La nuit était tombée depuis longtemps. Il devait être 23 heures. C’était muni d’une lampe torche que je me dirigeais vers les bureaux de l’entrepôt. Laissant les autres s’occuper de trouver de quoi gagner sa vie, je m’occupais d’une tâche beaucoup plus importante à l’étage. Elle m’incombait à moi. Sûrement qu’aucun aurait pu s’en enquérir. Sauf Cata soufflais-je dans un rire sardonique en songeant à ma chère patronne n’ayant pas pu être présente ici. C’était donc moi le chef ici, ce soir. L’avantage de cacher cette recherche de documents par un simple vol d’argent était que les policiers de cette ville ne feraient pas la différence. Ils étaient mêmes plutôt stupides ces policiers à toujours respecter la loi et la procédure à un article près. Ainsi assit et m’appropriant le bureau du directeur, - en fait, pas trop parce que le fauteuil était plutôt inconfortable - je prenais rapidement connaissance des documents enfouissant les cartes dans ma besace que je portais en bandoulière. Pourquoi des cartes ? Eh bien, tout simplement parce que les anciennes n’étaient plus à jour pour cause des changements constants de la ville et que nous souhaitions mieux comprendre sa structure jusqu’à ses limites permettant, ensuite, un meilleur visuel des lieux à annexer dans un futur proche ou lointain. Moi, je voulais mieux la comprendre gardant les anciennes cartes et les comparant sans cesse.
Cette entreprise de transport fut donc toute désignée pour ce vol, gens que je rencontrais quelques semaines plus tôt lors d’un événement mondain de père.

Soudainement, mon talkie-walkie s’agitait alors que Benny me faisait part de policiers approchant de l’entrepôt. Eh bien, ils ont été rapides ceux-là songeais-je en ricanant. Absolument pas stressé par la venue des policiers, j’entrepris de répondre à mon pair.

- C’est bon. Partez, je vous suis.

Mon ton fut sans équivoque et je me levais remettant le talkie-walkie à ma ceinture. J’étais tout habillé de cuir, mes mains y compris recouvertes de gants noirs ceux-ci m’empêchant de laisser des traces de mon passage. Je fermais la porte derrière moi et descendis l’escalier quatre à quatre rejoignant les autres à la porte dérobée derrière le bâtiment. Dehors, je n’avais pas encore enfourché ma moto noire que déjà j’entendais les moteurs gronder. Ne prenant que le temps d’enfiler mon casque, j’appuyais aussi sur l’accélérateur.
C’était sans compter les pièges dans lesquels tombaient certains de mes pairs.

J’en évitais un de justesse même alors que, malheureusement pour lui, Benny le percuta de plein fouet. Je ne voyais presque rien dans le noir, mais cela ressemblait beaucoup à une gigantesque toile d’araignée.

- Qu’est-ce que c’est ça encore ?

Pestais-je par devers moi à ce qui devait sûrement être la nouvelle invention de cette ville. Je zigzaguais ensuite pour en éviter d’autres jusqu’à la rue où j’évita une jeune femme de justesse. Oups ! Aussitôt, la demoiselle disparaissait de ma vue, aussitôt j’étais suivi par quelqu’un. Agacé, je me rendis compte que la vitesse ne réussirait pas à le semer. Je tentais, ainsi, d’emprunter des rues plus petites. Je manquais d’écrabouiller un homme. Je n’eus pas le temps de rester traîner à complimenter ses réflexes. Je passais à grande vitesse bifurquant dans la rue suivante. Dans mon rétroviseur, je vis mon poursuivant qui semblait virevolter de bâtiment en bâtiment derrière. Je rigolais amuser à remarquer le masque cachant le visage du jeune homme. Non mais, ce n’est pas jour de fête lâchais-je au travers de mon casque. Et l’imbécile me sommait même d’arrêter. Tss, il était optimiste en plus parce que j’arrêterais s’il le faisait en premier. Ce fut lors d’un tournant sur un boulevard que je fus brusqué, la moto s’embardant lorsque je me sentis monter, monter plus haut dans les airs.
C’était à ce moment que je me rendis compte que le bougre m’avait attrapé !

- Hé ! Repose-moi ! Repose-moi tout de suite !

Oui, j’étais en colère, mais il y avait aussi cette peur s’immisçant en moi allant jusqu’à paralyser mes membres. À un moment, je dû fermer les yeux parce que je pensais frapper un mur. Trop rapidement, je m’étais ensuite sentis chuter durement au sol roulant sur moi-même. Accroupi, je sentais mes membres encore vibrer de cette virée dans les airs. Je ne répondais donc pas tout de suite à mon vis-vis reprenant ma respiration et mes esprits. Si j’avais eu mon épée, cet homme serait mort ! Il semblait même un peu trop optimiste pour son propre bien.

En sueur, j’enlevais mon casque, ma chevelure blonde toujours aussi ébouriffée à chaque fois que je le faisais. Je ricanais renchérissant au jeune homme me faisant face.

- Et pourquoi je te donnerais mon sac ? Si ça se trouve, tu le veux pour toi-même ou pour ton patron ! Alors, laisse-moi passer tout de suite !

Que je le sommais d’agir rapidement. Ce contretemps m’était fort désagréable.

J’étais hors de moi. Je n’avais de cesse de penser à l’état dans lequel ma moto devait se trouver. Cet imbécile allait s’expliquer quant à son comportement envers moi. Il allait aussi payer les réparations à ma moto : ça, je le jurais. En tout cas, ce serait dès que je la retrouverais. Je ne savais même pas où je me trouvais. Alors que j’observais sommairement autour de moi, je découvris les contours flous et sombres d’une ruelle terminant dans un cul de sac. Une énorme poubelle de type conteneur se trouvait même derrière moi tout comme quelques déchets épars sur le sol. Ce n’était pas le plus chouette endroit et je jurais par les sept de partir d’ici avant longtemps.
Mon casque dans la main droite, je m’avançais de quelques pas décidé à partir d’ici tout comme à le faire entendre.

Enfin, c’était jusqu’à ressentir de la douleur à la cheville droite. Je grimaçais tâchant de ne pas en lâcher stupidement des larmes. De toute manière, on n’avait rien remarqué de ma souffrance préférant me traiter de gamin.

- C’est toi qui me traites de gamin ! Enlève donc ton masque pour que je juge de ton âge. Je paris que tu n’es pas plus âgé. Et non, je ne sais pas qui tu es ! Enlève ton masque couard !

Avais-je éclaté de rire puis, réagis avec toute la force dont je pouvais faire preuve. Je n’aimais pas la moquerie dont il faisait preuve envers moi. Cela me frustrait. J’aimais encore moins le fait qu’il semblait me connaître, mais pas moi ! Il semblait même prendre un malin plaisir à s’amuser avec moi. Il voulait vraiment me mettre en rogne cet imbécile allant même jusqu’à mentionner ma mère.
J’hochais, pourtant, lentement et négativement de la tête, la main droite s’appuyant contre ma hanche. Mes épaules ne pouvaient pas s’empêcher de tressauter ricanant au fait qu’il venait de se contrarier lui-même.

- Bah alors, tu ne me connais pas tant que ça où tu saurais que je vis plutôt avec mon père si je peux l’appeler ainsi affirmais-je sans détour. Et qu’est-ce qui te dis que je suis le méchant ici ? Ne serait-ce pas plutôt toi qui l’est ? Après tout, c’est toi qui se cache derrière un masque là, pas moi.

Je montrais un sourire carnassier et fier face à lui. Sur ce, j’avais assez perdu de temps. Je me mis à faire quelques pas de plus incapable, cependant, de ne pas boîter tant la douleur à ma cheville droite était grande. Je ne m’arrêtais pas, pour autant, saluant avec une révérence exagérée cet inconnu me barrant le passage. Bah, je passerais à côté puis, j’irais prévenir la police qu’on m’a attaqué sans crier gare.
Qui croirait-on ? L’homme masqué ou le fils d’un grand chef cuisinier ? Pour une fois que père me servait.