Se retrouver dans un nouveau monde était une chose assez compliquée. J'avais perdue les gens à qui je tenais. La seule chose qui allégeait mes pensées était l'idée qu'ils puissent être resté sur notre monde, en paix. Chaque fois, cette simple possibilité me permettait chaque matin de me tirer du lit pour aller travailler. Heureusement, aujourd'hui n'était pas un jour où j'avais dû me lever trop tôt. Non. Aujourd'hui était un jour de repos où après être allé au centre d'accueil, je m'étais enfui chez mon homologue Spider-man. J'adorai le voir et j'adorai éviter le propriétaire de mon immeuble qui me demander de payer le loyer. C'était d'ailleurs le seul mot qu'il avait à la bouche. Une fois il avait même mis un avis d'expulsion sous la porte, mais cette fois-ci j'avais été payé juste à temps. Bref, une petite journée loin de mes tracas pour me plonger dans les siens. Il était moi, mais en plus jeune. Peut être plus insouciant à sa façon. J'avais donc envie de l'aider. Même si c'était bizarre de se dire qu'il existait un autre Peter Parker. J'imaginais Jonah dans cette ville... Tant de Spider-Man, il aurait fait un arrêt. Ça c'est la version gentille pour moi. Car maintenant j'imaginais une ville avec beaucoup de Jonah et juste moi. Ouais... Non. On va dire que le monde est bien fait sur ce coup !

Bref, j'étais chez lui et on attendait les pizzas. Chacun avait commandait la sienne. Enfin une pizza chaude, j'avais tellement l'habitude des froides maintenant... J'en avais oublié leur existence, alors que pourtant c'était mon travail de les livrer en temps et en heure. Enfin... C'était la théorie. La ponctualité n'avait jamais été mon fort. Heureusement que le propriétaire de la pizzeria était sensible à mon sourire et mes yeux de chats, sans quoi je serai déjà à la rue. Un bonheur ne venant jamais sans sa contrepartie, malheureusement, une alarme s'activa et mon clone devait partir. Enfin... C'était correct de dire clone ? Pas vraiment, c'était des univers alternatifs. D'ailleurs rien indiquait que c'était mon clone. Si ça se trouvait, j'étais le sien. De toute façon c'était sans importance. J'activais le chronomètre comme il m'avait demandé. Les minutes passèrent et la faim grandissait. Je regardais les boîtes, déchiré par le dilemme. Ce n'était pas très poli de ne pas l'attendre. Ceci étant dit, j'avais vraiment faim et pour une fois que je pouvais manger les pizzas chaudes... Certes, mais c'était plus sympa quand on était à deux. Je réfléchissais à cette question si importante pour moi si bien que je l'entendis à peine revenir. J'arrêtais le chrono. Ah. Oui, vraiment j'allais devoir apprendre à me recentrer sur les vrais problèmes, car ce questionnement existentiel m'avait tenu en haleine plus de temps que je n'étais prêt à admettre. « 20 minutes. Et trente seconde. T'es en retard. » Certes, il était déjà partir pour se changer, mais on pouvait entendre dans ma voix le gloussement que je retenais. Pendant qu'il se changeait le dilemme de la pizza revenait me hanter. C'était trop. Je fonçais vers les deux cartons, prenant une part de chaque les enfournant dans ma bouche. Idiot ? Sans doute, mais qu'est-ce que c'était bon...

Bien sûr, ce fut à ce moment précis que Pete revint pour me parler, me surprenant avec les croûtes encore à l’extérieur de mon corps. « Humhumhum » Parler la bouche pleine... Je faisais souvent cette erreur. Après avoir fini d'avaler de manière assez comique mon butin de guerre, je répétais ce que j'avais dit. « Elles sont très bonnes. Et oui encore chaudes, je ne les avais pas sorti de leur boîte. » C'était un peu ridicule, mais bon, cela faisait tout mon charme. Alors qu'il me rejoignais sur le canapé, il confia qu'il avait hâte que l'on puisse patrouiller ensemble. Ah. Euh... Alors... Heureusement que cette phrase n'attendait pas de réponse. Sans quoi, j'aurai été obligé de décevoir ses attentes. Je doutais fortement que mes pouvoirs reviennent. En réalité, je n'en avais aucune envie. J'étais bien actuellement, sans eux. Au contraire devoir patrouiller... Je ne savais pas si j'étais digne de ce costume, de ce pouvoir. J'avais laissé tomber les gens qui étaient importants pour moi. Actuellement, c'était bien. Je pouvais l'aider à faire ce que je faisais avant. Heureusement, rapidement il parlait de Netflix et de légo. « Les légo ? C'est pas mal. Malheureusement je n'ai plus eu l'occasion d'en faire. Ils doivent être dans une déchetterie. » Je reprenais un morceau de pizza que je mangeais tout en parlant. « Le problème de se faire exclure de plusieurs appart... Quant à Netflix c'est parfois. Netflix et Lego... Bon programme ! » Je me penchais au niveau de mon sac pour en sortir un petit robot. J'y travaillais depuis que je l'avais rencontré. Un Spider-Bot. Entièrement recyclable vu que j'avais principalement pris des matériaux disponibles dans la déchetterie. Il était encore très loin d'être fonctionnel, mais avec un peu de temps... « Je voulais te montrer ça aussi. Alors c'est pas comme ceux que j'avais avant... Mais avec ce Spider-Bot, si j'arrive à le faire fonctionner, ça devrait te faciliter tes sorties. » Je le posais sur la table loin des pizzas comme s'il risquait de les voler. « Enfin... Ce n'est qu'un projet, mais je me suis dit que... Tu sais... » Je ne savais pas comment dire les choses. Dire que je voulais lui donner ce que je n'avais pas eu à mes débuts serait sous-entendre qu'il en était encore à ses débuts. Or il avait une expérience que je n'avais pas, bien que plus courte. « Après les légo c'est très bien ! Une idée de ce qu'on fait ? Et de ce qu'on met en bruit de fond ? »

Peter... Oui, non peu importait le nombre de fois où je disais ça, c'était bizarre. Non pas que le fait d'avoir le même prénom était un problème. Il existait déjà plein de Peter dans mon monde, quelques Peter Parker. Néanmoins, là, il s'agissait de moi. De moi dans un autre univers, mais avec un visage différents, des histoires légèrement différentes. C'était... Bizarre. Et cool. Très cool. Mais très bizarre aussi. Bref, l'autre Peter essayait de m'aider en me donnant des conseils notamment pour le colocataire. J'eus un petit sourire. Je l'avais fait, en quelques sortes avec MJ. C'était la seule. Pour une très bonne raison. « Si je prenais un coloc, il risquerait de découvrir que... » Découvrir quoi ? Que j'étais Spider-Man ? Je n'avais plus mes pouvoirs. Ouah. Je devais encore m'y habituer à ça. Même si j'étais soulagé en temps normal, je ressentais comme un vide, comme si une partie de moi avait disparu en même temps que ce don que j'avais. « Oublie, tu as raison. Il n'y a plus rien à découvrir. » J'eus un petit rire gêné. On aurait dit un vieux papy gâteux qui confondait ses rêves et la réalité. Pourtant, je n'avais même pas trente ans ! La preuve, j'étais encore capable de mâcher deux parts de pizza en même temps. Impossible de faire ça dans une maison de retraite. D'ailleurs, je déconseille d'essayer pour vérifier cette affirmation, je n'ai pas envie d'avoir l'encombrement de gorge sur la conscience. Après, venait de la question suivante, si je prenais un colocataire, qui ce serait ? On ne pouvait pas dire que je m'étais fait beaucoup d'amis. Beaucoup de connaissances, à n'en point douter, mais l'amitié était une chose que je valorisais trop pour l'attribuer à toute forme de relation cordiale. Ceci étant dit, actuellement, je pouvais dire que j'étais avec un ami. Était-ce narcissique de présenter une version alternative de soi comme étant un ami ? Sans doute pas plus que de le qualifier de version alternative de soi.

Plus sérieusement, je me sentais serein en sa présence. Comme s'il arrivait à alléger le poids qui pesait sur mes épaules depuis si longtemps. Avant même ce monde. On parlait de tout, on riait, on partageait nos secrets. Je lui montrais même le Spider-Bot. Du moins la version alpha encore dysfonctionnelle, mais elle avait du potentiel. Si j'arrivais à le perfectionner un peu plus, je pourrais sans doute faciliter les patrouilles de mon homologue sans qu'aucun de nous ne fournisse le moindre effort. Il pourrait fournir des données sur la géolocalisation des crimes, mettre en évidence la présence de substances dangereuses, prendre en filature, filmer... Ok, pour cette dernière, j'allais peut-être devoir retravailler l'idée, car un robot capable de filmer alors qu'il passe sa vie à un niveau qui se situe sous la jupe des demoiselles, ce n'était peut-être pas ouf en termes de sécurité. Certes, il n'était pas fait pour ça, mais j'imaginais déjà Jonah de cet univers titrer : Spider-Man construit des robots filmant des petites culottes. Oui, définitivement, l'option caméra, j'allais bien la travailler avant de l'implanter sur le Spider-Bot. Me tirant de mes pensées, il m’interrogea sur ce petit bijou en construction. « Oui de la récupération, comme presque l’intégralité de mes équipements. Je n'ai jamais trop eu les moyens de... Enfin, on m'a aidé, mais c'était souvent limité. La plupart des gens avaient d'autres choses à faire. Même avec la tour Avenger ou le manoir de Dr Strange... Ils ont toujours eu d'autres affaires à régler ailleurs qu'à New-York. Je comprends ! Sauver l'univers est plus important que d'aider une ville. Du coup, je m'adaptais. Je faisais souvent les poubelles des universités, cela limitait mes dépenses mensuelles. Je t'assure que même les lance-toiles, à partir du moment où tu commences à les électrifier, ça peut revenir cher au mois ! » Voilà, de nouveau, j'avais trop parlé. Je m'étais passionné pour la question. Mon regard s'était embrasé et on aurait presque pu y voir des étoiles tant j'aimais parler de ces petits moments qui avaient ponctué ma vie de justicier. Même si j'admirais les grands héros de sauver l'univers, mon univers à moi, c'était New-York, c'était le Queens.

Délaissant la technologie, nous nous sommes attardés sur les Lego pendant qu'il lançait sa playlist. Il était davantage film ? Meh, je n'allais pas le juger. Néanmoins, pour moi, rien ne valait les groupes. Surtout ceux qu'on entendait dans les bars. Parfois, je m'amusais à me suspendre à un lampadaire, écoutant à travers le mur un groupe passant dans un bar. Cela permettait de me détendre entre deux arrestations. Néanmoins, ce n'étaient pas tant ses goûts musicaux qui m’interpellèrent, mais davantage sa mention de son ami Ned. Je n'avais connu aucun Ned. Visiblement, ce dernier était important pour lui. Pourtant, il chercha à dériver la conversation sur moi. Typique d'un Parker, comme dirait tante May. Alors que je l'aidais à mettre les pièces de côtés tout en lisant la notice pour la construction du vaisseau, je me contentais de répondre « Pas vraiment, je ne suis pas très doué pour... Ça. » Qui l'eut cru ? J'adorai parler et communiquer, mais me faire des amis facilement n'était pas mon premier talent. Au contraire. Il arrivait toujours un moment où j'étais gênant. Il fallait avouer que j'avais plus l'habitude des échanges assez court en raison du devoir de justicier constant. Après un petit instant de silence, je posai la notice, regardant l'autre Peter dans les yeux. « Tu sais... Si tu veux parler de ton ami Ned, tu peux le faire. Ce ne sera pas forcément agréable sur le moment, mais ça peut te soulager. Je sais en tout cas qu'à ta place, j'aurai eu besoin... Non, pas besoin... Mais ça m'aurait fait du bien d'en parler. De lui, même si je ne le connais pas du coup. Ou de toute autre personne. Je pense être assez bien placé pour comprendre ce que tu ressens... Y compris la volonté de ne pas gêner... Sauf qu'il vaut mieux en parler maintenant que durant une mission. Tu ne penses pas ? » Prenant une légère pause durant mon discours, je repris une part de pizza. Alors que je finissais de la mâcher, je ne pus m'empêcher de rajouter la bouche pleine « Et puis... Ce n'est pas comme si parler de ceux du monde d'avant, c'était insulter ceux de maintenant... Je sais que même si tu parlais de Ned cela ne voudrait pas dire que tu n'apprécies pas le moment. » Finissant d'avaler, je commençais les premières étapes de construction, assez maladroitement. Construire un Spider-Bot était dans mes cordes, alors un vaisseau en Lego... Ça devrait aller, non ?! Non définitivement, il allait devoir m'aider, comme l'indiquait mon regard de biche dans sa direction.

J'essayais de cacher au mieux ma réticence à retrouver mes pouvoirs. Il ne pouvait sans doute pas comprendre. Certes, on avait des expériences en communs, mais toutes ne l'étaient pas. J'étais plus vieux. J'avais sans doute perdu plus de choses au fil des combats. Ou alors ce monde m'en avait apporté moins que ce qu'il avait pu le faire pour ce Peter. Et en réalité, ça allait, cela me convenait. Je préférai largement que ce Peter soit heureux, moi, je savais me débrouiller et j'étais loin d'être malheureux. D'une certaine façon, l'aider était la meilleure chose qui me soit arrivée depuis que j'avais débarqué dans ce monde. Ce sentiment d'utilité... Tante May n'avait pas tort, aider quelqu'un, c'était comme aider tout le monde. Ceci étant dit, que dirait tante May ou oncle Ben s'ils savaient que je ne voulais pas retrouver mes pouvoirs ? Enfin... Ce n'était pas comme si j'avais le choix. Si on me proposait de les retrouver... J'accepterai sans doute car... C'est mon devoir d'une certaine façon, d'aider les gens et d'accepter ce don. En revanche, pouvait-on me reprocher de ne pas vouloir les retrouver ? Sans doute oui... Je me sentais si... Hypocrite. C'était pour ça que je ne l'assumais pas devant lui. Il était quelqu'un de bien. Quelqu'un de responsable. Quelqu'un de droit. Je l'étais beaucoup moins. La fatigue, peut-être. Ou bien était-ce juste que j'avais plus l'étoffe de ce héros que j'incarnais. Et si ce sentiment héroïque n'était qu'un des effets secondaires de la piqûre ? Bref, toutes ces questions et ces doutes n'étaient pas faits pour être évoqués devant lui. Il était assez hanté par son ancien monde pour que je vienne en plus peser sur ses sentiments. S'il voyait à quel point le sujet me mettait mal à l'aise, alors le connaissant et connaissant les Parker, il n'oserait plus me dire ce qu'il avait sur le cœur.

Alors qu'il m’interrogeait sur les Avenger, je ne pus m'empêcher de rire en imaginant Iron Man et Captain America former un Boys Band. Définitivement, monsieur Stark serait le bassiste, un peu cool alors que monsieur Roger serait le chanteur portant une bague de virginité. Hulk... Serait clairement le batteur. Oui, ça lui allait bien. Bref, l'image était assez comique. « Évidemment, je les connais. Je ne les ai pas trop côtoyés, mais ce sont des idoles. Ils font tellement pour le monde. Juste... Il faut toujours que certains justiciers ne sauvent pas l'univers, mais rendent le vélo à madame Sandson qui vit au coin de la rue ou qui arrête le voleur qui a pris la recette d'un vendeur de Hot Dog... Et puis New-York a son lot de vilains retords... Mysterio est particulièrement compliqué à vaincre... Et quand ils commencent à s'allier ça peut vite, mal tourner. Surtout avec des armes comme le Souffle du diable... » Mon visage se fit plus sombre que je ne l'avais voulu. C'était peut-être un des dangers les plus concrets que j'avais dû affronter. « Or, les Avengers ne peuvent pas toujours être là... » Je tapotais gentiment son épaule avant de me mettre à commencer la construction. Parlant de l'ancien monde et du nouveau, j'essayais de déculpabiliser mon homonyme. Lui et moi avions une approche très différente de ce nouveau monde. Cependant, je ne voulais pas que ce qui le travaillait ne le pèse. Au-delà même du fait qu'un justicier préoccupé était un justicier plus vulnérable et donc en danger, c'était surtout le fait que sa bonne humeur était... Comment pouvais-je formuler ça ? Son sourire était contagieux. Son rire l'était tout autant. J'aurais aimé davantage lui ressembler sans doute. Moi, c'était plus ma maladresse qui était contagieuse ! J'avais déjà réussi à faire rater MJ des pâtes à force de trop la distraire. Bref, à trop garder les choses pour lui, son sourire risquer de s'affaisser sous le poids de ses préoccupations. Pourtant, même sur ce sujet, il arrivait à détourner l'attention sur moi. Je ne pus réprimer le petit rire que j'eus. « Oui, j'ai un meilleur ami. Il s'appelle Harry Osborn. D'aussi loin que je me souvienne, avant la lune, je n'avais plus de nouvelle de lui... Il était parti à l'étranger. Mais je l'aidais comme je pouvais, notamment pour faire en sorte que les stations Oscorp de sa mère continuent de tourner... J'ai toujours pu compter sur lui. »

Un petit sourire nostalgique apparut sur mes lèvres alors que je construisais en silence la première partie du vaisseau. Malheureusement, je n'avais jamais eu le temps de faire ça dans mon monde. C'était vraiment divertissant. Et là, au moins, la qualité de la construction n'était pas nécessaire à ma survie, comme avec les lance-toile. Bizarrement, dès que le diagnostique vital n'était pas engagé, cela enlevait une boule au ventre qui rendait la chose bien plus épanouissante. Après quelques minutes, je finissais par briser le silence. « Mais tu sais... Me demander ça ne va pas me faire oublier le reste... Donc je vais te répondre. Oui, si je pouvais retourner dans mon ancien monde, je le ferais, mais si possible en laissant des accès entre nos mondes, comme des portes. Ainsi, on pourrait continuer à se voir, à discuter et à s'aider... Car je suppose que certains n'ont pas réussi à aussi bien s'adapter que nous. Donc, pour eux, en effet, je pense que je continuerai de chercher une solution. » Cela allait à contre-sens de ce que m'avait confié Peter, mais en même temps, je ne comptais pas lui mentir. Surtout que dire ça, c'était comme ne rien dire. En effet, cette partie n'était pas la plus importante. « Ceci étant dit, si je venais à vouloir rester dans ce monde... Je ne pense pas que cela ferait de moi quelqu'un d'égoïste... Profiter des moments ici est quelque chose de normal. Quand on a été mordu par l'araignée, notre vie a changé. Profiter de ces changements n'a pas fait de nous de mauvaises personnes... » Je reprenais une part de pizza, me relevant afin de m'appuyer contre une étagère. Même si la construction était passionnante, j'avais besoin de mon esprit sur la question philosophique qu'il me posait. Si seulement Tante May était là, elle saurait trouver les mots... « Disons juste que... Je pense qu'on peut chercher un moyen de communiquer avec nos mondes respectifs... Néanmoins, cela ne veut pas dire... Forcément y retourner. Je sais que Tante May, ma Tante May, si j'avais été dans ta situation, m'aurait dit de ne pas revenir si j'avais trouvé ma place ailleurs... Je pense que Harry m'aurait suivi ici, car il aurait trouvé aussi ce monde génial. Je pense que l'important, c'est de faire de son mieux pour rendre notre entourage heureux. Et parfois... C'est comme quand on déménage. Parfois, ça nous fait aller loin de gens qu'on aime, ça nous rapproche d'autres personnes que l'on apprend à aimer. Sincèrement, tu n'as pas à culpabiliser de ça. Au contraire... Je pense qu'il y aurait plus à culpabiliser de refuser d'être heureux en raison des gens qu'on aime... Même s'ils sont loin. Je veux dire... Tante May me tuerait si elle savait que pour elle, par culpabilité, je refusais d'être heureux... Au contraire, vis. Vis pour que, quand ils te reverront, car ils te reverront un jour d'une façon ou d'une autre, tu puisses leur communiquer toute la joie que tu pourras partager avec eux. » Bien sûr, je ne suivais absolument pas ce conseil. Hôpital, charité. Cela devenait une habitude. « Et, quoi qu'il arrive, je serai là pour t'aider... Non pas à rentrer, mais au moins à retrouver les gens que tu aimes, Peter. » Cela faisait toujours bizarre de l'appeler par mon prénom, mais ça allait finir par le faire... Ou pas. Finissant ma part de pizza, je m'appuyais un peu plus contre l'étagère. Je n'avais pas vu malheureusement ce qu'il y avait au-dessus. Était-ce un livre ou un vase ? Je ne savais pas. En-tout-cas, en raison de ma négligence, cela tomba tout droit sur ma tête. J'aurai pu finir assommé. J'aurai pu ? Quelque chose n'allait pas. Je me voyais avec l'objet en main... Sans que je n'explique comment je m'étais écarté presque instantanément pour le rattraper au vol... Comme si j'avais eu un sixième sens. Une minute... Et merde... Non, non, c'était juste un hasard, un coup de chance. Clairement pas mon spider-sens qui revenait.