(Terminé) Work hard, live well || ft. Anna d'Arendelle

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ Anna

Quand on reprenait des études, on se retrouvait à avoir des travaux de toutes sortes à faire et à rendre. C’était normal et je ne me formalisais donc pas. Moi aussi je demandais des travaux à mes élèves, après tout… C’était de bonne guerre que j’en aie à mon tour.
Le prof nous avait divisés par petits groupes de trois. Nous avions des données à rassembler, à critiquer et à synthétiser pour une sorte de mise à jour des collections du musée. Je m’étais retrouvé avec une jeune femme, Anna, et un jeune homme, Gonzague. Nous n’étions pas proches, eux et moi, Gonzague était même plutôt le genre de type à être aux abonnés absents lors des cours.
C’état même carrément surprenant que le prof connaisse son existence, mais mon avis sur l’absentéisme n’avait pas à entrer en ligne de compte, ce qu’il nous fallait, c’était bosser.

Jusqu’à présent, je m’étais montré plutôt assidu durant les cours. Je considérais que le fait d’avoir pu reprendre des études était une chance que je ne méritais peut-être pas forcément, mais cela impliquait un investissement de ma part. En termes de temps et de travail. En semaine, je bossais bien et beaucoup, pour n’avoir aucune charge de travail les week-ends. J’avais trouvé un équilibre de cette manière et ça me convenait parfaitement.

Ce travail en groupe pour le musée devait en grande partie être réalisé en bibliothèque. C’était là le cœur du savoir, une base de données immense et accessible aux chercheurs que nous étions. Nous en étions à notre troisième séance et, cette fois encore, écouteurs vissés sur les oreilles, Gonzague était affalé sur un livre qu’il n’avait même pas pris la peine d’ouvrir. C’était à peine s’il ouvrait les yeux, d’ailleurs
Nous avions une table avec trois chaises, disposées de manière à ce que nous ayons de la place pour travailler et pour ne pas nous sentir trop les uns sur les autres.

Je déposais un énorme ouvrage devant moi, une monographie qui traitait de l'art antique.
« On se focalise sur Delphes aujourd'hui, si ça te va... »

L'art grec, ça m'avait toujours passionné. Et pour l'expo en 3D à laquelle nous allions prêter main forte, j'avais très envie de travailler sur un sujet qui me plaisait.
On avait déjà travaillé sur quelques villes et quelques oeuvres emblématiques.
« L'aurige de Delphes, c'est un sujet exceptionnel ! »

Toutes les représentations graphiques de la statue de bronze me donnaient toujours une drôle d'impression. Il y avait quelque chose de très impressionnant dans le fait que cette statue nous soit parvenue, elle qui représentait un simple homme, sans statut social important, le genre d'homme qui était tout simple mais qui courait pour un patron riche et important.

J'affichais la page web du musée de Delphes sur mon ordinateur pour montrer l'aurige à ma condisciple.
« Regarde ça, c'est magnifique ! »

Spoiler:

▿ Date de naissance : 01/06/1998

L'année commençait à peine, mais déjà les premiers travaux de groupe étaient demandés. C'était un exercice plaisant pour Anna. Elle n'aimait pas spécialement travailler toute seule. Bavarde, toujours pleine de joie et d'énergie, elle aimait partager ses trouvailles et discuter des sujets qu'elle trouvait les plus passionnants - ou de tout et n'importe quoi, soyons francs - avec ses autres camarades. Comme presque toujours, elle était donc arrivée à la bibliothèque, un grand sourire aux lèvres, prête à faire le travail qu'on lui avait demandé. Le seul problème dans les travaux de groupe - et pas des moindres - était qu'il y en avait toujours un pour faire la moitié du travail ou pour ne pas travailler du tout. Anna n'était pas spécialement patiente dans ce genre de situation et n'avait pas sa langue dans sa poche, alors il n'était pas rare qu'elle finisse par se prendre la tête avec ce type d'élève. Néanmoins, pour le moment, elle laissait l'inactif être inactif et elle tentait de se concentrer sur ce qu'elle devait faire.

Ce garçon, qu'Anna avait envie d'étrangler, faisait ce qu'il faisait comme à chaque fois qu'ils s'étaient retrouvés pour leur exercice : rien. Affalé sur la table, de la musique dans les oreilles, il n'avait même pas fait l'effort de faire semblant d'ouvrir son livre. Heureusement pour Anna - et pour sa patience - le deuxième élève de ce groupe faisait plus que sa part de travail. Et, heureusement encore, il savait bien mieux se débrouiller avec la technologie qu'elle. Depuis son arrivée ici, Anna avait appris à se débrouiller, mais elle se limitait au nécessaire et se retrouvait bien souvent perdue lorsqu'il s'agissait de faire des recherches précises sur un ordinateur. Son truc à elle, c'était davantage les livres, alors elle appréciait tout particulièrement travailler à la bibliothèque - même si certains avaient tendance à lui lancer des regards noirs et remplis de haine lorsqu'elle laissait déborder son enthousiasme et qu'elle se mettait à parler beaucoup trop fort.

« Ça me va ! » Avait simplement répondu la jeune femme lorsqu'il avait proposé le sujet sur lequel ils allaient se concentrer pour cette fois-ci. Ce n'était pas un sujet qu'Anna maîtrisait parfaitement - loin de là, même - mais elle comptait bien s'investir et faire le travail qu'on lui demandait. Inhabituellement silencieuse, Anna observait la statue qui s'affichait sur l'écran avec une grande attention. « Tu ne trouves pas ça fascinant ? Je veux dire que ce monde regorge de vestiges aussi anciens ? » Du monde d'Anna, il ne semblait rien rester ici, malheureusement pour elle. Néanmoins, ce monde, si étranger au sien, possédait son histoire et les vestiges en étaient les preuves les plus fascinantes parce qu'il rendait cette histoire réelle et palpable. Peut-être que, pour lui, ce n'était pas grand-chose. Peut-être que, pour lui, les choses étaient juste ainsi et qu'il n'y avait pas lieu d'être fasciné, mais pas pour Anna. « Je me répète sans cesse qu'à notre tour, on laissera ce genre de traces pour les générations futures. » Et, comme bien souvent, la concentration d'Anna montrait rapidement ses limites parce qu'elle divaguait, perdue dans ses pensées. « Je m'égare, pardon. » Se rendit-elle compte bien vite, malgré tout. Il ne la connaissait pas vraiment et elle n'avait pas envie qu'il se fasse une mauvaise idée de celle qu'elle était, alors elle tentait de se reconcentrer. « Par quoi veux-tu qu'on commence ? » A cette question, son regard se posa sur le troisième membre du groupe et, un sourire amusé aux lèvres, Anna n'avait pu se retenir d'ajouter : « Par l'assommer avec cet énorme livre ? » L'idée était franchement tentante, mais il n'apprécierait certainement pas de se faire déranger dans ce qui semblait être une sieste franchement agréable.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ Anna

Les travaux de groupe, c’était à la fois une bonne et une mauvaise chose. En fait, tout dépendait du groupe… et de l’objectif poursuivi par l’enseignant. Étant moi-même dans le métier, je savais bien que, parfois, donner des travaux de groupe, c’était une façon simple, pour les profs, de faire avancer la matière sans avoir à trop se bouger… Et puis, dans le secondaire, ça faisait aussi moins de corrections puisque ça permettait de diviser par trois le nombre de copies à corriger. CQFD.
Par contre, dans notre cas, ce n’était pas évident de rester calme et posé. Travailler avec Anna, c’était plutôt quelque chose d’appréciable, mais le troisième larron était simplement là pour faire tapisserie. Très clairement. J’avais tendance à essayer de rester assez calme, mais c’était compliqué, parce que si Gonzague était aussi effacé qu’inintéressant, Anna, quant à elle, avait déjà à plusieurs reprises démontré que sa patience avait des limites. La mienne aussi, cela dit, mais j’étais encore assez large par rapport à elle, apparemment.

Dans les bibliothèques, j’avais tendance à enclencher un mode « travail », j’étais sérieux, je gardais mon objectif en tête et je faisais en sorte d’avancer pour l’atteindre de la façon la plus efficace possible. Je n’aimais pas perdre de temps dans ce genre de travail, aussi la méthodologie se devait d’être claire et précise.
« Oh si, c’est fascinant ! Et on a de la chance, mine de rien, de vivre dans une époque où on a les moyens et la technologie pour explorer tout ça… »
L’Antiquité, c’était une période très riche en vestiges. Et j’avais beaucoup aimé me rendre sur les lieux mêmes où l’architecture était elle-même un impressionnant vestige du passé. Mais j’avais un peu plus de mal à imaginer ce que nous, nous allions laisser comme traces de notre passage.
« J’espère que les générations futures ne nous trouveront pas trop cons. » Anna s’égarait ? Je n’étais pas sûr que ce soit le cas, mais je comprenais sa passion… j’avais la même.

Mais la manière un peu cavalière qu’eut Anna de réagir face à Gonzague me fit sourire. Je n’étais pas du genre à vouloir utiliser la violence, mais je comprenais bien son irritation par rapport à notre condisciple.
« Tu risquerais d’abîmer le livre… et sans certitude du résultat… mauvaise idée. »
Mais c’était vrai que je pouvais facilement imaginer la scène. Pauvre livre. Je n’aimais pas l’idée d’abîmer des bouquins, mais je n’aimais pas trop l’idée qu’un type puisse bénéficier de notre travail pour valider des modules du cours. Il faudrait qu’on en parle avec le prof, Anna et moi, preuves à l’appui, si possible.

« Tu as déjà visité un de ces endroits ? » Pas en visite virtuelle, bien sûr, mais sur place. Je faisais défiler les grands sites historiques de la Grèce antique. C’était ma passion pour le lieu et pour l’époque qui m’avait donné envie de m’y rendre avec des élèves, il y avait plusieurs années, et, plus récemment, ça m’avait donné envie d’essayer un jeu vidéo de mes enfants : Assassin’s Creed Odyssey. « L’Aurige, c’est la pièce maîtresse du musée… Il y a quelque chose d’énigmatique autour de cette statue : c’est le visage d’un esclave qui a été immortalisé par ce bronze… alors que son maître est pratiquement tombé dans l’oubli. » J’aimais bien la symbolique que ça impliquait : ce n’était pas l’argent ou le statut social qui laissaient un souvenir impérissable, mais les actes qu’on pose de notre vivant…

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▿ Date de naissance : 01/06/1998

Anna était plutôt bonne élève. Elle travaillait réellement et faisait en sorte d'intégrer les choses, de rendre des devoirs travaillés et à temps. Malgré tout, Anna restait Anna. Elle était bavarde et elle se distrayait trop facilement. Beaucoup trop facilement. Sa concentration avait des limites qu'elle atteignait bien trop rapidement, la plupart du temps. Plutôt que de se concentrer sur le travail qu'il y avait à faire, Anna exprimait plutôt son ressenti face à tout ce qu'elle voyait. La jeune femme trouvait tout cela fascinant et merveilleux. Il ne s'agissait pas simplement d'objets ou de bâtiments, non, ils étaient la preuve de ceux qui avaient vécu sur cette planète avant eux. Chaque objet avait une histoire qu'ils pouvaient essayer de découvrir ou d'imaginer parce que le monde d'aujourd'hui leur avait laissé des vestiges de ce monde d'autrefois. « C'est vrai, nous avons de la chance. » Souffla-t-elle, alors. Anna n'était pas de cette époque et elle ne connaissait ces technologies que depuis trois ans, mais elle trouvait tout cela fascinant également. D'une certaine façon, la jeune femme appartenait à ce passé qu'il pourrait être possible de découvrir à travers les vestiges d'aujourd'hui - mais il était préférable de ne pas trop y penser, essayer de comprendre ces allers-retours dans le temps, c'était prendre le risque de s'offrir les meilleurs maux de tête. « Tu ne penses pas qu'ils nous trouveront merveilleux ? » Demanda-t-elle en riant alors qu'il expliquait espérer que les générations futures ne les trouveraient pas trop cons. « Enfin, ça dépend qui ! » N'avait-elle pu s'empêcher d'ajouter en posant son regard sur le membre fantôme de ce trio. En réalité, même si Anna avait tendance à vivre dans une sorte de monde faussé par sa réalité idéalisée et rêvée, elle avait bien conscience que les générations futures auraient bien des choses à dire sur leur génération. Mais toutes les générations d'après avaient toujours des choses à dire sur les générations d'avant, se disait-elle. Les choses changeaient, évoluaient et les visions aussi, alors forcément entre les différentes générations, le jugement était plutôt facile.

Anna, d'ailleurs, ne pouvait s'empêcher de montrer son agacement face à cet étudiant qui ressemblait davantage à une sorte de larve qu'à un être humain. Afin de le réveiller un peu - ou, au contraire, afin de l'endormir pour de bon, elle proposait donc de tenter de l'assommer avec l'un des livres, mais Martin craignait d'abîmer le livre. Il était vrai que ce pauvre livre ne méritait pas d'être abîmé pour ce jeune homme. L'étudiant marquait un point. « Je l'assommerai avec l'une des chaises alors, ne t'en fais pas. » S'amusait Anna, s'imaginant réveiller cet homme de la meilleure des façons pour lui laisser un bon souvenir.

Plus sérieusement, les deux étudiants reprirent à propos de ces sites historiques. Martin faisait défiler les images une à une sur l'écran de son ordinateur et Anna les observait avec une attention qu'on lui connaissait rarement. « Non, ils n'existaient pas là où je vivais avant. » Répondit-elle un peu trop spontanément, sans réfléchir aux questions que cela pouvait entraîner. « Et toi ? » Reprit-elle aussitôt, afin de faire passer le sujet de conversation sur lui. « Et c'est ce qui rend cette pièce si importante, oui... » Souffla-t-elle, comme pour confirmer les propos de l'étudiant. L'importance de cette statue prenait tout son sens grâce à ce fait suffisamment rare. Ce n'était pas la statue d'un Dieu, d'un personnage important ou puissant, non, c'était la statue d'un esclave qui avait bravé les siècles pour arriver jusqu'à nous, aujourd'hui. « Ses actions lui ont permis de survivre au temps pour arriver jusqu'à nous. » De par son statut, il y avait bien peu de choses qui aurait pu lui permettre d'être encore quelqu'un aujourd'hui, plus de deux millénaires plus tard, mais il avait réussi - même sans statut important pour la société de l'époque, même sans argent et même sans pouvoir. « Tu connais d'autres exemples de ce genre ? » S'intéressait alors Anna puisque son collègue semblait bien renseigné à ce sujet.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ Anna

Avec une coéquipière comme Anna, je pouvais être sûr que le boulot que nous faisions et ferions ensemble serait de qualité. Bon, évidemment, dans l’idéal, nous aurions dû tous les trois faire la même part de travail, mais c’était un peu mal barré quand on voyait le degré d’implication du troisième larron. Il n’avait rien foutu jusqu’à présent et ne semblait pas vraiment prêt à changer d’attitude. C’était le genre de type dont personne ne voulait jamais dans une équipe de travail et qui, de toute façon, ne terminerait sûrement pas l’année académique dans cette filière.
L’Histoire, c’était une discipline pour laquelle il fallait avant tout pouvoir travailler avec une certaine rigueur et comme nous étions partis, ce serait compliqué de garder tout à la fois des compétences en concentration, en critique des sources d’information, en analyse et en esprit de synthèse. C’étaient là des qualités qu’on attendait de tout historien qui se respectait. Mais que fichait donc Gonzague ici ? Il avait dû arriver jusque là soit en étant pistonné, soit en trichant.

Mais comme nous discutions de façon un peu plus posée, ma condisciple et moi, je réfléchissais à cette idée : comment les générations futures allaient bien pouvoir nous percevoir dans quelques centaines d’années ? Il me semblait que nous étions assez censés pour n’essayer de laisser que des choses positives comme traces de notre passage en ce monde, mais il n’était pas impossible que la connerie humaine puisse prendre plus de place que la culture, le progrès ou la curiosité intellectuelle.
J’adressais un petit sourire à la jeune fille, puis j’opinais à son « ça dépend qui ». « J’ai peur que ce soit un jour les cons qui prennent vraiment le dessus… Déjà pour le moment, je les trouve un peu trop présents… »

Je trouvais que l’idée de la chaise était plus subtile que celle du livre. Mais cela restait assez brutal, comme solution… et j’avais un peu tendance à être un pacifiste dans l’âme. Ce n’était pas mon genre de faire preuve de violence, qu’elle soit physique, verbale ou psychologique. Je n’avais pas grandi dans ce genre de système éducatif et je n’avais pas non plus creusé le sujet par la suite.

Je regrettais un peu de ne pas faire équipe uniquement avec Anna. Mais étant moi-même enseignant en lycée, j’avais l’habitude de devoir gérer ce genre d’étudiant glandeur au sein de groupes. Le meilleur moyen pour ne pas être pénalisés, c’était qu’il fasse lui-même la démarche de quitter le groupe et de se débrouiller seul de son côté. Et pour ça… il fallait qu’il se sente suffisamment indésirable et pas à sa place.
Fondamentalement, je n’étais pas du genre à refuser que quelqu’un participe à un projet, mais je comprenais bien que ma comparse pouvait arriver à saturation avec un gars comme celui-là. Disons que je regarderais sans doute très différemment les travaux de groupe, maintenant que je m’étais retrouvé à mon tour dans une équipe où un bras cassé était bien décidé à ne rien faire du tous et à récolter les honneurs du travail accompli sans en toucher une.

Essayer de rester concentré sur notre sujet d’étude, ce n’était pas vraiment simple. Nous étions là, sur l’aurige de Delphes, et nous nous permettions quelques sujets de conversations, liés à l’histoire, certes, mais pas directement avec notre travail actuel. Les visites de sites historiques faisaient partie de ces conversations.
« J’ai eu de la chance, alors… Je suis allé plusieurs fois en Italie et en Grèce, j’ai pu visiter un tas de sites et de musées… » Je n’avais jamais pu envisager des vacances à l’étranger sans qu’il n’y ait une bonne part de visites culturelles au programme. « Mais ça a toujours un peu soulé mes fils. » Pour eux, l’Italie ou la Grèce, c’était sympa pour les plages, surtout, mais je devais avouer que je m’ennuyais beaucoup avec un programme de vacances plage-piscine-bronzette. Pas mon genre du tout.

C’était beau de se rendre compte que les actes d’un homme tout simple pouvaient le faire entrer dans l’Histoire bien plus qu’une naissance, un nom ou de simples paroles.
« Dans l’histoire plus récente, peut-être… Si on considère que la reconnaissance de son époque n’est pas acquise et qu’elle n’arrive que par après, je pense qu’on peut considérer qu’on peut mettre dans cette catégorie des gens comme Van Gogh ou toutes les personnes qui ont tenu bon contre les diktats pour faire valoir leurs libertés et leurs droits… »

Je pensais notamment à tous ceux qui avaient caché et protégé des personnes juives durant la Seconde Guerre mondiale. Ça devait avoir existé de tout temps…

« Tu en penses quoi ? »

Spoiler:

▿ Date de naissance : 01/06/1998

S'ils étaient là pour travailler, avant tout, cela ne déplaisait pas à Anna d'évoquer d'autres questions qu'elle trouvait tout aussi intéressantes. Il ne s'agissait pas de futilités ou de choses inutiles, ils plaisantaient du comportement du type qui se trouvait avec eux - ce qui aidait Anna à relativiser et à ne pas détruire l'une des chaises de cet endroit en lui écrasant sur la tête - et ils évoquaient des questions comme l'avenir. Leur présent serait un jour le passé que les historiens et les archéologues étudieront. Que trouveraient-ils alors ? Quelles traces auraient-ils laissées de leur passage ? Y aurait-il seulement quelque chose après eux, dans ce monde étrange auquel personne ne semblait rien connaître ? Anna, comme bien souvent, se perdait dans ses questionnements et se laissait distraire. « Alors, à nous de faire en sorte qu'ils s'effacent suffisamment pour ne laisser aucune trace. » Ajouta la jeune femme, en souriant. Elle n'aimait pas juger, elle n'aimait pas considérer que quelqu'un méritait moins ou elle ne savait quoi, mais il y avait clairement certains cas - comme son merveilleux collègue fainéant - qui ne méritaient pas de laisser un nom dans l'histoire et qui ne méritaient pas d'être reconnu parce qu'ils ne pourraient l'être que pour de mauvaises choses. C'était le genre de type, pour l'instant, peut-être changerait-il avec le temps, qui n'en fichait pas une et qui attendait que tout lui tombe dessus comme par miracle. Anna détestait ça plus que tout.

Par la suite, après avoir discuté de ce maudit Gonzague, ils s'étaient reconcentrés sur leur sujet d'étude. Enfin, presque. Ils en étaient arrivés à discuter des voyages et des sites historiques à visiter. Anna n'avait pas eu cette chance, notamment parce qu'elle venait d'un monde différent de celui-ci et parce qu'elle avait passé presque toute sa vie enfermée dans un château, sans la moindre possibilité de sortir. Autant dire que cela limitait forcément les voyages. Aujourd'hui, maintenant qu'elle étudiait l'histoire depuis son arrivée ici, Anna s'était découvert une véritable passion et elle regrettait de ne pouvoir parcourir le monde pour visiter ces merveilleux sites et leur histoire. « Oh, ça devait être merveilleux. » S'émerveilla-t-elle lorsqu'il lui assura avoir visité plusieurs fois l'Italie et la Grèce. « L'histoire ne les intéressait pas ? Peut-être étaient-ils trop jeunes pour l'apprécier ? » Supposa Anna sans rien connaître de la vie ou de l'âge des enfants de Martin, pourtant. « J'aurais aimé que mes parents me fassent voyager, moi aussi. » Mais ses parents avaient préféré la garder enfermée pour la protéger des pouvoirs de sa soeur et pour protéger sa soeur du monde extérieur. Alors, elle n'avait jamais eu cette chance - et pourtant, même dans son univers, il devait bien y avoir des merveilles à découvrir.

Ils se reconcentraient enfin un peu plus sur le sujet, mais bien vite, Anna s'intéressait à d'autres potentiels exemples. Avoir des comparaisons pouvait être une bonne chose, non ? Avec attention, la jeune femme écouta son coéquipier, hochant légèrement la tête alors qu'il parlait. « Ce n'est pas exactement la même chose, mais le résultat est le même, oui. » Souffla Anna, pensive. Les actes avaient été différents, mais ils avaient obtenu une forme de reconnaissance de par leurs actions, qu'importe leur naissance ou leur nom. « Bon et si nous nous mettions réellement au travail ? Par quoi devons-nous commencer, selon toi ? » Il avait choisi le sujet du jour, peut-être avait-il aussi une idée de comment procéder ? Après tout, il était prof et même s'il se retrouvait à avoir le statut d'élève, ici, Anna avait toutes les raisons de l'écouter et de suivre ses directives pour procéder au mieux et apprendre comment effectuer des recherches de la meilleure des façons.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

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Martin ξ Anna

Je m’entendais plutôt bien avec Anna, c’était une étudiante qui avait en elle une curiosité intellectuelle capable de la pousser à réfléchir et à faire des recherches sur toutes sortes de sujets. C’était avec ce genre de curiosité que l’humanité avait progressé, de tout temps. Je n’avais jamais considéré la curiosité comme un vilain défaut, en ce sens, mais plutôt comme le moteur à l’origine de nombreux progrès et découvertes. Sans la curiosité typique de l’être humain, il y avait tellement de choses qui n’existeraient pas aujourd’hui… les arts, les cultures… car oui, bien sûr, il n’y avait pas que des progrès techniques.

Nous discutions aussi de tout et de rien, enfin, dans la mesure du raisonnable, bien sûr, car nous étions censés travailler et que la jeune femme était aussi travailleuse que je pouvais l’être. Dans les études, c’était une attitude importante si l’on voulait arriver à quelque chose. C’était même indispensable dans la société actuelle… seules quelques personnes ayant beaucoup de chance dès le départ pouvaient arriver à quelque chose sans rien faire. Ou alors, il fallait avoir l’ambition de devenir influenceur et tout faire pour ça. Mais, personnellement, j’avais un peu de mal à voir ce truc comme une profession.

C’était sans doute à cause de cette "évolution" de notre époque que j’avais parfois un peu de mal à imaginer ce que nous allions bien pouvoir laisser de positif aux générations futures… Le monde était pollué, des tas d’espèces animales et végétales avaient disparu, il y avait encore des guerres alors que tout le monde savait parfaitement que c’était de la connerie… Comment effacer ce genre de choses pour mettre l’accent sur les choses bien de notre temps ? C’était, là aussi, un fameux défi… Peut-être étais-je un peu trop vieux pour avoir l’espoir que cela change.

Nous avions aussi discuté un peu de voyages et je fus surpris qu’Anna n’ait pas eu l’occasion de vraiment voyager. « Peut-être qu’un jour tu pourras voyager comme tu veux… Enfin, si cette île ne nous retient pas éternellement. » Elle qui était curieuse et avide de découvertes, c’était sûr qu’elle aurait adoré… pas comme mes enfants. « Jonas et Casper ont toujours eu un peu tendance à boycotter ce qui vient de moi. Ils ont commencé leur crise d’adolescence et d’opposition plus tôt que je ne pensais. »
Je mettais cela sur le compte de l’adolescence, mais nous avions développé une forme d’incompatibilité de caractères au fil du temps. C’était assez difficile à vivre, surtout au début, parce que j’avais vraiment l’impression que j’avais élevé deux étrangers… Mais, comme pour l’ascensionniste qui peut voir plus clairement le sommet de la montagne en se trouvant sur une plaine, il n’était pas impossible que mon absence leur ouvre les yeux sur ce que je leur apportais quand nous vivions ensemble.

Cela dit, Anna avait raison. Si nous voulions avancer, il fallait être efficace et se mettre réellement au boulot. Je repris les consignes qui nous avaient été données, afin de bien nous remettre tout cela en tête. Collaborer avec un musée d’art et d’histoire, c’était intéressant, bien sûr, mais cela signifiait, aussi, que nous n’avions pas le droit à l’erreur. Notre travail devait être sérieux et complet, fait consciencieusement et avec une rigueur exemplaire.

En voyant du coin de l’œil Gonzague pianoter sur son téléphone, soit parce qu’il était de nouveau en train de jouer à un jeu, soit parce qu’il était en pleine conversation par sms avec sa copine ou en train d’organiser une sortie ou que sais-je encore. Pendant ce temps-là, Anna et moi avions rassemblé pas mal de documents, nous avions pris des notes, rédigé des synthèses et sans doute déjà bien avancé sur le projet… C’était frustrant de voir que le troisième membre de notre groupe n’avait aucune motivation et aucune intention de participer. C’était à se demander pourquoi il était venu, finalement.

« Bon. Gonzague, ça commence à bien faire… Si on est par groupes de trois, ce n’est pas pour rien. Et si tu es pressé de partir, donne-nous un coup de main, ça accélérera les choses et tu seras plus vite libéré. »
A un moment, il fallait quand même qu’il mette un peu la main à la pâte. Et nous avions besoin de son soutien pour pouvoir atteindre l’objectif. Sa réponse ne tarda pas :
« J’vois pas l’intérêt de bosser pour un musée. On va même pas être payés pour ça. »

J’eus un soupir. La journée promettait d’être encore longue. Je me tournais vers Anna, espérant qu’elle allait m’aider à convaincre l’autre glandu de s’y mettre.
« Nous sommes censés former une équipe. Et le paiement pour ce travail, dis-toi que ce sera avant tout la reconnaissance du prof… »

Je supposais que nous avions été mis à trois parce que notre enseignant voulait qu’Anna et moi puissions tirer Gonzague vers le haut ou le remotiver… mais ce n’était pas une sinécure.

Spoiler:

▿ Date de naissance : 01/06/1998

S'ils étaient ici pour travailler avant toute chose, il n'était pas désagréable de discuter d'autres choses, notamment des voyages ou de l'image qu'ils laisseraient d'eux dans le futur. Aujourd'hui, ils étaient les historiens et les archéologues - ou les apprentis historiens et archéologues - un jour ils seraient l'objet d'étude des historiens et des archéologues. Un jour, ils seraient ce qu'aujourd'hui les gens semblaient visiter avec tant de passion et d'impatience. Derrière eux, si tout se passait bien, ils laisseraient des ruines, des bâtiments, des écrits, des souvenirs et bien plus. Ils laisseraient ce qu'ils visitaient aujourd'hui avec plaisir - ou ce qu'Anna aurait aimé visiter avec plaisir, pour être tout à fait exact. « Peut-être. » Souffla Anna en haussant les épaules. Oui, peut-être qu'un jour cette ville allait les libérer et qu'Anna serait libre de tous ses déplacements. Peut-être. « Heureusement qu'il existe ces livres et toutes ces technologies. Parfois, c'est un peu comme si on y était. » D'une certaine façon, seulement, bien sûr. Rien ne valait les véritables sensations, mais il fallait aussi savoir se contenter de ce que l'on avait. Sans l'informatique, sans les bouquins, ils ne pourraient rien connaître du monde extérieur - surtout pour quelqu'un comme Anna qui venait d'un passé qui n'appartenait même pas à ce monde. « Il paraît que c'est souvent comme ça pour les enfants. » La vie d'Anna avait été bien trop différente pour qu'elle puisse véritablement se dresser contre ses parents, mais elle entendait souvent ça, depuis qu'elle était ici. Les adolescents qui se dressaient contre l'autorité et contre la figure parentale. Peut-être était-ce tout simplement cela ? Enfin, elle n'avait pas d'enfant et elle n'en savait rien, mais elle supposait.

Bien que ces discussions étaient intéressantes, il ne fallait pas oublier le travail pour lequel ils étaient ici. Anna conseillait donc de s'y remettre - et puis, rien ne les empêchait d'aborder tel ou tel sujet entre deux livres ou deux recherches. D'autant qu'ils avaient beaucoup de travail puisqu'ils n'étaient que deux au lieu de trois à travailler. Alors, plutôt silencieusement, se parlant lorsqu'ils avaient une question ou besoin d'échanger à propos de quelque chose, les deux avancèrent autant que possible le travail pendant que le troisième persistait à ne rien faire. Anna n'arrivait pas à comprendre les raisons de sa présence. Ne s'ennuyait-il pas ici, à ne rien faire ?

Finalement, la patience de Martin semblait atteindre ses limites. Il faisait donc part de son agacement à Gonzague. Anna sentait que le professeur parlait davantage que l'étudiant, à cet instant. On sentait qu'il avait l'habitude de reprendre les élèves fainéants ou récalcitrants. Evidemment, l'étudiant ne souhaitait pas coopérer. Pourquoi faire un travail gratuitement ? Pourquoi étudiait-il alors ? Il n'était pas payé pour ça, après tout. Martin insistait un peu et se tournait vers Anna. Attendait-il qu'elle tente de le convaincre ? Anna ne faisait pas dans la délicatesse ou la diplomatie comme lui, elle risquait davantage de le braquer, mais elle voulait bien participer. « Et ta note. La validation de ton semestre. De ton année. Le passage à l'année supérieure. Tu sais, tout ce pourquoi tu fais des études ? » Rétorqua-t-elle, à la suite de Martin, son agacement se lisant clairement au son de sa voix. « Si tout ça t'intéresse si peu, on peut savoir ce que tu fais là, à la bibliothèque ? Si tu as trouvé le courage de te déplacer, tu vas trouver le courage de nous aider ! » Et cette fois-ci, elle se montrait plus autoritaire - il fallait bien essayer, non ? La jeune femme attrapa l'un des bouquins qu'elle avait devant elle pour le placer devant lui, avant de lui tendre crayon et papier. « Parce que je suis plutôt gentille, je ne te demande pas de faire le plus compliqué - d'autant que tu ferais sans doute n'importe quoi avec tant de motivation. Tu ouvres ce livre, tu poses ce téléphone... » Et, à ces mots, Anna, sans la moindre gêne, baissait le portable qu'il avait dans les mains pour le forcer à le poser sur la table. « et tu travailles. Tu cherches les informations qui peuvent nous être utiles, tu notes les pages, les informations importantes, et nous on gère la suite. Tu vois, rien de bien compliqué ? » Il était préférable de commencer doucement, il ne fallait pas trop le brusquer, il avait déjà tant donné en ne faisant rien. « Ou alors tu peux être certain que tu pourras dire adieu à ce travail quand le prof aura été mis au courant et tu ne pourras plus t'en prendre qu'à toi-même. » L'autorité et la menace pour tenter de le mettre au travail, autrement dit, Anna dans toute sa délicatesse.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ Anna

J’étais peut-être un peu trop vieux pour ce genre de bêtises, mais il me fallait avouer qu’à l’université, on pouvait trouver aussi bien des étudiants vraiment gamins que des jeunes qui avaient une maturité d’adulte responsable. Cela dépendait vraiment d’une personne à l’autre, mais là, en l’occurrence, j’étais avec une fille assez mûre et responsable pour utiliser son intelligence à bon escient… et puis il y avait l’autre, la troisième roue du carrosse, qui semblait n’être rien de plus qu’un adolescent attardé.

La conversation avec Anna était intéressante mais elle avait raison, nous devions avancer dans le projet. Et il nous fallait pour cela un minimum de concentration pour pouvoir arriver à quelque chose de concluant. Peut-être que nous pourrions envisager de discuter une prochaine fois de ces sujets, mais pour l’heure, il fallait bosser.
Et réveiller l’autre abruti.
Ce qu’il avait sorti comme phrase idiote, quasiment semblable à ce que pouvaient déblatérer des gamins entrant à peine dans la puberté. Cette histoire de « salaire » par rapport au travail fourni… c’était du grand n’importe quoi, un argument qui n’en était pas un. Certains avaient vraiment le quotient intellectuel d’un pamplemousse ! Je me souvenais bien que, un soir d’orage où nous avions fini par nous éclairer à la bougie, j’avais expliqué à mes deux fils à quel point c’était une bonne chose qu’ils puissent aller à l’école, je leur avais parlé de l’époque où seuls les successeurs à la couronne recevaient des enseignements, de régions du monde où l’illettrisme était une vraie catastrophe sociale… Mes fils étaient encore petits, à l’époque, alors ils m’avaient écouté, mais je savais bien que si ça avait dû avoir lieu durant leur adolescence, ils auraient juste monté un peu le son de leur musique pour ne pas avoir à m’écouter.

Comme tout le monde, j’avais mes limites… et ma patience aussi, évidemment. D’ailleurs, Anna me suivit dans ma démarche de « bousculade » de Gonzague, en argumentant un peu plus et en développant mieux ce que j’avais ébauché. Cette étudiante était vraiment une perle rare.
Gonzague grommela, marmonnant dans ses dents que nous n’étions pas drôles et que tout ça le gonflait. Puis il prit ses lunettes dans leur étui et les posa sur son nez. Je ne savais même pas qu’il devait en porter, c’était dire si j’avais souvent vu ce garçon avec un livre devant lui. Et comme il semblait un peu perdu face à la tâche à réaliser, Anna lui confia une mission assez simple qui devait être à sa portée. Et qui n’allait pas nous porter préjudice s’il foirait complètement.

« Parfait ! Et si on bosse bien, petite motivation supplémentaire, je vous offre un verre quand on aura bouclé tout ça. » Peut-être que ça allait permettre de booster un peu notre Gonzague national… c’était le principe de l’âne et de la carotte, très clairement, mais parfois, il n’y avait que ce genre de truc qui fonctionnait. « Si on finit à temps, on pourra même arriver pour l’happy hour au bar à cocktails ! »

Gonzague se plongea aussitôt dans le bouquin, avec une ardeur que je ne l’avais jamais vu arborer. Peut-être que la promesse d’un verre était plus alléchante que celle de valider un semestre.
Je lançai un petit clin d'oeil à Anan. Son discours avait été vraiment très encourageant et le cocktail semblait être un petit plus non négligeable.

« Je pense qu'on a fait le tour pour les statues...» C'était dommage que certaines, comme la statue chryséléphantine de Zeus, par exemple, n'avait pas été retrouvée entière, mais c'étaient là les aléas du temps... « Les bas-reliefs du musée d'Athènes sont plutôt bien analysés dans ce livre-ci. » Je posai un bouquin devant moi, joignant le geste à la parole.

« Anna, tu veux développer l'aspect mythologique ou tu préfères t'en tenir aux traces du passé ? » Les récits de la mythologie, j'en connaissais pas mal, cela ne me dérangeait pas de plancher là-dessus, mais si Anan préférait ce versant du travail, je pouvais aussi bien lui laisser. Honneur aux dames, après tout.

Spoiler:

▿ Date de naissance : 01/06/1998

La patience d'Anna avait atteint ses limites à l'instant où elle était entrée dans cette bibliothèque pour voir l'énergumène qui lui servait d'équipier dans cette histoire. Heureusement, elle n'était pas seule avec lui - jamais elle n'aurait pu se débrouiller seule et jamais elle n'aurait pu se retenir de lui faire manger le livre à défaut de pouvoir lui faire lire. Martin semblait avoir également atteint ses limites. Il essayait donc d'inciter le garçon à travailler. Anna avait tenté de l'aider - ou plutôt, elle n'avait très clairement pas laissé le choix à Gonzague.

Il pestait, oui, mais, au moins, il s'apprêtait à se mettre au travail. Peut-être ne sortirait-il pas le travail de l'année, mais Anna lui avait demandé de faire le minimum, d'effectuer des tâches simples pour éviter qu'il ne bousille tout, mais pour qu'il participe tout de même. « On le mérite. » Ajouta Anna, après la proposition de Martin - sans doute là pour motiver davantage leur coéquipier - un sourire aux lèvres. Eux deux le méritaient clairement plus que Gonzague, mais passons. « Les bons mots pour motiver. » Souffla Anna, amusée, en jetant un coup d'oeil à l'étudiant récalcitrant avant de reposer son regard sur Martin, quand celui-ci avait terminé de parler de l'happy hour - un concept qu'Anna avait découvert en sortant avec des amis, depuis qu'elle était dans ce monde et qui devrait, certainement, motiver cet étudiant. Ce qui fonctionnait puisqu'il se mit immédiatement au travail, avec quelque chose qui aurait presque pu ressembler à de la hâte et de la passion - si seulement il n'avait pas été question de la passion des cocktails.

Avec toute la concentration dont elle était capable, Anna s'était plongée dans les livres afin de faire ce qu'elle avait à faire, de son côté également. Martin supposait qu'ils en avaient fini avec les statues - Anna se contenta d'un signe de la tête pour valider - puis il évoqua les bas-reliefs. Pour ne pas se marcher dessus et faire deux fois le même travail, Anna attendait patiemment que Martin décide de ce qu'il voulait faire et que le travail soit partagé. « Oh... » Souffla-t-elle dans un premier temps, hésitant grandement sur le choix qu'elle devait faire. Ces traces du passé étaient passionnantes et Anna y prenait goût. La mythologie, Anna connaissait moins, mais... C'était tentant et attirant. Elle avait des bases, comme n'importe quel étudiant en histoire, après tout, donc autant s'en servir, non ? « J'aimerais bien m'essayer à la mythologie. Je suis loin d'être une spécialiste, mais c'est l'occasion de m'y plonger, tu ne penses pas ? Puis, si j'ai besoin d'aide, tu es là. » S'il s'y connaissait mieux qu'elle, évidemment. « Mais seulement si, de ton côté, tu n'es pas dérangé par ce que tu dois faire ? Il faut que l'on prenne tous plaisir dans ce que l'on fait, ce serait injuste sinon. » Sauf Gonzague qui ne prendrait, de toute façon, jamais plaisir dans son travail, Anna en était certaine.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

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Martin ξ @Anna d'Arendelle

Dire que reprendre des études était une partie de plaisir, ce serait mentir. Bon, il ne fallait pas non plus dramatiser, je n’étais pas tombé de Charybde en Scylla non plus… Mais il avait fallu changer de rythme de vie, retrouver de vieilles habitudes et en acquérir de nouvelles… Cependant, prendre cette décision avait mis fin au supplice de Tantale que je m’étais trop longtemps imposé, en reportant, encore et encore, ce que j’avais finalement décidé de faire une fois arrivé ici. Si pour certains la lune rouge avait été comme le fait d’ouvrir la boite de Pandore, pour ma part, je voyais vraiment cela comme une deuxième chance, une belle opportunité de vivre mes rêves et de vivre la vie que j’avais toujours eu envie d’avoir. A peu de choses près.
Ce qui avait été le plus compliqué, pour moi, ça avait été de me replonger dans une méthode de travail dont je n’avais pas eu besoin depuis bien longtemps… et j’avais été assez médusé de voir que, si certaines habitudes avaient du mal à revenir, d’autres, en revanche, semblaient n’être jamais parties bien loin. Le tout était désormais de concilier études, boulot et amusement… Ce qui expliquait que bien souvent, le soir, je tombais dans les bras de Morphée sans avoir besoin d’aide alors que lorsque j’étais au Danemark, il n’était pas rare que je doive avoir recours à quelques aides médicamenteuses. C’était l’un des nombreux avantages que je trouvais à mon arrivée ici.

Reprendre des études, cela permettait aussi de rencontrer des personnes que je n’aurais sans doute jamais croisées sans cela. Qu’il s’agisse d’étudiants ou de professeurs, l’université Marshall était un lieu où toutes sortes de gens évoluaient.
La collaboration entre la fac et le musée, par exemple, c’était quelque chose que je n’aurais pas imaginé faire un jour. En tout cas, pas comme ça. Et puis, c’était sympa de rencontrer Anna, qui était en cursus d’histoire également, dans des circonstances plus simples pour bosser et discuter.
Évidemment, nous aurions sans doute choisi un autre troisième larron si nous avions pu, parce que Gonzague était aussi efficace qu’une huître pour avancer dans le boulot. Mais il devait bien avoir des ressources, ce garçon, sinon comment serait-il arrivé à ce stade de ses études ? Alors, il m’était venu l’idée de proposer une récompense, un peu comme le faisait Pavlov avec son modèle du conditionnement. J’avais un peu l’impression d’agiter une croquette sous la truffe d’un chien en proposant d’offrir ma tournée une fois que le boulot serait fait. Mais, Dieu soit loué, Gonzague ne bavait pas pour autant.

J’adressais un sourire à Anna. Elle avait bien compris le but de la manœuvre, évidemment, ce qui me confortait dans l’idée que je me faisais d’elle : une jeune femme intelligente, dotée d’un caractère bien trempé. Le genre de personne avec qui bosser était un plaisir.
« Bingo ! » Gonzague se mit au travail, avec un engouement que je ne lui avais jamais vu ! Je songeais à cet instant que c’était sans doute comme ça que ce garçon avait pu valider toutes les étapes de ses études jusqu’à présent : travailler dans l’urgence, mettre un grand coup au moment opportun… Disons que cela pouvait fonctionner durant un certain temps, mais je ne savais pas du tout comment il allait pouvoir gérer le moment de son mémoire… Un travail de longue haleine comme cela, ça demandait un investissement dès le départ. Bien que pour mon mémoire, au Danemark, je m’y étais mis un peu tard… parce que j’avais légèrement déstabilisé mon sens des priorités, mais ça, c’était une autre histoire.

Mais voir Gonzague se mettre au travail, ça avait quelque chose d’assez agréable. Il avait eu le déclic, il s’était mis à faire ce qu’on lui avait demandé de faire et, selon toute apparence, il faisait même ça plutôt bien. Enfin, j’espérais qu’il faisait ça bien.

Lors du partage des tâches, j’avais préféré laisser le choix à chacun, parce que c’était souvent plus motivant de bosser sur un sujet qu’on choisissait soi-même… et je trouvais l’argument d’Anna assez pertinent.

« Aucun souci pour moi. On va confronter la réalité historique avec le mythe… c’est toujours super intéressant ! » Et puis, dans l’histoire grecque, mythologie et histoire se mêlaient étroitement… même les historiens grecs mélangeaient les deux depuis le début… une façon de faire que les méthodistes n’aimaient pas trop, mais je trouvais toujours très intéressant de confronter les deux points de vue, de chercher quelle réalité historique se cachait derrière des récits légendaires et mythologiques… « D’ailleurs, si tu es d’accord pour le principe, je te propose qu’on commence par la mythologie, pour présenter ce point de vue et, par la suite, on compare avec les traces du passé pour pouvoir démontrer quels faits sont à l’origine des histoires mythologiques…»

Souvent, les histoires des dieux étaient plus connues que les histoires vraies, dans ce genre de contexte. Et les Grecs eux-mêmes en étaient la preuve vivante : la mythologie était une formidable source de connaissances pour qui prenait le temps de creuser le sujet pour déterminer la vérité.

« Gonzague, tu pourras mettre les textes en page pour que ce soit esthétique ? »

Je l’interpellais en lui donnant une tâche qui n’était pas très compliquée, mais dans laquelle un geek comme lui devait pouvoir faire quelque chose de bien. C’était le genre à connaître des subtilités de logiciels que je ne maîtrisais pas à ce point. Et si ça pouvait lui donner une sorte de renforcement positif, ça se prenait.

▿ Date de naissance : 01/06/1998

Gonzague était enfin au travail. Martin et Anna avaient dû y mettre beaucoup d'énergie, tester différentes méthodes, le motiver comme ils avaient pu et ils avaient finalement réussi. Anna avait tenté de l'obliger à travailler, en lui mettant le travail sous le nez, sans lui laisser le choix. Martin, quant à lui, avait utilisé une méthode plus douce et avait soufflé l'idée d'une récompense pour le mettre définitivement au travail. Jamais l'étudiant ne lui avait paru plus motivé qu'à cet instant. A croire que certains étaient incapables de fonctionner autrement qu'avec la perspective d'obtenir quelque chose, une récompense, en échange - ce qui n'était pas un mal, lorsque l'on savait se satisfaire, pour seule récompense, d'une bonne note ou d'un bon travail rendu. Finalement, les méthodes importaient peu, du moment où il se mettait au travail et, mieux encore, où il s'y mettait avec un certain soin - parce que travailler pour faire n'importe quoi ferait perdre davantage de temps à Martin et Anna, il fallait donc espérer qu'il s'y mettait avec un certain sérieux.

Puisque le troisième étudiant était enfin au travail, c'était au tour d'Anna et Martin de s'y remettre. Ils discutaient donc pour déterminer la marche à suivre et la méthode qu'ils utiliseraient, afin de se partager au mieux le travail et que personne ne soit lésé à faire ce qu'il n'aimait pas uniquement. Il avait donc été décidé qu'ils travailleraient ensemble sur la mythologie et sur l'histoire, pour confronter les deux, plutôt que chacun de leur côté. Martin voulait commencer par la mythologie, avant de s'intéresser aux faits historiques avérés grâce auxquels ils pourraient effectuer leurs comparaisons. Anna hocha la tête, ajoutant un simple : « ça me va. » La jeune femme n'était pas bien compliquée, du moment où elle avait le choix et où elle n'était pas la seule à bouger. Puis, comme elle l'avait dit elle-même, même si elle n'était pas une spécialiste de la mythologie, elle y voyait une occasion de vraiment s'y mettre et de découvrir plus en détails cette facette de l'histoire antique.

Une nouvelle fois, son camarade avait confié une tâche à Gonzague, qui acquiesça sans trop de mal et qui, même, étonnamment, s'intéressa à ce qu'ils préféraient pour cette fameuse mise en page - comme quoi, il suffisait de lui donner les bonnes tâches, même s'il devait apprendre qu'on ne pouvait pas toujours faire ce que l'on voulait ou aimait dans la vie. « Je n'y connais rien, je pense qu'on peut te laisser le champ libre ? » Souffla-t-elle en jetant un coup d'oeil à Martin pour avoir confirmation de son côté. Du moment où leur travail était lisible, il pouvait bien faire ce qu'il voulait, n'est-ce pas ?

Puisqu'ils étaient censés commencer par la mythologie, Anna avait sélectionné les ouvrages dans lesquels ils trouveraient plus facilement ce qu'ils cherchaient, pour les mettre d'un côté et mettre de l'autre les livres qui évoquaient davantage les aspects historiques. Après tout, il fallait bien commencer quelque part et ce premier tri serait déjà un gain de temps par la suite. « Par quel mythe veux-tu commencer ? » Il y en avait plusieurs à traiter et il fallait bien commencer quelque part, pour travailler de façon organisée, sans se perdre dans tous les mythes et dans les généralités en même temps.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

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Martin ξ @Anna d'Arendelle

Peu importait l’élément moteur, tant qu’on avançait… C’était un peu la philosophie qu’il fallait avoir pour faire un travail de groupe avec quelqu’un comme Gonzague. Alors si la promesse d’une tournée à mes frais lui permettait de donner le meilleur de lui-même, pourquoi rechigner ? Il s’y mettait enfin et là, c’était vraiment tout ce qu’Anna et moi espérions depuis des heures.
Nous avions de quoi faire et, désormais, nous avions aussi une deadline pour cet après-midi de travail, autre que l’heure de fermeture de la bibliothèque, puisqu’il s’agissait du moment de l’happy hour.
Et comme Gonzague était désormais motivé pour réaliser la mise en page du travail, cela allait nous faciliter la vie. J’étais tout à fait d’accord avec cette façon de bosser.

Travailler en parallèle sur les faits historiques et sur la mythologie, c’était quelque chose de très intéressant. J’aimais cela, bien sûr, et c’était un exercice qui existait avec toutes les cultures, mais comme nous étions en train de travailler sur l’Antiquité gréco-romaine, il était plus simple de ne pas se disperser dans de trop nombreux sujets.

« Que penses-tu de la Guerre de Troie ? C'est un sujet que je trouve fascinant… Les légendes racontent que la Guerre de Troie a été déclenchée par l’enlèvement d'Hélène par Pâris, ce qui a mené à une guerre entre les Grecs et les Troyens… Bien sûr, la plupart des détails de l'Iliade et de l'Odyssée relèvent de la mythologie, mais les archéologues ont découvert des preuves de l'existence de la cité de Troie, ainsi que des traces d'une guerre dans la région au moment supposé de la guerre de Troie. »

Bien sûr, il ne fallait pas trop se disperser non plus dans les préquelles de cette guerre, parce que l’histoire de la pomme de discorde avait été un point de départ qui devait forcément correspondre à autre chose d’un point de vue historique… C'était là que ça devenait plus compliqué. Les dieux et les créatures mythologiques faisaient partie intégrante de ces récits, et il était peu probable qu'ils aient existé dans la réalité. Cependant, les récits mythologiques pouvaient avoir une signification symbolique et refléter des aspects de la société et de la culture de l'époque. Par exemple, Zeus, le roi des dieux grecs, incarnait le pouvoir et la suprématie masculine, tandis qu'Athéna, déesse de la sagesse et de la guerre, représentait l'intelligence stratégique et la bravoure. Ces divinités pouvaient donc être perçues comme des métaphores des valeurs et des aspirations de la société grecque antique. Du moins, c’était comme cela que je voyais les choses…

« La mythologie est une fenêtre fascinante sur la façon dont les anciens peuples interprétaient et donnaient un sens au monde qui les entourait. Elle peut également nous aider à saisir les interactions entre la religion, la culture et l'histoire. »

Dans la bibliothèque, il y avait les ouvrages historiques et ceux qui traitaient des mythologies. C'était l'idéal pour aborder les deux aspects et les comparer.

▿ Date de naissance : 01/06/1998

Anna était fascinée par l'histoire et la mythologie - ce qui pouvait expliquer son choix d'études en arrivant ici - et pouvoir travailler sur l'un et sur l'autre, en faisant des parallèles, lui permettait de satisfaire sa curiosité et de combler ses lacunes dans les deux domaines, tout en travaillant. Anna laissait Martin décider du sujet qu'ils aborderaient d'abord. Ils ne pouvaient évidemment pas travailler sur l'ensemble des mythes, il fallait alors faire des choix et Anna préférait que Martin décide - parce qu'elle ne savait pas choisir et qu'elle était capable de prendre des heures pour rien. Ce dernier proposait donc de travailler sur la Guerre de Troie. C'était un sujet qu'Anna connaissait dans les grandes lignes, comme beaucoup, très certainement. Martin lui faisait un bref résumé des événements en question, qu'Anna écoutait avec attention. « Ce serait parfait, ça correspond parfaitement à ce qu'on souhaite. » Mettre en parallèle des faits historiques avérés avec la mythologie. Cette histoire permettrait ainsi de voir les points communs entre la réalité et le mythe, mais de voir également comment un mythe pouvait naître d'une histoire réelle, d'un événement certain et comment les faits réels pouvaient être transformés pour faire naître des histoires autour des dieux ou d'éléments mystiques. La Guerre de Troie était donc un sujet parfait pour eux.

« Je peux te poser une question ? » Demanda Anna, alors qu'il parlait de l'interprétation que les peuples de l'antiquité donnaient au monde qui les entourait. « Dans ta réalité, peut-être que les dieux n'étaient qu'une représentation de quelque chose et qu'ils n'existaient pas réellement, mais tu crois qu'ils ont existé, quelque part, dans une autre réalité ? » Enfin, c'était ce qu'elle en déduisait le concernant, puisqu'il prenait toujours bien soin de parler de mythologie et non de faits réels. Mais après tout, Anna venait bien d'un monde passé où la magie existait, alors pourquoi pas ? Bien sûr, ce n'était pas le but de leurs recherches, mais la jeune femme s'interrogeait. Anna déviait encore du sujet d'origine, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, même si elle voulait travailler sérieusement, elle ne pouvait s'empêcher de laisser son esprit divaguer et se poser mille questions, fascinée par tout ce qu'ils disaient, découvraient ou lisaient.

Spoiler:

▿ Date de naissance : 12/10/1975

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Martin ξ @Anna d'Arendelle

Il était une fois, dans la belle ville de Copenhague, où je menais une vie plutôt monotone, un homme, moi. J'étais un professeur d'histoire, un peu perdu dans la routine quotidienne, et la passion qui animait autrefois mes cours semblait s'être évaporée.
Un jour, je décidai de changer les choses. Mes amis et moi, nous nous lancions dans une expérience audacieuse, explorant la théorie selon laquelle maintenir un certain niveau d'alcool dans le sang pouvait améliorer la qualité de la vie. Je me souviens, je commençais chaque journée avec une légère ivresse, espérant retrouver la joie et l'inspiration.
Les jours passaient, et je sentais une nouvelle énergie en moi. Mes cours devenaient plus vivants, et mes élèves semblaient plus engagés. C'était comme si un voile s'était levé, révélant les couleurs vives de la vie que j'avais oubliées.
Mais, bien sûr, tout n'était pas rose. Il y avait des moments où la réalité me rattrapait, où les conséquences de mes actions devenaient évidentes. Je perdais parfois le contrôle, et la douleur de mes choix imprudents me frappait de plein fouet.
Cependant, malgré les hauts et les bas, je cherchais à comprendre la véritable essence de la vie, à retrouver la passion et la joie qui m'avaient autrefois animé. Je dansais, je riais, je vivais pleinement chaque instant, même si, au fond, je savais que cette quête pouvait me conduire à ma perte.
Finalement, je réalisais que la vie était un équilibre délicat, un mélange de joie et de tristesse, de réussites et d'échecs. Et même si l'expérience était tumultueuse, elle m'enseignait une leçon précieuse sur la valeur de chaque moment passé sur cette terre.

Quant à la suite… Mon arrivée ici, ma nouvelle vie, mes nouveaux amis, mes nouveaux projets… Je m’y habituais peu à peu et, honnêtement, je me sentais plutôt bien dans cette nouvelle existence.
Ah, la Guerre de Troie, un récit riche et complexe, un mélange de mythes et de réalités, où les dieux et les hommes se mêlaient dans une danse éternelle de destin et de libre arbitre. Je me souviens, je parlais avec passion de ce récit épique, décrivant les héros et les dieux, les amours et les trahisons, les victoires et les défaites.
Anna, avec ses yeux brillants de curiosité et d'intérêt, écoutait attentivement chaque mot, chaque détail de cette histoire ancienne. Elle semblait fascinée par la possibilité de parallèles entre le mythe et la réalité, entre le divin et l'humain.
Quand elle me posa cette question sur l'existence des dieux, je sentis une étincelle de curiosité et de réflexion dans ses yeux. « Anna » dis-je avec un sourire, « le monde est plein de mystères et de merveilles. Qui sommes-nous pour dire ce qui est réel et ce qui ne l'est pas ? Les dieux, les mythes, ils sont peut-être des reflets de nos désirs, de nos peurs, de nos espoirs. Ils sont peut-être des façons pour nous de donner un sens à ce monde chaotique. »

Je regardais Anna, et je voyais en elle une soif de connaissance, une passion pour l'inconnu. « Dans chaque mythe, dans chaque légende, il y a une part de vérité, une étincelle de réalité. Les dieux peuvent ne pas exister dans notre monde tangible, mais ils vivent en nous, dans nos cœurs, dans nos esprits. Ils sont les symboles de notre quête éternelle de compréhension et de connaissance. »

Je souriais, me perdant dans les possibilités infinies de l'univers. « Peut-être, dans une réalité différente, les dieux marchent parmi nous, guidant nos pas, partageant nos joies et nos peines. Peut-être que dans un monde parallèle, la magie est aussi réelle que l'air que nous respirons. »

Je regardais Anna, ses yeux pleins de rêves et de questions, et je savais que notre quête de connaissance et de vérité était loin d'être terminée. Ensemble, nous explorions les confins de l'histoire et de la mythologie, cherchant à démêler les fils du destin et à comprendre les mystères de l'univers. Et qui sait, peut-être qu'un jour, nous découvririons la véritable essence des dieux et des mythes, et nous comprendrions enfin notre place dans ce vaste et mystérieux cosmos.

▿ Date de naissance : 01/06/1998

Par nature, Anna était particulièrement curieuse. Elle aimait tout connaître et tout savoir. Elle aimait poser des questions et elle était capable d'écouter longuement les réponses à ces dernières. Ce monde n'avait fait qu'accentuer ce trait de caractère chez elle. Il y avait tellement à découvrir ici, tellement à comprendre. Il y avait des gens d'univers très différents, des gens qui connaissaient des choses qu'Anna n'était même pas capable d'imaginer ou de concevoir. C'était un univers riche et complet. Un univers fascinant. Un univers où tout lui paraissait possible. Elle avait l'impression que ce qui était impossible chez l'un était monnaie courante chez l'autre. Alors, tout naturellement, elle se questionnait à propos de ces histoires de mythes et de réalités. Si, pour certains, les dieux n'étaient qu'un mythe, pour d'autres ne pouvaient-ils pas être une réalité ? Après tout, pour beaucoup la magie n'était qu'un mythe, mais pour elle, il s'agissait bel et bien de la réalité.

Ces questions la fascinaient parce qu'elles étaient la preuve de la diversité de ce monde. Puis, elles remettaient en question une grande partie du travail qu'ils effectuaient. Pouvaient-ils parler des mythes, inspirés par l'histoire, quand ces mêmes mythes avaient peut-être étaient la réalité pour certains, ici ? Ne serait-ce pas, quelque part, une sorte de mensonge ? Même si c'était également la réalité pour ce monde - enfin, ils supposaient - et pour d'autres. C'était toute cette complexité qui rendait la chose si intéressante, si intrigante, si passionnante.

A ses questions, Martin répondait sans s'agacer de ses divagations et de son manque de concentration. Au contraire, même, il prenait le temps de développer son point de vue, de lui répondre avec gentillesse et précision. Il lui montrait à quel point les choses pouvaient être différentes d'un monde à l'autre, d'une conception à l'autre, d'un point de vue à l'autre. Ils n'étaient personne pour dire ce qui existait ou non, pour dire ce qui était possible ou non, évidemment. Ils n'étaient que deux humains, deux étudiants, qui cherchaient des réponses à leurs questions, qui cherchaient à percer les mystères d'un univers bien trop grand et bien trop complexe pour eux. Les dieux, les mythes, les histoires pouvaient être tellement de choses. Son collègue de travail en évoquait certaines : le besoin de s'expliquer l'inexplicable, le besoin de trouver des réponses à ses questions, le besoin de justifier certaines choses, l'envie et la nécessité de se raccrocher à quelque chose dans les pires moments pour retrouver un peu de sérénité et de calme, le besoin de comprendre... Oui, ils pouvaient être tellement de choses. Ils pouvaient même être la réalité. Une réalité concrète, pour certains, une réalité oubliée, pour d'autres. « Si nous trouvions quelqu'un qui pouvait confirmer nos dires, quelqu'un pour qui ces dieux et ces mythes auraient été la réalité... » Anna parlait à voix haute, mais elle rêvait plus qu'autre chose. Elle imaginait la confrontation de ces deux mondes. Celui où les mythes n'étaient que des mythes, des reflets du passé, des peurs ou des besoins d'expliquer des choses inexplicables, et celui où les mythes n'étaient pas des mythes, mais la réalité. Elle rêvait d'entendre quelqu'un lui raconter qu'il avait côtoyé les dieux, quelqu'un lui raconter comment ils étaient et à quel point ils étaient différents - ou, au contraire, identiques - d'eux.

« La magie existe, tu sais. » Avait-elle fini par dire, sans tellement réfléchir, absorbée par cette conversation et par ses rêves. Si Anna ne pouvait pas prouver la présence et l'existence de ces dieux antiques, elle pouvait assurer que la magie était réelle dans ce monde et dans d'autres - le sien, notamment. « Même dans ce monde, elle existe. » Anna en avait déjà été témoin, ce monde regorgeait de magie. Leur seule présence ici n'en était-elle pas la preuve ? Les événements étranges qui se déroulaient, n'en avait-il jamais été témoin ou victime ? N'était-ce pas des preuves suffisantes de l'existence de la magie ? Anna était convaincue que la magie était partout autour d'eux. Tout le temps. Qu'elle régissait leur vie dans cet endroit étrange. Et elle était tout aussi convaincue que dans bien des univers, la magie était l'essence de la vie, qu'elle en faisait entièrement partie. Après tout, elle était plutôt bien placée pour en parler. Sa soeur n'était-elle pas une magicienne ? Ne possédait-elle pas le don de contrôler la glace ? Leur monde n'était-il pas dirigé par les éléments ? N'existait-il pas des esprits de la Terre, des géants ? Du feu ? Alors, Martin allait peut-être trouver ses affirmations étranges et, peut-être, la trouverait-il étrange, elle, mais si elle avait bien une certitude, c'était celle-ci : la magie existait.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

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Martin ξ @Anna d'Arendelle

Alors que nous étions assis l'un en face de l'autre à cette vieille table en bois, dans l’atmosphère studieuse de la bibliothèque, je sentais le poids des regards curieux des autres étudiants. Anna, avec sa soif incessante de connaissances, me faisait part de ses réflexions profondes sur les mythes et les réalités. Elle avait cette capacité unique de voir au-delà des apparences, de questionner l'évidence, et cela m'intriguait autant que cela me stimulait intellectuellement.
Je lui répondis alors, avec cette légère pointe de mélancolie dans la voix qui me caractérise : « Tu sais, Anna, la frontière entre mythes et réalités est bien plus fine qu'on ne le pense. » Je laissais mes pensées dériver sur le cours de l'histoire, comme les feuilles d’automne qui tombent doucement au sol, emportées par la brise. « Dans le passé, les gens avaient besoin de croire en quelque chose de plus grand qu'eux, quelque chose qui pouvait donner un sens à leur existence. Les dieux, les légendes, tout cela faisait partie intégrante de leur réalité. Et aujourd’hui… beaucoup ne croient plus en rien. On est dans une société où même croire en soi est devenu compliqué. »
Anna me regardait attentivement, buvant mes paroles comme une potion mystérieuse. Je continuais, me laissant emporter par le sujet. « Et qui sommes-nous pour dire que ce n'était que des histoires ? Peut-être que ces dieux étaient aussi réels pour eux que l'air que nous respirons. Peut-être que, quelque part, dans l’ombre d’une nuit noire, ces êtres divins se cachent encore, tels des fantômes du passé, attendant que quelqu'un croie à nouveau en eux. »

Je souris légèrement, me perdant un instant dans la contemplation de l’écureuil qui sautillait dehors, à travers la fenêtre. C’était le genre de conversation qui ouvrait tant de possibilités ! Une immensité qui avait pu remplir d’effroi de nombreux penseurs d’antan…

Je regardais attentivement Anna alors qu’elle partageait avec moi ses convictions profondes. Le sujet avait dérivé vers quelque chose de bien plus mystique et intriguant. Elle parlait avec tant de passion et de certitude que je ne pouvais m’empêcher d’être captivé.
« Martin, la magie existe, tu sais. » Elle avait prononcé ces mots avec une telle assurance que j’en avais presque eu des frissons. « Même dans ce monde, elle existe. »
Je la scrutais, intrigué, attendant qu’elle continue à détailler sa pensée. Ou qu’elle m’apporte une preuve quelconque ou un témoignage de ce qu’elle avançait.

« La magie... elle est partout autour de nous, non ? Elle est dans le souffle du vent, dans le grincement des branches des arbres, dans l'éclat d’un champignon au cœur de la forêt. Elle est dans ces moments où tout semble perdu, et soudain, tout s’éclaire.» Je prenais le sens du mot dans une acception très large, ne songeant pas un instant à de la magie réelle.
Je marquai une pause, regardant autour de nous, comme si je m’attendais à ce que la magie se manifeste à cet instant précis. « Regarde cette bibliothèque, Anna. Regarde ces livres. Chacun d'eux est un trésor de connaissances, un morceau de magie préservé à travers les siècles. Et nous sommes ici, à déchiffrer ces mots, à essayer de comprendre, de ressentir cette magie. »
Mon côté épicurien se manifestait peu à peu, aussi, dans cet émerveillement qui me rendait bavard. « Et si la magie était simplement la capacité de croire, de rêver ? Si elle était cette force qui nous pousse à chercher, à explorer, à ne jamais nous satisfaire de la simplicité des apparences ? » Je m’expliquais la magie comme une fascination, une curiosité, un mouvement inconscient vers l’émerveillement… « La magie, c’est la quête perpétuelle de la vérité, c’est l’aventure éternelle de l’esprit humain. C’est ce qui nous rend vivants, ce qui donne un sens à notre existence. »

Mais les mots et le regard d’Anna ne semblaient pas résonner de la même manière. Je restais silencieux un instant, repensant à ses paroles. C’était comme si un voile se levait, révélant une nouvelle dimension que je n’avais jamais vraiment considérée.
« Attends… on ne parle pas de la même magie, c’est ça ? »
Et comme un bateau à la dérive, voilà que mes pensées prirent d’autres directions.
« Alors, selon toi, les mythes et les légendes pourraient être... réels ? » Je sentais mon esprit s’ouvrir, accueillant cette nouvelle perspective. « Et peut-être que la magie, c’est un peu comme un fantôme, tu ne penses pas ? Elle est là, autour de nous, mais on ne peut la voir que si on y croit vraiment.»

Tout cela, c’était un peu comme un immense puzzle… chaque morceau avait sa place, chaque légende, chaque histoire… Il suffisait peut-être de les assembler pour voir la vérité.
Fasciné, je réalisais que l’univers était bien plus grand et mystérieux que je ne l’avais jamais imaginé.
Peut-être qu’après tout, les squelettes dans nos placards n’étaient pas que des métaphores. Peut-être que la magie était le grincement mystérieux dans la nuit noire, le champignon étrange dans la forêt enchantée, l’écureuil qui semblait vous observer avec une compréhension surnaturelle.
Et tandis que l’orage grondait au loin, comme pour souligner la puissance de nos révélations, je sentis une connexion profonde avec Anna. Nous étions deux âmes en quête de vérité, deux esprits ouverts à l’infini des possibilités.
La bibliothèque, avec ses livres poussiéreux et ses décorations anciennes, semblait presque hantée par les esprits des penseurs d’autrefois, comme si elle approuvait notre conversation, notre quête de connaissance.

▿ Date de naissance : 01/06/1998

Anna oubliait presque tout du travail qu'ils devaient faire, absorbée par ses pensées et par ses rêves. Il lui était bien trop facile de se perdre dans ses rêveries et d'oublier la réalité qui l'entourait. Anna n'avait plus envie que d'une chose désormais : trouver quelqu'un qui pourrait attester de l'existence de ces dieux, quelqu'un qui pourrait attester la véracité de ces mythes. Pas simplement quelqu'un qui y croyait, non. Quelqu'un qui l'avait vécu. Quelqu'un qui en avait été le témoin ou l'acteur. Comme il deviendrait plus passionnant encore de discuter de tout cela avec quelqu'un qui avait des connaissances réelles sur la période - et pas seulement des connaissances issues de livres, d'archéologie ou d'histoire. Martin aimerait tout autant cela, elle en était persuadée. Il n'y avait qu'à voir comment les deux se passionnaient de ces choses pour s'en convaincre - ils en oubliaient même leur autre collègue, concentré à sa tâche pour une fois.

Anna ne doutait pas de la minceur de cette frontière. Frontière qui n'existait peut-être même pas du tout dans certains mondes. Ce besoin de croire, Anna le comprenait. On donnait des noms aux événements qu'on ne savait pas expliquer pour leur donner une explication, pour leur donner un sens. Et le monde finissait par tourner autour de ça, de ce besoin d'expliquer le monde et ses phénomènes, de ces divinités que l'on créait pour ça. Dans les mondes où les divinités n'étaient que ça, en tout cas. Anna était persuadée que, dans d'autres mondes, les divinités étaient réelles. « Je pense qu'à notre façon - si ces dieux ne sont que le reflet de ce que les anciens avaient besoin d'expliquer - nous continuons à faire la même chose. Simplement, nous n'en faisons plus des dieux. Mais combien explique ce qu'ils ne peuvent pas rationnellement expliquer par la chance ? Le hasard ? Le destin ? C'est un peu la même chose, au fond. » Ou toutes ces choses qui n'avaient aucune explication rationnelle, mais qui, pourtant, faisait partie de la façon de penser de beaucoup de monde. On ne croyait peut-être plus aux dieux comme autrefois, mais on croyait. A d'autres choses. Différentes. « D'une certaine façon, ils existent toujours. » En considérant qu'ils n'existaient que lorsque les gens pensaient à eux, croyaient en eux, et n'avaient pas d'existence réelle et physique. « On ne les a pas oubliés. » Ils étaient dans les livres d'histoire, ils étaient dans nos mythes et légendes, ils étaient réadaptés pour nos sociétés modernes... Jamais ils n'avaient été oubliés. Et ça, ce n'était que dans l'hypothèse où ces dieux n'étaient que des inventions de l'esprit pour expliquer l'inexplicable. Dans le cas où ils étaient réels... Les choses étaient différentes.

Et pourquoi n'existeraient-ils pas, après tout ? Peut-être pas dans tous les mondes, dans tous les univers, dans toutes les réalités, mais dans certaines ? Après tout, la magie existait. Pourquoi pas les dieux ? Anna, sans réfléchir, avait prononcé ces quelques mots à propos de l'existence de la magie. Absorbée, pensive, rêveuse, elle avait parlé avant de prendre conscience de ce qu'elle était en train de dire. Alors, elle n'ajoutait rien - supposant qu'il prendrait ça pour une folie ou pour une évidence, vu le monde dans lequel ils évoluaient tous désormais.

Martin, alors, ne comprenait pas le terme magie de la même façon qu'Anna. Il voyait la magie, du côté merveilleux de la chose, de ce qu'on voyait avec admiration ou avec crainte, de ce qu'on pouvait trouver beau, extraordinaire ou intrigant. Cette vision des choses faisait sourire Anna, parce qu'elle était belle. C'était une si belle chose de pouvoir voir de la magie en chaque chose. Dans ces livres, dans la nature, dans chaque chose qui naissait, grandissait et disparaissait. Cependant, Anna ne parlait pas de cette magie. Elle parlait de la magie des contes et des histoires, de celle qui permettait de faire des choses incroyables ou de dépasser les limites de l'être humain. Pourtant, Anna ne disait rien. Elle le laissait parler et elle l'écoutait. « J'aime ta façon de voir les choses. » Souffla-t-elle simplement. Elle s'apprêtait à répondre à toutes les interrogations, à toutes les questions, à tout ce qu'il venait de formuler, mais il avait repris la parole le premier, après qu'ils avaient été silencieux tous les deux, un bref instant.

Il avait compris. Il avait compris qu'il n'y avait pas qu'une magie. Une magie qui existait partout, en tout lieu et en tout temps. Une magie que chacun pouvait maîtriser et admirer. Il avait compris qu'il y avait plus. Qu'Anna parlait de plus. « Oui. » Se contenta-t-elle de dire lorsqu'il lui demanda s'ils ne parlaient pas, en réalité, de la même magie. Elle n'ajoutait rien parce qu'elle voyait que son esprit divaguait. « Pas dans tous les univers, pas dans tous les mondes, mais selon moi, la magie, au même titre que les mythes et les légendes, sont aussi réels que toi et moi. » Expliquait-elle pour donner son point de vue. « Je pense que dans certains univers, les dieux sont aussi réels que toi et moi. Je pense qu'ils ont une véritable existence physique et qu'ils ne sont pas seulement le reflet de ce besoin d'expliquer le monde et ses phénomènes. Et peut-être que dans ces univers où ils ne sont que ça... Peut-être qu'ils sont un écho de ces autres mondes où ils sont réels. » Dans ces autres mondes, peut-être que s'ils ne sont pas réels, ils sont l'écho d'un monde où ils le sont. « Nous sommes tous arrivés ici comme par magie, nous venons tous d'univers, de mondes, d'époques différentes... Et, désormais, nous ne formons plus qu'un seul et même univers. » Toutes les croyances ne faisaient plus qu'une. « Mais peut-être que nos univers à tous ont toujours été liés, d'une certaine façon. » D'où ces échos. Peut-être partait-elle trop loin ou peut-être n'était-elle pas très claire, mais elle réfléchissait tout en parlant, difficile, donc, de mieux structurer son propos.

« C'est peut-être ça. Peut-être qu'il faut accepter d'ouvrir suffisamment son esprit pour pouvoir apercevoir la magie qui nous entoure. Pas seulement comme le beau ou l'effrayant qui nous entoure, mais bien comme quelque chose de réel, comme quelque chose de concret. Aujourd'hui, nous voulons tout expliquer de façon rationnelle et scientifique, mais peut-être que tout ne s'explique pas toujours ainsi. Pas comme nous l'entendons, en tout cas. » Pas dans tous les mondes. Dans son monde, les esprits dirigeaient une forêt enchantée. Rien de scientifique - au sens de scientifique dans ce monde-ci, en tout cas - ne pouvait l'expliquer. « Peut-être parce qu'on a peur d'accepter que tout ne s'explique pas toujours, qu'il faut accepter que des choses sont encore inexplicables et, surtout, peut-être qu'on doit accepter que ce n'est pas parce qu'on ne voit pas quelque chose que ça n'existe pas. » Souffla-t-elle après avoir cessé de parler un instant pour écouter l'orage qui approchait. Beaucoup ne voyaient pas la magie, pour autant, pouvions-nous assurer avec certitude qu'elle n'existait pas - puisque Anna avait la preuve de son existence, par exemple ? On pouvait prouver le visible, mais jamais affirmer que l'invisible n'existait pas - seulement, que nous n'en avions pas conscience. Pendant longtemps, Anna avait vécu entourée de magie sans jamais s'en rendre compte, par exemple. Pourtant, la magie existait.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ @Anna d'Arendelle

Si Anna se perdait facilement dans ses pensées, que devrais-je songer, pour ma part ? J’étais tout aussi facilement dispersé… une idée en entrainait une autre très aisément et le fil des pensées s’enchainait, de développait, se ramifiait… Ce n’était pas quelque chose de toujours très évident à gérer parce que je pouvais partir à des kilomètres du sujet de départ en très peu de temps et pour me suivre, parfois, c’était un vrai casse-tête. Mais ce qui était génial, c’était de voir que ma collègue pour ce travail avait, elle aussi, un esprit aussi arborescent, elle avait le même genre d’envolée sauvage au niveau des idées et cela me donnait l’impression d’être sur la même longueur d’ondes qu’elle…
Je sentais l'orage se rapprocher, comme un prélude à la révélation que ces échanges avec Anna apportaient. J'étais là, assis face à elle, captivé par la profondeur de sa pensée, par l'éclat de ses yeux qui reflétaient un monde d'idées et de croyances. La bibliothèque nous enveloppait de son silence séculaire, un sanctuaire pour nos esprits en quête de vérité.
« Anna, » commençais-je, ma voix prenant une tonalité réfléchie, « tu as raison. La réalité de chacun est façonnée par ce qu'il croit, par ce qu'il voit, par ce qu'il ressent. » Je pris une pause, laissant mes yeux se perdre un instant dans le labyrinthe de livres qui nous entourait. « Dans notre monde, dans notre réalité, nous sommes conditionnés à ne croire que ce que nos yeux voient, ce que nos mains touchent. Mais qui sommes-nous pour dire que ce que nous ne pouvons voir n'existe pas ailleurs ? »

Je levais les yeux vers Anna, écoutant avec attention ses paroles emplies de conviction et de mystère. L’orage qui se rapprochait semblait accompagner notre conversation, lui donnant une dimension presque surnaturelle. Son idée que les divinités et la magie pourraient être réelles dans certains univers me fascinait.

« C’est une perspective étonnante, Anna », dis-je doucement, mes pensées bourdonnant comme une ruche d’abeilles.

Je me plongeais dans ses yeux, cherchant à comprendre la profondeur de ses croyances.
« Tu sais, je n’ai jamais vraiment pensé à l’existence réelle des dieux. Pour moi, ils étaient des créations, des métaphores pour expliquer l’inexpliqué. Mais ton idée... elle ouvre des horizons insoupçonnés. »

Je prenais une pause, réfléchissant à ses mots.
« Dans ton monde, la magie est une réalité tangible, n’est-ce pas ? Tu parles d’esprits qui dirigent une forêt enchantée. » Je m’imaginais ce monde, où la magie n’était pas seulement un concept, mais une force palpable. « C’est fascinant. Dans mon univers, la magie est plus une question de perception, de voir le merveilleux dans l’ordinaire. Mais ce que tu décris... c’est un monde où le merveilleux est l’ordinaire. »
Et si notre univers, notre réalité, n'était qu'une infime partie d'un ensemble bien plus vaste ? Un ensemble où la magie et les dieux ne sont pas de simples contes pour endormir les enfants mais des vérités aussi réelles que l'air que nous respirons ?
Je me perdais un instant dans la contemplation de la pluie qui commençait à tambouriner contre les fenêtres de la bibliothèque.
« Et si... et si les univers étaient connectés d’une manière que nous ne comprenons pas encore ? Si nos croyances, nos mythes, étaient des échos de vérités d’autres mondes ? » L’idée était vertigineuse.

Je me tournais vers elle, animé par un nouvel enthousiasme.
« Imagine, Anna, si nous pouvions prouver l’existence de ces mondes, de ces dieux... Ce serait une révolution dans notre compréhension de l’univers ! Peut-être même dans notre façon de vivre. »

Je me penchais en avant, captivé par notre échange.
« Et tu as raison sur un autre point. Nous vivons dans un monde obsédé par l’explication rationnelle. Mais la vérité, c’est que le mystère est partout autour de nous. Et peut-être que notre erreur, c’est de croire que tout doit être expliqué, mesuré, compris. Peut-être que certaines choses, comme la magie, comme les dieux, existent simplement... au-delà de notre compréhension.»

Je souris, pensif.

« Cela me rappelle un vieux proverbe : ‘Pour celui qui croit, aucune preuve n’est nécessaire. Pour celui qui ne croit pas, aucune preuve n’est suffisante.’ Peut-être que la clé est là. Dans la croyance. Pas dans le sens religieux du terme, mais dans l’ouverture à l’inconnu, à l’inexplicable. »

La pluie s’intensifiait, créant une atmosphère intime et isolée dans la bibliothèque.
« Tu sais, Anna, tu m’as ouvert les yeux sur tant de choses aujourd’hui. Je me sens... éveillé, d’une certaine manière. Comme si je venais de découvrir une nouvelle dimension de l’existence. »

Je me levais, me déplaçant vers la fenêtre pour observer l’orage.
« Et si nous étions à l’aube d’une nouvelle ère ? Une ère où la magie, les dieux, toutes ces choses que nous pensions être des contes de fées, étaient en réalité une partie fondamentale de notre réalité ? » Je me tournais vers elle, les yeux brillants d’excitation. « Anna, je pense que nous avons beaucoup à explorer. Ensemble. Il y a tant de mystères à dévoiler, tant de vérités à découvrir. Et je suis impatient de le faire à tes côtés. »

La bibliothèque semblait vibrer d’une énergie nouvelle, comme si les vieux livres murmuraient leurs secrets à ceux qui étaient prêts à écouter.
Je me rassis, mes yeux brillants d'un mélange d'espoir et de curiosité. Anna avait allumé une étincelle en moi, une soif de connaissance et de découverte que je ne pouvais ignorer.
L'orage éclatait au-dehors, ponctuant nos paroles d'éclairs et de tonnerre. C'était comme si les éléments eux-mêmes se faisaient l'écho de notre conversation, de notre passion pour l'inexploré, pour l'inconnu.

▿ Date de naissance : 01/06/1998

Si Anna était de nature bavarde, elle évoquait, en revanche, assez peu ses pensées les plus profondes comme elle était en train de le faire. La magie et les mystères avaient toujours fait partie de sa vie, mais dans ce monde elle avait découvert des mythes et des histoires qui dépassaient tout ce qu'elle avait pu s'imaginer. Pourtant, elle était prête à croire en tout. Elle était prête à croire en l'existence de chaque chose. N'était-elle pas la preuve vivante que tout pouvait être possible ? Dans ce monde, beaucoup n'avaient jamais eu connaissance de la magie et, pourtant, la magie avait bel et bien existé chez elle. Les autres mondes avaient certainement leurs particularités. Si on les prenait pour des mythes ou des légendes, ce n'était peut-être que parce qu'on ne savait pas ouvrir les yeux sur ce qui n'avait pas toujours fait partie de notre vie ?

Les hypothèses et les divagations d'Anna ne semblaient pas déplaire à Martin qui l'écoutait avec une attention toute particulière et qui semblait particulièrement intéressé par ce qu'elle racontait. Il lui donnait raison sur certaines choses, argumentait sur d'autres. C'était une discussion agréable et constructive - ce qui n'arrivait pas si souvent, il fallait le dire. La réalité n'était qu'un concept abstrait, limité par ce que nous étions capables ou prêts à entendre, à accepter. Et il existait tellement de réalités différentes dans un monde comme celui-ci, qu'il était impossible de définir une vérité et de ne se tenir qu'à celle-ci. « Exactement ! Nous ne sommes personne pour dire à quelqu'un que ce qu'il a pu vivre, que ce qu'il a pu croire, est faux. Chaque réalité est différente et nous devons accepter que nous ne pouvons pas tout voir et tout connaître. » Répondit-elle avec une passion démesurée dans la voix, tant elle vivait cette conversation - l'ambiance y aidait grandement - intensément.

Entrant davantage dans les détails, la jeune femme tentait de lui expliquer une autre de ses hypothèses. Chaque réalité avait ses particularités, alors pourquoi certaines choses, comme les dieux ou les mythes, ne pouvaient pas être réelles dans d'autres réalités ? Longtemps, la magie n'avait pas semblé exister dans ce monde, puis elle était réapparue, mais si la magie n'avait jamais existé dans cette réalité, cela n'aurait pas voulu dire, pour autant, que la magie n'était qu'une croyance puisqu'Anna, dans son monde à elle, y avait été confrontée. C'était valable pour d'autres choses, elle en était persuadée.

Il y avait une certaine fierté en Anna d'entendre cet homme lui dire que si jusqu'à présent il n'avait jamais pensé de cette façon, il était désormais prêt à l'imaginer. Il ne se lassait pas de l'écouter, comme elle ne se lassait pas de l'écouter. Ils s'offraient des hypothèses, des idées. Ils s'ouvraient à l'inconnu, à l'inexpliqué. Les pensées d'Anna se perdaient, allaient dans tous les sens, mais elle ne le regrettait pas. Son esprit travaillait comme rarement et cette conversation la passionnait sincèrement.

En revanche, lorsqu'il avait évoqué la magie dans le monde d'Anna, cette dernière avait baissé les yeux un instant. Jusqu'où avait-elle le droit de parler de tout ça, sans mettre en danger sa soeur qui refusait que l'on parle de tout ça ? Mais, après tout, si elle n'évoquait pas Elsa, cette dernière ne prenait aucun risque, n'est-ce pas ? « Oui. Elle existe. » Se contenta-t-elle alors de répondre, dans un premier temps, prête à répondre à d'autres questions s'il en avait. « J'ai compris que pour beaucoup la magie avait une autre signification, qu'elle n'existait que dans les livres et les contes ou qu'elle était en toute chose, dans tout ce qui existe... » Avec le temps, Anna avait pu voir différentes perceptions de la magie et toutes se valaient puisqu'elles étaient toutes liées aux croyances et aux mondes différents, mais la magie, celle des contes pour enfants, existait bel et bien à la façon de ces derniers, Anna en était la preuve.

Anna supposait que les univers pouvaient être liés entre eux, offrant des échos les uns aux autres, ce qui serait réel chez l'un, ne serait plus qu'un lointain écho créant un mythe chez l'autre. Bien sûr, tout n'était qu'hypothèse, rien ne pouvait être confirmé, parce qu'elle n'avait pas la moindre preuve. « Ce serait merveilleux de pouvoir prouver tout ça ! » Evidemment qu'il serait merveilleux de prouver leurs théories de réalités différentes qui étaient liées, entremêlées, qui se répondaient par des échos... mais comment pourraient-ils prouver ce genre de choses ? Ils avaient les idées, pas les compétences ou les moyens nécessaires, malheureusement. « Tout serait différent ! Chacun pourrait s'ouvrir à l'autre d'une manière totalement nouvelle, tellement de choses pourraient être expliquées de cette façon, on pourrait comprendre l'origine de tellement de croyances... » Anna se laissait emporter par ce rêve, les yeux brillants comme une enfant, émerveillée, à qui l'on offrait un cadeau dont il rêvait.

Ce monde ne se construisait qu'à partir de raisons rationnelles, prouvées. Tout ce qui n'était pas prouvable par la science n'existait pas, aux yeux de beaucoup. Anna avait une vision bien différente de celle-ci. A ses yeux, ce qui ne pouvait pas être prouvé n'était pas automatiquement inexistant... Il n'était simplement pas prouvé. Il était facile de prouver le visible, impossible d'assurer que l'invisible n'existait pas, en revanche. Les mystères, les choses difficiles à comprendre... Peut-être qu'il ne fallait pas chercher l'explication là où on la cherchait toujours, peut-être que la science n'était pas capable de tout expliquer, peut-être qu'il fallait accepter l'inconcevable pour évoluer et avancer ? Une fois encore, ils partageaient ce point de vue. Martin lui partageait alors un proverbe qu'elle ne connaissait pas, mais qui lui semblait tellement répondre à tout ce qu'ils étaient en train de dire. Il fallait accepter de croire. Sans preuve. Sans raison. Il fallait apprendre à croire à l'inimaginable parce qu'il existait, peut-être pas ici et maintenant, mais dans une dimension autre... Pourquoi pas ? « Accepter de croire à ce que l'on ne voit pas ou à ce que l'on ne peut pas expliquer, c'est... Terrifiant. C'est une sorte de saut dans l'inconnu, c'est changer radicalement sa façon de penser pour beaucoup, mais je pense que c'est ce que chacun devrait chercher à atteindre. » Parce qu'ainsi, chacun serait prêt et capable de croire l'autre, d'accepter que ce qu'il ne connaît pas existe et d'accepter l'autre et les particularités qui faisaient ce qu'il était. « C'est l'une des discussions les plus intéressantes que j'ai eue depuis mon arrivée ici. » Souffla-t-elle alors qu'il lui avouait qu'elle venait de lui ouvrir les yeux sur beaucoup de choses. L'un et l'autre venaient de se donner à réfléchir sur beaucoup de choses.

Alors qu'il s'était redressé pour se rapprocher de la fenêtre, Anna n'avait pas bougé. Elle se contentait de l'observer et d'attendre. La pluie et l'orage rendaient ce moment particulier, presque mystérieux. « Ce monde... C'est une malédiction autant qu'un cadeau. » Parce qu'il les privait de leurs proches, de leurs dons, de leur monde, mais, en échange, il leur offrait une infinité de possibilités, il leur ouvrait les yeux sur bien des choses, leur permettait de découvrir l'inconnu. « C'est lui qui permet tout ça... Dans cette réalité, celle qui est la nôtre aujourd'hui, je sais que tout peut coexister, comme si tous les univers avaient fini par fusionner pour ne plus former qu'un. » Expliquait-elle avec ses mots, trouvant difficile d'exprimer plus clairement le fond de sa pensée. Mais, aujourd'hui, dans ce monde, rien n'était plus impossible. « Vraiment ? » Demanda-t-elle bêtement. Il était prêt à découvrir les secrets de cet univers avec elle, à supporter ses hypothèses peut-être délirantes et ses longues divagations ? Après tout, il semblait atteint du même mal - il n'y en avait clairement pas un pour rattraper l'autre, mais ce n'était certainement pas un mal, en réalité. « Je suis heureuse de voir que tu es capable d'accorder du crédit à mes hypothèses. » Parce qu'elle n'en parlait jamais vraiment, elle se racontait ces histoires à elle-même. Pourtant, avec lui, elle avait senti cette même détermination à comprendre, cette même passion pour l'inconnu, ce même besoin de comprendre et elle s'était livrée facilement. Et elle était heureuse de voir qu'il ne la prenait pas juste pour une gamine qui rêvait un peu trop. « Ça nous demandera du temps - beaucoup de temps, même - mais on trouvera des réponses à toutes ces questions, j'en suis certaine. » Parce qu'ils étaient guidés par une motivation incroyable et une soif de découverte qui dépassait de loin celle de beaucoup. Ensemble, ils tenteront de percer les mystères de cet univers et de tous les autres. Ils n'auront jamais toutes les réponses à toutes les questions, mais peut-être pourront-ils ouvrir des portes pour ceux qui les suivront un jour ?

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ @Anna d'Arendelle

Je n’avais jamais été fermé d’esprit ou réticent à l’idée de m’ouvrir à d’autres choses que ce que je connaissais. Dans mon monde, il y avait bien des magnétiseurs, des voyants, des gens qui pouvaient, disaient-ils, lire l’avenir dans des cartes de tarot ou dans les astres… Je n’y avais jamais vraiment cru, même si je voulais bien admettre que certaines personnes pouvaient peut-être avoir des sortes de dons inexpliqués qui leur permettaient d’aider les autres. Ma mère avait eu un ami, quand j’étais ado, qui avait ce genre de don, un « fluide » comme il appelait ça, qui lui permettait de purifier des maisons, d’en interdire l’entrée à ceux qui voulaient du mal aux habitants, ce genre de choses…

Je regardais Anna, je l’écoutais avec autant d’attention que de respect. Il y avait dans ses mots des choses auxquelles j’avais voulu croire, quand j’étais jeune, mais qui, à l’âge adulte, m’avaient semblé n’être que des chimères… J’avais l’impression que cette jeune femme et moi partagions une soif de comprendre, une soif de réponses… et ces réponses, justement, n’avaient rien à voir avec ce qu’on pouvait lire dans les livres.

« Oui, je suis d’accord… Tu as raison, nos perceptions nous limitent beaucoup… ça nous ferme des portes… et nos croyances aussi… » Au fond, la culture dans laquelle chacun de nous grandissait avait beaucoup d’influence sur la manière dont nous gérions les choses… Faire face à des choses inconnues et inexpliquées, c’était compliqué pour tout le monde, mais sur cette île, il y avait tant de choses qui étaient incompréhensibles… il fallait bien trouver une façon de s’expliquer un minimum les éléments qui nous entouraient. Et en l’absence d’explications, eh bien, quelques croyances pouvaient être, peut-être, bienvenues…

Aussi, j’avais tendance à écouter Anna. Ce qu’elle me disait étaient intéressant et me donnait l’impression que le monde était bien plus grand, bien plus vaste que tout ce qu’on avait pu imaginer jusqu’alors.
« Tu sais… tout ça ouvre vraiment beaucoup de perspectives… et c’est fascinant ! j’ai passé ma vie à chercher des réponses dans les livres, à essayer de comprendre le monde à travers la science, l’expérience, le concret… J’ai l’impression que tu m’ouvres de nouvelles portes… »

L’image des portes me semblait tout à fait adaptée. Parce que oui, il était question d’ouverture et de fermeture, d’accès verrouillés et de fenêtres condamnées par des habitudes, des traditions… Il n’y avait pas grand-chose à penser de tout cela, dans le monde en dehors de cette île. Mais ici, tout était différent, le champ des possibles s’ouvrait complètement et il y avait de fortes chances qu’un tas de choses soient encore à découvrir.
Je souris, un sourire qui se voulait à la fois encourageant et complice.
« Si notre réalité n’est qu’une facette parmi tant d’autres… c’est vertigineux ! Comme si nous n’étions que des reflets de vérités d’autres univers… »

Mais, dans ce monde, aucune méthode empirique n’avait encore pu expliquer comment nous étions arrivés là, ni pourquoi nous y étions. C’était donc une belle occasion de laisser l’imagination chercher des hypothèses peut-être moins scientifiques et un peu plus libres. Car, à la réflexion, la liberté semblait jouer un grand rôle dans tout ceci. Parce que sans elle, nous n’en serions tout simplement même pas là, en train de discuter de la sorte. « C’est vrai qu’on a toujours tendance à avoir peur de ce qu’on ne connait pas… mais c’est en surmontant cette terreur qu’on peut apprendre et découvrir. La curiosité, ça m’a toujours semblé être la clé de toutes les connaissances. »

Est-ce que chaque personne sur cette île devait faire ce grand saut dans l’inconnu ? ou bien ces réflexions ne resteraient-elle que l’apanage de quelques-uns ? Après tout, tout le monde ne se posait pas forcément de grandes questions existentielles…

En réalité, oui, vraiment, tout cela me captivait. Il y avait quelque chose de très intéressant dans toutes ces théories, et ce petit jeu de réflexion, cela faisait du bien. Je comprenais pourquoi Anna trouvait la conversation aussi intéressante : je ressentais exactement la même chose.
« On peut remercier Gonzague de nous laisser divaguer autant ! Pour une fois qu’il doit avoir l’impression d’être le seul à bosser… » dis-je sur le ton de l’humour.
Mais en vérité, j’étais certain qu’Anna avait bien dû ressentir que j’avais la même perception qu’elle de la situation. « Imaginer les possibilités... dévoiler des vérités qui pourraient changer notre perception du monde... Je n’ai jamais eu autant envie de parler ! »

Même quand je menais l’expérience du philosophe norvégien avec mes collègues, je n’étais pas aussi bavard. Mais ça faisait du bien. Peut-être que ce monde, ce croisement des univers, était notre chance de révéler des secrets jamais dévoilés… et ça c’était aussi inouï qu’inédit.

« C’est sûr que ça prendra du temps, mais ça en vaudra le coup, surtout ! » Je n’avais jamais eu autant envie de poursuivre des recherches. Et pourtant, les sujets abordés n’avaient rien à voir avec l’Histoire. Et encore moins avec la raison première de notre présence dans la bibliothèque. « Dans mon monde, la magie… c’est surtout basé sur des illusions. Quand tu me dis que la vraie magie existe, je te promets, ça me pousse à imaginer tellement de possibilités ! »
J’eus un petit haussement d’épaule, parce que, mine de rien, je me laissais bien entrainer par tout cela. « Remettre en question des certitudes, ça a toujours eu du bon ! » Rien n’était jamais acquis et, donc, se bouger, chercher, analyser, creuser, tout ça était nécessaire pour avancer. Je me voyais bien chercher à comprendre ce nouveau monde, mais il était clair que ce genre de quête de réponses, ça avait une toute autre allure si on s’y mettait à plusieurs. J’étais enthousiaste et cela se voyait.

« Tu penses que cette île, ce "cadeau maudit" est là pour nous pousser à défier les limites de notre compréhension, à foncer dnas l'inconnu, à découvrir les secrets de cet univers et de tous les autres ? » Peut-être que c’était cela, après tout…

▿ Date de naissance : 01/06/1998

Anna avait soif de connaissances. Elle avait envie de tout découvrir de ce monde et de tous les autres. Elle voulait tout connaître de leur histoire, de leurs habitants, des possibilités qu'ils offraient. Autrefois, dans son monde à elle, elle avait découvert des choses incroyables, d'abord grâce à sa soeur et sa magie, puis grâce à la forêt enchantée et ses nombreux mystères. Toutes ces choses la fascinaient. Elle était émerveillée à chaque découverte, à chaque supposition et elle n'éprouvait jamais l'envie de s'arrêter.

Cette soif de découverte, tout le monde ne l'avait évidemment pas. Certains préféraient nettement le confort de leur vie, loin de tous les aspects inconnus et mystérieux. Beaucoup préféraient également se limiter et ne pas ouvrir leur esprit autant qu'ils l'auraient pu. Ceux-là ne pouvaient pas voir la vraie beauté de ce monde, ce qui faisait de cette île un endroit mystérieux et merveilleux, où la magie se mêlait au quotidien. Ils cherchaient du rationnel et de la logique partout où ils regardaient et oubliaient la magie qui entourait chaque chose et les choses qui ne s'expliquaient pas.

Ces façons de voir les choses limitaient n'importe qui. On grandissait en nous enseignant des possibilités, des limites, des croyances et en fonction de l'endroit où l'on grandissait et avec qui, ces limites de notre esprit étaient différentes. C'était de ces limites qu'Anna rêvait de se débarrasser aujourd'hui, parce que ce monde méritait d'être découvert et compris, de toutes les façons possibles. « Nous sommes nombreux à croire que toutes les réponses se trouvent dans les livres, dans le concret... » Elle l'avait cru, à une certaine période, avant de découvrir la magie et ses mystères - se rendant compte, au passage, qu'elle n'était pas effrayée par ce monde qui s'offrait désormais à elle. Non, elle n'était pas effrayée. Au contraire, elle était fascinée. « J'ai l'impression que pour beaucoup, le problème, c'est qu'on leur apprend que la vie et tout ce qui peut s'y passer doit trouver une réponse dans le concret, le tangible, justement... » Il était là le véritable problème pour Anna. Il fallait accepter de se séparer de bon nombre de croyances, de préjugés pour accepter tout ce que ce monde était capable de nous offrir et nous apprendre. Et elle était plus que ravie, et fière, d'entendre qu'elle permettait à Martin d'ouvrir de nouvelles portes et de nouvelles perspectives. Elle n'avait pas espéré mieux en commençant à donner son point de vue.

Cette réalité n'était pas la seule qui existait. Anna en était persuadée. Après tout, ils venaient tous d'univers différents - parfois très différents, même. Cependant, ce n'était qu'une toute petite partie de la réponse à cette question. Les réalités, les univers, les échos ou les reflets, ce qu'ils étaient réellement... Pour l'instant, ils n'en savaient rien. Pour le savoir, comme pour avoir des réponses à leurs autres questions, ils devaient se questionner et se montrer curieux. « Il est vrai que nous sommes bien loin de ce que l'on devait faire, pauvre Gonzague. » Souffla Anna en jetant un coup d'oeil à leur camarade qui était, pour une fois, le seul à s'activer. Ils avaient bien travaillé, désormais, ils étaient partis bien loin dans leurs réflexions.

Anna était ravie d'entendre que Martin souhaitait poursuivre ces recherches avec elle. Peut-être n'obtiendraient-ils jamais de réponses, mais ils avaient envie de chercher, de se questionner, d'essayer, d'ouvrir des portes, de créer des hypothèses... Anna avait l'impression que tout était à faire et elle ressentait cette même envie de parler, encore et encore - c'était une envie déjà bien existante chez elle, en temps normal. « On a toute la vie devant nous. » Après tout, ils n'étaient pas pressés, sauf si ce monde devait les envoyer autre part une fois encore.

Une nouvelle fois, l'homme avait évoqué la magie et, plus particulièrement, celle qui existait dans son monde. Anna avait déjà entendu parler de ce type de magie, bien différente de celle de son monde à elle ou de celle d'autres mondes. « Je te montrerai un jour. La magie existe de bien des façons, et il serait sans doute impossible de tout voir en une vie, mais je t'en donnerai un aperçu. » Pas par elle-même puisqu'elle ne possédait aucun pouvoir, en revanche, un jour, peut-être réussirait-elle à convaincre Elsa de faire une démonstration ? Elle était très réticente avec sa magie, mais avec les années, elle réussirait peut-être à la convaincre ?

Suite à sa dernière question, Anna prit un petit moment pour réfléchir. Ce n'était pas une question facile parce que chacun interprétait sa présence ici de manière différente et personne n'était véritablement capable de donner une réponse à ce type de questions. « C'est une question difficile... » Souffla-t-elle dans un premier temps. « Pour certains, il s'agit juste d'une punition, de l'enfer ou je ne sais quoi d'autre, mais peut-être que derrière toutes ces choses négatives, il y a quelque chose à découvrir et à comprendre. Quelque chose que l'on doit mériter, peut-être. Des secrets à découvrir, faire des liens... Je ne sais pas. Et toi ? » Encore une fois, elle ne faisait que des hypothèses, il était difficile d'avoir de vraies réponses à ces questions, mais y réfléchir était passionnant.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ @Anna d'Arendelle

Je m’étais toujours considéré comme un type rationnel et, en tant qu’historien, il y avait quelque chose de tout à fait logique et normal à chercher des preuves, des faits, du concret. Durant toute ma vie, donc, tout ce qui avait trait à la magie m’avait semblé n’être qu’une facette religieuse ou superstitieuse de la réalité, des croyances sans fondement autre que celui de la croyance…
En tant que fils du XXe siècle, c’était normal, aussi, de chercher des explications rationnelles pour à peu près tout. La plupart des phénomènes étaient aujourd’hui expliqués par la science et, de ce fait, les croyances diverses avaient perdu un peu de vitesse.

Mais mon arrivée sur cette île avait changé pas mal de choses dans ma vision du monde. J’avais pu me rendre compte que certaines personnes avaient des dons, véritablement incroyables, et que l’île elle-même semblait dotée de son propre libre arbitre. De quoi remettre en question des années de certitudes et de quoi semer le doute.
Discuter de tout ceci avec Anna, cela mettait les choses en perspective. Je ne me sentais pas idiot d’avoir cru si longtemps que seules la logique et la raison pouvaient tout expliquer, car Anna me permettait de découvrir un point de vue différent et plutôt intéressant. Cet œil nouveau, même pour un historien, c’était comme découvrir une trace du passé non encore étudiée. C’était l’occasion de se lancer dans une aventure nouvelle et inédite.

« Le monde… enfin, le monde d’où je viens, pousse les gens à croire en la science, au progrès et aux technologies. Même les religions sont un peu en perte de vitesse… Il y a bien trop de "bonnes raisons" de ne plus croire… » Moi-même, j’avais grandi dans une famille protestante, mais, honnêtement, à part pour des célébrations qui sortaient un peu de l’ordinaire, je ne mettais jamais un pied dans un temple. « Alors tu imagines bien que la magie, c’est de la pure fiction… ça n’existe que dans les films et les livres. » C’était ce que j’avais longtemps cru, c’était ce que mes enfants croyaient et c’était, sans doute, ce que tout le monde croyait dans ma réalité. « Il y a quelque chose de libérateur à abandonner nos anciennes croyances, à s'ouvrir à l'inconnu… Dans mon monde, les gens ont souvent peur de ce qui dépasse leur compréhension. Mais ici, cette peur semble inutile, presque dérisoire face à l'immensité de ce que nous pourrions découvrir. »

Je me souvenais des moments passés à enseigner l'histoire, à essayer d'inculquer à mes élèves la valeur de la connaissance. Mais ici, sur cette île, la connaissance semblait prendre une tout autre dimension.
« Peut-être que cette île est en effet un cadeau maudit, comme tu dis. Peut-être qu'elle est là pour nous enseigner, nous pousser à repousser les limites de notre compréhension. » Un sourire vint éclairer mon visage : « Imagine si nous pouvions vraiment comprendre les secrets de cette île, dévoiler les mystères de ces univers parallèles. Ce serait comme découvrir une nouvelle page de l'histoire, une page qui n'a jamais été écrite, parce qu'elle existe en dehors de tout ce que nous avons connu. »

Je ris légèrement à sa remarque concernant notre partenaire de recherche, repensant à nos collègues, et particulièrement à Gonzague, donc.
« Pauvre Gonzague, il doit se demander où nous avons bien pu nous perdre dans nos esprits. Mais peut-être que nous sommes plus proches de la vérité que quiconque ici.» Au fond, Gonzague pouvait recommencer à scroller ou à jouer, à présent, j’étais bien trop loin de notre projet de travail pour me sentir vraiment concerné par son attitude. Il pouvait s’endormir sur place, cela ne me ferait ni chaud ni froid.

« Je crois que tu as raison, Anna. Peut-être que cette île est là pour nous faire mériter des révélations, pour nous tester. Et peut-être que le prix à payer pour ces découvertes, c’est de laisser derrière nous nos anciennes certitudes, nos vieilles peurs.»

La vérité n’était pas unique, elle était multiple… C’est quelque chose de bien plus grand et bien plus complexe qu’une simple narration de faits. Elle changeait selon l’œil qui la percevait.
C’était une aventure incroyable, une aventure qui défiait tout ce que j’avais appris et enseigné durant des années. Et j’étais reconnaissant à Anna de partager cela avec elle.
« Peut-être qu'à la fin de tout cela, nous aurons plus de questions que de réponses. Mais ça...»
Avec cette île, c’était fort possible, d’ailleurs.

Je me levai, faisant craquer légèrement mon cou. La position pour travailler commençait un peu à devenir inconfortable.
« Bon… et si on allait le prendre, ce verre ? »

▿ Date de naissance : 01/06/1998

Dans son monde à elle, la magie avait d'abord été très mal reçue. Cachée aux yeux de tous depuis toujours, la découverte des pouvoirs d'Elsa avait causé un chaos sans nom. Pourtant, il n'avait pas fallu si longtemps pour qu'elle se fasse accepter et que la magie le soit également. C'était la preuve que tout le monde pouvait changer d'avis et ouvrir les yeux sur les particularités du monde qui les entourait, non ? Cependant, elle comprenait le monde d'où venait Martin. Elle n'y avait jamais vécu, mais depuis son arrivée ici, elle avait eu le temps d'entendre des histoires et de comprendre beaucoup de choses sur le fonctionnement d'autres réalités. Beaucoup tentaient d'expliquer absolument tout par la science et les faits. Il n'y avait plus aucune place aux mystères, à l'incroyable ou à l'inexplicable. Ce qui ne trouvait pas de solution dans la science ? Ce n'était pas compliqué, on niait son existence ou l'on trouvait des approximations qui pouvaient expliquer à peu près telle ou telle chose. Ainsi, Anna comprenait que même des choses comme les religions, qui existaient pourtant depuis toujours, d'une certaine façon, perdaient en vitesse. On ne laissait plus aux gens la possibilité de croire presque aveuglément. Il fallait des preuves pour tout. « C'est étrange comme ce qui n'existe pas pour vous est devenu parfaitement naturel pour nous. » Et ça poussait à réfléchir à propos de beaucoup de choses - notamment certaines choses qu'ils avaient déjà évoquées depuis le début de cette fascinante conversation.

« Oublier tout ce que l'on croyait savoir, c'est permettre à notre esprit de voir des choses qu'il n'aurait jamais pu voir auparavant, c'est croire en des choses qui nous ont toujours dépassés... » Alors, elle partageait totalement son point de vue. Il était libérateur d'abandonner tout ce en quoi l'on croyait pour se permettre de croire en tout. « La seule limite, dans cette ville, j'ai parfois l'impression que c'est notre imagination. » L'imagination, les croyances, la peur comme il l'évoquait. En dehors, la ville ne semblait avoir aucune limite. Vraiment. Alors, comme elle le disait, elle voyait cette ville comme une sorte de cadeau maudit. Elle vous privait de votre famille, de vos proches, des gens que vous aimiez. Elle vous jetait dans des aventures terribles et dangereuses. Elle vous confrontait à vos pires peurs et vos pires cauchemars. Mais, en échange, elle vous offrait la possibilité de croire, de comprendre, de tout imaginer. Elle était l'infini. Elle leur offrait cet infini, cette chance de découvrir, de comprendre, d'accepter les différences et les particularités de chaque univers. Elle leur permettait de comprendre que l'univers n'était pas unique, mais multiple.

Alors, lorsque Martin évoquait la possibilité d'un jour véritablement découvrir les secrets de cet endroit, Anna en avait les yeux qui pétillaient de joie. Elle se mettait à rêver de l'incroyable, de l'exceptionnel. Il y avait tellement à apprendre, à découvrir. « Ce serait incroyable ! » Souffla-t-elle, rêveuse. Bien sûr, elle savait qu'elle ne pourrait pas tout découvrir ou comprendre en deux jours et que, peut-être même, elle ne découvrirait jamais rien, mais la quête était presque aussi passionnante que l'objectif dans cette histoire. « Mais il y a du boulot. » Ajouta-t-elle, bien plus réaliste, en souriant.

Leur pauvre partenaire devait ne rien comprendre à ces rôles qui s'étaient inversés. Désormais, il semblait concentré sur son travail tandis qu'eux divaguaient et l'avaient totalement oublié. Cependant, Anna ne culpabilisait pas parce qu'elle rêvait à tout ce qu'ils venaient d'échanger. Alors, lorsqu'il supposa que, peut-être, ils étaient plus proches de la vérité que n'importe qui d'autres en ces lieux, Anna se contenta de hausser les épaules. C'était possible. Probable, même, peut-être. Anna voulait y croire en tout cas. Elle voulait l'espérer. « Ça expliquerait tous les événements étranges qui nous poussent à nous dépasser, à affronter nos peurs, à s'entraider dans des situations dangereuses... » Se dépasser, être capable de réfléchir autrement, s'adapter, faire des alliances... Et alors, de nouvelles portes s'ouvriraient à eux. Ils devaient simplement prouver qu'ils le méritaient. « Alors, d'autres après nous trouveront de nouvelles réponses à ces nouvelles questions. » Après tout, c'était ainsi qu'allaient les choses, non ? Même si Anna était frustrée d'imaginer qu'elle pouvait ne jamais avoir de réponses à ses multiples questions, elle savait également que c'était le jeu.

En le voyant se redresser, Anna l'avait imité. A sa proposition, elle avait jeté un coup d'oeil à l'extérieur. L'orage n'était pas terminé, mais il devait être possible de sortir sans trop de dangers. « Allons-y ! Cette discussion m'a donné faim ! Ça ouvre l'appétit de tant réfléchir. » Ajoutait-elle en souriant, amusée. D'accord, il avait parlé d'un verre, mais Anna achèterait de quoi grignoter pour contenter son estomac affamé. « Gonzague, la journée est terminée. » Affirma-t-elle joyeuse, tout en rassemblant ses affaires. Pour leur devoir, elle n'avait peut-être pas été très productive, mais pour le reste... On pouvait dire qu'elle l'avait été bien plus qu'Anna ne l'aurait imaginé en arrivant ce matin.

▿ Date de naissance : 12/10/1975

Work hard, live well

Martin ξ @Anna d'Arendelle

Notre séance de recherche et de travail avait débouché sur des questionnements existentiels et des conversations philosophiques qui résonnaient en moi avec l’ardeur d’une discussion passionnée. Nous étions très différents, Anna et moi, mais nous avions réussi à échanger tant de choses… c’était assez impressionnant !

Il pleuvait à verse quand nous avions quitté le refuge de notre discussion, les gouttes s'écrasant contre le sol avec la même intensité que les questions qui martelaient mon esprit.

« Tu as raison, Anna, ces conversations ouvrent l'appétit... et pas seulement pour de la nourriture. » Une faim d’apprendre, fringale de connaissances, un échange en entrainant un autre…
Je souriais, partageant son amusement, tout en me glissant sous mon manteau pour affronter l'averse. Gonzague nous lança un regard, mi-interloqué, mi-amusé par notre enthousiasme soudain pour la pluie battante. « Bonne soirée, vous deux ! » lança-t-il avec un clin d'œil complice, tandis que j’emportais avec moi l'écho de son rire derrière la porte qui se fermait.

« Honnêtement, je pensais qu’il nous accompagnerait pour boire un verre, plutôt que de continuer à travailler… comme quoi, tout peut arriver, ici ! » Bien sûr, j’avais très bien compris le sous-entendu de Gonzague, il faisait partie de ces gens qui avaient du mal à comprendre qu’un homme et une femme puissent discuter et avoir une relation amicale sans que d’autres sentiments viennent s’en mêler. Ce qu’il ignorait, c’était que même si ma femme était loin de moi, mes sentiments pour elle n’avaient pas faibli et les épreuves que nous avions traversées avaient renforcé notre lien.

Nous avancions donc sous l’averse, nos pas rythmés par le fracas des gouttes sur les feuilles et le pavé, créant une atmosphère digne d’un film dramatique. La pluie, au bord du soir, avait cette capacité à donner une impression que quelque chose se préparait, quelque chose qui nous dépassait totalement.

« Parfois, j’ai l’impression que cette ville est un peu comme un livre qui s’écrit au fur et à mesure… Il y a un tas d’histoires différentes qui se croisent et s’entrecroisent, des vies que rien n’aurait jamais pu mettre sur la même route… » Mon regard se perdait dans le ballet des éclairs, captivé par la beauté sauvage de l'orage, au loin. Et si chaque goutte de pluie était une réponse à nos questions ?

« Tu sais, ce que tu as dit sur l'imagination comme seule limite... C'est incroyablement juste.» Je marquais une pause, observant les reflets dansants sur les flaques d'eau. « Je me demande parfois si nous ne sommes pas, nous-mêmes, comme ces gouttes de pluie, uniques et pourtant partie d'un tout bien plus vaste. Peut-être que notre cheminement pour comprendre cet endroit est semblable à la tentative de chaque goutte pour rejoindre l'océan.»

Enfin arrivés au bar, nous nous engouffrâmes à l'intérieur, secouant l'eau de nos vêtements. L'atmosphère y était chaleureuse, un contraste bienvenu avec le déchaînement de la nature dehors. Commandant deux verres et, suivant l'initiative d'Anna, quelque chose à grignoter, je me laissai tomber sur la banquette, face à elle.
« Tu ne penses pas que cet endroit est aussi une sorte de... professeur sévère ? Cette île nous prive de ce qui nous est cher, oui, mais en échange, elle nous enseigne la valeur de l'inconnu, de l'imprévisible…»

Je pris une gorgée, laissant la chaleur de l'alcool se diffuser en moi. J’en avais fini avec l’expérience menée à Copenhague avec mes collègues, mais chaque goutte d’alcool me faisait tout de même penser à eux.

« Peut-être que notre rôle, ici, n'est pas de trouver toutes les réponses… Peut-être est-il de poser les bonnes questions… »
Et j’avais l’impression que nous étions peut-être, dès lors, sur la bonne voie. Je posais mon verre, captant son regard. « On essaie de résoudre des mystères, d’affronter nos peurs.. C’est chaque fois un pas vers quelque chose de plus grand, vers une meilleure et plus profonde compréhension des autres et de cet univers… » Le concept même de multiculturalité, ici, était plus que présent. Et on ne s’arrêtait pas juste à une diversité d’origines ethniques ou culturelles, non, ça allait beaucoup plus loin que cela. Mon sourire se fit plus large, reflétant l'excitation d'une nouvelle révélation. « Et si, finalement, c'est ça le véritable apprentissage ? Apprendre à vivre avec les questions, à apprécier le chemin autant que la destination ? »
Dans mes souvenirs, les philosophes accordaient beaucoup d’importance au cheminement, la destination n’étant, finalement, qu’un prétexte parmi tant d’autres possibles.

L'échange d'idées avec Anna était comme une chorégraphie, un pas en avant vers l'inconnu, un pas en arrière pour contempler la route parcourue.
« Tu sais, cette idée que nous pourrions être plus proches de la vérité... Je pense que tu as touché un point crucial. Ce ne sont pas seulement les réponses qui importent, mais le voyage que nous entreprenons pour les trouver. Les épreuves, les alliances, les défis... C'est ce qui nous façonne, ce qui nous transforme. »

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