“Where in the world did the time go? It's where your spirit seems to roam. Like losing faith to our abandon, or an empty hallway from a broken home. Well don't look away. From the arms of a bad dream. Well don't look away. Sometimes, you're better lost than to be seen. I don't feel strange, it's more like haunted. Another moment trapped in time. I can't quite put my finger on it. But it's like a child that was left behind. So, where in the world's the forgotten? Like soldiers from a long lost war. We share the scars from our abandon, and what we remember becomes folklore. Well don't look away. From the arms of a bad dream, don't look away. Sometimes, you're better lost than to be seen.” (
the forgotten ▴
green day) ✧
@Padmé Amidala Pansy est absente. Quel déchirement. L’absence de sa jumelle maléfique pèse toujours de la même manière en elle. Il pèse dans le cœur réputé glacé et cruel de cette jeune aristocrate originaire de la planète Phelarion. Elle ressent à chaque fois ces mêmes picotements dérangeants, cette sensation de vide. Comme une plainte lancinante, douloureuse. Pansy est sa moitié, sa sœur de cœur, la deuxième face de sa vie. La sœur qu’elle n’a jamais eue. La meilleure amie qu’elle n’a jamais eue non plus. Elles se ressemblent comme des jumelles – et ont maintes fois jubilés de cette ressemblance physique au point d’en jouer en public, ou avec des proches. (DRAGO) Thalassa Tarkin n’a jamais eu de véritable amie de toute son existence. Comment en avoir, lorsqu’on lui a appris très tôt à ne compter que sur elle-même et son port altier ? Thalassa est une Motti, avant d’être une Tarkin. Thalassa est une enfant unique. Un oiseau rêvant à la liberté, un oiseau majestueux aux plumes arc-en-ciel que l’on a emprisonné et endoctriné pour être une parfaite femme du monde. Une fille d’aristocrates égoïstes et vénaux. Une future femme de Gouverneur. Une femme de pouvoir. L’épouse légitime d’un homme de pouvoir, et d’aspirations démesurées. Enfermée dans une cage dorée durant son enfance, puis de son adolescence, par la famille Motti – cette famille puissante issue de l’ancienne aristocratie, propriétaire de d’un groupuscule de mines, dans un coin reculé de la galaxie. Puis enfermée durant ses premières années d’adulte dans un manoir à Port Tarkin, – une ville baptisée en l’honneur de son dévoué mari – une fois son mariage célébré. Et enfin, cloîtrée entre les murs froids d’un appartement luxueux dans la plus haute tour résidentielle de Coruscant City, lorsque son vénérable mari devint le deuxième homme de l’Empire galactique. Le Grand Moff Tarkin. Un homme dont elle est follement, éperdument, obsessivement éprise. Quoiqu’il puisse faire, quoiqu’il puisse dire. Elle lui est fidèle, envers et malgré tout. Elle lui donne sa vie, son corps, son âme et plus encore, sans la moindre hésitation. Ce que Tarkin veut est parole d’évangile. Wilhuff Tarkin est son monde tout entier. Wilhuff Tarkin n’est plus. Heureusement, selon Pansy Parkinson, qui n'a jamais porté en haute estime l’image dépeinte par Thalassa de son défunt et puissant mari. Malheureusement, pour Thalassa Tarkin, qui se sent véritablement…
incomplète.
Comme bien souvent en l’absence de sa soeur, Thalassa s’affaire à quelques correspondances, avec une tasse de thé ou de rooibos, en distribuant des ordres à leurs employés de maison. Étant donné son incroyable superficie, leur demeure a besoin d’être nettoyée du sol au plafond assez régulièrement. Ce n’est pas le travail des jumelles, mais celui des quelques domestiques qu’elles emploient. Pansy et Thalassa occupent un manoir imposant en pierre grise, appartenant historiquement à la famille Tarkin, soit à Thalassa, depuis la disparition de son époux. Du moins… d’après l’histoire que l’île a inventé pour elles. En réalité, les deux femmes ne viennent pas du même monde. L’une vient d’un monde où la magie existe, l’autre où la guerre se livre dans la galaxie à coup de sabres lasers et de vaisseaux imprenables. L’île a réalisé une incroyable reproduction du véritable manoir Tarkin de Phelarion sur un coin de Baker Street Avenue.
« Lady Tarkin ? » appelle une voix, toute menue et timide. Une jeune fille, employée dans les cuisines s’avance prudemment de la figure aristocratique de Thalassa Tarkin, celle-ci est élégamment installée sur un canapé en cuir couleur crème, avec une tasse entre ses doigts fins, parfaitement manucurés.
« Vous désirez quelque chose, ou puis-je enfin prendre congé pour l’après-midi ? » s’enquit-elle, une pointe d’anxiété dans l’intonation de sa voix cristalline.
« Enfin, dites-vous ? » répète Thalassa, en prenant soin d’articuler ses mots avec un léger accent originaire de Phelarion. Thalassa relève la tête du contenu ambré de sa tasse, cessant presque aussitôt d’admirer son reflet.
« Je… Ce n’est pas dans ce sens-là que je voulais l’entendre, mais… » proteste l’employée. Thalassa lève alors sa main, en délicatesse. La collectionneuse d'arts est d'une humeur massacrante depuis des jours. L’interpellée s’interrompe brutalement. Elle craint le pire, mais Thalassa n’est pas le genre de femme à crier, insulter. C’est une grande dame, qui a appris très tôt à camoufler la force de ses émotions. Elle arbore une mine froide et condescendante.
« C’est toutefois ce que vous venez de me dire, très chère. Quel dommage que vous rencontriez des difficultés à vous souvenir des choses qui sortent de votre bouche. Dois-je déduire une partie de votre salaire en représailles ? Dois-je prendre rendez-vous chez un neurologue pour vous ? » Elle soupire. L’employée se tend, prête à recevoir sa lettre de démission. Lady Tarkin ne conserve bien souvent pas les mêmes employés de maison. Elle les renvoie avec élégance au moindre faux-pas, ou mot en trop. Pansy doit bien souvent calmer les colères froides de l’aristocrate pour ne pas se retrouver sans le moindre domestique pour satisfaire à leurs caprices.
« Qu’importe… Laissez-moi pour la journée. Nous en reparlerons demain. » murmure Thalassa, en couvant son interlocutrice de ses beaux yeux noisette, durs et exigeants. Demain. Elle lui offre une seconde chance. Ce n’est pas donné à tout le monde – Thalassa est bien coulante ces jours-ci. Depuis la fin tragique de son ami et consœur, Qi’ra Sorrento. Qi’ra et Thalassa viennent toutes deux du même monde. Qi’ra a toujours fait fi des opinions politiques très arrêtées et conservatrices de l’impérialiste, pour mettre en avant ses qualités. Thalassa en possède un certain nombre. Elle n’est pas seulement une aristocrate cruelle et glaciale, épouse d’un Grand Moff, fervente admiratrice des œuvres de l’Empire Palpatine.
Alors que l’employée bredouille quelques remerciements, son interlocutrice demeure indifférente à l’étalage de ces courbettes. Ce n’est qu’une fois seule dans l’immense salon décoré avec goût, que Thalassa Tarkin relâche son masque froid et arrogant. Une larme roule au coin de sa joue, sans qu’elle ne puisse la retenir. Une larme sincère, brûlante. Pour Qi’ra. Thalassa inspire alors de profondes bouffées d’air pour calmer les battements chaotiques de son palpitant. Son rythme s’accélère dangereusement. La dernière fois qu’elle s’est retrouvée dans un état de profond chagrin, c’est le jour cruel où elle a enterré le cercueil vide de son mari sur Phelarion. Wilhuff ayant été tué à bord de l’Etoile de la Mort, son cadavre n’a jamais pu être retrouvé – il a été pulvérisé intégralement, réduit en poussières dans une galaxie parcourue d’étoiles scintillantes et de planètes. Un souvenir macabre faisant écho aux pires épreuves de son existence, dont la mort de son fils, Garoche, avant celui de son mari, et maintenant Qi’ra. Tout ce sang versé, ces enterrements, ces mots qui n’ont jamais pu être exprimés aux principaux intéressés avant leur disparition tragique. Thalassa a eu tant de choses à dire à Garoche avant de le perdre. Quel merveilleux fils il a été – l’amour de sa vie. Le deuxième homme de sa vie. Sa chair et son sang. Le sien, surtout. Celui de Wilhuff. Lorsque son mari est parti de sa vie, elle a éprouvé la même douleur. Il y a eu tant de choses qu’elle a voulu dire à Wilhuff. Et là, une fois encore, Qi’ra s’en va sans qu’elle ne puisse lui dire à quel point sa collaboration, mais surtout son amitié l’a touchée. A quel point elle n’a jamais cru être capable de s’entendre avec une femme comme Qi’ra Sorrento. Loin d’être une rebelle, Qi’ra est une révolutionnaire, une indépendante, elle n’obéit qu’à ses propres intérêts avant tout. Qi’ra n’est pas une
« femme bien à fréquenter » pour une femme de haut dignitaire impérial. Dans son monde, son mari l’aurait sans doute dissuadé de côtoyer une contrebandière dans son genre. (non mais au secours) Qi’ra est la preuve que deux femmes que la guerre oppose peuvent nouer une solide collaboration, et une amitié sincère, désintéressée. Il s’agit là d’une leçon de vie pour l’épouse de Wilhuff Tarkin. Une leçon qu’elle aura grand plaisir d’expérimenter une seconde fois, d’ici quelques minutes.
Thalassa repose ensuite une tasse relativement large, contenant encore un peu de rooibos aux épices douces et aux amandes, sur une élégante soucoupe en porcelaine au centre de la table basse en marbre. Une minute passe, pendant laquelle elle observe son reflet dans le rooibos. Son reflet déformé, grossier et coloré. Quelque chose lui renvoie violemment sa situation d’amie éplorée. Elle se livre d’un coup à une crise silencieuse de sanglots, entrecoupés de hoquets, qu’elle tente de camoufler en plaquant la paume de sa main contre sa bouche pulpeuse. Elle ne refoule plus ses larmes, lesquelles continuent de couler, jusqu’à la déshydratation de son corps tremblant. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de minutes, que l’aristocrate parvient à retrouver son calme olympien. Cela fait du bien de craquer par moments. Surtout pour une personne si glacée, qui a tendance à intérioriser chacune de ses émotions et de ses détresses, à fuir les sentiments comme la peste. Thalassa Tarkin pleure, véritablement. Elle pleure son amie, durant de longues minutes. Elle pleure l’absence de son fils, mort depuis des années. Elle pleure enfin la disparition de son époux, Wilhuff, son phare dans la nuit noire. Il lui manque
atrocement. Ses mots durs et son regard glacé, mais Ô combien intense, bercent encore ses songes, la réconfortent la nuit.
Au bout d’un moment, elle s’arrête. Un léger bruit résonne entre les murs de son salon. Quelqu’un vient de cogner à la porte. Se croyant définitivement seule, Thalassa est contrainte d’essuyer ses larmes discrètement pour revêtir son plus beau masque cordial, avant d’aller ouvrir la porte principale de son manoir d'une démarche presque trop travaillée, l’une de ses mains couverte de bijoux excessivement tremblante. (elle n'a pas l'habitude d'aller ouvrir les portes) Lorsque le visage de l’ancienne Reine de Naboo s’impose à sa vue, Thalassa Tarkin perçoit cette intrusion comme une gifle magistrale. Elle en regrette même durant une fraction de seconde d’avoir ouvert la porte pour se confronter au regard décidé, digne, mais coupable de Padmé Amidala. Et voilà qu’elle parle, qu’elle se présente. Thalassa Tarkin reste interdite. Elle se retient de lui claquer froidement une pique désagréable, du genre
« Je sais qui vous êtes, Majesté. » ou bien encore
« Me pensez-vous complètement stupide pour ignorer le visage de celle qui a provoqué la chute de l’un des plus forts guerriers Siths au service de l’Empereur ? ». Elle est capable de l’atomiser d’une simple phrase, de la pulvériser d’un regard supérieur, mais ne le fait pas. Au lieu de cela, Thalassa écoute les tentatives vaines de l’ancienne reine de gagner un peu de son temps. Jusqu’à maintenant, la femme de Wilhuff Tarkin arbore une mine hautaine, en ayant même logé l’une de ses mains sur ses hanches gracieuses, en signe de supériorité évidente. Elle s’efforce d’écraser par la force de son charisme son interlocutrice, comme bien souvent, devant ses rivales de l’aristocratie. Thalassa est consciente de son potentiel, de son charme magnétique et du pouvoir de son nom de famille. Elle use et abuse de manières, de regards froids et condescendants, de moue dédaigneuse pour imposer sa présence au sommet du panier. Elle est et doit demeurer la seule et unique beauté aristocratique dans toute la galaxie. (c’est blanche neige et les sept nains dans la galaxie) La seule fleur du mal. Le silence, voilà tout ce que Lady Tarkin offre en réponse aux sollicitations de Padmé Amidala. Un silence froid. Elle réfléchit activement à la manière la plus correcte et gracieuse de l’envoyer balader, de lui signaler que sa présence n’est pas tolérée en ce lieu. Thalassa rassemble son courage, elle entrouvre ses lèvres peintes dans un très beau rouge noir, poche de la couleur du sang. Aucun son n’en ressort toutefois. Parce que Padmé vient de dire exactement ce qu’il faut pour porter le coup fatal à la statue de cire qu’est Thalassa Tarkin. Lorsque le prénom de Qi’ra s’échappe de ses lèvres, c’est une première faille dans la glace. Le regard noisette de Thalassa Tarkin se brise presque instantanément. Un léger voile humide, d’eau cristalline, vient recouvrir ses orbes qui furent jusqu’à il y a quelques minutes si cruels et haineux. Padmé Amidala représente la voix de la résistance. Tout ce qu’elle exècre du fait de sa nature de femme d’un haut dignitaire de l’Empire galactique, convaincue de la doctrine despotique et autoritaire d’une brochette de fous furieux mégalomanes. Thalassa fut même à deux doigts de lui claquer la porte au nez, avant d’entendre ce prénom qui résonne à ses oreilles comme une plainte douloureuse.
Qi’ra Sorrento. Cette femme d’une rare élégance – parce que malgré toute l’animosité qu’elle lui inspire, Thalassa est forcée de reconnaître son incroyable beauté – affirme connaître Qi’ra. Elle désire lui parler de la défunte, en justifiant sa
« démarche cavalière » par le fait d’être la compagne de son terrible assassin. Ce foutu clown.
Quelque chose se passe alors en Thalassa Tarkin. Elle hésite entre la gifler, et son animosité soudaine se pressent très clairement. Une aura dangereuse émane d’elle, presque menaçante. Ses doigts délicats tremblent dans son dos, alors qu’elle lève lentement sa main vers un coin de porte, en voulant créer un passage pour deux personnes. Au lieu de frapper Padmé avec dignité, de l’envoyer au loin, elle lui ouvre la porte en silence. Dans l’absence des mots, et malgré la dureté ou la cruauté de son regard, elle lui fait une bien étrange proposition.
« Discutons-en à l’intérieur. » murmure-t-elle froidement en n’osant se confronter au regard ardent de son interlocutrice. Thalassa s’éloigne enfin, pour laisser passer l’ancienne reine. Que s’est-il passé clairement ? Elle a lu toute la détresse dans les yeux de Padmé Amidala – la fatigue et la culpabilité dans ses cernes ou ses traits tirés. Quelque part, cela lui a rappelé ses propres dilemmes. Mariée à un homme cruel, qui brise des vies humaines au nom d’une curieuse doctrine totalitaire. Padmé a connu cette dualité. Engagée dans une relation avec un assassin. Deux femmes importantes, belles et de bonne famille, éprises de deux assassins, chacun avec ses propres méthodes de fonctionnement. Le Joker est un bandit, alors que le Grand Moff est un bourreau. En longeant les murs du vestibule jusqu’au salon dans laquelle elle s’est tenue quelques minutes plus tôt, Thalassa époussète la robe qu’elle porte au niveau de ses hanches. Une robe noire fourreau, très élégante. De marque italienne.
Dolce&Gabbana. Une petite ceinture en cuir rouge à sa taille écrase ses poumons, alors que le sang se met tambouriner dans ses oreilles.
« Jean. » appelle Lady Tarkin, d’une voix étonnamment douce, en agitant une petite clochette argentée qui se trouve sur une table d’appoint, près du canapé. (je pleure) Au bout de quelques minutes, l’appelée fait une apparition timide dans le grand salon du manoir Tarkin.
« Vous m’avez demandé, Lady Tarkin ? » On perçoit une pointe de crainte dans le son de sa voix. Elle craint sûrement que Thalassa Tarkin ait changé d’avis au bout de quinze minutes. Ce n’est pas le cas. Thalassa espère simplement bénéficier de ses services auprès de son invitée. Elle sait que Jean a demandé à partir relativement tôt, et qu’elle lui a d’ailleurs accordé son après-midi de congé quelques minutes plus tôt, mais elle n’en a rien à faire. Il lui faut une employée pour assurer le service. Padmé Amidala n’est pas n’importe quelle invitée. C’est une ancienne Reine de la planète Naboo. Malgré les opinions politiques divergentes qu’elles se portent, Thalassa désire lui faire bonne impression en cette sombre période de deuil. Quelque part dans le ciel ou dans l’au-delà, le regard impitoyablement dur de son époux observe ses moindres faits et gestes. (et pas seulement dans le ciel si tu veux mon avis…) Thalassa ne peut décemment pas le décevoir en n’exprimant pas toute la dignité d’une femme de son rang, de sa prestance. Padmé est une invitée de marque, elle doit donc être traitée comme tel, avec tous les égards dus à une figure de la royauté. Le service doit être impeccable. Plus que cela, il doit être parfait. Wilhuff Tarkin exige toujours la perfection. Thalassa Tarkin est son miroir. Jean restera cette après-midi, quoi qu’elle ait prévu – un enterrement, un mariage, un baptême, une simple sortie ou un rendez-vous médical compliqué, qu’importe, tous ses projets doivent être sur-le-champ avortés. Thalassa est sincèrement indifférente aux aléas de la vie ou même aux besoins de ses employés, qu'elle assimile bien plus à des esclaves qu'à de véritables êtres doués d'envies et de raison. (mais la saloperiiiiiie)
« Ah. Vous êtes encore là. Je m’inquiétais. » Non, pas vraiment. Elle offre une mine étrangement doucereuse selon la jeune employée, qui s’est entre temps changée, mais n’a pas terminé de préparer ses affaires avant de prendre son après-midi de libre.
« Oui, je… » Thalassa ne lui laisse même pas le temps de terminer sa phase. Elle reprend, avec légèreté, tout en s’installant sur le canapé crème, en face de Padmé. Elle ne croise pas les jambes, et les gardent légèrement sur le côté, pressées l’une contre l’autre. Ses mains sont à plat sur ses cuisses, posées contre le tissu de sa robe en cachemire noir corbeau.
« Je reçois une invitée de marque. J’aurais espéré que vous auriez pu assurer le service de thé et de douceurs. Au moins pour une heure supplémentaire. Vous pourrez quitter le manoir vers seize heures, vous avez ma parole. » La parole d’un membre de la famille Tarkin n’est toutefois pas un gage de fiabilité.
« B… Bien. Je vous apporte le nécessaire dans quelques minutes. Dois-je me rhabiller entre temps ? » Thalassa hausse gracieusement les épaules, en conservant son port altier, même dans cette circonstance. (drama queen is here sweetie)
« Un tablier fera l’affaire. Mademoiselle Amidala ne prévoit pas de rester toute l’après-midi. N’est-ce pas ? » souffle-t-elle en adressant un discret regard à son interlocutrice, apparemment mal à l’aise. La nervosité qui s’échappe des pores de l’ancienne Reine de Naboo est flagrante, et quelque part, cela réjouit fortement l’épouse du Grand Moff. Elle n’éprouve pour son interlocutrice que des sentiments mitigés, profondément violents. Une part d’elle rêve de l’étrangler entre ses mains manucurées d’un très beau rouge sang, Une autre part d’elle désire en apprendre plus sur les circonstances exactes du décès macabre de Qi’ra. C’est la part de curiosité qui l’a emportée aujourd’hui, en lui offrant l’entrée de son manoir. Thalassa offre l’hospitalité à une ancienne Reine de Naboo par principe, son cœur glacé n’est qu’amertume et ressentiment.
Un long silence gênant s’installe entre les deux aristocrates, alors que Jean vient de s’en aller en cuisines préparer un plateau avec une théière fumante, de la vaisselle en porcelaine aux motifs floraux, accompagnées de quelques pâtisseries. Thalassa profite de l’absence de l’employée pour
« réchauffer » quelque peu l’atmosphère de son léger rire cristallin.
« Jean, c’est son prénom. Il se prononce « Jane ». Surprenant pour une demoiselle, n’est-ce pas ? » se moque-t-elle en souriant largement, cherchant à créer une bulle d’intimité.
« Elle travaille efficacement. Il est rare de trouver des employées aussi volontaires de nos jours. Je pense, qu’en tant qu’ancienne reine, vous comprenez parfaitement la problématique. » conclut Thalassa, forte dans l’art de la conversation et des banalités. Pleine d'hypocrisie et d'arrogance, l'ex impériale se délecte du fait d'avoir des petites mains à son service comme celles de la servante. Des petites mains qui répondent au doigt et à l'oeil au moindre de ses caprices. Elle marque un blanc, pendant lequel ses deux orbes scrutent dans le moindre détail toute expression ou faille dans la silhouette élégante et pure de Padmé Amidala. Encore une fois, elle est forcée d’admettre sa grande beauté, un charme naturel se dégage de sa personne. Une autorité, également. Une autorité bien différente de celle de Lady Tarkin, qui est muée par la crainte et le sadisme. Celle de Padmé Amidala est compatissante, naturelle et chaude. Elle est le feu, alors que Thalassa Tarkin incarne la glace. C’est un chant entre elles, un chant du feu et de la glace. Tout est sa faute, c’est la faute de cette satanée traîtresse, s’insurge-t-elle intérieurement – en s’efforçant de dissimuler l’ampleur de sa haine, de sa colère. Thalassa conserve une expression faciale fermée, glaciale et indifférente. Le menton légèrement relevé, les lèvres plissées en une moue boudeuse. On lui a appris à masquer ses véritables émotions, malgré la douleur ou la provocation. Alors, Thalassa se montre aussi digne qu’une porteuse du titre royal. Le dos droit et le regard fier, elle capture les beaux iris de son
« amie d’un jour » de ses propres orbes.
« Je connais votre réputation, elle vous précède… Majesté. » souffle Thalassa, avec une pointe d’ironie en fin de phrase. Un rictus se dessine au coin de ses lèvres colorées. Thalassa s’exprime posément, avec clarté et douceur. Un bien étrange contraste, lorsqu’on se met à faire la lecture de son cœur en sang devant l’amante du meurtrier de son amie.
« Votre histoire personnelle a fait couler beaucoup d’encre dans toute la galaxie. J’ai toujours regretté une chose, c’est de n’avoir pu faire votre rencontre de votre vivant. Me voilà bénie par les étoiles de la galaxie. » Ce n’est pas un mensonge. Malgré leurs différences politiques, Padmé Amidala incarne un véritable mythe. Thalassa a bien souvent voulu croiser sa route, en l’espace de quelques échanges, sans avoir pu s’offrir le luxe d’une discussion avant sa mort prématurée.
« Revenons à l’essentiel. » Plantons le décor, oui. Thalassa ferme les yeux durant quelques secondes, afin de se donner le courage nécessaire pour conserver son
« poker face » le plus longtemps possible. Sans hypocrisie. Thalassa est prête à entendre ce qui doit être prononcé. Comme si on enlève un pansement sans anesthésie. D’un coup sec. Douloureux mais efficace.
« Vous vouliez me parler de Qi’ra Sorrento et de votre… amant. Je vous écoute. » Thalassa laisse son dos retombe contre le dossier de son canapé, sans jamais rompre le contact visuel entre elles. Leurs yeux luisent d’une bien étrange lueur – un feu ardent. L’une du fait du poids de la culpabilité, l’autre du fait de la colère brûlante qu’elle réprime si férocement en son être pour l’empêcher d’exploser.