(abandonné) These deep waters need to be cold blooded - [ft Viktor]

La première chose qu’il avait faite avant de quitter son appartement, ce matin, fût de sortir sa canne du placard. Depuis quelque temps, il n’en avait plus besoin autant besoin, habitué à l’augmentation technomagique qui remplaçait sa jambe défectueuse. Si le Heimerdinger qu’il s’apprêtait à rencontrer était bien celui de ses souvenirs, Viktor ne voulait pas avoir à s’expliquer, à attiser à nouveau sa méfiance. C’était le sacrifice à faire pour ce qu’il lui restait de paix d’esprit.

L’anticipation avait rendu le trajet interminable. Maintenant devant les portes coulissantes de l’hôpital, tandis que les gens grouillent autour de lui, Viktor hésite à faire demi-tour, à abandonner un projet qui lui tient à cœur. Une fois mené à terme, il avait le potentiel de propulser sa carrière vers un tout autre niveau. Il avait eu la sensation que c’était trop beau pour être vrai et celle-ci s’était confirmée lorsque l’organisme l’avait informé du nom de son partenaire. De tous les fantômes de son passé, Heimerdinger est celui qu’il veut le moins affronter, anticipant la honte de croiser à nouveau un regard où il a pu faire naître à la fois la fierté et l’horreur. Il ne regrette pas son travail sur l'hextech ou l'hexcore, mais avoir su, il n’aurait jamais accepté que Jayce montre la porte au yordle. Viktor comprenait d’où venait la décision de son ami, mais il n’avait pas la certitude qu’il l’avait fait pour lui et non pas pour la pérennité de l'hextech. Si on lui avait demandé son avis, pour une seule fichue fois, peut-être que les choses auraient été différentes. Peut-être qu’il ne se serait pas laissé emporté par l’obsession, acceptant finalement sa mort imminente (les chances étaient faibles...). Peut-être que Sky n’aurait pas connu une fin aussi injuste. Dans tous les cas, continuer à se voiler la face ne changerait rien. Le scientifique ravale sa salive et son doute, puis franchit la porte. Viktor est beaucoup de choses, mais il refuse de se dire lâche.

Quand il arrive dans la salle, celle-ci est encore inoccupée, malgré le tableau couvert d’instructions.. Ses épaules se libèrent aussitôt d’un poids. Il peut s’installer à son rythme et respirer pendant que Blitzcrank, son petit hexrobot assistant, apprivoise les lieux. Viktor l’observe distraitement, pas tout-à-fait capable de chasser ses mauvaises pensées ni la sensation grandissante d’être étouffé par l’odeur typique des hôpitaux. Que lui dirait-il ? Ce serait si simple de prétendre avoir oublié son existence… Mais ce n’est pas lui, une telle attitude. Distraitement, il triture le gant embêtant qui couvre sa main augmentée. Puis, soudainement, son estomac donne l’impression de tomber à ses chevilles. Son nom prononcé de cette voix trop familière. Par réflexe, il recule un peu sur sa chaise lorsque la main s’approche de lui. Ses lèvres se pincent d’hésitation, avant qu’il ne se lève enfin, par respect malgré tout.

Quand il découvre tout sauf la petite créature qui lui avait permis d’avoir un avenir ailleurs qu’à Zaun, Viktor ne parvient pas à cacher ni sa perplexité, ni la curiosité qui fait hausser ses sourcils. Ce monde est vraiment plein de surprises fascinantes. « Professeur ? C’est … Étonnant. », souffle-t-il, d’une voix presque étouffée, sans le regarder directement Ses yeux se perdent un peu sur le mur derrière Cecil. Le poids de la honte ne disparaît pas, l’angoisse non plus, mais il y a autre chose : des souvenirs doux-amers qui lui reviennent, de la reconnaissance, une conscience de devoir beaucoup à cet homme. Avant qu’un silence pesant ne s’installe, Viktor ose quelques mots : « Je n’ai pas voulu que les choses prennent cette tournure. Je n’ai jamais voulu rien d’autre qu’aider, mais il semblerait que l’enfer soit pavé de bonnes intentions, comme ils disent ici… », ironise-t-il comme il en a tant l’habitude  Aider et vivre. La deuxième partie était tout aussi importante, sinon plus. Viktor déguise son égoïsme sous une bonne couche d’altruisme. Il n’a rien d’un héros. « Avez-vous hésité avant d’accepter le projet ? », demande-t-il de but en blanc. La vérité ne le choquerait pas autant qu’elle pourrait l’aider à prendre le pouls de la situation.