[Terminé] Déjeuner entre amies + Sophie

La porte d’entrée venait de s’ouvrir sur le livreur. Mary avait commandé quelques petites choses à manger, principalement des pizzas et des pâtisseries. Elle n’avait pas l’habitude de manger des plats préparés, mais elle allait faire une petite exception. Trop prise par le travail et par sa cousine ces derniers mois, elle ne prenait plus du tout de temps pour elle et elle savait que cela était très mauvais. Elle avait besoin de s’éloigner de toutes ces histoires juste une journée. Elle savait qu’elle allait vite devoir revenir à la réalité. Mais cette journée était pour elle, pour elle et son petit garçon bien évidemment, rien que tous les deux. Si Mary consacrait énormément de temps à James, elle avait besoin de passer du temps comme une personne normale, comme une mère normale, loin des difficultés et des problèmes de sa vie quotidienne.

La brune était sortie pizzas et pâtisseries à la main, James tenant son autre main. Elle avait parcouru sans grande allée, avant de traverser la rue pour se retrouver devant la porte d’entrée de celle qu’elle pouvait considérer comme son amie : Sophie. Elle l’avait croisé quelques fois dans le quartier, mais n’avait plus prit le temps de discuter avec elle, de passer un moment comme deux amies avec elle. Mary n’était pas certaine d’être bien accueillie quand elle avait frappé, mais elle espérait que Sophie soit contente de la voir et de passer du temps avec elle. Après avoir frappé à la porte, elle attendait avec impatience que la rousse vienne lui ouvrir. Après un instant, la porte s’était ouverte laissant apparaître le visage de Sophie. « Bonjour Sophie. Je suis venue avec le déjeuner. Des pizzas et des pâtisseries, il me semble que tu aimes bien ça. » Mary souriait en montrant ce qu’elle avait apporté à Sophie. Elle attendait d’être rentrée pour s’excuser de ne pas avoir pris le temps de venir la voir plus tôt et de ne plus avoir donné signe de vie depuis des lustres.

Sophie était installée sur son lit, des feuilles et des crayons de bois étalés partout. Elle essayait de dessiner, mais elle n'était pas la plus douée alors elle s'agaçait, déchirant une feuille après l'autre. Elle s'ennuyait terriblement et elle ne voulait pas déranger sa soeur, une fois encore, alors elle essayait de s'occuper toute seule. La vie seule était d'un ennui mortel. Elle n'avait personne avec qui rire ou avec qui discuter. Elle fut alors heureuse d'entendre quelqu'un qui frappait à la porte. Elle se précipita alors dans les escaliers, ne manquant pas de glisser avant d'arriver en bas, mais elle se retint et s'évita, pour une fois, une chute. Elle s'approcha alors de la porte, se demandant seulement qui pouvait bien venir à cette heure-ci, une fin de matinée. Peut-être même était-il l'heure de déjeuner, à vrai dire, elle n'avait pas fait attention à l'heure depuis un sacré moment.

Sophie ouvrit alors enfin la porte et fut surprise par l'invitée surprise. Ou les invités surprises, plutôt. Sophie n'avait pas imaginé une seule seconde que c'était Mary et son petit garçon qui étaient venus lui rendre visite. A leur arrivée ici, Mary et Sophie s'étaient beaucoup rapprochées et étaient devenues des amies. Pourtant, elles s'étaient beaucoup éloignées dernièrement. Sans comprendre pourquoi, Mary ne donnait plus signe de vie ou ne rendait plus visite à Sophie. Cette dernière s'était alors simplement dit qu'elle ne devait plus vouloir rester avec elle, alors elle n'avait pas insister. Elle savait qu'elle allait bien parce qu'elle l'apercevait de temps à autre, et c'était tout ce qu'elle retenait. La jeune mère prit alors la parole en premier, Sophie restant là, bêtement, sans parler. Mary souriait, parlant comme si elles s'étaient vues il y a peu. Sophie avait souri à son tour, à la vue des pizzas et des pâtisseries. Son amie savait comment s'y prendre pour la convaincre. La gourmandise de Sophie n'était un secret pour personne. « Tu t'en souviens. » se permet la jeune fille, sans aucune méchanceté derrière. « Entrez tous les deux. » Sophie se décala pour laisser les deux entrer. « Je vais te débarrasser ! » lança Sophie en prenant la nourriture des bras de Mary, sans attendre sa réponse. Puis elle referma la porte, et reprit aussitôt. « J'ai cru que j'avais fait quelque chose pour que tu ne veuilles plus me voir.. » autant être franche et avoir cette discussion tout de suite, c'était important, même si Sophie n'aimait pas discuter aussi sérieusement.

Mary avait enfin eu le courage d’aller voir son amie. Elle ne l’avait pas vu depuis des mois, trop absorbée par sa cousine et ce qu’elle pouvait faire pour l’empêcher de nuire. Mary était prête à tout pour protéger son petit garçon, pour se protéger elle, ses proches… Pour cela, elle avait mis une grande partie de sa vie de côté. En arrivant ici, elle avait trouvé une amie, une véritable amie. Elle avait retrouvé auprès de Sophie ce qu’elle avait autrefois trouvé chez Greer, Lola ou encore Kenna. Pourtant, Mary l’avait complètement laissé de côté, elle l’avait abandonné, alors qu’elle avait été là de nombreuses fois pour elle quand elle allait mal. Pour se faire pardonner, Mary avait misé sur la grande gourmandise de Sophie. Elle avait commandé des pizzas et des pâtisseries, l’ancienne reine savait très bien que son amie en raffolait. C’était à la fois une façon de se faire pardonner et à la fois une façon de faire plaisir à Sophie. En frappant, Mary n’était pas certaine d’être bien accueillis, mais maintenant qu’elle était là, elle n’allait pas faire demi-tour. Et puis Sophie était si gentille, elle ne pouvait pas la rejeter, c’était presque impossible, même si elle se comportait encore comme une enfant et pouvait donc avoir des réactions d’enfant. Quand la porte s’était ouverte, Mary avait naturellement souri, elle était heureuse de retrouver une amie. Elle en était certaine maintenant, elle aurait dû venir plus tôt, cela lui aurait bien évidemment fait beaucoup de bien. L’ancienne reine avait de nombreuses fois aperçu Sophie, elles étaient voisines, ce n’était pas compliqué, mais elles ne s’étaient pas parlées depuis des mois, elles n’avaient pas été l’une chez l’autre depuis des mois… D’ailleurs, en y pensant Sophie n’était jamais venue chez Mary, c’était peut-être plus prudent comme ça. « Bien évidemment que je m’en souviens Sophie. » La gourmandise de Sophie n’était pas discrète, elle était même très prononcée, alors il était compliqué de l’oublier.

Mary et le petit James étaient invités à entrer, heureusement, Sophie n’avait pas mal réagit. La rousse prit les pâtisseries, et les pizzas. Sophie avait ensuite repris la parole pour parler de l’éloignement de Mary ces derniers mois, c’était évident. « Oh non Sophie, bien sûr que non. Tu n’as rien fait de mal ne t’en fais pas. Je n’ai jamais voulu t’éviter d’ailleurs. Et pour dire vrai, tout est de ma faute et je m’en excuse. Tu sais que j’ai un travail assez compliqué surtout ces derniers temps. J’ai eu pas mal de soucis et ça m’a pris vraiment beaucoup de temps. Et puis le temps à passer et je n’osais plus réellement venir frapper à ta porte comme je viens juste de le faire. Alors je laissais le temps défiler, en me disant que je viendrais plus tard, que c’était sans doute mieux, mais en réalité, je n’osais pas. J’avais peur que tu refuses de me voir. Enfin, j’espère que tu ne m’en veux pas trop. Je suis désolée de ne pas avoir pris le temps plus tôt de venir te voir. » Les excuses étaient faites et elles étaient très sincères, même si Mary ne pouvait pas tout expliquer, si elle ne pouvait entrer dans les détails de son travail quand il concernait sa cousine.

Alors que les deux jeunes femmes étaient en train de discuter, une personne s’était manifestée à la porte, Sophie avait bien évidemment répondu, sauf que ce n’était pas pour elle. L’homme devant la porte cherchée Mary. Même si l’ancienne reine faisait les gros yeux en faisant non de la tête, l’homme ne comprenait pas et disait qu’il s’agissait de sa cousine et que c’était important. Mary n’avait pas le choix, elle s’était approchée de l’homme. « Ce n’est pas le moment, je suis occupée là, nous en reparlerons plus tard. » Elle avait pourtant prévenu, elle ne voulait pas être dérangée, cette journée, elle la passait avec son fils, elle voulait juste profiter d’une journée tranquille loin des problèmes. Le problème étant que l’homme de main continué de parler, il insister, commencer à dire qu’ils avaient de nouvelles informations… « Partez s’il vous plaît, nous en rediscuterons plus tard. Vous savez ce que vous avez à faire et vous n’avez pas besoin de moi, je suis certaine que cela peut attendre. » Et voilà qu’il parlait maintenant du fait de faire suivre sa cousine. « Suivre ma cousine ? Mais de quoi parlez-vous ? Vous déraillez mon pauvre. Partez maintenant et je vous promets que nous allons avoir une conversation tous les deux. » Mary n’avait pas attendu la moindre réponse, elle avait refermé la porte, avant de se retourner plus que mal à l’aise. « Encore un imbécile... » Elle devait avoir les joues rouges et se forçait à sourire, avant de reprendre très vite la parole pour ne pas laisser à Sophie le temps de poser la moindre question. « Je ne sais pas vous, mais mon estomac commence à crier famine, nous pourrions peut-être passer à table, non ? Tu sais que je n’ai absolument pas l’habitude de manger ce genre de chose ? C’est presque une première pour moi. Je sais, je ne suis pas comme tout le monde, mais je n’y peut rien. En tout cas, ça sent extrêmement bon et j’ai hâte d’y goûter. » Mary parlait de nourriture, ça allait sans doute plus attirer l’attention de Sophie que cette histoire avec l’imbécile d’homme de main de Mary. La brune prit son fils dans les bras. « Tu n’as pas faim toi ? » Heureusement, le petit avait répondu qu’il avait très faim lui aussi, elles ne pouvaient pas le faire attendre, elle allait devoir très vite passer à table et puis il ne fallait pas que tout cela refroidisse. Mary n’avait plus qu’à espérer que la gourmandise de Sophie soit plus grande que sa curiosité. L’ancienne reine n’allait en tout cas pas oublier d’avoir cette discussion avec son homme de main, il l’avait mise dans une situation plus que gênante et en plus de cela, il avait donné des informations qui n’étaient pas censées être données à n’importe qui.

Sophie ne s'attendait pas à recevoir la moindre visite. Et elle s'attendait encore moins à voir Mary lui rendre visite. Les deux jeunes femmes ne s'étaient pas vues depuis si longtemps sans que Sophie ne comprenne ou ne sache pourquoi, qu'elle ne s'attendait plus à la voir un jour franchir cette porte. Pourtant, elle était là avec son petit garçon, ramenant pizzas et pâtisseries pour satisfaire la gourmandise de Sophie. Elle se souvenait donc si bien d'elle et elle savait toujours comment la prendre par les sentiments. Quelque part, même, Sophie était rassurée de voir qu'elle n'était pas le problème de cette séparation soudaine. Alors évidemment, elle recevait son amie comme autrefois, comme s'il n'y avait pas eu des mois sans qu'elles ne se voient. C'était l'avantage avec Sophie, elle n'était pas spécialement rancunière, d'autant plus qu'il n'y avait eu aucune dispute, aucun problème entre les deux femmes, alors pourquoi lui en vouloir ?

Ses deux invités inattendus étaient entrés chez elle et Sophie attrapa le repas. Tout en se dirigeant vers son salon, la jeune fille reprit la parole pour questionner Mary sur son absence. Ou plutôt, expliquant qu'elle se croyait responsable de sa disparition. Elle l'invitait à lui expliquer, sans lui poser la question clairement. C'était tout Sophie. Elle écoutait la réponse de son amie avec attention, écoutant chacun de ses mots. Et Sophie se trouva même rassurée par ce qu'elle était en train d'entendre. Il semblait réellement qu'elle n'y était pour rien, que l'absence de Mary se justifiait par tout autre chose. La raison principale semblait être son travail, qui lui prenait trop de temps et d'énergie. « C'est bête, jamais je n'aurais refusé de te voir. » lança-t-elle, innocente, sans vouloir insulter son amie. Comment aurait-elle pu lui refuser ça ? Ce n'était pas le genre de Sophie. Et malgré tout, quelque part au fond d'elle, Sophie était déçue. Déçue de se dire que son amie n'avait pas pu trouver une minute à lui consacrer à cause de son travail. Sans doute n'était-elle qu'une banale amie et que Sophie attendait trop de cette amitié, trop habituée à l'amitié qu'elle avait avec Camille et Madeleine. « Je ne t'en veux pas du tout Mary. Ton travail passe avant tout, je peux le comprendre. Et j'espère que tout ira mieux pour toi désormais et que tu auras du temps à toi. » Elle ne mentait pas, elle essayait sincèrement de comprendre son amie et dans le fond, elle la comprenait. Si elle avait dû faire passer son travail avant tout, elle avait sans doute eu ses raisons. Sophie, de toutes façons, ne lui en voulait pas du tout. L'important était qu'elle soit là.

Les deux filles étaient en train de discuter, essayant de justifier le temps qui était passé un peu trop vite. Quelqu'un venait alors les déranger, sonnant à la porte. Décidément, tout le monde avait décidé de lui rendre visite ? La jeune fille ouvrit alors la porte et ne reconnut absolument pas la personne qui se trouvait devant. Bien vite, elle comprit pourquoi. Celui-ci n'était pas là pour elle, mais pour Mary. Donc Mary recevait désormais ses visites même ici ? Son métier prenait donc tant d'importance pour que des renseignements ne puissent pas attendre ? Mary s'approcha alors, lui demandant de partir, mais l'homme ne semblait pas décidé. Sophie s'était alors reculée, s'asseyant sur le sol, près du petit garçon avec qui elle échangeait quelques mots tout en écoutant la conversation de son amie, curieuse. Sophie ne comprenait pas grand chose à la conversation et fut même étonnée d'entendre certains faits. L'homme parlait de faire suivre sa cousine, d'informations à son propos et Mary semblait mal à l'aise, affirmant qu'il racontait n'importe quoi avant de refermer la porte. La jeune femme était amusée par la réaction de son amie qui était en train de rougir et qui se forçait clairement à sourire. Sophie se remit alors debout, écoutant le changement de conversation de son amie. Un sourire amusé aux lèvres, Sophie écouta la mère demander à son enfant s'il avait faim. Évidemment, le petit répondit que oui. Sauf que Sophie comprenait bien qu'elle essayait juste de changer de conversation, recentrant cette dernière sur la nourriture pour attirer l'attention de Sophie. Sauf que la curiosité de Sophie était parfois plus importante que sa gourmandise. Dommage pour Mary. « Évidemment que j'ai faim. Passons à table alors. » lança la jeune femme s'installant sur le canapé avec son amie. Elle ouvrit alors les boites de pizza, tout en servant une part au petit garçon et reprit. « Et tu sais que je ne mange presque que ça ? Enfin, j'essaye d'en manger moins, mais je ne sais pas cuisiner, alors... » alors elle se contentait des choses toutes prêtes, même si Camille la réprimandait souvent sur ça. « C'était qui l'homme à la porte ? Ça devait être vraiment important pour qu'il vienne jusque chez moi te parler, non ? Et tu as une cousine ? Comment se fait-il que tu ne m'en aies jamais parlé ? Et surtout, pourquoi tu la fais suivre ? Elle a des problèmes ? » Voilà, une part de pizza en main, Sophie pouvait désormais essayer d'assouvir sa curiosité, oubliant totalement leur première conversation interrompue et s'intéressant désormais à l'événement qui venait de se dérouler en posant mille questions.

Sophie disait qu’elle n’aurait jamais refusé de voir Mary, pourtant, l’ancienne reine avait douté. La brune se contentait de sourire à son amie pour lui répondre. Elle avait eu peur d’être rejetée après autant de temps, c’était sans doute quelque chose de normal. « Tu es gentille. » Sophie l’était réellement, elle aurait pu lui en vouloir, lui demander de quitter les lieux sur-le-champs, pourtant, elle ne l’avait pas fait et avait même précisé qu’elle ne lui en voulait pas du tout. Elle souhaitait même que Mary puisse avoir un peu plus de temps pour elle. La rousse était sincère, il n’y avait pas de doute là-dessus. Mary avait appris à reconnaître les menteurs et Sophie ne semblait pas en faire parti.

Alors que Mary, son fils et son amie s’apprêtaient à passer à table, quelqu’un avait frappé à la porte, pour parler à l’ancienne reine. Décidément, elle ne pouvait jamais être tranquille. Après quelques minutes de discussion, l’homme parti enfin, il n’avait pas réellement eu le choix, Mary lui avait fermé la porte au nez. Il n’y avait plus qu’à espérer que Sophie ne pose pas trop de questions. « Allons-y. » Mary souriait, avant d’aller au salon. La rousse servait le petit James, qui semblait ravi de goûter à ce nouveau repas. « Vraiment ? Et moi, je dois t’avouais que je n’en avais jamais mangé avant aujourd’hui. » Mary avait l’habitude de manger de bonnes choses, préparées par des personnes qualifiées pour ça. « Ce n’est rien Sophie, ne fait pas attention à cet ingrat. Il n’avait pas à venir jusqu’ici. » Mary prenait soin d’ignorer toutes les questions de Sophie, elle n’avait aucunement envie d’y répondre. Il était temps de changer de sujet pour éviter que Sophie ne continue ses questions. « J’aurais dû apporter un peu de glace. Je suis certaine que tu aimes ça. Celles à la cerise sont mes préférées. Oh et j’aurais dû te rapporter ces bonbons en forme de billes, que James a mangé l’autre fois, ils étaient délicieux, gourmande comme tu es, je suis certaine que tu aurais aimé. » A force de parler nourriture, Sophie allait oublier cette visite imprévue. James avait envie de venir sur les genoux de sa mère, mais en essayant de monter, il avait tâché la robe de Mary avec ses mains pleines de pizzas. « Aurais-tu une cuillère pour James s’il te plaît ? Il n’arrive pas à manger proprement. » Il était encore jeune, c’était normal, il n’arrivait pas à manger proprement comme pouvaient le faire des adultes. Mary allait devoir lui donner à manger elle-même, ce n’était rien. « Depuis quelques jours, j’ai envie de retourner à la mer, le soleil frappant mon visage. J’aimerais y emmener James et tu pourrais peut-être venir si tu en as envie. » Comme elle le faisait autrefois avec François, peu de temps avant qu'il ne perde la vie... Mary enchaînait les phrases, évitant à Sophie de reprendre le sujet de cet homme. La brune lui laissait à peine le temps de répondre à ses questions que déjà, une autre phrase tombée. James venait de terminer sa part de pizzas et semblait ne plus en vouloir pour le moment. Il allait sans doute venir réclamer de nouveau à manger d’ici peu de temps, mais pour le moment, il voulait se pencher sur son livre d’images. Mary avait été surprises à son arrivée dans ce monde, de tout ce que l’on pouvait trouver dans ce genre de livres. Elle n’était pas surprise de voir des cœurs ou des palmiers, mais était surprises de voir toutes les nouvelles technologies qu’il y avait dans ce monde.

Sophie alla s'installer dans le salon avec Mary et son fils, prête à manger. Elle avait tellement hâte de goûter à cette pizza qui semblait délicieuse. Elle prit soin de d'abord servir le petit, avant de laisser Mary prendre une part et d'en prendre une à son tour. Mary en profita alors pour avouer que ce n'était pas du tout le genre de nourriture à laquelle était habituée. Sophie non plus, dans son monde d'origine. Enfin, elle était habituée à bien manger, mais elle avait aussi le souvenir de ces grands goûters qu'elle prenait avec ses amies lorsqu'elle était à Fleurville. Ce qu'elle aimait les glaces et les gâteaux. Ici, elle avait appris à aimer les choses toutes préparées telles que les pizzas et elle adorait ça. « Tu devrais essayer plus souvent alors, c'est délicieux ! » se permit la jeune femme.

Curieuse, finalement, la jeune femme reprit la parole pour poser tout un tas de questions sur l'homme qui était venu il y a quelques minutes, sur ses raisons et sur cette cousine dont il avait parlé. Pourtant Mary ne semblait pas vouloir en parler, changeant de sujet immédiatement. Sophie s'apprêtait à répondre et à insister, mais elle n'en eut pas le temps. C'était encore plus étrange et cela attisa encore plus la curiosité de Sophie. Elle se mit alors à parler de nourriture, sans doute pour que Sophie oublie le reste, mais ça ne marchait pas. Pas totalement. « Oh oui, j'aime tellement les glaces. » surtout lorsque la chaleur était insupportable, mais ce n'était pas le cas en ce moment. Pourtant, elle n'aurait pas été contre en manger. « Des bonbons ? Des bonbons, des glaces... Tu veux donc que je sois malade ? » s'amusa la jeune fille.

Le petit garçon décida finalement de monter sur les genoux de sa mère, mais il tâcha sa robe. « Je vais vous chercher ça. » dit-elle en s'adressant à la mère et à son fils. En passant, elle attrapa aussi de la limonade et des verres. Elle tendit la cuillère à son amie et déposa tant bien que mal les verres sur la table. « J'ai pris de la limonade aussi. Je suis sûre que tu adores ça James, non ? » demanda Sophie en lui tirant la langue pour le faire rire. Sophie adorait faire la grimace, ça l'amusait autant qu'une enfant. La jeune mère demanda alors à Sophie si cette dernière aimerait les accompagner lors d'une sortie à la plage. Sophie ne savait pas nager, mais elle adorait s'amuser dans le sable, alors pourquoi pas ? « Tu as envie d'aller nager au milieu des poissons ? » plaisanta Sophie, avant de reprendre aussitôt ? « Je serais tellement contente de vous accompagner ! On pourrait même partir toute une journée et manger là-bas ? Oh oui, faire un pique-nique, j'adorerai ça ! Et on pourrait peut-être emmener des jouets pour James ? Il pourrait faire un château de sable... » Elle parlait toute seule, excitée à l'idée de cette sortie, comme une enfant, à la limite de sauter sur place. James termina finalement sa part, donnée par sa mère, tandis que Sophie enchaînait sur une deuxième part. Le petit garçon s'intéressa désormais à un petit livre d'images, comme ceux qu'avaient Sophie lorsqu'elle était plus jeune. Sophie aimait tellement les livres, elle ne comprenait pas ces gens qui préféraient ces machines qu'ils appelaient ordinateurs, alors qu'il y avait tant de livres intéressants. Désormais concentrée sur le petit livre, elle l'observait avec le petit garçon, il y avait tellement de belles images, représentant tant de choses. Comme le petit garçon, elle fut fascinée un temps par toutes ces plumes, de toutes les couleurs, représentant les différents oiseaux. Les couleurs étaient si belles. Elle l'arrêta à une page particulière en posant sa main dessus. « Oh regarde, un pharaon ! » Le petit garçon s'arrêta pour observer ce que la jeune femme était en train de montrer, un sourire aux lèvres.

Sophie se rendit vite compte qu'elle avait été distraite et reporta son attention sur son amie. « Alors, pourquoi tu as changé de sujet tout à l'heure ? » Sophie était curieuse et têtue. Elle n'allait certainement pas en rester là, mais si son amie persistait à ne rien lui dire, elle la laisserait tranquille pour aujourd'hui, sans doute un peu vexée qu'on lui fasse tant de cachotteries.

Mary avait décidé de passer un moment simple, agréable, en compagnie de son fils et de son amie. Loin du tracas de la vie quotidienne, loin de ses problèmes, de sa cousine, de son travail. Pourtant, à peine avait-elle mis les pieds chez Sophie que quelqu’un était venu pour lui parler travail. Mary n’avait pas à recevoir de visites, ils étaient tous prévenu, pourtant, il était là. N’avait-elle donc le droit à aucun repos ?

Sophie n’était pas stupide, elle était naïve, innocente, enfantine…, mais pas stupide. Elle avait entendu des choses secrètes, elle avait entendu parlé d’Elizabeth, même si aucun nom n’avait été donné. Elle savait également que Mary la faisait surveiller. Elle ne savait pas pourquoi l’homme de main de Mary avait tout de même su rester discret, mais pas suffisamment. L’ancienne reine connaissait son amie. Sophie était très curieuse, elle aimait poser des questions, apprendre des choses, connaître des choses et elle ne lâchait jamais l’affaire. Une fois la porte refermée, Mary avait tout de suite tenté de changer de sujet, parlant nourriture et autres, parlant de tout ce qui pouvait intéresser Sophie. Mais la curiosité de Sophie semblait plus grande que son estomac. La rousse commençait à poser des questions, sur cet homme, sur sa cousine… Pourquoi ne pouvait-elle pas ravaler cette curiosité pour une journée ? Mary avait envie de se vider l’esprit et à cause de cette visite, elle n’en avait pas le droit. « Bien sûr que non Sophie, j’aurais simplement voulu te faire plaisir, autant que possible. » Mary était sincère. Si son but premier était le changement de conversation, elle voulait réellement faire plaisir aux gens qu’elle aimait, le faire autant que possible, aussi longtemps que possible.

Les deux femmes et le petit garçon étaient enfin passés à table, laissant le sujet du travail de Mary de côté. L’ancienne reine pensée être tranquille, pensée pouvoir passer une bonne journée en compagnie de James et de Sophie. « Merci. » James venait de tâcher la robe de sa mère alors qu’il venait de s’installer sur ses genoux les mains remplies de graisses et de saleté à cause de la pizza qu’il venait de manger. Rien de bien méchant, juste une petite tâche qui allait disparaître bien vite et qui permettait d’éloigner un peu plus le sujet de la cousine de Mary, de son travail… « Il en raffole. » Il était vrai que James aimait cela, sans doute normal à son âge. Pour tout avouer, la jeune mère appréciée également cette boisson et ne refuserait pas si Sophie lui en proposait. La rousse, continuait de faire le pitre, tentait de faire rire James en grimaçant et cela fonctionnait à merveille. James regardait Sophie, riant à plein poumons, reproduisant également les mêmes grimaces que Sophie. Mary souriait en voyant cela, ce n’était rien, le petit garçon ne faisait rien de mal, elle ne savait pourtant pas si elle aurait réagi de la même façon à la cour. « Oui voilà, je veux aller nager au milieu des poissons. » Mary reprenait cette phrase en souriant, Sophie avait toujours ce côté amusant, sortant sans cesse des âneries, là pour amuser les autres. « C’est une très bonne idée Sophie. Je serais ravie de pouvoir passer une journée à la plage avec James et toi. Je pense que ça pourrait nous faire du bien à tous les trois. » Mary était ravie à l’idée de cette sortie. Elle n’avait pas ressentit ce genre de chose, pourtant banale, depuis trop longtemps. Son travail lui prenait beaucoup de temps, trop de temps. Elle en oubliait les choses essentielles, comprenait qu’elle avait besoin de s’occuper plus de son fils, d’elle-même. Mais elle savait aussi qu’avec Elizabeth dans les parages, elle n’était pas en sécurité, son fils ne l’était pas non plus et ses amis non plus. Alors que devait-elle faire, vivre dans la crainte ou continuer à se battre ?

Mary venait de donner à James de quoi s’occuper, il était jeune et ne s’intéressait guère aux conversations de sa mère et Sophie. James ne semblait pas être le seul à être intéressé par ce livre. Sophie semblait tout aussi absorbé par ce dernier. Elle regardait les images attentivement et partageait ce moment avec James, comme s’il s’agissait de deux enfants. « Si j’avais su que tu aimais autant cela, je t’aurais ramené un livre dans le même genre, James en a des tas à la maison. » Mary s’amusait gentiment de la situation, comme elle pouvait le faire autrefois, quand elle était encore innocente, juste après sa vie au couvent, quand elle était avec ses dames de compagnie, ses amies. Tout cela lui manquait tellement.

Alors que Sophie était encore concentrée sur le livre, elle releva soudainement le regard vers Mary. Ce n’était pas pour entamer un sujet très intéressant, au contraire, c’était pour entamer un sujet fâcheux. Sophie rejouait la curieuse, elle reposait des questions, voulait savoir pourquoi Mary avait changé de sujet plus tôt. « Je n’ai jamais changé de sujet Sophie, tu te fais des idées. » Bien évidemment, elle mentait, mais elle ne pouvait pas avouer les choses, pour plusieurs raisons. Pour préserver Sophie, leur amitié, pour préserver son travail, son fils, son image… Sophie devait cesser la conversation au plus vite, Mary ne comptait lâcher aucune info.

Mary, Sophie et le petit garçon étaient passés à table afin de déguster la délicieuse pizza ramenée par cette première. Sophie raffolait de cette nourriture, alors elle n'avait qu'une hâte : manger. La jeune femme essayait d'être curieuse, comme souvent, essayant de poser des questions à Mary à propos de l'incident qui venait tout juste d'avoir lieu. Cette dernière ignorait totalement les questions de la jeune fille et elle changeait de sujet. Sophie s'en rendait bien compte, mais elle laissait passer un instant, revenant au repas. Sophie s'était donc absentée une seconde pour ramener ce qu'il fallait à Mary et elle en profita pour ramener du soda, imaginant sans mal que le garçon devait adorer ça. Sophie adorait ces boissons sucrés, alors les plus jeunes aussi, sans doute. Les verres posés sur la table, Sophie reprit après avoir fait une grimace à l'enfant : « Tu en veux un verre aussi, Mary ? » Après tout, peut-être que Mary aimait ça, elle aussi. Sophie comptait bien s'en prendre un verre également. Rien de tel que du sucré pour accompagner sa pizza. Le mélange parfait selon elle. Elle servit alors les verres et écouta la proposition de son amie. Cette dernière voulait que Sophie les accompagne pour une sortie à la plage. Sophie plaisanta sur la demande de son amie, puis s'emporta sur ce qu'ils pourraient faire tous les trois à la plage. Amusée, impatiente et bavarde, comme toujours, elle s'imaginait déjà emportée un tas de jouets pour pouvoir jouer avec le petit, faire un château de sable ou tout simplement se baigner un peu si le temps leur permet... Les idées naissaient une à une dans son esprit amusé d'enfant et elle en avait tellement qu'elle ne s'arrêtait plus de parler. Un moment juste pour s'amuser, rien de plus. Toute une journée juste pour s'amuser, loin de cette grande maison où elle était bien trop souvent seule à son goût. Elle ne pouvait s'empêcher de se répéter tout ça. Elle avait tellement hâte de voir cette journée arriver. « J'ai tellement hâte... » souffla-t-elle, les yeux brillants d'impatience. « Tu penses qu'on peut faire ça quand ? » parce que jamais Sophie n'aurait la patience d'attendre des semaines, ça, c'était certain.

Finalement Mary avait donné un petit livre à James et Sophie s'y était très rapidement intéressée elle-aussi. Oubliant presque la présence de Mary. Toutes ces images la fascinaient toujours autant. « Et pourquoi pas ? Il n'y a pas d'âge pour aimer ce genre de livres ! » rétorqua Sophie à la moquerie de son amie, une grimace sur le visage. Sans perdre davantage de temps, Sophie se reconcentra sur le livre. Pour un temps encore, elle parlait avec le petit, observant les images les unes après les autres. Puis finalement, elle se reprit, pensant qu'il n'était pas bien élevé de ne pas s'occuper de ses invités et de préférer un livre à eux. Elle releva alors les yeux vers Mary et lui demanda pourquoi elle avait changé de conversation tout à l'heure. C'était la seule question qui lui était venue en tête. Sophie était curieuse et n'avait pas oublié, loin de là. Elle était tenace, également, et elle n'était pas prête à passer à autre chose pour de bon. « Ce n'est pas bien de mentir à une amie ! » rétorqua Sophie, vexée de ne pas pouvoir être une confidente aux yeux de Mary. « Je croyais que tu me faisais confiance... » mais après tout, elles ne s'étaient pas vues depuis longtemps, cela pouvait peut-être expliquer la situation. Peut-être que Mary n'avait plus pleinement confiance en Sophie ? Ou peut-être cachait-elle des choses bien trop affreuses pour qu'elles puissent être racontées ? Sophie souriait elle-même à cette idée tant elle était stupide.

Mary souhaitait passer un moment simple et agréable avec son fils et son amie. C’était d’ailleurs ce qu’elle commençait à faire. Tous les trois étaient en train de manger la pizza qu’avait apportée Mary. L’ancienne reine n’avait pas l’habitude de manger ce genre de nourriture, mais elle avait envie d’essayer de nouvelles choses et surtout, elle savait que Sophie raffolait de ce type de nourriture. En prenant cela, ainsi que des pâtisseries, Mary savait qu’elle allait taper juste. « Oui, je veux bien, merci. » Mary avait l’impression de faire un réel écart, elle avait l’impression de goûter à quelque chose de peu convenable pour une personne de son rang. Le problème étant qu’ici, elle n’avait plus aucun rang, elle n’était plus reine. Elle n’avait plus d’obligation, plus de restrictions… Elle mangeait des choses, buvait des choses qu’elle n’avait pas l’habitude autrefois, mais elle le faisait assez rarement. Pourquoi ? Elle ne le savait pas réellement, c’était comme cela, voilà tout. Même s’ils étaient là depuis bien plus d’un an maintenant, elle avait encore besoin de temps pour s’adapter totalement à sa nouvelle vie.

Les deux femmes parlaient désormais de faire une promenade un peu plus tard. Mary était ravie à l’idée de pouvoir faire cette sortie. Elle avait réellement envie de prendre plus de temps pour elle, pour son fils. Elle était trop plongée dans le travail et elle en avait conscience. La peur de sa cousine, l’envie de vengeance était tellement fort, que faire autre chose était très compliqué. « Je suis également impatiente Sophie. Mieux vaut attendre les beaux jours pour le faire, non ? » Et Mary devait s’assurer qu’elle était en sécurité, que son fils l’était et qu’elle ne mettait pas ses proches en danger. Elle se méfiait d’Elizabeth, réellement.

James et Sophie étaient tous les deux admiratifs devant un imagier. Sophie était adulte, mais elle avait toujours une âme d’enfant. Pas étonnant de la voir s’intéresser à cela. C’était aussi pour cela que James s’était attaché à elle, qu’il essayait souvent de jouer avec elle, quand elle était là. « Je n’ai rien dit Sophie. Je m’étonne simplement de te voir aussi intéressé par le livre de James. » Mary n’était pas si étonnait, mais cela restait intriguant. Mary regardait souvent les livres de James en sa compagnie. Elle lui racontait ce qu’ils voyaient, discutait avec lui… Mais Sophie donnait plus l’impression d’être une enfant intéressée par l’imagier.

Mary avait de nombreuses fois changé de sujet, elle pensait que Sophie avait fini par oublier la visite de cet homme un peu plus tôt. Sauf que Sophie était têtue, elle n’avait rien oublié et elle comptait bien avoir des réponses. Mary continuait de nier, elle continuait de dire qu’elle n’avait pas changé de sujet, parce qu’elle n’avait rien à cacher. « Je ne mens pas Sophie. » Mary était gênée, bien évidemment. L’ancienne reine savait mentir, mais parfois cela était compliqué, surtout quand c’était face à une Sophie. « Sophie... » Mary prononçait le prénom de son amie dans un soupir. Elle comprenait vite qu’elle n’allait pas la lâcher et que son moment détente allait vite devenir le contraire. « Je te fais confiance, qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? » Mary souriait à son amie, avant de reprendre, de toutes façons, Sophie n’allait pas la lâcher. « Je ne te cache rien. Simplement, il n’y a rien à dire. Des petits problèmes familiaux. Ma cousine à quelques problèmes de santé et j’ai besoin de la faire suivre pour m’assurer qu’elle ne fasse pas de bêtises. » C’était plus ou moins vrai. Mary ne mentait pas, elle arrangeait simplement la vérité.

Sophie dégustait sa pizza, tout en parlant avec son amie de cette fameuse sortie à la plage. Maintenant que l'idée avait été évoquée, Sophie n'avait plus aucune patience. Au contraire, même, elle n'avait qu'une hâte : s'y rendre au plus vite. Elle ne pensait ni au temps, ni à l'organisation, ni au moment où Mary serait disponible... A rien ! Tout ce qu'elle voulait, c'était faire cette sortie. « Attendre, attendre ! Il faut toujours attendre ! » se plaignit la jeune femme. Elle avait l'impression de toujours devoir attendre dès qu'elle avait hâte de quelque chose. On lui avait pourtant dit bien des fois que l'impatience était un bien vilain défaut, mais elle ne réussissait pas se changer. « D'accord... » souffla-t-elle finalement, prête à essayer de se montrer patiente parce qu'elle n'avait pas le choix, en réalité.

Finalement, la jeune fille s'était intéressée au livre que le petit garçon avait. Elle aimait ce genre de petit livre parce qu'il lui rappelait une autre époque. Celle où elle était réellement une enfant. Celle où elle n'avait pas eu tous ces problèmes encore et où elle était heureuse, avec sa mère, son père et son cousin. « Je m'intéresse aussi à des livres qui ne sont pas pour les enfants ! » Un peu moins, mais sa curiosité la poussait à lire, même des livres sans images. Pourtant parfois cela était moins intéressant, elle ne le cachait pas.

Si Sophie passait un certain temps intéressée par l'imagier, elle n'oubliait pas pour autant le petit incident qui avait eu lieu à l'arrivée de Mary. Elle n'oubliait pas et si la jeune mère avait voulu changer de conversation, Sophie n'en resterait pas là. Elle finissait même par se vexer de voir son amie lui mentir. Cela voulait sans doute dire qu'elle ne lui faisait pas suffisamment confiance. « Lorsque l'on a confiance en quelqu'un, on ne lui ment pas, on lui dit la vérité, on lui raconte tout... » souffla la jeune fille à son tour. Après tout, des amies ne devaient-elles pas tout se raconter ? Les deux femmes avaient pourtant partagé énormément de souvenirs. Sophie connaissait une partie de son passé, son amour perdu qui lui causait tant de cauchemars. Et Sophie avait partagé son histoire, ses pertes et ses douleurs. Pourtant, malgré tout, elle ne voulait pas lui raconter ce qu'il venait de se passer ? Pourquoi ? Etait-ce si affreux pour ne rien pouvoir lui dire ? « Si elle a des problèmes, pourquoi personne ne s'en occupe ? » curieuse, comme toujours, elle poursuit avec ses questions comme toujours, contente d'entendre enfin une partie de l'histoire. « Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de cette cousine qui vit dans cette ville ? Et pourquoi je ne l'ai jamais vu ? » se questionna-t-elle encore et encore. Après tout, elles avaient passé beaucoup de temps ensemble avant, alors comment se faisait-il qu'elle n'avait jamais, ne serait-ce qu'aperçu la cousine de son amie ?

« Je ne te savais pas aussi impatiente Sophie. » Gourmande et enfantine, oui, mais autant impatiente, non. Mary en apprenait plus chaque jour sur son amie. Elle avait réellement tout le comportement d’un enfant. Même James savait se montrer bien plus patient, l’éducation que lui donnait Mary y était sûrement pour quelque chose. Heureusement, ce type de comportement faisait sourire la jeune mère. Quand elle était avec Sophie, elle avait tendance à oublier ses problèmes, elle avait l’impression d’être une femme normale et non une ancienne reine, cherchant à tout prix de protéger son fils et ses proches. « Tu sais être sage, c’est bien. » Finalement, Sophie semblait se montrer patiente. Même s’il était simple de lire en elle, elle se trahissait elle-même.

Pour continuer sur sa lignée enfantine, Sophie s’intéressait maintenant à l’imagier de James. Décidément, cette fille sortait de l’ordinaire. C’était réellement une enfant, mais elle était enfermée dans le corps d’une femme d’une vingtaine d’années. « Peut-être, je veux bien te croire, mais je pense que ça ne doit pas t’arriver très souvent. » Mary souriait à son amie, elle aimait la taquiner et ça semblait fonctionner presque à chaque fois.

Avec tout cela, Mary avait presque oublié la venue de cet homme, à peine quelques secondes après son arrivée. Sophie, elle, semblait ne pas l’avoir oublié et très rapidement, elle avait repris la conversation là-dessus. « Ce n’est pas vrai. Je sais très bien qu’il faut savoir garder des choses pour soi, même si l’on a confiance en ses amis. Se taire sur certains sujets n’a rien à voir avec la confiance, tu peux me croire. » Mary essayait de rassurer Sophie. Elle avait ses raisons, elle devait garder le secret, arranger la vérité, mais en aucun cas, elle ne pouvait parler librement de toute cette histoire. « Tu poses toujours autant de questions ? » Mary souriait, mais elle était très gênée par toutes les questions que posait Sophie. Elle était curieuse, ce n’était pas nouveau, mais parfois, c’était très agaçant. « Il y a des gens qui s’en occupe. Moi par exemple et puis d’autres personnes comme l’homme que tu as vu tout à l’heure. » La vérité n’était pas réellement ce qu’elle essayait de faire croire, mais une fois de plus, elle avait le droit d’essayer d’arranger la vérité. « Nous n’avons jamais eu l’occasion de parler d’elle, voilà tout. Et pour être honnête, je ne suis pas certaine de t’avoir réellement revue depuis que je l’ai retrouvé. Et tu ne l’as jamais vu, parce qu’elle n’est pas très sociable, elle n’aime pas être entourée de monde. Elle a même du mal avec ma propre présence. » Et elle était dangereuse, c’était surtout ça la vérité. « D’ailleurs, je n’aime pas vraiment parler d’elle, alors si l’on pouvait changer de sujet, s’il te plaît. » Mary n’avait pas envie de parler d’Elizabeth, elle n’avait pas envie qu’elle vienne s’immiscer dans cette soirée également.

Sophie n'était pas impatiente, simplement pressée de quitter cette grande maison pour passer un peu de temps avec une amie à la plage. Elle savait d'avance qu'elle s'y amuserait beaucoup. « Je ne suis pas impatiente, juste pressée ! » rectifia-t-elle en souriant. Puis au compliment de Mary, Sophie se mit à sourire plus encore. Elle aimait recevoir des compliments sur son comportement et son attitude, tant elle avait eu l'habitude de recevoir des remontrances. C'était une véritable enfant, voilà tout.

Finalement Sophie s'était désintéressée de Mary pour s'intéresser à l'imagier du petit garçon. Elle aimait les livres avec des images, elle n'y pouvait rien. Elle trouvait cela beau et puis elle trouvait que ces livres là faisaient plus rêver que les autres. Pourtant, elle aimait tout autant les autres livres. Elle aimait beaucoup lire d'ailleurs. « Bien sûr que si ! J'ai une grande bibliothèque, tu veux aller voir ? » demanda la rousse pour se défendre ! Elle aimait simplement aussi les livres pour enfants, rien d'autre.

Mais Sophie avait assez discuté des livres qu'elle aimait. Elle n'avait pas oublié la venue de l'homme étrange de tout à l'heure et les cachotteries de son amie. Et elle n'aimait pas ça ! Elle n'aimait pas qu'on lui cache des choses et sa curiosité la poussait à insister pour en savoir plus. Sauf que Mary continuait de prétexter des choses que Sophie prenait pour des mensonges. Elle lui expliqua alors qu'elle était déçue de voir qu'elle n'était pas digne de confiance et qu'elle considérait que l'on devait tout dire à ses amis. Un point de vue qui n'était pas partagé par Mary, semblait-il. « Je ne suis pas d'accord avec toi ! » soupira-t-elle, sans chercher plus loin, fatiguée, finalement, de se battre pour obtenir des réponses. « Toujours, oui. » répondit-elle à son amie, poursuivant sur d'autres questions puisqu'elle ne voulait pas tout lui confier comme deux amies devraient, normalement, le faire. Sophie semblait toujours aussi peu convaincue par les explications de Mary à mesure où elle les donnait. Cette cousine sortie de nul part et qu'elle aidait... Cet homme étrange qui ne semblait pas pouvoir attendre... Non, c'était étrange ! « Très bien, on change de sujet si tu ne veux plus en parler ! » lança-t-elle, boudeuse, sans même répondre aux explications de la jeune mère tout en se remettant dans le fond du canapé, les bras croisés. C'était tout Sophie, elle pouvait se fiche d'une chose et bouder pour une chose sans vraiment d'importance. Jamais pour longtemps, heureusement. « Alors dis-moi de quoi tu veux parler ? » demanda-t-elle à Mary, se retenant d'ajouter un pour que ça ne te gêne pas cette fois-ci, mais elle se retint, ne souhaitant pas, non plus, se disputer avec Mary alors qu'elles se retrouvaient à peine.

Mary aimait beaucoup Sophie. Elle avait été son amie, dès son arrivée dans ce monde. L’ancienne reine appréciait sa compagnie et trouvait ses conversations agrèables, habituellement en tous cas. En effet, la conversation revenait une fois encore à l’homme de main de Mary qui était venu se présenter chez Sophie, afin d’avoir une discussion avec Mary.

Sophie était têtue et ne voulait rien entendre. Quand elle avait quelque chose en tête, il était compliqué de lui faire changer les idées. La rousse posait des questions et semblait vouloir des explications. Le problème étant que Mary ne pouvait pas dire la vérité à propos de son travail ou encore de sa cousine Elizabeth. Elle savait que tout ce qu’elle faisait désormais, n’était pas forcément bien vu dans ce monde, elle faisait même des choses interdites. Alors Mary préférait rester évasive et inventer une partie de la vérité, pour se protéger elle, mais également pour protéger Sophie.

Autrefois, Mary savait être convaincante, elle savait mentir à la perfection. Sa vie à la cour lui avait appris à faire ce genre de chose, mais avec le temps, elle oubliait peu à peu. Sophie avait bien compris que Mary mentait et en semblait même peinait, voir en colère. Elle accepta finalement de changer de sujet, à contre-cœur sans aucun doute. Sa voix, son attitude et sa mine boudeuse le faisaient bien comprendre. Mais Mary ne pouvait pas céder à ce caprice. Sophie était adulte et elle devait comprendre que certaines choses ne pouvaient pas évoquer. Elle devait également savoir quand s'arrêter et comprendre quand elle mettait les gens mal à l'aise. Sophie était prête à parler d'autre chose, ou le faisait croire, mais Mary avait perdu toute envie de se retrouver ici avec son amie. Elle n'avait désormais plus qu'une seule envie, rentrer chez elle, passer un moment seule avec son fils. Sa journée n'était pas terminée et en premier lieu, elle était réservée à James, alors elle allait lui accorder tout le reste de la journée. Juste après avoir passé un savon à cet homme de main qui ne savait pas respecter des règles aussi simple que celle de ne pas déranger Mary quand elle était chez son amie. « Je préfère rentrer. On se revoit très vite, je te le promets. » Mary pris son petit garçon dans les bras avant de lui demander de dire au revoir à Sophie. La jeune mère était déçue de ce moment passé, mais elle espérait pouvoir en passer des meilleurs rapidement. Souriant une dernière fois, Mary se dirigea vers la porte avant de quitter la maison de Sophie et de regagner la sienne.