(Terminé) La folie qui condamne à la solitude ft. Sophie

Sophie n'imaginait pas apprendre tout cela en rencontrant cette jeune femme. Elle avait voulu lui venir en aide, mais ne pensait pas en entendre tant. C'était un univers nouveau pour elle, qu'elle ne comprenait pas toujours. Ce que l'inconnue lui disait faisait partie de cet inconnu, de ce qu'elle ne comprenait pas toujours. Elle se montrait à la fois curieuse et rassurante, elle essayait du moins. Aux questions de la rousse, la jeune femme tentait de lui expliquer quelque chose, mais il était clair que de mauvais souvenirs ou sentiments devaient remonter à la surface. Si Sophie était curieuse, elle savait également s'arrêter lorsqu'il le fallait - ou elle tentait de l'apprendre, tout du moins. « Vous n'êtes pas obligée d'en parler. » affirma Sophie en souriant, ne souhaitant pas que la jeune femme se sente mal à devoir répondre aux questions de la rousse, trop curieuse, comme toujours.

Sophie tentait de la rassurer, de lui dire qu'elle ne la rejetterait pas. Évidemment, inutile de mentir, elle se posait des questions sur ce que Senua avait dit, mais du moment où elle n'était pas violente ou agressive, pourquoi la rejetterait-elle ? Chez Sophie, elle serait en sécurité aussi longtemps que nécessaire. Aux quelques mots de la jeune femme, Sophie ne put que sourire pour la remercier. C'était un compliment que de s'entendre dire que l'on était une personne gentille. Elle voulait atteindre ce but, celui d'être gentille avec les autres, généreuse, de faire attention à eux. Et elle espérait bien y arriver.

Finalement, Senua semblait avoir faim. Sophie lui proposa alors de lui préparer quelque chose, ou plutôt de réchauffer quelque chose. En effet, Sophie n'était pas douée pour la cuisine. Pas le moins du monde. Alors la rousse se dirigea vers la cuisine et attrapa la première assiette à sa disposition pour la mettre au micro-onde. Après avoir garni un plateau, elle sortit l'assiette et la ramena à l'inconnue. Après avoir déposé le plateau devant Senua, Sophie s'installa sur un fauteuil, prête à attendre que la jeune femme termine son repas. « Je crois que c'est un gratin de pommes de terre... » A vrai dire, elle ne regardait pas souvent, elle se contentait de manger. « Et les biscuits viennent de ma soeur, ils sont au chocolat, vous verrez, ils sont délicieux. » expliqua-t-elle, repliant ses jambes pour se mettre plus à l'aise. « Où vivez-vous ? Si ce n'est pas indiscret, évidemment. » Avait-elle au moins un endroit où vivre ? Sophie n'était même pas capable d'expliquer pourquoi elle posait cette question, elle voulait savoir, tout simplement. Puis, elle reprit presque aussitôt en jetant un coup d'oeil à l'assiette encore fumante : « Je vous conseille de manger avant que ça ne refroidisse. »

Sophie venait de déposer un plateau bien rempli devant Senua afin qu'elle puisse manger un peu avant de se reposer. Elle semblait être si fatiguée et avoir si faim. Cela peinait Sophie de voir quelqu'un dans le besoin parce qu'elle avait la chance de tout avoir et de ne manquer de rien. C'était une des raisons qui la poussait à aider les autres lorsqu'elle le pouvait. Elle considérait qu'il fallait partager, aider. Puis, elle connaissait la privation de nourriture, ce n'était pas un sentiment agréable. On essayait de s'y faire avec le temps, mais on ne pouvait jamais lutter totalement contre. Notre corps finissait toujours par réclamer ce dont il avait besoin. Et ça rendait si faible d'être privée de nourriture, on se sentait mal et fatigué, ce qui n'arrangeait rien. Alors elle tentait d'aider Senua du mieux qu'elle le pouvait. Même si ce n'était que lui apporter quelques heures de répits, c'était mieux que rien.

Sophie s'installa donc à son tour, observant sa nouvelle connaissance, lui disant de manger avant que le plat ne refroidisse. C'était bien meilleur de manger chaud, autant en profiter. Puis, par curiosité et pour mieux comprendre Senua, Sophie lui demanda où elle habitait. Sophie craignait que cette dernière n'ait pas le moindre endroit où dormir. Et en entendant sa réponse, elle comprit qu'elle n'avait pas tort. Néanmoins, elle se disait qu'elle ne devait pas juger parce que cela pouvait être un choix, un mode de vie, une habitude. Mais dans son cas, elle avait plutôt l'impression que ce choix s'était imposé à elle à leurs arrivées ici, mais elle pouvait se tromper. « Vous n'avez nulle part où vous abriter ? » Demanda Sophie, peut-être maladroite avec cette question. « Oh ma soeur aussi s'occupe d'enfants abandonnés. » lança Sophie, heureuse de partager cette information qui n'apportait rien, mais qui permettait de faire la discussion. « D'où venez-vous ? » demanda-t-elle alors, pour mieux comprendre. Peut-être venait-elle du même endroit que Sophie ? Non, elle n'en avait pas l'impression. Son instinct lui disait que leur monde, leur vie avaient toujours été bien différents. « Vous avez besoin de quelque chose d'autre ? » lança-t-elle alors finalement, espérant que son invité se sente bien et ait tout ce dont elle avait besoin.

Sophie s'intéressait à son interlocutrice. Elle semblait morte de faim et de fatigue, alors Sophie tentait de comprendre d'où elle venait, où elle vivait. Peut-être pourrait-elle lui apporter plus d'aide qu'actuellement ? En la conseillant ? En l'aidant à se faire une place, à trouver sa place dans cette ville. Sophie savait, après tout, comme il était difficile d'évoluer dans un monde si différent, dans un monde inconnu. Heureusement Camille avait été là pour l'aider alors c'était peut-être à son tour d'être là pour quelqu'un ? La jeune femme avoua à Sophie qu'elle vivait dans la forêt. Cette dernière en avait donc conclu qu'elle n'avait nulle part où s'abriter. Le temps n'était pas toujours clément dans cette ville alors ne pas avoir de toit sur la tête devait être affreux dans ces moments-là - dans les autres aussi, d'ailleurs. A vrai dire, Sophie n'arrivait pas vraiment à imaginer ce que cela voulait dire.

Sophie observait la jeune femme manger tout en lui faisant la conversation. Elle lui demanda donc d'où elle venait, curieuse de mieux connaître et de mieux comprendre. Une chose était certaine, elle ne semblait pas venir de cette époque, tout comme la rousse. Elles partageaient alors un point commun. « Ce n'est pas facile d’atterrir dans un endroit où tout est différent... » souffla Sophie pour toute réponse, baissant les yeux, se reconnaissant en Senua.

Cette dernière, fatiguée sans doute, allongea ses jambes sur le canapé. A la question de la jeune femme, Sophie se mit à sourire, heureuse de voir la confiance - enfin elle supposait - qu'elle lui accordait pour se sentir suffisamment bien pour se reposer. « Avec plaisir, oui. Bien sûr. » répondit la rousse. « Vous pouvez vous reposer ici, je peux vous apporter une couverture et des oreillers... » proposa-t-elle d'abord, avant de reprendre. « Mais si vous préférez, il y a des chambres de libres à l'étage, vous pouvez vous reposer dans l'une d'entre-elles, peut-être serez-vous mieux dans un lit ? » Elle ne voulait pas la brusquer, c'était comme elle voulait. Après tout, l'un ou l'autre, elle pourrait se reposer alors c'était comme elle préférait.

Sophie était heureuse de faire une bonne action, heureuse de pouvoir rendre service à quelqu'un. Elle l'avait accueilli un peu chez elle pour qu'elle puisse se reposer et manger. Ainsi, la jeune femme ne ressortirait pas d'ici le ventre vide. Sophie prévoyait également de lui donner quelques provisions si cette dernière le voulait bien, afin qu'elle ait de quoi manger pour un temps au moins. « Alors soyez tranquille, ici, vous ne serez pas rejetée. » tenta de la rassurer Sophie en parlant de sa maison. Ce n'était pas grand chose, mais si elle pouvait se sentir bien et en sécurité dans cette maison, au moins pour quelques heures, Sophie en serait ravie.

L'inconnue était clairement fatiguée. Ses yeux se fermaient seuls et elle ne tenait plus. Alors elle s'allongea sur le canapé. Sophie lui proposa alors de s'allonger dans un lit, qui serait bien plus confortable, dans l'une des chambres vides de la maison. Elle ne lui forçait pas la main, ne voulant pas la brusquer. C'était à elle de choisir et si ce canapé lui convenait parfaitement alors tant mieux. A la réponse de Senua, Sophie se mit à sourire. « Ne vous en faîtes pas pour le rangement, je m'en occuperai, vous êtes mon invitée. » Elle n'allait tout de même pas demander à son invité de ranger. Sophie s'en occuperait dès que Senua aurait quitté la maison. « Je vais vous chercher ça, je reviens. » lança la rousse, se rendant à l'étage pour attraper un oreiller et une couverture dans l'un des placards. Et elle redescendit le tout à la jeune femme qui préférait dormir sur le canapé, lui tendit et lui souhaita de bien se reposer. « Reposez-vous aussi longtemps qu'il le faudra. » Elle n'allait pas la mettre dehors, s'il lui fallait plusieurs heures de sommeil, elle pouvait rester et dormir plusieurs heures. Sophie s’éclipsa finalement, laissant l'inconnu se reposer parce qu'elle en avait vraiment bien besoin.