ses infidélités. Pourtant, ce n’est pas le désamour qui encourage Tarkin à mettre d’autres femmes dans son lit. Rien d’autre qu’un besoin compulsif de domination et de puissance. Il ne les aime pas, il ne les considère pas (encore qu’il ait un semblant d’estime pour Natasi, raison pour laquelle, sans doute, Thalassa a plus mal vécu cette liaison que les autres)… C’est Thalassa qu’il aime… Mais Tarkin se convainc qu’il peut tout à voir… et encore maintenant, il se forge cette affirmation avec la plus grande certitude.

Trois mois, cela fait trois mois qu’il oblige Thalassa à rester sous leur toit malgré son intention ferme de partir et de demander le divorce. Tarkin a des motivations très pragmatiques à donner à ses décisions : il ne peut pas la laisser partir parce que divorcer représenterait un scandale considérable duquel il ne se relèverait pas politiquement. Wilhuff Tarkin est un homme de pire contrôle, et en toute circonstance. Il se doit de préserver son image traditionnaliste et rigoureuse. Un divorce ferait clairement tache sur son curriculum et il le sait. Ses parents ne se sont probablement pas aimés jusqu’au bout, mais ils n’ont pas divorcé pour autant. Tarkin veut qu’ils fassent de même… quoi que les choses soient différentes, en ce qui le concerne… Car Tarkin l’aime. Il brûle pour Thalassa, plus qu’elle-même ne le conçoit ou l’envisage.

Tarkin a eu une intuition… Excellente, manifestement. Au moment de s’éclipser pour un déplacement qui devait le retenir sur plusieurs jours, il s’est ravisé. Il a eu le pressentiment qu’à son retour, elle ne serait plus là. Alors, contrairement à ses habitudes, il a mis de côté son précieux travail pour la retrouver, elle… et s’assurer qu’elle n’aille nulle part. Il a eu le nez creux, de toute évidence. Car il la retrouve au sommet de l’escalier, valise à la main. Il la toise de son regard perçant et méprisant… De la déception dans le fond des prunelles. Il est déçu, oui. Triste, en réalité. Il aurait voulu qu’elle garde conscience de ce qu’il y a de mieux pour tous les deux. Il aurait voulu qu’elle ne cesse jamais de l’aimer.

« Ne te fais pas plus idiote que tu ne l’es », il dit en agrippant son poignet pour l’empêcher de faire un pas de plus. Si, il l’empêchera de s’en aller. Et il recommencera s’il doit s’y voir contraint. Autant de fois que nécessaire pour lui faire entendre raison. « Tu n’es pas mon jouet, tu ne l’as jamais été. Je te trouve très culottée de suggérer une chose pareille alors que c’est toi qui as cherché à te jouer de moi », il ajoute en resserrant ses doigts plus fort autour de ses poignets fins, quitte à lui faire mal, très mal. « Tu comptes aller où, tu peux me le dire, exactement ? » Il la considère plus froidement. « Tu n’as nulle part où aller, personne vers qui te tourner. » Il baisse les yeux sur sa valise et sur son sac. « Rien de ce que tu possèdes ne t’appartient vraiment. Tu n’as que moi, Thalassa. Quand donc te feras-tu une raison ? »

@Wilhuff Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))


Trois moins qu’elle se sent comme dans une prison dans sa propre demeure. Enfermée dans ce manoir lugubre et froid. Tarkin est sans pitié avec elle. Thalassa sait qu’il veut le lui faire payer. Il entend la mettre à genoux, mais il ne l’aura jamais. Elle résistera à ce vieil impérial, quoiqu’il puisse lui en coûter. Lorsqu’il ose la traiter « d’idiote », son visage prend un jolie teinte écarlate. Thalassa, digne et noble, doit alors déployer des trésors de self-control pour ne pas lui jeter son sac de voyage à la figure. Bien qu’il le mériterait. Ce sombre connard. Ce tortionnaire d’époux. Ce menteur politicard. Quelque soit le monde, Wilhuff Tarkin est et restera un fieffé menteur. « Tu m’avais promis que tu me rendrais heureuse, Wilhuff. » assène-t-elle d’une voix tremblante. « Tu me l’avais juré le jour de notre mariage. » Et voilà qu’elle récite leurs voeux de mariage, sans pitié. Cela lui déchire le coeur de repenser à cette période Ô combien heureuse de sa jeune existence. Elle se revoit encore, jeune et naïve, croyant au grand amour, persuadée d’avoir rencontré le prince charmant en la personne de l’héritier de la très noble famille d’Eriadu, les Tarkin. Si Wilhuff ne l’aimait pas au début, ce n’était pas le cas de Thalassa, qui n’a jamais eu de cesse de le chérir plus que tout au monde. Thalassa l’a toujours sincèrement et profondément aimé. Elle l’avait aimé, ce lieutenant-gouverneur d’Eriadu, qui venait de mettre un pied dans le jeu politique républicain. Il était son prince charmant. « Cela faisait partie de notre contrat de mariage. Nos familles se sont unies pour des intérêts financiers et stratégiques colossaux, tu n’es pas sans l’ignorer. Tu devais me rendre heureuse. Tu as failli à ta tâche. Tu m’as humiliée pendant des années. Tu as sali le nom de ma famille. Mes parents ne te l’auraient jamais pardonné de leur vivant. Le nom des Motti est tout aussi important que le tien. Ne l’oublie pas, cher mari. » souffle-t-elle avec cynisme et froideur, en bougeant à peine les lèvres. Thalassa affiche une expression glacée, en voulant être le reflet de celle de Tarkin et lui dissimuler la douleur qui se cache en elle. « Je suis donc en droit de récupérer ce qui me reste de propriété et de m’en aller. Je te quitte, Wilhuff. » déclare Lady Tarkin sans sourciller ou même ciller. Il ne l’emportera pas au paradis. « Est-ce que tu m’as, au moins, aimé toutes ces années, ou t’es-tu vautré dans la souillure et la perversion auprès de tes putains, dans une quête d’amour et de gestes d’affection que je ne pouvais te donner ? » Ces mots, c’est à la manière d’une claque magistrale qu’elle les lui formule sans détours. Elle les lui claque au visage avec condescendance et mépris. Ce sont ses infidélités qu’elle lui reproche, ce sont à cause d’elles que Thalassa Tarkin décide de le quitter. Lasse d’être humiliée de la sorte. « Je ne suis pas un bien, Wilhuff. Je ne t’appartiens pas, et cesse tes bêtises, rien de ce que je porte ou possède ne t’appartient non plus. Ces biens nous appartiennent, en tant que mari et femme. Allons, tu as peut-être acheté cette demeure, ces sacs, mon maquillage, mes servantes ou même… les vêtements de luxe que je porte, mais… » Thalassa désigne d’un mouvement gracieux de sa main et parfaitement manucurée le sublime tailleur-jupe couleur crème qu’elle porte, étiquetté de la marque de luxe française Chanel. « Je repartirai avec, que cela te plaise ou non. Tu ne vas tout de même pas me l’arracher et me laisser sortir complètement nue de ta maison ? » Au risque qu’on la prenne en photo ? De faire la une ? Thalassa le provoque. Elle sait qu’il n’osera pas aller aussi loin dans son humiliation. « Ne penses-tu pas m’avoir suffisamment humiliée en invitant tes maîtresses dans notre lit ? Je me demande encore comment j’ai pu te rester fidèle toutes ces années, alors que toi… Tu…  » Thalassa a eu sa dose. Thalassa s’interrompt, la gorge nouée, prise de violentes nausées et de vertiges qui la terrassent. « Tu me dégoûtes. J'ai envie de vomir lorsque je te vois. » Elle le bouscule sans préavis, le teint livide, et récupère sa valise et son sac Louis Vuitton, puis se dirige vers le riche hall d’entrée sans se retourner. Elle ne lui accordera pas même un regard triste. Elle s’en ira. Il ne l’en empêchera pas.

@Wilhuff Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))


Oui, c’est vrai, il lui avait promis de la rendre heureuse. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces paroles n’avaient pas été manipulatoires ou orientées de toutes presses à des fins d’image. Ses vœux, il les avait prononcés avec une honnêteté et une pureté de cœur déconcertante, dans l’intimité de la chapelle où n’étaient rassemblés que de très rares amis et membres de leur famille. Il avait épousé Thalassa par intérêt, mais au moment de lui passer la bague au doigt, il l’aimait déjà, comme un fou, et c’était fort de ce constat qu’il lui avait juré monts et merveilles, sous le regard ému de certains, et sceptique d’autres. Il voulait la rendre heureuse, convaincu que cela ferait son bonheur… mais il est un fait qu’il ne peut nier ou négliger, et c’est que son propre bonheur ne se suffira jamais d’amour et d’eau fraîche. Wilhuff Tarkin est un homme ambitieux. Il a besoin de s’accomplir, de gravir les échelons, d’aller toujours plus loin, toujours plus haut… et ces objectifs ne peuvent se laisser entraver par les exigences – selon lui démesurées de sa délicieuse épouse, si charmante puisse-t-elle être, et peu importe la force de ses sentiments pour lui.

« Prétends avoir complètement rempli ta part de notre contrat de mariage », réplique Tarkin d’une voix froide quand Thalassa lui affirme qu’il a échoué en plus de l’humilier. Ses mots sont sévères… elle les paiera cher S’il est une chose qu’il ne supporte pas, c’est que l’on puisse pointer du doigt le moindre échec de sa part. Wilhuff Tarkin n’échoue pas, il n’échoue jamais. Wilhuff Tarkin réussit tout ce qu’il entreprend. Il a réussi à se faire un nom et une carrière, que ce soit dans leur ancienne vie ou ici, dans cette ville mystérieuse, il réussira également son mariage, n’en déplaise à Thalassa. Tant que le divorce n’est pas prononcé, Wilhuff Tarkin n’a pas perdu. Et Wilhuff Tarkin refuse catégoriquement de perdre, quoi qu’il puisse lui en coûter. « Tu avais juré de me soutenir en toutes circonstances, de m’appuyer dans chacune de mes décisions. Or tu ne fais jamais que contester la moindre d’entre elles. Ne t’étonne pas d’un malheur que tu as façonné de toute pièce. Tu as tout pour être heureuse, tu es juste trop capricieuse et puérile pour t’en rendre compte. »

Les mots qu’il lui claque au visage sont pour le moins sévères. Il lui rend coup pour coup. Elle le blesse, il la blesse en retour, avec toujours la même envie, le même besoin de la dominer, d’asseoir sur elle un contrôle et une autorité qu’il refuse catégoriquement de perdre. N’en déplaise à Thalassa, Tarkin entend se montrer inflexible autant que cruel envers elle, tant que cela lui permet de la garder dans son sillage, tant que cela lui permet de ne pas la perdre. Méthode ô combien contreproductive ? Oui, c’est même certain, mais le politicien aux dents longues décide de s’en moquer. Il a fait sciemment le choix de demeurer au-dessus de toute considération, au-delà de toute règle en toute circonstance… il ne compte certainement pas changer son fusil d’épaule. Il n’est pas homme à se remettre en question. Il est homme en revanche à faire que les autres se remettent en question pour lui. Il ne considère pas Thalassa comme disposable, mais il la considère comme à sa disposition, et il compte bien la remettre à sa place.

« Ton nom ne signifie plus rien, ici », répond-t-il, tranchant. « Et quand bien même il signifierait quoi que ce soit, tu y as sciemment renoncé… et n’en déplaise à tes sursauts absurdes d’indépendance, tu ne le retrouveras plus jamais. »

Oui, leurs familles n’ont plus guère d’importance, dans ce monde, ils se sont mariés dans des circonstances très spécifiques, au nom de rigoureuses considérations qui impactaient bien plus que leurs propres vies… Mais ils ne sont ni à Eriadu, ni à Coruscant, tout ceci est derrière eux.

« Aussi tu n’es en droit de rien du tout si ce n’est celui de m’obéir. » Il marque une pause, plus longue qu’il ne l’imaginait. « Ne me fais pas l’affront d’affirmer que je ne t’ai jamais aimée. Si tu n’as pas été en mesure d’apprécier l’amour que je t’ai adressé, ne t’étonne pas que je me sois tourné vers des personnes plus réceptives. »

C’est bas. C’est méchant, et surtout c’est faux. Car oui, il l’a aimé et l’aime comme un fou, en revanche, ses « putains » n’ont jamais signifié pour lui ce qu’elle-même représente. Ce qu’il ressent pour Thalassa transcende la raison, cette raison qui a une si grande valeur pour lui.

« Je ne vais pas te laisser sortir nue de notre maison puisque je ne vais pas te laisser sortir tout court », il rétorque froidement, les bras croisés. Il la rattrape, il serre fort ses bras entre ses mains puissante pour l’empêcher d’atteindre la sortie. Il l'étreint, fort, collant son dos à son buste, soufflant ces mots à son oreille : « Je te dégoûte, soit. Tu restes ce qui se rapproche le plus de la perfection à mes yeux. »

@Wilhuff Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))


Il se montre d’une grande cruauté avec elle. Thalassa se braque. Son regard se fait plus dur. Un voile de tristesse traverse ses orbes couleur noisette miel. Elle se montre digne malgré la détresse qui est la sienne à cet instant. Il l’humilie encore férocement. Il ose sous entendre qu’elle tient une importante part de responsabilité dans toutes ses infidélités. Comme s’il l’avait toujours aimée, mais qu’elle s’était montrée indigne de lui. Indigne de l’amour qu’il lui portait. Comme s’il n’avait pas eu d’autre choix. Thalassa ne veut pas entendre une chose pareille. Elle le trouve cruel, monstrueux et de mauvaise foi. Si dur, si glacial. Sans scrupules. Comme avec ses soldats, ses employés. C’est un militaire de formation, de cœur et d’âme. Comment a-t-elle pu tomber amoureuse de cet homme ? Lui, qui ne communique jamais ses émotions. Lui, qui ne fait que lui mentir avec un remarquable dédain. « Ne me mens surtout pas, Wilhuff. Ne me fait pas cet affront, s’il te plaît. Ne fait pas comme si j’étais responsable de toutes tes infidélités. » rétorque sèchement Thalassa.

Ce froid polaire entre eux la fait tressaillir. Elle sait de quoi peut être capable son mari. Il a été le Grand Moff de tout un secteur galactique durant des années, distillant la crainte et la terreur parmi ses habitants. Alors qu’elle espère s’échapper, Tarkin la retient. Il la retient physiquement. « Wilhuff. Si tu n’as que des insultes à me claquer au visage, nous nous sommes tout dit. » Thalassa espère partir la tête haute, tout en évitant soigneusement de croiser le bleu glacé de ses yeux. Les insultes de Tarkin lui restent encore à l’esprit, — capricieuse et puérile, est-ce vraiment ainsi qu’il la perçoit ? « Je n’avais pas tout pour être heureuse. Je ne te demandais qu’une seule chose. Je n’avais besoin que d’une seule chose pour être heureuse, et cette chose… » murmure l’aristocrate de la planète Phelarion. « Cette chose, c’était toi. » Lui et rien d’autre. Il ne s’est jamais rendu compte que tous les biens matériels au monde l’indifféraient, car tout ce qu’elle désirait le plus se trouvait juste sous ses yeux… « Ce n’est pas notre maison comme tu dis. Tu m’as bien fait comprendre qu’il s’agissait de tes biens propres et que je ne possédais rien… Pas même ton cœur. Il est glacé. Noir comme le charbon des vieilles mines que ma famille détenait sur Phelarion. » Thalassa réprime un sanglot devant lui, elle se tient droite et le regard posé sur un coin du salon. « Cesse de me mentir aussi impunément. Ça fait trop mal de supporter encore tes belles paroles. » L’entendre affirmer qu’il l’aimait… et qu’elle s’était montrée indigne de cet amour sont des mots qui lui restent encore en travers de la gorge.

Thalassa ne veut strictement pas le croire sincère dans ses intentions. Elle ne le veut pas pour ne surtout pas avoir à retomber dans ses bras. « Tu ne m’as jamais aimée, Wilhuff. Jamais. C’était un contrat et rien de plus. » Il ne gagnera pas. Pas comme ça. Pas en trichant avec ses sentiments. « Je ne t’obéirai pas et je sortirai d’ici, que tu le veuilles ou non. » S’en est fini de cette emprise qu’il exerçait sur elle. Thalassa veut s’échapper. Briser ses chaînes et en sortir en femme libre. Libérer d’un mariage abusif.  Alors qu’elle s’apprête encore une fois à l’envoyer paître, l’ex Grand Moff attrape sa taille entre ses bras puissants et l’attire tout contre son buste chaud, si dur. Thalassa en avait presque oublié la manière dont ses muscles épousent les siens. Elle halète, profondément troublée. Se figeant dans son dos, la jeune femme l’entend lui souffler qu’elle est sa perfection… Comment résister à une telle déclaration ?  Son premier réflexe est de prendre les mains de Tarkin dans les siennes, mais elles ne les repoussent pas. Elle garde ses doigts fins et manucurés d’un joli bordeaux s’entrelacer à ceux plus rigoureux, noueux et épais de son mari. Il la tient comme une sangsue. Il ne la laissera pas s’enfuir si facilement. « Arrête… Ne dis pas des choses pareilles. Pas maintenant, alors que je suis sur le point de te quitter. C’est trop tard pour les compliments. C’est beaucoup trop tard pour tout… » Sa voix tremble, comme une feuille qui tombe d’un arbre à l’automne. Il appuie sur son point sensible. Leur proximité l’étouffe. Thalassa veut s’en dégager, mais son emprise sur son corps est beaucoup trop fort. Elle peut sentir son souffle se nicher tout contre son cou, sa voix qui lui chuchote des mots d’amour à l’oreille. Les joies de Thalassa rosissent. Il a su capter son attention. Elle ne bouge plus, se tenant bien droite, comme une statue de glace. Elle est comme pétrifiée, dans l’attente d’un geste de sa part. « Tu ne m’as jamais aimée. Je ne peux pas être ta perfection. Je ne suis rien pour toi. Dis moi la vérité. Une seule fois dans ta vie. » Qu’il lui confirme qu’il ne l’a jamais aimée. Elle a besoin d’entendre cela, au moins une fois, pour se débarrasser de lui définitivement. Thalassa n’en est finalement pas complètement convaincue. Elle ne poserait pas la question autrement. Wilhuff a toutes les cartes en main.

@Thalassa Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))

Tarkin reste de marbre face aux réflexions désespérées de son épouse. Il continuera de se montrer aussi cruel qu’il estime devoir l’être pour faire plier pour de bon la volonté de Thalassa. Si cette dernière doit renoncer à l’idée et à l’envie d’être son épouse, alors il lui faut employer la manière forte pour qu’elle revienne à la raison et accepte que sa place est ici, auprès de lui. D’aucuns affirmeraient sans doute que quelques mots tendres auraient davantage d’effet, mais Wilhuff Tarkin n’avait jamais cru dans les grandes déclarations d’amour échevelées. Elles sont l’apanage des personnes faibles… et faibles, Tarkin ne l’est pas ni ne le sera jamais. Non, Thalassa n’est pas responsable de ses infidélités, personne ne l’est d’ailleurs, il n’empêche qu’il veut semer cette graine dans son esprit jusqu’à ce qu’elle reporte tous les reproches qu’elle peut bien lui faire sur sa propre personne… encore faut-il qu’elle en soit véritablement capable… ce qui reste  à déterminer.

« C’est toi qui m’insulte, et insultes tout ce que nous avons construit en envisageant de prendre la porte », réplique-t-il quand elle lui rétorque qu’elle estime qu’ils se sont tout dit.

Ce n’est pas le cas…. Et en réalité, il y aurait tant de choses qu’ils devraient se dire pour enfin apaiser la situation entre eux… la situation a atteint un point complexe, proche du non-retour, mais qui n’est pas encore irréversible aux yeux du politique. Il peut encore arranger les choses, mais pour cela, il va falloir que Thalassa se renforce, qu’elle accepte d’écouter sa raison avant ses émotions contrariées, qu’elle accepte que son affection profonde, pour elle, se manifeste chez lui sous des formes qu’elle ne trouvera jamais proprement conventionnelles… elle n’aura pas d’autre choix que de l’accepter, c’est un fait, c’est une certitude… et le plus tôt elle l’aurai enfin compris, le mieux ce sera.

« Thalassa, je t’arrête tout de suite », il rétorque quand elle affirme que ce qui lui manquait pour être heureuse, elle l’a sous les yeux. « Tu veux de l’amour les manifestations vulgaires et superficielles, ne t’a-t-on pas appris qu’elles sont toujours trompeuses ? Tu es plus intelligente que ça, pourtant. »

Il lui reproche, oui, de ne pas être capable de comprendre à quel point il l’aime, si violemment que c’en est douloureux. Bien sûr, pour qu’elle le comprenne, encore aurait-il fallu qu’il soit capable de manifester cette affection de la bonne manière… mais quand bien même ce n’est de toute évidence pas le cas, il n’en éprouve aucune sorte de remords. Il estime avoir agi, en son âme et conscience, de la manière la plus sûre et la plus efficace. Tout ce qui relève de la romance absurde telle qu’on en voit dans les films est naturellement superflu. Il préfère à ces fioritures la manifestation brute ou secrète d’un ressenti pourtant profond. Depuis toujours, il lui a été enseigné de contenir ses émotions, de ne rien laisser transparaître. Il n’entend pas changer son fusil d’épaule à ce sujet – c’est même hors de question.

« Tu as décidé que je mentais. Peut-être que ça te réconforte, mais ce n’en est pas moins une erreur. Ces mots t’insupportent peut-être car c’est en réalité toi qui ne m’aimes plus, mais tu devras les endurer, qu’importe ce qu’ils suscitent en toi. Je t’aime, Thalassa, je t’ai toujours aimée, mais tu es incapable de le voir. Ta vision des sentiments humains se borne à ta perception étriquée de romances accessoires qui ne sont que des feux de paille. Notre histoire est solide, elle transcende le temps, l’espace et ces mièvreries ridicules. Enfin, Thalassa, grandis. »

Quoi qu’elle décide, elle ne lui échappera pas. Il la la laissera pas faire. Il la capture entre ses bras puissants, il l’empêche de se rendre où que ce soit. Et puisqu’elle l’y contraint, il répondra encore qu’il l’aime. Puisque c’est le cas, parce qu’il n’offrira par ailleurs jamais à son cœur la liberté qu’il estime mériter. Elle veut qu’il lui dise qu’il ne l’aime pas pour se conforter dans le rôle de l’épouse brisée, de l’amoureuse trahie. Mais Tarkin ne l’entend pas de cette oreille… il ne lui laissera pas le loisir d’intervertir leurs rôles.

« N’intervertis pas les rôles quand c’est toi qui ne m’aime plus. Toi, sois honnête, pour une fois. Le rôle de victime impuissante te sied si mal. »

@Wilhuff Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))


Wilhuff veut lui faire croire que tout est de sa faute. Ça ne fonctionnera pas. Thalassa ne se laissera pas briser par cet homme de fer. Elle l’a été beaucoup trop de fois pour vouloir lui laisser encore ce semblant de pouvoir. Car c’est bien tout ce qui lui reste, désormais, en termes de pouvoirs. Lorsque Wilhuff évoque tout ce qu’ils ont construit dans leur relation, son sang ne fait qu’un tour. Comment ose-t-il ? « Ce que nous avons construit ? » persifle Thalassa, sur un ton amer, plein de douleur et de regrets. Son cœur se met à violemment tambouriner dans sa poitrine. Thalassa en a les mains moites. Elle lui crie presque les prochains mots qui sortent de sa bouche. « Tout ce que nous avons construit, Wilhuff, est mort et enterré. » Leur fils. « Garoche était la seule chose que nous avons construit ensemble. » Elle rit, de tristesse. « Et la dernière. » Thalassa marque une pause.

« Retourne donc voir Natasi Daala et toutes tes autres maîtresses, demande leur de faire campagne avec toi. » lui crache la belle aristocrate avec la plus grande froideur. Elle remonte le menton fièrement, en cherchant à ne pas se laisser atteindre par le nom de celles qui lui ont volé son mari, en l’espace de quelques nuits. Natasi Daala était la pire de toutes. Sa maîtresse de longue durée. Elle a toujours été là, tapie dans l’ombre. Il l’a beaucoup trop favorisée. Il a fait preuve d’une admiration pour sa féminité et ses tactiques de combat inouïe; en connaissant sa célèbre misogynie. Il a fait d’elle la toute première femme Amirale de l’Empire galactique. Jamais Thalassa n’aurait cru que Wilhuff puisse cautionner une chose pareille, lui qui a toujours relégué les femmes à des activités et des rôles de représentation typiquement féminines. Natasi était son exception. Thalassa en a eu, et en a encore, le coeur brisé en mille morceaux. Thalassa sait que elle, elle était différente de toutes les autres. Elle, il l’a sincèrement aimée. « Je ne ferais pas ta campagne politique. » C’est un non catégorique. Elle ne sera plus qu’un adorable potiche.

Wilhuff a beau lui clamer son amour, c’est trop tard maintenant. « Je ne te crois pas. Je ne peux plus te croire. Je sais très bien pourquoi tu me dis tout cela maintenant. » C’est purement stratégique, politique, de sa part. Elle apprécie, toutefois. Elle apprécie beaucoup trop ces confessions forcées… Lorsqu’il ose prétendre qu’elle ment, qu’elle ne l’aime plus, c’est un déferlement de rage et de rancœurs qui s’exprime alors. Thalassa songe brièvement à lui mentir, mais la vérité éclate comme une bombe. Malgré elle. Thalassa ne peut pas jouer les stratèges avec lui. Il sait comment la faire sortir de ses gonds. « Je t’aime. Je t’aime toujours. Crois-tu que je me mettrais dans des états pareils si je n’éprouvais actuellement plus rien pour toi ? » geint Thalassa, hors d’elle. C’est beaucoup trop dur d’affronter son regard électrique. Thalassa se détourne de lui. Elle tourne son visage, s’adressant à la rambarde du grand escalier. « Et pourtant, les étoiles m’en sont témoins, c’est ce que je ne devrais plus faire avec toi. » Mais Thalassa n’y arrive pas. Quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, elle lui appartient. Son cœur ne cessera jamais de battre aussi violemment pour Wilhuff Tarkin.

D’un geste, elle tire sur son bras pour le libérer de l’emprise de son insupportable et aristocratique époux. La réponse de ce dernier est inévitable. Il la capture entre ses bras puissants, en l’empêchant de s’en dégager. Thalassa s’agite contre son torse chaud, en vain. Elle est comme un insecte capturé dans une énorme toile d’araignée. Comme un joli papillon pris au piège dans une lanterne surmontée d’un grillage. « Laisse-moi, maintenant. Laisse-moi, s’il te plaît, Wilhuff. Je t’en prie. Lâche-moi. » répète-t-elle, en tremblant d’une colère froide, à la fois contre son mari, mais surtout contre elle-même. Wilhuff a toujours eu le don de la mettre à mal. De la faire culpabiliser. De lui faire regretter ses scènes de jalousie, ses volontés de tout quitter trop éphémères à son goût. Un seul mot de sa bouche… Un simple souffle dans l’oreille… Une simple intonation de sa voix si douce, rauque et snobe. Son accent de noble originaire d’Eriadu a toujours été son point faible. « Tu ne m’aimes pas. C’est toi qui mens. Tu fais toujours cela. Tu déformes les faits pour les arranger à ton avantage comme d’habitude et pouvoir te glorifier en héros de la galaxie. Tu sais ce que tu es ? Tu es un usurpateur et un vil menteur. »

Une larme coule sur sa joue. Il ne peut pas la voir, car elle s’est certes laissée enveloppée par ses bras, mais a su tourner son corps pour lui imposer la vision de sa nuque, de son dos. Il n’aura pas la satisfaction de lire son désarroi. Son émotion… son plaisir de l’avoir entendu prononcer ces trois petits mots qu’il n’a jamais eu le courage de lui dire en tellement d’années de mariage… « Arrête tout de suite. S’il te plaît. Wilhuff. Arrête de faire cela. Arrête… » sanglotr-t-elle en s’efforçant de rester digne, de lui résister. « Arrête de me dire… ces choses-là. » Les aveux du Grand Moff la perturbent de trop. Et pour la première fois en des semaines entières, Thalassa envisage de lui refaire confiance. De rester à ses côtés. Comme si cela devait être sa place. « Arrête de me dire que tu… que tu m’aimes. C’est trop douloureux. Ne me fais pas ça. Ne me mens pas comme cela. S’il te plaît. Wilhuff. Brise-moi. Brise-moi le cœur. » Comme il sait si bien le faire. « Il faut bien que je te quitte. » Pour toutes ses maîtresses. Pour tous ses mensonges. « Tu ne cherches à me retenir par tous moyens que pour satisfaire tes ambitions politiques… Un divorce ferait tâche dans ta campagne. Tu ne m’aimes pas. Tu ne m’as jamais aimée. Tu ne penses qu’à ta carrière politique. Je ne suis… rien d’autre qu’un pion dans ta vie. Je l’ai toujours su. »

Thalassa semble étrangement plus calme, son cœur vient de retrouver un rythme plus serein. Plus lent, neutre. Comme si… le simple fait de sentir les bras de son mari autour d’elle suffisait à apaiser toute sa colère. Thalassa se sent comme éteinte. Elle reste droite, les muscles relâchés, collée à lui. Ces bras qui l’enserrent ont enserrés d’autres femmes avant elle. Cette pensée la détruit peu à peu de l’intérieur comme le pire des poisons. Elle peut sentir le souffle chaud de Tarkin caresser le long de sa nuque, ce qui la fit frissonner. Ses lèvres sont proches de la naissance de ses élégants cheveux bruns, ramenés en un chignon strict. Quelle erreur d’être restée dans son dos. Ce contact quasi charnel l’emporte aux frontières du supplice. L’odeur de son eau de Cologne mélangée à celle de son délicieux after-shave lui monte aux narines, terminant de l’achever. Thalassa ferme les yeux, brutalement. Comme pour s’échapper de cette situation. S’échapper de lui. « Il faudrait que je te dise que je ne t’aime plus pour que tu me rendes ma liberté ? » Thalassa rit, amère. « Tu sais très bien que même si je ne t’aimais plus, tu ne me laisserais jamais partir pour autant. » On ne dit pas non à Wilhuff Tarkin. Il forcerait sa présence comme son amour. Il la forcerait à rester près de lui, quoiqu’il en coûte. Il chercherait sans doute à raviver la flamme de leur mariage. C’est pour cela qu’elle l’aime, justement.

 @Thalassa Tarkin


MANOIR DE WILHUFF TARKIN
(( NOVEMBRE 2023 ))

La réflexion de Thalassa, d’une cruauté absolu, fait serrer les poings de Tarkin, qui doit se faire violence afin de ne pas agir impulsivement sous l’effet du plus douloureux reproche qu’elle pouvait bien être susceptible de lui adresser. Suggérer que Garoche serait la seule chose qu’ils auraient construite ensemble est une brusque insulte à toutes leurs années de mariage, en plus d’une piqûre de rappel à leur deuil commun, auquel Wilhuff Tarkin refuse très catégoriquement de penser. Il choisit de ne rien dire, c’est un débat stérile. Thalassa veut le blesser, et elle y parvient à la perfection, mais à ce petit jeu sordide, elle ne gagnera pas, l’ancien Grand Moff s’en fait la promesse silencieuse. Thalassa se montre à ce point piquante parce qu’elle veut l’atteindre. Et si elle veut l’atteindre, alors c’est que tout n’est pas fini.

Il ne fait aucun commentaire quand il évoque Daala, ou encore ses autres maîtresses. Il n’a pas l’intention de se défendre de ses infidélités (ni de prétendre qu’elles n’ont pas existé), mais il ne compte pas s’en montrer coupable. Ce que la chair veut et ce que le cœur éprouve sont deux choses distinctes dans l’esprit de Wilhuff, et c’est un tort de la part de Thalassa que d’y attacher plus d’importance qu’elle ne le devrait. Par ailleurs, tout ceci ne fait que repousser leur problème au lieu de l’adresser, et le problème reste le même : qui des deux aime véritablement l’autre ? Celle qui veut fuir ou celui qui veut retenir. Aux yeux de Tarkin, la réponse tient lieu de la plus stricte évidence.

« Je te le dis parce que la conversation s’y prête », soupire-t-il, agacé, alors que Thalassa affirme ne pas le croire.

Pourtant, il est bel et bien sincère envers elle. Wilhuff Tarkin est très probablement le pire des époux, il n’en est pas moins éperdument amoureux de sa femme, c’est un fait avéré… Et qu’il n’estime pas réciproque.

« Si tu m’aimais, tu te battrais pour nous », réplique Tarkin de très mauvaise foi, alors que Thalassa lui affirme qu’elle l’aime aussi, et que c’est pour cette raison qu’elle s’emporte de la sorte. Bien sûr, Tarkin a envie de la croire, mais il ne commet aucune imprudence, il reste dans le calcul, même dans cette situation qui invite à envisager tout autre chose.

Thalassa s’est suffisamment battue, affirmera-t-elle sans doute, mais Tarkin ne trouve que de la contradiction dans le propos de Thalassa. Elle exprime trop de ressentiment et de haine, elle semble amoureuse d’un idéal que Tarkin n’a jamais prétendu chercher à atteindre. Il est qui il est, et Thalassa l’a toujours su. Pourquoi, soudainement, cela ne lui convient-il plus ?

« Je ne te lâcherai pas. Je ne te laisserai pas partir. » Il marque une pause. « Je suis beaucoup de choses, Thalassa. Mais je ne suis pas un menteur. Tu as juste envie de t’en convaincre. Pour  le plaisir de te donner le beau rôle. La vie doit être douce quand on ne se remet jamais en question, n’est-ce pas ? »

L’hôpital qui se moque de la charité. Des deux, c’est bel et bien Tarkin qui ne se remet jamais en question… mais le reconnaître serait déjà une forme de remise en question en soi… c’est donc hors de question. Tarkin la garde serré contre elle, indifférent aux suppliques de Thalassa. Il continuera de lui dire qu’il l’aime, il continuera, ne lui en déplaise. Parce qu’il ne ment pas.

« Je t’aime. Désolé de contrarier tes plans, » affirme-t-il avec un rien de cynisme avant d’embrasser doucement la peau de sa nuque. « Dois-je le répéter encore ? Je t’aime. » Il embrasse son épaule. « Je t’aime.  Je le répéterai jusqu’à  ce que tu le comprennes. » Il l’oblige d’un geste à lui faire face, et l’instant d’après, il embrasse ses lèvres avec la passion la plus féroce.