(abandonné) (AU) I've got places to go, things to destroy, stuff to steal… [Eris & Pitch]

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I've got places to go, things to destroy, stuff to steal…Conclure un pacte avec le voleur Sinbad avait été un échec. Eris avait cru, en sondant son cœur, que cet homme serait fiable dans toute sa couardise et sa sournoiserie. Mais non, il avait fallu qu'une femme s'en mêle et vienne lui donner des états d'âme. Sinbad avait le cœur sombre et la morale inexistante, jusqu'à ce qu'il rencontre Marina… Et son ultime volonté de sacrifice n'aurait jamais eu lieu, ne l'empêchant pas ainsi de garder le Livre de la paix de Syracuse, et n'empêchant pas ainsi l'exécution du prince de ce royaume qu'elle voyait déjà voué à sombrer dans le plus glorieux des chaos. Mais ça ne faisait rien. Syracuse n'était qu'un grain de poussière. Il y avait tant d'autres royaumes à détruire, tant d'autres mortels à malmener… Eris avait été furieuse, oui. Furieuse qu'un mortel lui donne tort. Mais elle avait rapidement tourné la page, car ce qui la motivait, avant tout, c'était la volonté de tromper son ennui… Et il n'y avait rien de plus exténuant et assommant que deux mortels amoureux.

Prenant un bain dans le cosmos, Eris reste songeuse, caressant distraitement les constellations qu'elle contrôle et garde comme animaux de compagnie. Les bulles flottent autour d'elles, chacune d'entre elles représentant un individu à la vie si fragile, si courte… Que jouer avec ces vies est irrésistible. C'est donc après avoir provoqué l'apparition des sirènes chez les uns, fait s'écrouler d'imposants édifices chez les autres, et provoqué la furie d'une foule de soldats par ailleurs, qu'elle tombe sur un individu en particulier qui, pour une raison qu'elle ne cerne pas encore, retient son attention.

Un homme, mais pas tout à fait. Celui-là n'a rien d'un mortel. Pourtant, elle ne perçoit chez lui aucune once de divinité, non, il s'agirait de quelque chose de plus mystérieux encore. Comme s'il était l'incarnation de ce qui avait toujours été, immortel, comme elle, mais soumis à des préoccupations tout autres. Et, à y regarder de plus près, c'était à Troie qu'il se trouvait, là où elle s'était fait un plaisir de provoquer une guerre… Et ce dont il semblait se délecter, ce n'était non pas des combats, comme ce cher Arès, ni du chaos, comme elle, mais d'autre chose… Comme s'il n'appartenait pas aux mêmes croyances qu'elle, ce qui était une nouveauté terriblement exaltante.

Curieuse, Eris quitte son bain, et apparaît quelques secondes plus tard seulement, sous sa forme éthérée, auprès de cet individu vêtu de noir. Elle le contourne, d'abord, se plaçant dans son dos, constatant que l'environnement qui se trouve autour de lui semble perdre ses couleurs, perdre sa vie… Et c'est au moment où elle fait ce constat qu'elle décide qu'il sera sa prochaine victime.

- Qu'es-tu, au juste ? susurre-t-elle à son oreille avant d'apparaître devant lui, semblant nager dans les airs, l'observant avec une fascination certaine.
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▿ Date de naissance : 03/02/1981

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feat. Eris

Les humains lui prémâcheraient presque le travail… Ils n’ont pas leur pareil pour se prendre au jeu de leurs propres angoisses et s’en inventer de nouvelles. Bien sûr, Pitch se satisfait de penser qu’aucune d’entre elles n’existeraient sans lui. Ce sont les germes d’une peur initiale qui en auront engendré d’autre, encore et encore… et il n’y a rien aux yeux du Croque-mitaine de plus délectable que de la ressentir à son point d’acmé, quand une guerre éclate, comme c’est le cas ici, dans cette ville tourmentée par des conflits intenses… Pitch se délecte d’une terreur qu’il entretient à sa manière. Il ne s’est jamais senti plus fort, plus puissant. Ici, il est dans son élément. Il se sent capable de soulever des montagnes. Il se repaît de ce qui fait son essence même, sans avoir conscience d’être observé, depuis quelques secondes déjà. Il ne constate pas non plus cette présence, dans son dos, pas avant d’entendre cette voix à son oreille.

Pitch se fige de surprise. C’est le comble pour le croque-mitaine que de se laisser surprendre et d’avoir peur, mais cela ne dure cependant qu’un instant avant que cette femme ne surgisse en face de lui. Non, pas vraiment une femme. Ce terme, il l’emploie faute de trouver une meilleure manière de la décrire. Une silhouette éthérée, fascinante… Une entité inhumaine, tout comme lui… Mais en même temps différente de lui. Il est convaincu de ne l’avoir jamais vue auparavant. Et tout comme elle affiche sa curiosité envers lui, il fait montre de sa curiosité envers elle… Une sorte de fascination mutuelle teintée de défiance s’installe presque immédiatement – et très logiquement – entre eux.

« On m’a donné beaucoup de noms au fil des âges », répond-t-il en posant sur elle ses yeux aux iris dorées et brillantes.

Il devrait peut-être ne pas dévoiler toutes ses cartes immédiatement, mais Pitch a trop besoin de retourner la question à son interlocutrice et d’obtenir de sa part une réponse honnête pour ne pas jouer le jeu de l’honnêteté. Une relative honnêteté.

« Ici, ils se plaisent à me donner le nom de Lamia », précise-t-il dans un léger haussement d’épaules avant de se détourner du sujet presque immédiatement, quand bien même il aime à parler de lui-même. « Et vous ? » demande-t-il en la fixant, toujours avec la plus grande intensité. « Qui êtes-vous ? »

Il attend autant d’honnêteté de sa part que l’inverse, même s’il n’est pas totalement certain d’en obtenir pour autant. Il est même à peu près sûr du fait que ce ne sera pas le cas. Ou bien une réponse détournée, comme celle qu’il lui a adressée lui-même… Le mystère qui nimbe sa personne perdrait très certainement de son éclat dans le cas contraire.

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I've got places to go, things to destroy, stuff to steal…La réponse de l'inconnu l'intrigue tout autant qu'elle éveille sa suspicion. C'est une complète et donc, insatisfaisante. Mais sous cette honnêteté particulièrement relative, elle devine une curiosité au moins égale à la sienne. Alors, Eris décide d'employer une approche stratège et note soigneusement l'information, se faisant la promesse de se renseigner aussitôt que possible sur cet étranger.

Lorsque la question lui est retournée, Eris entretient d'abord le mystère, lui adressant un regard appuyé mais ouvertement amusé. Comme si c'était si simple.

- Eris, accepte-t-elle cependant de répondre d'une voix enjôleuse.

Elle ne lui divulgue pas son titre, ni le détail de ce qu'elle incarne. Pour le moment. Quelque chose lui fait penser qu'elle ne parviendra pas à l'intimider en lui confiant son statut de déesse. Il ne s'agit, visiblement, pas d'un humain. Or, elle sait que les autres entités sont... moins impressionnables. Mais plus distrayantes, songe-t-elle en faisant glisser sur lui son regard flamboyant, renfermant toute l'énergie impitoyable du chaos. Ils ont cela en commun, constate-t-elle en plongeant ses yeux dans les siens. La lueur inhabituelle d'un regard qui ne saurait que terrifier et hanter tous les humains qui auront eu la malchance de les croiser.

- Je ne t'ai jamais vu, ni ici, ni ailleurs...

Et encore moins dans le cosmos, ou dans l'une de ces bulles d'individualité dans lesquelles elle prend ses bains. Pourtant, en s'intéressant à lui de plus près, en sondant son cœur, elle constate que celui-ci est sombre. D'un sombre qui l'attire, bien malgré elle. C'est plus fort qu'elle, bien sûr. Elle est attiré par les êtres qui possèdent un cœur aussi noir que le sien. C'était ce qui l'avait attirée chez Sinbad, l'incitant à en faire son jeu, le temps de quelques péripéties épiques. Mais en ce cas bien précis, avec cet... être aussi mystérieux qu'elle, Eris devine que la partie ne sera pas aussi simple. Elle n'en sera donc que plus exaltante.

- D'où viens-tu ? Que fais-tu ici ? l'interroge-t-elle alors, délaissant son humour superficiel pour révéler une autorité naturelle qui la fait soudainement apparaître plus sévère.

Il est rare qu'elle n'obtienne pas ce qu'elle réclame, et plus rare encore qu'elle rencontre un être sur lequel elle ne sache rien, si ce n'est une puissance qu'elle devine et une noirceur de plus en plus intrigante.
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feat. Eris

Eris, c’est la seule information qu’elle lui donne. Ne devrait-elle pas suffire, au vu des circonstances, à ce qu’il l’identifie pour ce qu’elle est vraiment ? Si, probablement, mais ce n’est absolument pas le cas, car le Croque-mitaine, toute entité extra-humaine puisse-t-il être, se méfie par-dessus tout des conceptions toutes faites induites notamment par la religion. Alors oui, avant de sauter à des conclusions trop hâtives, il attend d’en apprendre davantage, à présent.

« Tu n’as pas dû bien regarder. Je suis ici et partout depuis la nuit des temps », réplique-t-il avec un sourire en coin alors qu’elle affirme ne l’avoir jamais vu où que ce soit, comme si elle était dotée d’une capacité d’omniscience qui pouvait lui permettre d’avoir des yeux partout à la fois… Et pourquoi serait-ce forcément faux ? Il n’existe pas grand-chose d’impossible dans l’imaginaire de Pitch, mais il reste sur ses gardes néanmoins, surtout parce qu’il n’est pas pressé de concéder à son interlocutrice une puissance qui ne devrait appartenir qu’à lui. « On ne t’a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ? La tienne frôle l’indiscrétion », remarque Pitch en la fixant alors que son interlocutrice lui demande ce qu’il fait ici, et d’où il vient.

A cette dernière question, Pitch n’a pas de réponse. Il n’a pas la moindre idée de ce qu’il put être avant d’être le Croque-mitaine, pas plus qu’il ne sait s’il a un jour été autre chose. Sa naissance remonte à celle de l’humanité. Il a instillé la peur chez des générations d’humains qui s’y entendaient parfois très bien sans lui pour se complaire dans la terreur. La réponse serait sans doute, par conséquent, qu’il ne vient de nulle part en particulier, mais cela ne l’empêche pas de se poser lui-même de très sérieuses questions sur ses origines.

« Comme tous ces hommes sont terrifié, est-ce que tu as remarqué ? » Puisqu’elle ne fait pas preuve du respect élémentaire qui lui serait dû en le vouvoyant, il la tutoie en retour. « Ils vivent dans la terreur constante d’une guerre meurtrière qui les brisera tous, les tuera ou les séparera des personnes qui leur sont les plus chères. »

Il prononce ces mots sans la moindre compassion, mais avec un sadisme des plus réels. Oui, la seul pensée du traumatisme engendrée par une terreur si grande lui donne à vrai dire toutes les raisons du monde de sourire. Pitch s’amuse immensément de ce qui le rend si puissant en cet instant. Il s’abreuve de l’angoisse de chaque humain sur lequel son regard se pose, sans avoir conscience encore qu’il vit probablement l’une des meilleures périodes de son existence, en réalité.

« C’est ce que je fais ici. » Il marque une pause. « Et toi, Eris, à part te montrer terriblement indiscrète ? Que fais-tu ici exactement ? Ou où que ce soit, par ailleurs ? »

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I've got places to go, things to destroy, stuff to steal…En quelques mots, en quelques phrases, ses hypothèses trouvent de véritables réponses. Eris ne dit rien, pour commencer, mais son expression se fait songeuse. Son regard se perd au loin, sans pour autant qu'elle ne cesse de rester attentive à cet… être. Elle comprend qu'ils sont similaires, tous les deux. Des entités impressionnables aux yeux humains, des entités qui sont… partout à la fois, depuis la nuit des temps. Il est curieux qu'ils ne se soient pas croisés avant, dans ce cas. Mais peut-être l'ont-ils fait, sans jamais se reconnaître. Sans jamais faire suffisamment attention pour reconnaître l'œuvre de l'autre dans ce qu'ils observaient.

Théâtrale, Eris pose une main sur sa propre poitrine d'un air exagérément flatté.

- J'ai tous les défauts du monde, mon mignon, tu peux en être certain, rétorque-t-elle d'une voix basse et suave aux notes rieuses.

Plus elle en apprend sur lui, plus son humeur s'égaye. Eris, dont le combat quotidien était de lutter contre l'ennui, vient enfin de faire une découverte qui ne soit pas absurde, dérisoire, ou digne de lever les yeux au ciel. Elle peut, enfin, se détacher des vies mortelles et de leurs préoccupations purement humaines, pour s'intéresser à celui qui lui fait le récit onctueux de la terreur humaine. Une description qui pare son sourire de sadisme, et donne à son regard une lueur de satisfaction qu'elle ne s'efforce pas d'estomper.

Déterminée à continuer son interrogatoire, la déesse cesse de jouer avec les ombres et ancre ses pieds au sol, apparaissant devant lui sous une forme plus simple, presque semblable à celle d'une simple mortelle. Ses gestes continuent d'être trop aériens, cependant, et ses cheveux à suivre ses mouvements avec un peu trop de légèreté tandis qu'elle se laisse porter par les théories qui traversent son esprit. Un être incarnant la peur, c'est ce qu'il est. Une fonction des plus charmantes, elle doit bien le reconnaître.

Interrogée à son tour, elle se fend d'un rire mesquin, secouant doucement la tête pour signifier son amusement sous l'ironie de la situation.

- Moi ? Je suis, sans prétention excessive, responsable de cette guerre dont tu te réjouis tant. Voilà ce que je fais ici. Ne me remercie pas, ce fut un véritable plaisir.

C'est avec son humour provocant habituel qu'elle lui a servi cette première réponse, mais c'est avec plus de sérieux qu'elle reprend ensuite, son regard ne s'attardant plus sur le décor alentour mais sur lui, jusqu'à plonger ses yeux dans les siens.

- Quant à ce que je fais ailleurs… Sans conflits, pas de valeur à la vie. Sans affrontements armés, pas de divertissement… vraiment, je suis trop généreuse avec ces mortels, conclut-elle avec une légèreté empreinte de sadisme. Je leur offre des raisons d'apprécier leur foyer et l'ennui de leur piteuse existence. Sans chaos, ce monde est dénué d'intérêt. Tu comprends, n'est-ce pas ?

Cette fois-ci, elle semble apparaître de nulle part, se tenant face à lui sous sa forme la plus éthérée. Du bout des doigts, elle trace le contour de cette mâchoire parfaite tout en se présentant à lui sous son apparence la plus sombre et la plus authentique.

- Eris, déesse de la Discorde, se présente-t-elle enfin entièrement, lui adressant un sourire enjôleur.
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feat. Eris

« Rassure-toi, ma mignonne, ça se voit au premier coup d’œil », répond Pitch d’un ton égal quand, d’une voix suave et moqueuse, son interlocutrice lui assure posséder tous les défauts du monde.

Ben voyons ! Ceci dit, il peut en effet lui en trouver plus d’un en quelques secondes seulement, à commencer par la facilité avec laquelle elle est capable de l’agacer… en ne faisant rien de particulier si ce n’est de se donner l’air supérieur à lui… comment pourrait-il supporter cela sans broncher ? Il déteste l’assurance et l’orgueil chez les autres parce qu’ils ne font que trop fortement écho à ses propres assurance et orgueil. S’il vit particulièrement bien avec ses propres défauts, il n’a pas la moindre intention, en revanche, de faire face aux siens propres à travers le prisme d’autres personnes – merci mais non merci. Ceci dit et blague à part (même s’il a envie d’affirmer qu’il n’y a dans tous les cas absolument rien d’amusant à tout ceci, il peut aussi lui trouver quelques qualités en un coup d’œil seulement… Ce n’est pas pour rien si son regard ne peut aisément se détacher du sien. Pitch trouve Eris… particulièrement attirante. C’est plus fort que lui, il faut le dire, il semble presque incapable de détourner les yeux. A croire que ça lui demanderait un effort beaucoup trop d’efforts pour qu’il y consente.

« Je n’avais pas l’intention de te réjouir, je n’avais besoin ni de toi ni de ta petite guerre pour obtenir précisément ce que je voulais », rétorque Pitch de mauvaise foi quand la déesse lui apprend être à l’origine de la guerre dont il s’est repu du spectacle en appréciant de lire la terreur dans le regard et dans la voix de tous ceux qu’il a vus s’agiter en tous sens, transis d’une peur particulièrement séduisante. « Par ailleurs, je ne parierais pas sur le fait que vous ayez joué un rôle si crucial dans cette guerre que vous vous vantez d’avoir provoquée… sans vouloir vous manquer de respect, bien sûr. »

Comme s’il en avait quelque chose à faire que de lui manquer de respect… Non, mettons les choses au clair tout de suite : il n’en a absolument rien à faire, définitivement rien à faire. Et surtout, il refuse de donner à une autre une importance qu’il ne serait en mesure de tenir lui-même, il ne peut certainement pas en être question. Pas dans son imaginaire perturbé et sadique. Elle se montre plus claire. Elle est l’incarnation du chaos. Un chaos qui ne peut exister sans peur. Tout comme le chaos ne peut exister sans peur.

« Tu m’en diras tant. » Il la fixe enfin. « Ta petite guerre t’a-t-elle vraiment satisfaite ? Je suis certain que tu pourrais mieux faire. En ta qualité de déesse, j’entends. »

Il la provoque, il la met au défi, c’est plus fort que lui. En même temps, on ne lui retirera pas de l’idée que c’est quand même particulièrement tentant.

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I've got places to go, things to destroy, stuff to steal…De toute évidence, cet être là n'est pas un être prêt à lui vouer un culte, ou même à se laisser impressionner. Dommage… et terriblement divertissant à la fois. Même les rares humains qui ont osé la défier avaient une certaine forme de déférence à son adresse. Une forme d'excitation dans le fait de défier une divinité. Or, cet être là n'en a que faire. De son titre, de ses prouesses… S'il la défie, c'est par orgueil. Par mauvaise foi. Et… là où une rébellion humaine l'aurait tout bonnement ennuyée, ce type d'orgueil là, en revanche, l'amuse tout particulièrement…

- Vraiment ?

Dubitative, elle l'est très certainement. N'avait-il pas eu besoin d'elle pour obtenir ce qu'il voulait ? Pour cette guerre ? Elle en doute beaucoup, oui. Causer des guerres, c'est sa spécialité, après tout. Mais au jeu des fiertés, ils sont deux à participer. Et il est évident que l'un comme l'autre ne cèdera pas de terrain. Alors, plutôt que de lister toutes les raisons pour lesquelles il devrait s'adresser à elle avec un peu plus de respect, Eris relègue ces offenses au second plan pour s'intéresser davantage à cet être et… à ce qu'elle devine de ses capacités et de son rôle. Tout ceci la fascine, sans qu'elle ne l'exprime trop ouvertement de crainte de ne lui faire que trop plaisir.

Ses provocations la font sourire, quoique trop froidement pour maintenir l'illusion. Elle n'est pas dupe quant ses intentions, et elle n'est certainement pas déterminée à se laisser faire. Plus ils conversent, plus elle ressent pour lui autant d'antipathie que de curiosité. Un mélange qu'elle n'a pas l'habitude d'éprouver et dont elle ne sait pas déterminer si elle l'apprécie ou non.

- Mes desseins m'appartiennent, trésor. Occupe-toi donc des tiens. Ainsi donc, tu terrorises les mortels ? Et que fais-tu, ensuite ? Est-ce leur peur qui te nourrit ? Qui te… donne consistance ?

La question se pose, en effet, dans un monde où les croyances sont répandues, diverses, et puissantes. Eris, pour sa part, sait que même sans les mortels, elle continuerait d'exister, condamnée à un ennui éternel… Mais qu'en est-il de lui ? Et, plus exactement : comment peut-elle donc s'en servir pour se distraire ? Puisque leur rencontre devait avoir lieu, autant qu'elle serve.
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▿ Date de naissance : 03/02/1981

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feat. Eris

« Mes desseins m’appartiennent, ma belle. Occupe-toi donc des tiens », réplique Pitch, reprenant mot pour mot les propos de son interlocutrice quand elle l’interroge au sujet de sa manière de fonctionner. Puisqu’elle ne veut pas le dire elle-même, pourquoi répondrait-il à une curiosité qu’elle ne veut pas elle-même assouvir. « C’est agaçant, hein ? » ajoute-t-il avec un léger sourire en coin.

En réalité, il ne trouve pas de déplaisir réel à ce qu’elle s’intéresse à ce qu’il fait, bien au contraire. Pitch adore être au centre de l’attention. Rien ne l’agacerait et ne lui déplairait davantage que de perdre cette attention… ce qui pourrait bien arriver plus tôt qu’on ne l’imagine… A l’heure actuelle, impossible de lui faire croire une chose pareille, impossible car Pitch est convaincu du fait que les humains ne cesseront jamais d’avoir peur… Après tout, c’est dans leur nature même, ils ne sont tout simplement pas capables de s’en empêcher.

« Soit, procédons ainsi. Je réponds à tes questions, et tu réponds aux miennes. » Il marque une pause. « A l’évidence, tu n’as rien de mieux à faire, sinon tu serais déjà partie d’ici et moi… » Il hausse les épaules. « J’ai probablement mieux à faire, mais dans ma grande mansuétude, j’accepte de t’accorder un peu de mon temps. »

C’est faux, bien sûr. S’exprimer ainsi, c’est négliger, à dessein, le fait qu’elle l’intrigue plus que de raison, et que s’il veut en apprendre plus à son sujet, c’est aussi parce qu’elle l’intéresse. Elle l’intéresse même sur plusieurs plans, certains plus avouables que d’autres.

« Je ne me contente pas de terroriser les mortels, ça, c’est à la portée de tous. Je crée la peur, je l’incarne, tu comprends ? La nuance est subtile, mais je suis certain que tu es capable de comprendre malgré tout. Plus ils ont peur, plus ils me redoutent, plus je gagne en puissance. »

Moins ils ont peur, en revanche, et plus il s’affaiblit, mais il refuse d’accorder foi à cette possibilité qu’il n’a pas réellement eu l’occasion d’expérimenter, si bien que cela doit tenir, à ses yeux, plus de la croyance qu’autre chose. Quant à ce qui lui donne consistance ou non, il ne développe pas davantage sa question.

« A toi, je t’écoute », fait-il sans attendre même qu’elle ait approuvé au préalable son petit marché. Puisque la déesse de la Discorde n’a pas l’air de vouloir décamper et que lui-même n’a pas la moindre envie de décamper de son côté, autant rendre tout ceci profitable, n’est-ce pas ? « Comment t’y es-tu prise, pour provoquer cette guerre ? »

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I've got places to go, things to destroy, stuff to steal…Pitch joue à un jeu bien dangereux en proposant un marché à Eris. Cette dernière le considère d'un air particulièrement sournois, à deux doigts de lui proposer de sceller ce pacte de manière plus... concrète. À son avantage, bien sûr. Mais là où n'importe quel humain se laisserait tenter par un pacte avec elle, car les marchés qu'elle propose sont toujours très bien ciblés, elle devine qu'il n'en sera pas de même avec cet individu. Il est aisé de sonder le cœur des hommes et de trouver ce qui les fera céder... Il l'est beaucoup moins de sonder ce cœur-ci, de loin le plus sombre qu'elle connaisse, exception faite du sien, bien sûr.

L'incarnation de la peur, donc. En voilà, une information des plus captivantes. Eris l'encercle, lentement, continuant de le jauger de haut en bas, flottant à quelques dizaines de centimètres du sol. Ses cheveux suivent le mouvement de mouvements d'air inexistants sur le plan humain, comme s'ils étaient plongés dans l'eau, créant à l'occasion une crinière de cheveux sombre qui assombrit plus encore l'expression songeuse de son visage. La Peur et la Discorde. Voilà une rencontre qui semblait être vouée à arriver. Il est même surprenant que ce ne soit pas arrivé plus tôt.

- Tu sembles penser que c'était difficile, répond-elle d'abord, cessant de tourner autour de lui pour revenir face à lui, ses pieds nus foulant le sol chauffé par les rayons du soleil. Provoquer des guerres est d'une simplicité enfantine. Pour moi, en tout cas.

Sa voix prend alors des accents d'arrogance, et pourtant, elle ne pourrait être plus sincère. Mais elle pressent que cette réponse ne le satisfera pas, et soupire ensuite, avant de reprendre :

- Rien n'est plus odieux qu'une comparaison, et c'est précisément ce que j'ai provoqué. Une comparaison compétitive entre immortelles, dont les mortels subissent les conséquences. Comme toujours. Un jeu d'enfant, tu vois.

Le calme et la suavité dont elle fait preuve pour discuter des horreurs qu'elle inflige aux mortels devrait effrayer tout être raisonnable, mais s'il est bien l'incarnation de la Peur, et elle n'a aucune raison de douter de ce fait, alors elle est certaine qu'il comprendra. Pour une raison qui lui échappe, elle a besoin qu'il comprenne.
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▿ Date de naissance : 03/02/1981

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feat. Eris

Pitch s’attend à tout moment à ce qu’Eris refuse de s’adonner à ce petit jeu dont il a fixé lui-même les règles sans lui laisser véritablement le choix, faisant de lui-même à la fois les questions et les réponses. Si tel devait être le cas, ce ne serait en soi pas bien grave, après tout, il n’a rien dit qu’il n’aurait pas estimé simple de partager… Mais il a envie qu’Eris joue le jeu. Il a envie d’assouvir sa curiosité. Il a besoin de comprendre qui elle est et ce dont elle peut bien être capable plus précisément.

Eris, avec un orgueil manifeste, observe que provoquer des guerres est, pour elle, une chose simple comme bonjour. Il est vrai qu’un rien peut suffir à lettre le feu aux poudres, mais une guerre de cette ampleur exige tout de même que l’on mette un tant soit peu la main à la pâte, non. Elle accepte de lui en dire plus, néanmoins. Elle avait créé un esprit de compétition entre les mortels afin que ces derniers décident de se livrer bataille. Un jeu d’enfants, en somme.

« Si c’est si simple pour toi, alors ce doit être lassant. Rien n’est bien satisfaisant quand on l’obtient trop simplement », suggère Pitch, dont l’intention en cet instant n’est pas réellement tant d’entendre son interlocutrice approuver ses dires que d’avoir le dernier mot, comme il a toujours trouvé cela tout particulièrement plaisant.

Il doit reconnaître chez elle quelque chose de foncièrement attirant dans la manière dont elle est capable de se délecter de toutes les atrocités dont elle s’est rendu responsable. Le sang versé ne la fait pas trembler. Il aime naturellement cela car il se reconnaît dans un tel comportement qu’il ressemble au sien. Il ne s’inquiète pas de ce qui fait trembler les mortels et s’avère être pour eux une source continuelle d’angoisse. Non, il étreint cette angoisse avec bonheur et ravissement, plus que satisfait de l’effet que cela produit sur eux, qui rejaillit naturellement pour lui.

« Quels sont tes prochains projets, alors ? »

Il est curieux, trop curieux pour avoir réellement l’air désintéressé. Il est curieux parce qu’il la comprend de manière intuitive, pour ne pas dire presque viscérale. D’une manière qui ne s’explique tout bonnement pas. Il a envie d’en apprendre plus sur elle, même si ce n’est techniquement pas à lui de poser la prochaine question mais bel et bien à elle, du moins s’ils décident de se livrer à ce jeu dont il a décidé lui-même sans véritablement attendre le moindre assentiment de la part de son interlocutrice, qui aurait pourtant, de toute évidence, son mot à dire sur la question.

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I've got places to go, things to destroy, stuff to steal…La réflexion de Pitch fait sourire Eris, qui incline la tête par assentiment, lui concédant la justesse de cette remarque, sans pour autant estimer qu'il ait entièrement raison. Elle se pare donc d'une aura bien mystérieuse au moment d'approuver ses dires, s'écartant légèrement pour faire quelques pas sans que ses pieds ne touchent véritablement le sol, comme si elle circulait non pas sur cette terre mais sur un autre plan de la réalité, un plan inaccessible au commun des mortels… et à tout immortel qu'elle n'ait pas invité dans son royaume.

- C'est mon essence, très cher. Ma nature même. Te lasserais-tu de la peur que tu inspires aux mortels ? rétorque-t-elle posément.

Il y avait un soupçon de mauvaise foi dans son argumentation. Mais elle était tout de même en grande partie sincère. Certes, il lui arrivait de s'ennuyer, car les humains étaient cruellement prévisibles. Mais cet ennui, elle le comblait en trouvant de nouvelles manières de semer la discorde et d'engendrer toujours plus de chaos. Son but ultime, naturellement, était d'imposer à ce monde, dans son intégralité, la ruine et le chaos le plus total. D'agrandir son royaume et d'en jouir, seule, certes, mais en ayant accompli ce pour quoi elle existait, ce qu'elle incarnait viscéralement. Les êtres communs ne comprendraient pas une telle ambition. Mais un être comme Pitch le comprendrait, du moins était-ce ce qu'elle espérait.

La question qu'il posa la fit ricaner. Eris secoua doucement la tête et croisa les bras, s'amusement même à le dévisager d'un air réprobateur.

- C'est à mon tour de poser une question. Ne doit-on pas tenir sa parole, entre immortels ? l'admonesta-t-elle, par jeu.

Le tout restait de savoir quelle question elle tenait à poser. Il y en avait une, en particulier, qui lui brûlait les lèvres depuis qu'il lui avait annoncé les détails de sa nature et de son être. Elle-même était une déesse. Elle perdrait en puissance si les mortels cessaient de croire en elle, mais elle vivrait tout de même. Quant à lui… la question se posait, en effet.

- Que se passerait-il si les humains cessaient de croire en ton existence ? fit-elle d'un ton exagérément innocent, faisant mine de s'intéresser à un bâtiment dont elle caressa le marbre du bout des doigts, le transformant en ruine, scindé en deux par son pouvoir.
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feat. Eris

Eris marque effectivement un point, et des non négligeables, elle invite Pitch à voir les choses à travers ses yeux, et ce faisant lui fait constater que leurs regards sont loin d’être bien différents – bien au contraire, même. Tout comme la déesse affirme que pour rien au monde elle ne se lasserait du chaos qu’elle est capable de créer parmi les mortels, Pitch non plus ne serait pas capable de se passer de la sensation grisante que lui inspire le fait de susciter la peur chez le commun des mortels. Cela va d’ailleurs bien au-delà d’une simple satisfaction personnelle, il y a autre chose derrière, sans l’ombre d’un doute. C’est quelque chose de profond et d’implacable, de vital. Pitch ne se contente pas de se réjouir de la peur d’autrui, il s’en nourrit. Elle lui est vitale.

Sans elle, il n’est jamais plus que l’ombre de lui-même… Il a bien conscience de cela en effet, et ne pourrait certainement pas l’ignorer. Alors oui, si Eris raisonne de la même manière vis-à-vis du chaos, il est capable de la comprendre… Du moins il le pense. Mais le chaos, c’est bien vaste. Est-ce le chaos en lui-même ou les émotions qui lui sont associées qui fondent son essence. Les questions que Pitch se pose sont nombreuses, et il devine qu’il lui faudra un certain temps avant d’obtenir aucune d’entre elles, d’autant qu’il s’épargne de poser certaines d’entre elles, davantage par complaisance qu’autre chose au demeurant. Ce n’est de toute façon pas à lui de poser une nouvelle question, ce qu’Eris observe en affirmant qu’elle aussi a une question à poser.

« Je ne connais pas vraiment les règles entre immortels, j’en fréquente très peu », réplique tout de même Pitch pour donner le change.

A la vérité, il en a fréquenté certains, de loin, mais on ne peut pas dire que ses rapports avec les Gardiens aient jamais été en quoi que ce soit apaisés… cela aurait difficilement pu être le cas compte tenu du fait que ces derniers avaient été appelés notamment dans l’intention de contrecarrer ses propres desseins. Eris est, finalement, la première immortelle que Pitch rencontre semblant avoir un tant soit peu de ressemblances avec lui… Toutes proportion gardée, bien sûr, mais il se sent capable d’entendre et de comprendre son point de vue, de même s’il lui reste encore beaucoup de choses à apprendre à son sujet, sans aucun doute.

Pitch grimace à la question de son interlocutrice. Il n’a pas envie de répondre à sa question. D’autant qu’admettre ce qui se passerait si les humains cessaient de croire en son existence, c’est afficher une faiblesse que l’on pourrait retourner contre lui… Cela dit, après tout… une déesse do chaos ne peut qu’encourager la peur, pas espérer qu’elle soit réduite au silence… qui plus est, puisqu’il a attendu une certaine honnêteté de sa part, il peut bien se permettre de se montrer honnête en retour.

« Mes pouvoirs s’amenuiraient, je m’affaiblirait… et je finirais probablement par disparaître », répond-t-il d’un ton le plus neutre possible, avant de se ressaisir. « Mais ça n’arrivera pas. »

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Si Pitch fréquentait très peu d'immortels, elle-même en fréquentait sans doute trop. Même si elle faisait office de chat noir parmi les divinités, même si les autres immortels avaient tendance à fuir sa présence de peur que le chaos qu'elle incarnait s'abatte sur eux, elle ne pouvait pas nier que sa famille proche comme éloignée était… très nombreuse. Et au fond, c'était réconfortant de constater que les divinités n'étaient pas les seuls immortels. Elle imaginait déjà la tête de ce très cher Zeus si elle lui parlait de cette rencontre… Oh, elle jubilait par avance !

Quant à la réponse que lui donnait finalement Pitch, elle faillit bien la faire ronronner tant elle réjouissait la part la plus cruelle de sa personnalité. Il faiblirait… il cesserait d'être… Comme c'était… fascinant.

Eris se surprit même à se demander ce qu'elle serait capable de faire d'un monde où la peur n'existait plus. Où les cauchemars ne hantaient plus les nuits des mortels. Jusqu'ici, elle avait naturellement associé le chaos à la peur, mais au fond… Qu'en savait-elle ? Peut-être que des mortels dénués de peur seraient plus chaotiques et plus dévastateurs encore. Plus sombres, en somme… Pour elle, qui n'attendait que le moment où le monde serait complètement en ruines, c'était une perspective presque alléchante.

Elle fit cependant semblant de compatir, sa bouche se tordant en une fausse moue de sympathie.

« Non, bien sûr que non… Mais cette possibilité vous terrifie. » Elle eut un rire bref. « Ironique, quand on y pense. »

Provocatrice, elle eut un sourire qui révéla ses dents. Un sourire trop sombre et trop pernicieux, bien trop, pour qu'il puisse se laisser duper. Elle était curieuse de savoir ce que l'avenir réservait à cet immortel si solitaire. Et elle se fit la promesse de vérifier très régulièrement, à l'avenir, où il en était. Il pouvait se sentir flatté, bien sûr. Il fallait bien qu'il la rende suffisamment curieuse pour qu'elle prenne cette peine, et pour une déesse aussi facilement lasse qu'elle, c'était un exploit.

S'avançant vers lui dans un nuage de fumée violette, Eris garda un sourire au coin des lèvres tandis que son visage approchait du sien pour ne plus laisser que quelques millimètres d'espace entre eux. Enjôleuse, elle souffla :

« En fait… Il me plairait assez de vous voir véritablement terrifié. Ce doit être délicieux. »
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▿ Date de naissance : 03/02/1981

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« Rien ne me terrifie », réplique Pitch de très mauvaise foi quand son interlocutrice, avec une justesse tranchante, observe que l’idée de disparaître pour de bon et pour lui une source d’angoisse totale.

Et oui, c’est absolument ironique. Le Croque-mitaine, celui qui distribue la peur à tour de bras, qui l’alimente et l’amplifie, n’est pas capable de faire face à ses propres angoisses… Et ces dernières ne sont pas moindres. Il sait les occulter dans des périodes aussi glorieuses que celle-ci, où la peur prend une telle place dans l’esprit du commun des mortels que son travail s’en voit presque prémâché… Il se sent alors plus puissant que jamais. Mais à chaque période d’allégresse ou de paix relative, alors… Le cycle recommence. Et depuis que l’Homme de la Lune a pris la décision de nommer des Gardiens, c’est pire que tout encore.

« Oh quel dommage que cela n’arrive jamais », répond Pitch en forçant un sourire sur son visage, agacé par les propos ô combien provocateurs de son interlocutrice. Elle cherche à le provoquer, et il le sait, et ça ne marche que trop bien.

Tout, que ce soit dans l’attitude ou dans l’apparence de cette femme, a de quoi le faire sortir de ses gonds et en même temps de quoi l’attirer irrésistiblement. Osera-t-il l’admettre ? Certainement pas, non, mais quand Eris se rapproche de lui comme elle vient de le faire, dans un nuage de fumée violette, il se sent partagé entre l’envie de lui cracher au visage et celle de se précipiter sur ses lèvres, qui ne sont, en cet instant, qu’à quelques infimes millimètres, absurdes, ridicules, des siennes.

« Vous aurez eu le temps de vous abandonner à mille angoisses avant qu’aucune d’elles ne soit susceptible de vous toucher », ajoute-t-il avec suffisance, pas tant parce qu’il serait sûr de son propos que parce qu’il cherche à se protéger, à se protéger autant que possible d’une réalité qu’il lui serait trop difficile et complexe d’encaisser l’heure actuelle. « Les dieux et les déesses ne sont pas exemprts d’angoisse, elles sont généralement proportionnelles à leur puissance démesurées. Dans votre cas, je dirais que vous êtes terrifiée à l’idée de perdre le contrôle. C’est pour cette raison que vous vous drapez de suffisance chaque fois que l’on est proche de percer vos défenses », suggère-t-il en plongeant dans ses yeux le regard le plus inquisiteur qui puisse être, comme s’il cherchait à la passer au crible.

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I've got places to go, things to destroy, stuff to steal…Ravie de constater que ses petites provocations avaient l'effet désiré, Eris eut un sourire démoniaque. Elle ne commenta cependant pas davantage, préférant contourner le Cauchemar ambulant, sa silhouette adoptant une forme éthérée et insaisissable.

Bien sûr, les dieux et déesses n'étaient pas exempts d'angoisse. Eris songea aux Olympiens, à ces divinités constamment effrayées à l'idée que l'humanité cesse de les vénérer. De tous ces dieux, le plus puissant était sans aucun doute le plus concerné, lui dont l'orgueil était démesuré... à son humble avis, bien sûr. Quant à ses propres angoisses... Eris était sincèrement intéressée par les hypothèses de son interlocuteur, lui qui semblait s'acharner à mieux la comprendre.

Son sourire s'élargissant à la mention de sa suffisance, Eris porta dramatiquement une main à l'endroit où aurait dû se trouver son coeur, feignant moqueusement avoir été touchée par son analyse. Mais le regard qu'il portait désormais sur elle était trop... intense pour qu'elle entretienne la farce. Gardant ses airs railleurs, elle redevint toutefois plus sérieuse.

« Je suis une grande fille, je sais rebondir. La perte de contrôle est… agaçante. Mais elle n'est pas irrémédiable. »

Elle supposa toutefois qu'il avait en partie vu juste. La Discorde et le Chaos étaient ses éléments, mais Eris n'entendait pas le moins du monde les subir, non… Ils n'avaient d'intérêt que lorsque c'était elle qui les causait. Qu'importe. Eris n'était pas tant intéressée par l'idée d'analyser ses propres peurs que par celle d'observer un peu plus les manifestations de colère et d'agacement de celui qui lui faisait face. La manière dont ses mots étaient prononcés, cette sécheresse incisive, tout ceci était particulièrement grisant pour elle, qui n'aimait rien tant que de laisser... une forte impression sur tous ceux qu'elle rencontrait.

Amusée par l'agressivité subtile qu'elle décelait dans ses propos et le ton de sa voix, elle lui fit l'offense supplémentaire d'un ricanement.

« Allons, pourquoi tant d'animosité ? La Peur et le Chaos ne devraient-ils pas former le plus effroyable des duo ? »

Une fois encore, elle fit bien peu de cas de la notion d'espace personnel et s'approcha de lui, ses lèvres cette fois-ci ouvertement suspendues au-dessus des siennes en une invitation limpide.
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En réalité, Pitch ne doute pas véritablement qu’Eris soit capable de rebondir en n’importe quelle circonstance, elle n’est, de toute évidence, pas de nature à se laisser déstabiliser par quelque situation que ce soit. La situation où ils se trouvent le prouve largement d’ailleurs. Il est évident qu’elle sait garder la tête haute quand la situation le nécessite. Il ne peut s’empêcher d’afficher un sourire partagé entre amusement et cynisme à ses propos. Il ne qualifierait pas seulement d’agaçante la perte de contrôle pour sa part. Perdre le contrôle, ne plus avoir de prise sur son propre destin, pire encore le laisser dépendre de tiers, c’est quelque chose d’insoutenable pour lui… quelque chose qu’il a malheureusement déjà vécu. Ce n’est pas irrémédiable, certes, mais c’est un combat complexe, long et énergivore que de récupérer ce plein contrôle, et rendu plus complexe par la faiblesse que l’on aura affichée, sans être capable de faire autrement.

Pourquoi tant d’animosité ? Parce qu’elle ne lui inspire aucune sorte de confiance. Eris l’attire autant qu’il cherche autant que possible à s’écarter de tout ce qu’elle incarne, au risque d’en payer, tôt ou tard, le prix fort. N’est-ce pas parfaitement inévitable, d’ailleurs ? Le Croque-mitaine ne peut pas abaisser ses défenses en sa compagnie. Son animosité vient aussi de là. De toutes les incarnations singulières qu’il a pu rencontrer au cours de son existence, Eris paraît être la plus disposée à percer ses défenses, avec une dangereuse aisance… et c’est une chose qu’il ne peut ni ne veut tolérer.

« Parce que vous êtes de nature à vous associer à qui que ce soit ? » demande-t-il en plantant son regard dans le sien… regard auquel il ne peut certainement pas échapper alors que leur proximité est si grande.

Eris ne laisse qu’un maigre espace entre eux, il peut sentir son souffle sur son visage glacé, et cette proximité se révèle aussi insoutenable qu’irrésistible, en aucun cas il n’envisage de s’écarter. S’il devait briser l’espace, entre eux, ce ne serait certainement pas pour s’écarter d’elle, mais bien davantage pour s’emparer des lèvres qu’il peut sentir si proche des siennes.

« Non, vous êtes une individualiste. Faire équipe ne vous plairait pas. »

Il ne peut avoir aucune confiance en elle et il le sait. Etrangement, cela la rend d’autant plus attirante à ses yeux.

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