Quand les cauchemars deviennent réalité | Ambrose

Il était encore tôt lorsque Louise s’était plongée sous ses draps. Fatiguée, elle avait bouquiné un peu, mais s’était très vite endormie. Seulement les choses étaient différentes cette fois-ci. Certains rêves pouvaient paraître réels, si réels, qu’il était parfois difficile de dire si nous étions réveillée ou endormi. Ce phénomène n’avait rien de rare et des milliers de personnes étaient touchés par ce dernier. Louise avait, elle-même, déjà vécue ce genre de chose des dizaines de fois. Sauf que cette fois-ci, son cauchemar semblait plus vrai encore. La jeune ne savait pas comment l’expliquer, mais elle savait qu’elle était endormie, mais elle avait l’impression d’être réellement en train de vivre son cauchemar. C’était comme si son âme s’était matérialisée dans un autre monde où elle vivait réellement, un monde où elle ressentait la douleur pour de vrai, où la peur était fondée et réelle, un endroit où tout ce qui pouvait être ressenti dans la vraie vie, pouvait être ressenti là aussi.

N’arrivant pas à se réveiller, Louise avançait dans son cauchemar. Tout semblait si… étrange. Rien ne semblait avoir de sens, elle passait d’un endroit à un autre sans réellement avoir fait le chemin. Elle parlait avec des personnes qui disparaissaient sans raison et le temps passé affreusement vite, comme si les heures n’étaient que des minutes et parfois, le temps étaient bien plus long, comme si les minutes devenaient des heures.

Louise était désormais sur un pont. Il semblait fragile et abîmé. En dessous d’elle, c’était l’Enfer, le véritable Enfer, rempli de flammes et de décors infernaux. Seulement, elle était au centre de ce pont et pour rejoindre la terre ferme, elle devait faire un choix. Puisqu’une ombre était visible d’un côté du pont, la brune avait choisi de se rapprocher d’elle. Mauvais choix. Le pont s’était effondré et Louise avait chuté avec. Elle avait senti l’infernale chaleur des flammes, mais s’était réveillée sur le sol. Un sol douloureux et rempli de milliers d’insectes qui grimpaient sur sa peau, des insectes qui lui murmuraient de ne pas hurler si elle ne voulait pas qu’il lui arrive malheur. Un sol où chaque pas faisait atrocement mal, mais une fois encore, elle ne devait pas crier, ni même pleurer bruyamment, alors les larmes coulaient sur ses joues, mais Louise n’émettait aucun son. Et que dire de ces bras qui sortaient du sol pour essayer de l’attraper pour l’attirer sous terre. Chaque fois qu’ils la touchaient, la brune sursautait, mais une fois encore, elle ne disait rien et se contentait d’avancer dans le silence, de pleurer dans le silence. Mais l’espoir était revenu lorsqu’elle avait vu cet homme. Pourquoi est-ce que c’était lui qui s’était manifesté dans son rêve ? Elle n’en savait rien, mais il lui avait rendu son enfant un jour. Il lui avait laissé un bon souvenir. Il l’avait aidé dans la vraie vie, alors, ici aussi, il allait l’aider, elle en était certaine, c’était ce qu’il représentait ici. « Ambrose ! » Souffla-t-elle dans un murmure puisqu’elle ne devait pas crier, mais elle était certaine qu’il l’avait entendu, malgré la distance, il l’avait forcément entendu.

Spoiler:

Dans cette ville, même dormir n'était pas de tout repos. Ironique, n'est-ce pas ? Ambrose s'était couché tôt, après avoir fait une nuit blanche, la veille pour feuilleter des bouquins de magie à la recherche de réponses à ses nombreuses questions. Il comptait bien se reposer et récupérer, mais l'endroit en avait décidé tout autrement.

Ses yeux s'étaient ouverts dans un endroit étrange. Dans un premier temps, il avait eu la sensation d'être toujours endormi, de rêver. Il était normal de rêver lorsque l'on dormait, rien d'anormal ou d'inquiétant donc. Ce qui l'était davantage, c'était cette impression qui ne le quittait pas, cette petite voix dans sa tête, qui lui disait de rester prudent, que quelque chose n'allait pas. Ses pas le conduisaient dans des endroits différents, sans lien les uns avec les autres, les personnes apparaissaient et disparaissaient mystérieusement... Un rêve étrange comme un autre, non ? Alors pourquoi cette sensation et cette petite voix ? Ce rêve le perturbait, tout simplement.

Ambrose vivait ce rêve comme il en vivrait d'autres, essayant de se convaincre que ce n'était que ça. Il avançait, jusqu'à ce que ses yeux se posent sur une silhouette familière, de dos. Sabrina. Il avait voulu se précipiter vers elle, mais le diable, sous sa forme de bouc, venait la transpercer de son bras, sous ses yeux. Sabrina s'était écroulée à terre. Ambrose avait voulu courir à son secours, mais il avait disparu, ailleurs. Dans un endroit étrange où les insectes grouillaient et où des bras étranges semblaient prêts à vous attraper pour vous attirer sous terre. En silence, puisque les insectes l'exigeaient, Ambrose avançait, sentant les insectes sous ses pas et ceux qui grimpaient sur ses jambes. Evitant les bras. Il gardait son calme et cherchait à comprendre comment sortir de ce cauchemar.

Au bout d'un temps qu'il ne lui était pas possible de déterminer, il avait vu un visage familier. Un autre. Louise. Il ne la connaissait pas vraiment, mais il lui avait rendu son enfant égaré une fois et ils avaient partagé un repas, par la suite, en guise de remerciement. Prudemment, il s'était avancé vers elle, craignait qu'elle ne disparaisse affreusement comme sa cousine, un peu plus tôt. « Louise. » Avait-il murmuré, étonné. Pourquoi était-ce elle qui se matérialisait dans son rêve ? Ça n'avait aucun sens. « Il n'y a rien à craindre, ce n'est qu'un rêve. » Souffla-t-il pour la rassurer après avoir aperçu les larmes sur ses joues. Alors pourquoi respectait-il les règles ? Pourquoi chuchotait-il ? Pourquoi ne se précipitait-il pas ? Pourquoi souffrait-il de la mort de sa cousine, quelques instants plus tôt ? Pourquoi sentait-il si précisément les insectes qui grimpaient sur lui ? Et pourquoi rassurer une vue de son esprit, l'image d'un rêve ?

Un rêve. Ce n’était qu’un rêve. Tout semblait illogique. Les lieux changeaient d’un instant à l’autre. Le temps passé plus vite que la normale. Et les dangers semblaient multiples et semblaient n’avoir aucun lien. Des rêves comme ceux-là, Louise en avait déjà fait par le passé. Elle avait cette même impression, celle de ne pas être dans un rêve, pourtant, elle se souvenait s’être endormie, elle se souvenait s’être mise au lit et quelques secondes plus tard, elle s’était éveillée dans ce monde étrange. Seulement, ce n’était pas comme toutes les fois où la ville l’avait transporté ailleurs. Non, là, les choses étaient bien différentes. Elle rêvait, ça, elle en était certaine, mais pourquoi tout lui semblait si réel ? Pourquoi craignait-elle tout ? Ne pouvait-elle pas se battre contre ces insectes ? Ne pouvait-elle pas se battre contre ces mains qui essayaient de l’attirer sous terre ? Ou ne pouvait-elle par hurler ? Si tout n’était qu’un rêve, pourquoi avait-elle peur de faire toutes ces choses ?

En avançant, le plus doucement possible, Louise avait fini par apercevoir un visage qu’elle connaissait. Elle ne l’avait vu qu’une fois, lorsque son petit garçon avait quitté le jardin et qu’il avait disparu, mais c’était bien ce visage qu’elle se représentait dans ses rêves. Dans un murmure, la jeune femme appela alors Ambrose qui l’avait reconnu. Il disait qu’il n’y avait rien à craindre, que ce n’était qu’un rêve, pourtant, il semblait avoir peur. Il suivait les règles du jeu et chuchotait pour obéir aux insectes. Louise avait peut-être était un peu distraite par la présence d’Ambrose, elle avait été rassurée de ne plus se sentir seule et n’avait plus vraiment fait attention à où elle mettait les pieds. Alors une des mains s’était posé sur sa cheville, serrant de plus en plus fort. Elle avait essayé de se dégager, mais elle n’y arrivait pas. « Au secours ! » Se mit-elle à crier sous la panique, n’obéissant plus à l'ordre des insectes. Une erreur qui allait lui coûter cher. Les insectes s’étaient jetés sur elle et la main l’avait tirée. En une seconde à peine, Louise avait disparu sous le sol.

Ambrose était persuadé qu'il était en train de rêver. Il y avait dans ce rêve un quelque chose de différent, mais il mettait cette impression sur le hasard, rien de plus. Il n'avait pas peur. Pas plus, en tout cas, qu'il n'aurait eu peur dans un cauchemar. Il ne se sentait pas en danger, pas plus que dans un cauchemar. Cependant, une petite voix hurlait en lui pour le prévenir. Une petite voix qu'il faisait taire, qu'il n'écoutait pas.

Ce qu'il voulait faire avant toute chose était de rassurer Louise. Il ne la connaissait pas énormément, mais il l'appréciait et il savait comme elle pouvait vite paniquer. Les larmes sur ses joues étaient déjà un premier signe qu'elle avait besoin d'être rassurée. Enfin, l'image de cette femme qui lui apparaissait en cauchemar devait être rassurée. La véritable Louise, elle, devait être en train de dormir paisiblement dans son lit, sous des couvertures bien chaudes, en rêvant de belles choses. Evidemment.

Lentement, sans crier et sans mouvement brusque, il avait donc tenté de la rassurer en lui disant que ce n'était qu'un rêve. A ces mots, la jeune femme avait tenté de se rapprocher un peu. Elle avait bougé, en tout cas. Sans prendre conscience de ce qui se passait autour d'elle, sans se montrer suffisamment prudente. Une main s'était alors enroulée autour de sa cheville, prête à l'engloutir. Face à son cri, les insectes s'étaient précipités sur elle et l'avaient fait disparaître dans le sol. Ambrose avait tenté de l'en empêcher en se jetant sur elle, mais il était arrivé trop tard. Et, à son tour, les insectes l'avaient recouvert sous ses hurlements. Il avait encore échoué à sauver quelqu'un et il n'avait même pas su se sauver lui-même.

Ambrose imaginait se réveiller en sursaut, mais il n'en était rien. Doucement, l'idée que tout ceci était réel s'imposait à lui. Tout était trop étrange pour que ça ne le soit pas. Comment sortir d'un cauchemar dans ce cas ? D'un vrai cauchemar ? Et Louise, était-elle réelle ? Et Sabrina ? Difficile à dire, dans les deux cas.

Lorsque ses yeux s'étaient ouverts, après avoir été aspiré, il se trouvait dans un endroit rocheux et sombre. La chaleur était insupportable. En observant l'endroit de plus près, il comprit aussitôt : il était en Enfer. « Louise ! » Hurla-t-il alors, à sa recherche. Il ne la voyait pas, mais ils avaient tous les deux été aspirés par le sol, ils étaient certainement tous les deux au même endroit, non ?