Boucle d'or ▿Crowley & Alluka

feat @Alluka Zoldyck

Je laissai un rire bas et rauque s'échapper, résonnant dans l'atmosphère déjà lourde de cette maison hantée par les ombres du passé. Alluka, avec ses doutes et ses craintes, cherchait des réponses que je n'avais pas l'intention de lui offrir sur un plateau d'argent. La bonté, la bienveillance... Ce n'était pas exactement ce qui m'animait, ni ce pour quoi j'étais connu. Mon rôle ici n'était pas de la cajoler ou de lui tenir la main. Non, si elle voulait survivre, il allait falloir qu'elle le fasse par ses propres moyens.

« Alluka, » dis-je en laissant ma voix traîner comme une lame sur du verre, « je crois que tu te méprends sur la nature de notre... association. Je ne suis pas là pour te rassurer, ni pour être ton chevalier servant. Nous sommes ici par la force des choses, mais ne crois pas une seule seconde que cela signifie que je vais te protéger à chaque tournant. »

Je la regardai droit dans les yeux, le sourire qui se dessinait sur mes lèvres n'avait rien de rassurant, bien au contraire. Il y avait une part de moi qui prenait un certain plaisir à la pousser dans ses retranchements, à voir jusqu'où elle pourrait aller avant de céder à la panique ou à la colère.
« Tu parles de confiance, » continuai-je en jouant négligemment avec une mèche de mes cheveux noirs, « mais pourquoi devrais-je te faire confiance, toi ? Tu es une bombe à retardement, une force brute qui ne demande qu'à exploser. Et si je peux m'en servir, très bien. Sinon... » Je laissai ma phrase en suspens, le silence faisant office de menace implicite.

Je me détournai d’elle, marchant lentement dans la pièce, mes pas résonnant contre le plancher usé. La maison autour de nous semblait se resserrer, comme si les murs eux-mêmes prenaient conscience de la tension qui montait. Chaque objet, chaque recoin suintait une énergie malsaine, et je pouvais presque sentir les murmures invisibles des âmes piégées ici, cherchant une sortie ou une victime à dévorer.

« Le monde n'est pas un endroit gentil, Alluka, et il ne se pliera pas à tes désirs d'enfant perdu. Tu veux retrouver ton frère, c'est ça ? » Je me retournai brusquement pour la fixer à nouveau. « Eh bien, sache que ce ne sera pas une promenade de santé. Il y a des choses, des êtres dans ce monde, qui feraient passer ta peur de l'inconnu pour une simple promenade dans le parc. Et je n’ai pas l’intention de me sacrifier pour te protéger de ces horreurs. »

Je sortis de ma poche une montre à gousset, mais cette fois, au lieu de l’offrir avec une apparente bienveillance, je la lançai négligemment sur la table entre nous. Le son du métal frappant le bois résonna dans la pièce comme un coup de feu.

« Voici ton billet d’entrée pour ce cirque infernal, » dis-je avec une ironie mordante. « Prends-la ou laisse-la, cela m'est égal. Je ne suis pas ton guide, Alluka. Si tu veux sortir de ce merdier, il va falloir que tu te débrouilles. »

Je la toisai un moment, scrutant son visage pour y déceler la moindre réaction. Ce n’était plus une question de gentillesse ou de soutien. Elle devait comprendre que le monde dans lequel nous nous trouvions ne la ménagerait pas, et moi encore moins.
« Tu veux savoir si je vais rester à tes côtés ? » Je haussai les épaules, feignant l’indifférence. « Peut-être, peut-être pas. Tout dépend de toi, de ce que tu es prête à faire pour survivre. Mais je te le dis tout de suite, si tu deviens un poids, je n'hésiterai pas à te laisser derrière. »

Je fis demi-tour, marchant vers la porte de la pièce, mes bottes résonnant lourdement sur le sol de bois craquant. La poignée froide entre mes doigts, je me tournai une dernière fois vers elle, un éclat dangereux dans les yeux.
« Le temps presse, Alluka. Prends une décision. Si tu veux rentrer chez toi, il va falloir te battre, te salir, et peut-être perdre ce qui reste de ton innocence en chemin. Mais ne te méprends pas sur une chose : je ne suis pas ton ami. Je ne suis pas là pour te sauver. Alors soit tu te bats et tu t’en sors, soit tu restes là à hésiter... et tu crèves. À toi de voir. »

Avec un geste brusque, j'ouvris la porte, l’obscurité au-delà semblant presque tangible, comme un gouffre prêt à nous engloutir. Je franchis le seuil sans un regard en arrière, laissant Alluka avec ses choix et ses peurs. Je n’étais pas là pour jouer les héros. Si elle voulait me suivre, elle devait le faire en connaissance de cause : ce voyage ne serait ni facile ni sûr, et à la moindre faiblesse, elle serait laissée pour compte. Les ténèbres nous attendaient, et je savais que ce ne serait pas une question de qui, mais de quand elles finiraient par nous dévorer.

feat @Alluka Zoldyck

Je la regardais approcher, ses pas hésitants se transformant en une marche décidée, malgré la peur qui se lisait sur son visage. Son regard, embué par les larmes retenues, essayait de me percer, de comprendre ce que je cherchais à lui faire voir. Le chaos émotionnel qui se jouait dans son esprit était presque palpable. La panique, la confusion... et cette vulnérabilité qui transpirait de chacun de ses mots. C'était fascinant, vraiment.

« Alluka, » je dis en penchant légèrement la tête, laissant traîner ma voix avec un mélange de lassitude et d'amusement à peine dissimulé, « tu te rends compte, n’est-ce pas, que je ne suis pas ici pour te ménager ? Tes excuses, tes tentatives de justification, tout ça... c'est sans importance. Ce que tu étais avant de te retrouver ici n'a aucune valeur à mes yeux. »

Je fis un pas vers elle, réduisant la distance qu’elle avait créée en s’avançant. Mes yeux plongèrent dans les siens, cherchant à percer ce masque de fausse bravoure qu’elle essayait tant bien que mal de maintenir. La fragilité de sa posture trahissait chaque parole, chaque affirmation qu’elle tentait de formuler.
« Tu veux sortir d'ici ? » Ma voix claqua dans l'air comme un fouet. « Tu veux vivre ? Eh bien, je vais te dire un truc, Alluka. Tu es déjà morte mille fois dans cette foutue pièce avec ces pensées de petite fille apeurée. Les larmes, la peur, cette volonté de plaire... ça n'a jamais sauvé personne. »

Je me détournai brusquement d’elle, fixant l’obscurité qui s’étendait au-delà de la porte, un gouffre sans fin où se tapissaient des créatures bien pires que moi. Je savais exactement ce qui l’attendait là-bas, et pourtant, il était inutile de la prévenir. C'était à elle de découvrir cette vérité par elle-même. Mais les règles de ce jeu étaient simples : soit elle apprenait vite, soit elle était condamnée.
« Tu crois que j’ai envie de te menacer ? » continuai-je, une lueur dangereuse traversant mon regard alors que je tournais légèrement la tête vers elle. « Non, je ne te menace pas. Je t’expose une réalité. Ici, personne ne te fera de cadeau, et certainement pas moi. Tu dis ne pas savoir te battre ? Alors apprends, et vite. Parce que personne d'autre ne le fera à ta place. Et si tu comptes sur moi pour te sortir de chaque embuscade, alors tu es bien plus naïve que je ne le pensais. »

Je me tus un moment, laissant le silence s’étirer, amplifié par le craquement des planches sous mes pieds. Elle était là, debout, tremblante, tentant de se convaincre elle-même qu’elle pouvait affronter ce qui l’attendait.

Je soupirai à nouveau, cette fois-ci d’exaspération. « Tu ne m’as rien fait, Alluka, tu n’as pas besoin de t'excuser. Mais je ne suis pas là pour te tenir la main. Tu veux retrouver ton frère, très bien. Mais si tu veux sortir d'ici en un seul morceau, alors tu vas devoir changer. Tu vas devoir arrêter d’être cette petite chose fragile qui attend qu’on la protège. Parce que moi, je ne le ferai pas. »

Je fis un nouveau pas vers la porte, laissant l’obscurité m’effleurer, comme un rappel silencieux que le temps était compté.
« Alors voilà le marché, » dis-je sans me retourner, le ton sec, tranchant. « Tu veux venir avec moi ? Soit. Mais tu devras prouver que tu en es digne à chaque instant. La moindre faiblesse, et je te laisse derrière. Si tu trébuches, si tu hésites, je ne t'attendrai pas. Le monde là-dehors ne pardonne pas, et moi non plus. »

Je laissai un sourire cynique se dessiner sur mes lèvres, sachant pertinemment que mes mots la blesseraient plus profondément que n’importe quelle menace directe. Mais c’était nécessaire. La survie demandait des sacrifices, et elle devait comprendre que rien ne lui serait offert.

« Si tu veux venir, viens,» murmurai-je enfin, mes yeux plongés dans les ténèbres. « Dans ce monde, personne n’est innocent. Et ceux qui croient encore l’être finissent toujours par y laisser leur peau.»

Je fis un pas dans l'obscurité, sans me retourner, sachant qu’elle hésiterait, se demandant si elle devait réellement me suivre. Peu m'importait. Si elle ne le faisait pas, cela ne changerait rien pour moi. Ce n’était qu’un autre chapitre de cette foutue épopée. Elle avait le choix : mordre la poussière ou s'endurcir.
L’air était lourd, chargé de la promesse d’un avenir incertain. L’obscurité autour de moi me rappela ce que j’étais, ce que j’avais toujours été : un prédateur évoluant dans les ombres. Alluka devait choisir. Le ferait-elle à temps ? Peut-être. Ou peut-être que non.
Mais après tout, la vie n’était qu’une suite de paris. Et ce soir-là, j’avais hâte de voir si elle tiendrait la distance.

« J’ai un ami qui se serait sans doute coupé en quatre pour te rassurer et t’aider, mais je suis plutôt du côté obscur. » dis-je, en ôtant mes lunettes de soleil qui révélèrent aussitôt mes yeux de serpent.

feat   @Alluka Zoldyck

Je marchais en avant, mes bottes s’enfonçant légèrement dans les planches usées, produisant un bruit régulier, presque hypnotique. L’obscurité devant moi n’avait rien de rassurant, mais elle m’appelait, comme elle l’avait toujours fait. Derrière moi, j’entendais les pas d’Alluka qui se rapprochaient, hésitants mais déterminés. Bien, elle avait au moins compris une chose essentielle : rester immobile dans ce monde équivalait à creuser sa propre tombe.

Je ris doucement en entendant sa question, un rire sans joie, froid, presque mordant, comme le vent qui souffle sur une lande déserte. Elle avait osé demander, cette enfant fragile mais curieuse, trop naïve pour comprendre dans quel gouffre elle venait de plonger.
« Ce que j’étais dans mon univers ? » dis-je sans me retourner, ma voix traînant, comme un serpent qui siffle dans l’ombre. « C’est amusant, tu sais. Tout le monde pense qu’il veut connaître la vérité, mais en réalité, personne ne veut vraiment la voir. La vérité, c’est un venin. Il te brûle de l’intérieur, il te ronge jusqu’à ce que tu ne sois plus qu’un tas de cendres. »

Je me retournai finalement, mes yeux, désormais dépourvus de mes lunettes de soleil, brillant d’une lueur jaune reptilienne dans la pénombre. Il y avait quelque chose d’inhumain, d’ancestral dans ce regard, une promesse de désespoir et de ténèbres.
« Mais puisque tu tiens tant à savoir… J’étais ce qu’on appelle un démon, dans mon univers. Un agent du chaos, un destructeur à mes heures perdues, et parfois… un artisan du mal déguisé en bon samaritain. » Je fis une pause, laissant mes paroles s’imprégner dans son esprit comme une encre noire qui s’étale lentement. « Mon rôle était simple : tenter les âmes humaines, les pousser à prendre les mauvaises décisions. Et crois-moi, je faisais ça avec un talent certain. »

Je me rapprochai, réduisant la distance entre nous jusqu’à ce que nos regards soient presque au même niveau.

« Mais tu veux savoir ce qu’il y a de pire dans tout ça ? » Je chuchotai, ma voix basse et glaciale. « Ce n’est pas ce que j’ai fait aux humains. Non, ce qui est vraiment terrifiant, c’est qu’ils n’avaient besoin que d’un léger coup de pouce. La plupart d’entre eux étaient déjà à moitié perdus quand je les trouvais. Je n’étais qu’un miroir, un reflet de leurs propres ténèbres. »

Je reculai légèrement, réajustant mon manteau noir, un sourire cynique étirant mes lèvres. « Mais ce monde… celui-ci n’a pas besoin de démons pour semer le chaos. Il est déjà une abomination en soi. Je n’ai plus de rôle ici, et c’est ce qui m’agace le plus. Alors je me débrouille, comme toi. Sauf que moi, je suis habitué à la douleur, à la peur, aux sacrifices. » Je fis un geste vague dans sa direction. « Et toi ? Tu es novice dans tout ça ? »

Je me retournai à nouveau, mes yeux balayant l’obscurité. Une brise glaciale s’infiltrait par les fissures des murs, portant avec elle des murmures indistincts, comme si le vide lui-même cherchait à s’adresser à nous. Je souris, plus pour moi que pour elle.
« Alors voilà, Alluka. Voilà ce que j’étais. Un serpent rampant dans les ombres, un menteur, un manipulateur. Et maintenant ? » Je haussai les épaules, presque désinvolte. « Maintenant, je suis juste un survivant, comme toi. Mais la différence, c’est que je sais exactement jusqu’où je suis prêt à aller pour rester en vie. »

Je laissai un long silence planer, avant de reprendre d’un ton plus sec : « Et toi ? Jusqu’où es-tu prête à aller, Alluka ? Parce que dans ce monde, ce que tu étais avant n’a aucune importance. Ce que tu fais ici, maintenant, c’est tout ce qui compte. »

Je fis un pas dans l’obscurité, mes bottes écrasant le bois avec un bruit sinistre. La lumière vacillante derrière nous semblait sur le point de s’éteindre, comme si elle pressentait que nous n’en aurions bientôt plus besoin.

« Alors, » ajoutai-je avec un sourire venimeux en lançant un dernier regard par-dessus mon épaule, « tu vas marcher dans les ombres à mes côtés, alors ? »