(Terminé) TW Violence, sang, torture | Tale as old as time [Alucard]

Tale as old as time

feat. Alucard

Depuis leurs retrouvailles respectives avec leurs pouvoirs, Pitch et Alucard ont pris l’habitude de ces sorties nocturnes et sanglantes, cauchemardesques au sens le plus strict du terme, pour le plus grand plaisir du Croque-Mitaine qui ne s’était pas, depuis bien longtemps, abreuvé si sûrement de l’angoisse de ces jeunes innocents (pas toujours si jeunes ni si innocents) qui agissaient sur lui comme la meilleure des liqueurs. Il se gargarisait de cette peur qui imprégnait l’air, et entendait leurs cris de terreur comme s’il s’agissait de la plus mélodieuse des symphonies. Quand Alucard lui avait proposé, ce soir-là, de réitérer l’expérience une fois encore, Pitch n’avait bien sûr pas hésité ne serait-ce qu’un seul instant. Il s’était donc rendu sur leur lieu de rendez-vous, enthousiaste au possible.

« Ponctuel, comme toujours ! » observe Pitch, satisfait, au moment de découvrir Alucard où ils avaient convenu de se retrouver ce soir. Un quartier très animé qu’ils plongeraient bientôt dans le chaos le plus total. « Par quoi commençons-nous ? »

Par quoi ou par qui… l’étendue des possibilités qui s’offre à eux est on ne peut plus exaltante, et Pitch la savoure d’avance avec bonheur. Il n’a cependant le temps que de faire quelques pas en compagnie de son camarade horrifiant pour que soudainement… Quelque chose se passe. La sensation est fugace, mais déplaisante, néanmoins. Celle d’un léger frisson dans l’échine, celle qu’il aime faire naître chez les autres mais n’apprécie pas de ressentir lui-même. La sensation n’est cependant que de courte durée et laisse dès lors place à la curiosité… et à l’incompréhension la plus totale.

Ils ne se trouvent plus dans cette rue passante où ils s’étaient tous deux retrouvés, à la place, les voilà face à une immense grille en fer forgé surmonté de piques menaçants. Les contours d’un château gothique se dessinent en arrière-plan, se découpant dans le ciel obscur et nuageux. Un décor de cauchemar… mais un cauchemar que Pitch n’a absolument pas initié. Il tourne son regard vers Alucard. Il cherche sur son visage l’ombre d’un sourire, une indication quelconque qui lui permettrait de savoir à quoi s’en tenir, mais il lui semble, à première vue, qu’Alucard n’est pas moins décontenancée que lui.

« Tu sais où on est ? »

Il n’attend pas la réponse de son ami pour prendre la décision qui, à ses yeux s’impose. Non pas de déserter les lieux aussi sec, mais d’explorer ce château plus en détails. S’ils sont ici, c’est qu’il doit forcément y avoir une raison, et il tient à comprendre laquelle. Sous sa forme éthérée et sombre, il parvient sans difficulté aucune à se frayer un chemin de l’autre côté de la grille, qu’il ouvre sans difficulté.

« J’aperçois de la lumière en haut de la tour », dit-il en désignant la tour en question. « Notre prochaine victime s’est désignée d’elle-même », en conclut-il comme si cela devait couler de source (il n’en est évidemment rien).

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feat. Alucard

Où qu’ils se trouvent, une constate se doit de demeurer… Aucun lieu n’est leur cauchemar mais ils pourraient bien devenir le cauchemar de tous les lieux existants. Rien ne doit les retenir, rien ne doit les arrêter, ils sont l’un est l’autre le meilleur d’eux-mêmes et le pire pour les autres. La providence ou allez savoir quel coup du sort leur offre un tout nouveau terrain de jeu… autant en profiter. Ce château aux contours un rien effrayant a tout pour plaire au Croque-Mitaine. Cela ressemble fort au terrain de jeu idéal, et propice à tous les cauchemars les plus lugubres. Et en effet, ainsi que le dit si bien Alucard, il est plus que probable qu’il n’y ait pas qu’une seule personne dans ce château immense, il est tout à fait possible qu’ils trouvent plus d’une âme maudite ou en passe de l’être à se mettre sous la dent.

Le duo terrifiant et qui ne demande qu’à l’être rejoint donc l’immense porte d’entrée. De près, Pitch peut laisser plus facilement s’attarder sur le moindre détail de l’architecture particulièrement agressive des lieux… Même les gargouilles taillées dans la roches semblent vouloir dissuader le manant de faire un pas de plus. Mais ce serait mal le ressembler… Et puis, ils ne sont pas de simples visiteurs égarés comme tous ceux qui se seront peut-être risqué jusqu’alors à dépasser ce domaine.

« Animale ? » répète Pitch en fronçant les sourcils quand, aidé de ses sens aiguisés que le Croque-mitaine ne peut que lui envier, Alucard lui apprend ne sentir aucune odeur humaine, mais celle d’une présence animale. Donner des cauchemars aux renards et aux écureuils n’intéresse pas particulièrement Pitch, il faut le dire… Il craint fort d’être déçu, mais il continue de penser qu’ils ne sont pas ici par hasard. Ils vont donc explorer les lieux très attentivement jusqu’à trouver ce qui les intéresse véritablement. « Ce ne sont pas des objets… », observe Pitch quand Alucard se saisit d’une tasse à l’étrange capacité de bouger toute seule. Comment est-ce possible ? Il n’en sait rien, mais cette tasse est bel et bien un humain – un enfant, même – qui a été transformé sous l’effet d’une forme de magie que Pitch n’avait jamais vue jusqu’alors, et qui force le respect. L’individu responsable d’une forme de torture à ce point élaborée mérite définitivement le respect. « Ce sont des humains. Et ils sont terrifiés. »

Cette dernière phrase, il la prononce dans un sourire carnassier, une lueur mauvaise dans le regard. Un rire mauvais ricoche contre les murs de pierre alors que, sans ménagement, Alucard jette la tasse, qui vient se briser au sol. Si fragile. Si absurdement fragile.

« Tu as vécu dans un château comme ça ? J’aimerais en dire autant », remarque Pitch dans un sifflement impressionné, tandis qu’ils gravissent une à une les marches menant à l’étage. C’est alors qu’ils sont presque arrivés qu’il l’aperçoit, une silhouette massive, à mi-chemin entre l’homme et le monstre. « Je crois qu’on a trouvé le maître des lieux. Tu lances les hostilités ou je m’en charge ? »

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feat. Alucard

Un gros animal… Suffisamment imposant pour qu’Alucard le spécifie. Est-ce que cela éveille l’intérêt de Pitch… Un peu plus que précédemment, disons… Mais pas assez encore pour qu’il ne regrette pas de ne pas avoir affaire à un humain aux cauchemars familiers et distincts… Ceci dit, il comprend assez vite que beaucoup ici vivent dans une sorte de cauchemar constant, cantonné à l’apparence de simples objets, prisonniers d’enveloppes utilitaires et fragiles, à l’image de cette tasse qu’Alucard détruit avec un plaisir que Pitch devine sadique.

« Qui sait, peut-être en aurons-nous l’opportunité », remarque Pitch, sourire aux lèvres, quand Alucard observe qu’il serait agréable de rencontrer la personne capable d’un tel prodige. Le croque-mitaine doit le reconnaître, lui aussi voudrait vraiment savoir qui peut être capable d’un tel acte magique, d’une précision remarquable. Difficile à dire, évidemment... Mais il songe que remonter la trace de cet individu ne doit pas être impossible. De quoi cauchemardent ceux qui sont capables d’une telle cruauté ? Pitch se ferait un plaisir d’obtenir la réponse à ses questions.

Mais il les remet à plus tard, alors qu’Alucard lui apprend, dans sa vie passée, avoir été comte en Roumanie. Rien que ça ! Pitch accueille cette affirmation avec un sifflement des plus approbateurs.

« J’ai peut-être manqué à tous mes devoirs, tu veux que je m’incline devant monsieur le comte la prochaine fois que nous nous saluerons », s’amuse-t-il sans le moindre sérieux, plutôt ravi, en vérité, d’en apprendre un peu plus sur le passé de son interlocuteur.

Leur amitié s’est beaucoup concentrée, dès ses origines, sur le moment présent. Ni l’un ni l’autre ne s’attardent jamais beaucoup sur leur passé, et pour tout dire, cela convient très bien à Pitch, qui préfère passer sous silence certains épisodes de son existence plutôt que de s’y épancher trop longuement… Surtout quand ils concernent son ultime humiliation, celle qu’il préfère rejeter et passer sous silence plutôt que de pleinement et complètement l’assumer.

Et ce n’est pas tout de suite que Pitch s’exprimera plus longuement au sujet de son passé compliqué, car ils finissent par faire la rencontre du maître des lieux. Ça pour un gros animal, c’est un gros animal. Et qui parle. Qui a probablement une conscience humaine… voilà qui t’intéresse déjà bien davantage.

Alucard est le premier à intervenir, il se disperses en une volée de chauves-souris ayant vocation à déstabiliser la bête, qui tombe en avant, impuissante, au moment où Alucard le bouscule après avoir repris forme humaine.

« C’est si aimable de ta part », le remercie Pitch avec un large sourire carnassier aux lèvres.

Pitch n’attend pas plus longtemps, il se rapproche de la bête, qui a chu dans les escaliers et perdu temporairement connaissance.

« Alors, qu’avons-nous là… », souffle-t-il tout en enveloppant la bête d’une ombre familière. L’instant d’après, il isole ses angoisses et ses peurs les plus profondes. « Un homme amoureux, comme c’est original. » Pitch rit de plus belle. La perdre pour de bon, rester une bête pour toujours, c’est ça, son pire cauchemar… c’est si facile. » Il lève les yeux vers Alucard. « Une jolie brune qui aime un peu trop les livres et qui vit au village voisin… je pense qu’on devrait la trouver facilement. » Il caresse nonchalamment le pelage de la créature. « Je rêve de réaliser son pire cauchemar. »

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Pitch affiche un sourire en coin, amusé par la réflexion d’Alucard, quand ce dernier lui fait remarquer qu’il a déjà eu l’occasion de s’incliner devant lui, pas pour lui payer son respect, certes, mais le résultat était probablement tout aussi satisfaisant – si ce n’est plus – pour le concerné. Pitch évoque ces moments avec autant de légèreté que son ami lui-même. Ensemble, ils auront probablement tout vécu, tout apprécié et tout testé… Et il n’y a guère de raison de prétendre que ces étreintes charnelles et ô combien agréables n’ont jamais existé, d’autant qu’ils en ont largement profité, autant l’un que l’autre. Et trouvent encore bien des manières, et bien plus indécentes encore de s’amuser à présent, comme ils en donnent sans détour la preuve en cet instant.

Une fois mis à jour le cauchemar de la bête, Pitch et Alucard se rejoignent sur la marche à suivre. Le Croque-mitaine hoche la tête, lueur carnassière dans ke regard, à l’idée d’abandonner là la bête pour lui faire vivre son cauchemar de façon très concrète. Pitch s’imagine déjà torturer et tourmenter sa belle sous ses yeux impuissants, avant d’éclabousser son visage du sang de sa dulcinée. Le monstre ne serait jamais qu’un monstre, et sa seule chance de connaître l’amour s’envolerait en fumée. Le cauchemar de la Bête ressemble fort à l’un des rêves les plus agréables que Pitch pourrait bien faire.

« Un rêve qui se réalise », confirme Pitch quand Alucard suggère qu’ils ont tous deux caressé l’envie de dévorer un village entier à deux.

Ce pourrait passer pour une figure de style, ce n’en est pas une…. Pas le moins du monde, même… Ils en ont bel et bien discuté par le passé. Réduire toute une population à l’horreur et au massacre… Se délecter de leur peur et de leur douleur… Evidemment qu’ils ne peuvent que trouver cela… terriblement séduisant. Tout ceci a des relents de son époque préférée au monde. Il a si souvent regretté le Moyen Âge, quand il réglait, de manière très évidente, en maître…. Avant l’arrivée des Gardiens, avant que ces derniers ne viennent tout gâcher.

Pas besoin de se concerter, le duo ne tarde pas à rejoindre le village voisin. Pendant qu’Alucard se délecte de la première tête arrachée venue, Pitch déchaîne ses cauchemars sur le village entier jusqu’à un concert de hurlements qu’il savoure à la façon du plus avisé des mélomanes.

« Oh, comme ça m’avait manqué », confirme-t-il tout en déchaînant ses cauchemars, sous la forme de chevaux, sombre, jusqu’à ce que l’entièreté du village soit couvert d’une brume sombre et épaisse. L’on s’agite dans tous les sens, on hurle, on cède à la paranoïa… les cauchemars des uns font écho à celui des autres, et en voilà deux qui s’entretuent sans qu’il soit nécessaire d’y faire quoi que ce soit. Pitch jauge la foule agitée, et son regard s’attarde sur une jolie brune, à la longue robe bleue, tenant un miroir à la main. « Je crois que j’ai trouvé notre belle. »

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L’espoir, les rêves et l’optimisme s’amenuisent. Bientôt, il ne reste plus rien, rien d’autre que de l’angoisse à l’état pur : la terreur, le sang, la paranoïa… Le chaos règne à présent en maître, et Pitch s’en délecte comme s’il s’agissait là du plus délicieux des nectars… Et ce n’est pourtant pas fini. Si ce spectacle en lui-même suffirait largement au bonheur de Pitch, il n’est pas mécontent néanmoins de pouvoir savourer ce qui suit. Ils ont trouvé la Belle, celle qui a fait battre le cœur du monstre. Un regard entendu de la part de Pitch et Alucard suffit à définir la suite du programme. Cette belle jeune femme qui a su voler le cœur de la bête n’échappera pas à leur instinct violent, sanguinaire et meurtrier : ils sont fermement décidés à aller au bout de leurs pulsions les plus violentes et sordides, et rien ne leur en empêchera.

C’est Alucard qui se dirige vers la Belle, qui semble avoir pour ambition de rejoindre le château de la Bête… Quelle idiote… Mais quelque part, son attitude est plutôt mignonne. Bien sûr, elle n’avait eu aucune chance de s’en sortir face à son interlocuteur. Elle pouvait bien faire preuve de toute la rage qu’elle voulait, elle pourrait difficilement faire le poids face à une créature sans foi ni loi, passionnée de destruction. Et en effet… A distance, Pitch peut assister à un spectacle qui ne manque pas de lui plaire terriblement. C’est toujours un plaisir pour lui que de voir Alucard s’en prendre à ses victimes. Ce dernier a su hisser son expertise en la matière au rang d’art pur et simple, et c’est là une chose dont Alucard ne se lasse définitivement pas.

La chose devient plus intéressante encore quand Pitch dérobe à la belle un miroir à travers lequel la Bête est capable de les contempler. La créature est à l’évidence tourmentée, hantée par des peurs qui, loin de le déserter, finiront par l’achever… Et quoi de mieux pour parachever brillamment le cauchemar que de lui arracher violemment sa raison d’être ? Un rire carnassier s’échappe des lèvres de Pitch tandis qu’Alucard s’abreuve du sang de Belle, arrachant la jolie jeune femme à celui qui espérait peut-être qu’elle serait le grand amour qui le sauverait de sa pénible détresse sentimentale. La belle perd connaissance dans les bras de son créateur, et Alucard leur suggère de prendre possession du château.

« Il est déjà à nous », confirme Pitch, absolument ravi, alors que les deux ne tardent à rejoindre le château. Oh, ils reviendront au village, et si l’occasion leur en est donnée, ils massacreront également tous les habitants des villages alentours.

Le duo retrouve donc le château et la bête, où cette dernière ne sera pas en mesure de riposter, transi d’angoisse et de douleur.

« On a une surprise pour toi, chaton », il fait en s’adressant à la Bête une fois atteinte la plus haute tour où cette âme damnée s’est réfugiée. « Eh bien quoi, tu n’as pas envie de faire tes adieux à ta chère et tendre ? »

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feat. Alucard

Pitch n’a que de l’admiration pour la méthode d’Alucard. Sa nature n’a jamais cessé de le fasciner. Même si le maître des cauchemars n’a de leçons à recevoir de personne (du moins selon lui), il peut être capable de reconnaître un maître dans son propre domaine, surtout quand ces domaines se complètent au lieu de se faire concurrence. Tous les deux ensemble, ils forment une association des plus violentes et détonantes… La Belle désespérée, séduite et révulsée à la fois par celui qui ne lui donnera aucune chance de s’en sortir, n’aura aucune chance de s’en sortir, pas plus que cette Bête que Pitch garde prisonnier de ses peurs, qu’il veut insoutenables, au point qu’elles le paralysent totalement et qu’il ne sache assister qu’à l’horreur la plus pure sans savoir intervenir un seul instant.

Cette pensée l’amuse bien trop… Il ne la trouve rien d’autre qu’irrésistible. Sa peur de perdre Belle, de la voir se détourner de lui, de la voir devenir un monstre à son tour… tout ce qui est possible en cet instant, tout ce que suggère Alucard, tout ce à quoi Belle cherche à résister… Mais pour combien de temps ? Elle ne pourra rien contre la volonté d’Alucard. Ils ne pourront rien contre leur volonté à tous les deux… c’est même une certitude.

« Ne lui faites pas de mal », proteste la bête, toujours figé d’horreur mais rattrapé par sa colère. Pitch peut la ressentir, si forte, si puissante… il sera bien difficile de l’obliger à l’immobilisme le plus total… mais impossible n’est pas Pitch…. Et certainement pas quand il se trouve en compagnie d’Alucard. « S’il vous plaît… » La bête se fait suppliante. Ce constat que d’autres trouveraient peut-être émouvant a le don de faire naître un sourire carnassier sur le visage de Pitch. Le Croque-Mitaine n’est pas attendri le moins du monde, mais il s’amuse immensément du désespoir et de la détresse de celui qui croit encore qu’il sera capable de voler au secours de celle qui fait battre son cœur. Qu’il profite des battements de son cœur, d’ailleurs, tant qu’ils sont encore là, ça pourrait bien ne pas durer. « Je ferai ce que vous voudrez. Prenez-moi à sa place ! »

Ah le sens du sacrifice ! Cet instinct aussi stupide que puissant n’est pas l’apanage de tous les êtres humains… c’est quelque chose d’admirable… si l’on veut… c’est aussi quelque chose de bien stupide… Qu’aura fait la bête pour mériter d’être exaucé, hmm ? Pitch est tenté de répondre que la réponse à cette question ne saurait être que rapidement trouvée : rien. Il n’a rien fait du tout.

« Tous ces bons sentiments… » C’est à vomir. « Je crois que tu n’as pas encore compris, minou… » Pitch tourne autour de la bête à la manière d’un vautour. Il lui insuffle des pensées cauchemardesques de plus en plus sordides, avec à l’esprit un seul et unique but, celui de faire durer le plaisir. Pas celui de leurs pauvres victimes, à l’évidence. Mais le leur, c’est certain.

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feat. Alucard

Le spectacle est d’une rare cruauté. La violence physique est une chose, et Pitch, mieux que personne, sait y trouver un charme tout particulier, brut, évident, immédiat… Mais la violence morale, celle qui fait vaciller votre âme et vous rend aussi consistant qu’une coquille vide, ça… ça c’est encore autre chose, et c’est un véritable délice, à nul autre pareil. La Belle est terrifiée, la Bête est tétéanisée à l’idée de perdre celle qu’il aime… Le scénario est parfait… et c’est bien connu, les spectacles les plus intensément satisfaisants sont ceux que l’on partage en bonne compagnie… La compagnie d’Alucard était bien la meilleure que l’on puisse envisager.

Alucard a raison de le souligner, la force de volonté de la Belle a de quoi rendre plus pathétique encore l’abnégation de la Bête, qui supplie et s’agite mollement, convaincu déjà de ne rien pouvoir faire. Sans doute sait-il que c’est là ses derniers instants… Leurs derniers instants… Mais il y a dans l’ultime énergie du désespoir quelque chose de furieusement beau… Ce quelque chose que la Bête n’effleure même pas à l’heure actuelle.

Alucard n’a peut-être pas tort… Peut-être que cette bête n’aime pas suffisamment sa Belle pour se battre pour elle… Pitch a surtout l’intuition qu’il ne s’estime pas digne de se battre pour elle. Peut-être la Belle lui plaît-elle davantage quand elle n’est qu’une image figée, à la merci de ses fantasmes, plutôt qu’un être de chair et de sang, qu’il devra aimer convenablement et qu’il ne devra pas abîmer… Plus qu’il ne l’a déjà fait. Bien sûr, Pitch sait qu’il a son rôle à jouer dans l’apathie du monstre. La peur, quand elle atteint un degré élevé de violence, a souvent le don de vous clouer sur place, et Pitch a toujours trouvé cela à la fois irrésistible et désespérant, si contradictoires ces deux émotions soient-elles.

C’est la Belle qui décide d’agir finalement et de porter la main d’Alucard à sa bouche, pour y planter ses crocs, sans doute. Le spectacle que la Bête voit face à lui n’est pas exactement celui que lui impose Alucard… Pitch déforme la vision de la Bête en lui en imposant des contours cauchemardesque… Belle devient, dans le regard de la Bête, un monstre sanguinaire, aussi laid que lui…

« Et maintenant… que crois-tu devoir faire ? La sauver de nous… ou te sauver d’elle ? » demande Pitch d’un ton très amusé avant de t’écarter pour offrir toute liberté d’action à sa victime… une liberté toute relative, bien sûr, il la lui reprendra bien assez tôt mais… pour l’heure… il s’en délecte avec une satisfaction morbide, car même quand leurs proies pensent regagner un certain contrôle, elles ne cessent jamais d’être à leur merci.

La Bête se précipite vers sa dulcinée… que va-t-il faire à présent ? La sauver des griffes d’Alucard, ou bien se laisser contrôler par ses pires cauchemars ?

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feat. Alucard

Pitch, encore à ce jour, et même si ses escapades, plus ou moins fantasques (celle-ci tient définitivement le haut du panier), sont toujours plus régulières en sa compagnie, ne peut prétendre tout savoir et comprendre des subtilités que comprennent la nature et le pouvoir de son ami, tout comme il devine que la réciproque est tout aussi vraie. Toujours est-il qu’il prend toujours le plus grand plaisir à voir Alucard user de ses pouvoirs, comme en cet instant, sur cette jeune femme soumise à la volonté de son créateur, qui semble vouloir attaquer et qui, pourtant, en est bien incapable. Pitch trouve un scénario idéal à la situation qu’Alucard a créée, un cauchemar taillé sur-mesure sur ces deux amoureux qui s’entredéchireront dans la violence. Les plus belles histoires d’amour sont celles qui finissent le plus mal, n’est-ce pas ce que l’on dit ? Dans l’imaginaire de Pitch, en tout cas, cette information se vérifie nettement. La suite est prometteuse, et Pitch et Alucard n’en sont plus que les spectateurs. Bientôt… Bientôt…

Bientôt rien. Tout à coup, le décor change autour d’eux, et la belle et sa bête (bien qu’il soit devenu difficile, sur la fin, de distinguer une bête de l’autre) ont disparu de leur champ de vision pour ne plus laisser la place qu’à un décor pour le moins familier, puisqu’ils se trouvent à nouveau dans ce fichu parc où ils s’étaient donné rendez-vous, et dont le décor lui paraît hautement rébarbatif après avoir goûté à la joie pure d’une horreur bien plus agréable, autrement plus délectable. Alucard ne tarde pas à afficher sa frustration, et ils sont deux à la ressentir, à cet instant. Pitch est tout autant agacé que son interlocuteur par ce retournement de situation qu’il n’avait absolument pas planifié et qui le prive du plaisir de savourer ce spectacle qu’ils avaient si savamment orchestré tous les deux.

« On ne peut pas s’arrêter en si bon chemin », confirme Pitch quand Alucard jette son dévolu sur des humains de passage, qui ne sauraient mieux répondre à la définition de « se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment », c’est précisément de cela qu’il est question.

Tous les deux ont soif de terreur et de sang. Ils n’ont certainement pas été repu d’un festin qu’on leur a repris, comme ça, juste sous leur nez. C’est tout naturellement qu’ils entendent se rattraper à présent. Ils ne peuvent pas interrompre leur soirée sur une note si amère, même si Pitch  ne pense pas que quoi que ce soit pourra, à ce stade, compenser l’agacement qu’il ressent à l’idée d’avoir été privé de son moment, comme on viendrait cruellement arracher une friandise à un gamin (d’habitude c’est son truc à lui, ça).

« A toi l’honneur. »

Il veut le voir à l’œuvre, dévorer les premiers passants venus et se repaître de leur terreur. Ce ne serait, bien évidemment, pas assez, mais ce serait le mieux… pour le moment.