((TW : Sang, torture, violence)) And the rest is darkness [Alucard]

And the rest is darkness

feat. Alucard

Sa victoire est aussi délicieuse que leur défaite doit être amère. Les Gardiens vaincus, ultime pied-de-nez adressé à l’homme de la Lune, il n’est plus rien qu’ils puissent faire à présent pour protéger l’humanité de ses cauchemars, du règne de terreur qu’il entend faire régner sur ces âmes innocentes qui oublieront bientôt jusqu’à l’existence de ces mythes en lesquels ils avaient osé placer le moindre fragment d’espoir. Plus aucun enfant ne croit en eux. Plus aucun enfant ne croira jamais en eux… Réduit à un état de fragilité et de vulnérabilité affligeants, Pitch garde à présent les Gardiens dans son antre, en cage et gardés scrupuleusement par ses fervents chevaliers, des cauchemars de sa propre composition, adaptés à chacun de ses détenus, afin de leur faire vivre en continu le sort le plus insoutenable et le plus cruel qui puisse être envisagé.

Quant à Pitch… Depuis ses hauteurs, tranquillement installé sur un trône taillé sur-mesure, à la démesure même de ses ambitions, il contemple l’inévitable déclin d’une humanité vouée à sa perte et à l’horreur la plus absolue.

« Nous y sommes », décrète-t-il satisfait en tournant vers Alucard son regard le plus tendre et le plus satisfait. « Voilà ce que je t’offre, Alucard, un terrain de jeu infini. Toutes ces âmes sont à toi, tu pourras en disposer comme bon te semble », lui promet-il d’une voix doucereuse, caressante.

Quel intérêt avait-il eu à matérialiser Alucard, qui n’est jamais qu’un cauchemar de sa composition à qui il a donné vie et une identité à part entière ? Il ne saurait l’expliquer lui-même. Le besoin, peut-être, de ne pas être complètement seul quand tout serait fini ? Et qui de mieux pour lui tenir compagnie qu’un individu façonné de toute pièce par ses bons soins. De quoi nourrir à l’extrême son narcissisme…. Qui n’avait clairement pas eu besoin de cela…

Car oui, s’il est une peur qui demeure encore en l’esprit de Pitch Black, et qu’il ne saurait matérialiser, ce n’est pas tant celle de voir son empire s’effondrer, ses ouailles se retourner contre lui, ses ennemis reprendre le dessus… mais bel et bien la crainte moins avouable de n’avoir personne, à la toute fin. Il n’a plus à s’en inquiéter, dorénavant. Alucard est définitivement le partenaire de crime et de vie idéal, et même si leurs objectifs semblent tous atteints à présent, ce n’est pas pour autant que Pitch redoute l’ennui et la lassitude. Non… ils ont maintenant une éternité entière pour profiter à leur guise de ce qu’ils ont construit ensemble. Et ces réjouissances n’ont pas besoin de connaître la moindre fin.

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feat. Alucard

Ce trône, Pitch l’a obtenu de haute lutte. Il ne pense pas, peut-être trop orgueilleusement, que qui que ce soit sera un jour susceptible de le lui reprendre, mais il s’y agrippe néanmoins comme la misère s’attache au monde – car il est cette même misère qui s’est bel et bien abattu sur le monde tout entier. Les paroles, taquines, d’Alucard, le font doucement sourire, autant que son invitation tentatrice. Non, étrangement, il ne préfère pas ce trône à tous leurs moments.

Alucard a été façonné par ses bons soins comme un instrument de vengeance pure, et Pitch aurait pu décider, celle-ci obtenue, de se passer de ses services, de le détruire de la même manière qu’il l’avait créé… Mais il ne l’envisage pas. Alucard est sa création, sa perfection, son plus beau cauchemar. Par narcissisme pur, il s’y attache avec férocité… Et il ne sait par ailleurs résister à l’envie de venir bel et bien jouer avec lui. Il fallait qu’il l’invente pour véritablement se trouver quelqu’un qui le comprenne si parfaitement… Et pour rien au monde il ne se lasserait de sa présence et de ses initiatives toujours monstrueuses. Plus difficile encore de résister quand ses crocs fendillent ses lèvres, que sa langue recueille son sang. Alucard est séduisant en diable quand il agit de la sorte. Irrésistible, même.

« Ta suggestion est tentante, mais pas pour le moment », dit-il alors qu’Alucard proposer de jouer avec les gardiens.

Il aime terriblement l’idée de les voir tuer tous ceux qu’ils protégeaient auparavant, c’est un fait, et Alucard voit clair dans ses pensées comme dans ses envies. Clair comme de l’eau de roches… Parce qu’il les partage par la force des choses.

« Je veux d’abord qu’ils se morfondent, je veux encore apprécier un peu leur détresse », affirme-t-il, convaincu que c’est là une chose que sa créature sera bel et bien en mesure de comprendre.

Les gardiens seront… l’accomplissement. La cerise sur le gâteau… Mais pour le moments, ils ont de très nombreuses choses à faire, et suffisamment de possibilités pour qu’il ne soit pas nécessaire de s’attarder sur le seul cas qu’ils représentent. Ils ont l’humanité entière à malmener et à torturer… Et c’est déjà beaucoup.

« Mon trône sera toujours là à mon retour. Tu as raison, je t’accompagne. »

Il n’y résiste pas. Comment faire autrement, en même temps. Les opportunités sont bien trop nombreuses et délicieuses. Ils ont des milliards d’âmes à leur disposition, qu’ils peuvent tourmenter et détruire encore et encore. Ils sont tous les deux les dieux d’un nouveau monde, sans foi, ni loi. Complémentaires, parfaits l’un avec l’autre, puisqu’Alucard a été conçu à cet effet.

« Et si nous allions tourmenter les grands de ce monde, qu’en dis-tu ? »

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feat. Alucard

Alucard est sa plus belle création, et de très loin, mais il est aussi sa création la plus capricieuse. Quand ses autres cauchemars ne sont jamais que dociles et obéissants, Alucard, lui, fait preuve d’une force d’initiative que le Croque-mitaine pourrait trouver particulièrement contrariante s’il ne décidait pas plutôt d’y trouver quelque chose de fondamentalement séduisant. Le pire de ses cauchemars devait être loyal, certes, car le pire qui pourrait lui arriver serait qu’il se retourne contre lui, mais autonome néanmoins, et avec une telle charge de cruauté destructrice, de tempérament chaotique, il fallait s’attendre à ce que sa créature soit aisément prompte à l’ennui.

Les concessions qu’il lui adresse n’en sont néanmoins pas vraiment pour Pitch, qui apprécie toujours plus que de raison ses petites excursions en compagnie d’Alucard. Pour être pleinement satisfait de la compagnie d’autrui, il fallait qu’il s’entoure d’une personne qui le comprenne totalement. Et Alucard sait comment le divertir et faire de ce qui ne serait qu’un morne règne un moment de pure détente. Un jour, oui, il offrira à Alucard précisément ce qu’il désire, le sort auquel doit tout naturellement être contraints les gardiens, mais ils n’ont pas encore suffisamment payé, ils n’ont pas encore assez souffert… Pitch tirera sur la corde le plus fort possible, jusqu’à ce qu’elle cède. Tant que ce ne sera pas le cas, il persévérera à rester le pire cauchemar de ses bons vieux ennemis.

Et puisqu’il ne peut lui promettre les cibles que son compagnon désire véritablement, il choisit tout de même de ne pas lui proposer du menu fretin mais quelque chose de bien plus intéressant. Pour cette raison, il décide d’inviter Alucard à rendre visite à ces grands pontes de l’humanité qui cette nuit mourront d’angoisse… littéralement.

Ils n’attendent pas longtemps pour rejoindre la terre ferme. Pitch s’amuse de bon cœur de voir le sang gicler de la gorge d’un premier garde auquel Alucard n’a pas tardé à s’attaquer. Ce n’est pas à eux qu’il compte s’attaquer. Pitch traverse la surface épaisse d’un bunker comme si sa structure avait été faite de papier, il s’est changé en ombre pour se remétamorphoser ensuite dans sa forme favorite. Il est né à né avec ce président paniqué qui le fixe avec de grands yeux horrifiés.

« Oh, pauvre inconscient… tu pensais vraiment avoir déjà vécu le pire ? » se moque-t-il en découvrant la lueur d’angoisse dans ses prunelles. Cet homme pense avoir tout perdu, mais il est encore loin du compte. « Il y a des pures plus viscérales, plus primitives que celles qui te torturent… Que se passerait-il si tu te retrouvais prisonnier de ta cage dorée… Sans oxygène… sans vivres, sans rien… » D’un geste, il ordonne à ses cauchemars de saccager les réserves concentrées dans le bunker… « Voilà… » ça y est, c’est de la terreur pure qu’il découvre dans le regard de ce cher président. « C’est de cette peur-là que je parle. »

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feat. Alucard

Quand l’humanité sera réduite à sa plus infime proportion. Quand la peur aura corrompu toutes les âmes et dissimulé la race humaine… Pitch ignore ce qu’il adviendra de lui. La Terre, à première vue, ressemble à un vivier perpétuel, mais à mesure que ses cauchemar se répandent et qu’une vague de terreur pure enveloppe l’entièreté du globe, le Croque-Mitaine doit faire face à ce constat. Tôt ou tard, quand il estimera avoir pleinement gagné… il n’y aura plus personne à terroriser… A ce moment-là, Pitch perdra en partie son but, sa raison d’être… Oui… mieux vaut ne pas trop y penser. Vivre dans l’instant et se délecter de ce qu’il peut obtenir, ici et maintenant, demeure encore ce qu’il peut et sait faire de plus satisfaisant…

La peur qui anime les esprits, puissants, qu’il est venu torturer est d’autant plus délectable que ces individus autrefois hauts placés s’étaient cru au-dessus de tout. Ils avaient imaginé, à tort, que rien au monde ne serait jamais susceptible de les attendre, ils avaient supposé qu’ils étaient à l’abri de tout, y compris de cette émotion qui gagne indistinctement tous les être qui peuplent ce monde, ne leur en déplaise. Dans le regard de ce cher président, il voit briller une multitude infinie et puissante d’angoisses irrépressibles, que l’homme qui lui fait face semble bien incapable de contenir. Aux prises avec des démons plus puissant que lui, il en perd la voix et le sens commun. Cet homme, au nom de ce qu’il qualifiera de dignité, cherchera probablement à s’ôter la vie plutôt que d’assister à sa propre déchéance, mais c’est là une chose que Pitch ne permettra pas, en aucun cas.

C’est lui qui contrôle le corps, le cœur et l’esprit des hommes, c’est lui qui a la mainmise sur leurs inquiétudes les plus profondes et décide de ce qui entraînera leur détresse la plus absolue. Plus personne pour l’en empêcher, et de ce pouvoir il se délecte, pouvoir à la saveur particulière, depuis qu’Alucard est entré dans la danse. Alucard qui, dans son dos, lui demande l’autorisation de dévorer ce pauvre ère avant qu’il ne rende l’âme. Sourire carnassier aux lèvres, et sans se retourner directement vers sa créature, Pitch lui répond en semblant s’adresser au président directement.

« Je n’en sais rien… Qu’est-ce que tu en penses ? Tu voudrais qu’il te dévore ? »

L’homme se met à genoux, il supplie, il est dans un état de détresse puissant et violent… Pitch adore ressentir cette détresse à travers lui, et tandis qu’il s’en abreuve comme de petit lait, il prend le temps de réfléchir. Il peut bien accorder cette concession à Pitch, d’autant que la peur de cet homme pourrait susciter un mouvement de panique générale auprès de certains. Oui, ce n’est pas une mauvaise idée. Pitch se retourne vers Alucard. Il le regarde droit dans les yeux, caresse sa joue avec ce qui ressemble à de la pure tendresse – parce que c’en est. « Bon appétit. »

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Il y a de la tendresse dans l'attitude de sa parfaite créature, une tendresse telle que Pitch n'en trouve jamais chez Alucard que lorsqu'il plonge son regard dans le sien, quand ils s'accordent l'un de ces moments de complicité qui pourraient presque faire oublier l'ampleur, pourtant très réelle, de leur cruauté. Ils sont l'espace d'apaisement l'un de l'autre, dans un univers d'une violence totale et puissante. Oui, Pitch aime le voir ainsi, mais seulement pour lui, tout comme il aime qu'il montre les crocs, parfois, en sa présence, mais toujours avec une intention sous-jacente, qu'ils sont les seuls à être capables de comprendre.

"Tu sais comment me parler", répond Pitch avec un fin sourire, tout contre les lèvres d'Alucard, quand ce dernier suggère de lui en garder un morceau. Il sait comment lui parler, oui. Comment lui parler et le séduire. On peut le dire, il a même un certain talent pour cela, en vérité. Un talent que Pitch sait apprécier à sa juste mesure. Ils se complètent si bien, tous deux... mais c'est naturel... Après tout, Alucard a été façonné dans cette optique pour commencer.

Quand Alucard s'écarte, Pitch prend le temps de tout observer, les yeux fermés. Il aime toujours voir Alucard à l'oeuvre, c'est presque comme s'il agissait lui-même, mais sans le besoin de se salir les mains... et quelque part, c'est en effet le cas. Alucard est... parfait. Dans toutes ses initiatives, dans toutes ses actions... Pitch ne se lasse définitivement pas de qui il est, il ne s'en lassera jamais. Leur victime peut bien pleurer, prier, supplément, il n'y a rien qu'il puisse faire pour empêcher l'inévitable... et l'inévitable sera à sa porte bien assez tôt.

Il rit de bon coeur quand la torture commence, évidemment peu concerné par les suppliques de cet idiot d'humain qui s'imagine qu'il fera quoi que ce soit pour lui porter secours. Bien sûr, il n'en est rien. Il rit, il s'imprègne de ses cris d'horreur et de douleur, de ces hurlements à nul autre pareil. Il se les approprie comme le plus parfait des nectars... et c'est absolument délicieux.

Puis finalement, les hurlements s'estompent, et l'humain devient poupée de chiffon sans la moindre volonté. Il a perdu connaissance... C'est ridicule... Il est d'une faiblesse et d'une fragilité sans nom.

"Je pensais qu'il tiendrait plus longtemps. Les humains sont décevants."

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feat. Alucard

La cruauté et la violence affichées d’Alucard ne cesseront jamais de plaire à Pitch. Dans l’horreur la plus entière et la plus absolue, tous deux s’entendent à la perfection, et pas seulement sur ces plans particuliers, d’ailleurs, cela va bien au-delà de ces bains de sang dont ils se repaissent et dont ils se divertissent. Il y a une connexion évidente, entre eux, qui se confirment quand ils s’embrassent… Ses baisers ont le goût du sang… un goût ferreux, métallique, et qui lui plait terriblement. Pitch prolonge ce baiser, lèche la commissure de ses lèvres pour ne laisser aucune goutte de sang ne lui échapper. Pour savourer tout de cet instant, il en profite le plus possible, autant que nécessaire.

Alucard reprend ensuite la parole pour lui apprendre que les militaires ont davantage d’endurance car ils sont particulièrement bien entraînés. C’est normal, en effet… Et c’est plus satisfaisant… Aussi satisfaisant que le programme que lui propose son interlocuteur. Noyer la lune, noyer la nuit dans les cris de peur, d’angoisse, de souffrance… Dans le sang… Cette nuit sera rouge, rouge comme la lueur qui brille dans son regard, une flamme qui embrase ses yeux, qui brûle d’une envie la plus absolue.

« Tu prêches un converti », il commente en caressant doucement sa joue du bout de ses doigts fins.

Inutile d’en dire plus. Il n’est question à présent que de poursuivre les festivités. Avec un large sourire carnassier aux lèvres… Alors… La soirée reprend son cours, témoignant de leur puissante soif de pouvoir, de sang, de ténèbres et de violence. Les militaires, c’était une bonne idée, s’attaquer aux forces armées, qui ne pourraient pas se protéger eux-mêmes, et espéraient ainsi protéger les autres, du mieux possible en tout cas.

« Que la fête continue », dit-il sans plus attendre avant de lâcher plusieurs de ses cauchemars les plus redoutables, sous la forme d’imposants chevaux d’ombres et de ténèbres.  Des premiers cris de peur fendent le silence, alors que les hommes armés tirent à l’aveugle sur ses cauchemars, et les traversent sans aucun effet.

Pitch tourne un regard intéressé en direction de son interlocuteur. Il sait ce qu’il lui reste à faire… Et qu’il peut s’approprier ce terrain de jeu et de chasse à loisir, sans aucune retenue, sans aucune réserve. C’est un terrain sans limite et sans frontière. Et qu’il ne se lassera jamais d’explorer en compagnie de son protégé.

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feat. Alucard

Et le massacre se poursuit. Indistinctement. Certes, à l’instar d’Alucard, Pitch préfère lui aussi voir ses victimes lui opposer un minimum de résistance, mais il ne saurait prétendre éprouver pour autant de l’estime à l’adresse de ceux qui se défendent face à l’inéluctable. Il est agréable de se voir mis en difficulté, si légère soit-elle, afin de combrer une éventuelle lassitude, mais ce n’est pas pour autant qu’il ressent autre chose à leur égard qu’un sincère mépris, qui ne se confond jamais, à aucun moment, avec quoi que ce soit qui puisse ressembler de près ou de loin à de la pitié.

Le sang versé a inondé la terre qu’ils dominent à présent, et quand le soleil se lève, c’est sur un délicieux carnage, qui n’a épargné absolument personne. Repus de crimes, dans la mesure où il est capable de l’être, il n’éprouve pour autant aucune forme de lassitude, de victoire en victoire, il s’enivre du pouvoir que cette situation lui procurée, conforté dans chacun de ses choix par la compagnie de sa création, qui le préserve du sentiment de solitude qui aurait pu lui être dramatique, pour ne pas dire complètement fatal.

Au cœur de leur antre ténébreuse, Pitch profite de cette impression qui le transcende et qui ne va que s’intensifiant. Chaque instant est un accomplissement plus grand que le précédent. Il s’imagine proprement irréductible, en plus de se savoir tout à fait irrésistible aux yeux de celui qui partage sa couche. Un sourire carnassier passe sur son visage alors qu’il taquine sa peau blanche, presque grisante, de la pointe de ses crocs acérés.

« S’il ne restait plus que nous deux, nous devrions trouver un autre monde à dominer », suggère Pitch qui ne peut se satisfaire de cet esprit de conquête permanent que s’il le demeure, de victoire en victoire, sans jamais ce sentiment trop éphémère d’accomplissement auquel succède presque inévitablement, bien trop naturellement, un insupportable vide. « L’idée de conserver du bétail est en effet plus amusant. Nous pourrions éduquer les nouvelles générations à servir et à vénérer, nous pourrions même remodeler l’humanité tout entière à l’image que nous désirerions. La peur remodèle l’esprit humain au profondeur… Ceux qui auront l’audace de naître demain n’auront jamais le même visage que ceux que nous avons affronté hier. » Il caresse distraitement la peau fine de son amant. « Cette idée me plaît. »

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La question d’Alucard se pose en effet, et la réponse n’est pas évidente. Parviendrait-il à trouver du plaisir dans un monde où il n’y aurait pas les gardiens ? Probablement que non. Dans un premier temps, bien sûr que oui, car il se gargariserait de sa victoire sur eux. Mais se nourrir de leur peur et de leur souffrance était une perspective bien plus satisfaisante vis-à-vis de ceux envers qui il nourrit une haine si grande et si absolue… Ne devrait-il pas tourner la page pour autant ? S’ouvrir à des perspectives différentes et tout aussi jouissives pour mieux savoir apprécier sa situation ? Peut-être bien.

Difficile à dire pour commencer, néanmoins. En fin de compte, il ne répond pas à la question d’Alucard. Ce dernier, sa création, n’a probablement pas besoin de l’entendre dire dans tous les cas. Il peut lire en lui comme dans un livre ouvert, sans doute parce qu’il est ni plus ni moins qu’une part de lui-même… alors qu’attendre d’autre ? Il peut même présumer de ses actions avant que Pitch ne le comprenne, et appréhender sa mentalité avant que le Croque-mitaine soit lui-même capable de le comprendre.

« L’idée de faire des prisonniers est excellente. Adultes, enfant, peu importe… Je m’étais lassé des enfants, ils sont trop impressionnables… Mais s’il est grisant de les faire tuer des adultes, alors… c’est une excellente chose. »

Il se figure une armée de gamins sanguinaires, qui iraient défier les préceptes moraux de leurs victimes… C’est une idée délectable, presque aussi délectable que le baiser mordant que lui adresse Alucard.

« Je pourrais difficilement créer cauchemar plus parfait que toi, Alucard… J’ai atteint le sommet de mon art, avec toi. » Il affiche un sourire carnassier. « Pervertir la jeunesse et en faire de parfaits esclaves sanguinaires est certainement la meilleure idée que tu m’aies jamais soufflée – et aisément réalisable », admet-il avec la plus grande satisfaction. Cette seconde solution était celle que privilégiait Alucard… Et Pitch lui concède que ses idées, ses initiatives autant que ses intuitions ne cesseront jamais de lui plaire et de l’impressionner. « Veux-tu commencer dès maintenant ? » demande-t-il en caressant le sommet de son crâne avec un mélange de possessivité et de sensualité.

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feat. Alucard

L’ennui est un fléau que Pitch n’a que trop connu, tous ces siècles durant, où il avait été relégué à un statut moindre, contraint de subir l’apathie générale le concernant, privée de son activité préférée, certes, mais de sa raison d’être, surtout. La joie peut-elle exister sans la peur ? Pour lui, c’est comme espérer la lumière sans admettre les ténèbres. Ce temps de réclusion qu’il avait subi à cause des gardiens avait été injuste… Il avait surtout été particulièrement difficile à supporter.

Pitch n’avait eu, pour se consoler de l’ennui et de la solitude, que ses projets de vengeance et ses précieux cauchemars pour compagnie. La tendance s’est inversée, mais il sait qu’elle est fragile. Raison pour laquelle se débarrasser des Gardiens une bonne fois pour toutes serait audacieux… Raison pour laquelle se débarrasser d’eux est exclu pour le moment. En attendant, une lutte perpétuelle contre cette latence infernale sera toujours la bienvenue. Pour cela, il ne peut qu’entendre et apprécier les suggestions d’Alucard, même s’il tient à en rester le maître, quoi qu’il puisse en être.

« Je n’en doute pas », répond Alucard avec un sourire en coin quand sa création suggère qu’il serait capable de trouver beaucoup d’autres idées pour le satisfaire.

Tant mieux, car c’est son intention, après tout. Il l’a créé pour être son bras armé, il l’a créé pour le distraire… Il ne s’attendait certes pas à ce qu’il gagne à ce point en indépendance, et qu’il soit capable d’une telle capacité d’initiative, de même qu’il ne s’attendait pas à entretenir de tels sentiments pour lui, mais ce n’est absolument pas pour le déranger. De la part d’autres, un trop grand nombre de suggestions, qui pourraient presque rogner sur son influence, pourrait l’affecter… Mais pas quand il est question d’Alucard, jamais quand il est question d’Alucard.

« Ne m’insulte pas », ajoute-t-il plus pour plaisanter, sans aucune agressivité dans la voix, quand Alucard lui demande s’il est seulement assez réveillé pour cela… Cependant, ils ont tout leur temps, et les murmures séducteurs d’Alucard à son oreille invitent à des jeux d’une tout autre sorte. « Je suis plus que réveillé », suggère-t-il d’un ton lourd de sous-entendus. « Tu peux vérifier par toi-même », suggère-t-il ensuite en lui adressant son regard le plus brûlant, tandis que son sourire se fait plus carnassier que jamais, éclatant d’un appétit inextinguible.