Sheidheda ! {Bilbo & Madi}

Madi est une âme volage, autant en amour qu'en localisation. Elle peut être partout et nulle part à la fois. Il y a des endroits récurrents, des signes avant coureur. Si un golden retriever se promène dans la rue, Madi n'est sans doute pas très loin dans le quartier. Si une Rover noir est garée sur le côté, c'est que sa propriétaire est dans les parages, du moins elle reviendra dans la voiture à la nuit tombée ! Elle marche dans cette ville et regarde le monde qui l'entoure. Sa connaissance de la ville est proportionnelle au manque qu'elle ressent quand elle la voit, héberger les familles au sein de leur maison.

Un lieu qu'elle apprécie particulièrement est le "Cul-de-sac", une librairie-salon-de-thé-trou-de-hobbit. Bien sûr, pour cause d'un manque d'argent évident, elle n'achète rien. Ni consommation, ni livre, en fait, elle s'assoit juste à sa place habituelle, l'alcôve la plus proche de la sortie, tout en ayant l'habitude de garder la porte ouverte, ou si non, entre-ouverte. Il en est de même pour la fenêtre, peu importe la météo. Elle ne parle pas beaucoup aux autres, si ce n'est un bonjour quand elle entre et un au-revoir quand elle part. Mais dès qu'elle passe là porte de l'alcôve, elle ne se gêne nullement pour prendre toute la place qu'il lui faut pour faire ses devoirs. Un cahier de mathématique au fond de la table, des feuilles éparpillées partout, dix pages d'anglais, sept pages d'histoire-géographie, six feuilles de sciences, huit feuilles d'un autre cours, ensevelies par les autres matières. Elle vient relativement souvent dans ce "Cul-de-sac", pour dire vrai, presque tous les jours. Elle ne vient pas si elle n'a pas de devoirs à faire ou de contrôle, d'examens à réviser. Ce coin lui permet de ne pas se sentir seule tout en travaillant, le "Cul-de-sac" est chaleureux et attire des partisants. Madi fait partie de ces derniers. Le côté "ancien" lui rappelle son chez soi. Ironique pour quelqu'un qui vient du futur, non ?

Elle reste généralement une trentaine de minutes lorsqu'il s'agit d'un devoir ou d'un contrôle et quelques heures quand il s'agit d'un examen. Malheureusement pour elle, demain, elle a un examen et elle n'a pas étudié. Elle fait tout au jour le jour. Résumé : elle fait tout la veille. Comme pour se nourrir, elle n'a pas vraiment la possibilité de conserver les aliments donc elle cherche de quoi un jour par un jour. Malheureusement, la matière a étudier est très importante, allant à une septantaine de pages de pure théorie. Quand elle réussit à en venir à bout, elle finit par s'endormir comme une masse. C'est à peine si elle s'est rendue compte d'avoir fermé les yeux. Au moins, elle est sereine pour demain, malgré le fait qu'elle n'a rien pu manger. Elle est arrivée plus tard aujourd'hui, à 19h. Souvent, elle arrive à 17h, mais aujourd'hui, elle avait du retard. Bon, ce n'est pas vraiment du retard puisqu'elle n'est pas attendue mais elle le considère comme telle. Elle s'est amusé à tagger les murs de la ville pendant un temps plus considérable qu'elle ne l'aurait souhaité.

Sombrant paisiblement dans le monde des songes, elle en oublie le décor. Et se fond dans un autre, celui de son monde. Devant Sheidheda, l'homme qui désire sa mort parce qu'elle l'a trahie. Un simple mouvement extérieur à elle-même et elle se réveille d'une fois, tombant de sa chaise, touchant le sol devant l'être qui la surplombe, Sheidheda. Mais cette fois-ci, elle ne va pas se laisser faire contre cet individu. Tandis qu'elle est assise sur le sol, elle se précipite sur les pieds de la chaise, elle empoigne deux des quatres pieds de ses mains, elle fait tomber la chaise sur le côté de sorte que les pieds se trouvent en face d'elle, puis elle balaye la chaise pour toucher les pieds/chevilles de son ennemi afin de faire tomber Sheidheda. Ce qui réussit, il tombe sur le dos, pris au dépourvu. Forcément, elle s'est attaquée à lui avant qu'il ne puisse le faire ! Tout s'est passé en une dizaine de secondes à peine. Son instinct de survie prend le relais sur tout le reste.

Tandis que Sheidheda est à terre, sur le dos. Elle s'approche de lui, elle attrape sans ménagement le col de son ennemi, prête à lui asséner un coup de poing.

-Tu ne feras plus de mal à personne, Sheidheda ! Je m'en assurerai personnellement..

Un poing se rapproche dangereusement de la figure de Sheidheda d'ailleurs...

La nuit tombait doucement sur les vitres du paisible endroit qu’entretenait son propriétaire. Bientôt, les lieux fermeraient, et il pourrait aller se réfugier dans son petit coin d’arrière boutique et appartement. En somme, Bilbo avait la vie belle, il fallait le dire. Au moins pour ça.
Comme d’ordinaire, il commença donc son inspection des petites alcôves cozy et discrètes qu’il avait fait construire. Là, il vérifiait qu’il ne restait personne. Cela prenait plus de temps que juste regarder une salle complète, mais peu importe. Il en profitait de toute façon à chaque fois pour faire une touche de ménage, puis, dans le doute, revérifier les lieux.

Arrivé à une alcôve, un bazar de feuilles trainait sur une table, tandis qu’une jeune fille semblait y dormir. Bilbo, qui aurait pu voir ça d’un sale oeil, sortir le balais et éjecter la malotru, se contenta de ne pas être surpris, et d’aller chercher une couverture. Il savait que ça signifiait qu’il resterait un tant soi peu dans la boutique, mais y était habitué. La demoiselle qui dormait là, était une “régulière”, mais une régulière particulière. Pour cause : elle n’avait jamais rien payé ici.
Et si Bilbo n’aimait pas se faire avoir, il avait fini par la laisser néanmoins, en comprenant qu’elle…N’avait pas vraiment les moyens. Et elle semblait si jeune ! Il s’était toujours demandé ce qu’il en retournait. Mais, poli, et réservé, il n’avait jamais rien demandé. Se contentant de ramener à l’occasion une tasse de thé ou une pâtisserie, et quelques couvertures.

Comme là. Parce qu’elle s’était endormie. Et puis, Bilbo trouvait qu’elle n’était pas dérangeante : jamais elle n’avait fait de bazar, jamais elle n’avait poussé la “gratuité” des lieux jusqu’au bout. Aussi, il l’avait laissé venir, l’apprivoisant malgré lui, probablement, sans s’en rendre compte.
Ramenant donc sa couverture, il s’approcha afin de la déposer sur les épaules de la jeune fille.
C’est là qu’elle se réveilla d’un seul coup. La voyant tomber de sa chaise, Bilbo chercha à la rattraper, lâchant en chemin la couverture qui tomba elle aussi au sol. Surpris, il ne s’attendit pas à ce qu’il se passa. Se prenant un coup dans les pieds, il tomba à son tour, probablement heureux d’avoir une couverture juste en dessous. Bilbo n’avait jamais été un guerrier, la défense, il ne connaissait pas.
D’autant qu’il ne pensait pas qu’elle l’attaquerait comme ça. Il chercha à s’éloigner, mais déjà, elle l’attrapait. Bilbo, bien qu’il ne fut plus hobbit, ne restait pas bien grand, donc il termina rapidement empoigné. Son cerveau vif commençant malgré tout à comprendre la situation cherchait déjà une solution. Elle avait dû faire un mauvais rêve. Il n’y avait aucune autre raison… Enfin, il espérait.

-Tu ne feras plus de mal à personne, Sheidheda ! Je m'en assurerai personnellement..

Sheidhequi ? Bilbo en fut certain cette fois : elle était soit somnambule, soit se réveillait d’un cauchemar.

- Mademoiselle ! Vous êtes à Cul-de-sac.

Son ton légèrement paniqué devait contraster avec ce que la jeune fille imaginait. Et puis, Bilbo, il n’était pas idiot. Il se doutait que des gens qui venaient d’ici, devaient avoir quelques passé fructueux d’horreurs.

- Je ne suis pas cette personne que vous citez ! Je suis Monsieur Baggins. Je tiens cet endroit…

Il espérait la ramener à la raison, parce que sinon, il n’avait aucune idée de quoi faire, et son dos commençait déjà à lui être un peu douloureux, ainsi que son coccyx, les deux n’ayant guère apprécié la chute imprévue.

Madi était perdue dans ce qu'elle pensait vrai. Le danger. Le terrible effroi qui lui parcourt le corps, la sueur perle le long de son front. Elle est en transe. Elle a peur. Son ennemi naturel, son Adversaire, le Destructeur des mondes, du sien tout particulièrement. En face d'elle. Sous son regard. Un mal terrible qui ne désire que la ronger, l'écorcher vive, la tuer. Pour sa trahison, pour lui avoir tourner le dos. Mais Madi a grandi, Madi n'est plus cette gamine tout juste capable de se sauver elle-même, alors commander ! Non, Madi est différente, elle ne va pas se laisser intimider par cette vision de sa peur la plus profonde. L'être qui aurait pu la mettre en déroute de sa présence avant. Ce n'est plus le cas, maintenant elle sait se défendre. Il n'est plus une menace et ne le sera plus jamais. Elle désire réellement l'achever, le tuer -dans d'atroces souffrances si possible-, elle désire l'anéantir, lui, le Malin incarné. Le diable derrière ses traits, elle l'a vu. Elle a vu l'immensité de sa cruauté derrière ses yeux. Mais alors qu'elle le regard, ses pupilles en ligne de mire et le poing prêt à lui casser la figure, elle remarque ce qu'elle n'avait jamais vu avant chez lui : de la crainte mêlée à la surprise. Cul-de-sac. Rien que ce terme la fait s'arrêter net dans son élan. Stoppant son poing avant qu'il n'atteigne le visage de Sheidheda... Elle secoue la tête, non. Ce n'est pas lui. Cela ne peut pas être lui. Et là, la réalisation. Elle a rêvé. Elle était dans une espèce de cauchemar dont il a réussi à la sortir avant la catastrophe.

Quand elle se rend compte de cela, elle tombe à terre. Toute l'adrénaline quittant son corps. Elle se recule, à même le sol contre le mur. La respiration haletante bien que se voulant silencieuse. Elle attend quelques secondes, quelques minutes, elle ne sait pas trop, avant de dire quoique ce soit, sans trop oser croiser le regard du monsieur. Elle n'est pas violente d'habitude. ... Okay, elle n'est pas comme ça d'habitude. La deuxième phrase est plus cohérente.
-Je... Je ne voulais pas...
Dit-elle doucement, en chuchotant. Elle n'aurait jamais frappé ce monsieur comme ça, sans prévenir. Ce sont juste les circonstances qui ont fait que. Mais elle avoue, que c'est sa faute, faut qu'elle assume.

-Je ne t'ai pas trop blessé au moins ?
Malmené aurait peut-être été le plus adéquat mais elle préfère ne pas en rajouter une couche.

-Je... Je ne voulais pas.
Oui, elle sait qu'elle l'a déjà dit mais elle est vraiment bouleversée. Elle ne sait pas trop quoi faire, dire, ni penser. Elle est perdue. Ce qu'elle voit là, c'est vrai ou elle rêve encore ? Est-ce que Sheidheda va entrer par cette porte et l'attaquer ? Un frisson de peur la parcourt une nouvelle fois.

-Je t'ai pris pour quelqu'un d'autre...
Marmonne-t-elle, la tête sur ses bras, ces derniers sur ses genoux. Comme si cela pouvait la protéger de ce qui allait se passer. Le monsieur allait-il la virer de cet endroit ? Il aurait raison. Si il le demande, elle partira sans broncher. Le monsieur va-t-il se mettre en colère ? Elle n'ose pas le regarder, elle ne veut pas voir son expression se tordre de colère... Elle est plus proche d'un enfant qui a commis une faute et qui attend d'être puni que d'une agresseuse. Comme quoi, les apparences sont trompeuses.

-Mais tu n'es pas Sheidheda, hein ?
Demande-t-elle, quand même. Pour se rassurer. Pour être certaine que le seul ennemi qui réside ici, c'est elle.

@Bilbo Baggins

Bilbo dans sa précipitation avait certes un peu crié, mais il se doutait que la demoiselle devait le confondre avec quelqu’un d’autre. Il espérait sincèrement qu’elle reprenne ses esprits, parce que même s’il n’était pas bon en défense ou en attaque, qu’elle ait réussi son coup avec brio comme ça… Elle devait avoir de meilleures connaissances que lui.

Mais déjà, la jeune fille se laisse tomber au sol, et lâche des baragouinements sans sens, avant qu’il entende plus précisément : “je ne voulais pas”.
Oh ça, l’ancien hobbit s’en doutait bien. Il hésitait néanmoins à s’approcher. Regardant la couverture au sol, il n’en fit rien, et la fille lui demanda si elle l’avait blessé. Tout en le tutoyant.
Bilbo secoua doucement la tête, prenant un air doux :

- Pas trop. Rien de cassé du moins.

Son coccyx et son dos s’en remettraient sûrement. Il l’espérait en tout cas. Elle répéta qu’elle n’avait pas voulu, et Bilbo sentit le calme le gagner doucement. Il hocha la tête, et attrapa lentement la couverture, se redressant.
Alors qu’elle confirmait l’avoir confondu avec quelqu’un, et ajoutant une question rhétorique, Bilbo acheva de s’approcha d’elle, pour y déposer la couverture avec soin. Il fit bien attention à ne pas trop la toucher, certes, mais au moins, la couverture l’aiderait peut-être aussi.

- Je ne suis pas…Ce nom que tu cites. Comme je l’ai dis, je suis juste…Bilbo Baggins. Tu as dû faire un bien sombre cauchemar, pour avoir une telle réaction.

Se reculant pour la laisser respirer, il se remit à sa hauteur, bien qu’il n’était de toute façon pas bien grand de son côté.

- Tu es bien réveillée, à présent ? Est ce qu’un thé te ferais du bien ?

Parlant doucement, il s’assurait de garder les yeux rivés sur elle, pour s’assurer qu’elle se remettait de ses émotions.

Pas trop. Mais quand même un peu. Un peu beaucoup. Trop. Elle ne le voulait pas. Mais elle l'a fait. Rien de cassé. Pour lui, peut-être pas. Mais elle, peut-être l'est-elle plus qu'elle ne veut bien l'admettre : cassée. Brisée. Craquelée. Enfin ça, pas sûre qu'elle le sache, et quand bien même le saurait-elle, pas sûre qu'elle l'accepte et l'avoue. Trop fière. Trop grande gueule pour se la fermer. Pour en sortir la vérité inavouable. Son ego ne le lui permettrait pas. Jamais. Elle est forte. Elle a été quelqu'un. Quelqu'un de respectable, respecté. Mais maintenant... Qui est-elle ? Personne. Quelqu'un... ? Une fille qui vit dans sa voiture ? Une fille qui est plus proche d'un chien que d'autrui ? Une sale gosse, vagabonde des rues ? Elle ne le sait pas. Même son nom de famille, elle ne sait pas d'où il sort. Il était là pour faire joli. Beau. Parce que fallait qu'elle en ait un. Alors elle a choisi Griffin. En raison des griffes qui lui poussent parfois au doigt pour se protéger ou attaquer ? Va savoir. Ce nom fut une évidence pour elle. Un choix qu'elle a fait. Qu'elle s'en rende compte ou non... Ce n'était pas vraiment le sien. Idée implantée dans un passé qu'elle a oublié.

-Bilbo...
Bilbo murmurais-je. Doucement, comme pour tester la sensation de son prénom sur le bout de ma langue, sur le loin de mes cordes vocales. Ce n'est pas l'autre. Ce n'est pas l'ennemi. Elle se calme. Elle soupire, soulagée. Puis elle regarde ailleurs, gênée. Pudeur d'un mal dont elle est la cause. Elle croyait qui le combattre, quelle ironie. Un voile sombre se met au travers de mon regard. Un cauchemar hein ? pense-t-elle amère. Si seulement... Si seulement c'était aussi simple.

Elle se relève, époussetant son T-shirt et son pantalon. Elle explique, d'une voix plus froide qu'elle aurait voulu.
-C'était pas un cauchemar.
Elle aurait préféré, mais c'était pas un cauchemar.

-Ouais, je suis bien... Réveillée. Merci. Je pense que je devrais y aller. Il est déjà tard...
Elle récupère ses affaires. Et pense sans aucun doute qu'elle n'y remettra plus les pieds... Après cela, son coin tranquille lui est sans doute inaccessible. Qui accepterait de l'inviter de nouveau après ce fiasco ?

@Bilbo Baggins.