[terminé] Malade + Camille.

La nuit avait été bien difficile pour Sophie qui était malade. Elle n'avait presque pas dormi et avait passé une bonne partie de la nuit à se lever pour se vider l'estomac. Après avoir réussi à dormir deux heures de suite, ou presque, Sophie s'était servie du téléphone qu'elle possédait, même si elle détestait ça et qu'elle se servait le moins possible de toutes ces machines. La jeune fille ne s'en servait qu'en cas d'urgence, que lorsque c'était vraiment nécessaire, alors comme elle avait jugé que c'était une urgence, elle appela sa soeur pour qu'elle puisse lui ramener de quoi se guérir. Elle allait déjà mieux, surtout parce qu'elle n'avait plus rien dans l'estomac, mais elle avait bien envie de voir sa soeur pour que cette dernière s'occupe d'elle. Sophie était encore une enfant dans le fond et elle aimait que l'on s'occupe d'elle comme d'un enfant, surtout lorsqu'elle était malade.

Assise dans le canapé, un plaid sur les jambes, Sophie essayait de se réchauffer en attendant sa demi-soeur. Alors qu'elle avait un bouquin dans les mains, elle se leva à toute vitesse pour se vider l'estomac, encore une fois. Elle n'en pouvait plus. Plus jamais elle ne mangerait un plat ouvert depuis plusieurs jours qui traînait dans un coin du réfrigérateur. Un brossage de dents plus tard et de l'eau passée sur le visage, Sophie se précipita vers la porte d'entrée puisque quelqu'un était en train de sonner, Camille certainement. « Oh Camille, merci d'être venue ! Je n'en peux plus ! » exagéra-t-elle à peine.

Camille avait reçu un coup de téléphone plus tôt dans la matinée. C'était Sophie qui lui demandait de venir chez elle pour lui apporter quelques petites choses, parce qu'elle avait été malade toute la nuit et qu'elle semblait ne plus en pouvoir. Une fois raccroché, Camille avait reposé son portable sur sa table de chevet, elle ne s'en servait que rarement, mais malgré tout, elle le gardait souvent près d'elle, en cas d'urgence ou de problème ou simplement si celui-ci se mettait à sonner. En sortant de sa chambre, pour aller réveiller, son fils, Camille avait marché sur une petite camionnette, Georges ne rangeait donc vraiment jamais ses jouets. En voulant se rattraper, Camille avait fait tomber un cadre qui se trouvait sur sa commode, heureusement, il n'était pas cassé. Le petit Georges était désormais réveillé et la douleur de Camille était passée, ils pouvaient donc tous les deux profiter d'un petit-déjeuner, avant de réveiller le reste de l'orphelinat. Mère et fils prenaient leur petit déjeuné dans la cuisine, tous les deux, partageant ainsi un moment complice, puis pendant que Georges termine de déjeuner, Camille avait lancé une machine et faisait la vaisselle. Une fois tout terminé, la jeune femme pu se préparer et réparer Georges, avant d'aller réveiller les enfants de l'orphelinat. Elle les fit déjeuner, puis les avait confiés à d'autres le temps qu'elle parte et par précaution, elle avait laissé Georges à l'orphelinat, pour ne pas qu'il ne tombe malade à son tour. Camille embrassa son fils, avant de lui donner son chameau en peluche et avant de partir.

Après quelques longues minutes de marche, Camille était enfin arrivée chez sa demi-sœur, avec quelques petites choses à lui donner. Elle avait l'habitude de s'occuper de personnes malades, à l'orphelinat et avec Georges elle en avait déjà soigné des petits malades. " C'est normal Sophie. Alors qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as mangé quelque chose de mauvais ? Tu as réussi à avaler quelque chose depuis ton réveil ? "

Sophie se sentait si mal. Depuis son arrivée ici, jamais elle n'avait été aussi malade. Chez elle, il lui était arrivée de tomber gravement malade parce qu'elle était restée trop longtemps sous la pluie ou d'être bien malade parce qu'elle avait trop mangé, sans savoir se raisonner. Mais depuis qu'elle était arrivée ici, elle n'avait rien connu de tout ça et les sensations lui semblaient différentes. La douleur qu'elle ressentait à l'estomac était insupportable. Elle avait si hâte que sa soeur arrive pour lui changer les idées qu'elle ne faisait que ça de regarder l'horloge accrochée au-dessus d'un meuble. Peut-être devrait-elle investir dans ces drôles de machines, une télévision ? Elle se sentirait peut-être moins seule et n’appellerait pas sa soeur à tout bout de champs.

Après un énième passage par la salle de bain, Sophie se précipita pour ouvrir à sa soeur qui attendait. La jeune femme évita de se jeter dans ses bras pour éviter de la rendre malade à son tour, n'étant pas certaine du pourquoi elle était malade. « Pardon de te déranger, tu as dû laisser Georges à l'orphelinat à cause de moi ? Et quitter ton travail ? » S'inquiéta-t-elle, un peu tard. Puis elle reprit en se dirigeant vers le canapé pour s'y asseoir. « Je ne sais pas ! Je n'ai rien mangé depuis hier soir et hier soir, j'ai juste mangé de la salade et une fondue de fromage... Enfin je crois... » Elle croyait parce que tout ça était dans un saladier depuis quelques jours dans le frigo et elle n'était plus bien sûr du nom qu'il y avait inscrit sur le paquet de fromage. Sophie mangeait tout ce qu'elle trouvait, elle ne cherchait pas à cuisiner, elle était trop nulle pour ça. « Je suis contente que tu sois venue, je n'aime pas être toute seule ici... » Elle aimerait tant vivre avec ses soeurs, sa famille, ou retrouver ses amis pour ne plus être seule dans cette grande maison vide. « Je n'ai pris aucun médicament, je n'ai trouvé que ça ici ! » Une vieille boite d'aspirine qui traînait dans un tiroir. « Tu crois que je vais être malade longtemps ? » Parce que c'était vraiment la pire sensation qui soit et Sophie n'avait qu'une hâte, pouvoir manger de nouveau.

Camille avait été appelée par sa jeune sœur plus tôt dans la matinée. Cette dernière lui demandait de venir chez elle parce qu'elle avait était malade toute la nuit et que la douleur était insupportable. Si Sophie était un peu plus adulte, elle n'aurait sans doute pas eu besoin de l'aide de la brune, mais elle était restée une enfant dans le fond, alors elle avait besoin qu'on s'occupe d'elle. Camille essayait de se dépêcher pour ne pas laisser Sophie seule trop longtemps, mais Camille n'y pouvait pas grand chose, elle avait des choses à faire avant de partir et en plus de cela, elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était puisque l'horloge du salon était tombée en panne la veille. Avant de partir, Camille avait autorisé les enfants de l'orphelinat à regarder un film animé sur la télévision du salon commun, avant de commencer leur journée.

En arrivant chez sa demi-sœur, cette dernière lui demandait pardon, elle s'excusait de l'avoir déranger et de lui avoir fait quitter ses obligations. " Tu n'as pas à demander pardon Sophie, nous sommes de la même famille, il est normal de s'entraider quand il le faut. " Il était temps de savoir ce qui causé les maux de Sophie, était-elle malade ou avait-elle mal digéré quelque chose ? Elle disait avoir mangé une salade et une fondue aux fromages. " Je n'ose pas imaginer depuis quand c'était dans ton réfrigérateur pour que tu ne sois même pas certaine de ce que tu as ingéré. " Camille avait l'habitude, Sophie mangeait toujours tout et n'importe quoi et voilà à quoi cela menait. Sophie n'avait pas besoin d'une leçon de morale, elle était déjà bien punie comme ça, elle était malade et c'était sans doute suffisant. " En effet, de l'aspirine n'aurait pas eu grand effet. Bon je t'ai apporté deux ou trois petites choses pour essayer de te soigner." Camille sortait des biscuits secs de son sac, un médicaments pour l'empêcher de vomir de nouveau et une sorte de tisane qui devait calmer les douleurs et les nausées. " Tu dois manger un peu, mais que des choses sèches, alors voilà quelques biscuits, n'en abuse pas. Tu prendras ensuite ce médicament qui t'empêchera d'avoir des nausées, puis tu auras une tasse de tisane, quand elle sera réchauffée. " Camille tendait le tout à sa sœur, puis était allé dans la cuisine, avait pris une casserole pour vider la tisane qui se trouvait dans une bouteille, pour la mettre à chauffer, puis elle avait pris un verre d'eau pour que sa sœur puisse prendre son médicament. " Tiens, avale ton médicament avec de l'eau, ce sera mieux. "

Camille essayait de rassurer Sophie lorsque cette dernière s'excusa. « Même Camille, je sais que tu as beaucoup de travail ! » Elles étaient de la même famille, et il était vrai qu'elles devaient s’entraider, mais Sophie la dérangeait peut-être un peu trop et trop souvent ? Sophie, à la demande de sa soeur, expliqua ce qu'elle avait mangé pour être malade. Ce n'était peut-être pas ça, elle n'en savait rien, mais comme ce plat était dans son frigo depuis des jours, les doutes étaient minimes. « Oh juste quelques jours Camille, je te promets que je fais attention ! » essaya-t-elle de se justifier, promettant qu'elle faisait attention à ce qu'elle ingérait alors que c'était totalement faux.

Sophie observa les différentes choses apportées par sa soeur. Elle fut ravie à la vue des gâteaux, un peu moins par la tisane et plus du tout par les médicaments. Ces choses-là avaient souvent un goût affreux. Sophie attrapa alors les biscuits et les médicaments. « Oh Camille ! » tenta de protesta Sophie. « Je ne vais quand même pas manger que des biscuits secs ! » elle savait que si, si elle voulait guérir vite. « Pendant combien d'heures ? » Parce que dans son esprit, hors de questions que ça dure plus que quelques heures. Pourtant, d'elle-même, elle n'avait pas spécialement envie de manger, tant elle avait peur que son estomac ne soit pas d'accord. « merci. » dit-elle en avalant son médicament, non sans une grimace. Sans terminer le verre d'eau, elle le déposa sur un meuble à proximité, elle reprit. « Comment va Georges ? » quelle malpolie, elle n'avait même pas été polie. « Je ne veux pas de tisane Camille. » Protesta-t-elle aussitôt, sentant la légère odeur qui se dégageait.

" Ce n'est vraiment rien Sophie, je t'assure." Oui, Camille était très prise par son travail, être directrice de l'orphelinat lui demandait beaucoup de temps, mais elle ne voulait pas laisser sa famille de côté. Si Sophie avait besoin d'elle alors elle voulait être là, si Georges avait besoin d'elle, elle voudrait également être là pour lui et elle était comme cela avec toutes les personnes de sa famille et avec les enfants dont elle s'occupait " Quelques jours de trop sans doute. Je te connais Sophie, tu manges toujours ce qui traine dans ton frigo, alors que tu ne sais même pas depuis quand ils sont là. A ne pas être sage, tu te rends malade." Camille souriait à sa soeur, mais elle lui faisait la leçon. La rousse devait apprendre à grandir, apprendre à savoir ce qu'elle pouvait encore manger ou non... Elle était encore une enfant dans sa tête, ce comportement n'était pas étonnant. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que Sophie se rendait malade en mangeant tout et n'importe quoi. La brune avait ramené un verre d'eau à son amie pour qu'elle puisse prendre son médicament, pendant ce temps là, la tisane était en train de réchauffer. " Georges va très bien, il n'est pas malade lui au moins. " S'il était malade lui aussi, Camille aurait eu plus de mal à le laisser à l'orphelinat le temps de venir ici. Même si Sophie était en train de pester pour ne pas avoir de tisane, Camille la versait dans une tasse pour la ramener à sa jeune soeur. " Ne fais pas l'enfant Sophie, tu dois boire pour te sentir mieux. " Camille tendait la tasse à Sophie, elle ne la lâcherait pas avant que la tasse ne soit vide, même si le goût était désagréable, il fallait la boire. La brune prit place aux côtés de sa soeur sur le canapé, prenant une partie du plaid de sa soeur, elle attendait que Sophie commence à boire la tisane.

"Sophie, cesse de te plaindre. Tu es malade, tu ne vas pas abuser des sucreries. Si tu n'as pas envie de finir par être malade encore longtemps, tu dois faire ce que je te dis, fais moi confiance. Et ça ne va pas durer seulement quelques heures, mais plutôt quelques jours." Camille était presque en train de gronder sa petite soeur, elle était souvent en train de lui faire la leçon, elle n'avait pas le choix, si Camille n'était pas là pour le faire, la rousse ne cesserait de faire des bêtises.

Camille ne semblait avoir aucune confiance en sa soeur. Elle était persuadée que le plat qui l'avait rendu malade était dans son frigo depuis une éternité. Pourtant Sophie faisait attention. Enfin, elle essayait tout du moins. Elle essayait de ne pas garder un plat ouvert depuis plusieurs jours, mais parfois elle oubliait. Parfois les plats se cachaient derrière d'autres, alors forcément, elle les oubliait. Camille lui faisait alors des remontrances, la sermonnant comme l'avait fait autrefois madame de Fleurville lorsque Sophie s'était rendue malade en mangeant beaucoup trop. Si Madame de Fleurville lui manquait, Sophie n'avait qu'à regarder son amie, elle était son portrait craché. « Tu ressembles beaucoup trop à notre mère, Camille. » Souffla la jeune fille, avant de reprendre quasiment aussitôt. « Je te promets, j'essaye de faire attention... J'essaye de ne pas manger ce qui traîne... » se justifia-t-elle. « Je suis désolée ! » précisa-t-elle, en baissant les yeux.

La jeune mère venait de ramener un verre d'eau pour que Sophie puisse prendre un médicament et préparait une tisane, tout ce dont Sophie n'avait pas envie maintenant. Pendant ce temps-là, Sophie prit des nouvelles de son neveu. A la réponse de sa grande soeur, elle tira la langue. « C'est normal, c'est toi qui lui donne à manger. » Ce n'était qu'une excuse, mais elle était totalement valable. A la vue de la tisane, la jeune fille fit la grimace. Elle ne voulait pas de cette tisane, elle semblait dégoûtante. « Je ne fais pas l'enfant. » protesta-t-elle en croisant les bras dans un premier temps alors que sa soeur lui tendait la tasse. Sa soeur ne semblait pas décidée à lâcher l'affaire, alors Sophie céda en levant les yeux au ciel. « Très bien ! » pesta-t-elle en attrapant la tasse tandis que sa soeur s'installait à ses côtés. Elle but tout en plusieurs gorgés, ne se retenant pas de grimacer après chacune d'elle, avec de jolis beurk au passage pour bien faire comprendre à sa soeur qu'elle n'aimait pas ça. La tasse terminée, Sophie se plaignait de ce qu'elle avait le droit de manger. Sa gourmandise n'allait pas être satisfaite avec ça. « Quelques jours ? Tu me fais marcher ? Oh Camille, je ne vais pas manger ces choses-là pendant plusieurs jours ! Je ne veux pas me plaindre, mais je vais mourir de faim ! Je suis sûre que tu exagères pour que j'arrête les sucreries ! » Soupira-t-elle, presqu'en colère. « Dans ce cas, je veux venir avec toi à l'orphelinat jusqu'à ce que je sois guérie ! » le rapport ? Il n'y en avait aucun, elle profitait juste de l'occasion pour s'éloigner un moment de cette grande maison où elle était seule et vivre quelques jours avec sa soeur, comme autrefois, qui en plus pourra la surveiller et surveiller ce qu'elle mangerait. Si elle devait mourir de faim pendant plusieurs jours, autant être avec sa famille.

« Merci. » Lui dire qu’elle ressemblait à sa mère était un vrai compliment, même si pour le coup, ce n’était pas réellement le but recherché. Camille se comportait comme sa mère, elle grondait Sophie comme une enfant. Elle la réprimandait pour ses sottises et elle avait raison, Sophie allait vraiment finir par avoir de très mauvaises surprises. Elle devait être plus prudente, c’était certain. « Ne t’excuse pas. » Une fois de plus Sophie s’excusait comme le ferait une enfant, ça n’avait plus rien d’étonnant pour Camille qui avait l’impression d’avoir deux enfants au lieu d’un.

La rousse prenait des nouvelles de son neveu, il allait bien, il n’était pas malade lui au moins. Comme le disait Sophie, sur le ton de la plaisanterie, il n’avait que peu de chance de tomber un jour malade à cause d’un mauvais truc à manger. Il était temps pour Sophie de prendre sa tisane. Elle n’avait rien de très appétissant, Camille était d’accord avec cela, mais elle ne disait rien, en plus, c’était pour son bien, pour qu’elle aille mieux et vite. Et comme toujours Sophie faisait l’enfant, refusant de boire la tasse et en disant que justement, elle n’était pas une enfant. Camille n’avait pas l’intention de lâcher l’affaire. Sophie allait boire cette tisane, elle n’avait pas le choix. Sans trop avoir à insister Sophie avait bu la tasse, tout en prenant soin de montrer qu’elle n’aimait absolument pas, ce qui fit bien évidemment sourire Camille. « Non, ce n’est pas une blague. C’est pour ton bien, tu dois faire un effort. » Elle aimait réellement se plaindre, c’était hallucinant. Elle n’allait pas mourir parce qu’elle devait faire attention à ce qu’elle mangeait pendant quelques jours. « Je peux savoir quel est le rapport ? » Il n’y en avait aucun, c’était certain, mais une fois de plus, le comportement de Sophie faisait sourire la brune. « Mais si tu veux, tu pourras venir à l’orphelinat quelques jours. Tu prépareras ta valise et tu viendras avec moi tout à l’heure. » Elle aimait bien passer du temps avec Sophie et Sophie aimait passer du temps avec elle, comme autrefois. Elle était à la limite de vivre définitivement à l’orphelinat avec Camille, Georges et les orphelins. La rousse venait souvent y passer du temps, puisque Camille ne pouvait pas se permettre de s’absenter trop souvent. « Tu vas finir par venir vivre définitivement à l’orphelinat avec nous si ça continue. » La brune souriait, se moquant de sa jeune sœur, juste histoire de la taquiner un peu.

Sophie venait de boire cette tisane dont elle ne voulait absolument pas en réalité. C'était immonde. Et surtout, elle préférait boire quelque chose de sucré ou manger tout ce qui n'était pas bon pour elle. En d'autres termes, et même si elle prétendait le contraire, Sophie jouait à son jeu favori : faire l'enfant. Maintenant qu'elle avait bu cette tisane, elle était encore punie, contrainte de manger uniquement des choses affreuses comme des biscuits secs pendant plusieurs jours. Elle espérait simplement que Camille soit en train de lui faire une mauvaise blague, connaissant la gourmandise de Sophie. « Un effort ? » gronda-t-elle comme une enfant. « Un effort ? Mais je fais des efforts ! » elle venait tout de même de boire cette maudite tisane, elle avait pris un médicament et acceptait de manger ces biscuits pendant quelques heures ! De quels efforts devait-elle encore se montrer capable ?

Alors Sophie profita de la situation. Si elle ne pouvait pas faire ce qu'elle voulait, elle n'avait qu'à aller à l'orphelinat avec sa soeur pour qu'elle puisse la surveiller. Il n'y avait pas grand rapport, elle profitait juste de la situation, elle qui aimait que l'on s'occupe d'elle. A la question de sa grande soeur, Sophie haussa les épaules, un sourire amusé aux lèvres. Elle savait très bien que Camille avait compris que Sophie voulait juste venir un peu chez elle, peu importe les raisons. « Oh, merci Camille ! » Sophie était heureuse, et ça n'avait rien d'étonnant. « Viens, on va préparer ma valise maintenant, tu veux ? » Surtout que comme d'habitude, elle allait emporter la moitié de la maison pour être totalement certaine de ne pas avoir besoin de revenir. « Bien sûr que non Camille. Là c'est uniquement pour que tu puisses t'occuper de moi parce que je suis malade ! » se justifia la jeune fille. Elle aimait cette maison, même si elle était bien trop grande pour quelqu'un de seule et c'était ça qui lui pesait le plus, la solitude. Enfant, elle avait grandi avec Paul et n'avait jamais été seule, puis elle voyait très souvent Camille et Madeleine. Le seul moment où elle avait été vraiment seule avait été le pire de sa vie, lorsqu'elle vivait avec sa belle-mère en Amérique. Il n'y avait aucun enfant, ou presque. Heureusement qu'elle avait pu se faire un ami pour rompre un peu sa solitude. Puis en revenant à Rean, elle avait retrouvé Camille, Madeleine et Marguerite, puis plus tard Paul et régulièrement Jean et Léon, alors elle n'avait plus jamais été seule. Et être entourée lui manquait terriblement. Elle si bavarde n'avait personne à qui parler. A l'orphelinat, il y avait Camille et le fils de cette dernière, et tous les enfants qui étaient pleins de vie et qui animaient cet endroit, contrairement au calme permanent de cette grande maison. « mais si tu veux, je peux rester ici. » dit-elle connaissant déjà la réponse de sa soeur.

Sophie avait toujours été gourmande, elle n’avait jamais réellement fait attention à ce qu’elle mangeait et se retrouvait donc souvent malade. Cette fois encore, un aliment l’avait rendu malade toute la nuit et au petit matin, elle avait appelé sa demi-sœur pour qu’elle vienne l’aider à aller mieux. Tisane, médicaments, aliments et biscuits secs allaient donc être son repas pour quelques jours, même si la rousse était mécontente, elle n’avait pas d’autres choix si elle voulait aller mieux. « Vraiment Sophie ? » Le seul effort qu’elle avait fait, c’était quand elle avait accepté de boire cette tisane. Mais elle n’en faisait pas beaucoup d’autres. Combien de fois Camille l’avait-elle mise en garde sur sa nourriture ? Combien de fois lui avait-elle dit de ne pas manger tout ce qu’elle trouvait sans même chercher à savoir si c’était encore bon ou non ? Sophie n’en faisait qu’à sa tête, comme toujours, déjà, quand elle était enfant, Sophie faisait des tonnes de bêtises, elle était adulte maintenant, pourtant, elle continuait les bêtises. Camille avait l’habitude de la voir comme cela, ça n’avait plus rien d’étonnant pour elle et puis c’était comme ça qu’elle l’appréciait.

Sophie avait soudainement eu une idée, venir à l’orphelinat le temps de guérir. La rousse passait beaucoup de temps à l’orphelinat avec Camille, trouvant toujours des excuses différentes. Si Madeleine, Jean, Léon, Paul et Marguerite étaient là, ce serait comme autrefois, quand ils étaient tous à Fleurville. Comme ce temps pouvait terriblement manquer à Camille. Elle donnerait tout pour y retourner, retrouver sa famille, ses amis, ses terres, son château, en d’autres thermes, pour retrouver tout ce qu’elle avait laissé là-bas. « Oui, vient, on va préparer ta valise ma Sophie. » La rousse semblait très heureuse d’aller séjourner à l’orphelinat quelques jours. Ce n’était pas étonnant, elle adorait y être. « Et la dernière fois c’était pour une autre raison et celle d’avant encore... » Camille souriait, se moquant de sa jeune sœur. Elle ne s’en rendait peut-être pas compte, mais c’était réellement le cas, mais en aucun cas ça ne dérangeait Camille, bien au contraire. « Ne dis pas de sottises Sophie, tu sais très bien que tu es toujours là bienvenue. » Sophie connaissait sans doute déjà la réponse, mais Camille préférait la rassurait en l’affirmant.

Oh oui, selon Sophie, elle avait déjà fait bien plus d'efforts qu'elle n'aurait dû. De toutes façons, elle n'avait jamais été très douée pour obéir ou être contente lorsqu'on lui demandait de faire quelque chose. Si elle avait su, jamais elle n'aurait mangé quelque chose de mauvais. Elle se montrerait plus prudente à l'avenir, pour éviter de devoir boire de nouveau cette affreuse tisane ou de manger ces affreux biscuits secs.

Alors pour en tirer un bénéfice, Sophie profita de la situation. Si elle devait faire attention et prendre des médicaments, il était préférable qu'elle aille à l'orphelinat avec Camille, non ? Impatiente, la jeune fille n'avait plus qu'une hâte : faire sa valise. Elle aimait tellement se retrouver avec sa soeur et le fils de celle-ci. Elle ne supportait pas la solitude. Elle aimait la compagnie, elle pouvait s'amuser, rire et discuter. Et seule, c'était bien trop compliqué, pour ne pas dire impossible. « Tu dis ça comme si je le faisais exprès ! Je n'y peux rien, moi, si j'ai toujours de bonnes raisons ! » Que pouvait-elle y faire après tout, si elle trouvait toujours une bonne raison de se rendre à l'orphelinat ? Pas d'excuses, juste de véritables bonnes raisons qui la poussaient toujours à se rendre à l'orphelinat pour quelque chose avant de retrouver la solitude de cette immense maison. « Alors si je suis toujours la bienvenue, on va préparer cette valise sans attendre, ça me prouvera que tu dis la vérité ! » affirma Sophie, un sourire aux lèvres, désormais debout pour entraîner sa soeur dans les escaliers. Bien que malade, elle avait réellement hâte de partir d'ici avec Camille. « J'espère que tu es prête à porter, parce que j'ai beaucoup d'affaires à prendre ! » Plaisanta la jeune fille, à moitié sérieuse pourtant. Et elles n'avaient pas d'autres choix que de faire le chemin à pieds, les bagages en main.

« Non, c’est vrai ma Sophie, tu n’y es pour rien. » Pas toujours en tous cas. Sophie aimait sa maison, mais elle n’aimait pas y vivre seule. Elle n’aimait pas la solitude, ce n’était pas nouveau. C’était sans doute pour cela qu’elle cherchait toujours des excuses, ou plutôt de bonnes raisons pour pouvoir aller près de sa sœur et de son neveu à l’orphelinat. Sophie y était toujours la bienvenue évidemment. Camille était toujours ravie de pouvoir accueillir sa petite sœur chez elle. Elle n’avait besoin d’aucune excuse, d’aucune raison pour passer, c’était inutile. « Bien évidemment que tu es toujours la bienvenue Sophie. Allons-y. » Sophie savait très bien qu’elle avait sa place à l’orphelinat, elle pouvait venir quand elle le désirait et elle le savait bien, Camille n’avait rien à lui prouver à ce sujet. Sans attendre, la rousse s’était levée, entraînant Camille dans les escaliers. « Sophie, tu n’as pas besoin d’emporter toute ta maison, quelques vêtements et quelques affaires feront l’affaire. » Sophie plaisantait bien heureusement, les deux femmes étaient à pieds, hors de question d’utiliser une voiture. Camille, comme Sophie refusait encore d’utiliser ces engins qui semblaient encore trop incertains et étranges à leurs yeux. Alors Sophie n’avait pas le choix, elle ne pouvait pas emporter de nombreuses choses. L’orphelinat était à plusieurs très longues minutes de marches de chez Sophie, aucune d’elle n’aurait la force de porter beaucoup aussi longtemps. « Par quoi commençons-nous Sophie ? Déjà, où as-tu mis ta valise ? » C’était sans doute un bon début, commencer par trouver la valise pour ensuite y ranger les vêtements que comptait prendre Sophie. Camille allait sans doute devoir la raisonner à propos des nombreuses choses qu’elle souhaitait emporter.

Sophie était rassurée d'entendre sa soeur lui dire ça. Elle aimait savoir qu'elle était toujours la bienvenue quelque part, même lorsqu'elle le savait déjà. L'entendre, ça la rassurait. Au moins, auprès d'elle, elle se sentait bien et en sécurité. Sophie s'était donc levée, embarquant avec elle sa grande soeur. Il fallait que la plus jeune prépare ses affaires. Et préparer ses affaires, ça lui prenait toujours un certain temps. Elle ne voulait jamais rien oublier pour ne pas avoir à revenir ici sans cesse. Un air sérieux sur le visage, Sophie se tourna vers sa soeur tout en continuant à avancer, pour lui répondre : « Camille, je ne veux pas emporter toute la maison, je veux juste prendre tout ce qu'il me faut ! » Répondre et contredire paraissait être son jeu favori. Mais sa demi-soeur avait raison, il ne fallait pas qu'elles se chargent trop, pour éviter d'avoir un nombre de sacs impossibles à porter.

Une fois dans sa chambre, Sophie se jeta sur son lit, écoutant la question de sa soeur. Elle avait complètement oublié à quel point elle se sentait mal et malade, il y avait encore quelques minutes de ça. « Ma valise ? » demanda Sophie en réfléchissant. « Aucune idée ! » Lança-t-elle en haussant les épaules. Puis s'allongeant sur le ventre, elle se pencha pour regarder sous son lit. « Je l'ai ! » Dit-elle en la sortant de là. « Déjà, il me faut des vêtements ! Tu me montres et je choisis ? » La base, non ? Puis elle s'occuperait des affaires de toilettes et de ses affaires plus personnelles pour s'occuper. Mais surtout, elle n'avait pas envie de se lever, alors autant laisser Camille s'en occuper. « Mais avant tout, je prends ça. » lança-t-elle en ouvrant le tiroir de sa table de chevet pour en sortir un petit carnet et le mouchoir brodé par sa mère. Elle ne partait jamais sans ça. Maintenant il ne restait plus qu'à attendre que Camille commence à choisir les vêtements de Sophie. 

Comme à son habitude, Sophie comptait emporter tout ce qu’elle avait chez elle, pour le ramener à l’orphelinat, alors qu’elle n’allait y passer que quelques jours. « Je te connais Sophie. Souviens-toi que nous allons devoir porter jusqu’à l’orphelinat. Et puis j’ai des choses aussi qui te serviront là-bas et donc que tu n’as pas besoin de prendre ici. » Camille souriait à sa jeune sœur. Elle la connaissait depuis si longtemps, elle savait comment elle était et elle savait que si elle ne lui mettait pas de limites, elle allait véritablement tout emporter.

Une fois dans la chambre, Camille avait demandé à sa sœur où était sa valise. « Toujours aussi tête en l’air. » Camille souriait une fois de plus. Le comportement de Sophie était toujours très amusant. Elle se comportait toujours comme une enfant. « D’accord, comme quand tu es venue habiter à Fleurville avec nous. La seule différence, c’est que ce jour-là, tu n’avais rien emporter. » Et que là, elle voulait emporter beaucoup trop. Camille s’était dirigée vers l’armoire de Sophie, commençant à regarder part quoi elle pouvait commencer. Pendant ce temps, Sophie avait pris le petit carnet de Jean et le mouchoir brodé de sa défunte mère. Elle ne s’en séparait jamais, à chaque fois qu’elle venait passer un séjour à l’orphelinat, elle l’avait avec elle. « Tu as beaucoup trop de choses dans cette armoire. Tu ne peux pas tout prendre Sophie. » Camille regardait sa sœur du coin de l’œil. Elle préférait la prévenir et se répéter avant que Sophie ne choisisse toutes les tenues de son armoire. La brune commença par sortir quelques robes. « Laquelle tu préfères prendre ? » En faisant des choix par groupe de vêtements, Sophie allait peut-être être plus raisonnable.

« Je peux porter beaucoup, Camille ! » assura la jeune fille, sûre d'elle. Même si l'idée de marcher longtemps en étant encombrée ne lui plaisait pas réellement. « Je sais... » soupira-t-elle finalement lorsque sa soeur lui assura qu'il y avait tout ce dont Sophie avait besoin à l'orphelinat. Elle le savait, mais elle voulait à tout prix éviter de revenir ici parce qu'elle avait finalement besoin de telle ou telle chose, alors elle embarquait la moitié de la maison pour être certaine d'elle.

Sophie s'était jetée sur son lit, à peine arrivée dans la chambre. Elle ignorait où était sa valise, mais elle la retrouva rapidement. « Je ne suis pas tête en l'air, je ne peux juste pas tout retenir ! » rétorqua-t-elle, souhaitant toujours avoir le dernier mot par principe. Et comme elle était aussi flemmarde, Sophie demanda à sa soeur de lui proposer les vêtements à emporter. Elle n'avait ni le courage de se lever, ni celui de fouiller dans le bazar qu'étaient ses placards. La comparaison de sa soeur fit sourire Sophie. Elle se souvenait bien de ce jour. Cette fois-ci, elle n'avait rien emporté que le strict minimum et sa poupée. Parce qu'à cette époque, elle n'avait rien. Aujourd'hui, tout était différent. « C'est faux, j'avais emporté ma poupée et ses affaires. » rétorqua-t-elle une nouvelle fois toujours dans le but de contredire sa soeur.

Tandis que Camille se dirigeait vers l'armoire, Sophie attrapa le mouchoir de sa mère ainsi que le petit carnet de Jean. Deux choses dont elle ne se séparait jamais, pas même pour quelques jours. C'était toujours les premières choses à finir dans la valise. « Je ne comptais pas tout emporter et puis, je n'ai pas tant de choses. » en réalité, elle avait énormément de robes parce qu'elle en voulait toujours une plus jolie que la précédente, pour finalement ne pas souvent les porter. « Une seule ? » Une seule parmi toutes ces robes choisies par Camille pour commencer ? C'était si peu, selon Sophie. « Alors celle-là ! » lança-t-elle en montrant d'un signe de mains celle qu'elle voulait. « C'est ennuyant de choisir... » avait-elle fini par dire, toujours aussi impatiente. « Et si tu allais me prendre le nécessaire dans la salle de bain pendant que je termine mes vêtements ? Promis, je ne prends que le nécessaire... » Elle remplirait la valise jusqu'à ce qu'elle ne ferme plus, simplement, en prenant des vêtements au hasard par pur envie d'aller plus vite. « des robes, des gilets, de quoi affronter le froid... C'est tout ! » Promit-elle en énumérant quelques vêtements à emporter, histoire de convaincre sa soeur.

Il était temps pour les deux jeunes femmes de monter dans la chambre de Sophie pour préparer sa valise. En tout cas, la rousse semblait en bien meilleure forme. La tisane de Camille avait peut-être fait effet, où alors, le fait d’être contente de venir passer du temps à l’orphelinat l’avait aidé à aller mieux, pour un temps du moins. « Oui, bien évidemment Sophie. » Elle était juste tête en l’air. Elle était bordélique et n’arrivait jamais à se souvenir des choses. Avant de commencer, Camille voulait de nouveau mettre sa sœur en garde. Sophie devait être raisonnable et n’emporter que le strict minimum pour aller à l’orphelinat. Elles n’étaient que deux et elles étaient à pieds, alors elles n’allaient pas pouvoir beaucoup porter. « C’est vrai. » répondit Camille souriante. Cette époque lui manquait terriblement. Ce n’était pas la même chose ici, il lui manquait bien trop de choses.

Camille se dirigeait vers l’armoire, pendant quelques robes, pour que Sophie fasse son choix. « Sophie, ton armoire déborde de vêtements. » Et en plus de cela, tout était en désordre, ça n’était pas étonnant venant de Sophie. Une fois de plus, Sophie n’était pas contente. Elle se plaignait de n’avoir le droit de choisir qu’une seule robe parmi la sélection de Camille. Puis finalement, elle s’était vite plein de s’ennuyer, parce que d’après elle, choisir ses vêtements étaient ennuyeux. Tout cela fit sourire Camille, habituée par le comportement enfantin de sa demi-sœur. « D’accord Sophie. Je te fais confiance, soit raisonnable. » C’était sans doute un moyen d’échapper à l’ennui, mais au moins Camille allait pouvoir choisir le strict nécessaire dans la salle de bain, même si Sophie allait sûrement faire déborder la valise.

Une fois toutes les affaires de Sophie prêtes, les deux femmes pouvaient partir. Un peu chargées, elles avaient quitté la maison de Sophie pour se rendre à l’orphelinat. Les maux de ventre de Sophie semblant avoir totalement disparu.