C’est ironique comme le monde tourne plus rond qu'il n’en a l’air. La plupart de la population continue à reproduire les mêmes erreurs, en boucle, même en ayant droit à une seconde chance dans un autre univers. Ça fait bien quelques longues années que j’ai rangé mon costume de vendeur d’armes et laissé le business que menait mon père au placard. Ce n'est pas vraiment quelque chose qui me passionnait non plus, rendre des armes disponible à n’importe quelle mauvaise main n'était pas une vocation à long terme. J’ai préféré me ranger, utiliser mon génie à mes propres fins et dédier le tout à la protection des populations. C’est ce que je pensais léguer à Peter en mourrant. Je pensais que lui n’aurait aucun mal à suivre le bon chemin de la vie. Et lorsqu’il m’a avoué avoir fait de la merde (pour utiliser les bons termes) avec mes outils, j’ai cherché à en savoir plus. Je me suis un peu plus penché sur lui, sur ce qu'il devenait. Faut dire qu'il ne s’est pas montré des plus discrets non plus avec ces vidéos de lui en train de se battre avec un mutant circulant sur les réseaux. Il se montre plus impulsif ces derniers temps.. plus irréfléchi que d’habitude. Et s’il se doute que je puisse avoir accès à quelques uns de ses secrets via des objets -comme E.D.I.T.H que j’ai pu lui reprogrammer-, il ne se doute pas que mon attention est plus dirigée vers lui qu'il n’en a l’air.

Alors lorsqu’il s’est dirigé vers le casino, il m’a fallu moins d’une fraction de seconde pour comprendre ses intentions. Je l’ai connu plus discret et réfléchi mais ce plan ne l’est absolument pas. Je serais bien passé en costard cravate dans les mailles du filet pour m’infiltrer. Mais j'ai bien sûr été exclu de ce genre de conventions. Le passé m’a rattrapé sur ma vie actuelle. Aucune information ne m’échappe pour autant. De plus, je n’ai pas réussi à totalement mettre le costume d’Iron Man au placard. L'idée de le faire m’a traversé l’esprit lorsque j’ai retrouvé ma fille. Mais elle partage le même enthousiasme que j’ai eu à créer ces armures. La protéger me paraît plus facile en les ayant à proximité. Alors j’en ai déclenché une. Elle s’est matérialisée une fois sortie de la voiture dans un timing parfait. Je me suis alors présenté en bas de l’immeuble. Conscient que je ne rentrerais pas par la grande porte, j’ai décidé d’emprunter les airs dans un ultime espoir qu’elle ne lâche pas, cette fois. Il semblerait qu’elle ne le fasse qu'à une certaine altitude, de toute façon. Le bruit des balles mêlées aux notes de musiciens déclenchent un brouhaha infernal qui s'arrête soudainement lorsque je fais mon apparition. Et Peter me fait comprendre qu’il est touché dans son égo que je lui sois venu en aide. Je l’observe lorsque mon attention est accaparé une fraction de seconde sur un homme de main s'apprêtant à me tirer dessus. Il est la seconde d'après étendu au sol après que j’aie tiré un laser tout droit sorti de mon gant gauche. Mon regard se porte à nouveau sur l’araignée. Je n’arrive pas à identifier son costume. Il ne m’est pas familier et la pluie de balles reprend. Il semblerait que nous soyons cependant tous les deux protégés par nos armures.

- Ne te méprends pas. Je ne te crois pas incapable. Bien au contraire. Je me décide à atterrir et plusieurs autres hommes viennent me charger. J’en vise deux avec lesdits lasers tout en m’approchant de Peter. - Par contre, impulsif, c’est une toute autre histoire. L’un d’eux s'accroche à mon armure. Je le fais basculer en avant sur la barrière extérieure de la terrasse. Il va s’y écraser dans un autre bruit assourdissant. Mes capteurs détectent quatre autres personnes qui semblent être l’épicentre de ce trafic. Les cibles sont rapidement identifiées par l’IA mais sont déterminées à s’enfuir. Alors elles tentent de prendre le large. Je sais que Peter ne les laissera pas fuir. Je me décide à le couvrir en m’occupant des hommes de main. Ces missions m’ont un peu manqué tout de même. Et les vieux réflexes reviennent comme si je ne m'étais jamais arrêté.

Cependant, l’attitude de Peter me surprend. Il n’a pas l’air enthousiaste de me voir. Ce qui n'est pas de lui étant donné les circonstances. Il semblerait que je l'ai blessé dans son égo. Peut-être que je suis arrivé au mauvais moment pour lui .Mais pour moi il est on ne peut plus parfait. Je lui ouvre néanmoins la voie pour aller arrêter les quatre protagonistes tout en l’observant. Il semble plus extraverti que d'habitude. Je suis habitué à un gamin discret qui préfère se taire et agir plutôt que de se montrer en spectacle. Ce que j’observe là, c’est tout le contraire. Une crise d’adolescence, peut-être?

- Dis-moi, tu le sais que tu peux venir me parler si quelque chose te tracasse?

Je lève le bras à la vue dans ma vision périphérique d’une arme pointée dans ma direction pour me protéger. La balle ricoche sur mon armure avant que je n’attrape le bras de l’homme de main ainsi que son arme. - J’vous confisque ça, c’est pas pour les enfants.

Mon bras se charge en puissance puis propulse l’ennemi quelques mètres plus loin. Son corps s'écrase contre le mur et il s’étend sur le sol inconscient alors que Peter me répond de manière nonchalante. Je me fais la remarque à moi-même “- Yep, définitivement une crise d’adolescence.” puis des tentacules sortent du costume de Peter. Mais pas des tentacules créées par mes soins. Des tentacules plus.. organiques. Je lève un sourcil, surpris puis décolle pour aller rattraper l’homme sur le point de perdre la vie. Je l’intercepte et le laisse à la place s’écraser juste assez fort pour qu’il puisse au moins rester en vie. J’observe ensuite l’araignée partir en vrille, dévoiler une face pleine de rage que je n’avais jamais vu avant. Peut-être des émotions enfouies depuis trop longtemps.

- J’appelle pas ça être efficace. J’appelle ça prendre le chemin le plus court pour devenir comme eux, Peter. Au moins, il n’a pas achevé les deux derniers. Mais sa réponse hautaine m’interloque. J’suis pas là pour jouer qui que ce soit ni pour remplacer qui que ce soit. Je suis là parce que je tiens à lui, et parce que j’ai peur des cookies empoisonnés que pourraient me faire tante May si je remets pas le gamin dans le droit chemin de suite. Pour ça, il me faut comprendre ce qui cloche. - Eh, j’te signale qu’il n’y a pas de moment parfait. C’est un boulot à plein temps d’être papa. Tu comprendra quand ce s’ra ton tour.

Le son des sirènes retentit, je sais que le reste du groupe est déjà cerné. Pas étonnant que les flics aient rappliqué maintenant que le pire du danger soit passé. Peut-être aussi parce que je me suis appliqué à leur donner l’alerte. Mais Peter n’a pas l’air de vouloir en rester là. J’atterris à nouveau, non loin de lui, alors qu’il continue de s’acharner sur un homme qui ne réagit déjà plus. - Peter, ça suffit. C’est fini, y’en a plus aucun qui verra la lumière du jour avant un bon moment. J’appuie sur un bouton pour appeler une seconde armure.

L’envie de poser ma main sur mon épaule est forte, mais pas assez pour aller à l’encontre de ces tentacules bizarres et dégoûtantes qui l’entourent. Alors j’attrape à la place son poignet pour essayer de le reconnecter à la réalité. - Peter. J’observe dans ma vision périphérique l’une de ces tentacules se lever et me viser. Par réflexe j’active mes propulseurs pour esquiver et riposte d’un coup de laser en direction de sa dite tentacule. L’ennui, c’est mon manque d’information sur son équipement pour réagir correctement. Sa tentacule est plus souple que calculé et je me retrouve projeté un peu plus loin. Je retombe néanmoins sur mes jambes, bien décidé à ne pas lâcher le morceau.

- Tu es vraiment sûr de ce que tu veux faire, là? Mais vas-y, si tu veux t’en prendre à quelqu’un, fais-le à quelqu’un de ta force.