(Terminé) Intrigue n°3 - Ambrose & Kurt

Ambrose était installé dans un parc, sur un banc. Un sandwich à la main, le jeune homme profitait de sa pause-déjeuner pour prendre l'air et se reposer un peu. De temps à autre, il souriait à un passant qui le regardait ou il observait distraitement les alentours sans vraiment faire attention à ce qu'il regardait. Alors qu'il avait presque terminé son sandwich, son regard croisa celui d'un autre jeune homme et, sans qu'il ne comprenne quoi que ce soit à ce qui était en train de se passer, les deux se retrouvèrent dans un décor totalement différent. Tous les autres passants avaient disparu. Le joli parc verdoyant et calme avait disparu. A la place, il y avait ces murs familiers : l'Académie des Arts invisibles. Il était de retour chez lui. Il était de retour à l'Académie. Mais pourquoi cet inconnu était-il avec lui ? Et, comment avait-il pu retourner ici ? Pourquoi dans le passé ? Il avait déjà vécu ça avec Sabrina, quelques semaines auparavant et autant dire qu'il ne préférait plus y penser. Et il n'avait aucune raison de s'en réjouir, puisque si tout était identique à la première fois, il n'y resterait pas.

Ses yeux s'étaient presque aussitôt posés sur une statue sortie tout droit des Enfers, trônant fièrement au milieu de l'Académie. Les abominations. Le Cosmic pour être tout à fait précis. Le Royaume Infernal, le Royaume Céleste et le Royaume Terrestre fonçant l'un sur l'autre. Les trois Royaumes - sans oublier les Royaumes parallèles - allaient s'écraser et détruire toute vie s'il ne faisait rien. Sans Sabrina, sans le reste du coven, sans ses tantines et avec bien trop peu de pouvoirs, autant dire que les chances de s'en sortir vivants étaient proches de zéro, mais il n'allait pas lui dire ça. « D'accord, d'accord... » Commença-t-il en levant les mains dans un signe d'apaisement, ayant presque oublié le jeune homme à ses côtés pendant un instant. « Je ne sais pas qui tu es, je ne sais pas pourquoi tu es ici avec moi, je ne sais pas de quoi tu es capable, mais écoute-moi bien... » Ce n'était sans doute pas le plus rassurant, mais il devait comprendre l'importance de ce qui était en train de se passer. Le visage d'Ambrose reflétait l'inquiétude, ses yeux grands ouverts, les traits inquiets, ses mains qui tentaient de l'apaiser, tout était une preuve de ce qui les attendait, une preuve du danger qui les guettait. « Ce que tu vois, c'est... Un problème ! Un énorme problème ! Si on ne trouve pas comment le régler, nous serons morts d'ici quelques heures. » Sauf qu'il y avait besoin des deux Sabrina pour régler ce problème et qu'ici, il semblait n'y en avoir aucune. « Ne fais rien de stupide ou d'irréfléchi, garde ton calme et... Tout ira bien ! » Ambrose ne s'arrêtait plus de parler parce qu'il avait conscience des problèmes et qu'il ne savait pas du tout comment agir. A sa façon, il tentait de rassurer le jeune homme et de se rassurer lui-même en énumérant les faits - bien peu rassurants, malheureusement - et ce qui les attendait.

Ambrose était partagé entre la joie d'être de retour chez lui et l'horreur absolue de voir dans quelle situation il se retrouvait, avec cet inconnu. Il n'était pas revenu chez lui au moment où il en était parti, mais quelque temps auparavant lorsqu'ils se battaient contre les abominations. Celle qu'il devait combattre était, semble-t-il, le Cosmic. Autant dire que sans Sabrina, il risquait de ne rien pouvoir faire contre la collision entre les différents mondes. Que devait-il faire alors ? Sa cousine était-elle de retour, elle aussi ? Etait-il destiné à mourir, cette fois-ci ? Etait-il plongé en plein cauchemar ? Malédiction ? Il devait bien y avoir une explication à tout ça, le problème était simplement de la trouver et de trouver comment résoudre ce petit - énorme - problème qui leur fonçait dessus.

Paniqué, il tentait, malgré tout, de garder son calme et d'expliquer la situation, tant qu'il le pouvait, du moins, à son camarade de galère. De ce type, il ne savait rien du tout, pourtant, quelque chose lui disait qu'ils allaient devoir compter l'un sur l'autre pour s'en sortir. Autant être franc, il lui expliquait donc qu'ils se retrouvaient face à un énorme problème et qu'ils mourraient d'ici quelques heures s'ils ne trouvaient pas de solution. Ce n'était peut-être pas rassurant, mais c'était la plus stricte vérité. « Nous sommes à l'Académie des Arts invisibles, c'est une école pour sorciers. » Expliqua-t-il pour donner une indication sur l'endroit, maintenant que son compagnon avait accepté de l'écouter pour tenter de s'en sortir. « Elle semble calme. Trop calme. Il devrait y avoir des étudiants, mais... Peut-être qu'ils se cachent quelque part. Si on peut retrouver le reste du Coven, on a une chance. » Il réfléchissait à voix haute, sans vraiment se soucier de l'effet que ces mots et ces vérités pouvaient avoir sur cet inconnu. « On va fouiller l'Académie. On doit trouver les autres ou trouver Sabrina, ma cousine. On a déjà vécu ça elle et moi, on peut le refaire. » Du moins, il l'espérait de tout coeur et il tentait de s'en convaincre. « Prêt ? Des questions ? » S'assurait-il avant de partir à la recherche du reste du Coven et avant de fouiller l'Académie.

Ambrose était inquiet et légèrement paniqué, aussi. Les Abominations n'étaient pas un jeu et ce n'était certainement pas un problème à prendre à la légère. S'ils se montraient imprudents, ils y resteraient tous les deux, c'était une certitude. D'autant que ce jeune homme ne semblait posséder aucun pouvoir ni aucune connaissance dans le monde magique. Avec Sabrina, qui était la fille du diable, une puissante sorcière, un coven entier et lui, un sorcier expérimenté, ils avaient failli y rester alors là... Il allait falloir redoubler de prudence.

Malgré son inquiétude, le sorcier expliqua rapidement au jeune homme où ils étaient et ce qui semblait en être de la situation. Les choses n'étaient clairement pas à leurs avantages et Kurt devait comprendre les risques qu'il courrait. Si l'Académie était pleine des gens de son coven, la situation aurait peut-être été moins désespérée, mais ce n'était pas le cas. Et cela paraissait étrange aux yeux du sorcier. Ambrose essayait d'expliquer, sans trop se questionner sur ce que ce pauvre garçon comprenait ou non, sur ce qu'il ressentait ou non. Il aurait sans doute besoin davantage d'explications, mais il n'était pas possible de prendre tout son temps pour le faire, malheureusement.

La première chose à faire était donc, selon Ambrose, de fouiller l'Académie à la recherche d'autres sorciers ou, mieux encore, à la recherche de sa cousine. Ils avaient déjà vaincu les Abominations et si elle était là, quelque part, ils recommenceraient. Et même s'ils n'avaient pas vraiment le temps pour ça, Ambrose prit le temps de demander à son compagnon d'infortune s'il était prêt et s'il avait des questions. Autant régler la chose tout de suite plutôt qu'attendre, au risque de voir les questions être posées au mauvais moment. « Alors, allons-y ! » L'homme avait l'air plutôt courageux, prêt à le suivre sans trop poser de questions, dans un monde de sorciers totalement inconnu, c'était déjà une bonne chose. Alors, Ambrose se mit en chemin et commença à fouiller la grande salle de l'Académie, en vain. Il rejoignit bien vite les salles de cours, mais tout restait désespérément vide. « Tu connais des choses à la magie ? Aux Enfers ? » Le questionna-t-il, curieux, en fouillant partout, pour ne trouver qu'une Académie vide.

Ambrose avait fini par se stopper. Continuer de fouiller l'endroit était inutile. « Le Royaume Céleste, le Royaume Terrestre et le Royaume Infernal sont en train d'entrer en collision. Et des Royaumes parallèles nous foncent dessus aussi. » Ce n'était vraiment pas une bonne nouvelle, mais il fallait bien le tenir au courant. « Ici, c'est l'observatoire. » Dit-il en désignant l'endroit devant lequel il s'était arrêté, où les planètes étaient représentées en train de fusionner. « Pour arrêter ça, il faudrait envoyer le double de ma cousine - ce qui est une très longue histoire - dans l'autre univers pour espérer tout rééquilibrer. Sans elle, je ne sais pas comment résoudre le problème. » Admit-il. « Et sans elle, je ne sais pas comment nous sortir de cet endroit. » Il se passa une main sur le visage, avant de s'adosser au mur derrière lui. « Je suis désolé, je ne suis pas certain que tu puisses retourner chez toi un jour... » Ambrose ne baissait pas si facilement les bras, normalement, mais là, il ne voyait aucune issue.

« Viens avec moi ! » Avait-il fini par dire en courant vers la bibliothèque, une idée venant de naître dans son esprit. « Je n'ai pas récupéré le pouvoir de me téléporter, mais il doit bien exister un sort dans tous ces livres. Alors cherche quelque chose qui pourrait nous conduire en enfer ou qui pourrait nous apprendre des choses sur les abominations. » Même si, pour cette dernière chose, il y avait bien peu de chances puisque les bouquins, Ambrose les avait lus à de trop nombreuses reprises pour être passé à côté de quelque chose, mais, après tout, ce monde était-il tout à fait le sien ? Peut-être n'était-ce qu'une réplique ? Un monde parallèle ? Il était impossible de le dire, alors il était préférable de ne rien laisser de côté.        

Les fouilles ne donnaient rien. L'école était désespérément vide. Dans cette version de la réalité, les Abominations avaient-elles eu raison de ses proches, de sa famille, de son coven ? Ou bien s'étaient-ils tous réfugiés quelque part ? En enfer ? Dans la maison des Spellman ? A Greendale ? Ils n'avaient pas pu tous disparaître, Ambrose refusait de l'accepter. Il ne pouvait pas être seul avec un inconnu.

Tout en fouillant, Ambrose se mit à questionner Kurt afin d'en apprendre davantage sur lui. Connaissait-il quelque chose à la magie ou aux enfers ? Après tout, il ne semblait pas, mais Ambrose ne voulait pas se fier uniquement aux apparences. « Ouais, pas sûr que ça nous aide beaucoup, malheureusement. » Ce n'était pas un reproche, juste une constatation. La télé ou les livres n'apprenaient malheureusement pas à se servir de la magie ou à combattre des créatures démoniaques et mortelles. Au mieux, il avait, au moins, une brève idée du monde où il était tombé et de ce qu'était la magie, c'était déjà ça - même s'il y avait une énorme différence entre la fiction et la réalité.

Sans rien répondre de plus, Ambrose avait continué de fouiller pendant un certain temps, avant de finalement se stopper. Ses recherches restaient vaines et il était inutile de perdre davantage de temps en fouillant. A la place, afin de le préparer à ce qui allait lui arriver, Ambrose lui expliqua la situation plus en détails. Il lui parla donc des différents royaumes qui étaient en train de se foncer dessus et qui allaient donc, par la même occasion, se détruire. L'inconnu restait particulièrement silencieux. Que répondre à ça après tout ? Génial, on va mourir ? C'était un fait bien triste qu'il n'était pas la peine de rappeler. Alors Ambrose reprit la parole et lui indiqua qu'ils s'étaient arrêtés devant l'observatoire. Même si ça n'avait sans doute pas grand intérêt pour le jeune homme, le sorcier lui expliqua comment ils auraient dû procéder pour arrêter tout ça et espérer survivre. S'il devait se montrer tout à fait franc, il avait besoin de la fille du diable pour espérer s'en sortir, sauf que Sabrina ne semblait être ici, avec eux. Alors comment pouvait-il espérer vaincre des abominations qu'il n'était pas possible de vaincre ? Avec toute la franchise dont il était capable, Ambrose lui avoua clairement qu'il n'était pas sûr de pouvoir le ramener sain et sauf chez lui. Autant qu'il se prépare à sa potentielle fin, non ? Le sorcier n'avait nullement l'intention de lui mentir, en prétextant qu'il le sortirait de là sans problème.

Et si la situation semblait désespérée, une autre idée illumina l'esprit du jeune homme. Il n'avait que peu de pouvoirs actuellement, ce qui compliquait davantage une situation impossible, mais peut-être que les livres pourraient lui apporter l'aide dont il avait besoin ? Il n'était pas certain d'être dans son univers, dans sa réalité, cette réalité était peut-être différente ? Peut-être que les livres, cette fois-ci, lui apporteraient des réponses ? Alors, il invita le jeune homme à le suivre et se mit à courir vers la bibliothèque de l'Académie. Brièvement, il lui fit part de son idée. Les deux hommes se mirent donc en quête d'informations dans les livres, d'un sort ou de quelque chose qui pourrait les aider. Ambrose feuilletait les livres un à un, sans prendre le temps de les ranger. Son esprit était tout focalisé à ses recherches, mais il fut sorti de ses pensées par l'homme, qui était resté étrangement silencieux jusqu'à présent, qui lui posait une question. Ambrose releva les yeux de son livre un court instant, réfléchissant à la meilleure manière de lui expliquer ça. « J'appartiens au coven de l'Eglise de la Nuit ou l'Ordre d'Hécate, maintenant, plutôt. Enfin, avant que je n'arrive dans cette ville étrange. » Appartenait-il encore à quelque chose aujourd'hui ? « Bref, un coven c'est comme une grande équipe, tu vois ? Chez nous, tous les sorciers se réunissent sous les ordres du Grand Prêtre. Nous sommes comme un groupe, une société, nous vivons à part du monde des humains, nous partageons les mêmes croyances, les mêmes devoirs, les mêmes lois, les mêmes fêtes. Nous unissons nos forces et notre union nous rend plus forts. Et nous sommes tous sorciers, évidemment. » Expliqua-t-il en espérant être le plus clair possible. « Tu comprends ? » Après tout, il était parfois difficile de savoir si ses explications étaient claires pour des gens qui n'y connaissaient rien, donc autant demander. « Tu ne trouves rien ? » Ajouta-t-il finalement, accompagné d'un geste de la tête vers les livres ouverts devant lui.

Les explications d'Ambrose n'étaient peut-être pas les plus claires, mais il avait fait au mieux pour expliquer ce qu'était un coven à quelqu'un qui n'y connaissait rien. Ce n'était pas le plus facile à expliquer lorsque l'on vivait dedans depuis toujours, en réalité. L'important était que le jeune homme semblait avoir compris l'idée. D'autant qu'il ne s'agissait pas de l'urgence qu'il fallait traiter en priorité. Ils devaient absolument trouver quelqu'un pour les aider - Sabrina serait l'idéal, évidemment - ou trouver quelque chose dans les livres. Malheureusement, les recherches d'Ambrose restaient désespérément vaines. Il connaissait ces livres par coeur. Il avait étudié des centaines et des centaines de livres depuis toutes ces décennies et il savait qu'il ne trouverait rien. Il avait eu un espoir, néanmoins, que cette réalité ne soit pas tout à fait la sienne et que les abominations seraient plus simples à vaincre que la première fois.

Kurt lui aurait dit s'il avait trouvé quelque chose, mais le jeune homme lui posa tout de même la question. La réponse était négative, évidemment. Néanmoins, le mortel gardait confiance et espérait toujours trouver quelque chose. Ambrose devait avouer ne pas conserver les mêmes espoirs. Il devenait difficile de rester optimiste dans ce genre de situation désespérée. « Rien du tout. » Souffla Ambrose en balançant sur une table un énième livre, avant de s'asseoir sur l'une des chaises pour réfléchir. La situation était désespérée et catastrophique. Tous les sorciers de l'Académie semblaient avoir disparu. Les livres ne donnaient rien. Il lui fallait un autre plan. Alors qu'il se perdait en réflexion, le front appuyé sur ses mains, un bruit fracassant se fit entendre. Ambrose se releva précipitamment pour se diriger vers le bruit. Une nouvelle statue des Enfers se trouvait là, en plein milieu du couloir qu'ils venaient de traverser. « C'est de pire en pire. » Souffla-t-il pour lui-même.

Il se retourna vers le mortel, puis lui proposa comme énième plan : « Peut-être que je trouverai de l'aide chez moi. Mes tantes et ma cousine y seront peut-être. » Il l'espérait de tout son coeur, en tout cas. « On va devoir sortir d'ici et marcher un peu. » Pas très longtemps heureusement, ils n'avaient pas de temps à perdre. « J'ignore ce que l'on trouvera à l'extérieur. » Qui sait ce que les autres abominations avaient pu faire ? Après tout, rien ne lui disait que dans cette réalité, les choses avaient fonctionné comme lorsqu'il avait vécu les événements. « Tu restes près de moi, tu ne t'éloignes pas. Je... J'ai récupéré certains pouvoirs, je pourrai te protéger. Enfin, j'essayerai. » Un minimum, seulement. Il pouvait lutter contre d'autres sorciers, mais certainement pas contre l'abomination.

Il commençait à s'avancer pour sortir de cet endroit et se diriger vers la porte d'entrée. « Ne fais rien de stupide, s'il te plaît. » Le mit-il en garde, tout en ouvrant la porte. Ce jeune homme avait l'air raisonnable, mais il préférait le mettre en garde. S'il devait passer le reste de sa vie ici, dans cette ville où il ne semblait plus y avoir aucune vie, autant la passer en compagnie de quelqu'un plutôt que seul, alors Ambrose préférait qu'il ne se mette pas bêtement en danger.

Les plans se succédaient sans succès. Fouiller l'Académie à la recherche de son Coven avait été un échec ; fouiller les livres à la recherche d'informations pouvant les aider avait été un échec. Pourtant, la situation empirait. Déjà, une nouvelle statue faisait son apparition dans un bruit fracassant, dans le couloir. S'ils n'agissaient pas vite, les trois royaumes fusionneraient et se détruiraient en entrant en collision. Alors, Ambrose proposait un énième plan : rentrer chez lui. Peut-être que ses tantines, Sabrina et le reste du Coven s'y étaient réfugiés ? Peut-être que, là-bas, il trouverait une solution à leur problème ?

Le sorcier proposa donc son nouveau plan à Kurt - le pauvre devait se dire qu'il avait face à lui le pire sorcier jamais rencontré dans toute l'histoire de l'humanité. Il lui expliqua brièvement qu'il fallait marcher un peu et qu'il ignorait tout du monde extérieur. Dans sa version du monde, il n'y avait rien de particulier. Ici, qui sait quels dégâts avaient pu commettre les autres abominations ? Blackwood ? Les païens ? Ou il ne savait quoi d'autres. Il était préférable de rester sur ses gardes. Ambrose ajoutait également qu'il devait rester près de lui afin qu'il puisse le protéger et, surtout, il le suppliait de ne rien faire de stupide.

Kurt lui assura qu'il ne ferait rien. Ambrose hocha la tête et après avoir poussé un long soupir, il avait ouvert les portes de l'Académie. Dehors, tout était particulièrement calme. La ville existait toujours, c'était déjà un bon point, mais Ambrose avait un mauvais pressentiment. « Le monde existe toujours en dehors de l'Académie, je suppose qu'on peut déjà se réjouir de ça. » Ce n'était certainement pas le moment de plaisanter, mais que pouvait-il faire d'autres ?

Ils avancèrent donc, Ambrose toujours sur ses gardes. Il était plutôt inquiet, notamment à cause de son mauvais pressentiment, mais aussi parce qu'il ne croisait personne - alors qu'il n'était pas rare de ne croiser personne dans ce genre d'endroit désert. Alors, pour tenter de penser à autre chose et ne pas laisser transparaître son angoisse - il lui avait déjà suffisamment fait peur, supposait-il - il préféra parler pour penser à autre chose le temps du trajet : « Parle-moi un peu de ton monde ? Autant apprendre à se connaître, si on est en train de vivre nos derniers instants. » Ne devait-il pas se montrer moins effrayant, normalement ? C'était raté, mais, à ses yeux, ce n'était rien de plus qu'une sorte de plaisanterie.

Pour passer le temps alors qu'ils se rendaient chez Ambrose, ce dernier s'intéressait à la vie de son pauvre compagnon d'infortune. Comme il le disait si bien, s'ils étaient en train de vivre leurs derniers instants, autant apprendre à se connaître, n'est-ce pas ? Tout en restant sur ses gardes, toujours avec une infinie prudence, Ambrose écoutait le jeune homme lui raconter une partie de sa vie et du monde d'où il venait.

Une petite ville tranquille - ce qu'il en rêve, à cet instant - un lycéen qui vit avec son père - une vie banale et simple, comme il en rêve, encore une fois, à cet instant - et un club, le Glee club. Ce dernier, aux détails que lui donnait Kurt, ressemblait à une sorte de Coven. Puis une vie passionnante et heureuse, après ses études. Il lui soufflait les difficultés qu'il avait pu rencontrer aussi de par ses préférences - un problème qui n'existait pas, au moins, chez les sorciers. Ces derniers ne se jugeaient pas sur qui ils aimaient, ils étaient ouverts aux différents plaisirs que la nature leur offrait et ils étaient libres. Après un court instant d'inattention, où Ambrose jugeait le monde des mortels et sa fermeture d'esprit, il se mit à le réécouter attentivement. Il lui expliquait donc que dans ce monde, il avait retrouvé son demi-frère et qu'il espérait retrouver sa meilleure amie. « Crois-moi, ce que tu appelles une vie banale, ce n'est pas si mal parfois. » Mieux que de devoir lutter contre des entités si puissantes qu'elles risquaient de détruire le monde à chaque instant, en tout cas. « Ton Glee Club, c'est une sorte de Coven, si j'ai bien compris. » Répliqua-t-il, en lien avec sa question de tout à l'heure. Cela semblait en être l'illustration parfaite.

Pas le temps de parler davantage ou de poser plus de questions, ils étaient arrivés. Il n'y avait eu aucune attaque, c'était déjà ça, mais était-ce vraiment bon signe ? « C'est ici. » Dit-il en désignant la maison au bout du chemin. Aussitôt, il accéléra le pas pour ouvrir la porte avec hâte. Il souhaitait tellement revoir sa famille, qu'il espérait qu'elle serait là. « Les tantines ? Sabrina ? » Appela-t-il alors, mais le silence régnait. « Fouille l'étage - je te conseille de ne toucher à rien - je fouille le rez-de-chaussée et la morgue. On se retrouve ici. Au moindre problème, tu cries. » Ordonna-t-il afin de ne pas perdre davantage de temps, même s'il n'était peut-être pas préférable de se séparer.

Ambrose était arrivé chez lui, en compagnie de Kurt. C'était étrange de retrouver cette vieille maison qui avait été la sienne pendant des décennies. Il avait été heureux ici, même si cet endroit avait été sa prison. Ses murs si familiers lui avaient tellement manqué et, en même temps, il avait l'impression de n'être parti que quelques heures. Il se souvenait des moindres détails de cet endroit. Il l'aimait tellement. Cet endroit regorgeait de tellement de souvenirs avec sa cousine, avec ses tantines, avec Prudence, avec ses amis... Toutes ces personnes qu'il avait espéré retrouver en franchissant le seuil de cette maison. Malheureusement, ses appels restaient vains. Ils semblaient être seuls ici.

Les plans d'Ambrose tombaient un à un à l'eau et cela devenait lassant à la fin. Il n'allait pas pouvoir trouver des idées sans cesse, d'autant que la situation semblait s'empirer à chaque instant. Le sorcier proposait alors ce qui lui passait par la tête : fouiller la maison. Peut-être que sa famille était quelque part, cachée ? Ou en mauvaise posture, incapable de répondre aux appels ? C'était certainement une très mauvaise idée de se séparer, mais ils n'avaient pas le choix. Il était grand temps de comprendre ce qui était en train de se passer et de trouver une solution. Perdre davantage de temps ne ferait que les ralentir. Ambrose envoya donc le jeune homme fouiller l'étage. Lui s'occuperait du rez-de-chaussée et de la morgue, au sous-sol.

Sans discuter, le mortel l'avait écouté et était monté. Ambrose, de son côté, commença ses recherches. En vain. Evidemment. Et alors qu'il était dans la cuisine, il entendit un cri qui lui parvenait de l'étage. Sans perdre la moindre seconde, le jeune homme s'était précipité à l'étage, priant pour qu'il ne soit rien arrivé à Kurt. « Kurt ? » Criait-il pour le trouver jusqu'à tomber sur lui, dans ce qui avait été autrefois sa chambre. « Que se passe-t-il ? » Souffla-t-il, légèrement essoufflé avant que ses yeux ne se posent sur une silhouette, de dos. « Blackwood... » Souffla-t-il, en se positionnant devant l'humain de sorte à le protéger. De tous, il fallait qu'il tombe sur cet homme responsable des abominations. Que faisait-il ? Rien ne s'était passé comme ça dans son souvenir, cela n'avait aucun sens. Oh, il fallait voir le bon côté des choses, cela aurait pu être pire et ils auraient pu se retrouver face à Satan en personne, mais après tout, qui sait si ce n'était pas la prochaine étape de leur périple ? « Où sont mes tantes et ma cousine ? » Parce qu'évidemment, il jugeait qu'il était responsable de leur disparition. Etrangement, l'homme ne bougeait pas. Il ne se retournait même pas pour les regarder. C'était de plus en plus effrayant et totalement différent de ce qui avait bien pu se passer la première fois. « Il a parlé depuis que tu es dans cette pièce ? » Il devait le savoir au cas où cet homme était en train de lui jouer un sale tour.

Ambrose devait lutter, semblait-il, seul contre cette abomination. Kurt était à ses côtés, bien sûr, mais il n'avait aucun pouvoir pour l'aider. Ses tantines et sa cousine semblaient avoir disparu. Le Coven également. Pourtant, la situation semblait être de pire en pire à chaque fois. Les cris de Kurt avaient conduit Ambrose à courir jusqu'à lui. Rapidement, il avait remarqué la présence d'un autre homme dans la pièce. Pas n'importe quel homme. Blackwood. Sa présence n'avait aucun sens et Ambrose n'arrivait pas à se l'expliquer. La situation était différente de la première fois.

Instinctivement, pour protéger le mortel, Ambrose s'était placé devant lui, tout en interrogeant ce Blackwood immobile et silencieux. Rien. Pas un mot. Pas une réponse. Pas un soupir. Rien du tout. Quelque chose n'était pas normal, mais quoi ? Alors, Ambrose interrogea Kurt. Avait-il parlé depuis qu'il était entré dans cette pièce ? « Non. Je ne sais pas. » Souffla Ambrose aux interrogations du mortel. Est-ce que ça présageait quelque chose de bon ? Il n'en savait rien lui-même. « Rien ne s'est passé comme ça la première fois. » Admettait-il. « Quelque chose ne va pas. » Il fallait trouver quoi, et c'était bien ça le plus compliqué. « Je connais cet endroit, je connais l'Académie et je reconnais cette maison. Je connais l'abomination qui est en train de s'abattre sur nous... » Tout ça, il connaissait, sans le moindre doute. « Mais les choses se déroulent différemment. Il ne semble plus y avoir qui que ce soit ici. La ville est déserte, l'Académie est déserte... Il a dû se passer quelque chose. » Mais quoi ? Les autres abominations avaient-elles gagné ? Et qu'est-ce que Blackwood faisait ici. « ils arrivent. » avait alors soufflé Blackwood, sans qu'Ambrose ne s'y attende, ce qui l'avait fait sursauter. « Qu'est-ce qui arrive ? Où sont tous les autres ? Que se passe-t-il, ici ? » Ambrose perdait patience et paniquait. Et, à ces mots, du bruit provenant de l'extérieur se fit entendre. Les choses arrêteraient-elles d'empirer un jour ou étaient-ils condamnés à ce que tout leur tombe sur la tête ?

Vaincre - ou combattre, plutôt - une abomination était difficile. Presque impossible, même. Dans les souvenirs d'Ambrose, les événements s'étaient déroulés autrement. L'Académie n'était pas vide. Ambrose n'avait pas retrouvé Blackwood chez lui. Les rues n'étaient pas désertes. Quelque chose n'allait pas, c'était évident. Ambrose était bel et bien chez lui, il reconnaissait l'abomination qui les attaquait, mais il n'était pas dans son souvenir. Soit ce souvenir était modifié, soit il n'était qu'une reproduction bancale et faussée, soit ils étaient dans une sorte de réalité alternative où les choses ne s'étaient pas déroulées de la même façon. Difficile à dire. Impossible, même. Ambrose fit donc part de ses constatations à Kurt. Il s'était passé quelque chose qui avait changé l'instant qu'ils étaient en train de vivre. Ce fait rendait une situation déjà impossible plus impossible encore. Comment pouvaient-ils espérer survivre ?

Ambrose frissonnait lorsqu'enfin l'homme s'était mis à parler. Ils arrivent. Qui ? Pourquoi ? Evidemment, il avait posé toutes ces questions, mais il ne se passait rien. Plus aucune réponse. Plus rien. Pour ne rien arranger, un bruit s'était fait entendre à l'extérieur. Ambrose n'en pouvait plus de voir les choses s'accumuler ainsi sans que rien n'aille pour le mieux ou ne s'arrange. « On ne reste pas avec lui. Quoi qu'il se passe, ne lui fais jamais confiance. » S'il devait arriver quelque chose à Ambrose, Kurt ne devait jamais se ranger du côté de Blackwood. Ce n'était qu'un monstre. Ambrose avait donc quitté la pièce, sans jamais quitter Blackwood des yeux. Il avait attendu que Kurt fasse de même et avait refermé la porte. Blackwood restait calme et silencieux, il n'avait pas bougé. Par précaution, néanmoins, Ambrose avait tenté de sceller la pièce pour l'y bloquer, par quelques mots. Il ignorait si cela avait fonctionné ou non, mais il fallait l'espérer.

A toute vitesse, Ambrose s'était approché d'une fenêtre donnant sur l'avant de la maison. Au loin, il pouvait apercevoir des mineurs, dans leur habit de travail. Ils étaient immobiles, mais nul doute que le bruit provenait bel et bien d'eux. « Tu peux commencer à paniquer, Kurt, parce que c'est pire que tout ce que j'avais pu imaginer jusqu'ici. » Les abominations étaient plusieurs à être présentes en même temps - deux, au moins. Il y avait des chances pour qu'ils n'aient pas réussi, dans cette version de la réalité, à les arrêter et qu'elles avaient déjà tué tout le monde. « Il faut trouver un endroit où se cacher, jusqu'à ce qu'on trouve une solution. » Et, tout en parlant, il était monté dans sa chambre pour embarquer quelques livres et autres objets utiles dans un sac à dos. « La forêt n'est pas l'endroit le plus sûr qui soit, mais on va s'y réfugier le temps de trouver mieux. » Il fallait simplement espérer que la situation ne s'éterniserait pas. « Je suis désolé que tu aies été embarqué dans une histoire pareille. » Ne put-il s'empêcher de dire alors qu'il prenait de plus en plus conscience d'à quel point cette situation était désespérée et qu'il allait être difficile de le ramener vivant.

Il y avait des situations qui ne faisaient qu'empirer et pour lesquelles on avait l'impression qu'aucune solution n'existait. Cette situation en faisait clairement partie. Mieux encore, cette situation était dans le top trois d'Ambrose. Une abomination, c'était clairement un problème. Blackwood, c'était clairement un problème. Une deuxième abomination, en plus du reste ? C'était clairement un problème mortel - ou quasi-sûr, mortel, en tout cas. Il ne fallait pas trop espérer. Il fallait juste essayer. Survivre. Même si ce n'était que pour une heure ou deux. Juste essayer.

Essayer, oui, mais autant prévenir Kurt de la situation catastrophique - délicate, impossible, dangereuse, comme vous voulez - dans laquelle ils se trouvaient. Ils avaient le droit de paniquer et de voir leur fin arriver. Néanmoins, malgré la panique, Ambrose ne comptait pas s'installer dans un coin de la demeure des Spellman et attendre tranquillement qu'on vienne les tuer. Non, il se battrait. Il se cacherait. Il trouverait un plan. Puis un autre, et encore un autre. Ils ne fonctionneront peut-être pas. Certainement pas, même - comme tous ceux qu'il avait mis en place jusqu'ici - mais il aurait essayé, au moins. Il mourrait avec cette idée : il s'était battu jusqu'à son dernier souffle.

Ambrose avait donc rempli un sac d'objets en tout genre et de livres. C'était peut-être stupide, mais ça lui paraissait utile, à lui. Ils allaient se réfugier dans la forêt, pendant un temps, au moins. Quelques heures, peut-être. Ils trouveraient peut-être mieux. Mieux encore, ils trouveraient peut-être une solution. A l'extérieur, en empruntant une porte opposée à celle où se trouvait l'abomination, Ambrose s’était excusé. Il était désolé, même s'il n'y était pour rien, que ce jeune homme innocent se soit retrouvé dans cette histoire. « T'es franchement quelqu'un de bien. » Souffla Ambrose en avançant rapidement vers leur refuge. Combien aurait crié ? Pleuré ? Accusé Ambrose ? Pas lui. Lui restait fort et courageux, prêt à affronter le danger.

Après un certain temps, ils étaient arrivés dans la forêt. Là, au moins, tout paraissait calme. Les abominations semblaient absentes - ce n'était qu'une illusion, mais une illusion qui faisait du bien. « On va se poser quelques instants. On a besoin de souffler, de se reposer. » Affirma Ambrose en s'adossant à un arbre, assis. Ce n'était peut-être pas le moment de faire une pause, mais s'il ne prenait pas un peu de temps pour lui, il n'y arriverait pas. Pour réfléchir et trouver un miracle, il lui fallait du calme et du repos. « C'est quoi, ce que tu regretteras le plus si tu devais mourir aujourd'hui ? » Ce n'était peut-être pas le plus joyeux, ni la question à poser, ni le truc le plus rassurant qui soit, mais Ambrose avait envie de savoir, comme si en parler allait changer quelque chose, comme s'ils allaient laisser une marque, grâce à leurs mots, et que ce regret ne serait pas totalement oublié, à défaut d'avoir pu être corrigé.

Fuir. Ce n'était pas la solution qu'Ambrose préférait, mais avaient-ils réellement le choix dans leur situation ? Une abomination était déjà presque impossible, alors deux ? Autant dire qu'ils étaient bons pour signer leur testament dans l'instant et qu'il aurait été presque préférable qu'ils se livrent immédiatement plutôt que de fuir et de lutter inutilement. Sauf qu'Ambrose refusait de perdre ainsi. Il perdrait en se battant et il se battrait jusqu'à rendre son dernier souffle. Pour lui, pour sa famille, mais aussi pour cet homme, pour Kurt, qui n'avait rien demandé à personne avant de se retrouver dans ce genre de situation.

Ils se dirigeaient tous les deux vers la forêt. Ambrose s'excusait et lui disait comme il trouvait qu'il était quelqu'un de bien. Ils ne se connaissaient peut-être pas, mais à ses réactions, c'était une évidence. Arrivés dans la forêt, Ambrose s'enfonça un petit peu jusqu'à trouver un endroit qui lui semblait suffisamment calme pour se poser un instant. Il fallait qu'il se repose, qu'il se calme, qu'il retrouve ses esprits s'il voulait avoir même une minuscule chance de s'en sortir. Alors, le sorcier s'installa et le jeune homme en fit de même, s'installant à côté de lui. Ils n'attendaient pas la mort, mais il y avait de fortes chances pour qu'ils ne rentrent jamais, alors, par curiosité, pour discuter, pour apprendre à le connaître - même s'il y avait plus joyeux - le jeune homme le questionna à propos des regrets qu'il aurait s'il devait mourir aujourd'hui.

Kurt resta silencieux un long moment. Ambrose l'avait dévisagé un instant, avant d'observer au loin, entre les arbres, même s'il ne pouvait rien voir. Il se doutait que le jeune homme était en train de réfléchir. Ce n'était pas une question facile, après tout. Alors, il lui laissait le temps et ne se montrait pas pressant. Au bout d'un certain temps, il répondait. Ses mots sonnaient drôlement aux oreilles d'Ambrose, comme s'il l'enviait presque de regretter certaines de ces choses auxquelles lui n'avait pas vraiment eu le droit. Il regretterait sa vie, en des termes plus simples. Une vie heureuse et bien remplie, supposait Ambrose. « Je ne dis pas que ta vie est simple et sans aucun problème, mais je t'envie... » Souffla-t-il, dans un aveu qui lui échappait avant de reprendre, dans un haussement d'épaules : « Ma famille. » Un sourire tendre étira ses lèvres, alors que son regard se baissa vers le sol. « Mes tantines. Ma cousine. » Des souvenirs lui revinrent à l'esprit, ce qui le rendit silencieux un instant. « Elles me manquent, tu sais ? » Non, il ne savait pas, mais bon. « Sabrina est... Je l'ai retrouvée dans cette autre réalité. Elle est... Elle a tellement besoin d'être entourée et elle est si seule. Si je disparais, elle sera plus seule encore. » Il ravalait ses larmes et ses peurs. Sabrina n'avait pas spécialement besoin de lui, mais elle avait besoin de quelqu'un. Qui s'occuperait d'elle lorsqu'il serait parti ? « C'est une grande sorcière, mais elle a tendance à faire n'importe quoi. » Il riait et secouait la tête, en souvenir de toutes les bêtises qu'elle avait pu faire et de toutes les fois où il avait dû la gronder. « Et mes tantines. Je ne les ai pas vues depuis tellement longtemps. » Un soupir lui échappait. « J'aurais aimé les revoir une dernière fois. Mes amis, aussi. » Surtout ceux de ce monde. Quelques rares de cet autre monde. « Et... Je crois qu'il n'y aurait pas grand-chose d'autres. Ou, si, justement, peut-être ce vide, ce rien. J'ai l'impression d'avoir raté tant de choses alors que j'ai vécu des décennies. » Avoua-t-il, sans se soucier de ce que cette révélation pouvait causer chez l'homme. « Je ne manquerai à personne et finalement, à part ma famille, rien ne me manquera particulièrement. C'est presque... pathétique. » Termina-t-il, se rendant compte qu'il avait beaucoup trop parlé.