[Terminé] L'envoyé du diable + Nicolas

Son plan avait marché, l'attaque et le fait qu'il la sauve allait faire de lui quelqu'un qu'elle ne soupçonnera pas. Gagner sa confiance, c'est essentiel pour essayer de mieux l'atteindre après. Il sait que c'est difficile pour lui, mais si un début d'amitié peut se créer, ça lui donnera l'occasion de  devenir plus proche et qu'elle puisse se confier. Ceci ne se fera pas en un jour, il faudra du temps et sa cliente devra se montrer patiente pour obtenir des résultats. Nick aurait pu la kidnapper et la torturer, mais à quoi bon ? Est-ce qu'elle serait du genre à résister à la torture ? Et puis, obtenir ce genre d'informations vaut-il vraiment le coup qu'il lui fasse du mal ? Ce qui est sûr, c'est qu'il n'est pas assez payé pour se salir les mains de la sorte. Alors, ça sera l'option lente et plus gentille. Une fois que Mary aura obtenu ces informations, elle se débrouillera avec, lui, il aura terminé son job.

Elizabeth semblait encore sous le choc de son agression. Quand il revint vers elle après avoir ramassé ses affaires, il vit ces mains trembler. C'était surement une première pour elle de se faire agresser comme ça. Elle avait dû avoir peur et son corps entier avait du mal à encaisser tout ça. Comme il l'avait prévu, il lui demanda si elle voulait qu'il la raccompagne, c'était plus sûr. Le jeune homme savait très bien que le type qui l'avait agressé ne reviendrait pas, mais ça, elle n'est pas censé le savoir. Nicolas attendit qu'elle se sente un peu mieux pour lui répondre, elle acceptait et il afficha un léger sourire pour lui assurer que ça ne le gênait pas. Doucement, ils se mirent en marche, il restait à coté de la jeune femme, des fois que son corps lâche à cause du stress qu'elle avait ressenti plus tôt et qu'elle ressentait surement encore. Une question sortit de sa bouche. Est-ce qu'il habitait dans le coin ? A vrai dire, il habite à plusieurs quartiers d'ici. "Plus loin, mais devait faireuh coushe avant de rentrer." Pour se faire, il montra son sac de course qu'il avait dans ses mains. La supérette se trouvait dans la même rue que le cabinet de la jeune femme. Et rien n'empêche quelqu'un de faire des courses plus loin que là ou il a l'habitude d'en faire. En gros, il n'y avait rien de suspect à ce qu'il soit là et passe dans le coin. C'était un chemin logique vers son domicile. Mais tout ça avait été parfaitement calculé par le jeune homme. Il n'avait pas l'intention de parler, juste d'être une présence rassurante pour la demoiselle jusqu'à ce qu'elle puisse franchir le seuil de sa porte.

Elizabeth n'arrivait pas à se reprendre. Elle qui était pourtant habituée à faire semblant et à faire attention aux apparences, avait perdu l'habitude depuis un an qu'elle était ici. Montrer sa peur était la pire chose à faire. La peur était la pire des faiblesses. Elle vous rendait vulnérable et Elizabeth avait tout sauf envie d'être vulnérable aux yeux des autres. Elle était, ou voulait être, forte. Pourtant, à cet instant, elle n'avait ni l'envie, ni la possibilité d'être forte. Elle hésitait longuement parce qu'elle n'avait confiance en personne, pas même en quelqu'un qui venait de lui sauver la vie. Mais elle n'était pas capable de rentrer chez elle. Pas toute seule. Elle tremblait, elle était terrifiée. Elle avait peur pour sa vie. Peur d'être attendue ailleurs. Alors, hésitante, elle accepta malgré tout que Nicolas la raccompagne chez elle. Après tout, elle avait la chance de le voir se proposer. Il aurait également très bien pu repartir et la laisser là, toute seule.

Les deux se mirent alors en route, Elizabeth essayant de contrôler sa faiblesse pour marcher correctement. Elle se sentait si faible à cet instant qu'elle aurait pu se laisser tomber. La psy ne put pas s'empêcher de le questionner sur l'endroit où il vivait. Elle avait eu tant de chances qu'il soit là, au bon moment, prêt à l'aider et la défendre. A sa réponse, tout à fait convaincante, Elizabeth ne répondit rien d'autre qu'un signe de tête. Il rentrait chez lui après avoir fait quelques courses, quoi de plus banal dans ce monde ?

Elle continuait d'avancer, à côté de lui, rassurée par sa présence, mais mal à l'aise par le silence qui s'était installé depuis plusieurs minutes maintenant. « Si je peux faire quoi que ce soit pour vous remercier, n'hésitez pas à me le demander. » se lança-t-elle finalement en tournant le visage vers lui pour capter son attention et pour qu'il la regarde, alors que le silence était devenu pesant depuis bien trop longtemps selon elle. Il lui avait rendu un grand service, alors si elle pouvait l'aider à quoi que ce soit, c'était la moindre des choses. Elle ne voulait avoir aucune dette envers lui parce qu'elle détestait se sentir redevable. Ils étaient presque arrivés, une minute ou deux, peut-être et elle pourrait enfin se sentir en sécurité, chez elle, à l'abri des hommes de Mary. Elle pourrait soigner ses blessures et se remettre de cette agression. Et puis, même si la présence de Nicolas était rassurante, elle en finirait au moins avec ce silence qu'elle détestait plus que tout à cet instant. Alors lorsqu'elle aperçut la maison dans laquelle elle vivait, elle attira de nouveau l'attention de l'homme pour lui désigner d'un signe de main la maison et ajouta : « C'est ici que je vis, nous sommes arrivés. »

Il ne faut pas demander à Brown d'être loquasse. Déjà de part sa surdité, ça fait de lui quelqu'un de peu causant. Il préfère largement être silencieux, ça ne le dérange pas, même quand il est avec quelqu'un. Toute sa vie, il a été habitué à ne rien entendre, c'est donc normal pour lui, il ne peut pas comprendre le sens d'un silence gênant contrairement à la demoiselle. Et quand bien même aurait-il pu entendre, il n'aurait pas parlé pour autant. Parler pour ne rien dire ou meubler une situation, ce n'est pas son style.

La demoiselle s'était tourné vers lui pour ainsi lui faire comprendre qu'elle allait parler et il observer les mouvements de  ses lèvres. Visiblement, elle se sentait redevable envers lui. La pauvre, si seulement elle savait que c'est lui qui avait commandité ça, juste pour gagner sa confiance et passer à un stade supérieur plus rapidement. Car ce n'est clairement pas en étant son patient qu'il risque d'obtenir les infos que sa cliente demande. Ce qu'il recherche c'est une amitié, quelque chose d'assez fort pour qu'elle puisse avoir confiance en lui et se confier. Dans l'histoire, il pourrait même atteindre le stade d'amant  si ça lui permet d'avoir les réponses voulu. Mais contrairement à Worick, ce n'est pas un Gigolo et il s'imagine mal jouer ce jeu là. C'est pour qu'il espère que devenir ami sera suffisant. Il vient déjà d'atteindre le stade de sauveur, c'est un premier pas non négligeable. Pour toute réponse, le sourd secoua la tête de manière négative, il n'y a rien qu'elle puisse faire pour l'aider.

Après un moment de marche, Elizabeth montra une maison, c'était là qu'elle vivait, elle était donc arrivée à bon port et il sait où elle vit. Si jamais il a besoin de fouiller pour avoir des informations, il sait ou il lui faudra venir. "Cha va aller ?" demande t-il en montrant la maison. Ceci signifiait qu'il se demandait si elle n'avait besoin de rien. Bon en même temps, il se voit mal rester toute la soirée. Que peut-il faire de plus à présent qu'il la conduit chez elle ? Il sait que les hommes de Mary ne lui feront rien et l'autre n'aurait rien fait s'il ne lui avait pas demandé.  

Le silence pesant commençait à mettre mal à l'aise Elizabeth. Elle n'était pourtant pas bien bavarde, habituée à la solitude et au silence. Sauf que cette fois-ci, elle aurait eu besoin de parler, de se changer les idées en écoutant, d'entendre une voix rassurante à côté d'elle, tout ce qu'il ne lui offrait pas. Alors elle tentait de parler en lui indiquant que si elle pouvait faire quelque chose pour le remercier, il ne devait pas hésiter. Après tout, il lui avait été d'une grande aide et elle ne voulait pas lui être redevable. Sauf qu'il se contenta d'un non de la tête. Elle ne voulait pas se montrer insistante alors elle ne disait rien d'autre. Elle aurait tout le temps de lui rendre service s'ils se recroisaient un jour. Après tout, il savait désormais où elle vivait et il savait déjà où elle travaillait, il pouvait donc la trouver si un jour il avait besoin de quoi que ce soit.

Elizabeth fut soulagée d'enfin être arrivée devant chez elle. Elle n'avait qu'une hâte, rentrer s'enfermer chez elle et faire disparaître les marques que les coups avaient laissé sur son visage. C'était étrange comme son monde pouvait lui manquer parfois. Ce n'était pas tant le pouvoir qu'elle avait, ni cette solitude qu'elle avait toujours ressenti et encore moins la peur avec laquelle elle vivait, mais ce sentiment de sécurité. C'était ce qui lui manquait le plus. Cette impression d'être surveillée jour et nuit, protégée par des dizaines de gardes à chaque coin du château, protégée contre la moindre attaque. Aujourd'hui, elle était une cible facile. Elle en avait eu la preuve ce soir, comme toutes les autres fois où Mary s'en était prise à elle. Sans doute avait-elle pris la mauvaise décision lorsqu'elle était arrivée dans ce monde. Elle n'aurait sans doute jamais dû chercher à vivre normalement, à se protéger, à oublier qui elle était, en se cachant. Elle aurait dû affirmer son pouvoir pour effrayer Mary et l'éloigner d'elle. Elle aurait dû se protéger en faisant comme sa cousine. Sur ce coup-là, elle avait été plus intelligente qu'elle.

Après lui avoir désigné la maison dans laquelle elle vivait, il lui demanda si tout se passerait bien. Elle haussa les épaules dans un premier temps. De toutes façons, il ne pouvait rien faire de plus. Si sa présence était rassurante, elle ne lui accordait malgré tout qu'une confiance très limitée. Il était hors de question que quelqu'un entre chez elle. Alors, il ne pouvait rien de plus pour elle. Elle allait devoir rentrer seule et affronter sa peur seule. « Je vous remercie... » commença-t-elle pour le remercier de nouveau. « pour tout ce que vous venez de faire ! » intervenir tandis qu'elle se faisait agresser, mais aussi avoir pris le temps de la raccompagner. « mais vous ne pouvez plus rien faire. » il n'allait pas rester avec elle éternellement. Il était fort probable que les hommes de Mary ne tenteraient plus rien, ils avaient sans doute voulu l'effrayer, comme ils le faisait parfois. C'était en tout cas ce qu'elle se disait pour se rassurer. « Je vais me débrouiller. » ajouta-t-elle finalement, retardant le plus possible le moment où elle se retrouverait seule. « N'oubliez pas, si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez me demander, vous savez où me trouver. » conclut-elle finalement, avant de le saluer pour retourner chez elle. Il n'était plus temps de reculer, elle devait rentrer et essayer de se calmer, de passer à autre chose. Elle n'avait que quelques mètres à parcourir et enfin, elle serait en sécurité. Elle n'avait de toutes façons aucun autre choix.

Nick avait fait ce qu'il avait à faire, raccompagner la jeune femme et ainsi essayer de gagner la confiance de la demoiselle. Il le sait, il ne va pas réussir à avoir sa confiance tout de suite, mais au moins, elle voit qu'il n'est pas mauvais et qu'il l'a aidé. Du moment qu'elle ignore que c'est lui qui a payé le type pour qu'elle se fasse agresser, tout ira bien.

La jeune femme était devant chez elle, elle n'avait plus qu'à entrer et il ne s'attendait pas à ce qu'elle l'invite à l'intérieur et de toute manière il n'avait pas envie d'entrer non plus. Mieux vaut y aller doucement. Elle le remercia et assura que ça allait aller. Il esquissa un sourire pour la rassurer alors qu'elle lui tourna le dos pour se diriger vers sa porte d'entrée. Pendant quelques secondes, il l'observa, puis à son tour, il tourna les talons pour quitter la rue. Que peut-il faire de plus ? Là, il va devoir partir et réfléchir à quelle approche adopter pour gagner davantage sa confiance afin d'obtenir les informations que sa cliente demande.