(terminé) Il ne sert à rien d'avoir peur (Elizabeth)

Cela faisait quelques mois que Nicolas avait débuté sa mission. Pour le compte de Mary Stuart, il devait espionner d'une certaine manière Elizabeth Tudor. Mary avait des comptes à régler avec l'autre jeune femme. Pour ça elle voulait que le mercenaire en apprenne le plus possible. En gros, il devait essayer de trouver les informations qu'elle cachait. Pour l'heure, il n'avait pas grand chose. Il faut dire que Elizabeth ne laissait pas beaucoup de place à sa vie personnelle dans ses séances de psy. Car oui, la demoiselle était psy et Nick se faisait passer pour un patient. C'était pour lui, le meilleur moyen de l'atteindre et de gagner sa confiance. Il n'était pas idiot et savait que ceci prendrait du temps. Gagner la confiance d'une personne ne se faisait pas en deux secondes hélas, ni même en quelques jours. D'ailleurs, si elle était du genre "craintive" ceci rendait la tâche bien plus difficile.

Alors, il continuait à aller aux séances, bien que dans le fond ça ne lui plaisait pas. Lui qui n'aimait pas forcément parler de sa personne, alors il inventait un peu, détournait la vérité et la transformait d'une certaine manière pour que sa cible pour avoir de l'affection et de la confiance. Il l'avait également sauvé. Enfin... elle ignorait que c'était lui qui avait commandité l'attaque pour qu'il puisse l'aider et ainsi voir qu'il était quelqu'un de bien. Le jeune homme s'était rendu de nouveau chez elle, pour lui parler en toute amitié. Le but, c'était toujours d'établir la confiance entre eux.

Ainsi, aujourd'hui, il voulait lui rendre visite pour l'inviter à sortir. C'est qu'elle était assez réticente à l'idée d'aller dehors pour se balader. De nombreuse fois, il avait remarqué que ses habitudes étaient toujours identique. Elle travaillait puis rentrer chez elle et même si elle faisait ne course, elle rentrait juste après. Aucun loisir extérieur, sa vie avait un petit côté triste. Devant sa porte, il frappa, car si jamais il utilisait la sonnette et que ça ne marchait pas, il ne pouvait pas l'entendre à cause de sa surdité. Il avait l'intention d'inviter la jeune femme pour faire une petite ballade et pourquoi pas s'arrêter dans un bar ou un café pour boire quelque chose.

Elizabeth était tranquillement installée chez elle. Aujourd'hui, elle ne travaillait pas. Si d'autres profiteraient alors de leur journée pour se balader, Elizabeth en profitait pour faire ce qu'elle faisait de mieux : rester enfermer chez elle, à l'abri. Sa journée était plutôt ennuyante, comme toujours. Elle se préparait, elle mangeait, elle feuilletait magazines et livres, elle s'essayait même au dessin ou à d'autres activités qui ne nécessitaient pas de sortir. Au fond, elle aurait aimé pouvoir vivre une autre vie ici loin de la peur, la douleur, l'amertume, la vengeance... Loin de tous ces sentiments qui lui pourrissaient la vie un peu plus chaque jour. Elle aurait aimé être plus intelligente que Mary et être celle qui menace plutôt que d'être la victime. Sauf qu'elle s'était bêtement sentie en sécurité ici et elle n'avait pris aucune précaution. Et Mary faisait de sa vengeance un véritable devoir, une obligation. L'ancienne reine n'abandonnait rien.

Si Elizabeth aurait aimé plier bagages et quitter ce monde pour être loin de sa cousine, elle ne le pouvait pas. Personne ne pouvait sortir d'ici. Elle l'avait compris avec le temps. Alors elle restait là, à feuilleter un vieux magazine qui traînait là depuis des lustres, avec un grizzli sur la couverture, dans une main, des fruits secs dans l'autre. Elle ne se souvenait même pas l'avoir acheté un jour, ni même l'avoir déjà lu. A vrai dire, elle ne savait même pas ce qu'il contenait, tant elle s'en fichait royalement. La psy l'envoya alors sur la table basse, poussant un long soupir ennuyé en s'enfonçant davantage dans son canapé. Ses yeux se posèrent sur un tableau installé face à elle. Tableau qui représentait des champs flavescent à perte de vue et qui lui rappelait à quel point elle était enfermée dans cette grande maison vide plutôt que de profiter de l'extérieur et de cette nouvelle vie. Sa vie ne ressemblait plus à rien, rien de plus qu'à une structure qui menaçait de s'effondrer à chaque seconde. Sa peur grandissait de jour en jour. Elle était de plus en plus parano, soupçonnait tout le monde, craignait tout le monde, en voulait à tout le monde. Elle se sentait menacée en permanence, à l'abri nul part. Elle n'avait aucune solution pour se sortir de tout ça. Aucune.

Elizabeth fut sortie brutalement de ces mêmes pensées qui la hantaient chaque jour lorsque quelqu'un frappa à la porte. Elle sursauta. Qui était-ce ? Elle n'attendait personne ! Et ce n'était pas comme si elle avait des dizaines d'amis ou connaissances qui passaient régulièrement chez elle. Hésitante, elle se leva finalement, s'approchant doucement de la porte d'entrée. L’entrouvrant légèrement, elle reconnut immédiatement Nicolas, l'un de ses patients depuis plusieurs mois maintenant. S'il connaissait son adresse, c'était parce qu'une fois il l'avait raccompagné alors qu'elle avait été agressée. Depuis, il était déjà venu une fois pour l'inviter à se balader. L'une de ses rares balades en dehors de ses courses et de son passage, de temps à autre, au café pour son repas du midi. « Nicolas ! » souffla-t-elle, surprise de le voir ici. « Vous avez besoin d'aide pour quelque chose ? » le questionna-t-elle en relevant bien la tête pour être certaine qu'il puisse la comprendre.

Le jeune homme avait du mal à comprendre comment on pouvait vivre reclus comme ça à son domicile. Certes, elle sortait quand elle allait au boulot ou qu'elle allait faire ces courses, mais c'était tout. Pour le reste, elle se semblait pas avoir d'activité extérieur où de rencontrer plus de monde dehors. Elle pourrait avoir des amis ? Des gens qu'elle aurait envie de voir pour passer un peu de temps avec eux. Mais non rien. Elle préférait être chez elle, ayant surement peur de se faire attaquer par les hommes de Mary. Dans cette histoire, il se demandait qui était vraiment "la méchante". D'un côté, Mary en voulait à Elizabeth et cherchait à tout prix à obtenir les aveux de cette dernière. D'un autre côté, Elizabeth agissait un peu bizarrement et ça pouvait cacher quelque chose qu'il n'avait pas encore découvert. Pourtant, depuis qu'il voyait la jeune femme, il n'avait pas l'impression qu'elle soit si méchante que ça. Sauf que les apparences peuvent parfois être trompeuse, alors il ne pouvait rien dire de particulier. Si ça se trouvait, elle avait vraiment fait un truc horrible. Sauf que ce n'était pas son genre de juger. Après tout, la jeune femme ne disait pas grand chose sur elle.

Toujours dans sa mission, il n'avait pas l'intention d'abandonner et tout ceci le rendait finalement bien curieux. C'est pour cela qu'en tant "qu'ami" il se rendit chez la jeune femme pour essayer de la faire sortir. A force, elle finira peut-être par se livrer. Ayant frappé, il n'attendit pas bien longtemps avant qu'elle ne vienne ouvrir la porte. Elle afficha un visage surprit en voyant le jeune homme et pensa qu'il avait besoin d'aide. Tout de suite, il fit non de la tête, ça n'avait rien à voir avec ceci. Il se força donc à sourire un peu, ce qui pourra lui prouver que tout allait bien. "Cha vous dit, de chortir un peu ?" articule t-il de manière un peu approximative, mais ça devait être assez compréhensif pour qu'elle ait comprit sa phrase. Elle était déjà venue marcher avec lui une fois, il n'y avait aucune raison qu'elle dise non, à moins qu'elle ne soit trop occupé à faire quelque chose ? Et puis, avec lui, elle ne risquait rien, c'est qu'il est doué dans le combat et l'ayant déjà sauvé une fois, elle devrait être rassuré de l'avoir à ces côtés. Ne voulant pas se montrer insistant, il lui laissa le temps de réfléchir et de lui répondre.

Elizabeth s'attendait à tout pour cette journée, mais certainement pas à avoir de la visite. A dire vrai, elle n'en avait jamais aucune. Elle vivait seule dans cette maison, ne comptait aucun véritable ami et n'avait pas de famille. Sa vie était une succession d'actions prévues à l'avance, qu'elle répétait chaque jour. Une routine installée pour se sentir en confiance et en sécurité. Pour cela, il lui fallait se couper du monde extérieur. Avoir des amis, des proches, c'était prendre le risque de les mettre en danger. Elle ne pouvait plus se le permettre. Pas après avoir perdu autant. Seule, elle ne mettait en danger qu'elle-même et elle s'assurait qu'aucune trahison ne pouvait l'atteindre.

Pourtant, Nicolas avait fait mieux que presque n'importe qui dans cette ville. Simple patient au départ, il tentait de tisser des liens avec la psy. Liens qu'elle mettait sur le compte de l'amitié. Elle n'y connaissait pas grand chose. En tant que reine, les amis étaient peu nombreux. Fidèles plus par obligation ou pour obtenir des faveurs que pour Elizabeth elle-même. L'ancienne reine était habituée à cette solitude, la connaissait depuis toujours. Pourtant l'idée de pouvoir changer ça, ne serait-ce qu'un court instant, avec Nicolas n'était pas pour lui déplaire. Elle entrevoyait ce à quoi elle n'aurait jamais le droit.

Elizabeth n'était pas complètement stupide, elle se disait qu'il s'attachait à elle parce qu'elle lui avait conseillé de voir du monde et qu'il était plus facile de s'attacher à sa psy qui connaissait ses problèmes et ses besoins. Dans un premier temps, d'ailleurs, elle avait cru qu'il n'était là que parce qu'il avait besoin de quelque chose, besoin d'aide. Pourquoi venir la voir sinon ? Mais ce n'était pas le but de sa visite. Comme une autre fois auparavant, Nicolas était venu lui proposer une sortie. La perspective de sortir de cette maison, avec l'impression d'être en sécurité, n'était pas non plus pour lui déplaire. Pourtant, elle hésita un instant, se demandant s'il était bien bon de laisser naître une chose qui pouvait devenir une habitude dangereuse à ses yeux. Elle se mettait en danger en prenant le risque de se trahir, en prenant le risque de changer ses habitudes et de s'exposer à l'extérieur. Elle le mettait en danger en laissant des liens se créer. Et puis, si elle avait été une bonne psy, sans doute aurait-elle compris aussi que ce type de relations avec un patient était déconseillé. « Oui. » lança-t-elle finalement, sans s'en rendre compte. « Avec plaisir, oui. » reprit-elle. « Laissez-moi quelques minutes pour me préparer et j'arrive. » proposa-t-elle, un sourire aux lèvres. Il était absolument hors de question qu'il entre chez elle. Personne n'entrait chez elle. Jamais. Alors elle referma la porte, se dépêchant d'enfiler un manteau et de prendre ses clés. Elle n'était toujours pas persuadée qu'il s'agissait d'une bonne idée, mais elle avait trop besoin de prendre l'air pour revenir sur sa décision. « Je suis prête, nous pouvons y aller. » lança-t-elle, refermant la porte derrière elle, une fois dehors. « Vous vouliez aller quelque part en particulier ? » Peut-être avait-il déjà prévu l'endroit où il voulait se rendre. Elizabeth ne connaissait pas grand chose aux endroits agréables pour marcher ou se promener, alors il ne fallait pas compter sur elle ou sur ses conseils. Et puis, dans le pire des cas, ils pouvaient simplement marcher sans savoir où ils allaient, ça n'avait pas beaucoup d'importance pour Elizabeth. Elle, elle ne voulait qu'une chose, sortir de sa routine et de sa solitude, oublier ses peurs, même si ce n'était que pour une heure.

Le mercenaire avait attendu que la porte s'ouvre, il n'était pas pressé et par chance il était tout de même patient. Et puis si Elizabeth était à l'autre bout de chez elle ou occupée à faire quelque chose, il fallait le temps de venir jusqu'à la porte. Quand la porte s'ouvrit, il la salua et ne perdit pas de temps pour lui proposer d'aller marcher dehors. A quoi bon tourner autour du pot ? Mieux vaut être direct et si elle refusait, tant pis, il serait partit pour mieux revenir une prochaine fois. La jeune femme ne mit pas longtemps à répondre, elle était d'accord et il afficha un sourire ravi pour montrer qu'il était content qu'elle accepte. Par contre, elle avait besoin de se préparer, pour ça elle referma la porte, laissant Nick attendre seul dehors.

Ceci était un peu bizarre qu'elle ne l'invite pas à entrer, mais il n'allait pas juger. La psy était un peu "étrange" dans le sens où sa vie sociale semblait totalement inexistante en dehors de son travail. Pour l'avoir suivi et "espionné" un nombre incalculable de fois, il connaissait sa routine à présent. Elle travaillait, elle rentrait et ne sortait que pour faire des courses, jamais pour profiter de l'air frais et du beau temps. C'était triste, du moins c'est ce qu'il trouvait. Une vie sans rencontre, sans personne avec qui parler... Ce genre de comportement lui vaudrait clairement de faire une thérapie, mais il ne pouvait rien lui dire. Si Nick lui parle de ça, elle se demandera pourquoi il sait tout ça. Sa mission devait rester secrète sinon il ne pourra jamais obtenir les informations que sa cliente souhaite.

Un petit instant après, la porte s'ouvrit une fois de plus, laissant la jeune femme venir à lui. Elle était prête et demanda s'il avait prévu quelque chose, il haussa les épaules, si elle désirait un coin en particulier, ils pouvaient facilement aller là-bas. Alors, en attendant sa réponse, il se mit à marcher pour qu'elle le suive, une direction prise un peu au hasard, mais s'était tout de même celle du parc, histoire d'aller dans un coin qui était sympa. Après, rien ne les empêchent d'aller du coté de la place ou du centre ville. Ils n'ont aucune obligation. "Vous n'aviez rien de prévu ?" demande t-il en articulant plutôt bien et avec presque aucune fausse note, même si son ton paraissait surement toujours étrange pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude. La psy avait déjà entendu Nick parler à plusieurs reprises, elle ne devait plus être choquée. "Le parceuh ou la plache ?" demande t-il à la demoiselle, autant prendre une direction tout de suite, alors parc ou plage, car l'un ou l'autre les feras prendre une rue différente à la prochaine intersection.

Si Elizabeth ne sortait presque jamais, elle avait accepté, cette fois-ci, d'accompagner Nicolas, l'un de ses patients. Ce n'était certainement pas une bonne idée d'accepter ce genre de sorties, mais elle avait besoin de prendre l'air. Et seule, jamais elle ne franchirait le pas alors elle avait besoin de quelqu'un pour l'accompagner. Après avoir accepté, elle avait donc refermé la porte derrière elle, refusant que quiconque entre chez elle. La prudence avant tout, selon elle. Elizabeth n'avait confiance en personne et elle restait méfiante. Toujours. Elle savait que baisser sa garde pouvait être dangereux. Elle en avait payé le prix bien des fois. Les rares fois où elle avait fini par faire confiance à ses proches, elle avait été trahi de la pire des façons. Alors elle ne voulait plus que ça lui arrive.

Après avoir enfilé un manteau et une écharpe, la jeune femme avait rouvert la porte pour sortir et verrouiller cette dernière. Tout en se mettant en route, elle lui demanda s'il avait prévu quelque chose de particulier. Après tout, peut-être avait-il prévu l'endroit où il devait aller avant même de décider d'y aller avec Elizabeth. Il ne semblait avoir rien de prévu et retourna la question à la jeune femme. Question à laquelle elle se contenta de répondre par un non de la tête. Elizabeth n'avait jamais rien de prévu, hormis ses courses et son travail, même s'il ne pouvait pas le deviner. Il reprit alors la parole lui proposant le parc ou la plage. La psy ne mit pas longtemps à y réfléchir. Elle craignait qu'il n'y ait trop de monde au parc, imaginant pouvoir s'éloigner de ce dernier plus facilement sur la plage. « Je préfère la plage. » répondit-elle avec un sourire. Elle s'y sentirait bien mieux, plus à l'aise, moins en danger. A tort, peut-être. « C'est gentil d'avoir pensé à moi pour vous accompagner. » lança-t-elle en tournant la tête vers lui pour être certaine qu'il puisse lire sur ses lèvres. Même s'il faisait ça, sans doute, parce qu'elle était l'une des rares personnes qu'il fréquentait, d'après ce qu'elle avait compris et aussi, peut-être, parce qu'elle était celle qui lui avait proposé de faire ce type de balade pour son bien-être. « Vous vouliez me parler de quelque chose de particulier ? » s'il n'avait pas besoin d'aide d'après ce qu'il avait dit, peut-être avait-il eu besoin de lui parler de quelque chose et qu'il ne voulait ou ne pouvait pas attendre leur prochaine séance ? Autant dire que même si l'attention lui faisait plaisir, elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir besoin de comprendre le pourquoi il faisait ça. Elle n'imaginait pas que quelqu'un puisse le faire sans raison, alors elle avait besoin de chercher et de comprendre pour se rassurer.

Après quelques minutes, la demoiselle avait terminé de se préparer pour le rejoindre dehors. Il avait été patient et pendant ce temps avait même observé les alentours pour voir si des sbires de Mary n'était pas là. Il lui faisait des "rapports" réguliers et pour une fois il ne savait pas trop quoi penser de cette drôle de mission. De ce qu'il connaissait de la psy, elle n'avait pas l'air méchante. Cacher son jeu pouvait être facile, donc il ne pouvait absolument pas être certain que s'était vrai. La demoiselle ne se livrait pas beaucoup, du moins son passé demeurait un véritable mystère et même s'il gagnait sa confiance, rien ne pouvait l'assurer qu'elle lui dira quoi que ce soit. Vous savez, même si ça peut sembler étrange, surtout de la part de Nick, il trouvait Elizabeth sympa et devoir la faire parler... ça lui faisait un peu mal au cœur même s'il ne pouvait l'avouer. Peut-être le fait qu'elle accepte le fait qu'il soit sourd et qu'elle ne le rejette pas était un point gagnant pour elle...

Le duo se mit à marcher sans vraiment savoir où aller. Il demande si elle souhaitait un endroit en particulier comme le parc ou la plage. Elle indiqua la plage, alors pourquoi pas. Il opina du chef pour indique que c'est là qu'ils vont aller et il prit la direction de cet endroit en sa compagnie. Ce n'était pas bien loin, deux ou trois kilomètres, prendre l'air de toute manière, ça ne pouvait pas faire du mal, n'est-ce pas ? Elizabeth le remerciait, mais elle n'avait vraiment pas besoin de le faire, c'était juste normal. De plus, elle ignorait que se rapprocher d'elle faisait parti de sa mission "secrète". Elle l'interpela tout de même pour savoir s'il avait besoin de parler de quelque chose. Non, il venait juste comme ça, à la fois pour gagner sa confiance, mais aussi parce qu'elle lui faisait un peu de peine à rester le plus souvent seule chez elle. Ainsi, il fit non de la tête pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas la moindre demande qui pourrait concerner son travail. En plus, ça serait mal venu de la déranger et de le faire travailler alors qu'elle est hors de son cabinet et redevient une citoyenne normale. "Che paché dans le coin. Alors me chuis dit que vous auriez peut-être envie de m'accompagner pour marcher un peu." Il avait articuler comme toujours du mieux qu'il peut sans que ce soit exceptionnel, mais du moment qu'elle comprenait s'était l'important. Tout le monde ne parle pas le langage des signes, alors il fallait bien faire avec les moyens du bord.

Ils étaient enfin du côté de la plage, l'air été frais, mais c'était une belle journée et le soleil parvenait à réchauffer tout le monde. L'odeur de l'embrun était également agréable même s'il avait tendance à picoter le nez de Nicolas. Son odorat étant plus développé par la perte de l'un de ses sens, il pouvait facilement ne pas supporter certaine odeur. Ceci le fit d'ailleurs éternuer, mais rien de bien grave. En passant devant un marchand de glace, il se stoppa et proposa à Miss Tudor de choisir quelque chose. Le petit marchand faisait même des crêpes et des gaufres, il y avait du choix. Bien sûr, c'est lui qui invitait, ça lui faisait plaisir et ça leur permettra de se poser sur un banc face à la mer.

Elizabeth n'avait jamais été douée avec les relations. Des amis, elle n'en avait pas. Autrefois, elle n'en avait eu que très peu. La place qu'elle occupait lui faisait sans cesse se demander si les gens étaient sincères ou s'ils attendaient quelque chose d'elle. La situation compliquée dans laquelle elle s'était retrouvée toute sa vie lui faisait toujours craindre pour elle et sa sécurité, la forçant ainsi à être méfiante et à ne pas se lier facilement. Il lui était arrivée de faire confiance dans cette autre vie qui lui semblait désormais si loin. Sauf qu'Elizabeth avait eu tort presque à chaque fois. Alors si dans ce monde elle avait espéré une nouvelle chance, une nouvelle vie, elle n'avait jamais réussi à effacer son passé et oublier sa peur. Comment l'aurait-elle pu, de toutes façons, avec le retour de Mary ? Elizabeth se retrouvait coincée, comme autrefois. Affaiblie par l'absence de pouvoirs et sans aucune sécurité, contrairement à sa cousine qui avait su se montrer plus intelligente. Aujourd'hui, elle ne savait plus à qui faire confiance et si elle avait bien pensé imiter sa cousine, assumant qui elle était une bonne fois pour toute, elle ignorait de qui s'entourer, rendant ce plan impossible pour le moment. Si elle s'était entourée dès le départ, ne reniant ni son passé, ni son identité... Peut-être aurait-elle pu être celle qui assénerait le premier et dernier coup pour enfin espérer avoir une vie tranquille.

Cette peur et cette méfiance la poussaient à toujours vouloir comprendre, à poser des questions et à ne pas se laisser approcher. L'une des rares exceptions était Nicolas. Il n'avait été que son patient au départ. Puis il lui était venu en aide. Il ignorait tout d'elle, de qui elle était ou de son passé, alors elle supposait qu'il ne pouvait être que quelqu'un de bien, quelqu'un qui l'avait défendu parce qu'elle en avait eu besoin. Alors sans lui accorder sa totale confiance, elle en avait assez en lui pour accepter de se promener en sa compagnie. Puis, elle avait de la compassion pour lui. Elle se voyait en lui d'une certaine façon, à travers sa peur du rejet et sa difficulté à se lier aux autres. A tort, peut-être. Pourtant, elle, elle ne comprenait pas pourquoi il s'embêtait à prendre du temps pour elle, pour lui proposer de sortir. Enfin, si, elle supposait qu'il avait besoin de voir quelqu'un pour ne pas se promener seul et qu'elle était la mieux placée puisqu'elle connaissait sa situation. Ou qu'il avait besoin de parler en dehors d'une séance. Elle pouvait le comprendre. Il n'était pas toujours facile d'attendre lorsque l'on avait besoin de se confier, même si elle ne comprenait toujours pas comment elle pouvait avoir tant de patients qui revenaient vu son incapacité à aider et à faire son travail. Alors elle le lui avait demandé, mais il avait répondu qu'il n'avait rien à dire. A sa réponse, elle se contenta de sourire. Heureuse de pouvoir faire autre chose que d'être seule, enfermée chez elle. S'il n'y avait aucune raison particulière, ce n'était rien, elle n'allait pas s'en plaindre. Ce n'était peut-être que pour une heure ou deux, mais c'était toujours mieux que rien.

La marche jusqu'à la plage se fit principalement dans le silence. Elizabeth le savait. Il parlait peu, mais peu importe. C'était si agréable d'être là, de se promener comme n'importe qui, d'avoir un semblant de vie normale durant quelques heures. L'air frais lui faisait tant de bien. Elle en profitait tant elle savait que ça n'allait pas se reproduire de sitôt. Nicolas s'arrêta devant un petit marchand qui vendait glaces, crêpes et gaufres. Il proposa alors à la psy de prendre quelque chose. Elle hésita un instant, puis se décida finalement à accepter. Ça pouvait être agréable de se balader en mangeant quelque chose, alors elle opta pour une gaufre, trouvant la période trop froide encore pour une glace. Elle passa alors sa commande, laissant à Nicolas le temps de faire de même. Ils n'attendirent pas bien longtemps avant d'être servis. « merci. » lança-t-elle simplement à Nicolas.

S'il parlait peu, elle n'était pas non plus une grande bavarde. Elle n'avait rien à raconter et personne à qui le raconter alors en dehors de son cabinet où il lui arrivait de beaucoup parler, elle était plutôt silencieuse. Et si jusqu'à présent, le silence ne l'avait pas trop dérangé, elle cherchait désormais à parler et trouver des sujets de conversation. « On s'assoit un peu ? » proposa-t-elle finalement. Ils pourraient reprendre leur balade ensuite, mais autant se poser un instant, le temps de manger. « C'est un endroit agréable. Surtout lorsqu'il n'y a pas trop de monde, comme aujourd'hui. » lança-t-elle, reprenant aussitôt. « Vous y venez souvent ? » C'était une façon de lancer la conversation, en parlant de banalités.

Plus le temps passait et plus cette mission n'avait plus l'air d'en être une. Depuis le temps qu'il venait voir Elizabeth pour essayer d'en apprendre plus sur elle, il n'avait toujours pas réussi à voir le monstre que Mary lui avait succinctement décrit. Bien qu'il cherche à gagner sa confiance, il ne parvenait à savoir ce qu'elle aurait pu faire d'aussi monstrueux. La jeune femme vivait recluse un peu comme si elle avait peur du monde extérieur. Ne connaissant pas son histoire, il ne pouvait pas vraiment savoir pour quelle raison elle était comme ça. Mais elle ne lui semblait pas méchante, ça c'est sur. Pour elle, s'était juste une innocente ou une victime collatérale de quelque chose qu'il ignore. Parfois, il se dit qu'il devrait abandonner la mission, dire à Mary qu'il ne peut rien obtenir de la cible et qu'elle ne veut rien lui dire. De même, il se dit qu'un jour, il devra dire à la vérité à Miss Tudor, lui expliquer qu'il n'était pas là par simple amitié, du moins au départ. Parce qu'au fil du temps, il trouve cette demoiselle sympathique. D'ailleurs, elle lui fait même un peu de peine à ne voir personne et sembler si seule.

Bien que ce soit pour la mission, venir la voir pour la faire sortir ça lui tenait à cœur. Alex serait surement ravi de voir que son ami à bon cœur. Après tout elle a toujours cru en lui. Nicolas n'est pas un monstre, il peut être bien plus et devenir un véritable ami et protecteur. Elizabeth n'avait bien entendu rien de prévu en cette après midi, il avait donc eu raison de venir pour la faire sortir un peu. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent en bord de plage et qu'il l'invita à prendre quelque chose à manger. C'était une invitation cordiale et elle ne lui devra rien. Elle prit une gauche et lui demanda des churros. La jeune femme proposa de s'asseoir et il accepta. Un banc face à la mer, c'était sympathique comme endroit et très calme pour une fois, mais ça devrait changer dès que les températures plus chaudes pointerons le bout de leur nez. Histoire de ne pas rater quelque chose qu'elle pourrait dire, il était légèrement tourné vers elle, s'il ne peut pas lire sur ces lèvres, ça risque d'être un handicap. Elle fut curieuse de savoir s'il venait souvent ici. Dans un premier temps, il haussa les épaules. Il ne vient pas tous les jours, ça lui arrive de passer quand il fait un jogging, mais c'est rare qu'il s'arrête comme aujourd'hui pour contempler le paysage. "Parfois, quand che fais un jogging," explique t-il à son interlocutrice. Le plus souvent, il est à l'agence pour réceptionner les clients ou sur le terrain pour ses missions à suivre des gens ou enquêter. "Pourquoi vous ne chortez pas plush ?" demande t-il. Il voit bien qu'elle est du genre recluse et si ça peut lui en apprendre plus de lui poser cette question. Dans le fond, c'est une question innocente et il voit à son visage qu'elle avait l'air heureuse de pouvoir prendre l'air et de profiter des quelques rayons de soleil, malgré des températures pas encore très chaude. Si seulement il pourrait avoir des réponses. Et même s'il est censé faire un travail, peut-être que pour une fois il aura des scrupules et qu'il ne l'exécutera pas. Après tout, libre à lui de garder le secret d'Elizabeth, surtout qu'il l'apprécie, alors que Mary... à un côté antipathique et un côté agaçant du peu qu'il a pu voir. Des deux, c'est clairement Elizabeth Tudor qui est le plus vulnérable et c'est elle qu'il a envie d'aider et protéger.

C'était une situation inhabituelle pour Elizabeth. Loin d'être désagréable, néanmoins. Au contraire même, elle se sentait bien et étrangement en sécurité. Elle ne lui faisait pas confiance, pas autant qu'elle le pourrait après ce qu'il avait fait pour elle, mais elle se sentait en sécurité et c'était déjà beaucoup pour Elizabeth. Et puis, depuis quand n'était-elle pas sortie juste comme ça, pour prendre l'air ? Une éternité, sans doute. Cela lui faisait le plus grand bien, alors elle profitait, consciente que la situation ne se représenterait pas régulièrement. Sauf que pour l'instant, elle tentait de simplement profiter de l'instant. A la proposition de Nicolas, elle avait hésité un court instant avant d'accepter de prendre quelque chose à manger. Ils passèrent leur commande et n'attendirent pas bien longtemps avant d'être servis et d'aller s'installer sur un banc. Ils venaient de marcher un certain temps, ils pouvaient se poser un moment pour manger et reprendraient leur balade ensuite.

La jeune femme observait tout autour d'elle. Il n'y avait pas grand monde et c'était agréable. Ils pouvaient profiter de l'air frais et du soleil, sans avoir ni trop froid ni trop chaud. Puis, elle avait fini par se retourner vers Nicolas pour discuter. Le silence n'était pas encore désagréable, mais discuter était aussi agréable parfois. Pour lancer la conversation, parce qu'elle n'était pas la plus douée pour ça, elle lui demanda si c'était un endroit qu'il fréquentait régulièrement. Il lui répondit par un signe de tête d'abord avant d'ajouter qu'il y passait parfois pour courir. Elle lui répondit alors simplement par un sourire, ne trouvant rien à ajouter. Il était compliqué de tenir une conversation quand les deux interlocuteurs n'étaient pas doués pour ça et ici, c'était le cas.

Cette fois-ci, il reprit la parole de lui-même pour lui poser une question. Une question à laquelle elle n'avait aucune réponse à donner. Puis, pourquoi pensait-il qu'elle sortait si peu ? Elle fut décontenancée et mal à l'aise par sa question, elle avait besoin de prendre une seconde pour y réfléchir sans que ça ne semble étrange, mais elle ne savait pas quoi faire. « Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne sors pas souvent ? » ça se voyait tant que ça ? Elle cachait si mal son jeu ? Elle qui tentait de montrer qu'elle avait une vie normale, banale. Elle reprit finalement, tentant de paraître naturelle et de cacher sa gêne, sachant que ne pas répondre paraitrait plus suspect qu'autre chose. « J'aime la solitude. » c'était faux. Elle y était plutôt habituée. Par obligation au départ, peut-être par choix parfois. Il était plus simple d'être seule que de mal s'entourer et d'être trahie une fois encore. C'était pesant parfois, mais avec le temps, elle s'y faisait. Elle ne pouvait avoir confiance en personne. Elle préférerait avoir une vie, des amis, des proches, une famille, mais elle ne le pouvait pas. Elle ne pouvait pas se l'autoriser. Elle les mettrait en danger ou ils finiraient par l'abandonner. Alors, la solitude était devenue une alliée et elle s'y était habituée avec le temps. C'était donc l'excuse parfaite. Pas totalement fausse. Pas totalement vraie. Mais elle ne pouvait pas lui répondre que sa cousine lui faisait vivre un enfer depuis son arrivée dans ce monde pour se venger de ce qu'Elizabeth avait fait. Alors plus que la solitude, c'était la peur qui guidait ses choix et qui faisait qu'elle sortait peu et ne se liait à personne. « Vous devez vous demander si je ne me moque pas de vous avec mes conseils. Je vous conseille de sortir, de vous lier aux autres, mais je ne les applique pas moi-même. » Tentait-elle d'ajouter, en souriant et en détournant le regard. Elle était mal à l'aise de discuter de ça, tant c'était lié à tous les problèmes qui lui pourrissaient la vie, à ce qu'elle avait été et ce qu'elle était, à toute cette peur avec laquelle elle vivait... Tant de choses dont elle ne pouvait pas parler et à chaque fois que le sujet la concernait, elle craignait de faire une erreur, de dire une chose de travers, une chose qui pouvait la trahir. 

Nicolas était loin d'être le meilleur pour entretenir une conversation. Déjà, il y a le fait qu'il est sourd, il n'entend donc rien si on lui parle, sauf si on le regarde en face, là il peut facilement lire sur les lèvres et comprendre. Puis, il y a également le fait qu'il ne parle pas très bien. Sourd de naissance, il n'a jamais entendu le son de sa propre voix, il ne sait pas bien articuler. Certes, il arrive à s'exprimer, mais les mots qu'il prononce ne sont pas juste au niveau de la phonétique et c'est parfois dur à comprendre. C'est pour ça qu'il parle peu et qu'il se sert surtout du langage des signes, mais trop peu de personnes sont capables de le comprendre. Malgré tout, il faisait son possible pour se faire comprendre auprès d'Elizabeth et osa lui poser une question. Ça ne sera jamais une grande conversation et elle parlera toujours plus que lui, mais son handicap était compréhensible et l'excusait un peu de son manque de "conversation".

Le mercenaire demanda à la jeune femme pourquoi elle ne sortait pas plus et elle sembla surprise. C'est vrai qu'il n'était pas spécialement censé savoir ça. Sa question lui faisait comprendre son erreur, mais il pouvait encore se rattraper. "Vous n'avez po l'air de prendreu beaucoup le choleil !" explique t-il simplement. C'est vrai que la psy n'était pas une personne à la peau très dorée. Elle était principalement pâle, du moins aux yeux de Brown. Ceci pouvait donc marcher et faire penser qu'elle ne profitait pas beaucoup de l'extérieur. Et puis, il venait de frapper chez elle et elle y était... c'était une preuve de plus. La jeune femme lui indiqua qu'elle aimait la solitude. Pourtant, il la trouvait triste. Est-ce que la solitude rend triste ? Si on aime ça, Nick pense que non. Par la suite, elle indiqua qu'il devait surement la trouver de mauvais conseil. C'est vrai qu'elle n'appliquait pas ce qu'elle disait à ces patients. Vous savez ce qu'on dit, ceux qui donnent des "ordres" ne les font jamais eux même. De la même manière, elle n'applique pas ces conseils. Comme pour fuir, elle détourna la tête. Demander à Nicolas d'être doué avec les gens pour leur remonter le moral, ce n'est pas une mince affaire. Doucement, il posa sa main sur son épaule, à la fois pour la réconforter, lui dire qu'il était là, mais aussi faire en sorte qu'elle le regarde, car si elle parle de l'autre côté, il ne pourra jamais savoir ce qu'elle dit. Choyez honnête ! Vous avez l'air triste. La cholitude, vous n'avez pas l'air d'aimer cha..." S'il pourrait parler comme il faut, il pourrait lui faire un long et beau discours, mais ce n'était pas le cas. Elle devra se contenter du minimum qu'il peut faire. "Vous n'êtes pas cheul !" assure t-il. La solitude, elle devait la mettre de coté pour une fois. "Che chuis votre ami !" dit-il simplement en esquissant un léger sourire et posant la main sur son cœur pour se designer. C'était ce qu'il avait trouvé de mieux, de plus direct pour exprimer ce qu'une personne douée de parole aurait conté avec un beau discours. Lui, le fit en quelques mots, c'était plus simple ainsi. Effectivement, elle n'était pas seule. Il sait que c'est une mission, qu'il ne devrait pas venir ami, mais ça le peine de la voir se morfondre et se cacher. Son passé est certainement horrible, il l'ignore, mais Mary est un monstre de s'en prendre à elle et de lui faire payer de la sorte. Nicolas n'est pas un ange, c'est un tueur, un homme qui peut-être cruel, mais parfois, il peut-être touché par des gens, par des histoires. Alex l'avait touché, il l'avait surveillé, eut pitié d'elle et au lieu de la tuer, lui avait laissé la vie sauve. Aujourd'hui, il ne regrettait pas, la jolie brune comptait tellement pour lui. Un peu à la manière d'Alex, Elizabeth éveil en lui quelque chose, de la compassion, l'envie de l'aider et de la sortir de là. Sans soutient, elle continuera de se morfondre dans sa solitude, c'est pourquoi il veut lui montrer qu'il est là et qu'elle peut lui faire confiance.

Elizabeth avait l'impression que la situation était en train de lui échapper. A ses yeux, être à l'extérieur la rendait vulnérable et si, en plus, la conversation commençait à tourner autour d'elle, elle craignait de faire une erreur. Et elle n'avait pas le droit à la moindre erreur. A chaque fois qu'elle parlait avec quelqu'un, elle y voyait un danger potentiel. A chaque question, elle voyait le risque qu'elle prenait en donnant sa réponse. Comment répondre au pourquoi elle sortait si peu sans que ça ne paraisse suspect ? Parce qu'aux yeux d'Elizabeth, tout pouvait paraître suspect. Il justifia sa question parce qu'elle lui avait demandé ce qui lui faisait penser à ça. Au fond, cela se voyait sans doute qu'elle était du genre à rester chez elle. Par deux fois, il était venu frapper à sa porte et elle était présente. Alors bien sûr, cela pouvait être un simple hasard. Mais elle était mal à l'aise en extérieur, et peut-être que ça se ressentait plus qu'elle le pensait.

Elle répondit alors ce qui lui passait par la tête, ce qui lui semblait logique, sans prendre trop de temps pour réfléchir au risque de paraître étrange. Sa première idée fut donc qu'elle aimait la solitude. Certains aimaient la solitude. Certains prenaient plus de plaisir à rester seuls chez eux plutôt qu'à rencontrer du monde en ville. Certains aimaient être chez eux plutôt que d'être à l'extérieur. C'était évident. Pour détourner l'attention, elle essaya de plaisanter en lui disant à quel point il devait la trouver de mauvais conseils. Depuis les nombreux mois où ils se voyaient, elle lui répétait qu'il devait s'ouvrir aux autres, se lier aux autres et sortir. Tout ce qu'elle ne faisait pas. Elle avait ses propres raisons, mais elle ne pouvait pas les partager, alors autant rire de l'ironie de la situation.

Aussitôt dit, aussitôt elle tenta de fuir son regard pour ne rien laisser paraître. Il fallait qu'elle se concentre sur autre chose. Elle mangeait un bout, regardait au loin, espérait qu'il parle d'autre chose ou priait pour trouver elle-même un autre sujet de conversation. Et s'il ne la croyait pas ? S'il remettait en doute ce qu'elle disait ? Si elle fuyait, il se poserait forcément des questions. Si elle restait, elle mettait en danger son mensonge. Elizabeth fut d'abord surprise de sentir sa main sur son épaule, bien trop peu habituée aux gestes réconfortants ou aux contacts. C'était un geste que bien peu se serait permis autrefois, mais aujourd'hui ça n'avait plus aucune importance. A son contact, elle s'était aussitôt retournée vers lui, l'écoutant expliquer qu'il ne la croyait pas et qu'elle n'était pas seule, qu'elle pouvait se confier à lui. Mieux encore, qu'il était son ami. Comment pouvait-il lire si bien en elle ? Ses sentiments et ses émotions étaient-ils si simples à déchiffrer ? Si c'était le cas, c'était bien trop dangereux pour elle. La jeune femme baissa les yeux un instant, les relevant presque aussitôt. Il ignorait à qui il était en train de dire ça. Il ignorait le monstre qu'elle pouvait être, la femme qu'elle avait été. Il avait raison. La solitude, elle n'aimait pas ça. Elle y était contrainte et, par habitude, elle y trouvait un certain sentiment de sécurité. Mais elle n'aimait pas ça.

Il fallait qu'elle stoppe cette conversation. Il serait si facile de se confier, de croire en ce qu'il disait, d'oublier un instant les craintes et de trouver un confident. Sauf que c'était impossible. Elle ne pouvait pas prendre ce risque. Alors, il fallait qu'elle trouve la bonne réponse à lui donner. Celle qui allait le convaincre, mais aussi celle qui n'allait pas le vexer parce qu'elle n'avait aucune envie de le vexer alors qu'il voulait se montrer gentil. « Vous n'êtes pas mon ami, Nicolas. » commença-t-elle, en essayant de lui sourire pour ne pas paraître vexante, parce qu'il ne pouvait entendre son intonation. « Je suis votre psy. On ne devrait même pas se voir en dehors des séances. » et ça, c'était vrai. Ou plutôt, c'était ce qu'elle semblait avoir compris, est-ce que tout le monde respectait ça ? Elle n'en savait rien. « Et pour je ne sais quelle raison, vous avez pitié de moi alors vous voulez m'aider. » parce qu'il s'agissait bien de pitié ? Elle s'était convaincue toutes ces fois qu'il se rapprochait d'elle parce qu'il ne savait pas comment se rapprocher d'autres, mais en réalité, il avait pitié d'elle. Le patient qui avait pitié de sa psy. « Sauf que c'est à moi de vous aider, pas le contraire. » précisa-t-elle, voulant les remettre chacun à leur place. Elle ne cherchait pas sa pitié, elle n'en voulait pas. Elle ne cherchait pas à ce qu'on la plaigne ou à ce qu'on s'intéresse à elle. Il était en train de se passer tout le contraire de ce qu'elle voulait. « Et je vais vous donner un conseil puisque c'est mon rôle. Ne cherchez pas à devenir mon ami. Ça ne vous apporterait rien de bon. » c'était peut-être un premier risque de dire ça, mais elle voulait le mettre en garde. Entrer dans sa vie n'était jamais bon signe. Elle avait perdu tous les gens à qui elle tenait. Il était préférable pour lui de rester à distance.

Ce n'était pas évident d'essayer de communiquer avec Elizabeth. Non pas parce qu'il était sourd, mais parce qu'elle était clairement fermée aux autres. Tout autour d'elle, il y avait cette carapace invisible qui était là pour la protéger. Une carapace capable de repousser n'importe qui, même les âmes le plus chaleureuse. C'est ce qui allait se passer. Malgré la gentillesse qu'il montrait, le fait qu'il essayait de l'aider, de lui prouver qu'elle n'était pas seule. la demoiselle rejetait tout en bloque. C'était clairement ça, elle ne voulait pas de son amitié et cela pourrait presque être vexant pour Nicolas. C'est vrai, lui aussi n'a pas beaucoup d'amis. Le sourd est clairement un rustre, un solitaire et son handicap à tendance à repousser pas mal de personne qui de toute manière ne se donneront jamais la peine de prendre le temps d'essayer de passer outre sa surdité. L'excuse de la jeune femme, c'était tout simplement parce qu'elle était sa psy. On ne lui avait jamais fait ça, l'excuse du côté professionnel. C'était s'enfermer dans un monde à part. D'une certaine manière, il pouvait comprendre qu'un docteur n'ait pas envie d'être ami avec un patient, surtout un psy qui connait les problèmes de ces derniers. Mais il pensait avoir prouvé qu'il était plus qu'un patient qui avait besoin d'elle. En plus, il exposait des choses sans trop d'importance, en même temps, ce n'est pas comme s'il allait la voir pour de réel problème, mais pour sa mission. Une mission qui déraillait légèrement puisqu'il appréciait la demoiselle et qu'il voulait l'aider, alors même qu'elle était sa cible.

Elizabeth pensait qu'il avait pitié d'elle. C'était à moitié vrai. La voir tout le temps chez elle, il trouvait ça triste. Le mercenaire avait déjà passé de nombreuse heures, différents jours des semaines, planqué devant chez elle pour voir ces habitudes. Son train de vie était toujours le même, elle travaillait et rentrait chez elle, les rares fois où elle osait mettre le bout de son nez en dehors de ces heures au cabinet, c'était pour faire des courses. Une vie palpitante et trépidante. Alors oui, il avait un peu pitié d'elle et de son enfermement. Mais pas que ! Dans le fond, il ne désirait qu'une chose, l'aider. C'est qu'elle ne méritait pas de rester dans son coin sans avoir un seul ami, car clairement, elle n'avait pas l'air d'en avoir. D'après ce qu'elle disait, il ne devait pas avoir le rôle de l'aider, c'était le sien de faire ça pour lui. Ah ! Que des bêtises tout ça. La dernière chose qu'elle lui dit fut d'ailleurs assez négative. Ceci le fit grogner comme il l'avait souvent l'habitude de le faire. On dit rarement à Nicolas ce qu'il doit faire, elle devrait le savoir. "O.K ! Dans che cas, vous êtes virée !" dit-il très simplement en la regardant et avec un petit sourire. C'était bien ça qui la gênée ? Que Nick soit son patient ? Eh bien voilà, il n'est plus son patient et elle n'est plus sa psy. On peut dire que ça règle les problèmes de déontologie que ça pourrait lui poser. Malgré son sourire, il était sérieux. "Maintenant, on peut êtreuh amis !" parvient-il à articuler clairement histoire de montrer son entêtement. Comment pourrait-elle refuser ça ? "Vous devriez po rejeter les perchonnes qui veulent être votre amis !" explique t-il. Ce n'était surement pas son meilleur conseil, dans le sens où il n'a pas non plus un tas d'ami, mais qu'importe. "Peux chavoir che que je risque à être votre ami ?" demande t-il au vu de sa mise en garde. Elle parlait surement des ennuis qu'elle a avec Mary, du fait qu'elle est souvent surveillé. Vu qu'il travaille pour son "ennemi" il ne risque rien, mais en vrai, il a vraiment envie de l'aider et d'en savoir plus sur elle. Certes, peut-être qu'elle a fait quelque chose de mal dans le passé. Mais on a tous un passé. Nicolas a tué la famille de son meilleur ami. Des gens odieux qui frappaient Worick, il n'a fait que se débarrasser d'eux et son ami l'a pendant longtemps détesté. Mais le passé c'est le passé. On regretter ou ne pas regretter. Ce qu'il l'a fait, c'était pour aider le blond et il ne regrette pas, il sait que ce dernier l'a compris depuis. Elizabeth a peut-être fais quelque chose de grave, mais vu comment elle vit aujourd'hui, il a la forte impression qu'elle regrette. N'est-ce pas le plus important ? Regretter ce qu'on a fait, se rendre compte que c'était mal et chercher à se repentir ?

Elizabeth n'aimait pas la tournure que prenait cette sortie. Elle s'était imaginée marcher, discuter un peu de Nicolas peut-être, puis rentrer. Tout simplement. Nicolas était un homme qui parlait peu et si cela mettait parfois Elizabeth mal à l'aise, il y avait également un avantage non négligeable à cela : elle n'était pas obligée de parler d'elle, ainsi. Ne pas parler d'elle, c'était prendre un risque en moins de commettre une erreur, de dire une bêtise qui pouvait la trahir. Cette fois-ci, il semblait plus insistant et ne croyait pas en ses excuses. Elle se sentait coincée dans une situation qui était en train de lui échapper. Le mieux pour elle aurait sans doute été de couper court à la conversation, de se lever et de rentrer chez elle. Évidemment, en agissant ainsi, elle perdrait Nicolas et ne pourrait plus lui venir en aide. Peut-être était-ce le mieux à faire ? S'éloigner avant qu'il n'entre réellement dans sa vie, qu'il ne devienne son ami ? Elle ne pouvait pourtant pas s'y résoudre. Elle éprouvait de la compassion pour lui. Elle se sentait en sécurité avec lui. Dire adieu à tout ça, c'était retourner à la solitude la plus complète. Elizabeth n'arrivait pas à s'y résoudre et à prendre la meilleure décision tant pour lui que pour elle.

Lui, il s'accrochait à elle parce qu'il avait pitié d'elle. Il sentait ce qu'Elizabeth tentait de cacher à tout le monde. Et c'était dangereux. A force, ne pouvait-il pas la convaincre de se dévoiler davantage ? Il pouvait lire ses mensonges et un jour, il pourrait très bien comprendre les horreurs commises autrefois par Elizabeth. Alors elle tentait de le convaincre que leur relation ne devait rester que professionnelle. Ils ne pouvaient pas être amis puisqu'elle était sa psy. Après tout, cela pouvait poser des problèmes, non ? Elle était là pour l'aider et l'amitié pouvait compliquer les choses. La jeune femme insista d'ailleurs sur le fait que lui, contrairement à elle, n'était pas là pour l'aider, que les rôles ne devaient pas être inversés... La psy était à court de raisons, d'excuses... Elle ne savait plus quoi dire, quoi ajouter. Alors elle ajouta quelque chose qu'elle regrettait presque aussitôt. Comment justifier qu'il était mauvais d'être ami avec elle ? Quelles excuses pouvaient-elles trouver ? C'était usant à la longue de mentir, encore et toujours.

Nicolas ne semblait pas d'accord avec elle. Il insistait, n'acceptant pas ses raisons. A la place, il trouvait la réponse parfaite à ses problèmes. Comment l'envoyer balader alors qu'il se montrait si gentil ? Elle n'en était pas capable, égoïstement. « Vous avez la solution à tous les problèmes ? » souffla-t-elle, ne pouvant se retenir de lui sourire, reconnaissante de ce qu'il faisait. Comment lui refuser ce qu'il voulait alors que le seul véritable problème, elle ne pouvait pas en parler ? « C'est à vous de me donner des conseils maintenant ? » C'était à son tour de lui donner des conseils sur l'amitié alors qu'ils étaient sans doute aussi mauvais l'un que l'autre dans ce domaine. A la dernière question de l'homme, Elizabeth ne pouvait s'empêcher de détourner le regard un instant. Il pourrait être si facile de tout avouer et d'en finir, mais elle ne le pouvait pas. Ce n'était pas facile pour elle de refuser son amitié, de faire bonne figure en permanence ou de ne pas être mal à l'aise. « Je ne suis pas quelqu'un de bien. » lança-t-elle finalement dans un soupir en tournant son visage vers Nicolas pour qu'il puisse lire sur ses lèvres. Ce n'était pas un aveu facile, peut-être dangereux, mais au final, il disait bien peu de choses sur elle. Dans cette ville, tous semblait avoir fait quelque chose de mal. « Ne cherchez pas à comprendre Nicolas, s'il vous plaît. » parce qu'elle ne voulait pas le vexer en l'envoyant balader et parce qu'elle ne pouvait rien dire de toute façon. « Je ne peux rien vous dire de plus. » lança-t-elle, en baissant les yeux un court instant. « Et vous, pourquoi tenez-vous tant à être mon ami ? » demanda-t-elle à son tour. Il lui avait posé des questions, c'était à son tour. Son entêtement ne pouvait être lié qu'à une chose et construire une amitié sur ça, elle n'était pas certaine que ce soit une bonne chose. « Simplement parce que vous vous êtes confié à moi, je vous connais et il est plus facile de devenir ami avec moi que de trouver quelqu'un qui ne vous connaît pas, n'est-ce pas ? » répondit-elle elle-même à sa question. Il ne lui restait que ça comme solution : lui faire comprendre que c'était une mauvaise idée pour lui, sans parler d'elle et des dangers qu'elle lui apporterait.

Tout ceci était de base une simple mission. Son but était d'apprendre la vérité sur Elizabeth sur ordre d'une personne étant venu l'engager pour ça. Au début, il n'avait pas vraiment de scrupule et il aurait même dû utiliser la manière forte pour essayer d'arracher la vérité de la bouche de sa cible. Mais il avait choisi la manière douce, c'était une psy, alors se rendre chez elle tel un patient lui semblait logique pour gagner sa confiance et éviter de faire trop de vague en ville. S'il commençait à devenir trop violent dans le coin et se faire remarquer, Worick aurait râlé et ici ils n'ont pas de flics à corrompre pour couvrir ce qu'ils font. Alors, jouer le rôle du patient avait été plus sage, mais ça lui avait aussi à apprit à connaitre Elizabeth. Au départ, il pensait que c'était une personne horrible mais au final sa manière de faire, sa vie semblait triste. Au début, il avait ressenti un peu de pitié pour elle, puis ensuite l'envie de l'aider à s'en sortir et de ne plus être recluse comme c'est le cas. Personne ne devrait avoir à subir ça. Plus il la côtoyait, plus il la trouvait sympa et une sorte d'amitié vu le jour.

Aujourd'hui, qu'il était venu la voir, elle semblait avoir peur que cette amitié soit là et voulait même tout stopper en disant que vis à vis de sa profession ceci n'était pas possible. Voilà un détail auquel il n'avait pas spécialement pensé avant. Mais il y a toujours une solution, toujours ! Ainsi, il indiqua qu'elle n'était plus sa psy, comme ça plus de problème de déontologie et compagnie. La réflexion de la jeune femme le fit sourire. Pour toute réponse, il se contenta d'un sourire et d'un haussement d'épaule qui voulait dire "pas vraiment" mais en tout cas c'était sa solution pour le problème qui se posait à eux. Ainsi ce serait à lui de lui donner des conseils à présent. Hum... Nicolas est loin d'être le genre de type capable d'être de bon conseil avec les autres. "Souis po chur que che choit une bonne idée." répond t-il simplement en se grattant la tête l'air un peu gêné. Alex pourrait le dire, Nick n'est pas du genre à donner des conseils. Worick confirmera surement ça. Nicolas est plus une sorte de chien de chasse, un limier qui trouve sa cible et l’exécute sans avoir le moindre remord et sentiment.

La demoiselle continua, elle le regardait alors ceci était plus facile pour lui de lire sur ces lèvres. Ce qu'elle dit le surprit d'ailleurs... Elle disait ne pas être quelqu'un de bien. Pourquoi dire cela ? De ce qu'il voyait, jusque là, elle avait l'air normal, pas plus monstrueuse qu'une autre personne. A côté d'elle, il est bien plus horrible. Ceci lui fit lever un sourcil interrogateur et surprit. C'est pas tous les jours que quelqu'un vous fait ce genre d'aveu. Mais elle ne voulait pas qu'il sache pourquoi, il n'avait pas le droit à plus de réponse. Ceci avait peut-être un lien avec la commanditaire de la mission. Mais au diable Mary, il se fichait pas mal d'elle. C'était mal, mais il avait appris à connaitre Elizabeth et il avait plus envie de l'aider elle que la personne qui l'avait payé. "Et alors ?" articule t'il plutôt bien. "Che ne chuis pas quelqu'un de bien moi non plus !" dit-il simplement pour lui faire comprendre que ceci n'était pas grave. Nicolas avait toujours été considéré comme un monstre là d'ou il vient. Un pauvre Indexé, un homme qui n'était pas totalement humain tout çà à cause d'un vieux médicament donné à des soldats pour les booster physiquement durant la guerre. Des effets de ce produit miracle restant dans le sang de ces personnes et se transmettant à leur progéniture. Une force décuplé, une bien meilleure agilité, de la rapidité et tant d'autre... A cause de sa nature qu'il n'avait pas choisi on l'avait rejeté. Cette vie l'avait mené à devenir un mercenaire et à n'avoir pitié pour pratiquement personne. Découper ses ennemis étaient même un jeu plaisant pour lui. Alors, elle n'est pas la seule à ne pas être quelqu'un de bien.

Sa nouvelle amie voulait savoir pourquoi il voulait devenir son amie. Ceci n'était pas forcément de la pitié, c'est juste qu'il voyait en elle une personne à sauver, un peu comme avec Worick et aussi parce qu'il s'entend plutôt bien avec elle. Personne ne devrait vivre ainsi, reclus dans son coin. Son côté psy prit le dessus et elle tira des conclusions surement bien trop hâtive. Brown secoua la tête pour rejeter tout ce qu'elle avait dis. Il allait devoir parler et faire de son mieux pour que ce soit compréhensible. Parche que vous êtes chympa ! Vous êtes douche et attentive. Mais je vois de la chritesse en vous. Une chorte de peur qui vous pouche à repoucher les autres. A quoi bon ? Vivre cheul n'est pas fachile. Qu'importe che que vous avez fait, on a touch un passé. Vous imaginez peut-être que che chuis un ange... mais che chuis un démon. Mon paché est sombre, mais c'est le passé ! Acceptez de vivre aujourd'hui. On a touch le droit de faire des erreurs." Les longs discours ce n'est vraiment pas le truc de Nick et il espérait que ce soit assez compréhensible pour qu'elle comprenne. Elizabeth n'avait rien de monstrueux du moins pas à ses yeux. Et si elle avait fais quelque chose de mal par le passé et bien c'était le passé. L'important c'était le présent et il avait l'impression qu'elle se flagellait bien assez aujourd'hui pour les erreurs qu'elle a pu commettre. Le repentit est possible pour tous, le pardon aussi. Worick avait réussi à pardonner Nicolas d'avoir tué ces parents. Qu'importe, elle ne doit pas s'enfermer dans la culpabilité. "Ché aujourd'hui l'important. Le paché... c'est de l'hichtoire ancienne." Tout ce qu'il faut, c'est assumer et vivre. Si on s'enferme là dedans, c'est forcément la chute et c'est ce qu'elle est en train de faire, s’enfoncer dans les abysse pour ne plus en ressortir.  

Elizabeth tentait de l'éloigner, en vain. Il restait accroché à cette idée de devenir son ami. Jusqu'à présent, dans ce nouveau monde, la psy avançait seule et elle ne s'en sortait pas si mal. Au moins, elle ne mettait plus personne en danger et c'était déjà un grand pas pour elle. Quant à la solitude, elle s'y habituait. Ce n'était pas simple de vivre comme cela, ce n'était pas simple de repousser tout le monde, mais elle s'y faisait parce qu'elle savait que c'était la meilleure solution. Pourtant, sans doute l'avait-elle encouragée en acceptant à deux reprises de se balader avec lui. Elle avait franchi les limites et il était bien difficile, pour elle, de justifier désormais qu'elle ne voulait pas se faire d'ami. Ou qu'elle ne le pouvait pas, pour être plus précise.

Il était pourtant difficile, pour Elizabeth, de le rejeter simplement. Elle voyait ses efforts et ce n'était pas simple pour elle de trouver les bons mots. Quelque part, elle ne voulait pas le vexer ou le blesser parce qu'il ne le méritait pas. Peut-être aussi qu'elle ne voulait pas qu'il sorte complètement de sa vie parce qu'une présence lui faisait du bien, mais elle ne voulait pas se le dire. La jeune femme trouvait alors des excuses : d'abord, elle était sa psy et il n'était pas recommandé de devenir amie avec ses patients. Pour ça, il trouvait immédiatement une solution : celle de la renvoyer. Définitive et efficace, elle ne pouvait le nier. Lorsqu'il lui conseilla de ne pas se fermer aux autres et de ne pas les repousser, elle avait l'impression de voir les rôles s'inverser et de le voir lui donner des conseils. Elle ne put alors pas s'empêcher de relever ce détail. La réaction de Nicolas la fit alors sourire et elle n'ajouta rien. Finalement, elle non plus n'était pas forcément la mieux placée pour donner des conseils et pourtant, elle le faisait.

Il était temps de reprendre ses excuses pour l'éloigner. Elizabeth lui affirma alors qu'elle n'était pas quelqu'un de bien. C'était une confidence qui pouvait être dangereuse. Peut-être. Mais elle essayait de se persuader qu'il y avait bien des façons de ne pas être quelqu'un de bien ou de ne pas être quelqu'un méritant l'amitié de quelqu'un d'autre. Mais à la réaction de Nicolas, elle sentit qu'elle n'aurait pas dû dire ça. Ce n'était pas une bonne idée parce que cela éveillait forcément la curiosité. Comme bien trop souvent, elle avait été irréfléchie et stupide. Elle reprit alors presque aussitôt en lui demandant de ne pas insister parce qu'elle ne pouvait pas lui en dire plus. A sa réponse, Elizabeth le fixa longuement. Il n'était pas quelqu'un de bien, lui non plus ? Avait-il fait des choses plus horribles qu'Elizabeth ? Il ne s'était jamais confié sur ce genre de choses, mais c'était logique après tout. « Vraiment ? » elle ne cherchait pas forcément à le faire parler, elle remettait simplement en doute ce qu'il venait de dire, supposant qu'il avait très bien pu le dire uniquement pour la convaincre ou lui montrer qu'elle n'était pas seule.

A son tour, elle lui posa une question. Pourquoi tenait-il tant à faire d'Elizabeth son amie ? Des gens, il y en avait tellement sur cette île et cela faisait autant de potentiels amis. Alors pourquoi s'attarder avec elle qui le repoussait, pourtant ? Elle émit alors une hypothèse, la plus probable selon elle. Il s'attachait à elle parce qu'elle le connaissait, parce qu'il s'était confié à elle et parce que c'était ainsi plus simple. Inutile de recommencer tout ce processus visant à apprendre à se connaître. Nicolas secouait la tête, affirmant alors que ce n'était pas vrai. Selon lui, non, ce n'était pas pour cette raison. Alors pourquoi d'autre ?

Lorsque l'homme reprit la parole, Elizabeth remarquait l'effort qu'il faisait. Il n'était pas du genre à parler longtemps, mais il faisait cet effort pour justifier ce qu'il voulait. C'était un effort qu'elle appréciait, bien qu'il n'avait pas à faire ça pour elle. Elle avait l'impression qu'il lui décrivait une autre personne. Elizabeth n'était pas sympa, douce ou attentive. Ce n'était pas des qualités qu'on lui attribuait généralement, ni ici, ni ailleurs. C'était une femme qui avait dû prendre des décisions et en assumer les conséquences. Aujourd'hui, elle payait le prix de ses erreurs et de ses choix. Il ne la connaissait pas réellement, c'était uniquement pour ça qu'il la voyait comme ça. Il ne voyait que ce qu'elle montrait aux autres, un personnage qu'elle s'était inventée le jour où elle s'était réveillée dans ce monde pour se protéger de son passé et de sa cousine. « J'ai l'impression de vous entendre décrire quelqu'un que je ne connais pas. » disait-elle, en essayant de sourire. « Sauf si votre passé refuse de vous laisser tranquille. » soupira-t-elle, ne sachant comment se sortir de tout ça. « J'ignore votre passé, mais si vous avez pu vous en sortir, je suis heureuse pour vous. Vous le méritez. » affirma-t-elle, sincère. « Mon passé fait partie de mon présent. Je ne peux y échapper. Il ne s'agit pas de simples erreurs que l'on peut oublier. » se laissa-t-elle aller à la confidence, oubliant un instant qu'il était préférable pour elle de se taire.

Elizabeth se leva finalement, consciente qu'elle allait trop loin et qu'elle se mettait en danger. Elle prit soin de se tourner vers Nicolas afin qu'il puisse toujours lire sur ses lèvres, et ajouta. « Je ne dois pas... » commença-t-elle, se stoppant, la peur et la panique l'envahissant de nouveau en réalisant qu'elle avait déjà beaucoup trop parlé. « Je vous remercie pour cette balade, mais c'était une erreur et je vais devoir rentrer Nicolas. C'est trop pour moi, je ne peux pas... » Elle prenait clairement la fuite et ce n'était peut-être pas la meilleure solution, cela pouvait facilement éveiller les soupçons, mais cette fois-ci, c'était la meilleure chose à faire. Elle s'en persuadait du moins. Il le fallait avant qu'elle ne confie des informations importantes qui la trahiraient et l'empêcheraient de revenir en arrière.

Les gens n'ont pas tous l'air capable de pouvoir vivre avec leurs actes. Pourtant, ils devraient tous le savoir, on a pas le choix. Une fois qu'on a fait quelque chose, c'est en quelque sorte gravé dans le marbre et rien ne pourra effacer ce choix. Nicolas le sait bien, car il en a fait plusieurs qui ne peuvent être changé aujourd'hui, il faut simplement l'accepter et vivre avec. A quoi bon se torturer pour un acte qu'on ne pourra plus changer ? Le passé doit appartenir à ce dernier et ne pas nuire à l'avenir. Oui, c'est évidement plus facile à dire qu'à faire, mais c'est ce qu'il pense. Si on reste hanté par des actes qu'on a fait, ça ne peut que pourrir notre existence et la vie est bien trop courte pour être hanté et torturé de la sorte.

Nick était loin d'être un homme parfait, il n'était pas non plus ce qu'on pourrait appeler un type bien. Tuer ne le dérange pas, se battre non plus. On lui donne des missions, il enquête sur la vie des gens et fouillent même d'une certaine manière dans leur intimité pour parfois obtenir les informations dont il a besoin. Oui, la vie privée n'est pas un obstacle pour lui. Mais c'est son job, il ne va pas faire marche arrière pour des questions de politesse. Alors sincèrement, il se fichait royalement qu'Elizabeth dise ne pas être quelqu'un de bien. Et puis, qui peut se targuer d'être une bonne personne ? On a tous pensé un jour du mal de quelqu'un, peut-être même souhaité sa mort dans un moment de colère. Ne me dites pas que c'est faux, on l'a tous fait ! Il suffit d'une personne qui vous aurez mal parlé, persécuté ou autre. Et c'est normal, car nous sommes tous humains et que la colère et d'autres sentiments tels que la tristesse, la dépression et compagnie peuvent nous pousser dans des retranchements extrêmes et parfois violent. Mais ceci ne veut pas pour autant dire qu'on passe à un acte odieux. Et finalement, même si on craque et qu'on fait du mal, certes ce n'est pas bien, mais un moment de faiblesse peut arriver à n'importe qui. Est-ce pour autant que ça fait de nous un monstre ? Nick ne le pense pas. Les erreurs arrivent et personne ne peut-être parfait et blanc comme neige sur ce monde. Si c'était le cas, il ne faudrait même pas s'en prendre à une mouche qui vient se poser sur votre bras. Il haussa donc les épaules quand Elizabeth sembla surprise d'apprendre qu'il n'était pas aussi gentil qu'elle aurait pu le croire.

Le mercenaire avait fait un véritable effort pour lui expliquer ce qu'il pensait d'elle et essayer de la rassurer. Mais, ceci ne prenait pas. Non, elle ne voulait pas l'entendre et restait persuadée qu'elle était une sorte de monstre même si elle ne le disait pas avec ce genre de mots. Tout de même, elle parla du passé et ceci lui apprenait donc que tout ce qui n'allait pas c'était à cause de ça. En gros, le fait que Mary soit venue la voir justifiait bien le fait qu'il se soit passé quelque chose de pas bien positif entre elles, mais quoi ? Là ou Nicolas été parvenu à faire la part des choses sur son propre passé, elle n'y était pas parvenue. Le regret peut se comprendre, mais tôt où tard, il faut avancer. Voilà qu'elle était en train de se lever pour partir. Non, ça ne pouvait pas se passer comme ça. Au bout d'un moment, il faut cesser de fuir et juste affronter les choses.

Nicolas se leva pour la rattraper. Pour ne pas lui faire peur, il décida de ne pas la retenir en attrapant son poignet. A la place, il vint devant elle pour la stopper. "Alors quouah ?" demande t-il avec un air interrogatif. "Vous allez fouir toute votre vie ? Reschter cheul pour toujours et rejetter les autres à cause de votre paché ?" Il devait lui faire prendre conscience que ça ne servait à rien et qu'elle ne faisait que gâcher sa vie en agissant de la sorte. "Fouir n'est pas un cholution ! Le paché finira toujours pas vous rattraper." Plus on fuit, plus c'est inutile. Parfois, il vaut mieux attraper le taureau par les cornes et l'affronter une fois pour toute pour avancer. "Je ne chais pas ce que vous avez fait par le paché. Mais cha va continuer de vous hanter tant que vous ne l'aurez pas affronté." Brown n'était pas du tout psy, mais il avait une certaine logique et expérience. Après tout, il avait tout de même tuer les parents de son meilleur ami et ce dernier lui en a toujours voulu. Certes, ça va aujourd'hui, il aurait surement dû agir d'une autre manière, mais ce qui est fait ne peut pas être changé, c'est ainsi ! "Vous ne vous inflicheuriez pas autant de mal, chi vous n'auriez pas de regret. Il est temps de faire fache ! Vous devez affronter votre paché. Ché le cheul moyen d'avancher et de vous pardonner." A la voir, elle avait plus l'intention de continuer à se morfondre dans ce qu'elle a pu faire, plutôt que d'accepter, de demander pardon et d'essayer de se racheter. A quoi bon vivre ainsi alors ? Recluse, sans amis, sans sortir... C'est d'une tristesse absolu. Nicolas est certain, qu'importe ce qu'elle a pu faire, qu'elle peut avancer et avoir une vie normale et honnête. Il a d'une certaine manière réussi, non ? Et son amitié avec Worick est toujours intact, bien que ce dernier veut tout de même être celui qui mettra fin à ces jours pour accomplir une sorte de vengeance. A présent, ce sont surement des paroles en l'air, mais il a promit qu'il resterait à ces côtés, c'est en quelque sorte sa punition. Elizabeth réussira surement à trouver une solution, quelque chose pour demander pardon et expier ces pêchés, mais il faut déjà qu'elle l'accepte pour que ça marche ! 

N'importe qui aurait déjà fui devant le refus d'Elizabeth ou devant ses justifications. Pourquoi perdre du temps inutilement, après tout ? Pourtant, il restait là et il insistait. Peu importe les arguments utilisés par la psy, il n'en démordait pas. Dans bien d'autres situations, cela aurait pu faire perdre patience à Elizabeth. Cette fois-ci, elle avait l'impression qu'il faisait ça pour elle alors elle n'en perdait pas patience. Elle ne savait simplement pas comment se sortir de tout ça. Il ne pouvait pas comprendre ses sentiments et ses raisons puisqu'il ne connaissait pas sa vie ou son passé. Il ne comprenait pas les risques qu'il prenait à être son ami ou les difficultés qu'il rencontrerait. Elle n'était pas celle qu'il croyait. Il ne connaissait que le personnage qu'elle s'était inventée. Il ne connaissait que cette femme renfermée, que sa psy. S'il connaissait le véritable visage d'Elizabeth, sans doute ne voudrait-il même pas lui parler. Dans son passé, même si ses actes étaient justifiés par l'époque et par la vie qu'elle menait, elle avait fait des choses difficilement justifiables et acceptables. Bien qu'il disait lui-même ne pas être un ange, l'ancienne reine l'imaginait mal avoir commis les mêmes atrocités qu'elle.

Ce personnage qu'elle s'était inventé s'effaça malgré tout. Un peu. Mais c'était déjà trop. A force d'insister, à force de la rassurer et de lui parler, elle avait baissé sa garde. Deux ans qu'elle réussissait à se contrôler, à ne rien dévoiler. Elle n'avait pas dit grand chose, mais elle avait confié ne pas être quelqu'un de bien. Elizabeth avait également confié des choses sur son passé, sans jamais évoquer les faits. Il savait simplement que son passé était compliqué et qu'elle ne pouvait pas s'en débarrasser. Sauf que c'était déjà trop. D'une façon ou d'une autre, peut-être que chacun avait un passé difficile, mais pour elle, avouer cela, c'était un premier aveu dangereux. Elle devait se taire et se montrer prudente, mais c'était difficile de ne pas lâcher prise pour une fois que quelqu'un semblait prêt à l'écouter. Sa naïveté l'avait bien souvent perdu pourtant, mais elle ne semblait pas retenir la leçon.

Elle comprit pourtant qu'elle ne pouvait pas rester là avec lui. Elle comprit aussi qu'elle ne pouvait pas prendre autant de risques même si elle était bien ici et qu'elle ne voulait pas le blesser en l'envoyant balader. Elle se décida donc à se lever, lui expliquant qu'elle ne pouvait pas rester, qu'elle devait rentrer et que c'était une mauvaise idée cette balade. Sauf que Nicolas ne semblait pas prêt à abandonner l'idée de lui faire oublier son passé puisqu'il se mit debout, devant elle, pour la stopper. Elle l'observa sans parler et il fut le premier à reprendre la parole. Il ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre ce qu'elle avait fait et cette peur qui ne l'avait jamais quitté. Elle vivait avec depuis toujours comme une fidèle compagne. Cette peur qui lui avait permis de toujours rester en vie. Cette peur qui, quelque part, la protégeait. « Fuir me permet de rester en vie, Nicolas ! » s'énerva-t-elle finalement, regrettant aussitôt ce qu'elle avait dit. Ça, c'était l'aveu de trop certainement. Elle s'était laissée emportée, lassée d'entendre les mêmes choses. Évidemment qu'elle aurait aimé avoir une autre vie, qu'elle aurait aimé avancer, mais son passé ne lui permettait pas. Il ne suffisait pas de l'affronter, de s'excuser et d'oublier. Ce n'était pas aussi simple pour elle, malheureusement.

Elle baissa les yeux un instant, soupirant longuement, avant de les relever vers l'homme pour qu'il puisse lire ce qu'elle disait. « Les regrets, les explications... Ça ne suffit pas toujours à obtenir le pardon. Certains ne méritent pas le pardon ou n'en veulent pas. J'ai fait des erreurs, j'en regrette certaines aujourd'hui, mais je referais exactement la même chose si je pouvais recommencer. » affirma-t-elle plus calme. Pas pour tout, mais sa peur la guiderait une nouvelle fois et ses décisions seraient les mêmes, quoi qu'elle en pensait pour se rassurer. Alors non, elle ne méritait pas d'être pardonnée malgré ses regrets. Elle ne le voulait pas. « Si vous voulez que nous soyons amis Nicolas, très bien... » commença-t-elle, inspirant profondément avant de reprendre. « mais je ne veux pas parler de tout ça. Vous devez comprendre que nous ne sommes pas tous capables d'affronter notre passé ! Trouvez moi lâche si vous voulez ou ayez pitié de moi parce que vous me trouvez trop seule, mais rien ne changera, ami ou non. Je ne veux pas être pardonnée, je veux simplement qu'on me laisse tranquille. Je ne demande rien de plus. » s'expliqua-t-elle. Rien ne la forcerait à avouer à Mary ses fautes, rien ne la forcerait à s'excuser et à risquer sa vie. Elle vivait dans la peur depuis toujours, ici il n'y avait plus personne pour la protéger comme autrefois. Si elle avouait à Mary, rien ne l'empêcherait de se venger. Elle avait tué Mary, Mary voudrait sans doute sa vie en échange. Alors oui, même si elle en avait l'habitude et si c'était une façon de se protéger, elle était fatiguée par cette situation, elle était fatiguée de fuir, de se cacher, d'avoir peur. Elle était fatiguée de vivre seule, de craindre chaque personne qu'elle croisait, d'avoir peur à chaque coin de rue, de ne pas pouvoir profiter de sa seconde chance, mais c'était toujours mieux qu'être morte après avoir tout avoué. « S'il vous plaît. » ajouta-t-elle finalement, espérant le voir lâcher l'affaire.

Une chose était sûre, Elizabeth ne fuyait pas comme ça sans raison. Alors, il voulait bien la croire quand elle disait ne pas être quelqu'un de bien. D'un autre côté, qui peut se targuer d'être une bonne personne ? Personne n'est réellement bon, on fera toujours du mal à quelqu'un durant notre vie que ce soit de manière volontaire ou involontaire. Est-ce pour ça qu'on doit se flageller sans arrêt ? La rédemption ne devrait pas être interdite à quiconque est prêt à la suivre. C'est un peu le parcours de Nicolas. Enfant, il avait assassiné la famille de Worick, ils étaient mauvais, néfaste, des personnes horribles qui s'en prenait à son ami tout ça car c'était un "bâtard". Ce n'était en rien la faute du jeune blond si son père était aller dans les jupons d'une autre femme. Mais pour ça, il était... il était malmené et on le voyait tel un parasite. Aucun enfant ne devrait supporter ça. Et malgré tout, cet idiot avait de l'affection pour eux, malgré le traitement auquel il avait le droit. Certes, il ignore les actes d'Elizabeth, mais au vu de sa personnalité, elle a dû faire ça pour une raison précise. Cette dernière ne lui dira pas, elle est bien trop tenace. Il faut juste qu'il parvienne à lui faire comprendre que ça ne sert à rien de se faire du mal de la sorte.  

D'après ce qu'elle lui avait lâché, fuir c'était son moyen de survie. Mais à force de fuir, c'est elle qui se tue toute seule. Un simple regard sur elle, sur sa vie et on peut voir toute la morosité de celle-ci. La demoiselle est seule... si seule ! Toujours enfermé chez elle, ne s'accordant aucun plaisir, sa vie ayant l'air de rimer parfaitement avec le "métro, boulot, dodo". C'est tellement triste. "ché faux !" s'exclame t'il soudainement, assez fort pour essayer de lui faire comprendre. "Dans votre fouite, vous êtes en train de vous tuer à petit feu !" dit-il en articulant du mieux qu'il le peut. Le but étant qu'elle comprenne facilement ce qu'il dise pour prendre conscience. Il n'était pas certain qu'elle puisse comprendre ça tout de suite. Parfois, il faut du temps pour qu'une personne accepte de regarder la réalité en face. D'ailleurs, il faudrait qu'elle l'accepte et ça à l'air plutôt mal parti.

Elle parlait de pardon, comme quoi certain personne ne pouvait pas l'être. Tout dépend de l'acte. Il est vrai qu'en fonction de ce qu'on peut faire, la personne en face n'aura peut-être pas envie, ni même l'intention de pardonner. Mais elle néglige une chose important. C'est impossible de forcer quelqu'un à vous pardonner, mais ce qui est important, c'est de réussir à se pardonner soit-même ne serait-ce que pour avancer. Au fond d'elle, il voit bien que ce qu'elle a pu faire dans le passé, elle le regrette, ça lui semble suffisant pour qu'elle se pardonne et essaie de passer à autre chose. Quant au fait de recommencer, il ne sait pas trop si elle le pensait, c'était peut-être le cas. Après tout, lui même serait surement capable d'éliminer de nouveau la famille de Worick si c'est pour protéger ce dernier. Tout le monde à ces raisons et on ne peut pas toujours blâmer les gens pour ça. Parfois, il faut apprendre à se mettre à leur place pour comprendre leur acte. Elizabeth acceptait d'être son amie, mais il soupçonnait qu'elle dise ça pour se débarrasser de lui et qu'il lui lâche la grappe. De ce qu'elle disait, affronter son passé n'était pas possible pour elle. C'est ce qu'elle disait, il faut juste l'accepter et certaine chose ne sont pas facile. Le simple fait qu'elle ne puisse pas le faire, c'est qu'elle s'en voulait. Nick est loin d'être un fin psychologue et la psychologie humaine a tendance à lui échapper. Son ami borgne serait surement meilleur que lui en ce moment même. Un soupire lui échappa, s'il n'était pas sourd et qu'il pourrait parler normalement, il en aurait des choses à lui dire, mais là, ça s'avérer compliqué. "Vous devez décha apprendre à vous pardonner vous même et chésser de vivre dans le passé." Oui c'était ça son problème, elle vivait dans le passé, elle ne pensait pas au présent, ni même au futur. Avancer n'est possible que si on parvient à faire la paix avec qui on est. "On fait touch des erreurs. Vous, moi, les autres. Ché la vie. Horrible où pas, cha chert à rien de ressasser. A quoi bon ? Rien ne pourra changer vos actes. Alors, levez la tête et apprenez à vivre avec !" C'était court, un peu bancal et pas toujours très compréhensible, mais il espérait que le message soit passé. Elle doit avancer, c'est ça le message. Vivre avec ce qu'elle a fait, elle doit apprendre à faire ça. Ceci ne sera pas facile, mais ce n'est pas impossible pour autant. Certain jours seront douloureux, d'autres seront bien, mais il ira beaucoup mieux et pourra vivre si elle le fait. Qu'importe ce que peuvent penser les autres, ce que Mary peut bien lui vouloir. Il serait temps pour elle d'assumer, c'est tout. Sa main lâcha son poignet, espérant que ceci allait la faire réfléchir dans les jours qui viennent. Après tout, des rencontres et des paroles peuvent parfois changer une vie. 

La journée d'Elizabeth aurait dû être comme toutes les autres. Rien n'aurait dû se passer. Comme pour toutes les autres. Pourtant, elle était en train de se mettre en danger. De mettre son secret en danger. Simplement parce qu'elle avait accepté une sortie. Ses confidences étaient dangereuses. Elle n'avouait rien de particulier, n'expliquait pas ses craintes et la vie qu'elle menait, mais elle en confiait suffisamment pour éveiller plus que des soupçons, selon elle. Devant Mary, elle prétextait n'être qu'une psy, à la vie rangée et plus que tranquille. Devant Nicolas, elle expliquait être une mauvaise personne et avoir commis des erreurs, dans le passé, qui ne lui permettaient plus de vivre sereinement aujourd'hui. Un discours trop différent, c'était le premier risque. Mary avait des yeux et des oreilles partout. Elizabeth était suivie à chaque instant, ou presque, par tous les gardes de l'ancienne reine. Elle n'avait pas une seconde de répit. Alors, elle se mettait en danger. Si quelqu'un entendait cette conversation, elle était finie.

Alors Elizabeth devait adopter la même stratégie, encore. Fuir. Fuir était son seul moyen pour vivre. Survivre, plutôt. La fuite la protégeait. Pas de liens, pas de risques inutiles. Pas de liens, pas de moyens de pression. Pas de liens, pas de trahison. Pourtant il n'était pas de cet avis. Il se battait pour faire comprendre à Elizabeth ce qu'il voulait qu'elle comprenne. Mais elle refusait d'écouter ses arguments, elle refusait de comprendre ou d'essayer. La peur et la fuite avaient toujours été ses alliées, aussi douloureuses étaient-elles à vivre. Dans un moment où elle ne se contrôlait plus, elle lui lâcha cette vérité. Celle qui disait que la fuite lui permettait de rester en vie. C'était un aveu stupide. Dangereux. Après cela, il était plus qu'évident qu'elle fuyait quelque chose de vraiment dangereux, un passé grave et compliqué. Personne ne fuyait pour un rien. Et personne ne craignait pour sa vie, pour un rien. Elizabeth était touchée de le voir si insistant, prêt à l'aider à s'en sortir. Mais elle s'énervait de toute cette situation. Elle était à bout de nerfs, elle était usée et fatiguée. La psy ne voulait qu'une chose : qu'on la laisse tranquille. Nicolas reprit alors la parole. C'était sans doute la première fois qu'elle l'entendait parler si fort et elle en fut surprise. Peut-être commençait-il à perdre patience lui-aussi, à force de répéter encore et encore les mêmes choses ? Quelque part, cela arrangerait les affaires de la psy qu'il n'en puisse plus et qu'il abandonne. Lorsqu'il lui affirma donc que c'était faux, elle était à deux doigts de rire nerveusement. Il ne comprenait rien. Il ne savait rien. Alors comment pouvait-il savoir si ce qu'elle disait était vrai ou non ? Si Elizabeth réfléchissait à la meilleure réponse à lui donner, l'homme reprit la parole le premier. Elle resta immobile et silencieuse un instant. Ce qu'il disait résonnait en elle, comme s'il venait de lui apprendre quelque chose de douloureux. Quelque chose qui faisait mal, mais qu'elle savait. « Peut-être. Mais je gagne des jours. Des mois. » souffla-t-elle. Peut-être que ça ne servait à rien de gagner des jours pour vivre ainsi, mais c'était mieux que mourir, non ? Même si parfois elle se surprenait à penser qu'il serait plus facile pour elle d'arrêter de se battre, d'arrêter de lutter. « Mieux vaut mourir lentement que mourir aujourd'hui. » ajouta-t-elle, plus calme désormais, les mots de Nicolas résonnant toujours en elle.

La suite de la conversation n'était toujours pas agréable. Elle tentait de se justifier, d'expliquer qu'elle ne voulait pas du pardon. Tout le monde ne le méritait pas. Elle ne le méritait pas. Et elle n'en voulait pas. Elle n'avait jamais demandé à être pardonnée pour ses actes. Elizabeth voulait simplement être tranquille. Juste, être tranquille. Et pour l'heure, elle voulait surtout ne plus en parler, de crainte d'en dire trop, si ce n'était pas déjà fait. Une nouvelle fois, l'homme tenta de la convaincre, finissant par lâcher son poignet. « Je ne veux pas me pardonner. Je ne veux pas être pardonnée. » Elle n'en avait pas besoin. Pourquoi faire, de toute façon ? Se pardonner et mourir, ça ne valait pas le coup. Et même si Mary lui pardonnait un jour et même si elle se pardonnait à elle-même, elle avait tout perdu, alors pour quoi faire ? Plus rien ne l'attendait ici, même si elle avait souvent espéré une seconde chance. « Ce n'est pas le passé, Nicolas. Mon passé m'a suivi jusqu'ici. Il est mon présent. Je ne peux pas oublier et passer à autre chose simplement parce que je le souhaite. » Ce serait trop simple dans ces cas-là. Puis Mary ne lui permettrait jamais. « Certains font des erreurs impossibles à oublier. Des erreurs qui n'appartiennent pas seulement au passé, des erreurs qui ont des répercussions dans le présent. » Elle ne savait plus quoi faire pour lui faire comprendre qu'il ne suffisait pas de vouloir oublier son passé pour avancer. La vie n'était pas aussi simple. « Vous croyez qu'il suffit que je me lève un matin en disant que le passé n'est plus que le passé ? Vous croyez que parce que je décide que mon passé n'a plus à me poser problème, il disparaîtra, comme par magie ? Vous croyez que mes erreurs vont s'effacer simplement parce que je l'ai décidé ? La vie n'est pas aussi simple et si vous réfléchissez comme ça, vous êtes bien naïf... » soupira-t-elle. « Vous voulez que j'assume mon passé ? Que j'assume mes erreurs, que je demande pardon ou que j'apprenne à vivre normalement malgré tout ? Alors, j'espère que vous êtes prêt à vivre avec des remords Nicolas, parce que si je suis vos conseils, je suis morte. » ajouta-t-elle calmement, son regard planté dans celui de l'homme. C'était sans doute affreux de dire ça, mais elle ne supportait pas ce qu'elle entendait parce qu'elle aimerait pouvoir se dire que c'était vrai. Elle aimerait pouvoir lever la tête et dire que désormais, elle vivrait sa vie comme elle l'entendait. Elle aimerait se dire que son passé n'était que le passé, qu'elle avait le droit à une nouvelle chance. Sauf que c'était impossible. Il ne suffisait pas de vouloir quelque chose pour l'obtenir. Mais il ne semblait pas vouloir le comprendre. Tout le monde n'était pas capable de laisser son passé derrière lui pour avancer. Parce que, dans certaines situations, le passé vous rattrape et il ne suffit pas de lui demander d'arrêter pour que ça arrive. Malheureusement.

La jeune femme était très clairement un mur auquel Nicolas était en train de se heurter. Qu'importe ce qu'il pourra dire, elle ne voudra rien entendre. Elle s'imagine surement qu'il est incapable de comprendre mais elle se trompe. Son propre passé est obscure et tâché de sang. Quand il était petit, il a tout de même tué la famille de son ami dans l'espoir de le sauver. Un acte qu'il pensait juste mais que le blond lui a reproché. Non, il n'avait pas le droit de prendre la vie de sa famille, mais il l'avait fait pour sauver un innocent. Qu'importe ce qu'Elizabeth avait fait. Peut-être que c'était clairement justifié, peut-être pas. Ceci appartenait au passé et elle devait passer à autre chose. Ceci ne voulait pas dire l'oublier, son erreur restera toujours là, ancré en elle, existant dans un coin de sa tête. Alors se punir éternellement n'avait pas de sens, cela faisait visiblement un bon moment qu'elle vivait comme ça, en s'auto-flagellant à cause de ce qu'elle avait fait. Vivre de cette manière, ce n'était pas vivre. D'après elle, rester caché était mieux que de mourir, mais à quoi bon ? Qu'est-ce qu'est sa vie à présent ? Une vie recluse, où elle ne voit personne et ne fait confiance à personne ? Cette punition n'a que trop durée mais comment lui faire comprendre. La culpabilité qu'elle. semblait ressentir était si forte que rien ne pourrait absoudre son "pêché". Si seulement elle pouvait accepter ce qu'elle avait commit, ça serait déjà une belle avancée.

"A quoi bon vivre, chi ché pour vivre ainchi ?"
la questionne t'il. Nicolas cherchait à lui faire comprendre, à lui faire voir la réalité en face, mais avant que ça ne marche, il a sacrément de l'espoir. "Est-che que votre vie vous rend heureuse ?" demande t-il simplement, car il en doute. Comment ressentir le moindre bonheur quand sa vie se résume à ça, fuir, se cacher et rester enfermé.

Pour avancer, il faudrait déjà qu'elle accepte ces actes et d'après son discours, elle n'était pas prête de se pardonner. Qu'a t'elle dont fait pour être dans un tel état ? Ce devait être grave. Le meurtre, c'est ce qui lui semble le plus probable. Lui aussi a tué, mais il a fini par avancer, quoi que dans le fond, il n'a jamais eu vraiment beaucoup de remord. Son acte, il l'avait fait dans le but de sauver Worick, ni plus, ni moins. Le discours de la psy n'était pas vraiment très cohérent et il devait se résoudre à ce que rien de ce qu'il pourra dire ne sera écouté. Un petit grognement de lassitude et d'agacement lui échappa. Ce n'est pas aujourd'hui, qu'elle comprendra, mais le fait d'en avoir parlé pourrait l'aider et murir tout doucement dans sa tête. "Qu'est-che qui vous fait chi peur ?" demande t-il simplement à la psy, ça serait bien qu'elle dise une bonne fois pour toute la vérité. L'avouer, en parler ça serait le début de l'acceptation. "Vous pouvez churmonter ça. Vous devez juste le vouloir !" C'est surtout ça, le fait de vouloir avancer, car elle semble totalement bloquée et terrifiée parce qu'elle avait fait. A présent, que peut-il faire de plus ? Il n'a pas vraiment l'intention de la retenir. Ce n'est pas un psy, ni même quelqu'un qui parle énormément. Pour l'heure, il a fait son maximum, maintenant c'est à elle de jouer et de mettre un peu de volonté à vouloir sortir de cette peur qui la bouffe. Car elle ne s'en rend peut-être pas compte, mais c'est ça. Tout doucement, sa peur la grignote et sa vie est tout simplement un Enfer à cause de ça.

Nicolas n'abandonnait pas. Elizabeth n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi déterminé. Elle ne comprenait simplement pas pourquoi cette détermination s'appliquait à son cas. Elle n'avait pas demandé d'aide. Elle n'avait pas besoin d'être aidée ou d'être sauvée de son passé. Elizabeth ne demandait rien. Juste de rester en vie. Sa vie n'était pas idéale, mais c'était sa vie. Elle vivait seule, mais c'était un choix. Choix qui s'était imposé, mais un choix quand même. Elle préférait gagner des jours ou des mois en vivant ainsi qu'assumer un passé qui pouvait lui être mortel. Nicolas ne comprenait alors pas l'intérêt de vivre pour vivre ainsi. Parfois, elle ne le voyait pas non plus. Puis, d'autres fois elle se rappelait de la vie qu'elle avait mené jusqu'ici et elle se disait que sa vie actuelle n'était pas pire, quelque part, que l'ancienne. Différente, mais pas pire. Elle faisait face au danger, elle connaissait la solitude et l'enfermement. Alors, au final, qu'y avait-il de différent avec avant ? « Ça ne vous regarde pas Nicolas. » souffla-t-elle, un sourire fatigué aux lèvres. « C'est la vie que j'ai choisie de mener. Rien ne m'assure qu'une autre vie me rendrait plus heureuse. » En revanche, elle la mettrait elle ou ses éventuels proches en danger. Ça, c'était une certitude. Alors oui, elle n'était pas particulièrement heureuse, mais elle était en vie et elle ne mettait plus personne en danger. Plus personne ne mourrait à cause d'elle.

Nicolas semblait s'agacer de la situation. Elizabeth écoutait ses arguments, mais ne les entendait pas. Elle ne voulait rien entendre à sa façon de voir les choses. Elle s'était persuadée, il y a longtemps, qu'il n'y avait qu'une façon pour elle de vivre et elle n'en démordait pas. Elle en avait assez, elle-aussi. Elle en avait assez de se répéter, de répéter les mêmes choses. N'avait-il donc pas compris qu'elle ne dirait rien de plus ? Elle en avait déjà tellement dit. Elle se mettait en danger bêtement. Il voulait l'aider. La psy l'avait compris. Sauf qu'il devait comprendre ce qu'il lui demandait. Il lui demandait de faire face à son passé et d'affronter ses peurs et ses problèmes. Lui demander ça, c'était signer son arrêt de mort, ce qu'elle n'hésita pas à lui signifier. Pourquoi ne voulait-il pas comprendre ça ? « Comment dois-je vous faire comprendre que je ne dirais rien ? Vous perdez votre temps ! » lâcha-t-elle finalement, n'ayant plus qu'une hâte : rentrer chez elle, à l'abri de toutes ces questions. Elle ne pouvait pas lui expliquer que tout lui faisait peur, qu'elle avait toujours vécu avec la peur et qu'elle ne savait pas vivre autrement. Il ne comprendrait pas. Comme elle ne pouvait pas évoquer son ancienne vie. « Alors, je ne le veux pas. Je ne veux rien surmonter, je ne veux pas avancer, je ne veux pas accepter. Je veux juste qu'on me laisse tranquille. Je veux juste que vous me laissiez tranquille. Je ne vous ai rien demandé. » cette fois-ci, elle ne répondrait plus à ses questions, elle avait été suffisamment patiente. Il se montrait gentil, mais tant d'insistance commençait à sérieusement l'agacer. « Je vais rentrer maintenant. » parce qu'elle allait finir par exploser et elle risquait de dire ce qu'il ne fallait pas. Elle s'y refusait toujours. Comme les autres, il ne saurait rien. C'était mieux pour elle, mais pour lui aussi. Le mieux était pour elle d'oublier cette sortie et de continuer comme avant, en reprenant sa vie sans rien y changer, même si elle n'était pas prête d'oublier ce qu'elle avait entendu.

Parler avec la jeune femme, c'était comme s'heurter à un mur. Elle était aussi têtue que lui et refusait dans dire plus. Oui, elle voulait rester muré dans son silence, comme si rien, ni personne, ne pouvait l'en sortir. Le jeune homme ignorait totalement ce qui pouvait autant l'effrayer, ce qu'elle a pu faire de mal pour ne pas vouloir en parler, mais ça avait l'air grave où du moins ceci l'est pour elle. Ce qu'elle devrait comprendre, c'est que tout le monde fait des erreurs et que ce n'est pas pour autant qu'on doit se flageller tout sa vie pour ça. La vie est comme ça, on fait des choix, parfois bon, parfois mauvais. A quoi bon ressasser ? Sauf qu'elle refuse de comprendre et tout ce qu'elle fait c'est être en boucle sur le fait qu'elle ne parlera pas. A croire qu'elle s'imagine que Nicolas pourrait lui en vouloir et se mettre à la détester. Si elle savait... C'est pas son genre d'être comme ça. Toute sa vie, il en a vu des vertes et des pas mures. On l'a détesté, maltraité et tellement plus encore...

Le mercenaire comprit tout de même que pour aujourd'hui, ça ne servirait à rien d'insister, qu'elle n'allait que se braquer d'avantage et qu'il avait peut-être tout gâché en insistant un peu trop. En tout cas, il espérait que ce n'était pas mort et qu'elle n'allait pas le fuir à présent. La demoiselle décida de partir et il n'allait pas la retenir. Ce fut même inutile de parler, il n'en avait plus envie et ça ne servait plus à rien. Techniquement, il aurait voulu la raccompagner, mais faire le chemin alors qu'elle est tendue et fâchée contre lui sembla être une mauvaise idée. Au moins, ça montrera à la jeune femme qu'elle peut sortir sans que rien ne se passe. Nick peut toujours la suivre à distance pour s'assurer qu'aucun homme de Mary ne vienne l'attaquer. En plein jour et avec du monde autour, il doute que ces types soient assez fou pour aller c'en prendre à la demoiselle. Il appliqua quand même son idée, la suivant de loin sans qu'elle ne puisse le voir, une fois qu'elle franchit la porte de chez elle, il rentra chez lui. Les relations humaines ne sont décidément pas son fort... Peut-être devrait-il en parler à Warwick ? Ou un Alex ? C'est eux qui sont plus doués avec les autres.