(Terminé) Intrigue n°3 - Ambrose & Kurt

Ce n'était pas le sujet de conversation le plus joyeux qui existait, mais dans de telles circonstances, il lui semblait plutôt approprié. Ambrose enviait la vie de Kurt. Elle semblait plutôt simple, avec ses difficultés et ses moments compliqués, bien sûr, mais loin de la fin du monde et des apocalypses. Ambrose aurait aimé goûter à ce genre de vie et, en même temps, il aimait tellement être un sorcier, il aimait sa famille, ses problèmes et ses aventures. D'une certaine manière, en tout cas, et jusqu'à un certain point.

A son tour, Ambrose évoquait ce qui lui manquerait le plus s'il devait mourir aujourd'hui. Sa famille était la réponse la plus évidente et, en même temps, c'était la vérité. Il n'avait même pas retrouvé tout le monde et il allait peut-être mourir aujourd'hui ? Il aurait aimé les revoir une dernière fois pour leur dire adieu. Sans trop comprendre pourquoi, le sorcier commença à se confier sur sa famille. Il expliquait à son compagnon de mésaventure à quel point sa famille lui manquait puis il lui parla de Sabrina. Ah, Sabrina ! Il avait eu la chance de la retrouver, elle. C'était déjà ça, certainement. Il avait eu une autre chance avec sa cousine. Elle était si seule et il allait la laisser, une fois encore. Il était incapable de se pardonner cette idée. Pourtant, avait-il le choix ? Bien sûr que non. Il n'était pas vraiment maître de sa destinée.

Il poursuivit en évoquant ses tantes. Et ses amis. Il aurait aimé les revoir, tous, au moins une fois. Enfin, il ajouta qu'en dehors de sa famille, il n'y avait pas grand-chose. Juste ce rien, l'impression de ne jamais avoir fait quoi que ce soit - alors qu'il en avait des aventures à son actif. Le pire, selon lui, était qu'il ne manquerait sans doute à personne. « Si on s'en sort, ouais. » Répéta-t-il bêtement, sans trop répondre au reste, l'esprit perdu ailleurs. « Si on s'en sort, je ferai tout pour les retrouver. » C'était déjà ce qu'il faisait depuis quatre ans, mais il le ferait avec plus de détermination encore.

Soupirant et secouant la tête, il décida qu'il était temps d'agir. Il ouvrit donc le sac qu'il avait embarqué pour en sortir un livre. « On va essayer de se trouver un truc pour se protéger. Il y a un sortilège dans ce livre, ou dans celui-ci, qui le permet, je crois. On doit se rendre invisible aux yeux des abominations, ça nous donnera du temps. » Tenta-t-il d'expliquer au jeune homme en lui tendant l'un des livres pour qu'il fasse ses propres recherches. « Plus vite on aura trouvé ça, plus vite on pourra réfléchir à comment sortir de ce cauchemar. » S'il y avait une façon d'en sortir, évidemment.

Ces livres, Ambrose les avait regardés encore et encore, durant une bonne partie de sa vie. Il pouvait presque dire qu'il les connaissait par coeur. Pourtant, en les feuilletant, il avait une sensation étrange. Il avait l'impression que ces bouquins n'étaient pas tout à fait les mêmes, qu'ils étaient légèrement différents. Ce n'était qu'une impression, quelque chose l'empêchait d'être tout à fait sûr de lui, mais cette idée ne le quittait pas. Ce n'était rien. Il devait faire avec, il n'avait pas vraiment le choix. C'était ça ou se livrer directement aux abominations pour en finir plus rapidement. Et, à choisir, Ambrose préférait se battre et perdre, que simplement perdre.

Il interrogeait donc son compagnon d'aventure à propos de ses potentielles trouvailles dans le livre qu'il feuilletait, mais il ne trouvait rien. Puisqu'il lui avait retourné la question, Ambrose se contenta, dans un premier, de simplement secouer la tête de droite à gauche, pour prévenir que lui non plus, n'avait pas trouvé. Alors qu'il s'apprêtait à refermer le livre, désespéré, ses yeux se posèrent sur des mots qui l'intéressaient tout particulièrement. Il venait de trouver le sortilège qui l'intéressait. Il parcourait des yeux la page à la recherche de toutes les informations dont il avait besoin. Il avait cette drôle de sensation, celle qui lui faisait dire de se méfier parce que tout lui paraissait trop simple finalement - après ce qu'ils venaient de vivre, c'était assez ironique de trouver la situation trop simple, mais Ambrose préférait être particulièrement méfiant. « J'ai peut-être quelque chose... » souffla-t-il en levant les yeux. « Je ne suis pas certain que ça fonctionnera, mais on peut essayer... » Dit-il en plantant son regard dans celui de Kurt. « Je dois te lancer un sort. Tu ne sentiras rien du tout, je vais juste prononcer quelques mots, tu es d'accord ? » Préférait-il tout de même demander, histoire d'éviter de se le mettre à dos bêtement.

Ambrose n'était pas sûr de lui. Ambrose n'était jamais sûr de lui. Il préférait se montrer sur la réserve et prudent - contrairement à Sabrina. Et, surtout, dans ce monde, les conséquences pouvaient être imprévisibles - enfin, ici, c'était son monde, mais il n'était plus sûr de lui. S'il s'agissait d'une hallucination ? D'un monde artificiel ? Ou il ne savait quoi d'autre ? Qu'importe, si ce monde n'était pas réellement le sien, il n'avait aucune idée de comment sa magie fonctionnerait ici et les répercussions qu'elle pouvait avoir. Avec prudence, donc, il s'apprêtait à jeter un sortilège sur Kurt - si celui-ci était d'accord évidemment - en priant pour qu'il n'y ait pas de catastrophe.

Bien sûr, il n'avait aucune certitude. Il ne savait pas si le sortilège fonctionnerait. Il ne savait pas si les choses se passeraient comme prévu. Il ne savait pas si quelque chose allait encore leur tomber dessus. Il ne savait rien. Il ne pouvait que faire preuve d'une prudence qui ne l'aidait en rien, en réalité. Il avait beau jeter un sort avec prudence, cela ne changerait rien s'il devait se passer quelque chose. Mais puisqu'il était d'accord, Ambrose ne perdit pas de temps. Il se tourna vers son compagnon d'infortune, en restant assis, pour se mettre bien face à lui. L'une de ses mains vint se poser sur son épaule, tandis que l'autre tenait ouvert le livre qui reposait sur ses jambes. Son regard se planta dans le sien, il prit une grande inspiration et prononça les quelques mots de son sortilège. Désormais, ils étaient censés pouvoir se voir tous les deux, mais être invisibles aux yeux des autres. « Bon, pour savoir si ça fonctionne, on doit trouver quelqu'un... » Il poussa un soupir et ajouta : « ou quelque chose. » Une abomination, par exemple, mais c'était risqué. « On ne doit pas faire de bruit, sinon, ils nous repérerons malgré le sort. » Malheureusement, il y avait des limites, comme à chaque fois à l'efficacité d'un sortilège. Et ils avaient plutôt intérêt à faire attention s'ils ne voulaient pas y rester.

Ambrose n'avait pas la moindre idée de si ce sort avait été efficace ou non. Il était chez lui, ou dans un endroit qui ressemblait à chez lui, mais il ignorait tout de la situation actuelle. Cette réalité n'était pas tout à fait semblable à la sienne. L'Académie était déserte et ils n'avaient croisé personne, en dehors de Blackwood et des abominations, depuis qu'ils étaient ici. De plus, plusieurs abominations semblaient cohabiter. Difficile de déterminer, donc, la portée et la puissance de ses pouvoirs.

Pour vérifier si son sort était efficace, il fallait donc le tester. C'était évidemment très risqué, mais ils n'avaient pas le choix. Il prévenait donc Kurt : il fallait trouver quelque chose ou quelqu'un, mais ne surtout pas faire de bruit. C'était la limite de ce sort : on ne pouvait être vus, sauf si l'on faisait trop de bruit. Le bruit indiquerait alors leur présence et ils seraient démasqués.

Kurt, toujours courageux et prêt à prendre les risques nécessaires pour leur aventure, acceptait de suivre Ambrose pour tester l'efficacité de son sort. Ils auraient pu rester assis là, sagement et calmement, et attendre que les choses se passent, mais c'était risqué de rester immobile et sans certitude que les choses qu'ils tentaient fonctionnaient ou non. « Très bien, alors, allons-y. » Ajouta Ambrose après avoir ramassé et rangé ses affaires et s'être redressé. « Sois prudent. » Ajouta-t-il. Il fallait se déplacer calmement et prudemment, sans faire de bruit et en restant sur ses gardes pour ne pas se faire surprendre.

Silencieusement, ils avançaient sans savoir où ils allaient. Tout était désert, c'en était terrifiant. Après avoir marché plusieurs minutes, au loin, Ambrose aperçut le spectre d'un mineur, l'une des abominations. D'un geste de la main, il l'avait désigné à Kurt. Il lui faisait comprendre qu'ils devaient s'approcher, mais en silence. Les choses semblaient fonctionner. On ne les voyait pas. Ils pouvaient donc s'éloigner de nouveau pour être libre de parler. « Le sort semble fonctionner, c'est une bonne nouvelle. » Murmura-t-il en se stoppant et en faisant face à Kurt. « On peut donc se déplacer en ville et trouver des réponses à nos questions, à condition de ne pas faire de bruit. » En espérant que le sort ait un effet permanent, ou presque.

Puisque le sort fonctionnait, les deux hommes avaient une véritable chance de s'en sortir - tout du moins, en ne mourant pas bêtement parce qu'ils avaient été vus. Plus personne ne pouvait donc les voir, à condition qu'ils restent silencieux et prudents, évidemment. « Je l'espère aussi. » Répondit-il simplement à la réflexion de son compagnon de mésaventure tandis qu'ils se dirigeaient vers la ville, en quête de réponse. Ambrose espérait aussi que tout se termine vite. Il avait hâte de retourner chez lui, auprès de sa cousine, hâte de souffler parce qu'ils avaient tous les deux survécu à cette épreuve. Oh que oui, il avait hâte, lui aussi. Malheureusement, ils ne pouvaient rien faire pour accélérer les choses.

Les rues étaient désespérément vides. Il n'y avait plus d'êtres humains. Avaient-ils fui ? Avaient-ils tous péri à cause des abominations qui avaient, peut-être, pris le contrôle de Greendale ? Difficile à dire et pas rassurant, mais il fallait continuer d'avancer malgré tout, malgré cette boule qu'il avait au ventre à l'idée qu'ils étaient les derniers êtres vivants de cet endroit - avec Blackwood, pour couronner le tout.

Finalement, à force de fouiller, ils étaient justement tombés sur ce dernier qui avait réussi à quitter la demeure des Spellman. Prudemment, Ambrose s'en était approché. Blackwood discutait avec les abominations. Il en était toujours un disciple, évidemment. Avec un peu de chance, Ambrose pourrait apprendre des choses utiles, mais pour le moment, le Grand Prêtre ne disait rien de capital pour sortir d'ici. Presque rien. Après avoir entendu quelques mots qui voulaient dire bien des choses, Ambrose était retourné vers Kurt, l'air dépité et abattu. Il n'y avait plus que le désespoir en lui. « Ils sont tous morts. Il n'y a plus aucun mortel ou sorcière ici. » C'était en tout cas ce que Blackwood venait de sous-entendre. Si toutes les sorcières du coven et tous les humains avaient péri, que pourrait faire un mortel et un sorcier qui n'avait même plus tous ses pouvoirs contre ces choses ? Elles avaient gagné. Et ce, depuis longtemps.

Ambrose, grâce à son sort, pouvait se déplacer plus ou moins librement, à condition de rester silencieux et discret. Il avait donc pu approcher Blackwood, après être tombé de nouveau sur lui, dans les rues désertes de Greendale. Les mots qu'il avait prononcés étaient terriblement difficiles à entendre pour le sorcier. S'il en croyait ce qui avait été dit, tout le monde était mort. Dans cette réalité, le coven, tous les sorciers, tous les mortels avaient péri sous les abominations. Dans cette réalité, les abominations avaient gagné. Alors que se passerait-il ? Eux aussi allaient mourir ? Ambrose ne voulait pas baisser les bras, mais sans personne pour les aider, comment pourraient-ils réussir là où tous avaient échoué ?

Il était désespéré et il n'arrivait pas à garder espoir. Il n'arrivait pas à faire semblant d'être capable de les sauver. Il était perdu. Il était... Il ne savait même plus vraiment ce qu'il était. « On ne tiendra pas longtemps, seuls avec eux... » Comment pourraient-ils survivre ainsi, tous les deux ? Non, ils se feraient tuer. Comme tous les autres. Parce qu'Ambrose n'était pas assez puissant. Parce qu'ils étaient impossible de tuer des abominations. Parce que Kurt n'était qu'un humain, dépourvu de toute magie. « Ils nous tueront... » Souffla-t-il, défaitiste et désespéré. Pour lui, il ne restait que cette solution. « Je ne m'en tirerai pas, mais je vais tuer Blackwood. » Il s'emportait, es larmes aux yeux, en criant un peu trop fort - au risque de se faire découvrir - mais il n'avait pas le contrôle de lui-même. Cet homme était responsable de l'arrivée des abominations et à cause de lui tous les êtres qu'il aimait étaient morts, alors il devait le tuer. Même s'il devait y laisser la vie, il le tuerait.

Ambrose était désespéré. Toutes ses tentatives restaient vaines. Toutes ses idées tombaient à l'eau. Que devait-il faire pour qu'ils s'en sortent ? Pouvaient-ils faire quelque chose pour qu'ils s'en sortent ? La situation paraissait tellement désespérée... Il devenait difficile de garder espoir. Ils étaient coincés à deux dans un monde désolé, où il n'y avait plus rien à part Blackwood et les abominations. Sa famille était morte. Ses amis aussi. Le Coven également. Et toute la ville. Que deviendraient-ils ? Est-ce que ça valait vraiment le coup de vivre ainsi ?

Non. Pas aux yeux du sorcier. Mais il ne mourrait pas bêtement, en ne faisant rien. Il se battrait. Il vengerait les siens. Il tuerait Blackwood. Son seul regret était d'entraîner ce pauvre innocent avec lui. Il aurait aimé lui sauver la vie, le faire rentrer chez lui, mais il n'y survivrait pas, de toute façon. Alors, à bout de nerfs et déterminé, Ambrose jura qu'il tuerait Blackwood puisqu'ils allaient mourir. Il criait presque, il pleurait presque, mais sa détermination, elle, était complète. Il ne partirait pas seul en le laissant victorieux. Non, il allait mourir comme il avait vécu, en se battant jusqu'au bout et de toutes ses forces. « Tu vas m'aider ? » Kurt n'avait aucun pouvoir et approcher Blackwood ou toute abomination pouvait lui être fatal, alors le sorcier comprendrait un refus, bien sûr. Cependant, puisqu'ils n'avaient plus rien à perdre, autant partir en héros, non ? Autant faire ce qui devait être fait ? Autant offrir la vengeance que cette ville mérite ? Autant mourir tout de suite en se battant, qu'attendre des jours ou des semaines sans savoir quand la mort vous tomberait dessus - selon Ambrose, en tout cas.

Ambrose n'avait plus qu'une idée en tête : tuer Blackwood. Il ne lui restait plus que ça désormais, la vengeance. Ce serait très certainement la dernière chose qu'il accomplirait dans sa vie, mais ce serait une chose importante. Essentielle. Il vengerait sa famille, ses proches, ses amis avant de les rejoindre. Malheureusement, jamais il ne rentrerait chez lui. Jamais, son malheureux interlocuteur ne rentrerait chez lui. C'était bien son plus grand regret. Ne pas permettre à Kurt de rentrer chez lui, alors qu'il lui en avait fait la promesse. Mais il n'y pouvait plus rien. Il était trop faible pour ça. Impuissant. Il était préférable de voir la vérité en face.

Alors, il se demandait ce que Kurt avait l'intention de faire. Attendre, se cacher, et mourir ? L'aider à tuer Blackwood au risque de perdre la vie beaucoup plus vite ? Le choix lui appartenait et jamais Ambrose n'imposerait quoi que ce soit. S'il acceptait de l'aider, alors ils attaqueraient Blackwood ensemble et feront une dernière belle action : débarrasser ce monde de ce monstre. Si Ambrose ne connaissait Kurt que depuis quelques heures, il faisait preuve d'un courage extraordinaire. Sorcier ou mortel, il ne reculait pas devant ce qui devait être fait. Il acceptait de l'aider. D'essayer de l'aider. Il ne leur restait que ça de toute façon : essayer. Ils n'étaient sûrs de rien, ni de réussir, ni de rater. Juste, ils devaient essayer. Ambrose lui répondit par un sourire, entre le désespoir et la fierté de voir cet homme si courageux.

A toute vitesse, le jeune homme réfléchissait à un plan. Blackwood serait difficile à tuer, il fallait le surprendre. « Nous sommes toujours invisibles... Il faut que tu attires son attention, qu'il vienne vers toi. Pendant ce temps, je resterai caché et j'attaquerai au bon moment. » avant qu'il ne te fasse du mal, aurait-il aimé ajouter, mais il craignait de lui mentir à nouveau, alors il préférait ne rien dire et simplement espérer que son plan, aussi simpliste soit-il, se révèle efficace.

Ambrose faisait part de son plan à son camarade de galère. Il fallait dire qu'il n'avait plus grand-chose à perdre, alors il ne cherchait plus un plan très élaboré. Il fallait juste un plan qui lui laisse ses chances. Un plan qui lui permette d'avoir une chance de tuer Blackwood. Tant pis s'il devait y laisser sa vie en même temps. Après tout, il n'avait plus rien à perdre. Il allait mourir, quoi qu'il fasse.

Kurt était d'accord. Il allait l'aider. Il devait donc faire diversion, en profitant du fait qu'il soit toujours invisible. Ambrose se préparait, se mettait en place, sortait un couteau du sac qu'il avait embarqué avec lui, lorsqu'ils avaient précipitamment quitté la maison des Spellman. Il devait agir au bon moment parce qu'il n'aurait qu'une chance. Une seule. Après, il en serait fini de lui. D'eux. Kurt s'était donc légèrement approché en criant à l'attention de Blackwood. Ça fonctionnait. Son attention était attiré. Il se retournait et cherchait d'où cela pouvait bien provenir. Et, mieux encore, il s'approchait, en direction de cette voix, celle de Kurt, toujours invisible. Au moment que le sorcier avait jugé le plus opportun, il s'était jeté sur Blackwood en criant, couteau à la main, prêt à lui enfoncer en plein coeur.

A l'instant précis où il s'était préparé à frapper, Blackwood avait disparu. Mais ce n'était pas tout. Tout avait disparu. Ils n'étaient plus à Greendale, ils n'étaient plus entourés des abominations. Ils étaient rentrés chez eux. Comme par magie. Sans explication, comme lorsqu'ils étaient arrivés. C'en était fini de ce cauchemar alors ? « Nous sommes rentrés. » Souffla-t-il, en regardant devant lui, là où Blackwood aurait dû se trouver. Ils étaient vivants. Ils étaient rentrés. Ils avaient réussi à survivre.

Ambrose agissait grâce à l'aide de son compagnon d'aventure. Déterminé et prêt à tout, il avait brandi son couteau devant lui avant de se jeter sur Blackwood, prêt à lui enfoncer sa lame en plein coeur. Cependant, à l'instant où sa main aurait dû frapper le coeur de ce monstre, tout avait disparu. Blackwood n'était plus là. Greendale n'était plus là. Ils étaient de retour dans ce parc. Comme si rien de tout cela ne s'était passé. Ambrose était à la fois terriblement heureux et terriblement étonné. Il se posait mille questions, n'était plus sûr de rien du tout. Avait-il rêvé ? Halluciné ? Etait-il sous le coup d'un mauvais sort ?

En relevant la tête, il avait aperçu Kurt. Il ne l'avait donc pas imaginé. Il existait bel et bien. Alors, le sorcier se contentait de souffler qu'ils étaient rentrés. Impossible de savoir grâce à quoi ou comment, mais, si tout cela n'était pas un énième piège, ils étaient rentrés. En vie. Autant dire qu'Ambrose avait beaucoup de mal à y croire, après tout ce qu'il venait de vivre, mais qu'il s'en réjouissait, évidemment.

Les deux hommes étaient aussi étonnés l'un que l'autre. Étonnés, mais heureux. « Tu vas bien ? » S'inquiétait-il finalement. Après tout ce qu'il venait de vivre, c'était bien la moindre des choses de lui demander. Après tout, Kurt avait dû faire des choses qui n'étaient pas habituelles pour lui, faire partie d'un monde magique, se battre, se faire jeter un sort, risquer la mort... Il y avait de quoi être sous le choc. C'était donc tout naturellement que le sorcier s'inquiétait pour son compagnon d'aventure. Compagnon qui s'était montré à la hauteur et qui avait été particulièrement courageux, il fallait bien le dire.

Ambrose était sous le choc, après tout ce qui venait de se passer sous ses yeux. Il avait besoin de repos, besoin de se ressaisir, besoin de s'assurer que ce cauchemar était bel et bien terminé. Avant cela, il s'assurait que son compagnon de mésaventure allait bien. Il venait de vivre quelque chose de difficile, quelque chose à laquelle il n'était pas habitué du tout, il avait tous les droits d'aller mal. Vraiment. Mais il allait bien, selon lui. Tant mieux. « Tu as été courageux aujourd'hui. » rétorqua le sorcier, trouvant important de souligner ce genre de choses après de tels événements. « Je crois que... ça va. » Autant qu'il était possible d'aller dans ce genre de situation, en tout cas. Ce n'était, évidemment, pas la grande forme, mais ça aurait pu être bien pire. Il aurait pu être mort. Ils auraient pu être morts pour tous les deux. Ou coincés éternellement dans cette réalité parallèle où ce monstre de Blackwood avait gagné. Alors, dans le fond, il ne s'en sortait pas si mal.

Seulement, il avait besoin de se remettre de cette aventure. Il avait besoin de prendre un peu de temps pour lui. Pour réfléchir. « Ça va aller pour toi ? » Avait-il besoin de quelque chose après ce qui s'était passé ? D'aide pour rentrer ? Ou s'en sortirait-il bien tout seul ? Dans tous les cas, s'il avait besoin d'aide plus tard, pour discuter de ce qui venait de se passer, Ambrose lui donnait ses coordonnées. « Si tu as besoin d'en parler ou si tu as besoin d'aide, tu peux me contacter. N'importe quand. » Après ce qu'ils avaient vécu, après ce que Kurt avait été prêt à faire pour l'aider, il lui devait bien ça.

Ambrose ne pouvait pas grand-chose pour Kurt, après ce qu'il venait de vivre, à part lui apporter un peu de réconfort et lui assurer qu'il serait présent, s'il avait besoin de parler. Peut-être n'en ressentait-il pas encore le besoin ? Mais ce besoin arriverait certainement tôt ou tard. Ce qu'il venait de vivre n'était pas anodin, il n'y avait rien d'anormal à avoir besoin de temps pour en parler, pour comprendre, pour réaliser. Surtout lorsque l'on était totalement étranger à ce monde, à la magie et à tout ce qui s'en rapprochait. Il fallait en accepter l'existence, mais aussi, et surtout, les événements dangereux qui en avaient découlé.

En attendant, Kurt disait surtout avoir besoin d'aide pour rentrer chez lui. Ambrose, évidemment, n'allait pas le laisser là tout seul à se débrouiller. Il allait l'aider comme il le pouvait, même s'il ne savait pas où ce dernier vivait. « Je vais t'aider comme je peux. » Il suffisait qu'il lui donne des indications sur le lieu où il vivait et Ambrose le raccompagnerait comme il le pouvait, s'assurant qu'il rentre en sécurité après la journée qu'il venait de passer.

Avant cela, le sorcier lui assura de nouveau qu'il ne devait pas hésiter s'il avait besoin de parler, et ce, à n'importe quel moment. Ambrose, après ce qu'ils avaient vécu ensemble, répondrait toujours présent. C'était bien la moindre des choses. Kurt attrapa donc les coordonnées tendues par le sorcier, lui promettant qu'il le ferait s'il en ressentait le besoin. « Alors, je serai là. » Lui assura-t-il avec sincérité. « Allez, rentrons maintenant, on a mérité un bon repas et une bonne nuit de sommeil, tous les deux. » Après tout ce qui venait de se passer, ils avaient le droit à un repos bien mérité, c'était évident.

Ambrose proposait son aide pour raccompagner Kurt chez lui. Il avait envie de se reposer, de se poser, lui aussi, mais il pouvait bien perdre un peu de temps pour rendre service à cet homme qui avait été d'une grande aide lors de leur mésaventure. « Allons-y, alors. » Enchaîna Ambrose, en souriant, après que Kurt lui avait donné son adresse et qu'ils avaient échangé leurs coordonnées pour pouvoir se recontacter au besoin.

Tous les deux avançaient donc vers Baker Street en silence. Ce n'était pas qu'ils n'avaient rien de particulier à se dire - ou peut-être que si, en fait - mais ils étaient tous les deux fatigués par ce qui venait de se passer et très pensifs. Quoi de plus normal, après tout ? Ils venaient d'échapper à la mort, ils venaient de se battre contre des créatures immortelles et invincibles, ils venaient de vivre une expérience incroyable et terrifiante. Il y avait de quoi avoir besoin de calme pour réfléchir.

Une fois arrivés, Kurt demanda à Ambrose s'il voulait entrer un moment. Le sorcier avait pris une petite seconde pour réfléchir. L'idée était tentante. Se poser, boire quelque chose, discuter de ce qui venait de se passer... Oui, c'était tentant. Cependant, Ambrose ne voulait pas abuser de l'hospitalité de son nouvel ami, d'une part, et d'autre part, il avait hâte de rentrer chez lui, il devait l'avouer. « Pas cette fois, mais une autre fois, ce serait avec plaisir. » Répondit poliment le sorcier. « Je suis fatigué, je préfère rentrer. » S'expliqua-t-il pour donner une justification à son refus. « Et je suppose que c'est la même chose de ton côté. » Il était temps de partir, désormais, même s'il était compliqué de se séparer après ce qui venait de se passer - la crainte que les choses recommencent, certainement. « Je te répète que tu as été courageux et, bien qu'il aurait été préférable de se rencontrer dans d'autres circonstances, je suis heureux de t'avoir rencontré. » Affirma Ambrose, sincère, avant de partir.