Vaines bagatelles qu’ils semblent être, les vêtements ont, disent-ils, un destin plus important que de nous tenir chaud. Ils changent notre vision du monde et le point de vue du monde sur nous
Raccoon Square. Que voilà un quartier animé, brillant de ses rues rarement vides de ses habitants. Un quartier que, même s'il le faudrait, je ne visite pas tous les jours. J'en découvre d'ailleurs encore chaque recoin lors de mes passages éclairs. Cette ville regorge de tant de secrets, tant d'arrivants différents les uns des autres... Des origines parfois si distinctes qu'il m'est difficile de croire à certaines choses. De la magie, partout qu'elle soit noire ou blanche. Des animaux devenus humains et j'en passe. Quel drôle de monde... Parfois je me demande pourquoi Albert ne m'a pas tiré cette balle en plein cœur que je puisse être libéré de toute cette infortune. Mais non, il a fallu que j'atterrisse en ces lieux. S'il m'a fallu longtemps avant de m'adapter ou en tous cas à comprendre les rouages de cette société, certains mœurs restent encore un mystère tout entier à mes yeux.
Si j'ai réussi à retrouver ma fortune ainsi qu'une demeure semblable à celle que j'avais dans ma chère France, certaines choses n'étaient pas encore à mon goût. Le jour je me plais à aider les bateliers à amarrer leurs leurs différents bâtiments, la nuit est ouverte à une toute autre facette de ma personne. Je n'ai pas accompli entièrement la quête de justice que je m'étais donné dans mon ancienne vie alors peut-être par désespoir, je me console à rendre justice pour autrui. Pour autant qu'ils le méritent, bien sûr. Un justicier presque masqué... Parce que si j'apprécie perfectionner l'art du déguisement, en ces lieux, je manque cruellement de ressources et surtout de personnes de confiance... C'est d'un pas un peu las que je naviguais entre les rues de Raccoon Square en cette fin d'après-midi, revêtu d'un costume trois pièces dont j'ai troqué la veste contre ma fidèle cape. Mon chapeau ne me quitte pas lorsque je souhaite rester incognito. Ma canne à la main, le regard vif, je continue cette balade qui ne semble me mener qu'à un cul-de-sac.
Cela est sans compter cette devanture. Une petite boutique intrigante et différente des autres. Je m'arrête alors... Un peu curieux de cet endroit, je commence à guetter discrètement l'intérieur avant de remarquer que c'est une petite échoppe qui semble proposerdes vêtements... Mais elle n'est pas comme les autres, de grandes enseignes sans réel artiste derrière, sans aucune idée de création. La voilà la bonne idée ! Moi qui cherche désespérément de l'aide à la confection de certains costumes... Peut-être ai-je enfin trouvé chaussure à mon pied. Ou plutôt chemise à mon costume. Même si je dois bien avouer que le nom de cet endroit a le don d'à la fois m'intriguer et m'effrayer. Aux plaisirs et aux merveilles... Mais je ne suis pas vraiment du genre à juger un livre à sa couverture... Discrètement, d'un geste précis et calculé, je viens déchirer un ourlet de mon gilet. Autant avoir une bonne raison d'enter.
C'est avec un sourire en coin que je viens passer le pas de la porte, mon regard s'attardant sur chaque détail de l'intérieur de la boutique. Une certaine chaleur s'en dégage ainsi qu'une intimité que je ne peux qu'apprécier. Mais ça ne m'échappe pas non plus ce côté très... Brillant et paillettes qui est sûrement à l'opposé de ce qui me correspond. Ce n'est pas pour autant que je tourne les talons, bien au contraire. Je m'avance un peu plus.
— Bien le bonjour.
Déclarais-je simplement tout en balayant mon regard autour de moi à la recherche d'un vendeur ou vendeuse d'ailleurs. Si je cherche une personne de confiance, son genre ou son origine ne m'importent guère. Je remonte un peu mon chapeau au dessus de la tête pour qu'on puisse mieux déceler mon visage, un visage à la fois dur mais aussi chaleureux, en quête d'une aide précieuse.
— Je crains avoir accroché mon gilet et ayant rendez-vous prochainement, j'espèrerais trouver une aide précieuse.
Que j'ajoutais alors que je remarque enfin la personne responsable de la boutique. Je ne le décerne que de loin mais de son apparat je peux déjà me rendre compte d'une certaine différence entre nous... Mais encore une fois, je ne voudrais pas le juger avant de le connaître. A ce stade là de mon épopée, j'étais bien loin de m'imaginer dans quelle histoire je venais de m'embarquer. Et je risquais de ne jamais l'oublier.