(abandonné) F*ckolph The F*ck-Nosed F*ckdeer [Walter]

F*ckolph The F*ck-Nosed F*ckdeer

feat. Walter

Les Noël traditionnels et bien comme il faut, ça fait un bail que Jesse n’en a pas connus. Et pour cause, c’est pas comme s’il avait vraiment eu l’occasion, depuis belle lurette, de se la jouer dinde traditionnelle fourrée aux marrons sur son lit de rires hypocrites accordées aux blagues de tonton raciste. Ça a duré jusqu’à ce que ses parents admettent qu’il était un cas désespéré et préfèrent accorder tout leur précieux temps et toute leur attention au cadet de la famille. Après ça, ça s’est résumé à des joints fumés sous une boule de gui qui une fois – true story – avait littéralement pris feu, à se torcher devant de vieux téléfilms de Noël qui prenaient une allure bien différente après deux-trois spliff. C’était pas si mal. C’était pas ambiance feu de cheminée, cotillons et cadeaux sous le sapin, mais c’était quelque chose, fallait marquer le coup, quoi.

Depuis que Mr White vit sous son toit, Noël a bizarrement recommencé à ressembler à Noël. C’était comme une manière de leur apporter un repère confortable, et en même temps forcément factice, car depuis combien de temps l’un et l’autre avaient-ils vraiment connu de tels moments conviviaux ? Ils seraient probablement incapables autant l’un que l’autre de le dire. Jesse ne comptait certainement pas sur ses parents, et vu l’ambiance entre Walt et le reste de sa famille, ça devait pas forcément être mieux non plus… Par conséquent, c’est presque un caprice un peu bizarre, ou une illusion construite, que ce qu’ils construisent en dressant la table comme s’ils attendaient seulement une grande tablée, juste à côté d’un sapin mal décoré, parce que Jesse et la déco, c’est définitivement pas ça… Mais un peu d’esprit de Noël, ça a jamais fait de mal à personne, pas vrai ? A Jesse, en tout cas, clairement pas.

Et ça aura peut-être – peut-être pas – le mérite de calmer les esprits et d’apaiser les tensions manifestes qui ont éclos au sein de l’appartement depuis leur petit détour par la case « souvenir en commun traumatisant ». Encore maintenant, Jesse serait infichu de dire s’ils ont bel et bien assisté à la mort de Jane une seconde fois, où si tout ceci n’était que le fruit de son imagination perturbée, ou d’un putain de bad trip dérangé… Parce que même si cet endroit n’a aucun sens et ramène les morts à la vie, c’est pas pour autant que les petits séjours dans les souvenirs bien traumatiques sont nécessairement de mise… Jesse n’en sait rien, ce qu’il sait en revanche, c’est que revivre la mort de Jane l’a replongé dans une putain de spirale infernale, qu’il pensait avoir dépassé, depuis des mois et des mois qu’il s’occupe de Mr White comme un fils veillerait sur son père, qu’il laisse toute cette merde passée derrière eux, voilà qu’il s’y sent replonger tête la première… Elles vont avoir de la gueule, les putains de fête. Mais ça l’a pas empêché d’essayer de cuisiner, de faire un effort de déco, tout le bordel.

« Ça va être prêt », il annonce sans enthousiasme à Walt, installé dans le salon, lui-même dans la cuisine, alors qu’une fumée noirâtre s’échappe du four, signe que c’était probablement prêt depuis un bail en fait. Tant pis. « Putain », s’agace-t-il en menaçant de se cramer les doigts au moment de poser le plat en fonte sur le plan de travail. « Ça vous emmerderait de venir aider ? »