La forêt exhalait une odeur de terre humide et de végétation en décomposition, tandis que je m'avançais prudemment entre les arbres, l'œil alerte et les sens en éveil. Le silence environnant n'avait rien de rassurant. Il était lourd, pesant, comme si la nature elle-même retenait son souffle en attendant le prochain drame. Le bruissement des feuilles sous mes bottes semblait un coup de tonnerre dans cette atmosphère étouffante.
Je me savais traqué, mais je ne connaissais ni l'ennemi, ni son objectif. Tout ce que je savais, c'est que chaque pas me rapprochait peut-être un peu plus d'une embuscade, d'un piège sournois prêt à se refermer sur moi. Les cadavres que j'avais croisés plus tôt, éparpillés comme les pièces d'un puzzle morbide, témoignaient de la brutalité qui régnait dans ces bois. Je n'avais aucune intention de finir comme eux.
Mon arme était prête, un prolongement naturel de mon bras, me donnant un certain réconfort dans cette situation incertaine. Mais je savais que je ne pouvais pas me fier uniquement à la force brute. L'instinct, l'expérience, et une bonne dose de discrétion seraient mes meilleurs alliés pour sortir de ce guêpier. L'expérience m'avait appris à lire les signes, à sentir le danger avant même qu'il ne se manifeste pleinement. Et ici, tout autour de moi, je pouvais presque entendre la forêt murmurer des avertissements, bien que je n'arrivais pas encore à en saisir la nature exacte.
Un craquement à ma droite me fit stopper net. Le doigt sur la gâchette, je restai immobile, tendant l'oreille. Rien. Peut-être un animal... ou peut-être pas. Je repris ma marche, mais cette fois-ci, plus lentement, chaque pas soigneusement mesuré. Je ne devais pas laisser la peur m'envahir, mais l'adrénaline qui coulait dans mes veines me maintenait à un niveau de vigilance presque douloureux.
Je contournai un arbre massif, son tronc recouvert de mousse épaisse, et tombai sur une scène qui me fit marquer un temps d'arrêt. Une clairière s'étendait devant moi, baignée par une lumière blafarde, presque irréelle. Au centre, une silhouette se tenait là, immobile. Ses vêtements en lambeaux flottaient légèrement dans le vent, comme une marionnette désarticulée. Mais ce qui me frappa le plus, c'était l'absence totale de vie dans ses yeux. Ce n'était qu'un autre cadavre, pendu à une corde invisible.
Je m'approchai prudemment, scrutant les environs à la recherche de tout signe de piège. Rien ne semblait bouger. L'air était immobile, comme figé dans le temps. Une inspection rapide du corps ne révéla aucune information utile. Un autre pauvre diable, pris dans un jeu dont il ignorait les règles. Je ne comptais pas subir le même sort.
Reprenant ma route, je restai à la lisière de la clairière, préférant l'ombre des arbres à cette lumière traîtresse. Mon instinct me soufflait que quelque chose ne tournait pas rond, que cette clairière n'était qu'une mise en scène macabre. Je ne me trompais pas souvent.
Soudain, une voix claire et distincte brisa le silence. « Vous vous croyez seul ici ? » L'accent était froid, dénué de toute émotion. Je m'arrêtai net, mes yeux scrutant les environs pour localiser l'origine de la voix. Elle résonnait tout autour de moi, comme si les arbres eux-mêmes parlaient.
« Je ne suis jamais seul, » répondis-je, le ton aussi glacial que celui de mon interlocuteur. Un rire sardonique répondit à mes mots, puis un bruit de pas légers se fit entendre derrière moi. Je me retournai rapidement, le canon de mon arme pointé vers la source du bruit. Un homme apparut, sortant des ombres comme une apparition. Il était grand, vêtu d’un treillis de camouflage.
« Colombien, hein ? Vous avez l’accent. » Pourquoi un Colombien en tenue de camouflage militaire viendrait-il ici pour me tenir tête ensuite ? Je n’aimais pas cela du tout. Nous nous regardions en chiens de faïence et cela aurait pu durer des heures, mais il avait esquissé un geste, un geste de trop et j’avais été plus rapide. Mon doigt avait pressé la gâchette et le silencieux avait étouffé le coup de feu. Le cadavre s’écroula sur place et je pris le temps de le fouiller pour déterminer qui il était et ce qu’il fichait là.
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PRETTYGIRL
Edmond Dantès
▿ Ton univers : Le Comte de Monte-Cristo
▿ Date de naissance : 13/10/1987
▿ Age : 37
▿ Métier : Agent maritime le jour, vengeur et justicier au crépuscule.
▿ Quartier : Autour de la ville
▿ Côté cœur : Pour aimer l'autre, ne faut-il pas d'abord s'aimer soi-même et guérir les blessures de son cœur ?
Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. Qui se connaît mais ne connaît pas l’ennemi sera victorieux une fois sur deux. Que dire de ceux qui ne se connaissent pas plus que leurs ennemis ?
Une bien étrange forêt. Voilà dans quel environnement je me retrouvais sans même en connaître la raison. Si l'endroit où je vivais depuis quelques années maintenant n'avait plus beaucoup de secrets pour moi, je devais bien avouer que je ne reconnaissais aucunement ces arbres et ces odeurs étrangères. Cette histoire d'univers multiple commençait à devenir une énigme dont je ne percevais aucune issue ou même indice pour m'en sortir. Fort heureusement je n'étais pas arrivé ici complètement démuni. En effet, c'est avec mon chapeau, ma cape et mon attirail qu'on m'avait amené ici. M'avait-on endormi pour me piéger ? Etais-je seul en ces lieux ? Pour l'instant je n'en avais aucune idée mais mon fusil n'était pas loin, caché dans ma manche alors que je gardais ma canne dans ma main droite. Un indice assez fort pour me pousser à penser que je n'allais pas être seul ici. Et l'ambiance de ces bois ne faisait que confirmer mes craintes alors que je sentais des regards sur moi, une sensation désagréable d'une traque... Fort heureusement la discrétion a toujours été une part de moi, en tous cas depuis ces années d'emprisonnement. Je ne devais pas attendre plus longtemps au risque d'être débusqué alors j'entreprenais une marche rapide mais en faisant attention à chaque bruit, à chaque feuille qui bougeait.
Alors que mes pas me guidaient vers la source lumineuse la plus proche, un bruit retint me attention au point que je me stoppais net dans mes mouvement, bon bras prêt à glisser mon revolver au moindre doute. Cet endroit n'était pas sûr, j'en étais certain. Un bruit retentissait alors que je me jetais sur le sol. Il m'avait presque touché... Une balle, j'en reconnaissais le bruit sourd. On venait de me tirer dessus ? Par chance, j'avais décelé d'où venait le tir et si l'envie de comprendre était bien présente, il venait de menacer ma vie sans vergogne alors il était hors de question de douter un instant. D'un geste contrôlais, je fis apparaître le fusil de ma manche et je tirais avec précision vers la direction d'où je présumais se positionnais le tireur. Un autre bruit lourd s'en suivit, celui d'un corps qui tombait sur le sol. Je soufflais avant de me relever et de continuer mon chemin d'un pas rapide et léger sans regarder derrière moi. Il aurait été judicieux d'analyser la menace mais je ne voulais tout simplement pas mourir de la sorte, pas si lâchement en tous cas. Le handicap de ma jambe était quelque peu problématique dans cette situation, ne me permettant pas d'être complètement maître de mes mouvements et de la rapidité donc je devais faire preuve.
Je me forçais à contrôler ma respiration pour que celle-ci ne me fasse pas repérer alors que j'avançais le plus silencieusement possible, m'arrêtant à chaque bruit. Jusqu'à bientôt arriver à une clairière bien différente, immense tel un terrain de jeu meurtrier. Mon regard se balada de manière suspicieuse sur les lieux, avec un élément central qui pouvait en perturber plus d'un. Une silhouette sans vie, comme l'annonce de la manière dont pourrait bien se terminer cette macabre aventure. Mais en réalité, j'étais plutôt attiré par une scène que je voyais plus loin, scène que je décidais d'approcher sans un bruit. J'entendais des voix, peu de dialogues il fallait être honnête mais je n'étais pas certain que ces lieux soient propices à de grandes discussions... Les hommes semblaient dans un conflit alors que je m'approchais toujours en observant la scène avec attention. Jusqu'au moment où je vis une balle sortir de l'arme que portait un des deux hommes, celui qui n'était pas vêtu tel militaire. L'autre s'effondrait au sol alors que je restais légèrement surpris du manque de son de l'arme. Mort. Il était au sol, mort sur le coup et je ne pus m'empêcher de penser que déjà deux vies avaient été prises sans réelle raison apparente. Je n'étais pas spécialement pour la violence, je préférais la vengeance douce et perfide... Détruire les hommes par des stratagèmes plutôt qu'un coup d'épée ou de fusil. Mais être pacifique ne semblait pas vraiment être une option surtout que le survivant semblait être particulièrement expérimenté.
Alors que j'étais plutôt à bonne distance et tandis qu'il fouillait le corps, je levais mon bras afin de le mettre en joug. J'avais la possibilité de tirer sans sommation mais peut-être que trop de sang potentiellement innocent avait coulé. Je serrais mes doigts, mon index proche de la gâchette au cas où l'homme déciderait d'agir brusquement.
— Joli tir. Vous semblez être habitué à ce genre de situation...
Que je lui lançais sans pour autant parler trop fort, sans vouloir prendre le risque d'être sa prochaine victime même si je pensais me débrouiller mieux que l'homme qu'il avait tué. Si l'homme avait remarqué un accent colombien, il remarquerait d'ailleurs peut-être mon accent français que je n'avais jamais perdu. Mon autre main tenait toujours ma canne, signe qui pouvait me montrer faible même s'il n'en était rien. Je ne perdais pas l'homme de vue, je n'avais aucune idée d'où j'étais et s'il était un ennemi... Mais j'avais appris, à mes dépends, que les ennemis de mes ennemis étaient des amis alors peut-être qu'il pouvait être dans la même situation que moi ? Ou alors il était comme l'homme sur qui j'avais tiré ? Peut-être aurais-je dû le regarder ne serait-ce qu'un instant pour déceler qui pouvait être mon ennemi ici bas... Mais l'envie de m'échapper avait été plus grande à mon grand regret. Un erreur qui pourrait sûrement me coûter cher.
— Avant que vous décidiez de qui appuiera sur la gâchette en premier, sauriez vous me dire où nous sommes ? Et pourquoi nous y sommes ?
Quitte à me battre pour ma vie, je voulais bien en savoir la raison. Peut-être que lui en savait plus que moi ou peut-être qu'il se contenterait de me tirer dessus comme celui dans la forêt. J'étais prêt à toute éventualité, prêt à éviter son tir ou à tirer moi-même. Ou prêt à discuter... Ou a mourir, s'il le fallait vraiment.
La forêt était dense, oppressante, chaque arbre se dressant comme un gardien silencieux. L'air était lourd de cette odeur caractéristique de terre mouillée, mêlée à l'humus qui se décomposait lentement. Je m'enfonçais dans ce labyrinthe végétal avec prudence, mon arme à la main, prêt à réagir au moindre signe de danger. Je n'avais qu'une certitude : l'ennemi était partout, invisible, tapi dans l'ombre, attendant le moment propice pour frapper.
Le silence environnant était anormal, comme si la nature elle-même retenait son souffle. Les rares bruits qui parvenaient à mes oreilles étaient amplifiés, chaque craquement de branche, chaque bruissement de feuille semblait crier danger. Pourtant, je continuais à avancer, ma progression lente mais déterminée, chaque pas calculé pour éviter d'attirer l'attention. Mon instinct me soufflait que quelque chose n'allait pas, que le piège pouvait se refermer à tout instant. Je savais que je n'avais pas droit à l'erreur.
Soudain, un mouvement à ma gauche attira mon attention. Mon doigt se resserra sur la gâchette tandis que je pivotais rapidement, le canon de mon arme suivant mon regard. Rien. Juste un jeu d'ombres et de lumière. Je relâchai légèrement la pression, mais mon corps restait tendu, prêt à bondir. L’expérience m’avait appris à ne jamais sous-estimer les dangers qui se cachaient dans les coins les plus obscurs de ce monde.
C'est alors que je perçus un autre bruit, plus distinct cette fois. Un froissement de tissu, un pas trop lourd pour appartenir à un simple animal. Je m'arrêtai, écoutant attentivement. Un autre être humain se trouvait dans les parages, c'était certain. Le fait de ne pas être seul ici, dans cet environnement hostile, éveilla en moi une méfiance instinctive.
Je restai parfaitement immobile, mes yeux scrutant les ombres, cherchant à repérer l'origine du bruit. Puis, je le vis. Un homme, habillé de manière trop soignée pour être un simple survivant égaré. Il avançait avec précaution, sa main droite fermement agrippée à une canne qui, à première vue, n'avait rien d'ordinaire. Son regard balayait les environs avec la même méfiance que la mienne.
Notre rencontre était inévitable. Nos regards se croisèrent, et pour un instant, le temps sembla se suspendre. Cet homme n'était pas un amateur, cela se voyait à sa posture, à la façon dont il tenait sa canne comme une arme dissimulée. Nous nous observions, deux prédateurs cherchant à déterminer si l'autre représentait une menace immédiate.
L’homme parla, d’un ton calme, sans toutefois abaisser sa garde. Son accent trahissait des origines françaises, ce qui ajoutait une touche d'ironie à la situation. Le destin, semblait-il, aimait bien les mauvaises blagues. Je ne répondis pas tout de suite. Mes pensées tournaient rapidement, évaluant la situation, pesant les options. « On dirait que ce n’est pas ton premier rodéo non plus, »
dis-je enfin, ma voix aussi neutre que possible. Je n’avais pas l’intention de montrer mes cartes trop tôt. Dans un endroit comme celui-ci, faire confiance à un inconnu était le premier pas vers une mort prématurée. Il hocha la tête, comme s'il comprenait parfaitement ma réticence. La question qui vint ensuite, avec un tom empreint d’une certaine assurance, portait sur le lieu où nous nous trouvions et les raisons pour lesquelles nous nous y trouvions.
Je secouai la tête. « J'ai été largué ici sans explications, et jusqu'à présent, je n'ai rencontré que des cadavres ou des types prêts à me descendre. Alors non, je n’ai pas la moindre idée de ce qu’est cet endroit. » Je marquai une pause, le regardant droit dans les yeux. « Mais je sais une chose : si on veut s’en sortir, on a peut-être intérêt à faire cause commune. »
Il n'était pas homme à prendre des décisions à la légère, c'était évident. Mais ici, dans ce lieu où la mort rodait à chaque recoin, les alliances étaient parfois le seul moyen de survivre, même si elles n'étaient que temporaires. « Trêve pour l'instant. On explore ensemble, mais à la première entourloupe, je n'hésiterai pas à tirer. Ça te va ? »
Difficile de proposer mieux pour le moment. Mais si ce type m’avait adressé la parole comme cela, je songeais qu’il pouvait aussi bien être dans le camp de l’autre type que dans le mien. A voir, donc.
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PRETTYGIRL
(704 mots)
Edmond Dantès
▿ Ton univers : Le Comte de Monte-Cristo
▿ Date de naissance : 13/10/1987
▿ Age : 37
▿ Métier : Agent maritime le jour, vengeur et justicier au crépuscule.
▿ Quartier : Autour de la ville
▿ Côté cœur : Pour aimer l'autre, ne faut-il pas d'abord s'aimer soi-même et guérir les blessures de son cœur ?
Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. Qui se connaît mais ne connaît pas l’ennemi sera victorieux une fois sur deux. Que dire de ceux qui ne se connaissent pas plus que leurs ennemis ?
L'homme semblait être expérimenté ce qui n'était pas forcément à mon avantage pour le moment, redoutant qu'il puisse être mon ennemi. La mort ne m'avait jamais effrayé, pourtant, je n'avais aucun désir de perdre la vie ici et maintenant, dans un endroit perdu et qui semblait être loin de l'île dans laquelle je vivais depuis quelques années maintenant. Mais le corps sans vie sous les pieds de cet homme ne pouvait que présager un danger potentiel, raison pour laquelle je n'abaissais aucunement ma garde, que ça soit sur le pistolet que je pointais vers lui ou la main serrée sur ma canne. Mes yeux plissés, j'attendais une réponse de sa part mais il était normal qu'il se mette à réfléchir, à décompter les options qui s'offraient à lui, tout comme je le faisais en même temps que j'agissais. Je paraissais calme mais il avait sûrement remarqué que je ne comptais pas baisser ma garder face à lui. Mais il semblait pourtant différent des autres, bien plus fort que l'homme que j'avais pu croiser même si je ne l'avais pas vu... Un homme qui ne se laisserait aucunement faire et je craignais que si un combat s'engageait entre lui et moi, la fin serait tragique et qu'aucun de nous deux en sortirait indemne.
Il me répond alors, direct dans ses paroles en déclarant que je n'étais pas à mon coup d'essai, avec ses mots en tous cas. J'acquiesçais d'un geste de la tête, gardant un air à la fois méfiant et sûr de moi car montrer une once de faiblesse pourrait me mettre en difficulté. J'étais loin d'être un débutant, tout comme lui mais je préférais ne pas me salir les mains, les garder intactes de tout sang mais j'avais bien l'impression que ça ne serait pas possible aujourd'hui. J'avais déjà tiré sur un homme qui en voulait à ma vie, il était évident qu'il ne serait pas le dernier. Mes doigts se resserraient un peu sur le manche de mon arme, toujours pointée vers lui comme menace directe mais surtout comme protection. Il m'explique alors qu'il a été largué ici, tout comme moi, sans la moindre idée de où il se trouvait ni même pourquoi. Il semblait donc être dans la même situation pénible que moi. Je soutenais son regard alors qu'il marquait une pause avant d'ajouter qu'il serait judicieux de faire cause commune. Hmmm... L'idée n'avait rien de convaincant mais les points communs de notre arrivée ici me poussaient à vouloir le croire.
Je pesais alors le pour et le contre intérieurement avant qu'il n'ajoute vouloir faire une trêve mais surtout qu'il n'hésiterait pas à me tirer dessus au moindre doute. J'esquissais alors un sourire en coin, convaincu par cette phrase avant d'enfin décider à baisser mon arme mais je ne la lâchais pas pour autant.
— Une trêve alors. Pour l'alliance, nous verrons ce que ce monde souhaite nous offrir.
Que je lui réponds alors. Une alliance semblait être un grand mot pour moi tout simplement parce que je n'accordais pratiquement jamais ma confiance. Et encore moins pour un homme qui venait de tuer un autre de sang froid. Mais c'était la seule option qui s'offrait à moi pour le moment et si ça pouvait m'aider à m'en sortir sans provoquer un bain de sang en l'affrontant, j'acceptais volontiers.
— On m'a sorti du lit pour m'imposer une embuscade dans la forêt plus loin. Un homme m'a aussi attaqué, il semblerait que nous soyons dans le même camps...
Que j'ajoute alors, un peu pensif de la situation. Je ne voyais pas vraiment où ce petit jeu voulait nous mener mais je n'avais pas l'intention de commencer un jeu de la mort sans être préparé, ce monde pouvait vraiment nous jouer des tours. Je balayais alors mon regard autour de nous, tout en jetant parfois des coups d'oeil furtifs vers cet homme que je devais prendre en tant qu'allié mais en qui je n'avais pas totalement confiance et, ce, de manière justifiée tout comme lui qui devait partager ce sentiment. Je soupirais quelque peu, à l'affût d'une nouvelle attaque surprise mais je posais surtout mon regard sur cet étrange spectacle qu'il avait dû voir tout comme moi.
— Pensez-vous que nous sommes piéger dans un rite sacrificiel ? Ou simplement plongés dans un jeu de la mort avec un seul survivant à la clé ?
La seconde idée n'était pas pour me plaire car cela voudrait dire qu'à un moment ou à un autre, il faudrait que je me batte contre lui. Je cachais toute expression face à cette réflexion, ne désirant pas laisser mes émotions se dégager, la neutralité étant sûrement la meilleure solution pour le moment. Un bruit vint pourtant perturber mes pensées qui allaient dans tous les sens, un bruit léger et lointain. Mais d'un regard, une lumière m'éblouissait et je compris très vite ce qui se passait. Je jetais un regard à mon partenaire avant de lui lancer ces quelques mots.
— A couvert !
Et mes gestes suivirent instinctivement mes mots alors que je courais juste un instant avant de me jeter derrière un arbre de l'orée de la forêt derrière nous. Un fusil à longue portée, sûrement de précision, s'apprêtait à nous tirer dessus sans sommation, j'avais reconnu le reflet de la lumière sur une lunette. Il ne manquait plus que ça...
L'homme devant moi hésita un instant, ses yeux calculant chaque détail de ma proposition. Son arme baissée mais toujours en main, il reflétait cette même méfiance qui me caractérisait. Nous étions deux inconnus dans cette forêt hostile, pris dans un jeu dont les règles nous échappaient encore. J'observai attentivement ses réactions. Un regard, un sourire en coin, puis finalement un signe d'acquiescement.
Il comprenait. Pas de confiance, juste une trêve temporaire. Nous étions coincés ici ensemble, et il semblait assez intelligent pour savoir que la survie passait parfois par des alliances de fortune.
Je restais en mouvement, mon dos contre un arbre, mes oreilles attentives au moindre bruit suspect. Une branche craqua quelque part dans les fourrés. Mes muscles se tendirent, prêts à réagir. Il fallait se concentrer, rester alerte. Les questions dansaient encore dans mon esprit : pourquoi nous ? Pourquoi ici ? Mais ces interrogations devraient attendre. La première priorité était de rester en vie.
Je fixai l'homme à la canne. Sa posture était celle d'un combattant aguerri, quelqu'un qui avait déjà vu sa part de violence et de mort. Pas le genre à paniquer facilement. Je pouvais travailler avec ça. Sa main serrée sur son arme trahissait cependant une nervosité contenue. Compréhensible. Cet endroit, ces circonstances... tout était conçu pour nous mettre à l’épreuve.
« Quelqu'un joue avec nous, » murmurai-je, mes paroles presque emportées par le vent léger qui s'insinuait entre les arbres. « Tu le sens aussi, pas vrai ? » Je n'attendais pas vraiment de réponse. Les pensées tournaient rapidement dans ma tête, essayant de deviner le prochain mouvement du marionnettiste invisible.
Un éclat de lumière attira soudain mon attention. Une brève lueur réfléchie à travers le feuillage. Mon comparse hurla de se mettre à couvert, joignant le geste à la parole, je fis de même, me jetant dans les fourrés. Une fraction de seconde plus tard, une balle traversa l’air, frappant l’arbre où je me trouvais un instant plus tôt. « Un sniper… » murmurai-je pour moi-même, tandis que je glissais derrière un autre arbre, cherchant à repérer la menace.
Mon compagnon avait réagi aussi vite que moi, se mettant à l'abri avec une aisance qui prouvait son expérience. Pas un amateur. Je jetai un coup d’œil dans sa direction, observant sa position. Il était couvert, mais tout comme moi, il cherchait une solution. Il fallait agir rapidement.
Je repérai finalement notre agresseur : une silhouette à peine visible dans l’ombre des arbres à une centaine de mètres. Un bon emplacement pour un tireur, mais il avait commis une erreur – un léger mouvement de sa lunette avait trahi sa position. Je fixai mon allié, lui indiquant silencieusement la direction du tireur d’une main discrète. Ses yeux suivirent mon geste, se plissant pour mieux voir. Il comprit.
Je pris une profonde inspiration, préparant mon prochain mouvement.
« Écoute, » murmurais-je, suffisamment fort pour qu’il entende, mais assez bas pour ne pas alerter le tireur. « On va jouer stratégique. Je le contourne par la droite, tu fais diversion ici. Fais-lui croire que tu te prépares à bouger. Dès que tu l'as distrait, je m'approche et je m’occupe de lui. »
Je n’attendis pas de confirmation. Si nous allions nous en sortir, il devait me faire confiance au moins pour ça. Je me mis en mouvement, chaque pas soigneusement calculé pour éviter de faire du bruit. Le sol couvert de feuilles mortes craquait sous mes bottes, mais je m’efforçais de rester aussi silencieux que possible. À travers les branches, je pouvais voir l'homme se préparer, suivant mon plan à la lettre.
Un coup de feu retentit soudain, suivi d'un craquement de bois près de ma position. Le tireur avait mordu à l'hameçon, concentrant son attention sur mon allié. Parfait. J'avançai rapidement, contournant la position du tireur, jusqu'à ce que je puisse voir clairement sa silhouette. Je m’accroupis, prenant une longue inspiration pour stabiliser mon tir. Puis, je pressai la détente. Le bruit de la détonation déchira l’air.
Le tireur tomba, s’effondrant dans les feuilles. Je restai immobile un instant, les yeux fixés sur lui, vérifiant s’il était réellement hors d’état de nuire. Aucun mouvement. Je fis signe à mon compagnon de s’approcher. Nous devions rester prudents. Même un ennemi à terre pouvait encore avoir un dernier tour dans sa manche.
Nous nous approchâmes du corps, mes sens en alerte. D’un coup de pied, je dégageai le fusil de précision hors de sa portée. Je me penchai pour fouiller ses poches. Une carte, pliée et usée, attira mon attention. Je la dépliai, découvrant une série de marques et de notations. « Intéressant, » murmurai-je, examinant les inscriptions. Des lignes, des croix, des cercles… une carte de la région avec des points d’intérêt marqués. Je lançai un regard vers mon allié, une lueur d’ironie dans les yeux. « On dirait qu’on n’est pas les seuls à vouloir comprendre ce qui se passe ici. » Mon ton était calme, presque désinvolte, mais mon esprit bouillonnait de questions. « Au fait, je suis Duncan. » Je ne me présentais plus jamais comme étant le Black Kaiser, depuis que je vivais sur cette île.
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PRETTYGIRL
(856 mots)
Edmond Dantès
▿ Ton univers : Le Comte de Monte-Cristo
▿ Date de naissance : 13/10/1987
▿ Age : 37
▿ Métier : Agent maritime le jour, vengeur et justicier au crépuscule.
▿ Quartier : Autour de la ville
▿ Côté cœur : Pour aimer l'autre, ne faut-il pas d'abord s'aimer soi-même et guérir les blessures de son cœur ?
Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. Qui se connaît mais ne connaît pas l’ennemi sera victorieux une fois sur deux. Que dire de ceux qui ne se connaissent pas plus que leurs ennemis ?
Une trêve me paraissait être une bonne idée car le simple fait de songer d'avoir un semblant d'allié en ces lieux était plutôt rassurant. Quand on ne connaissait pas son ennemi, le mieux était de trouver des "amis" qui étaient aussi acculés que moi. Et cet homme avait le profil parfait pour cette mission. Il savait que je restais méfiant mais en soi je savais aussi qu'il ne m'accorderait pas non plus pleine confiance et c'était parfaitement normal. Je gardais mes mains serrées autant sur mon arme à feu que sur ma canne qui me servait de support. Je n'étais pas prêt à courir un marathon ou à me lancer dans une course poursuite endiablée... Pour ça, j'espérais que mon allié du jour puisse être à la hauteur de nos adversaires. J'acquiesçais d'un geste de la tête, confirmant être en accord quant a fait que nous n'étions que des jouets, des pions devant être aux aguets de chaque bruit, chaque branche qui pouvait bouger. Et cela n'avait pas manqué quand, un instant après, un coup de feu avait retentit. A couvert et mon partenaire aussi, nous devions réfléchir aux options qui s'offraient à nous. Je n'étais pas particulièrement au fait des technologies d'armes présentes ici, après tout, ce monde était bien surprenant. Je m'étais renseigné, bien entendu, étant donné mon domaine d'expertise mais je ne savais pas toujours à quoi je devais m'attendre mais comme le précisa mon partenaire, un Sniper nous avait pris en chasse. Une situation un peu bancale pour nous donc alors que je me cachais, je jetais un regard vers cet homme qui semblait en pleine réflexion tout comme moi.
Je soufflais cependant, essayant de garder au mieux mon calme. J'avais de l'expérience dans les duels à l'épée ou les duels au pistolet, une précision accrue mais je n'étais pas pour autant un militaire, habitué au champ de bataille... Préférant largement le champ des possibles de la manipulation humaine. L'intelligence et la théorie je l'avais mais la pratique un peu moins... Fort heureusement je m'étais allié avec un homme qui semblait habitué à ce genre de situations ce qui me fit penser qu'il n'était peut-être pas des plus fréquentable. Mais je n'étais pas en position pour le juger et surtout, ce n'était pas le moment. Je remarquais qu'il avait repéré d'où venait le tireur. Bien, je me doutais aussi de sa position mais celle-ci n'était pas si facilement accessible et au moins j'en avais la confirmation. Il se mit alors à me parler à voix basse alors que je tendais l'oreille pour l'écouter. Il avait un plan, un plan qui n'avait rien pour me plaire. Moi ? faire diversion et risque de me prendre une balle ? Mais en même temps, il était plus proche de lui, il avait plus de fenêtre d'action. Et surtout, il ne me laissa pas le choix.
N'appréciant aucunement cette façon de faire, je devais pourtant me rendre à l'évidence que c'était trop tard pour élaborer une autre stratégie. Une trêve... Une trêve impliquait-elle de mettre ma vie en danger sans sommation ? Mais avant de pouvoir dire quoi que ce soit, il mit son plan à exécution. Je fronçais les sourcils, forcé de me plier à ses demandes. Mon regard vacillait sur mon allié maintenant disparu alors que je prenais une grande inspiration, me mettant à bouger brusquement, agitant quelque peu ma canne ce qui attira l'attention du tireur embusqué. Il ne fallut pas longtemps pour que je sente une balle fendre l'air proche de moi. Il visait bien le bougre. Je me remettais à couvert tout aussi vite avant d'entendre un autre bruit sourd, sonnant l'accomplissement du plan de mon allié. Je pouvais voir mon allié m'indiquer de venir alors que je retenais mon souffle avec une envie d'exploser de colère face à cette nouvelle injustice mais il n'était pas question de perdre mon calme en ce moment critique. Je me levais alors avant de m'approche de l'homme en train de vérifier que son tir avait fait mouche et ça n'avait pas louper. Je m'approchais en restant à distance, toujours aux aguets.
— La prochaine fois j'aimerais avoir mon mot à dire. Une trêve ne veut pas dire que je jouerais les appâts pour mettre à profit votre talent au fusil.
Je lui disais cela avec une pointe d'animosité, ne cachant pas complètement mon mécontentement face à la décision qu'il avait prise. Je tenais ma canne avec ferveur, m'appuyant dessus. Il pensait peut-être que je feintais d'avoir une douleur à la jambe et c'était sûrement mieux comme ça car il ne voudrait peut-être pas d'un éclopé comme moi à ses côtés. J'affichais un regard calme et je fis un petit geste de la tête comme pour le féliciter du tir effectué avant de m'approcher un peu plus pour observer l'objet qu'il avait trouvé sur le cadavre. Tuer ainsi des personnes sans connaître leur passé ne me plaisait aucunement, je n'aimais pas verser le sang sans bonne raison mais nous n'avions pas le choix... J'évitais d'ailleurs de regarder le cadavre pour ne pas risquer de chavirer. L'homme avait fait une cartographie minutieuse des lieux même si je repérais déjà quelques manquements d'un simple coup d'oeil. Je relevais les yeux vers mon allié qui ironisait de la situation avant de finalement se présenter. Duncan était donc le nom de mon partenaire dans ce jeu morbide. D'un geste de la tête, je le saluais respectueusement malgré ma petite remarque qui précédait.
— J'aimerais vous dire que je suis enchanté de vous connaitre... Mais j'aurais sûrement préféré faire votre connaissance dans d'autres circonstances.
Je soupirais quelque peu, mon regard voguant avec perplexité et méfiance à la fois sur mon allié mais surtout sur tout ce qui nous entourait. Le terrain de jeu semblait immense et il me semblait difficile d'imaginer le traverser de A à Z au vu de ma condition. Je calais ma canne cotre ma côté afin de garder un certain appui tout en tendant la main vers Duncan, mon regard posé sur la carte. Il n'y avait pas le temps pour lui offrir une poignée de main, je voulais plutôt voir ce bout de papier de plus près.
— Vous pouvez m'appeler Dantès.
Que je lui répondais finalement, une légère hésitation dans ma voix. Je ne voulais pas lui donner mon prénom, pas particulièrement par méfiance mais parce que je ne me présentais que rarement sous ce nom, préférait être appelé Comte, ayant laissé derrière moi mon identité marine, mon passé de jeune amoureux fougueux. Mais me présenter sous le terme de comte risquait de paraître prétentieux alors que nous cherchions à survivre à un jeu dont on ignorait les règles.
—Nous n'allons pas avoir beaucoup de temps pour se parfaire une réelle stratégie. Je ne suis pas certain qu'on aie le temps de comprendre pourquoi nous sommes là. Peut-être devrions-nous nous concentrer sur comment en sortir.
Je me doutais que les deux étaient sûrement liés mais à cet instant, le plus important était de se mettre à l'abri. Si l'homme ne semblait pas frileux des conflits, je n'avais pas le désir de faire couler du sang encore et encore... Si mon désir de vengeance avait toujours été fort en moi depuis toutes ces années, je n'avais jamais fait couler le sang de ceux qui m'avaient détruits. Alors des hommes innocents présents ici comme nous, encore moins. Je ne cachais aucunement ma réserve alors que mes oreilles étaient attirées vers un endroit plus loin. D'un geste, j'attrapais la carte, ne prêtant pas attention au fait que oui ou non Duncan me l'avait tendue. J'en parcourais le contenu en fronçant légèrement les sourcils. En plus des annotations sur la carte, je remarquais au dos de celle-ci des barres verticales parfois dont une rangée de 4 barrée en diagonale. Le total semblait être de neuf.
—Neuf victimes... Nous étions les deux prochaines...
Déclarais-je à voix basse, presque comme si je me parlais à moi-même. J'étais certain que c'était le nombre de ses victimes car plus les traces apparaissaient, plus on pouvait voir une assurance dans l'écriture. Une main tremblante au début mais pas par la suite. Un homme ayant pris goût... Je relevais les yeux en posant sincèrement mon regard dans celui de Duncan.
— Mon cher Duncan... Prenez-vous plaisir à tuer ?
Cette interrogation soulevait un mystère que je gardais pour l'instant pour moi. Je pensais avoir une idée de ce jeu, une idée de là où on devait arriver et je n'appréciais pas cette idée et je préfèrerais avoir tort. J'avais besoin de sa réponse pour en tirer des conclusions. Le vent frottait mon visage si sérieux alors que je reprenais la canne dans mes mains, la serrant avec plus de force qu'auparavant. Un certain calme semblait planner pour un court instant, c'est pour cette raison que je prenais le temps de lui poser cette question fatidique.
L'ombre de l'homme tombé s'étirait, son corps inerte recouvert par les feuilles humides de la forêt. J'avais pris une longue inspiration, sentant encore l'adrénaline glisser dans mes veines. Il n'y avait plus de mouvement. Le silence, ce silence pesant qui résonne plus que n'importe quel cri de mort, s'installa entre nous. Edmond s'approchait lentement, gardant ses distances, son regard glacial contrastant avec la chaleur contenue de ses paroles.
Et ses propos fusèrent, sa voix chargée d'une animosité sourde. Je levai à peine un sourcil en l'écoutant. Il n'avait pas tort. Mais dans une situation pareille, l’instinct prime toujours sur la courtoisie. J'avais pris l'initiative parce que je n'avais pas l'intention de crever là, pas sous la balle d'un tireur embusqué. Ce genre de trêve, tu n'as pas le luxe d'y mettre des conditions. Tu réagis ou tu meurs.
Je restais accroupi près du cadavre, mes doigts fermes sur le manche de mon arme. La forêt semblait vouloir reprendre son souffle après la brève interruption du carnage. J'observais Edmond du coin de l'œil. Il avait cette manière de se tenir, une posture raide mais élégante, comme un prince déchu qui s'accrochait à sa dignité malgré l’évidence de la situation. Je connaissais ce genre de regard... celui d'un homme qui avait trop perdu et qui n’était jamais vraiment revenu du gouffre. Son arme à feu d'une main, sa canne de l'autre... Un combattant, certes, mais pas du genre à se salir les mains si ce n'était pas nécessaire.
Je me relevai doucement, mes yeux dérivant vers l’horizon. Là-bas, entre les arbres, l’obscurité se densifiait. Quelque chose, ou quelqu’un, nous observait encore. Je pouvais le sentir. La forêt, cette maudite forêt, elle n'avait pas fini de jouer avec nous.
« D’accord, » dis-je enfin, ma voix un peu rauque, « la prochaine fois, tu auras ton mot à dire. Mais n'oublie pas, ici, chaque seconde compte. Tu hésites, tu meurs. »
J’attrapai la carte que j’avais trouvée sur l’homme à terre, la dépliant sous mes yeux fatigués. Des marques, des points, des croix... Le territoire était quadrillé de façon méthodique. Pas de doute, nous étions dans un terrain de chasse, et pas le nôtre. Une étincelle de compréhension commençait à se former dans mon esprit. Je laissai Edmond s'approcher. Sa main tremblait légèrement lorsqu'il me prit la carte, mais son visage ne trahissait rien.
Je restai silencieux un moment. Le nombre ne m’étonnait pas. Ce n'était qu'une question de temps avant que ces chiffres ne grimpent encore. Je l’avais vu des dizaines de fois dans le passé : ce genre de jeux n’a jamais de fin tant que quelqu’un n’intervient pas. Mais je n’étais plus l’homme qui intervenait. Je l’avais laissé derrière moi, ce salaud de Black Kaiser. Du moins, j'avais essayé.
Est-ce que je prenais plaisir à tuer ? La question tomba comme un couperet. Je plantai mes yeux dans les siens. Edmond savait ce qu'il faisait en posant cette question. C’était plus qu’une simple curiosité, c'était une tentative de sonder l'âme d’un homme dont il ignorait encore les véritables intentions. Je connaissais trop bien ce genre de regards. Celui qui cherche à déterminer si tu es le monstre qu'on redoute. Ou pire encore. « Je ne tue pas par plaisir, » répondis-je finalement, la voix basse, tranchante comme un éclat d’acier. « Pas de questions morales, pas de passion. Juste de la nécessité. Tu veux comprendre pourquoi ces gars-là sont morts ? Ils étaient dans mon chemin. Ça s'arrête là. »
Je marquai une pause, mes doigts crispés autour de la crosse de mon arme, l'esprit en alerte, chaque fibre de mon corps prêt à réagir à la moindre menace dans cette forêt maudite.
« Mais toi, Dantès... » Mon regard se fit plus dur, plus perçant. « Qu’est-ce que tu comptes faire ? Ces mecs sont plus nombreux. On n'est que deux, et clairement, ils nous veulent six pieds sous terre. Le plaisir, la vengeance, tout ça, c'est pour plus tard. Pour l'instant, c’est juste de la survie. Et si tu veux survivre, tu vas devoir te salir les mains. »
Le vent se leva légèrement, agitant les feuilles autour de nous. C’était comme si la forêt elle-même nous rappelait que nous n’avions pas le temps de philosopher sur la morale de tout ça. À cet instant, un bruit sourd retentit à quelques mètres de là. Un grognement étouffé, puis le crissement d’une branche qui se casse sous un poids lourd. Instinctivement, je me figeai, les yeux fixés dans la direction du bruit.
« Ils arrivent, » soufflai-je entre mes dents. Pas besoin de plus de mots. Dantès avait compris, lui aussi.
Je me penchai vers lui, prenant une position plus basse, l’obscurité nous offrant un semblant de couverture. Mes mains, serrées autour de l'arme, étaient prêtes à frapper encore. Mon corps, tendu comme une corde d'arc, attendait. Je ne savais pas combien ils étaient. Peut-être un, peut-être trois. Peut-être plus. Ça ne changeait rien.
D'un geste rapide, je fis signe à Dantès de prendre position derrière un arbre plus large, couvert de mousse épaisse. Ses yeux croisèrent les miens un instant, et je vis la lueur de détermination qui s’y allumait. Un soldat, même fatigué, reste un soldat. Et cet homme, même avec sa canne, même avec ses blessures visibles ou invisibles, il savait se battre. Peut-être même plus férocement que moi.
Le jeu était lancé à nouveau.
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PRETTYGIRL
Edmond Dantès
▿ Ton univers : Le Comte de Monte-Cristo
▿ Date de naissance : 13/10/1987
▿ Age : 37
▿ Métier : Agent maritime le jour, vengeur et justicier au crépuscule.
▿ Quartier : Autour de la ville
▿ Côté cœur : Pour aimer l'autre, ne faut-il pas d'abord s'aimer soi-même et guérir les blessures de son cœur ?
Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. Qui se connaît mais ne connaît pas l’ennemi sera victorieux une fois sur deux. Que dire de ceux qui ne se connaissent pas plus que leurs ennemis ?
Je n'appréciais aucunement être plongé dans une situation qui m'échappait totalement. Et le pire était sûrement que ma vie était en jeu sans en connaître la raison, ce que je trouvais parfaitement ridicule. J'avais déjà traversé des épreuves difficiles que pour me retrouver coincé ici à risquer ma vie... Je n'aimais pas ce petit jeu mais personne ne devait vraiment aimer ça, si ? Je sais me battre mais je n'en ai simplement pas envie, pas quand c'est une question de survie ridicule. Mais il semblerait que je n'ai pas vraiment le choix. Mais j'ai au moins le choix de prendre des décisions et c'était pour ça que j'avais souligné que je n'aimais pas vraiment sa façon de faire. Je n'étais pas vraiment du genre à me laisser faire et à être sous les ordres de quelqu'un, encore moins un parfait inconnu... Même si nous étions alliés pour le moment, je ne lui accorderais pas ma confiance si facilement. Il accepta cependant ma remise en cause même s'il ne put s'empêcher de me mettre en garde quant à la pression, au temps qui compte... Le temps est bien trop relatif pour moi. J'ai eu plus de 10 ans pour préparer ma vengeance, pour avoir un plan et agir en circonstances... Alors oui, c'est sûr que devoir trouver des solutions dans l'urgence n'était pas ma spécialité mais ça semblait l'être pour Duncan, ce qui était au moins une bonne chose. J'acquiesçais alors d'un geste de la tête, lui montrant que je connaissais les risques maintenant.
La carte mais surtout l'homme que nous venions d'abattre me posait énormément de questions quant à la situation dans laquelle nous étions. Je lui avais demandé s'il prenait plaisir à tuer en espérant que sa réponse soit négative. Parce qu'un homme assoiffé de sang me trahirait sûrement à la première occasion mais aussi parce qu'il serait sûrement la cible parfaite de cette expérience douteuse. Je plissais des yeux alors que je croisais le regard de mon camarade de fortune. Il devait sûrement se douter de l'origine de ma question mais je ne perdais pas pied pour autant, prêt à écouter ce qu'il me répondrait. Et sa réponse tranchante me fit sourire légèrement. S'il ne prenait pas plaisir à tuer, il le faisait par nécessité... Je peux comprendre... Même si à ce niveau là nous étions différent, j'avais planifié ma vengeance pendant si longtemps que j'avais perdu toute autre raison de vivre. Même si je n'étais jamais passé à l'acte, en tous cas pas de mon chef, je n'avais jamais tué mes ennemis, même les pires. Je restais plongé dans une certaine réflexion alors que mon s'attardait un instant sur la main crispée de Duncan sur son arme avant qu'il me mette au pied du mur, face à la réalité de ce jeu. Il me demande ce que je compte faire face au surnombre et il mentionne la vengeance, mot qui me fait froncer les sourcils un instant. Survivre... Je n'avais jamais eu envie de survivre. Juste vivre.
— Alors je préfèrerais ne pas être sur votre chemin...
Avais-je répondu en rapport à ses premiers mots. De ce que je comprenais de lui, il valait mieux qu'il soit mon allié que l'inverse. Je marquais une courte pause avant de regarder autour de moi. La situation n'était pas vraiment propice à de longues discussions mais je ne pouvais m'en empêcher, préférant le combat des mots que celui des armes...
— La vengeance n'a pas sa place ici, vous avez bien raison. C'est un combat de courte haleine et je crains ne pas y être habitué... Mais nous devons survivre. Si nous le pouvons.
Je n'étais pas vraiment sûr de moi. Pas quant au fait de se battre, s'il le fallait, je le ferais. Mais je craignais autre chose... Je craignais que nous étions dans un jeu duquel ne pourrait ressortir qu'un seul gagnant. Après tout, nous n'avions vu personne en compagnie d'un autre. Alors pourrions-nous vraiment survivre ensemble? Probablement pas mais cette décision devrait être prise lorsque tous les adversaires seront au tapis... Et cette idée avait tout pour me déplaire. D'autant plus lorsque je voyais Duncan réagir à un bruit un peu plus loin, bruit qui me crispe directement. Il avait raison, le temps était compté et il n'y avait plus de place à la philosophie. Sans attendre, je pris le réflexe de me mettre à couvert, un arbre plus large étant à proximité. Ma main se serre à la fois sur ma canne et sur mon arme. Au vu des bruits, quelqu'un devait encore avoir perdu la vie de manière complètement inutile. Je bouillonnais de rage, je bouillonnais face à mon impuissance. Mon regard croisait celui de Dunca, décidé à ne pas se laisser faire et je devais bien me faire une raison de le suivre dans cette folie. D'un geste de la tête, je lui faisais comprendre que j'étais prêt. Je n'avais pas le choix d'être prêt.
Il n'y avait aucun moyen de connaître le nombre de personnes se trouvant à l'endroit d'où venait le bruit mais ça devait sûrement être notre prochaine destination. Le jeu continuait, sans laisser place à la respiration. Pas le temps de réfléchir à un plan de longue haleine, les secondes comptaient. J'hésitais un instant à m'emparer de l'arme de l'homme que nous avions tué mais je craignais ne pas être assez doué avec ce type d'armes. Nous étions destinés à se rapprocher du danger. D'un grand pas, je passais d'un arbre à un autre, essayant de m'approcher de la scène tout en invitant Duncan à faire de même. Nous étions deux, il fallait en profiter.
—Allons-y. Nous n'avons plus le choix...
Que j'avais alors chuchoté avant de moi aussi me lancer dans la mêlée, n'ayant plus de choix. J'avais entendu un nouveau bruit, je n'arrivais pas exactement à en déceler l'origine mais il fallait agir, la personne, si tant est qu'elle est seule, n'était plus très loin. Alors que je voyais enfin un homme, armé jusqu'aux dents, près d'un corps, je me disais que seul je n'aurais sûrement aucune chance. Il semblait expérimenté et dans son regard je percevais une folie meurtrière qu'on ne pouvait arrêter que d'une seule manière... Je fermais les yeux un instant. Une erreur. Un doute. Une hésitation. Pourtant Duncan m'avait prévenu. L'homme m'avait repéré sur ce bref instant et le coup de feu qui en résultat me fit tomber au sol, derrière un arbre peut-être pas assez large. Un coup peu précis, simplement guidé par la paranoïa de l'homme. Il ne m'avait pas touché, du moins je ne ressentais aucune douleur. Pris de court cependant, je soufflais avant de me décaler légèrement, tirant à l'aveugle en direction de l'homme, du moins de sa position dont je me souvenais car une légère fumée du au coup de feu embuait mon visage. Je ne parvenais d'ailleurs plus à retrouver Duncan... Pour le peu que je le connaissais, il devrait apparaître d'une minute à l'autre, c'est certain. Mais ce qui était sûr, c'est que le brouahaha provoqué risquait d'attirer d'autres joueurs. Et même si je me recachais, je me doutais que des adversaires arriveraient de tous les côtés. Je retenais ma respiration, rechargeant mon pistolet avec calme, je ne pouvais plus hésiter. Sinon c'était moi le prochain sur la liste.
Le silence de la forêt ne durait jamais. Tout juste avaient-ils disparu entre les arbres que des bruits épars, comme des murmures étouffés, résonnaient déjà autour de nous, comme si cette nature elle-même se moquait de nos tentatives d’évasion. Mes sens, aiguisés par les années, captaient chaque craquement de branche, chaque mouvement de feuilles. Je savais qu’il fallait rester en alerte, mais aussi qu’un moment d’hésitation pouvait coûter cher. Et pour une fois, Edmond semblait l’avoir compris.
Je vis son regard, cette lueur étrange qui luisait derrière le masque de calme calculateur qu'il s’efforçait de maintenir. Ses yeux scrutaient l’obscurité, mais il y avait autre chose, quelque chose de presque résigné dans son attitude. Comme s’il mesurait encore le prix de sa propre survie face à ce carnage absurde. Je savais reconnaître la lassitude quand je la voyais. Ça vous bouffait de l’intérieur, cette tentation de tout laisser tomber, de renoncer à la partie. Je l’avais ressenti, moi aussi… autrefois. Mais je n’étais plus un homme d’hésitations, plus depuis des années.
Un coup de feu claqua soudain, sec et net. L’odeur de la poudre se mêla à l’humidité de la forêt. Je me figeai, analysant la direction, le type d’arme. À quelques mètres de là, Edmond venait de se plaquer contre un arbre, un peu à découvert mais suffisamment pour éviter un tir direct. Un instant, j’entrevis son visage, crispé par la concentration, peut-être même par la peur. Son pistolet en main, il tirait en direction de notre assaillant, sans viser vraiment, juste pour se donner quelques secondes. Il était là, et il se battait, malgré ses doutes. Mais la situation n’était pas en sa faveur.
Je glissai entre les arbres, chaque pas calculé, chaque mouvement mesuré. Il y avait cet homme, cet autre prédateur, tout près de lui, un sourire carnassier sur les lèvres. Il se tenait dans une posture de combat, les yeux rivés sur Edmond, prêt à fondre sur lui à la moindre ouverture. L’odeur métallique du sang me frappa. Cet homme-là n’était pas venu pour jouer ; il était venu pour tuer. Et dans son regard, j’aperçus cette lueur que je connaissais trop bien : la soif de sang, cette folie froide et méthodique qui transforme un homme en bête.
Une chance, une fraction de seconde : voilà tout ce dont j’avais besoin. D’un geste rapide, je m’accroupis, stabilisant mon arme, prenant le temps de viser. Je vis l’homme lever son fusil, prêt à achever Edmond, dont le pistolet se vidait peu à peu, sans grande précision. Mais ce type n’eut jamais l’occasion de tirer. Un mouvement brusque de mon côté, une simple pression sur la détente, et la balle fusa, se logeant dans la base de son crâne avec un bruit sourd. Son corps se figea un instant, comme pris dans un dernier sursaut de vie, avant de s’effondrer lourdement sur le sol, un sourire grotesque figé sur son visage.
Je sortis de l’ombre, mon arme toujours pointée vers l’endroit où il gisait, observant les alentours avec précaution. Aucune autre silhouette ne semblait émerger, aucun autre danger immédiat. L’air embaumait le sang et la poudre, ces odeurs flottaient autour de nous, lourdes, comme un rappel de ce qu’on avait à affronter. Dantès, son visage pâle mais ses yeux résolus, était toujours au sol, la main serrée sur son arme, son regard rivé devant lui. J’avais le sentiment qu’il comprenait enfin l’ampleur de ce jeu morbide.
« Alors, il t’a touché ? » lâchai-je, un demi-sourire aux lèvres, mais l’amertume imprégnant chaque mot. J’avais sans doute de quoi faire un garrot, si besoin, mais j’espérais tout de même qu’il n’avait rien de grave et qu’il pourrait continuer à progresser dans cette forêt. « Ce terrain, cet endroit... Ce n’est qu’un théâtre pour les morts, Dantès. Peu importe ce qu’on pense de nos raisons, nos hésitations, tout ça. Ce qu’ils veulent, c’est qu’on y reste. »
Je levai les yeux vers l’obscurité dense de la forêt, mes sens en éveil. Il y avait ce silence étrange, ce silence qui précède toujours le prochain mouvement de l’adversaire, ce moment suspendu où le danger se tait pour mieux bondir ensuite. C’était comme un jeu d’échecs où chaque pièce devait tomber, une par une, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une seule. Nous n’étions que des pions, et ils nous attendaient pour la prochaine phase.
« Regarde-les, » murmurai-je d’une voix basse, presque inaudible, mes paroles se mêlant au souffle du vent. « Chaque arbre, chaque ombre ici est un piège, une embuscade. Ce type, là-bas… » Je désignai le cadavre du regard, mon ton glacé. « Il était plutôt bon, et pourtant, il est mort. On peut espérer quoi, alors ? »
Je me doutais bien qu’il ne répondrait pas à cette question. Dantès m’avait fait comprendre qu’il était pas un homme à chercher les réponses dans le sang versé. Pas comme moi. Mais il devait comprendre, au moins ça. Ces règles, ce code de moralité, ce besoin de comprendre le pourquoi… ici, tout ça n’avait aucune importance. On était des survivants, rien de plus.
D’un geste rapide, je ramassai le fusil du type à terre, vérifiant sa munition. Un bel engin, puissant, précis, parfait pour les tirs à longue distance. Mais ce genre d’arme attire aussi l’attention, un luxe qu’on ne pouvait pas se permettre. Je fourrai le fusil dans un sac improvisé, replaçant mon pistolet à ma ceinture. Il nous fallait bouger, et vite.
« Écoute, » repris-je, le regard perçant, « si tu veux qu’on s’en sorte, vraiment, alors tu vas devoir me suivre et m’écouter. On n’a pas de temps pour les états d’âme ou les débats moraux. C’est notre seule chance, Dantès. Fais-moi confiance juste cette fois. »
Je m’approchai de lui, et pour la première fois, je le regardai droit dans les yeux, laissant ma voix devenir un murmure rauque et déterminé. Il y avait une urgence dans mes mots, une flamme qui brûlait pour survivre, pour nous sortir de là, peu importe ce qu’il en coûtait.
« Le vrai combat commence maintenant. Si tu veux vivre, alors prépare-toi. Parce que je ne laisserai rien ni personne me stopper. Et si tu restes dans mon chemin… » J’inclinai la tête, mon regard froid et résolu. « Tu sais ce qu’il adviendra. »
Sans un mot de plus, je lui fis signe de me suivre, mes pas silencieux s’enfonçant dans l’ombre des arbres. Nous étions des proies et des chasseurs à la fois, deux alliés improbables dans un jeu où la survie n’était plus une question de force, mais de détermination brute. La forêt se refermait sur nous, la nuit devenait plus noire encore, et au loin, des bruits se faisaient entendre, une traque sans fin qui n’attendait que nous pour son prochain acte.
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