- Je l’ai vu passer par là !

Caché derrière un mur, tu observais les criminels essayer de te retrouver, tous courant dans la mauvaise direction. C’était une nuit tout à fait banale, quoiqu’assez distrayante, sans tellement de défis puisque le petit gang que tu cambriolais n’était pas encore opérationnel quant à la protection de leur quartier général. Il valait mieux couper la mauvaise herbe naissante, avant qu’elle ne grandisse jusqu’à ce qu’elle soit trop forte pour s’en débarrasser. Sur cette belle métaphore, que tu penseras à écrire dans ton journal à ton retour, tu fendis dans un couloir dénué de personnes pour le surveiller. Une erreur de débutant – si tout le monde se mettait à la recherche de l’intru, le résultat ne pouvait être que le chaos absolu.  

Tu repéras rapidement une porte différente, ne perdant pas un instant pour crocheter la serrure et entrer. Il n’y avait pas tellement de meubles ; une utilisation de ta capacité à voir à travers ces derniers te révéla que les armes se trouvaient dans un placard en fer. Le plan se dérouler sans accroc – il ne te restait sans doute pas beaucoup de temps avant que quelqu’un ne se mette à réfléchir. Après avoir utilisé la même technique que la porte pour le cadenas du placard, tu t’empressas de mettre les munitions et les armes dans un large sac. Il faudra bientôt trouver une autre méthode pour les transporter ; bien que musclé et veillant à t’entrainer régulièrement, cela restait lourd.

Tes yeux tombèrent sur un Tokarev, comme la réplique que tu avais dans ton ancien monde. La soirée ne pouvait devenir meilleure. Non sans un ricanement satisfait, cette arme fût directement rangée dans ta ceinture, à l’arrière de ton pantalon, et les munitions dans la poche de ton manteau. Tu ne comptais tuer personne… Néanmoins tu restais bon tireur, et le pistolet saura te sauver de situations compliquées.
 

Celle-là, tu ne l’avais pas vu arriver. D’habitude, c’était toi qui faisais ce genre de surprises. Tu avais entendu la grille d’aération tomber au sol – n’importe qui, doté d’une bonne audition, l’aurait entendu -, mais tu avais à peine pivoté qu’aucune autre action ne fut possible. Ton champ de vision fût rouge, puis la salle bascula alors que la figure t’arracha un bruit plaintif lorsqu’elle termina sa course contre toi. Puis un grognement lorsque tu atterris au sol, et que l’arme que tu avais cachée s’enfonça dans le bas de ton dos – et heureusement qu’elle n’était pas chargée. Les Tokarev n’étaient pas réputés pour être doté de dispositifs de sécurité, mais l’étaient pour leur puissance exagérée. Tu préférais ne pas imaginer quel genre de blessure le tir aurait donné.

Ton premier réflexe fût de te débattre ; tenter de libérer ton bras, tenter de le repousser à l’aide de ta jambe lorsque cela ne fonctionna pas. L’assaillant était plus fort physiquement. C’était dans ce genre de moments que tu regrettais le démon avec qui tu avais passé un pacte… Tes amis aussi, auraient été bien utiles à tes côtés. Abandonnant rapidement toute tactique, tu pris alors le temps d’observer l’autre homme. Son masque – qui semblait représenter une toile d’araignée ? – couvrait entièrement son visage. A son ton, tu compris qu’il n’avait pas réfléchi avant d’agir. Un sourire en coin reprit rapidement place sur tes lèvres, alors que ton regard se fixa à ses yeux masqués.

-  D’habitude j’offre le diner avant ce genre de proximité.

Tu ponctuas la phrase d’un ricanement, trop arrogant pour admettre que tu n’avais pas le dessus dans cette situation. Physiquement, du moins. Ton intellect pouvait te mener loin – loin de l’autre homme, dans les minutes qui suivent, si possible.

- Quoi ? Les cils ne te plaisent pas ? Le tient a un bel eye-liner, Spider.

Tu réaliseras plus tard avoir fait mouche avec le surnom. Et, en même temps, il avait l’air d’aimer la thématique de ces petites bêtes à huit pattes.

- Je ne suis pas l'un des leurs. Je suis Joker, un Phantom Thief, un changeur de cœur, l’overlord d’une révolution imminente !

Tu t’amusais un peu trop, cela ne devenait pas sérieux.

Evidemment que tu plaisantais, trop sûr de toi pour t’admettre vaincu ; il y avait toujours une manière de se sortir d’une mauvaise position. Puisque ton assaillant acceptait le dialogue, il te semblait que c’était gagné. Il ne faudrait pas non plus que la conversation prenne trop de temps – les criminels présents devraient pointer le bout de leur nez à un moment.

-  Je compte me l’approprier en le vainquant avec une super-justice.

Tu appréciais de ne plus avoir tes mouvements restreints. Alors que tu te levas avec lenteur, surtout pour être libéré de la sensation de l’arme qui pressait dans ton dos, et époussetais tes vêtements, tu remarquas du coin de l’œil le… ? La toile d’araignée, qu’il venait de lancer sur ton butin. Tu restas surpris devant cette invention ingénieuse – qui pourrait t’être utile, si tu parvenais à la copier -, avant de t’intéresser à nouveau à ton interlocuteur.

-  Le contraire d’un attentat. Nous sommes les « Phantom Thieves ». Notre but est de cambrioler toutes les armes des criminels et les détruire afin de protéger les innocents, mais nous avons des projets plus grands. Vaincre la corruption qui gangrène tous les milieux, aider les jeunes victimes de harcèlement, lutter contre les injustices, permettre à chacun de vivre libre. Tu peux prendre les armes, puisque l’on fait le même travail, mais je tiens à ma liberté.

Si tu ne portais pas le masque, tu serais en train de jouer avec l’une mèche de ta frange. Tu grimaças lorsqu’une crainte te traversa l’esprit, et tu t’empressas de le questionner :

-  Tu comptes m’amener à la police, n’est-ce pas ? Navré, ce ne sera pas possible.

Plutôt prendre le risque de fuir que de finir au poste. Hors de question de retourner dans un tel endroit. La dernière fois que tu avais subit un interrogatoire… Tu secouas la tête, préférant chasser les souvenirs. Du bruit non loin, dans le couloir, te fit froncer les sourcils. Ils étaient vraisemblablement en train de chercher, mais n’avaient pas encore eu l’idée d’entrer dans la pièce. Levant une main gantée de rouge, tu pointas l’aération par laquelle il était arrivé.

-  On ferait mieux de poursuivre la discussion ailleurs. Je passe devant, comme ça tu peux garder un œil sur moi. J’ai un grappin dans ma poche, ne m’attaque pas à nouveau Spider.

Tu plongeas la main dans ton manteau pour en sortir une arme, que tu pointas vers le ciel. Histoire qu’il ne se sente pas en danger.

-  Je l’ai modifié. C’est un grappin. Pour partir d’ici rapidement.

Tu attendis son autorisation, concentré à la fois sur les bruits à l’extérieur et les moindres mouvements de l’homme costumé.