Il était une fois...
What a life, what a night
What a beautiful, beautiful ride
[1] – København (Copenhague), le 12 octobre 1975. Cette date n’est importante pour personne, sauf pour mes parents et moi. Aucun haut fait notable… C’était un dimanche, après tout, et à part la naissance d’une athlète américaine, je ne partage mon anniversaire avec aucun grand moment important. En dehors de ça… mon arrivée a ravi mes parents et je n’ai manqué de rien.
Don't know where I'm in five but I'm young and alive
Fuck what they are saying, what a life
[2] – Je suis le deuxième de la fratrie, j’ai un frère aîné et une petite sœur. Enfin, j’avais. La maladie a emporté mon frère et je pense que ça a fait de moi, en grande partie, celui que je suis devenu, parce que j’ai adopté un comportement qui allait faire de moi le fils idéal, qui n’avait jamais un mot plus haut qu’un autre, qui réussissait toujours tout très bien à l’école... Mais mes parents ne se sont jamais interrogés plus que cela sur qui j’étais vraiment, au fond de moi. Moi-même, c’est bien plus tard que je me suis penché sur la question.
I am so thrilled right now
'Cause I'm poppin' right now
[3] – J’ai suivi des cours de danse durant des années. J’adore ça. Le jazz et le rock sont mes musiques de prédilection. Il m’a fallu un peu de temps pour trouver le courage de danser à nouveau, parce que je pensais vraiment que je n’étais plus capable de faire des mouvements pareils… Et pourtant… j’ai pas loin de cinquante piges et j’ai gardé pas mal de souplesse et de savoir-faire !
Don't wanna worry 'bout a thing
[4] – J’ai deux fils. Jonas et Casper. Deux adolescents qui sont indifférents à tout… et surtout à moi, j’ai l’impression. Ils ont toujours mieux à faire que m’écouter et ça me blesse pas mal. Enfin, ça m’a longtemps blessé et je souffrais en silence, mais ça a changé. Depuis que l’un des deux (honte à moi, je ne sais même pas lequel) m’a ramassé ivre mort et la gueule à moitié défoncée par le pavé, il y a des choses qui ont changé.
But it makes me terrified
To be on the other side
How long before I go insane?
[5] – Avec ma bande de collègues-potes, on a voulu essayer de vérifier la théorie d’un psy norvégien, Finn Skårderud. Le principe était simple : puisqu’apparemment l’être humain serait né avec un déficit d’alcool dans le sang, on allait voir si avec 0,5 gramme on améliorait nos vies. Et pendant un moment, on a vraiment cru que c’était vrai. On a essayé de monter jusqu’à 1 g, mais là, c’était trop. Tommy y est resté, il n’a pas réussi à arrêter la bouteille. Avec Peter et Nikolaj, on s’est rendu compte que la vie était courte et que Tommy aurait voulu qu’on s’éclate.
It's okay, it's okay
That we're living, we're living this way
[6] – Je suis professeur d’histoire. J’ai donné cours pendant des années dans le même lycée. J’avais décroché une bourse pour poursuivre, pour faire un doctorat, mais je ne me suis jamais lancé, parce que c’est le genre de truc qu’on reporte sans cesse et qu’on finit par ne jamais faire… mais cette fois, c’est décidé, je me lance. Même si ça implique de donner cours dans un lycée américain et de suivre des cours à la fac en horaires décalés. Même si ça implique de venir aux Etats-Unis et de ne plus voir ma femme et mes enfants aussi souvent.
Don't really have a clue
Nothing I need to do
I got some money but ain't got no plans
[7] – Ma femme, Anika… J’ai toujours pensé que c’était l’amour de ma vie. Et, vraiment, les premières années, ça semblait être le cas. Mais récemment, on s’est éloignés, on s’est perdus, on s’est manqué, on s’est recollé… C’est pas évident à vivre. Je sais que je l’ai aimée vraiment, je sais qu’elle m’a aimé aussi. Mais ça ne l’a pas empêchée de me tromper. Pour notre relation, la distance d’un océan entre nous va jouer un rôle décisif, mais dans quel sens ?
It's making me paranoid
To float like an asteroid
How long before I go insane?
[8] – L’alcool, je n’ai pas arrêté. J’aime le goût de la bière, j’aime la saveur du champagne et j’adore découvrir de nouvelles choses. Mais je connais mes limites et je pense qu’on a bien réfuté la théorie de Skårderud. Je ne bois jamais vraiment quand je suis seul (une bière, parfois, mais c’est à peu près tout) et je sais m’amuser sans boire. Mais j’aime les bonnes choses, ça, ça ne changera pas.
What a life, what a night
What a beautiful, beautiful ride
Don't know where I'm in five but I'm young and alive
Fuck what they are saying, what a life
[9] – Le lycée où j’enseigne ici est assez différent de celui où j’étais à Copenhague. Les élèves sont très différents, eux aussi. Il y a une plus grande distance entre les profs et les élèves, par exemple. Ils sont moins fêtards, aussi, ou alors ils sont plus discrets, allez savoir… Je suis ici depuis trois ans, maintenant. Après tout ce qui s’était passé à Copenhague, j’ai carrément sauté sur l’occasion quand la lune rouge est arrivée, c’était le moment ou jamais.
It's okay, it's okay
That we're living, we're living this way
Don't know where I'm in five but I'm young and alive
Fuck what they are saying, what a life
[10] – Vivre ma vie au jour le jour, poursuivre mes rêves, essayer de les réaliser…
Si la vie m’a appris quelque chose, c’est que « cueillir le jour », ce n’est pas juste une métaphore poétique… Horace avait raison et c’est ça, la vraie recette du bonheur : pour être heureux, il faut d’abord pouvoir s’épanouir dans son quotidien, parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver demain.
Et puis… Que serait la vie si nous n'avions pas le courage de tenter quoi que ce soit ?
What a life, what a night
What a beautiful, beautiful ride
Don't know where I'm in five but I'm young and alive
Fuck what they are saying, what a life
« What a life », Scarlet Pleasure