A ce stade, je n'étais pas du tout certaine que mon interlocutrice accepte de me croire. Mais au ton de sa voix, je comprends que c'est le cas. Elle accepte d'entendre mes explications et mes arguments, elle accepte d'entendre le fait que, oui, je n'ai jamais tué qu'en légitime défense, dans le cadre de mon travail et dans l'espoir de protéger les personnes autour de moi. Je suis sincèrement rassurée de constater qu'elle semble s'être détendue à mon discours... Si nous cessons d'être hostile l'une vis-à-vis de l'autre, nous parviendrons peut-être plus facilement à nous en sortir : cette voix cherche à nous diviser, c'est ce que je comprends, à présent... et nous ne devons pas nous complaire dans ce jeu hautement sordide. Non, nous pouvons contrer les choses... Quelle que soit l'entité machiavélique derrière tout ceci, nous devons passer outre, et se montrer plus fortes qu'elle.
C'est au tour d'Elizabeth de me partager ce que dit sa voix. Et je ne m'attendais pas à ce que j'entends : le message est clair : on lui assurer que la chose se jouait entre sa vie ou la mienne, mais ce n'est pas ce que je retiens de plus dans son propos. Ce qui m'interpelle, ce sont ces mots "Tu n'es plus à un meurtre près"... Ces paroles sont insidieuses, elles sont peut-être faites pour semer le doute dans mon esprit. Je dois m'efforcer, autant que possible, de mettre de côté mes réticences pour aller au fond de cette histoire.
❝Ni vous ni moi n'allons mourir. Ces voix tentent de nous monter l'une contre l'autre, et elles ont failli réussir... Mais aucune de nous deux ne mourra, je vous le garantis.❞
Il n'est pas question pour moi de m'opposer à cette femme. Non, il n'en est absolument pas question... Même si je devine que cette femme en serait bien capable si elle devait estimer ne pas avoir d'autre choix... Mais on a toujours le choix, n'est-ce pas ? J'ai besoin de le croire, en tout cas. Je dois me raccrocher à cette pensée pour ne pas me laisser complètement dominer par l'angoisse que cette situation m'inspire un peu trop, à mon corps défendant.
❝La voix vous répète que vous n'êtes plus à un meurtre près... Qu'est-ce que cela veut dire ?❞
Bien sûr que j'étais dans l'obligation de poser la question... Comment pourrais-je faire autrement, après tout. Dans de telles circonstances, nous devons avoir toutes les informations nécessaires à notre disposition.
❝Je ne condamnerai aucun de vos actes, je vous le promets. J'aurai certainement vu pire. Mais j'ai besoin de savoir.❞
Il était grand temps de trouver une solution au problème que les deux femmes étaient en train de vivre, grand temps de sortir de cet endroit et grand temps de se débarrasser de cette créature étrange qui se dressait devant elle sans bouger. Elizabeth avait eu une idée - qu'elle jugeait stupide, à l'instant où elle comprenait qu'elle devrait elle-même parler de ce qu'elle entendait - sans savoir pour autant si cela fonctionnerait. Sans trop de réticences, son interlocutrice lui avait raconté ce que cette voix lui disait et, sans trop comprendre pourquoi, plutôt que de continuer à avoir peur - même si elle restait toujours en partie sur ses gardes, c'était dans sa nature après tout - elle lui disait qu'elle comprenait ses actions et qu'elle n'avait agi que pour le bien de tous. Indirectement, Elizabeth tentait certainement de se rassurer en lui disant tout ça. Si elle excusait les crimes de cette femme, les siens seraient peut-être plus facilement acceptés et excusés par cette même jeune femme ?
Puisqu'elle n'avait pas vraiment le choix si elle ne voulait pas finir ses jours dans cet endroit, la jeune femme avait partagé ce que cette voix lui soufflait depuis ce qui lui semblait être une éternité. Ces mots étaient dangereux et révélaient des choses qu'Elizabeth voulait garder secrètes, mais elle devait les partager avec exactitude - ce n'était pas le moment de mettre cet endroit en colère en mentant. Les mots d'Elizabeth alertaient évidemment Clarice. L'une ou l'autre, pas les deux. Devraient-elles vraiment choisir ? Se battre ? Ou pourraient-elles survivre toutes les deux ? Clarice semblait persuadée - ou vouloir s'en persuader, tout du moins - qu'elles n'allaient pas mourir. Evidemment que ces voix tentaient de les monter l'une contre l'autre, c'était même une évidence, mais si on ne leur laissait pas le choix ? Si c'était la seule solution pour sortir d'ici ? Alors, Elizabeth prendrait une vie pour sauver la sienne, comme elle l'avait tant fait par le passé. « Vous êtes optimiste. » Souffla Elizabeth, simplement, plus comme une constatation que comme une critique.
Evidemment, la question que la jeune femme redoutait le plus venait d'arriver. Elle n'était plus à un meurtre près, qu'est-ce que cela pouvait-il bien vouloir dire ? Le sens des mots était clair, bien sûr, mais pourquoi cette voix prononçait-elle ces derniers ? Clarice s'inquiétait peut-être pour sa vie - et elle avait certainement raison, Elizabeth avait toujours été prête à tout pour protéger sa propre vie et tuer ne lui avait jamais fait peur, même si elle voulait être une personne meilleure. La jeune femme ne répondait pas tout de suite, elle hésitait et réfléchissait. Alors, son interlocutrice ajouta qu'elle ne condamnerait pas ses actes parce qu'elle avait sans doute vu pire. Peut-être. Après tout, Elizabeth pouvait se justifier par les mêmes raisons que Clarice : elle avait agi dans le cadre de son métier, pour protéger le plus grand nombre. Elizabeth avait ordonné bien des assassinats lors de complots, était responsable de nombreuses morts lors de guerre... mais n'était-ce pas le lot de tous les souverains et les dirigeants ? Il fallait savoir se salir les mains pour gouverner et ne pas avoir peur de prendre les bonnes décisions. Pourtant, elle ne pouvait pas lui dire tout ça. Donner trop d'indices sur son passé, c'était prendre le risque que Mary finisse par découvrir la vérité un jour ou l'autre et ça, c'était hors de question. « Que, moi aussi, j'ai déjà dû sacrifier des vies pour le bien du plus grand nombre. » Elle n'avait que rarement tué elle-même, mais combien de fois avait-elle ordonné des massacres ? Des assassinats ? Tous étaient justifiés à son niveau et avec son rang, jamais elle n'avait tué pour le plaisir de tuer, mais est-ce que cela justifiait pour autant ses crimes ? « Et vous ne saurez rien de plus. » Sa voix était nette et ne laissait place à aucun doute. Elle préférait mourir ici qu'entre les mains de Mary, si elle apprenait la vérité. Jusqu'au bout, Elizabeth protégerait son secret. « Je n'en suis pas fière, mais je ne regrette rien et s'il fallait recommencer, je recommencerais. » Ce n'était peut-être pas utile de le préciser, mais elle tenait à être aussi franche que possible, sans donner le moindre détail, ce qui compliquait grandement les choses. « Je n'ai jamais tué pour le plaisir de tuer, ça, je peux vous l'assurer. » A Clarice de lui faire confiance ou non, mais Elizabeth, cette fois-ci, ne mentait pas.
Invité
Ven 17 Fév 2023 - 11:47
❝Elizabeth & Clarice❞ INTRIGUE N°2, chapitre II
Optimiste, j'ignore si je le suis véritablement. J'estime seulement que dans de telles circonstances, nous ne disposons que d'une seule et unique issue, pas davantage... Nous devons croire qu'il est possible pour nous de nous en sortir. Sans cela, nous seront éternellement prisonnières de cet endroit, captives de cette voix qui refuse de nous lâcher d'une seule semaine. Aloirs oui, je m'efforce de positiver. Je le ferai pour nous deux, même, si cela doit être nécessaire. Oh comme le positivisme sans borne d'Ardelia me serait précieux en cet instant précis... ou n'importe quelle compagnie amie... mais les choses sont ainsi.
Je ne suis pas franchement rassuré de savoir ce que la voix dit et répète à mon interlocutrice. Je pense que je n'ai pas affaire à une enfant de choeur. Mais une chance pour elle (moins pour moi), j'ai côtoyé tant de monstres que je ne veux pas croire que les horreurs qu'elle aura commises seront pires que celles dont se sont rendu coupables Mason Verger, Hannibal Lecter ou Buffalo Bill.
La réponse, beaucoup trop sibylline, de mon interlocutrice, ne me convainc pas. Elle fait dans la langue de bois. Elle admet avoir tué, elle ne dit pas qui ni dans quelles circonstances.... Une seule chose me rassure, c'est qu'elle considère n'avoir tué (ou fait tuer) aucune de ces personnes de gaieté de coeur. J'avais besoin d'entendre ça... Le pire pour moi aurait été de me trouver face à un de ces nombreux meurtres sur lesquels ont porté mes enquêtes. Mais est-ce que peux la croire ? Est-ce qu'elle n'est pas seulement en train de me manipuler. Il est impossible pour moi d'en être tout à fait sûr.
❝Je veux bien vous croire sur parole...❞ Mais il y a tout de même une sévère hésitation dans ma voix. ❝Mais j'ai bien peur que ces détails nous soient nécessaires si nous voulons démêler toute cette affaire.❞
Est-ce vrai ? Je n'en sais trop rien. Je veux démêler cette situation, et mon instinct de profileuse court naturellement après la moindre bribe d'information susceptible de nous éclairer. C'est probablement une très mauvaise idée, c'est éventuellement une fausse piste... Mais il est important d'avoir tous les éléments à l'esprit pour en décider. Peut-être qu'en sachant tout, je trouverai un trait commun entre sa vie et la mienne, entre nos expériences, nous trouverons une véritable issue.
Cette chose - peu importe ce qu'elle était - s'imaginait-elle réellement qu'Elizabeth dévoilerait ce qu'elle s'évertuait tant à cacher depuis qu'elle était arrivée dans ce monde ? Elizabeth était tenace. Trop, peut-être, parfois. Depuis toujours, la peur guidait sa vie et ses choix. Depuis toujours, la peur la poussait à rester silencieuse et à se cacher. Depuis toujours, la peur la poussait à prendre les pires décisions afin de se protéger et de protéger sa vie. Elizabeth ne prenait pas une vie par plaisir. Elizabeth prenait une vie lorsqu'elle jugeait cela nécessaire, lorsqu'elle jugeait que c'était la seule véritable solution à son problème. Ou lorsqu'elle faisait justice elle-même - mais elle avait été la justice, d'une certaine façon, alors qu'est-ce que cela changeait ? Cela n'excusait en rien ses crimes, bien sûr, mais il fallait remettre les choses dans leur contexte - contexte dont l'inconnue ignorait tout et cela ne risquait pas de changer - Elizabeth avait toute une nation à faire survivre et prospérer, Elizabeth était la cible de nombre de complots. Le monde dans lequel elle avait grandi ne ressemblait en rien à ce monde. Tuer, ici, était un crime impardonnable. Tuer, chez elle, était une solution plus qu'envisageable, surtout à un rang comme le sien. Alors, évidemment, elle ne pouvait pas dévoiler tout cela parce qu'elle refusait de dévoiler son identité, mais elle pouvait tout de même assurer, avec franchise, que ses crimes étaient commis pour de bonnes raisons - à tel point qu'elle commettrait à nouveau les mêmes sans la moindre hésitation.
Son interlocutrice essayait de la croire. Essayait, oui, car à l'évidence, elle n'arrivait pas à se convaincre elle-même. L'hésitation était perceptible même pour celui qui ne savait pas écouter. Elle doutait et elle avait toutes les raisons de douter. Elizabeth ne pouvait pas donner de preuves de ce qu'elle avançait - mais Clarice n'avait pas pu davantage en donner, elle non plus. Pourtant, la jeune femme supposait qu'il fallait davantage d'informations si elles espéraient sortir. Elizabeth se maudissait d'avoir lancé une telle piste - elle s'était mise bêtement en danger et ce n'était pourtant pas son genre, elle qui faisait preuve d'une prudence à toute épreuve depuis son arrivée ici. Désormais, elle se sentait piégée.
Elizabeth hésitait. Que pouvait-elle dire sans dévoiler toute son identité ? Ne fallait-il pas l'attaquer, la tuer et sortir d'ici, comme cette voix le lui ordonnait ? Ou ne fallait-il pas refuser de jouer à ce jeu, tout simplement ? « J'avais de nombreuses personnes sous ma protection, des gens qui comptaient sur moi, qui avaient besoin de moi... » Tout un royaume, en réalité. « et j'ai dirigé des hommes qui m'ont aidée à mener à bien ma mission. » C'était une façon romancée de raconter sa vie, d'une certaine façon. Elle ne mentait pas, sans mettre pour autant les mots exacts sur sa situation. Elle cachait les mauvais côtés pour ne montrer que les bons. « Pour sauver le plus grand nombre, quelques sacrifices ont parfois été nécessaires. » Plus que quelques, mais passons. Elizabeth avait accepté les confidences de son interlocutrice en les justifiant par ces mots, pourquoi est-ce que cela ne s'appliquerait pas à Elizabeth ? « J'ai fait tuer des hommes qui complotaient, des hommes qui trahissaient. J'ai fait en sorte de punir les coupables, mais parfois... » Elizabeth avait baissé les yeux un instant. Ce jeu était trop dangereux. « Je vous ai dit que je recommencerais, s'il le fallait, et c'est vrai. Néanmoins, je regrette certaines de mes actions. Je regrette d'avoir dû faire certains choix parce que j'y ai été contrainte. Votre métier vous a poussé à faire des choix difficiles, à tuer. Le mien m'a poussée aux mêmes choses. Je suppose qu'il faut savoir se pardonner et passer à autre chose, mais quoi que l'on fasse notre passé est toujours là. Il continue de nous poursuivre, encore et toujours. » Pour une fois, Elizabeth était parfaitement sincère. Son passé lui pesait énormément, même si elle savait avoir pris les décisions qui s'imposaient, la plupart du temps. « Mon passé me poursuit aujourd'hui encore. Je vous ai dit bien peu de choses, n'est-ce pas ? Pourtant, vous en savez déjà trop. » C'était une confidence bien dangereuse, mais elle devait comprendre à quel point le passé d'Elizabeth était présent dans son présent et que si elle refusait de parler, ce n'était pas par plaisir. « Vous ne devez jamais en parler, sinon... » Sa menace restait silencieuse, elle se terminait en un soupir lassé de ce jeu, de cette situation qui se répétait encore et encore et elle n'arrivait pas à la prononcer. « Et je suis prête à prendre le risque de rester éternellement coincée ici pour ne pas avoir à parler davantage. » Et avouer qu'elle refusait de parler, c'était déjà une forme d'aveu bien trop dangereuse à ses yeux. « Alors j'espère en avoir suffisamment dit. » C'était déjà tellement trop, pour elle.
Invité
Lun 27 Fév 2023 - 12:42
❝Elizabeth & Clarice❞ INTRIGUE N°2, chapitre II
Ma curiosité maladive me perdra un jour, je le sais. Une grande part de moi veut tout savoir de mon interlocutrice, afin de savoir à quoi m'en tenir une bonne fois pour toutes. Une autre part de moi ne veut rien entendre du tout, de crainte d'affronter l'éventuelle monstruosité de mon interlocutrice. Dans un cas comme dans l'autre, avons-nous véritablement le choix ? A mon humble avis, non. Nous n'avons pas le choix... Peut-être que ce passage aux aveux ne servira à rien, mais si nous ne prenons pas la peine de nous dévoiler, d'explorer toutes les options à notre disposition, nousn 'en aurons clairement pas fini... J'ai besoin de savoir, et donc je l'écoute, oreilles grandes ouvertes, sans l'interrompre ne serait-ce qu'un seul instant.
J'essaie de raccrocher les wagons... Elle me parle d'hommes sous sa protection... d'hommes sous sa gouvernance, même... De choix, de sacrifices qui avaient dû être fait pour se protéger, pour protéger son royaume, pour se prévenir de trahison... Ce que je comprends de suite - et ça me rassure un peu -, c'est que je n'ai pas affaire à une tueuse de sang froid, à la manière d'un Hannibal Lecter ou d'un Buffalo Bill. Contradictoirement, elle a peut-être plus de sang sur les mains que tous les criminels en série qui ont croisé ma route...
❝En effet, vous en avez peu dire, mais je crois que je comprends.❞
Plus ou moins. De nombreux rois et tyrans, dictateurs et autres gouvernants politiques ont commis les pires atrocités, des massacres massifs impardonnables, sous le prétexte de vouloir gouverner ou d'agir pour le plus grand bien. Je ne dis pas que ce que mon interlocutrice a pu faire est tolérable, mais je la crois quand elle affirme estimer ne pas avoir eu le choix, elle le pense... Et même si les intentions ne suffisent pas à juger une personne, j'accepte de les prendre en compte... De même que je me garderai bien de ne pas prendre au sérieux ses menaces, tacites.
❝Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre...❞
Je tourne lentement mon regard vers la chose qui semblait étrangement avoir attendu que nous allions au bout de notre conversation, mais c'est au moment de jeter mon regard dans cette direction que je prends conscience de quelque chose qui m'avait échappé auparavant, trop occupée à écouter mon interlocutrice. Quelque chose a changé. Quelque chose manque...
❝Il a disparu...❞ Mais il y a autre chose... une autre chose qui me perturbe et me prend de court. ❝La voix... je ne l'entends plus...❞
Je tourne mon regard vers Elizabeth, partagée entre fascination et inquiétude. Qu'en est-il pour elle ? Je l'ignore... Mais je veux croire que cette découverte est partagée.
Il n'y avait rien qu'Elizabeth craignait plus que de se dévoiler. Chaque information, chaque détail, chaque mot pouvaient être dangereux pour elle. Dangereux pour sa survie. Pourtant, il y avait des situations où elle n'avait pas le choix. Enfin, le choix, elle l'avait toujours. Elle pouvait très bien refuser de parler et rester coincée ici éternellement, après tout. D'ailleurs, elle le ferait, si les informations qu'elle avait données ne suffisaient pas. Il était hors de question qu'elle donne davantage de détails et elle était catégorique. Elle préférait mourir dans ce château, aujourd'hui, maintenant, qu'entre les mains de Mary - parce qu'elle refusait de lui offrir cette victoire, d'une part, et parce qu'elle craignait les souffrances qu'elle endurerait alors.
Elizabeth tentait alors de s'expliquer, d'expliquer ses crimes et ses péchés. Sans donner d'indices, sans donner de détails révélateurs de celle qu'elle était réellement. C'était compliqué. Insuffisant, peut-être, mais elle faisait au mieux. Elizabeth tentait, en même temps, de rassurer son interlocutrice : elle avait du sang sur les mains, elle n'était pas innocente, mais elle n'avait jamais fait le choix de tuer volontairement, par plaisir ou par désir. Non, elle avait tué pour se protéger, pour protéger sa vie, pour protéger les gens qu'elle avait sous sa protection. Elle tuait par nécessité, par obligation. Elizabeth était intérieurement agitée, elle craignait l'impact que ces révélations pouvaient avoir. Clarice ne devait jamais rien dire de ce qu'elle venait de dire, mais rien ne pouvait la rassurer.
Cette dernière semblait la comprendre - ou vouloir le faire, plutôt, et c'était déjà ça, dans ce genre de situations. Néanmoins, elle avait raison, elle n'était pas celle qu'il fallait convaincre - y avait-il quelqu'un à convaincre, déjà ? En même temps, le regard des deux femmes s'était tourné vers cette créature. Silencieuse, immobile, elle n'avait pas émis le moindre son durant tout le temps qu'avait duré leur discussion. Il n'y avait plus rien. Plus personne. La créature avait disparu. Avaient-elles réussi le test ? Elizabeth s'apprêtait à répliquer quelque chose, mais Clarice ajouta autre chose. Un instant, la jeune femme était restée complètement silencieuse, comme si elle avait eu besoin de confirmer, par le silence, qu'elle non plus n'entendait plus cette voix. « Je ne l'entends plus, moi non plus. » Souffla-t-elle, ne pouvant s'empêcher de sourire, soulagée. « Nous avons réussi. » Ensemble, en s'écoutant, plutôt qu'en s'accusant ou se jugeant. Elles avaient réussi. « Il faut que l'on trouve la porte d'entrée et que l'on essaie de sortir d'ici. » Avant que la ville ne décide de les garder prisonnières plus longtemps. Ce couloir qui paraissait avoir été sans fin ne l'était plus, c'était en tout cas ce qu'Elizabeth avait supposé en quelques pas. « Cette ville nous oblige à révéler ce que l'on aimerait garder secret, elle nous pousse à vivre ce qui nous fait le plus peur... » C'était un constat qui la faisait frissonner, mais auquel il fallait bien donner toute son importance parce qu'il déterminerait sans doute leur avenir à tous. « Il est préférable de ne pas perdre de temps, ce ne pourrait être qu'un répit de courte durée. » Pour leur faire croire qu'elles étaient libres, alors que non. Mais Elizabeth n'y croyait pas, elle ressentait quelque chose au fond d'elle qui lui soufflait que cette fois-ci, c'était bel et bien fini, qu'elles étaient libres de quitter cet endroit.
Invité
Mar 28 Mar 2023 - 11:53
❝Elizabeth & Clarice❞ INTRIGUE N°2, chapitre II
J'éprouve un certain soulagement à entendre mon interlocutrice affirmer qu'elle non plus n'entend plus cette voix répétitive et lancinante... C'est... rassurant. Mais je reste sur mes gardes, malgré tout. Je sais qu'il ne nous faut pas nous reposer sur nos lauriers, je sais bien que cela pourrait, tôt ou tard, nous retomber sur le coin de la figure. Il nous faut nous attendre à un éventuel retour de bâton. Tant que je ne serai pas sortie d'ici, en aucun cas je ne me sentirai en sécurité. Penser à échapper à un piège pour sauter à pieds joints dans un autre, je l'ai déjà fait, et pour la peine, je préférerais clairement m'abstenir de recommencer. Est-ce que nous avons réellement réussi ? Je n'en sais trop rien... Mais je pense que nous approchons d'une réponse, d'une issue... Et je réalise à quel point cette voix était oppressante, et à quel point il est libérateur de ne plus avoir ce son constant qui parasite la moindre de mes réflexions constamment.
Je hoche la tête quand elle me suggère à présent de trouver la porte d'entrée et de sortir d'ici. Je suis effectivement du même avis. J'ai besoin de quitter cet endroit, de voir la lumière du jour - ou de la nuit... pour être honnête, je serais totalement incapable de savoir à quel moment de la journée nous nous situons actuellement. Peu importe dans tous les cas. Je n'ai qu'une envie, et c'est rentrer chez moi, prendre un bon bain, et laisser tout ça derrière moi une bonne fois pour toutes. J'espère que je pourrais oublier ce moment, ou me réveiller et découvrir que ce n'était qu'un mauvais rêve... Mais je n'y crois pas spécialement, pour être complètement honnête.
Oui, en effet, cette ville nous oblige à faire face à nos démons, constamment, peu importe la manière... Je l'ai déjà constaté, de manière beaucoup trop concrète, notamment au moment de me retrouver face à Hannibal, même si ce n'est pas celui que j'avais connu. On n'est jamais au bout de nos surprises, jamais au bout de nos peines non plus, et c'est une torture constante.
❝Oui, allons-y❞, je confirme en pressant le pas à travers le couloir.
Nos pas se répercutent en écho à travers les murs de cet endroit labyrinthique. J'espère, de toutes mes forces, que nous trouverons une issue favorable, mais je suis loin d'en être tout à fait certaine.
❝Ce n'est pas la première fois que vous vivez une situation similaire, je me trompe ?❞ je demande alors que nous avançons d'un couloir à l'autre, rattrapée par ma curiosité.
La voix avait disparu. Dans son esprit, il n'y avait plus que le silence et sa propre voix intérieure qui lui hurlait l'erreur qu'elle venait de faire en révélant des informations, à son sujet, qui pouvaient s'avérer dangereuses. Néanmoins, cette voix-là était plus simple à contrôler, plus facile à faire taire. Elizabeth avait un certain contrôle sur cette dernière, contrairement à cette autre mystérieuse voix. Alors, elle pouvait la faire taire, ou du moins, ne pas l'écouter. Il fallait mettre ses doutes et ses peurs de côté pour avancer et sortir d'ici. Aucune des deux ne pouvait assurer qu'elles étaient sortie d'affaire. Non, peut-être n'était-ce qu'un répit temporaire ? Un piège pour mieux les faire tomber dans le suivant ? Elles devaient rester prudentes, sur leur garde et agir rapidement.
La meilleure chose à faire - et la plus logique - était de trouver une sortie. Ou d'essayer, tout du moins. Elizabeth en avait déjà trop dit et elle ne se sentait pas prête à dévoiler toute sa vie à cette inconnue. Cette ville avait cette fâcheuse habitude, celle de les confronter au pire et Elizabeth supposait en avoir déjà supporté pour aujourd'hui. Alors, accompagné de sa compagne de mésaventure, elle avançait dans le couloir qui paraissait sans fin, un peu plus tôt. « Je crois que cette ville aime un peu trop ce qu'elle peut faire de moi. » Rétorqua Elizabeth à la question de son interlocutrice, tout en avançant rapidement, à la recherche d'une sortie, sans donner davantage de détails dans un premier temps. « Cette ville m'a confrontée à toute sorte de cauchemars depuis que je suis ici. Je peux me rassurer en me disant que jusqu'à présent, je m'en suis toujours sortie vivante. Il n'y a pas de raison pour que cela change aujourd'hui. » Si, en fait, il y avait des tas de raisons pour voir les choses changer. L'envie de cet endroit, tout simplement. Un accident. Le bon moment. Et si Elizabeth avait vécu tout ce qu'elle avait à vivre dans cet endroit étrange et qu'il était temps pour elle de rendre les armes pour de bon ? Néanmoins, elle préférait se persuader du contraire - ou essayer, tout du moins. « Et vous ? » La questionna-t-elle à son tour, curieuse d'en connaître davantage également.
Invité
Mer 17 Mai 2023 - 13:47
❝Elizabeth & Clarice❞ INTRIGUE N°2, chapitre II
J'affiche un sourire contrit quand Elizabeth me confesse que cette ville apprécie un peu trop ce qu'elle est susceptible de faire d'elle. Je comprends ce qu'elle veut dire. A ma manière, je goûte aussi régulièrement aux facéties de cette ville pour le moins étrange, et ce n'est pas toujours pour me plaire, loin de là. Comme lorsqu'elle me fait rencontrer de vieilles et terrifiantes connaissances en leur donnant d'autres visages et des histoires à la fois singulièrement similaires et en même temps profondément différentes. En revanche, une situation comme celle à laquelle je me vois confrontée, c'est une première dans ma vie, et je ne suis pas spécialement tentée de réitérer l'expérience. Enfin... j'en parle comme si nous étions déjà tirés d'affaires mais je ne devrais probablement pas aller trop vite en besogne, au fond... ce ne serait pas la meilleure des idées.
❝Je deviendrais folle, si je devais endurer des cauchemars du genre constamment...❞
Et je dis ça alors que mes nuits sont hantées par le souvenir de Buffalo Bill et de cette nuit où je l'ai abattu pour l'empêcher de faire d'autres victimes. Les cauchemars récurrents, je connais, c'est mon lot quotidien, celui qui me vaut de sérieux syndromes de stress post-traumatiques... Mais cela n'a rien à voir avec ce cauchemar tangible où nous sommes enfermées... Dans le fond, est-on vraiment en train de devenir folles et le sommes-nous déjà ? Est-ce que tout ceci est seulement réelle ? Je crois qu'il est préférable de ne pas trop se poser de questions, au risque de ne pas en ressortir indemnes.
❝J'ai vécu des choses étranges ici, mais rien de comparable avec cette situation.❞ Je me force à sourire, mais ce sourire a définitivement tout de faux, et ne serait susceptible de convaincre absolument personne. ❝Et de préférence, j'aimerais vraiment ne pas en faire une habitude.❞
J'estime que ma vie est bien assez compliquée comme cela sans avoir à m'imposer de telles contrariétés. Non, vraiment, je pense qu'il est préférable de laisser tout cela derrière moi et de ne surtout plus y songer.
❝Je vois de la lumière là-bas, vous pensez que ça pourrait être la sortie ?❞
Je l'espère très sincèrement, car je n'ai plus la force de me battre contre de nouvelles chimères. Je ne veux plus qu'une seule chose, et c'est rentrer chez moi.
Elizabeth avait vécu tant de choses depuis qu'elle était ici qu'elle ne saurait pas dire, à cet instant, quelle situation avait été la plus terrifiante ou la plus dangereuse. En revanche, elle pouvait affirmer qu'elle s'en était toujours plutôt bien sortie - si on oubliait les traces que ce genre d'événements laissait en vous - et elle pouvait se rassurer en se disant que les choses n'avaient aucune raison de changer, cette fois-ci. Une fois encore, elle allait s'en sortir, n'est-ce pas ? Elle voulait s'en convaincre, tout du moins. Cette ville n'avait pas fini de jouer avec elle et Elizabeth était persuadée d'une chose : si, un jour, elle devait mourir dans un cauchemar envoyé par cette ville, ce cauchemar serait Mary. Si quelqu'un devait la tuer, c'était elle. Une sorte de juste retour des choses, une vengeance, peu importe comment appeler cela puisque le résultat serait le même.
La réflexion de Clarice amusait Elizabeth. Devenir folle à force de vivre ce genre de cauchemar. Ne l'était-elle pas déjà, dans le fond ? Même sans ces cauchemars, sa vie était un enfer en permanence. Mary y veillait attentivement. Puis, elle n'avait pas le choix. C'était accepter de se battre contre ces cauchemars ou mourir. Et Elizabeth s'était toujours battue pour sa vie avec force et détermination, les choses n'avaient pas changé ici.
Par curiosité, puisqu'Elizabeth avait commencé à confier des choses, elle lui avait retourné la question. Clarice était-elle confrontée régulièrement aux caprices de cet endroit ? Des choses étranges, oui. Des choses comparables, non. Elizabeth l'enviait terriblement - et en même temps, rien ne lui assurait que ces choses étranges dont elle parlait n'étaient pas pires que ces cauchemars. Elle tuerait pour un peu de tranquillité et de répit. « Quelque chose me dit que nous n'aurons jamais notre mot à dire à ce sujet. » Soupira-t-elle, en offrant à Clarice le même genre de sourire faux que cette dernière. Elle était désolée, tant pour elle que pour les autres, mais ici, personne n'avait le choix. La ville décidait de tout et si elle avait décidé que Clarice serait désormais victime de ces horreurs régulièrement, elle le serait.
La lumière aperçue par Clarice rassurait Elizabeth autant qu'elle l'effrayait. Véritable sortie ou nouveau piège ? « Une sortie... ou un piège. » Souffla-t-elle, en se donnant du courage pour la suite. « Allons voir. » Il n'y avait rien d'autre à faire, de toute façon. Leurs pas les conduisirent alors à une porte, entrouverte. Prudemment, Elizabeth restait un peu en retrait, elle tentait d'apercevoir ce qu'il y avait de l'autre côté, en vain. « Je suppose que nous n'avons pas d'autres choix : essayons de sortir. » C’était ça ou attendre bêtement ici éternellement. « Prête ? » Si elle posait la question, elle tentait également de se donner tout le courage nécessaire pour l'être elle-même et le temps de prier pour que cette sortie en soit réellement une et que ce cauchemar prenne enfin fin.
Invité
Mer 5 Juil 2023 - 11:52
❝Elizabeth & Clarice❞ INTRIGUE N°2, chapitre II
❝J'imagine que non...❞, je confirme dans un léger soupir, quand Elizabeth observe que nous n'aurons probablement jamais notre mot à dire à ce sujet. Probablement que non, en effet.
Toutes ces situations qui s'accumulent et qui nous échappent échappent également à notre compréhension. Il n'y a rien que nous puissions y faire. Nous sommes comme des pantins, à la merci d'une volonté totalement extérieure à nous, et qui ne nous laisse guère de chances de nous en sortir. C'est insoutenable, mais il faut probablement que nous nous fassions une raison... ce serait encore plus compliqué de prétendre être capable d'interférer avec les événements.
Probablement, oui... sauf que rien ne m'insupporte plus que de n'avoir aucune prise sur les événements et que de devoir les subir sans être en rien capable d'y modifier quoi que ce soit. C'est une pensée que je trouve particulièrement dérangeante. J'ai toujours voulu garder le contrôle de ma propre vie... et pourtant, je l'ai déjà perdu si souvent... Ce seul constat est déjà bien déprimant en soi, mais je me rends bien compte que cela ne dépend pas de ma volonté. Quoi que je puisse ou doive faire... il y aura toujours ce quelque chose d'extérieur à moi qui viendra conditionner ma manière de voir les choses. Ne m'en déplaise, je n'aurais pas d'autre choix que de l'endurer.
La seule décision que nous puissions prendre, c'est de rejoindre cette source de lumière, et espérer que nous ne nous précipitions pas vers un nouveau piège. Nous sommes à présent devant une porte entrouverte. Ce qui nous attend de l'autre côté... il n'y a qu'une seule manière de le savoir. Bon, au point où j'en suis... qu'en ai-je encore à faire, après tout ?
❝Pas vraiment❞, dis-je avec un fin sourire quand mon interlocutrice me demande si je suis prête.
Je ne sais toujours pas vraiment quoi penser d'elle, je reste tout de même sur une certaine réserve la concernant, mais je suis tout de même capable d'admettre une chose, et c'est que je préfère ne pas avoir affronté cette situation seule. Dans l'épreuve, nos alliés sont parfois inattendus, et l'on trouve du soutien où l'on aurait jamais envisagé d'en chercher pour commencer.
Je prends une grande inspiration et je pousse la porte. La lumière m'aveugle largement, et je réalise à quel point nous étions jusqu'alors enveloppés de ténèbres.
❝Je crois... je crois que c'est bon !❞ Un rire de soulagement quitte mes lèvres. ❝On est sorties !❞
Pouvaient-elles être prêtes à un moment ? Elizabeth posait la question parce qu'elle en ressentait le besoin, mais elle ne l'était pas vraiment elle-même. Avec cette ville, elles pouvaient s'attendre à tout. Ouvrir cette porte pouvait être une véritable libération pour elles ou un nouvel enfer qui commencerait. Rien ne pouvait leur permettre de dire ce que ce serait, alors comment se sentir prêtes face à l'inconnu, aux risques et aux dangers ? Pourtant, il n'y avait pas le choix. Prêtes ou non, elles devaient ouvrir cette porte. Après avoir poussé un soupir, pour se donner du courage, très certainement, Clarice avait poussé la porte pour l'ouvrir. Le coeur d'Elizabeth battait si vite qu'elle avait l'impression que c'en était impossible. Elle avait peur. Peur d'avoir espéré pour rien, peur d'être déçue, peur que cette porte les mène dans un endroit pire que le précédent.
Alors que la porte était en train de s'ouvrir, la lumière aveuglante dérangea Elizabeth. Ce n'était pas une lumière artificielle faite pour les déranger ou une lumière particulièrement puissante, simplement leurs yeux s'étaient faits à l'obscurité de ces lieux et la lumière naturelle en devenait particulièrement agressive. Après plusieurs clignements pour s'habituer, Elizabeth avait fait un pas en avant. Clarice riait, soulagée, et se réjouissait : elles étaient sorties. Cette porte était une véritable sortie. Elizabeth restait méfiante, s'attendant à tout instant à voir que ce n’était qu'une illusion ou que quelque chose les attendait, mais après une minute, elle s'autorisait à se réjouir, elle aussi. « Et en vie. » Précisa-t-elle, ne pouvant s'empêcher de se dire qu'elles avaient eu beaucoup de chances - ou simplement qu'elles étaient destinées à survivre à cet événement, que rien n'aurait pu les tuer et que ça n'avait été qu'un énième test de cet endroit. « Je suis ravie de ne pas avoir été seule, mais j'espère n'avoir jamais à vous revoir Clarice... » Seule, l'aventure aurait été horrible - plus qu'elle ne l'avait été - mais elle espérait ne pas avoir à revoir Clarice dans ce genre de situations - parce qu'elles s'étaient entraidées, mais ne s'étaient pas particulièrement bien entendues. Le mieux, même, serait de ne plus avoir à en vivre, mais ça, elle n'y croyait pas. « Pas dans une telle situation, tout du moins. » Précisa-t-elle tout de même, sachant qu'elle n'aurait pas son mot à dire, comme toujours avec cette ville, et que si elles étaient destinées à se revoir, elles se reverraient.
Invité
Ven 8 Sep 2023 - 12:18
❝Elizabeth & Clarice❞ INTRIGUE N°2, chapitre II
J'ai encore du mal à redescendre après toutes les aventures que nous avons traversées. J'ai encore bien du mal à croire que tout ceci est derrière nous et que tout danger est écarté. A tout moment, je redoute que nous nous retrouvions de nouveau dans une quelconque et insoutenable tourmente. Malgré tout, la lumière naturelle du monde extérieur me rassure et me fait du bien, et j'ai l'impression de pouvoir respirer de nouveau... Je ne réalisais pas à quel point je me sentais oppressée jusqu'alors. Maintenant, je peux me focaliser sur mon souffle, sur les battements de mon coeur, tout ce que je semble avoir contenu jusqu'ici.
Oui, nous sommes en vie... Je crois que elle comme moi appartenons à cette race des survivants à laquelle il en faut beaucoup pour succomber. Nous trébuchons beaucoup, mais nous nous redressons toujours, et nous en ressortons toujours plus déterminés, quoi qu'affaiblie. Quand elle me fait remarquer que même si elle était heureuse de ne pas affronter ces tourments seule, elle espère ne jamais me revoir, je ne peux m'empêcher de sourire doucement. Je n'irai pas la contredire sur ce point. Pour l'une comme pour l'autre, je pense qu'il est préférable que nos chemins ne se recroisent jamais, même si nous ne sommes pas franchement décisionnaires.
❝Le sentiment est partagé❞, je lui confirme avec un regard entendu.
Soyons seulement heureuse de nous en être sorties indemnes. A l'heure actuelle, je crois que c'est le mieux que nous puissions faire. Ce n'est certes pas assez, mais nous allons devoir combiner avec les moyens du bord, j'en ai bien peur.
❝Je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à nous dire au revoir.❞
Je n'attends pas réellement de réponse de sa part. Je n'en ai pas besoin. Tout ce que je souhaite en cet instant, c'est rentrer chez moi, me poser sous un plaid, de préférence avec un bon thé chaud, et oublier toute cette situation. Pour cette raison, je ne me perds pas en salutations et en politesses supplémentaires. Je décide que j'en ai déjà bien assez dit, et je fais par conséquent le choix de tourner les talons sur ces mots, les mains enfoncées dans la poche de mon pantalon, en espérant que plus aucune mésaventure ne m'attende au tournant.
Ce n'était pas que Clarice était particulièrement désagréable, mais Elizabeth espérait de tout coeur ne jamais avoir à la revoir dans ce genre de situation. Les deux femmes avaient réussi à s'entraider, à passer au-delà de leurs craintes et de leur méfiance, mais elles avaient été confrontées à des instants difficiles, contraintes de faire des choix et des aveux qu'elles n'avaient pas envie de faire, l'une devant l'autre. Clarice, finalement, ne savait pas grand-chose de ce qu'Elizabeth avait bien pu faire, mais aux yeux d'Elizabeth, c'était suffisant pour représenter un potentiel danger. Alors oui, elle préférait ne jamais avoir à la revoir, protégeant ainsi son secret et s'évitant des choix difficiles. Jamais personne ne devait connaître la vérité et chaque indice donnait la rapprochait un peu plus de cette vérité qu'elle craignait tant.
Le sourire et le regard partagés par Clarice, tout comme sa réponse, prouvaient qu'elle partageait le même sentiment et la même envie. Elles avaient été contraintes de vivre cette aventure ensemble, mais tout devait s'arrêter là - malheureusement, le choix ne leur revenait pas vraiment. Ici, personne ne décidait de rien, en dehors de la ville ou de celui qui la dirigeait - et elles n'avaient aucun raison d'avoir envie de se revoir dans un futur plus ou moins proche. Mais, en attendant de potentiels futures aventures de cet endroit, il était temps pour les deux femmes de rentrer chez elles et de se remettre de cette mésaventure qui s'était avérée épuisante. Alors, sans perdre davantage de temps, Elizabeth s'étant contentée d'un hochement de tête alors que Clarice avait bien vite tournée le dos de toute façon, les deux femmes étaient chacune repartie de leur côté.
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(Terminé) INTRIGUE N°2, chapitre II ▿ Clarice & Elizabeth