La curiosité est un vilain défaut [Sophie]

Sophie était allongée dans le canapé, bien au chaud sous une couverture, un chocolat chaud lui réchauffant les mains. Comme toujours, la jeune femme avait eu une idée intelligente. Alors que la pluie s'était invitée, et s'invitait bien trop souvent depuis quelques jours, elle avait trouvé intelligent d'aller se promener sans même mettre un manteau ou une veste. Simplement vêtue d'une robe qui ne couvrait que ses épaules, même pas ses bras, elle s'était donc promenée plusieurs heures sous la pluie simplement parce qu'elle trouvait ça amusant et agréable. Elle était pourtant bien placée pour savoir qu'on ne faisait pas ça si on ne voulait pas se rendre malade - ou pire - mais elle s'ennuyait tant qu'elle trouvait n'importe quel moyen pour s'occuper. Sauf qu'évidemment, en rentrant chez elle, elle s'était sentie mal et fatiguée. La première fois - lorsqu'elle était enfant et qu'elle avait voulu avoir les cheveux bouclés en restant sous la gouttière un jour de pluie - n'avait pas suffi à lui faire retenir la leçon apparemment. En réalité, elle s'était dit que puisque ce n'était pas pour les mêmes raisons, elle avait bien le droit de se promener sous la pluie, non ?

Bref, comme elle se sentait mal, elle avait donc fini allongée sous les couvertures pour se réchauffer, mais ça ne semblait pas vraiment fonctionner. Ce qu'elle pouvait se maudire dans ce genre de situation. Tandis donc qu'elle se maudissait pour ses mauvaises idées, donc, qui la rendaient malade, quelqu'un sonna à la porte. Avec la plus grande des flemmes, la jeune femme se mit debout et se dirigea vers la porte pour ouvrir. Elle tombait alors sur Gaara, l'un de ses amis. Elle ne l'attendait pourtant pas - ou ne s'en souvenait pas - mais ce n'était pas bien grave, ses amis n'avaient jamais besoin de la prévenir pour lui rendre visite. Sophie appréciait toujours recevoir du monde et tromper la solitude, même pour quelques heures seulement. Elle voulut lancer un bonjour, mais il reprit aussitôt la parole après l'avoir salué et lui avoir posé une question. A sa première question, elle répondit donc d'un non de la tête, un air sincère et désolé sur le visage. Elle comprenait le besoin de retrouver ses proches, elle vivait la même chose. Malheureusement, elle n'avait aucune bonne nouvelle à lui annoncer aujourd'hui. Puis il devança - ou semblait devancer - les questions de Sophie. « Je n'avais pas l'intention de te demander ça ! » répondit-elle. En réalité, elle n'en savait rien, certainement que la question serait venue à un moment ou à un autre parce que Sophie était curieuse et qu'elle adorait les histoires de Gaara. « Et je ne suis pas malade ! Je n'ai rien du tout ! » rétorqua-t-elle, refusant d'admettre qu'elle l'était à cause d'une de ses nombreuses bêtises. « Viens, entre, il fait mauvais. » lui dit-elle alors en se décalant légèrement pour le laisser entrer. « Que viens-tu faire ici ? Tu es venu pour me raconter des histoires sur ton monde ? » Curieuse du pourquoi son ami lui rendait visite, elle ne perdait pas de temps à lui demander, oubliant même de prendre de ses nouvelles au passage.

Si Sophie n'était pas en pleine forme, elle restait ravie de recevoir de la visite. Elle était toujours heureuse de recevoir de la visite, ainsi elle se sentait moins seule et elle avait quelqu'un à qui parler. Si seulement Camille avait davantage de temps ! Si seulement ses autres amis étaient présents, ici, en ville ! La jeune fille se sentirait bien moins seule, c'était certain. Malheureusement ce n'était pas le cas. Bref, elle était donc heureuse d'avoir la visite de son ami Gaara. Sophie invita alors ce dernier à entrer puisque le temps était toujours aussi mauvais à l'extérieur. Il ne fallait pas qu'il tombe malade comme elle l'était, ce serait stupide sachant qu'il pouvait rentrer se réchauffer à l'intérieur.

Lorsque ce dernier entra, il se passa quelque chose d'étrange, quelque chose que Sophie ne pouvait pas expliquer. Elle n'y comprenait absolument rien et son visage devait l'exprimer plus que clairement. La jeune fille resta silencieuse, ne sachant que dire. Ne sachant que demander. Se demandant même si elle n'avait pas tout simplement imaginé ce qu'elle avait vu. Et en même temps, avec Gaara, elle s'attendait à peu près tout. C'était un homme étrange qui possédait des pouvoirs et une histoire bien remplie, intéressante, pleine de mystères et de choses que Sophie adorait entendre, même si elle ne les comprenait pas toujours. Ce monde était remplie de mystères. Sophie avait déjà rencontré Sabrina, une sorcière et elle se retrouvait obligée de garder son secret. Malgré tout, elle était heureuse de s'être ouverte à un nouveau monde, d'avoir ouvert son esprit à de nouvelles possibilités, à des choses qui n'existaient pas chez elle. Alors elle était heureuse de découvrir toujours plus d'univers, de magie, de monde... « Je ne suis pas malade ! Et je n'ai pas mauvaise mine ! » rétorqua la rousse, préférant demander la raison de la venue de son ami. Elle espérait, évidemment, que ce dernier viendrait lui raconter une de ses histoires.

La jeune femme écouta alors attentivement l'histoire de son ami. Son sable magique - qu'elle appelait ainsi à défaut de connaître son véritable nom - s'animait à mesure qu'il expliquait et Sophie se trouvait fascinée devant ce spectacle. C'était magnifique. Elle était comme une enfant devant un spectacle qu'elle découvrait tout juste. Sophie était d'ailleurs plus concentrée sur les figures qui se dessinaient devant elle que sur l'histoire elle-même, ce qui lui rendait la compréhension plus compliquée encore. Gaara se décida donc à lui raconter l'histoire de la création des bijûs. L'histoire terminée, Sophie le fixa un long moment, cherchant à mettre de l'ordre dans tout ce qu'elle avait entendu. Il y avait eu énormément de noms, de mots qu'elle ne comprenait pas. Elle avait compris l'idée, globalement, mais pas les détails. Les noms inconnus compliquaient la tâche, la difficulté pour Sophie à rester concentrée plus encore. « Alors... Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris, c'était bien compliqué, il y avait beaucoup de noms que je ne connaissais même pas, mais ça m'a l'air d'être une histoire folle ! Je comprendrais sans doute mieux et plus facilement à force d'en apprendre davantage sur ton monde. » Lança la jeune femme.

« Viens, on va s'installer, on sera bien mieux. » ajouta-t-elle lorsqu'elle se rendit compte qu'ils étaient toujours dans l'entrée. Ils seraient bien mieux dans le salon. Alors tout en allant s'installer, Sophie reprit : « Et ces images... Elles étaient magnifiques ! » ses yeux devaient encore briller d'émerveillement. « Comment tu fais ça ? » demanda-t-elle alors, curieuse de comprendre. « Tu veux peut-être quelque chose à boire ? » autant demander avant de se réinstaller confortablement dans le canapé, une couverture autour d'elle pour continuer de se réchauffer. Au moins, elle n'aurait pas besoin de se relever.

Sophie ne comprenait pas tout, elle devait l'avouer. En revanche, elle était certaine de trouver tout cela magnifique. Gaara était un personnage étrange, qui avait des pouvoirs qui dépassaient ce que Sophie pouvait imaginer, qui parlait au sable... Pourtant, elle était fascinée par ce qu'il était capable de faire, même si elle ne pouvait pas en expliquer une petite partie.

Sophie proposa de se rendre dans le salon où ils seraient bien plus à l'aise pour discuter et se raconter des histoires. Sophie lui proposa alors quelque chose à boire avant de s'installer. Ils avaient désormais tout pour être à l'aise et discuter plus en détails de l'histoire de l'homme. Il reprenait d'ailleurs la parole, donnant des explications à ce qu'il venait de raconter. Elle avait toujours du mal à comprendre, même si elle comprenait sans doute l'idée principale et essentielle de son explication. « Ce que tu racontes est si triste... C'est affreux d'être rejeté à cause de ce qu'on est. » elle était sincère et elle imaginait sans peine la solitude de ces êtres. D'une manière différente, elle-aussi avait été rejetée et seule. « J'ai toujours du mal à imaginer tous ces mondes, ces univers qui existent... » précisa la rousse. En effet, chez elle, dans son monde, tout ça n'existait pas. Au mieux, il s'agissait d'histoire que l'on trouvait dans les livres et les contes, mais... Rien n'était réel. Ici, elle rencontrait chaque jour des personnes d'univers différents, de mondes différents. Et elle se rendait compte d'à quel point tout pouvait être différent.

Sophie reprit alors la parole pour parler des silhouettes de sable, les complimentant tant elles l'avaient émerveillé. Il lui expliqua alors que s'il pouvait contrôler le sable, cette fois-ci, il s'agissait de l'oeuvre de sa mère. Sophie s'interrogeait, ne comprenant pas précisément le sens de cette information. L'air interrogateur, donc, elle reprit : « Comment ta mère peut-elle contrôler le sable ? C'est une sorte de fantôme ? Ou alors elle est vraiment le sable ? » demanda-t-elle, insistant bien sur le vraiment. C'était un univers trop méconnu pour la jeune fille, il lui fallait du temps et beaucoup d'explications. L'idée que l'âme, l'esprit - ou elle ne savait quoi d'autre - d'un mort pouvait devenir quelque chose était inconcevable. « Tu n'as jamais mal ? Tu ne peux pas être blessé ? » Sophie laissait sa curiosité parler. Après tout, elle n'apprendrait que comme ça.

Aux derniers mots de l'homme, la rousse baissa les yeux un instant, quelque peu en désaccord avec lui. « C'est faux. Les gens meurent. Et ils ne sont pas toujours là, avec nous. » Sophie avait perdu ses parents et ils n'étaient pas auprès d'elle comme la mère de Gaara semblait être auprès de lui. Alors, à ses yeux, la vie était une fin. Il y avait un Paradis, certainement, mais la mort était bien réelle.