Voir le psychologue ne t’avait pas toujours aidé. Les deux premières années que tu avais passé ici n’étaient pas les meilleures, loin de là. Tu avais emménagé avec un homme assez dérangé et qui te mettait mal à l’aise, ce dernier n’étant autre qu’Hisoka, mais même si vous vous entendiez plutôt bien, tu ne supportais plus d’être mal en sa présence, Hisoka se montrant assez malaisant par moment mais surtout l’attirance mutuelle que tu ne voulais pas croire, du moins à l’époque. Puis tu avais vécu dehors, dans un squat, ayant fait la connaissance de Klaus qui n’avait pas améliorer ton image ou ta réputation puisque tu t’étais mis à boire et à te droguer afin de ne plus ressentir quoique ce soit. Mais après deux ans de réelles merdes, tu avais décidé de reprendre la main sur ta vie et Elizabeth Tudor, ta psychologue, n’y était pas pour rien.
Au début tu faisais semblant de faire ce qu’elle demandait, d’agir comme elle le souhaitait pour ne pas avoir de soucis mais au final tu aurais pu très bien tout arrêter, sans raisons mais tu ne l’a pas fait, à croire que lui parler et l’écouter ça te faisait réellement du bien. C’était un peu grâce à elle que tu avais opté pour devenir journaliste. Elle te donnait des sortes de devoirs où tu devais écrire sur ton ressenti en fonction de diverses situations et aujourd’hui tu la revoyais. Deux mois que tu n’avais pas eu de rendez-vous, les fêtes, tout ça tout ça quoi. Mais tu avais pas mal de choses à lui dire et la connaissant elle trouverait de quoi te tenir en haleine, du moins pendant l’heure que vous passeriez ensembles.
La journée avait été tranquille au boulot mais tu n’avais pas eu le temps de te changer ou de rentrer pour y déposer ton appareil photo et ta sacoche de journaliste, c’est donc dans cet accoutrement que tu arrivas à destination, n’ayant pas le temps de t’asseoir dans la salle d’attente qu’elle t’accueillit à l’intérieur. « Bonjour Mme Tudor, merci de me recevoir ! » Que tu lui dis alors que tu vas t’installer sur la fameuse banquette tandis que tu poses le tout à tes pieds, lui accordant un sourire. Tu la laisses toujours démarrer, tu ne sais pas quoi dire quand c’est ça.
La journée d'Elizabeth avançait plutôt lentement. C'était une journée bien trop remplie avec beaucoup trop de rendez-vous. Les choses s'éternisant parfois un peu trop, Elizabeth n'avait pas eu le temps de faire de pause de tout l'après-midi, mais elle prenait une minute ou deux pour souffler entre chaque patient. La psy, même après trois ans, ne se considérait toujours pas comme particulièrement douée. Si l'histoire ne l'intéressait pas, elle se montrait rapidement détachée et prodiguait des conseils qu'elle jugeait inutiles. Pourtant, les patients revenaient, alors sans doute, leur procurait-elle un certain bien-être ou peut-être se contentaient-ils du rien qu'elle leur offrait ? Qu'importe finalement, du moment où elle avait du travail pour s'occuper l'esprit et ne pas rester enfermée chez elle en permanence.
Le prochain patient faisait partie de ceux qui l'intéressaient, de ceux qu'elle essayait sincèrement d'aider. Ce garçon était complètement paumé et il était passé par de nombreuses phases dans sa vie, en très peu de temps. Il faisait partie de ceux qui avaient besoin d'une véritable aide, de ceux qu'elle ne pouvait pas laisser sur le côté parce qu'elle culpabiliserait - alors, qu'en réalité, ils méritaient sans doute tous la même attention.
Son précédent patient était parti avec deux minutes d'avance. Ce fut donc tout naturellement qu'Elizabeth attendit Edmund plutôt que de retourner s'installer dans son bureau. Elle le fit entrer aussitôt qu'il fut arrivé, sans lui laisser le temps de s'installer inutilement dans la salle d'attente. Tout en entrant, il avait salué la jeune femme, qui l'avait salué à son tour, tout en lui offrant un sourire. Silencieuse, elle l'observait poser toutes ses affaires près de lui. « Comment allez-vous ? » Lui demanda-t-elle, sans perdre de temps, une fois qu'il fut confortablement installé, s'installant à son tour également. Elle lui laissa le temps de répondre puis enchaîna : « Nous ne nous sommes pas vus depuis un petit moment maintenant. La première chose à faire, si cela vous convient évidemment, serait peut-être que vous me fassiez un point rapide sur votre vie ces deux derniers mois. » Proposa la rousse, sourire aux lèvres pour l'inciter à se dévoiler. C'était même plus que nécessaire si Elizabeth voulait pointer les bons problèmes et poser les bonnes questions, elle avait besoin de savoir où il en était actuellement dans sa vie.
Revoir un visage familier, en l’occurrence celui d’Elizabeth, t’inspira un profond apaisement. Tu ne saurais dire pourquoi mais tu ne voudrais voir aucun autre psychologue, elle resterait la seule à qui tu te confiais comme jamais. Y a certaines choses dont elle était au courant, ton colocataire envahissant et surtout malaisant, ton passage dans l’alcool et les drogues en tous genres mais aussi c’était grâce à elle que tu avais réussi à surmonter tout ça et à être là où tu étais aujourd’hui ; travailler au Bugle et photographe indépendant. Elle était un peu ton Aslan dans ce monde mystérieux. Même si tu ne la connaissais pas tant que ça, tu appréciais vos sessions et quand tu ressortais de ces dernières, ton esprit était allégé et tu allais toujours de l’avant, effaçant le négatif en essayant de voir le positif.
Du coup, tu lui rends son sourire alors que tu prends place sur le canapé. Elle te demande comment tu vas, phrase assez typique mais qui fait toujours plaisirs. « Je vais bien, merci. » Que tu lui réponds alors que tu ne sais pas si c’est vraiment vrai, tout ça. Tu l’observes alors et quand elle te demande de faire un topo sur les deux mois qui viennent de s’écouler, tu ris légèrement. « Et dire que je n’ai jamais aimé monopoliser l’attention… » Car tu sais très bien que tu vas le faire, enfin surtout monopoliser la parole. Tu inspires un coup, comme pour te préparer à raconter tes péripéties et c’est parti. « Alors que dire ? J’ai retrouvé ma famille, toute ma famille. Mon frère ainé et mes deux sœurs alors c’est vraiment un truc que j’aime dire, car même si j’ai toujours été comme un vilain petit canard, ils ont toujours comptés pour moi et je ne l’avouerais probablement jamais assez mais ils m’ont manqués… » avoues-tu à ta psychologue, car avec elle tu as l’impression de pouvoir parler de tout, absolument. « Ensuite je suis tombé sur mon ancien colocataire, vous savez, celui qui me rendait mal à l’aise et avec qui j’ai vécu un an avant de… » Tu marques un temps d’arrêt, mordant ta lèvre car tu détestes cette partie de ta vie. « Avant de tomber dans l’alcool et la drogue. Et bizarrement ça a été. Il est toujours magicien et il m’a en quelque sorte utilisé comme acolyte mais je pense qu’on est ok, que le revoir m’a permis de faire la paix avec mon ancien moi. » Tu l’observes alors que tu joues avec tes mains, tique que tu fais souvent quand tu dois parler ou que tu dois rester concentrer. « Et récemment j’ai revu aussi une connaissance qui n’a pas toujours eu de bonnes influences sur moi, celui qui m’a tout de même aidé à rebondir mais en trouvant réconfort dans l’alcool et la drogue… Disons que c’était assez tendu. Je ne sais pas comment qualifier nos retrouvailles… » Après les malheurs de Sophie, découvrait les malheurs d’Edmund (avec ses bonheurs aussi). Tu soupires alors en essayant de voir ce que Madame Tudor allait bien trouver à redire de tout ça.
Elizabeth ne souhaitait pas perdre de temps. Les séances étaient suffisamment rares pour ne pas perdre trop de temps en discussions inutiles ou en silence - sauf lorsque l'un ou l'autre était nécessaire, évidemment. Après l'avoir entendu dire qu'il allait bien, Elizabeth lança donc directement la conversation. Ils ne s'étaient pas vus depuis un certain moment alors, selon elle, la première chose à faire était qu'il lui fasse un résumé de ces derniers mois pour qu'elle puisse savoir vers quelles questions et quels sujets se tourner. Son rire et sa réflexion firent sourire Elizabeth. Pour toute réponse, la jeune femme se contenta de hausser les épaules, sourire aux lèvres. En effet, être chez un psy lorsque l'on détestait parler et être au centre de l'attention, c'était presque ironique. Néanmoins, Elizabeth était là pour ça : écouter et essayer d'aider. Alors elle avait l'habitude tant de ceux qui monopolisaient la parole avec plaisir que de ceux qui se confiaient avec plus de difficultés. Avec du temps, la majorité finissait par se livrer, aimant parler ou non.
Après cette réflexion amusante, l'homme commença à répondre à sa question. Et des choses à dire, il en avait. D'abord, il y avait de bonnes nouvelles : il avait retrouvé sa famille, son frère et ses soeurs, qui lui manquait tant. Moins bonne nouvelle, il était retombé sur son colocataire qui le mettait si mal à l'aise, mais il précisa que cette rencontre ne s'était pas si mal passée. A ses gestes, comme se mordre la lèvre ou jouer avec ses mains, elle voyait clairement son malaise, mais elle ne disait rien, le laissant développer ses pensées. Il continuait donc et parlait même qu'il avait fait la paix avec son ancien lui grâce à ces retrouvailles. Il pouvait alors considérer que ces dernières avaient été, finalement, bénéfiques.
Par la suite, il évoqua le retour d'une autre de ses connaissances dans sa vie, celle qui l'avait conduit à l'alcool et la drogue, si elle comprenait bien. Elizabeth, lorsqu'elle comprit qu'il avait terminé de parler, se contenta de hocher la tête dans un premier temps. « Si vous le voulez bien, on va commencer par parler de votre famille ? C'est une bonne chose si je comprends bien ? » Demanda-t-elle pour le pousser à parler de ce qu'il ressentait. « Comment se sont passées vos retrouvailles ? » Précisa la psy, tentant d'aiguiller ses réponses pour mieux comprendre où elle devait aller. « Vous avez pu vous confier à eux, peut-être ? » Ce n'était en rien une obligation. Certains préféraient tout raconter à leurs proches quand d'autres restaient discrets - et avec la vie qu'Edmund avait menée, elle le comprendrait parfaitement s'il avait choisi cette option, plus encore lorsqu'ils parlaient avoir été le vilain petit canard de la bande.
Tu le savais, les séances de Mademoiselle Tudor te faisait le plus grand bien. Et si au début tu ne le disais à personne, que tu voyais une psychologue, tu t’en fichais dorénavant. Il n’y avait, après tout, aucun mal à vouloir aller mieux, n’est-ce pas ? Mais tu sentais que toutes ces séances n’avaient pas été vaines, qu’elles t’avaient permis d’aller de l’avant et aujourd’hui en était la preuve.
En quelques mois tu avais retrouvé ta famille, renoué avec ton ancien colocataire mais aussi revu une vieille connaissance. Beaucoup de choses en si peu de temps mais finalement tu allais bien. C’est donc tout naturellement que tu pris la parole, faisant même sourire la psychologue suite à tes aveux sur le fait d’être ravi de monopoliser la parole. Tu lui racontas absolument tout. Tes retrouvailles avec la fratrie Pevensie mais aussi celles avec Hisoka et plus récemment Klaus. Tu ne te rends pas compte des mimiques que tu laisses apparaître au fil des sujets mais la psy n’est pas dupe et comprend que certains sont plus tendus et d’autres plus libérateurs. Quand elle se met à parler de nouveau tu hoches la tête, c’est vrai que parler de ta famille en premier lieu serait peut-être le mieux à faire, même si ce qu’elle te demanda était assez personnel, après tout tu étais là pour ça, non ? « C’est une excellente chose même ! » répliques-tu finalement alors que tu esquisses un large sourire en continuant sur ta lancée. « Et bien tout s’est déroulé à merveille. Après trois années à les rechercher, nous sommes enfin réunis. » avoues-tu, limite ému car même s’il fut un temps où tu étais un affreux personnage et bien aujourd’hui tu es tellement heureux de ne plus être seul que tu es prêt à faire des efforts pour devenir quelqu’un de meilleur. « Par contre je n’ai pas encore pu me confier à toute la famille… » commences-tu par dire, baissant le regard pour regarder tes doigts jouer entre eux. « J’en ai seulement parlé à mon frère, il m’héberge depuis mais je ne lui ai pas exactement tout dit. J’ai juste avoué avoir des retards de loyers, pas que ces derniers étaient dû à mon ancienne addiction… » Tu mords ta lèvre en haussant les épaules, regardant de nouveau la blonde face à toi. « Mais c’est en cours, je pense que la prochaine fois qu’on se verra j’aurais franchi le pas ! »
Parce qu'il fallait bien qu'elle fasse ce pour quoi il la payait, Elizabeth commençait à l'interroger à propos de sa famille, pour lui donner envie de se confier. En expliquant ce qui s'était passé pour lui ces derniers temps, il avait évoqué beaucoup de choses - certaines semblaient moins plaisantes que d'autres. Comme ils ne s'étaient pas vus depuis un certain temps, Elizabeth préférait commencer par ce qui semblait être le moins source de stress pour lui. Après plusieurs mois, certains patients perdaient l'habitude de se livrer et il était préférable de ne pas attaquer les sujets les plus délicats immédiatement, selon Elizabeth.
Pour commencer simplement, elle cherchait confirmation : était-ce une bonne chose, pour lui, d'avoir retrouvé sa famille ? Il semblerait que la psy avait visé juste. C'était une très bonne chose. Elizabeth se contenta d'acquiescer lorsqu'il affirma qu'après trois années, ils étaient enfin réunis. Elle imaginait comme trois ans pouvaient être longs. Et, en même temps, elle se demandait si, parfois ce n'était pas une bonne chose. En trois ans, il avait eu le temps de se rendre compte qu'il tenait réellement à eux et le manque avait sans doute permis que ces retrouvailles aient un tel goût de bonheur, non ? Elizabeth supposait, mais n'en savait trop rien. Elle était seule. Elle n'avait personne à retrouver. La seule personne qu'elle aurait aimé retrouver ne méritait pas de se retrouver perdue dans ce monde. Alors, si elle avait longtemps espéré le revoir, aujourd'hui, elle n'espérait plus. « Il n'y a aucune obligation de parler de tout ce qui vous est arrivé à votre famille, vous savez. » Commença la jeune femme en voyant le malaise de l'homme qui lui avouait ne pas en avoir parlé à tout le monde, encore. « C'est normal d'avoir besoin de temps. Certains n'ont aucun problème à dévoiler leurs problèmes, pour d'autres, c'est... plus difficile. Et certains, même, ne diront jamais rien à leur famille. Alors faites-le seulement si vous en ressentez l'envie et le besoin et seulement lorsque vous serez prêt. » Expliqua la jeune femme, essayant de sourire pour se montrer rassurante. « Et si vous n'êtes jamais prêt, alors tant pis. Si vous n'en dites qu'une partie, ce n'est rien. Ce n'est pas une question de honte, de courage ou j'ignore ce que vous avez pu entendre... Il s'agit simplement de vous et de votre désir de confier vos secrets. » Les gens étaient doués pour culpabiliser ceux qui ne voulaient ou ne pouvaient pas tout dire. Ils étaient également très doués, souvent, pour faire semblant d'être prêts à entendre et écouter, alors qu'il n'en était rien. Il fallait alors qu'il soit certain que sa famille était prête à entendre, pour éviter les déceptions brutales et violentes. « Avez-vous peur de leurs réactions ? » Demanda-t-elle, simplement pour continuer sur cette même conversation, sans jamais chercher à le convaincre de ce qu'il devait faire. Elle était là pour écouter et conseiller, pas ordonner. « D'être rejeté ? Jugé ? » La crainte était souvent là. Ne plus être accepté par ceux que l'on aimait, être jugé et rejeté parce qu'on avait fait quelque chose de mal ou parce qu'on allait mal. Face à la souffrance, les gens fuyaient souvent pour ne pas souffrir eux-mêmes, oubliant parfois l'être humain qui souffrait et qui n'attendait qu'une main tendue pour tenter de se relever. Edmund avait peut-être déjà connu ça, ou peut-être le craignait-il pour l'avoir déjà infligé lui-même ? Ou peut-être qu'il n'y avait rien de tout ça et que simplement, il ne se sentait pas prêt à parler de tout avec toute sa famille.
Ce n’était pas l’endroit où tu étais le plus à l’aise, ça c’était certain. Mais revoir Mademoiselle Tudor te faisait le plus grand bien. Ses thérapies t’avaient permises de te relever et d’accepter que le passé était le passé et qu’il te fallait avancer, même si ça serait long et dur. Aujourd’hui en te regardant dans le miroir, tu ne te dégoutais plus. Tu étais enfin devenu l’Edmund que tu voulais être. Toujours sarcastique ou encore blagueur mais avec un cœur juste. C’est pourquoi tu apprécias quand elle lança la conversation sur ta famille en premier lieu, après quelques semaines à ne parler de rien, ça faisait toujours plaisirs de démarrer par un sujet plaisant ; ta famille.
Tu avais été plus qu’heureux de retrouver ta famille, elle t’avait énormément manqué et tu ne voulais plus les perdes, deux fois avait été suffisant. Mais après t’être ouvert à ta psychologue, tu l’écoutas te rassurer, te dire que tu n’étais pas obligé de parler si tu ne te sentais pas réellement prêt et quand bien même tu le serais, tu pouvais toujours choisir de quoi parler ou non, que le choix était le tiens et que tout dépendait de ce que tu voulais leur avouer, si c’était tout ou une partie des horreurs qui t’étaient arrivés en deux ans. « Je… Merci, vous avez raison… » Que tu te contentes de lui répondre alors que tu lui rends son sourire, qui a pour effet de te rassurer et t’apaiser, délaissant tes mains pour te concentrer sur les questions de la plus vieille.
Peur de leurs réactions ? Oui et non. C’était mitigé. Tu connaissais ta famille, tu sais à quels genres de remarques tu aurais affaire si tu mentionnais ta prise d’alcool et de drogues. Susan serait sans doute la plus sévère, rien qu’à voir comment elle avait réagi à la colocation de ta cadette, tu aurais le droit à une réprimande, pour sûr. « Je pense que j’ai peur de les décevoir, encore une fois. » avoues-tu alors que tu baisses les yeux un instant, faisant une moue. « J’ai déjà trahi leur confiance par le passé et je n’étais pas le garçon le plus gentil et sûr, du coup j’aurais toujours cette peur tout au fond que quoique je fasse et bien je les déçois… » Tu hausses les épaules alors que tu acquiesces légèrement quand elle te demande si tu aurais aussi peur du rejet et du jugement. « Totalement, oui ! Même si je pense que j’aurais le soutien de ma cadette, j’ai toujours eu peur du regard de mes ainés sur ma vie, mon comportement. Pourtant je les aimes mais on ne se dit pas souvent ces choses-là, y a que la dernière qui est plus ouverte que nous, heureusement d’ailleurs, je l’ai toujours un peu envié pour être honnête… » Que tu dis alors que tu affiches un sourire niais, repensant à toutes ces fois où elle te pardonnait alors que tu avais été immonde avec elle.
Les gens avaient souvent deux réactions lorsqu'ils devaient révéler des secrets à leur famille. La première était de ne rien dire. De faire semblant. De tout garder pour soi et d'essayer de rester le même face à elle. Alors, à leurs yeux, le regard de leur famille ne changeait pas. Alors, à leurs yeux, on ne les voyait pas différemment à cause de ce qu'ils avaient fait ou subi. Mais ce n'était pas toujours facile de rester fort et debout en toute circonstance, de ne jamais craquer et de regarder les gens que l'on aimait ne pas connaître certains de nos pires moments. L'autre réaction était de tout révéler, de tout dire. Plus aucun secret. Tout était raconté dans les moindres détails, comme si garder un secret était une mauvaise chose. Les gens oubliaient trop souvent l'autre solution. Celle qui consistait à expliquer qu'il y avait bien eu des choses difficiles, à en raconter certaines lorsque l'on s'en sentait capable, et de garder des détails ou des choses pour nous. C'était un entre-deux agréable où l'on pouvait se confier à ses proches, où les proches connaissaient nos périodes difficiles et nous comprenaient mieux, tout en ayant gardé un jardin secret pour les choses trop difficiles ou impossibles à révéler. Alors, Edmund avait le choix. Il n'avait pas tout raconté, il n'était pas prêt. Rien ne l'y obligeait. Il n'y avait nul délai à respecter. S'il le voulait, il raconterait ce qu'il voulait, à qui il voulait, quand il le voulait. C'était son choix. Sa décision. Et celle de personne d'autre.
Lorsque son patient lui affirma qu'elle avait raison, Elizabeth se contenta de garder ce même sourire, toujours. Si elle avait pu réellement le convaincre qu'il avait le choix, alors cette séance n'aurait pas été vaine. Si elle avait pu le convaincre qu'il était maître de ses décisions et qu'il était le seul à décider, elle aurait réussi quelque chose. Néanmoins, Elizabeth n'abandonna pas ce sujet trop rapidement. La jeune femme voulait comprendre ce qui semblait l'effrayer à l'idée de parler - puisque, semblait-il, ce n'était pas tant l'envie qui lui manquait. Sans la moindre hésitation, il confia ses craintes, tout en baissant les yeux. La peur de décevoir, de trahir la confiance ds siens... Elle ne pouvait que le comprendre. « Vous avez changé, évolué et ça, votre famille le voit. Le sait. » Enfin, elle le supposait. Elle ne connaissait rien à sa famille, peut-être était-ce le genre de personnes qui se moquait bien du changement ou des efforts. Peut-être même se moquaient-ils totalement d'écouter les leurs. La psy imaginait alors qu'il avait peur du rejet ou du jugement. Elle pouvait le comprendre, encore une fois. Dans un monde idéal, tout le monde écouterait tout le monde. Tout le monde penserait à tout le monde sans jugement et sans rejet. Mais ce n'était pas un monde idéal. C'était un monde égoïste où l'on ne préférait pas voir le malheur chez l'autre, comme s'il s'agissait d'une maladie hautement contagieuse. C'était un monde où l'on oubliait l'autre pour penser à soi. « Alors si vous ressentez l'envie d'en parler à quelqu'un, parlez-en à votre cadette. Elle sera un soutien pour vous, si vous décidez d'en parler aux autres, non ? » C'était important de trouver du soutien. « Ce n'est pas parce que vous parlez peu de vos sentiments, que vos aînés vont forcément vous juger... Peut-être ne savent-ils pas comment réagir parfois ? Ils ont sans doute eu leur lot de bêtises, de problèmes et de choses difficiles... Ils vous comprendront sans doute mieux que vous ne le croyez ! » Enfin, elle l'espérait pour lui, mais pour ne pas lui faire espérer quelque chose qui serait peut-être faux, elle ajouta : « Et s'ils ne vous comprennent pas, qu'importe. Vous avez fait des erreurs, vous avez vécu des choses difficiles... Comme tout le monde. Vous vous êtes repris, vous avez repris votre vie en mains et vous faîtes tout pour vous en sortir. C'est tout ce qui compte. Pas l'avis des gens, même s'il s'agit de vos proches. » Enfin, elle le supposait. Elizabeth parlait comme son coeur ou sa tête lui disaient de parler. Elle n'avait aucune formation pour tout ça, malheureusement pour ses patients. « Souhaitez-vous que l'on passe à un autre sujet ? Votre ancien colocataire peut-être ? » A lui de décider. Elle ne forçait jamais un sujet. Soit la discussion était plutôt naturelle, soit elle en changeait.
Tu n’as jamais été de ceux qui s’ouvre facilement et pourtant, face à la jeune psychologue, tout glisse, un peu comme une lettre à la poste. Elle a un truc qui fait que tu peux aisément parler de tout, de rien, et bordel que ça fait du bien. C’est d’ailleurs pour ça que tu lui avoues qu’elle a raison. Tu peux très bien omettre quelques détails et raconter à ta famille ce que tu veux réellement leur raconter. Tu n’as jamais été le plus bavard ni celui qui s’ouvrait le plus facilement aux autres. Mais tu prends les paroles de la plus vieille comme une aide. C’est vrai qu’ils te l’ont dit que tu avais changé tout en restant toi-même à ta façon. « Pas faux, j’en ai eu la remarque donc j’en prends note ! » avoues-tu alors dans un sourire en continuant de lui expliquer le pourquoi du comment tu ne veux pas tout leur révéler.
Tu mentionnes en dernier la cadette, Lucy et c’est vrai que lui en parler en premier lieu, de tout, absolument tout (drogues, dettes, sexualité tant qu’à faire) et tu notes ça dans un coin de ta tête. « C’est vrai que je ne l’avais pas vu sous cet angle… Je vais y songer alors, merci ! » Que tu lui réponds dans un petit sourire, sincère. Tu aimes bien Mademoiselle Tudor, elle est vraiment top et tu ne changerais pour rien au monde de psy, ça non. « Je vous en tiendrais au courant alors, pour sûr ! » répliques-tu alors que tu apprécies qu’elle se montre aussi conciliante avec toi. Elle t’arrache même un sourire tellement ses paroles sont vraies. « Merci. » réponds-tu simplement à son petit speech d’encouragement. Ça te fait un bien fou, mine de rien.
Tandis que le sujet semble donc clos, elle propose de passer à autre chose, peut-être parler d’Hisoka. Pourquoi pas. Après tout tu es là pour ça. « Par où commencer ? On a été colocataires durant une année entière avant que je ne décide de prendre mon envol et de quitter mon nid douillet pour la rue froide et peu rassurante… » Faudrait être fou de faire ça mais pourtant c’est bien ce qui était arrivé. Tu observes la psychologue et souris. « En réalité j’étais bien là-bas. C’est juste qu’Hisoka est… C’est Hisoka quoi. Il est un peu malaisant, un peu du genre à vouloir toujours vous tester et à jouer avec vos nerfs alors j’ai craqué et j’ai préféré partir… »
Elizabeth avait conscience qu'il pouvait être difficile pour lui de parler de tout ce qu'il avait vécu ces dernières années à sa famille. Néanmoins, Elizabeth l'encourageait à le faire, si cela pouvait lui permettre de se sentir mieux et s'il en ressentait le besoin. Et s'il ne le voulait pas, bien sûr, il n'en était pas obligé. C'était un choix qui lui revenait entièrement. Comme il semblait craindre le jugement de ses aînés, la psy lui proposa de parler à l'une de ses soeurs, qui semblait davantage le comprendre. Ainsi, il aurait un soutien si, un jour, il se décidait à en parler au reste de sa fratrie. C'était souvent plus facile d'annoncer quelque chose lorsque l'on avait, à ses côtés, un proche qui nous soutenait, qui nous aidait, qui nous défendait. On avait alors moins l'impression d'affronter seul ses problèmes ou ce qui devait être dit et ça nous donnait du courage. Ses conseils semblaient être entendus par le jeune homme. Cela ne signifiait en rien qu'il les appliquerait, mais, au moins, il y penserait et y réfléchirait. « Bien sûr, nous en parlerons si vous le souhaitez, dès que ce sera fait. » Termina-t-elle lorsqu'Edmund lui assura qu'il la tiendrait au courant. Elle serait disponible pour lui s'il éprouvait le besoin de parler de la réaction de ses proches après tous - ou une partie - de ses aveux.
Le sujet de la famille semblait terminé pour aujourd'hui, Elizabeth préférait passer à autre chose, sauf si Edmund ressentait encore le besoin d'en discuter. Se remémorant les différentes choses que le jeune homme avait évoqué tout à l'heure, Elizabeth lui proposa de discuter de son ancien colocataire, s'il le voulait bien. Si Elizabeth n'était pas spécialement douée, elle avait appris, il y a longtemps, qu'il ne servait à rien de discuter d'un sujet dont le patient n'avait pas envie puisque ça ne menait à rien. Pour cette fois, Edmund semblait partant pour en discuter et il commença donc à parler de ce fameux colocataire. « Quitter l'endroit où l'on vit pour vivre dans la rue, ce n'est pas rien... » Souffla Elizabeth en l'entendant dire qu'il était bien, malgré tout, chez Hisoka. Soit il avait réagi de manière impulsive et il n'avait pas osé revenir en arrière, soit il n'était pas si bien, là-bas, à cette époque, à cause de diverses choses, soit, aujourd'hui, il jugeait qu'il n'était pas si mal là-bas alors qu'à l'époque il se sentait mal pour bien d'autres raisons. « Avec du recul, vous avez regretté votre décision ? Aujourd'hui, vous pensez que vous avez fait le bon choix ? » Peut-être que, malgré la situation dans laquelle il s'était retrouvé, quitter ce colocataire dérangeant lui avait fait du bien - même si ce qui avait suivi pour lui ne le laissait pas penser. « Comment vous êtes vous senti en le revoyant ? » De mauvais souvenirs lui étaient-ils remontés à l'esprit ? Avait-il pu se rendre compte que cette partie de sa vie était définitivement derrière lui ?
Le fait qu’elle te suggère d’en parler à ta famille était naturelle. Tu y avais toi-même songé avant de venir lui en parler un premier temps. Mais maintenant que tu avais déballé ton sac, enfin façon de parler même si ça t’avait fait un bien fou de lui parler de tout ce que tu traversais, tu songeais que Lucy serait le prochaine avec qui tu parlerais, y aura bien un moment où vous pourriez vous retrouver à deux, ça serait vraiment sympa. « Avec plaisirs, encore merci du coup de pouce ! » réponds-tu car au moins tu sais dorénavant ce qu’il te reste à faire concernant l’évocation de ton passé à ta famille.
Le prochain sujet qui atterrissait sur le tapis comme un cheveu dans une soupe n’était autre qu’Hisoka. Tu ne saurais jamais réellement comment qualifier votre relation tant celle-ci était étrange et anodine. Tu avais eu des hauts et des bas en sa compagnie mais bizarrement tu en gardais de bons souvenirs, du moins c’est ce que tu n’arrêtais pas de te dire. Quand elle répéta ce que tu venais de dire concernant le fait de quitter un foyer pour vivre dehors, ça te fit hausser les épaules. Tu avais fait le bon choix pour toi. Même si l’après avait été dur et que tu avais eu énormément de bas et bien c’était ce qu’il fallait faire. « Aujourd’hui je sais que c’était meilleur choix à faire. Notre relation par le passé était toxique, j’avais besoin de couper les ponts, de m’éloigner de lui… » Pour finalement tomber sur une énième personne pas très bonne pour toi, Klaus, mais là n’était pas le sujet.
« Bien. C’est étrange mais même si ce n’était pas une rencontre prévue, je ne me suis pas senti gêné ou autre, on a même parlé comme si de rien n’était. Enfin j’ai tout de même balancé quelques piques car sinon je ne serais pas moi-même, mais dans l’ensemble ça a été. » avoues-tu pour finalement reprendre, un léger sourire qui disparait peu à peu. « Jusqu’au moment où on se fasse passer pour un couple. Il a voulu me rendre mal à l’aise en m’emmenant manger dans ces restaurants où on y va généralement en couple et j’ai décidé de jouer son jeu en mentionnant qu’ont été ensembles etc mais ce n’était pas l’idée la plus merveilleuse que j’ai eu, loin de là… » Tu prends ton visage en main, soupirant doucement en te remémorant ce souvenir.
Made by Neon Demon
[PS : juste pour te dire que j’adore vraiment nos réponses en Elizabeth et Edmund, voilà ! ]
Quitter l'endroit où l'on vivait pour se retrouver dans la rue, ce n'était pas une décision qu'il fallait prendre à la légère. C'était même une décision difficile à prendre. Il fallait un certain courage et la certitude qu'il n'y avait rien d'autre, rien de mieux, à faire, sans doute. Mais Edmund, aujourd'hui encore, restait persuadé qu'il avait fait le bon choix à cette époque. Sans doute, était-ce la vérité. Un choix difficile, mais nécessaire. A ses explications, Elizabeth s'était contenté de hocher la tête. Il n'y avait rien à ajouter s'il pensait avoir fait le meilleur choix. Il était en paix avec ce dernier et c'était, sans le moindre doute, la chose la plus importante qui soit.
Elizabeth continuait alors de le questionner à propos de son ancien colocataire. Maintenant qu'ils avaient discuté du passé, elle voulait comprendre ce qu'il avait ressenti lorsqu'ils s'étaient revus dernièrement. Ça lui avait forcément fait quelque chose, sinon il ne l'aurait pas évoqué lorsqu'Elizabeth lui avait demandé de parler de sa vie de ces derniers mois. Sans retenue, alors, il lui racontait que cette rencontre n'était pas prévue, mais qu'il n'avait pas été gêné. Ils avaient discuté, comme deux connaissances auraient pu le faire - et il précisa qu'il s'était comporté comme il se comportait en général, en lui lançant des piques, ce qui fit esquisser un léger sourire à Elizabeth. Puis le sourire du jeune homme avait disparu peu à peu alors qu'il expliquait la suite. Ils s'étaient fait passer pour un couple et l'ancien colocataire avait tenté de le mettre mal à l'aise. Ses aveux et le voir prendre son visage entre ses mains lui firent froncer les sourcils. Elle ne comprenait pas bien pourquoi ils avaient joué à ce petit jeu, mais ce n'était pas tout à fait la question. Plus que le pourquoi, l'important était de savoir ce qui avait gâché ce jeu. « Que s'est-il passé pour que vous en gardiez un si mauvais souvenir ? » Osait-elle demander. N'était-ce qu'une mauvaise idée parce que ça ne s'était, finalement, pas avéré amusant ou parce qu'il s'était passé quelque chose de particulier ? « S'est-il mal comporté avec vous ? » Elle n'émettait que des hypothèses, mais comme il lui avait avoué que cet homme avait tenté de le mettre mal à l'aise, peut-être avait-il poussé le jeu un peu loin. « Ma question va, sans doute, vous paraître indiscrète... » Mais n'était-ce pas le but de ce genre de rendez-vous, dire des choses qui pouvaient paraître indiscrètes aux yeux de bien des gens ? « et, rien ne vous oblige à y répondre, bien sûr, mais y a-t-il déjà eu une forme d'ambiguïté entre vous ? » Etait-ce cela qui l'avait mis si mal à l'aise ou qui lui faisait dire que ça n'avait pas été une bonne idée ? Encore une fois, elle ne formulait que des hypothèses pour l'aider à formuler ses propres pensées, pour l'encourager à lui donner son point de vue et à se confier. Mais elle pouvait totalement se tromper et être bien loin de la réalité. L'important était simplement de lui permettre de se confier et de dire ce qu'il avait à dire.
(Tu n'imagines pas comme ça me fait plaisir de lire ce genre de choses Et c'est un plaisir partagé, j'aime toujours beaucoup nos rps )
Hisoka. Qui aurait cru qu’il reviendrait dans ta vie et qu’il serait de nouveau dans tes problèmes à gérer ? Pas toi en tout cas. Mais fort heureusement, tu n’es pas seul et tu peux compter sur le soutien de ta psychologue, qui, sans vraiment faire grand-chose, t’aide à avancer, à aller mieux et c’est ce qu’il te faut, c’est tout ce que tu veux et tu ne la remercieras jamais assez, ça non. Car, même si d’habitude il est dur pour toi de t’ouvrir aux autres, en sa compagnie tu es comme une huitre et tu te laisses aller, parlant de tout, de rien. Aussi bien de Klaus, de ta période à la rue, de ta famille. Et quand tu lui raconte tout ça, tout ce qu’il s’est passé dans ta vie, tu ne sais pas pourquoi mais tu as l’impression qu’un poids vient d’être retiré de ton corps, comme si parler de ton ancien colocataire était ce qu’il te fallait pour aller mieux. Alors, tu l’écoutes te poser diverses questions, tu ne réponds pas de suite, tu sais qu’elle va en demander d’autres, t’as cette intuition et quand elle a terminé, tu ne peux t’empêcher de triturer tes mains, car c’est vrai que c’est indiscret mais c’est le but de suivre une thérapie, non ? « C’est pas un peu le but, d’être exposé et parler de tout et de rien en venant vous voir ? » demandes-tu, d’un léger rire cette fois-ci. Elle réussit souvent à te mettre à l’aise et c’est le cas, même si le sujet est délicat. « A l’époque de notre collocation il y avait quelques ambiguïtés, en effet, c’est ça qui m’a fait partir. Il était trop tactile, trop collant et je ne savais pas trop ce que j’étais, mais depuis, trois années sont passées et je… » Tu marques une pause, relevant la tête car entre temps tu l’avais baisé pour regarder tes mains. « J’ai changé. Je pense que je suis gay ou peut-être bisexuel ? J’en sais rien, à mon époque on avait pas d’étiquettes, on avaient même pas le temps de penser à l’amour, il y avait toujours une guerre, un soucis à régler… » Que tu lui dis, finissant par l’observer et hocher la tête. « Et je ne vous ai pas dit, à la fin de nos retrouvailles, il m’a traité de lâche, et je ne sais pas pourquoi mais je l’ai embrassé. Il m’a réembrassé et vu que nous étions dehors, ça m’a gêné, alors qu’une minute avant je n’y pensais pas… » Tu soupires un peu, tu penses savoir le soucis qui se présente à toi concernant Hisoka. « Et avant de partir, il m’a proposé de se revoir pour un vrai rencard, rien qu’à deux et j’ai paniqué alors je suis parti en lui donnant mon numéro… » Voilà, elle savait vraiment la fin de vos retrouvailles et ce qui te torturait. T’as honte d’être gay, tu penses que c’est ça ou de ressentir un truc pour un homme qui peut-être ne joue que de toi pour mieux te piétiner dans le futur, t’en sais rien…
Les questions d'Elizabeth avaient pour but de le faire réfléchir à certaines choses, des choses auxquelles il ne pensait pas forcément ou de le pousser dans certaines directions afin qu'il se libère de ce qu'il avait sur le coeur ou la conscience. Parfois, ses questions étaient très générales. D'autres fois, elles étaient très personnelles et intimes. Elle ne forçait jamais aucune réponse. Si les réponses devaient venir à un moment ou à un autre, elles viendraient naturellement. Le forcer à répondre, en se montrant trop insistante, était le meilleur moyen de le braquer et de perdre la confiance qui s'était installée. La réflexion du jeune homme avait fait sourire Elizabeth. En effet, c'était le but d'une thérapie, mais elle se sentait parfois l'obligation de préciser que sa question était peut-être trop intime. D'expérience, parce qu'elle le vivait elle-même, elle savait qu'on ne pouvait pas ou ne voulait pas parler de tout. Certaines choses devaient rester cachées. Alors, parce qu'elle avait l'impression d'être intrusive, elle faisait cette précision, que l'on pouvait trouver amusante, elle en avait conscience. « Ce n'est pas faux, mais je préfère le préciser, dirons-nous. » Avait ajouté la jeune femme en l'observant rire. C'était une bonne chose, de le voir rire. Il avait l'air de se sentir plutôt à l'aise en sa compagnie.
Puis, il avait répondu à ses questions. Encore une fois, il semblait se livrer sans réserve. Il lui avouait donc que, lorsqu'ils étaient colocataires, il y avait bien eu une forme d'ambiguïté entre eux. C'était d'ailleurs ce qui l'avait poussé à partir. Elizabeth l'observait jouer avec ses mains, baisser et relever la tête tout en l'écoutant poursuivre ses confidences. Depuis qu'il était parti, il avait appris à se découvrir. Il se connaissait mieux lui-même. Elizabeth le comprenait parfaitement. A son époque, à elle, il n'était pas non plus question de se poser cette question. Une seule étiquette était possible aux yeux de tous. Aujourd'hui, dans ce monde, Elizabeth avait appris que les gens vivaient ouvertement avec ce qu'ils étaient et elle ne pouvait que s'en réjouir. « Vous avez appris à vous découvrir, à mieux comprendre qui vous étiez. C'est déjà une très bonne chose. Vous avancez un peu plus chaque jour. » Affirmait-elle, tout en le laissant reprendre sur ce fameux rendez-vous. Elle prenait bien soin de ne rien dévoiler d'elle et d'à quel point elle comprenait qu'il ait pu passer une vie sans se poser de questions, même si leurs situations étaient loin de se ressembler. « Et vous, est-ce que vous pensez être un lâche ? » Croyait-il en ce que son ancien colocataire avait dit ou savait-il qu'il se trompait ? « Qu'est-ce qui vous a gêné ? Le regard des autres ? D'avoir cédé à une envie ? Ou qu'il s'agisse d'Hisoka ? » Encore une fois, elle ne cherchait qu'à le pousser toujours plus loin dans ses réflexions pour le forcer à réfléchir à ce qu'il ressentait et à pourquoi il le ressentait. « Vous avez été gêné, vous avez paniqué, mais vous lui avez donné votre numéro tout de même... Donc, c'est, sans doute, que vous aimeriez le revoir, non ? Qu'est-ce qui vous fait si peur dans cette idée de céder à vos envies ? » Elizabeth posait toujours plus de questions - à lui de décider d'y répondre ou non, l'important n'était pas tant la réponse que le questionnement que cela allait créer en lui - en espérant le pousser à comprendre où étaient ses craintes et pourquoi et en espérant pouvoir l'aider à comprendre ce qui était le mieux, ou non, pour lui.
Continuant de rire après avoir charrié ta psychologue, tu te demandes si ça ne fait pas très longtemps que tu n’as pas ris comme ça. La dernière fois était lors du repas de retrouvailles de Pevensie, ça avait été un bon moment et tu te dis que finalement cette psychologue est vraiment une perle, que tu es chanceux d’être tombé sur elle et que tu n’en changerais pour rien au monde. Puis, tu ne sais pas si c’est fait exprès ou non, mais elle réussit toujours à te mettre à l’aise, en confiance et tu sens que tu peux tout lui dire, tout lui avouer sans pour autant être jugé ou alors de façon clémente avec des aides à la fin. Si tu étais un sentimentale et expressionniste tu lui dirais « Elizabeth, merci, je vous aime. » Mais tu te contentes de rire et de lui sourire alors que tu réponds petit à petit aux diverses questions qu’elle te pose. T’ouvrir comme ça ce n’est pas facile, y a qu’avec elle que tu y arrives, tu vas tenter de le faire avec ta famille, ça viendra, mais pour l’instant c’est la seule à être au courant de tout ce qui se trame dans ta vie, des bonnes choses comme des mauvaises.
« Oui, je me dit que si j’arrive déjà à savoir qui je suis, peut-être que je pourrais accueillir les autres auprès de moi et ne pas constamment les repousser ou jouer les sarcastiques, vous voyez ? » Ce nouveau monde était pleins de possibilités et même si au début tu étais perdu, aujourd’hui tu réussis à voir où tu vas, gardant toujours une certaine appréhension de l’inconnu et surtout du regard des autres sur toi, chose que tu n’as jamais aimé, même du temps de Narnia où ta famille ne faisait que te juger à longueur de temps. « Je pense que je l’ai été, dans le passé mais qu’aujourd’hui je ne le suis plus. Est-ce que c’est lâche de se demander ce qu’on est ? Ce monde offre tellement de possibilités que ça devient difficile de faire un choix… » avoues-tu d’un soupire alors que tu baisses à nouveau le regard en écoutant sa question, ou plutôt ses questions qui te font relever la tête et hausser les épaules pour finalement répondre. « Les trois ? Oui, carrément les trois. Pour moi, Hisoka est malsain à mes yeux alors je me dis que peut-être que pour lui tout ça n’est qu’un jeu mais dans le fond il m’a toujours attiré, vous voyez ? Et sentir le regard des autres alors qu’au fond je ne sais pas ce que je suis… » Tu ne prononces pas encore le mot gay ou même bisexuel, t’es perdu, t’en sais rien. « Oui, je pense le revoir, il veut un vrai rencard, je vais lui en donner un, cette fois je gérerais à ma manière, je vous tiendrais au courant… » Elle devait penser que tu la prenais pour un journal intime à la fin mais avec elle tout semblait fluide, naturel. « Je pense que j’ai peur d’assumer que je sois attiré par… Enfin voilà quoi. » Non, c’était trop pour toi, tu ne peux pas en dire plus. « Je suis désolé, je pense que nous touchons à notre fin, non ? Puis vous allez avoir l’impression que je vous prend pour un journal intime ou que sais-je… » Tu pourras toujours revenir, c’est prévu de toute façon, maintenant va falloir que tu agisses.
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[Je pense qu'on peut conclure et on en refera un plus tard si ça te va ? ]
La discussion continuait naturellement. Elle posait les questions, il répondait. Les choses avançaient plutôt bien et Elizabeth était satisfaite par ce rendez-vous. Avec lui, elle avait parfois l'impression de vraiment bien faire son travail et de servir à quelque chose. C'était une impression plutôt rare, mais une impression agréable. Avoir l'impression de servir à quelque chose, de faire le bien, d'être utile. Ce n'était pas quelque chose qu'elle ressentait souvent, alors elle en profitait lorsque c'était le cas. « Alors faites ce travail, découvrez-vous, apprenez à vous connaître. » C'était important parfois de se poser, de se découvrir, de prendre son temps, de ne pas être ce que l'on attendait de nous. Souvent, on devenait ce que les autres attendaient et on s'oubliait. S'il pensait devoir faire ce travail, il devait le faire et sans se presser - un travail qu'Elizabeth devrait songer à faire, elle-même. « Ce n'est pas de la lâcheté. » Affirmait-elle sans laisser planer le moindre doute parce qu'elle ne voulait pas qu'il se pense lâche simplement parce qu'il avait besoin de découvrir qui il était réellement au fond de lui.
Hisoka semblait être un sujet important à évoquer, un sujet qui éveillait beaucoup de doutes et de questions en lui. Tout l'avait gêné dans ce moment qu'ils avaient partagé : Hisoka, le regard des autres, d'avoir cédé à ses envies. Difficile à gérer dans ce cas, elle le comprenait bien. Malgré tout, bien qu'il semblait voir en Hisoka quelqu'un de malsain, il comptait bien le revoir. C'était sa décision et Elizabeth n'avait pas à intervenir là-dedans. Elle se contentait simplement d'un : « Soyez prudent. » C'était sorti tout seul, sans qu'elle ne réfléchisse d'abord à si elle devait le dire ou non. Mais si cet homme le mettait mal à l'aise et s'il le trouvait malsain, il y avait sans doute des raisons à ça. Si ce n'était réellement qu'un jeu, Edmund allait souffrir. Alors la mise en garde d'Elizabeth ne servait peut-être à rien parce qu'il n'allait pas l'écouter, mais c'était fait, désormais. « Et tenez-moi au courant, oui. » Elle le reverrait sans doute bien vite si les choses se passaient trop mal avec Hisoka, de toute façon. Puis, même s'il n'osait pas encore mettre de mot sur qui il était, il finirait par assumer les choses et, peut-être, aurait-il besoin d'en parler avant d'être capable de l'accepter - mais elle ne répondait rien, cette fois-ci, c'était à lui de se sentir prêt pour en parler. « C'est un peu ce que je suis, c'est une jolie façon de dire les choses. » Avait-elle rétorqué, en souriant, lorsqu'il lui avait dit qu'elle devait croire qu'il la prenait pour un journal intime. Et ce n'était pas une insulte, pour elle. « Vous vous confiez, vous parlez de ce qui vous pèse, vous angoisse ou des questions que vous vous posez... Ne pensez jamais me déranger en vous confiant à moi sur tout ce que vous avez envie de me confier. » S'il avait besoin de parler à quelqu'un, elle était là pour ça, même si ce n'était pas toujours des choses pour lesquelles elle pouvait l'aider ou le conseiller. Juste parler, ça faisait parfois un bien fou et, dans ces cas-là, elle se contentait de juste écouter. « Mais, en effet, je n'avais pas vu l'heure... » Le temps passait drôlement vite parfois. « N'hésitez pas, si vous avez besoin de quoi que ce soit et soyez prudent. » Répétait-elle avant de le laisser quitter son cabinet.
(C'est parfait, on peut terminer ici, oui )
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(Terminé) What lies between reality and ideal? {feat. Elizabeth}
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