(terminé) Friendship and hot chocolate [Anna]

Anna s'était réveillée difficilement, comme presque chaque matin. Se lever tôt, ce n'était définitivement pas son truc. Une fois sortie du lit, la jeune femme s'était préparée rapidement. Elle n'était pas en retard, mais elle ne voulait pas perdre de temps inutilement, trop pressée de rejoindre Aelita. Prête à l'heure, peut-être même un peu en avance, Anna sortit de chez elle pour se rendre dans ce café qui ne se trouvait pas loin de chez elle, normalement. Sourire aux lèvres, elle profitait de l'air frais du matin, regardant chaque personne qu'elle pouvait croiser à la recherche d'un visage familier qu'un miracle mettrait sur son chemin. Depuis son arrivée en ville, Anna n'avait de cesse de chercher ses amis, sa soeur. Elle avait l'impression d'avoir fouillé chaque recoin de la ville, en vain. La ville semblait prendre une forme différente chaque matin. Elle semblait, également, ne pas avoir de fin. Ce n'était pas compliqué, Anna tournait en rond. Impossible de sortir, impossible de comprendre ce qu'elle faisait là. Elle se sentait seule, elle qui ne vivait que pour les siens. Sa famille lui manquait terriblement, jamais elle n'aurait imaginé vivre sans eux un jour, jamais elle n'aurait imaginé pouvoir le faire. Pourtant, chaque jour elle avançait. Chaque jour, elle se levait et vivait. Chaque jour, elle trouvait la force d'avancer sans eux, sans jamais les oublier et sans jamais cesser de chercher. Elle s'était créée une vie ici. Des études, des amis, une routine... Mais il lui manquait toujours quelque chose.

Lorsqu'elle arriva au Central Perk, sans croiser personne de son ancienne vie, Anna chercha du regard son amie. Bien rapidement, elle constata qu'elle n'était pas arrivée. Il fallait dire qu'Anna était légèrement en avance. D'une ou deux minutes, à peine. Ce fut amusée que la jeune femme aperçut son amie arriver en courant quasiment aussitôt. Essoufflée, elle la salua, se justifiant aussitôt. « Tu sais, je pouvais attendre quelques minutes, il n'était pas utile de courir. » précisa-t-elle, toujours amusée. Elle n'allait pas partir parce qu'Aelita n'était pas à l'heure. « C'est pour ça que tu n'as pas réussi à te réveiller ? Tes rêves étaient trop agréables pour en sortir ? » s'amusa-t-elle, en entrant dans le café. S'il y avait bien quelque chose qu'Aelita et Anna partageaient, c'était ça : le chocolat. Pas une journée pour la rousse sans en boire ou en manger. C'était sans doute la meilleure chose qui existait au monde. Heureusement que dans ce monde étrange, le chocolat existait. Comment aurait-elle fait dans un monde sans chocolat ? Sans doute aurait-elle mis encore plus d'ardeur pour s'échapper et retourner chez elle ! Quelle drôle d'idée, un monde sans chocolat !

Une fois à l'intérieur, les deux filles s'installèrent donc à une table, dans un coin, au calme. Ainsi, elles pourraient discuter plus tranquillement. « Comment je vais ? Je vais bien. Même si ça aurait pu être mieux, si j'avais de bonnes nouvelles. J'ai continué de chercher ma soeur, Kristoff et mes amis, mais il n'y a personne ici. J'ai l'impression d'avoir fouillé chaque bâtiment, chaque rue, chaque recoin... » Elle parlait beaucoup, mais ce n'était pas une nouveauté. Aelita était au courant des recherches d'Anna, et c'était souvent la première chose qu'elles évoquaient, leurs recherches. Souvent pour dire la même chose, malheureusement : rien de nouveau. Anna rêvait du jour où elle pourrait annoncer que sa famille était là, avec elle, qu'ils étaient enfin réunis. « Et toi, comment vas-tu ? » peut-être aurait-elle des nouvelles plus réjouissantes ou plus amusantes. Et, dans le pire des cas, même sans bonne nouvelle, elles trouvaient toujours de quoi rire et s'amuser en discutant. Comme toujours. Elles ne se retrouvaient pas pour déprimer, mais pour passer un bon moment, agréable et amusant.

Si Anna était heureuse de voir son amie et de pouvoir passer un peu de temps en sa compagnie, elle ne lui en aurait pas voulu d'avoir perdu quelques minutes pour s'éviter de courir. Après tout, quelques minutes, ce n'était pas grand chose. D'autant si c'était pour rester plongée dans ses rêves. Qui ne souhaitait pas rêver toute une nuit de chocolat et de prolonger un peu ce rêve ? Cette idée amusait Anna, et Aelita entrait dans son jeu, confirmant ce qu'elle disait et glissant un compliment au passage. Heureusement qu'Anna avait trouvé des amis ici, des gens à qui parler et se confier, des gens avec qui rire et s'amuser. Elle ne pouvait imaginer vivre une deuxième fois seule et enfermée, loin des autres, loin de la vie qu'elle aimait. « Et si tu devais choisir entre me faire disparaître et faire disparaître le chocolat ? » plaisanta la rousse, un sourire aux lèvres.

Désormais installées à l'intérieur, à une table tranquille, Aelita lui demanda si elle allait bien. Ne se contentant pas d'une réponse simple et rapide, Anna expliqua un peu plus sa réponse. Elle allait bien. Elle ne pouvait pas prétendre le contraire. Mais sa famille lui manquait. Les siens lui manquaient. Et elle n'avait toujours aucune nouvelle d'eux. Aelita était au courant des recherches d'Anna, alors elle lui partageait les avancées. Avancées qui n'existaient pas réellement. La jeune femme avait l'impression d'en être au même point depuis des mois. Etait-ce réellement possible d'atterrir seule dans un monde inconnu ? N'était-elle pas plongée dans un long cauchemar ? Elsa, Kristoff... Se pourrait-il vraiment qu'ils ne soient pas là avec elle ? De leurs côtés, peut-être l'attendaient-ils et la cherchaient-ils chez eux, là-bas, à Arendelle.

Après avoir partagé ce qu'il se passait en ce moment pour elle, Anna retourna la question à son amie. Elle espérait de meilleures nouvelles de sa part, mais elle en doutait. Si elle avait retrouvé ses amis, sans doute se serait-elle empressée de lui dire ! Sa réponse, accompagnée de ce rire, en disait long. Pourquoi ne retrouvaient-elles personne ? Qu'avaient-elles fait pour mériter ça ? « Je suis désolée pour toi Aelita. » souffla la rousse, sincèrement désolée. Ça n'avait sans doute pas été simple de comprendre son erreur, de l'accepter. Elle avait sans doute été heureuse puis était tombée de haut. C'était le pire. A son affirmation rassurante, Anna se contenta de sourire. Elles les retrouveront. Comment Anna pourrait affronter l'avenir sans Kristoff, Elsa ou Olaf ? Elle avait besoin d'eux. Elle ne voulait pas d'une vie sans eux. « Il faudra m'en trouver un autre, alors ! » plaisanta-t-elle, lorsqu'Aelita lui parla de Kristoff et de son futur rôle de demoiselle d'honneur, ne le pensant pas une seule seconde. Elle n'était pas prête à ouvrir son coeur à quelqu'un d'autre, même après deux ans passés ici sans lui. Il lui reviendrait. Elle ne voulait pas imaginer le contraire, ou ne voulait plus l'imaginer, plutôt. « Si Jérémie est du genre à utiliser les réseaux sociaux, j'imagine assez mal Elsa ou Kristoff s'en servir. » Cette idée réussissait même à la faire sourire, malgré la situation. Non seulement ce n'était pas de leur époque, mais ce n'était pas eux. Ou peut-être que si. De tous, Anna aurait sans doute été celle qui aurait pu s'en servir le plus facilement, mais elle ne le faisait pas. Elle n'aimait pas ça.

La jeune femme fit une pause quand on vint vers elle pour prendre leur commande. Sans grand étonnement, elle prit ce chocolat chaud tant attendu, Aelita commanda à son tour et; une fois seules, la rousse reprit la parole. « Ou peut-être qu'Elsa est la nouvelle star de vos trucs... » plaisanta-t-elle, essayant d'imaginer sa soeur devant un ordinateur ou un portable, elle qui n'était pas la fille la plus sociable qui existe. « Tu crois qu'Elsa ou Kristoff pourraient vraiment être sur ces réseaux ? Et s'ils s'étaient mieux adaptés à ce monde que moi ? » commença-t-elle à se questionner, oubliant qu'Aelita ne pouvait pas le savoir. « Et s'ils s'étaient tellement habitués à ce monde au point de m'oublier... » poursuivit-elle, ouvrant grand les yeux à cette idée. « Tu crois qu'ils m'ont oublié ? » s'angoissa-t-elle toute seule. « Non, ils n'ont pas pu m'oublier. Ils tiennent à moi comme je tiens à eux. J'espère. » se rassura-t-elle finalement toute seule, ou essayant plutôt. « Tu crois que tu pourrais jeter un coup d'oeil pour moi ? » parce qu'Anna en était incapable. « Et je t'aiderai pour tes recherches, je te le promets ! » elle essayait de trouver des solutions, de retrouver confiance en l'avenir. Aelita pouvait aider Anna comme Anna pouvait aider Aelita. Elles pouvaient essayer en tout cas.

Anna ne pouvait imaginer passer le reste de sa vie sans sa famille. Il lui arrivait de désespérer. Il lui arrivait de se dire qu'elle était seule ici, dans ce monde étrange et inconnu. Puis elle se ressaisissait et se persuadait à nouveau qu'ils étaient forcément là. Ce monde était étrange et nouveau. Elle avait été amenée ici de force, privée des siens. Et elle n'était pas la seule ! Il n'y avait qu'à voir toutes ces personnes qui parcouraient l'île de long en large en espérant y retrouver quelqu'un. Il n'y avait qu'à voir son amie, Aelita, qui recherchait les siens, elle aussi. Anna était désolée. Désolée qu'Aelita n'ait pas eu plus de chances dans ses recherches et désolée de ne pas pouvoir accomplir de miracles en lui ramenant ses amis.

Malgré tout, les deux filles essayaient de plaisanter de tout ça. Aelita précisant qu'il fallait retrouver Kristoff au plus vite, Anna ajoutant qu'au pire, il fallait lui trouver un autre homme à épouser. Elle ne le disait pas sérieusement. Évidemment. Mais était-il nécessaire de le préciser ? Elle aimait Kristoff et son absence n'y avait rien changé. Peut-être qu'un jour, elle s'attacherait à quelqu'un d'autre... mais ce jour n'était pas encore là. Loin de là, même. La conversation continua finalement et Anna recommença à discuter toute seule. Elle avait la mauvaise habitude de faire et les questions et les réponses. Elle s'emballait, s'inquiétait, s'angoissait puis se rassurait. Ce n'était pas toujours facile à suivre, mais Aelita, avec le temps, on avait certainement pris l'habitude.

Sa nouvelle crainte était désormais que sa famille ait pu l'oublier. Elle s'imaginait déjà être seule à les chercher pendant qu'eux menaient une vie tranquille et paisible, sans elle. « Je l'espère. » répondit-elle alors, simplement, aux mots rassurants de son amie. Elle souriait, préférant chasser ces idées de son esprit et elle se reconcentrait sur Aelita qui était déjà en quête de réponses. Son téléphone portable en main, elle tapait des choses tout en posant des questions. « A.r.e.n.d.e.l.l.e. » épela-t-elle, plutôt que de répondre simplement à sa question pour s'assurer qu'il n'y avait aucune erreur. Anna espérait de tout son coeur qu'Aelita disait vrai et que sa famille avait appris à se servir de ces drôles de choses afin de la retrouver. « Tu n'as rien trouvé ? » souffla-t-elle, déçue. « Tu veux que je m'inscrive sur... ça ? » lança-t-elle en désignant la portable dans les mains de son amie. Elle n'avait aucune idée de comment ça pouvait fonctionner parce que ça ne l'intéressait pas, mais l'idée d'Aelita n'était pas stupide, au contraire. « Tu as raison ! C'est une excellente idée ! Ils pourront me reconnaître grâce à ça, me retrouver... » Anna avait retrouvé le sourire en une seconde, elle s'imaginait déjà avoir trouvé la solution à son problème. « Je veux bien que tu m'aides à faire ça. » confirma-t-elle alors, promettant également, en échange, son aide à Aelita. Elle ne pouvait pas faire grand chose, n'avait pas de grands moyens, mais elle pouvait aider d'une façon ou d'une autre. Elle le voulait. « Je sais que je ne peux pas faire grand chose, mais je peux me renseigner autour de moi, je peux regarder chaque nom sur chaque porte, je peux demander, je peux parcourir la ville s'il le faut... » elle le faisait déjà pour sa famille, et jusqu'à présent ça n'avait rien donné et jamais elle n'était tombée sur le nom d'un des amis d'Aelita, mais elle pouvait le faire avec plus de détermination encore. Pour les siens, elle était prête à parcourir la ville et à la fouiller de fond en comble. Et elle le ferait pour Aelita s'il le fallait, parce qu'elle méritait de retrouver les siens, elle aussi.

Anna espérait de tout son coeur qu'Aelita puisse trouver quelque chose. Kristoff ou Elsa avaient peut-être appris à se servir de ces objets ? Peut-être étaient-ils présents sur les réseaux dont son amie parlait ? L'espoir l'avait alors envahi un court instant, avant de laisser place à la déception. Visiblement, Aelita n'avait rien trouvé. Anna soupira, déçue. Son amie n'y était pour rien, évidemment. Elle avait voulu l'aider, faire quelque chose. Ça n'avait pas fonctionné, mais ça ne la rendait pas responsable pour autant. Au moins, elle était présente et volontaire. C'était important d'avoir des amis sur qui compter, plus encore maintenant qu'elle n'avait plus personne.

Aelita proposa alors autre chose, qu'Anna s'inscrive sur ces réseaux. Si Anna n'aimait pas tout ça et si elle n'était pas totalement emballée par l'idée, elle ne pouvait qu'accepter. Si cela lui donnait la moindre chance, elle ne pouvait pas refuser. Chaque chance était bonne à prendre. Chaque occasion devait être saisie. Hors de question qu'elle puisse passer à côté de quoi que ce soit à cause d'une mauvaise décision. Depuis le début, elle s'était jurée de tout faire pour les retrouver. Jamais la rousse n'abandonnerait sa famille. Ils étaient tout pour elle. Elle avait besoin d'eux pour vivre, pour avancer, pour être heureuse. Si Aelita la comprenait si bien, c'était parce qu'elle partageait les mêmes sentiments, elle passait par les mêmes moments, par les mêmes recherches. Elle-aussi, elle avait perdu ses amis et elle ne le retrouvait pas. Ce monde était si étrange et incompréhensible. Alors en échange, Anna promit à son amie de chercher des réponses, de chercher ses amis. S'il le fallait, elle parcourerait la ville avec plus d'attention encore, avec plus de volonté. Avec plus de tout ce qu'il fallait. Elle le faisait déjà pour les siens, elle pouvait le faire pour les amis d'Aelita. « Oh oui, puis ce sera amusant ! Plus amusant que toute seule, en tout cas. » si amusant était le bon mot. Au moins, cela éviterait l'ennui et le risque de perdre espoir. Sans résultat, l'envie d'abandonner apparaissait souvent bien vite.

Puisque la jeune femme était prête à s'inscrire comme son amie le lui avait demandé, il fallait passer par la case photo. La réflexion de son amie la fit sourire. S'il y avait bien quelque chose qui caractérisait Anna, c'était son amour pour le chocolat. Amour du chocolat qu'elle partageait avec sa soeur, comme elle le partageait avec Aelita. Elles formeraient un bon trio toutes les trois. « Et je fais quoi ? Tu crois que c'est mieux comme ça ? » dit-elle en prenant une tête neutre, sérieuse. Trop sérieuse pour elle. « Ou comme ça ? » dit-elle, affichant alors son plus grand sourire. « Non, peut-être comme ça ? » Dit-elle, cette fois-ci, en attrapant sa tasse, sourire discret aux coins des lèvres. « Ils ne me reconnaîtront jamais ! » lança-t-elle, en laissant sa tête tomber sur la table, désespérée. Elle voulait la photo parfaite, celle qui ne laisserait aucun doute sur son identité, comme s'il ne fallait que ça. Sauf que c'était impossible et elle s'en rendit compte rapidement. Elle se redressa finalement, retrouvant son sourire, trouvant sa réaction stupide. « Je suis bête de réagir comme ça, tu as raison le cadre est parfait et puis, ce ne sont que des photos. Avec une photographe comme toi, les photos ne pourront être que réussis ! Alors, tu crois que tu as ce qu'il faut ? » demanda-t-elle dans un premier temps, reprenant aussitôt ses questions, curieuse. « Et comment ça fonctionne exactement ? » demanda-t-elle, s'interrogeant sur le fonctionnement de ces réseaux sociaux.

Si Anna n'était pas spécialement douée avec toutes ces nouvelles technologies, elle était prête à faire un effort supplémentaire pour retrouver sa famille. Heureusement, Aelita était prête à l'aider. Seule, elle n'aurait rien pu faire, c'était évident. Anna tentait alors tant bien que mal de faire de bonnes photos. Elle n'avait qu'un objectif : qu'on puisse la reconnaître sur ces photos. Elle craignait tant qu'Elsa et Kristoff ne la reconnaissent pas. Et elle donnait sans doute trop d'importance à ces photos, imaginant cela comme l'élément essentiel pour être reconnue. Alors, elle perdait espoir et le retrouvait l'instant d'après. Elle se trouvait stupide et ne pouvait pas s'empêcher, en même temps, d'angoisser à l'idée de ne jamais retrouver sa famille. Elle avait déjà été privée d'Elsa si longtemps, il était tellement injuste de la perdre de nouveau, alors qu'elles s'étaient si bien retrouvées. Et Kristoff... Elle l'aimait tellement. Elle avait besoin de lui. Il était sa moitié, celui qui l'avait aidé et qui lui avait fait comprendre ce que c'était réellement que d'aimer. Évidemment, elle souhaitait aussi retrouver Olaf, mais elle ignorait si cette magie pouvait fonctionner sur lui alors elle ne l'espérait pas trop.

Face au désespoir de la rousse, Aelita tenta de la rassurer. Ils allaient la reconnaître. De toute façon, elle n'avait vraiment d'autres choix que d'y croire et de l'espérer. Alors, elle se reprenait. Perdre espoir n'aiderait pas. Ce n'était pas simple, mais il fallait tenir. Comment vivre ici sans l'espoir de retrouver les siens ? C'était impossible. Anna refusait l'idée de vivre ici, éternellement, seule. La rousse se prit alors au jeu des photos finalement, laissant à Aelita le soin de juger le bon moment pour arrêter. Finalement, les deux filles avaient bien raison : tout pouvait être un moment amusant, s'il était possible d'oublier le pourquoi elle faisait tout ça, ne serait-ce que l'espace d'un instant.

Puis lorsque la séance photo se termina, Anna reprit ses questions. Elle voulait comprendre comment tout ça fonctionnait. Son amie vint alors s'installer à ses côtés pour lui montrer et lui expliquer. « Tu ne pouvais pas savoir. » ajouta Anna en souriant lorsque son amie précisa qu'elle aurait dû prendre son ordinateur. Tout cela s'était fait sur un coup de tête, elle ne pouvait pas deviner en avance. Anna observa alors les photos qui défilaient sur l'écran et restait étrangement silencieuse, laissant à Aelita le soin de choisir. Elle était persuadée qu'elle ne ferait pas le bon choix et qu'il s'agissait d'un choix trop important pour prendre ce risque. Aelita choisit alors une photo et Anna confirma d'un signe de tête qu'elle lui allait parfaitement. Si elle ne répondit rien au reste, elle n'était pas certaine pour autant de pouvoir changer de photo toute seule, en revanche. Mais, elle lui demanderait le moment venu, voilà tout.

Anna écoutait les nombreuses questions posées par son amie. « Oh oui, ça j'en ai une ! » répondit-elle, presque fière d'elle, répondant avant tout à la dernière question de son amie. Elle en avait une grâce à l'université, elle avait appris que c'était plus que nécessaire d'en avoir pour correspondre. On lui avait alors rapidement montré comment cela fonctionnait et elle avait compris, donc elle s'en servait. Elle sortit alors un petit carnet de son sac où cette adresse, qu'elle n'avait pas cherché à retenir, était inscrite. Elle l'ouvrit donc et donna le carnet à son amie pour qu'elle la note. Puis, elle reprit, presque gênée de ces futurs aveux parce qu'elle avait l'impression de faire perdre du temps à son amie, pour répondre à Aelita : « Mais comment pourraient-ils me reconnaître grâce à tout ça ? Ils ne connaissent rien de mes goûts actuels. Ça... Ça n'existait pas alors tu crois vraiment que ça pourrait aider ? » était-il possible que cela aide malgré tout ? « Alors, que dois-je y noter ? » souffla-t-elle, perdue. Ces films qu'elle regardait aujourd'hui n'existaient pas autrefois. Elsa et Kristoff pouvaient-ils reconnaître Anna grâce à ça ? « Qu'entends-tu par informations personnelles ? Pourquoi ne faut-il pas les donner ? » curieuse, comme toujours. « Sinon, peut-être que je peux y décrire l'endroit d'où je viens ? » Elle n'avait strictement aucune idée de comment tout ça pouvait fonctionner. « Mais ce n'est peut-être pas une bonne idée d'expliquer tout ça alors que n'importe qui pourrait le lire, si j'ai bien compris... » Ce que ça pouvait être compliqué tout ça... Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement retrouver sa famille et fin de l'histoire ? Heureusement qu'Aelita avait la patience de lui expliquer.

Les choses avançaient doucement. Des photos, une adresse mail, un profil créé. Anna ne comprenait pas grand chose à tout ce qui était en train de se passer, alors elle laissait faire Aelita. Elle, elle semblait s'y connaître. Elle dirigeait les opérations pendant qu'Anna tentait de comprendre tout ce qu'elle était en train de faire. Depuis son arrivée dans ce monde, elle était confrontée à la technologie, mais elle se contentait du minimum. Elle avait appris à apprécier la télé, savait téléphoner et envoyer des sms avec son portable, envoyer un mail et faire des recherches simples sur internet. Mais ses connaissances s'arrêtaient à peu près à ça. Les réseaux sociaux et tous ces trucs étaient un grand mystère pour elle. Mystère qu'Aelita éclaircissait un peu plus avec ses explications.

Il était désormais question des goûts d'Anna. Le plus compliqué, selon elle, était que ses goûts d'aujourd'hui n'existaient pas autrefois. Même si elle avait un film ou une série préférée, cela n'existait pas à Arendelle, alors comment était-ce censée aider Elsa ou Kristoff à la reconnaître ? Peut-être était-ce possible, après tout, elle ne savait plus rien désormais. Aelita tenta alors de détailler ce qu'il était possible de noter pour la reconnaître plus facilement. Des informations qui permettaient de la reconnaître aujourd'hui, des choses qui existaient autrefois. Anna hocha la tête, accompagnée d'un : « Je vois... » Elle réfléchissait, avant de donner la moindre réponse.

Mais avant même de détailler ses goûts, Anna repensa à quelques mots que son amie avait prononcé et préféra poser sa question. En quoi des informations personnelles pouvaient représenter un danger en étant sur internet ? Pour elle, cela n'avait juste aucun sens. Aelita tenta alors d'expliquer rapidement les dangers que cela pouvait représenter. Anna haussa un sourcil, n'étant pas certaine de tout comprendre. « Je n'achète jamais rien en ligne... » précisa la rousse comme s'il s'agissait du point essentiel de la mise en garde. « Je ne comprends pas... En quoi mettre une photo sur internet peut être dangereux ? Après tout, ce n'est pas bien différent que de rencontrer quelqu'un dans la rue. Dans les deux cas, c'est simplement un visage... Et puis, les informations que l'on met en ligne, je suppose que ce n'est rien de plus que ce que l'on peut raconter aux gens lorsqu'on les croise, si ? » Un nom, un prénom, une histoire, une photo... En quoi était-ce dangereux ? Peut-être était-elle trop naïve et innocente sur ce coup. Pour elle internet ne pouvait représenter aucun réel danger parce qu'elle ne connaissait rien de ce que les gens étaient capables de faire. A ses yeux, ce n'était qu'une invention pratique.

Bref, Anna en revint finalement à l'essentiel, même si elle avait envie de comprendre ces dangers dont son amie parlait. Elle demanda alors si raconter son histoire était une bonne idée, plus encore après la mise en garde de son amie et la précision que tous pouvaient la lire. Un sourire apparut sur ses lèvres lorsque la jeune fille lui indiqua qu'elle était intéressée par l'histoire d'Anna. La croirait-elle, pourtant ? Après tout, elle se disait simplement que ceux qui liront ne la croiront peut-être pas, mais qu'est-ce que cela pouvait bien faire ? Mais Aelita, elle, la croirait-elle ? Croirait-elle qu'elle était reine d'un royaume qui n'existait pas ici ? Que sa soeur avait des pouvoirs magiques ? Qu'elle avait affronté un hiver éternel ou un monstre de glace ? Que sa soeur avait failli la tuer en lui gelant le coeur ? Qu'elle s'était retrouvée coincée dans une forêt enchantée ? Qu'elle avait échappé à des géants de pierre ? La rousse ne voulait pas que son amie ne lui fasse plus confiance après toutes ces révélations. « Je crois que ça ne me dérange pas... Ce n'est pas un secret, même si certaines choses sont un peu... particulières. Je crois. On ne me croira sans doute même pas. » Depuis son arrivée ici, elle avait compris que tout n'était pas normal ici. Certains ne connaissaient rien à la magie et ne croiraient sans doute jamais qu'elle avait pour meilleur ami un bonhomme de neige. « Pour les informations qui peuvent sembler importantes pour qu'Elsa et Kristoff me reconnaissent... J'aime... Le chocolat ? » dit-elle, un sourire gêné aux lèvres, la tête penchée sur le côté, tant l'information lui paraissait stupide. « Et j'aime l'hiver. L'hiver et les bonhommes de neige. Oh et je suis imbattable aux mimes, ou presque. » Elle se sentait de plus en plus stupide avec ces informations étranges.

Anna observait Aelita, attendant que cette dernière soit prête pour finalement se lancer sur le début de son histoire. Mais elle ne savait pas quoi dire. « Je viens du royaume d'Arendelle, mais il ne semble pas exister dans ce monde. Je ne l'ai retrouvé sur aucune carte. Mes parents s'appelaient Agnarr et Iduna, ils sont morts lorsque j'avais quinze ans, dans un naufrage. J'ai une soeur, Elsa, qui... » Elle laissait sa phrase en suspens, se souvenant de la première fois où tout le monde avait découvert les pouvoirs d'Elsa. Non, c'était un secret qu'elle devait garder, ça. Elle se décida alors à reprendre, tentant d'être plus à l'aise pour raconter son histoire, même si ce n'était pas simple. Olaf aurait sans doute était d'une grande aide, lui savait raconter les histoires. « Tu crois que je devrais raconter mon histoire depuis le début ou que je devrais donner des informations comme je viens de le faire ? Ou c'était inutile ce que je viens de dire ? » Parce qu'elle n'en savait rien et qu'elle préférait laisser à Aelita le soin de juger de la pertinence des informations ou des questions essentielles auxquelles elle devrait répondre. Elsa et Kristoff ne tomberaient peut-être pas sur son compte eux-mêmes, mais les informations, les noms, les détails qu'elle y noterait pouvaient aider des gens à la reconnaître, des gens à qui sa famille aurait pu parler.

Anna tentait de comprendre les dangers que pouvait représenter internet. Pour elle, c'était un monde inconnu. Un monde bien pratique, mais elle ne comprenait pas comment quelque chose de virtuel, qui n'avait pas d'existence réelle, pouvait se révéler dangereux. Lorsque l'on grandissait avec tout ça, sans doute était-ce logique. Pour elle, il ne s'agissait que d'apprentissage. « Je crois que parfois je parle un peu trop et j'accorde ma confiance un peu trop facilement, alors je ne suis pas certaine de savoir quand m'arrêter... mais j'ai compris le principe. » affirma la rousse. Parce qu'Aelita était en train de parler à la fille qui avait accordé une telle confiance à un inconnu qu'elle avait voulu l'épouser en quelques heures, donc elle n'était sans doute pas la meilleure personne pour décider de ce qu'elle devait confier ou non, voyant le bien un peu trop facilement et étant un peu trop naïve. Mais Anna comprenait le principe, c'était déjà ça. Elle tenterait de se montrer prudente.

Une fois la mise en garde terminée, Anna développa quelques-uns de ses goûts à la demande d'Aelita. Il lui semblait compliqué de savoir ce qu'elle aimait et ce qui pouvait être utile. Tout lui paraissait si... inutile. Tout était trop différent à ses yeux. Mais l'ensemble : son nom, son amour pour le chocolat, la neige ou les bonhommes de neige... N'était-ce pas suffisant pour déjà la reconnaître ?

Finalement, la jeune femme commença à parler de son histoire, mais il lui semblait compliqué de savoir quoi dire ou non. Elle pourrait raconter son histoire depuis le début, mais était-ce utile ? Et dans toute son histoire, qu'y avait-il d'important à raconter ? Elle ne savait même pas ce qu'elle avait le droit de dire ou non, ce qui pouvait la mettre en danger ou non. Pourtant, elle avait confiance en Aelita, mais il ne s'agissait pas que d'elle, mais de sa soeur aussi. Aelita précisait que ses informations étaient utiles et que cela augmentait ses chances de retrouver les siens. Malgré tout, elle tenait à ce qu'Anna raconte son histoire entièrement. Ainsi, elle pourrait sans doute en retirer les détails les plus pertinents, les plus intéressants. Anna prit une grande respiration, but un peu de son chocolat et commença : « Je ne sais pas si tu vas me croire parce que j'ai l'impression que beaucoup de choses semblent impossible dans ce monde, folles, mais... d'accord. » Oui, elle craignait que son amie ne la croit pas et pense qu'elle faisait face à une menteuse. Elle ne voudrait pas la perdre alors qu'elle ne racontait que la vérité. Une vérité difficile à croire selon d'où on venait, elle en avait conscience.

« Alors comme je te l'ai dit, je viens du royaume d'Arendelle, je suis la fille du roi et de la reine, juste après Elsa. J'ai grandi presque seule. Les portes du château étaient toujours fermées et je ne voyais jamais ma soeur. Personne ne m'a jamais expliqué pourquoi. Mes parents sont morts lorsque j'avais quinze ans, dans un naufrage. Rien n'a changé pour moi, j'étais toujours enfermée et seule, jusqu'au couronnement de ma soeur. J'étais heureuse, je croyais que tout allait enfin changer. Ce jour-là, j'ai rencontré quelqu'un en sortant du château, Hans, et en quelques heures j'ai demandé à ma soeur sa bénédiction pour l'épouser... Elle a refusé parce que c'était trop rapide, que je ne le connaissais pas et j'ai insisté... Insisté à tel point que... » Anna fit une pause, se sentant responsable de ce moment même si ça avait permis aux deux soeurs de se comprendre et de briser des secrets. Sauf que maintenant, elle allait avouer à Aelita les pouvoirs de sa soeur et ce n'était pas facile. « Elsa s'est emportée et j'ai compris pourquoi elle se cachait depuis toujours. Elle possédait un pouvoir, celui de contrôler la glace, sauf qu'elle devait le cacher parce qu'elle ne le contrôlait pas... » elle craignait tellement que son amie ne la croit pas, qu'elle détournait les yeux et poursuivait sans lui laisser le temps de réagir. « Elle a eu peur, les habitants ont eu peur d'elle alors elle s'est enfuie. En fuyant, elle a plongé le royaume dans un hiver éternel. Alors je suis partie à sa recherche, je voulais réparer ma bêtise. C'est là que j'ai rencontré Kristoff. Il m'a aidé. C'est là-aussi que j'ai retrouvé Olaf... Un... Bonhomme de neige vivant. J'ai fini par retrouver Elsa dans la Montagne du Nord, mais elle n'a rien voulu savoir. Elle avait peur et elle pensait être enfin libre en restant seule ici sauf que... Elsa m'a accidentellement blessée avec sa magie, en plein coeur. » Résumer son histoire était plus compliquée qu'elle ne le pensait, plus encore peut-être lorsque l'on était si bavarde. « Kristoff m'a conduit jusqu'à chez des... trolls... » Comment Aelita pouvait croire une histoire aussi folle ? « ils n'ont pas pu me guérir. Elsa m'avait déjà blessé lorsque j'étais enfant, à la tête, mais pour me sauver, on m'avait retiré tous les souvenirs de magie... Mais pour le coeur, ils ne pouvaient rien faire. Kristoff m'a alors ramené à Arendelle, auprès de Hans puisque c'était la seule façon de me sauver. Il n'a pas pu m'offrir une preuve d'amour sincère puisqu'il ne m'aimait pas. Il m'a enfermé, prétendant que j'étais morte... Il voulait simplement le royaume. Heureusement Olaf est arrivé pour me sauver. On s'est enfui pour que je puisse rejoindre Kristoff, mais j'ai vu Hans qui s'apprêtait à tuer Elsa alors je me suis interposée, sauf qu'il ne me restait plus de temps alors j'ai été transformée... en statue de glace. » Anna fit une pause, laissant enfin à Aelita l'occasion de parler se disant que cette dernière information était peut-être celle de trop. « Je comprendrais que tu ne me crois pas, alors je peux arrêter là si tu veux ? Et je comprendrais même si tu veux partir en courant et ne jamais me revoir parce que tu penses que je raconte n'importe quoi... » sans doute avait-elle eu raison de s'arrêter là et peut-être même n'aurait-elle dû jamais commencer à raconter une telle histoire.

A la demande d'Aelita, Anna s'était lancée dans le récit de son ancienne vie. Sans retenue, elle évoqua même les pouvoirs de sa soeur et toute la magie présente dans son histoire. Elle ne voulait pas mettre Elsa en danger, mais elle sentait qu'elle pouvait avoir en confiance en Aelita. Elle se disait que cette dernière n'allait peut-être pas la croire, mais que même si elle partait en courant, elle ne dirait rien, elle garderait le secret. Et ça faisait un bien fou de tout dévoiler, même si elle appréhendait toujours la réaction de son amie.

Finalement lorsqu'elle évoqua sa transformation en statut de glace, elle décida de faire une pause et donner l'occasion à Aelita de réagir. Peut-être que c'en était trop ? Peut-être qu'elle préférait qu'Anna n'en raconte pas plus ? Ou peut-être même préférait-elle prendre la fuite, jurant de ne plus jamais revoir la rousse ? A la place, elle confirma que l'histoire d'Anna était folle. Dans son monde, elle ne l'était pas. Dans son monde, c'était simplement son histoire. Ici, elle avait compris très rapidement que la magie et les bonhommes de neige qui parlent n'étaient pas courant. Ou du moins, tout le monde ne le criait pas sur tous les toits. Pourtant, elle lui confirma qu'elle la croyait et Anna se sentit soulagée - ce qu'elle fit immédiatement comprendre en poussant un long soupir et en retrouvant son sourire. « Merci de me croire. » lui lança-t-elle, rassurée que son histoire soit acceptée.

Puis Aelita l'invita à continuer, ce qu'elle fit sans perdre de temps. « Comme tu peux t'en douter, je m'en suis sortie. J'avais protégé ma soeur, ma soeur pleurait ma perte... J'avais reçu le geste d'amour sincère et j'ai été guérie. Elsa a compris à ce moment-là que le déclencheur de son pouvoir était l'amour et elle a pu dégeler Arendelle. A partir de cet instant, tout allait mieux, j'étais heureuse avec Kristoff, Elsa, Olaf, Sven... mais trois ans plus tard, Elsa a commencé à entendre une voix qui l'appelait. Au départ, elle a résisté puis elle a fait une bêtise et elle a réveillé les esprits. » Nouvelle pause pour reprendre son souffle et chercher la meilleure façon de résumer la suite. « Tous les habitants ont fui Arendelle. Nous, Kristoff, Sven, Olaf, Elsa et moi, nous sommes partis à la recherche de cette voix. Nous sommes alors arrivés à la Forêt Enchantée qui était protégée par un épais brouillard. Nous sommes rentrés grâce à Elsa, mais aussitôt entrés, nous avons été attaqués par l'esprit de l'air et nous avons été emportés dans une tornade. Les pouvoirs d'Elsa nous ont aidés. Puis à peine débarrassés du premier esprit, le peuple de la forêt, les Northuldras ainsi que d'anciens soldats d'Arendelle coincés dans la forêt, sont arrivés. Et on a été attaqués par l'esprit du feu. Et c'est Elsa, une fois encore, qui nous a aidé et qui a calmé l'animal. » C'était sans doute très brouillon et compliqué à comprendre pour quelqu'un qui n'avait pas vécu l'instant, mais Anna préférait ne pas développer et se contenter de nommer les événements dans l'ordre. « On a discuté avec les Northuldras et compris que notre mère appartenait à ce peuple et qu'autrefois elle avait sauvé notre père dans cette forêt. C'était ça l'origine des pouvoirs de ma soeur, l'origine de ma mère. Enfin, pour comprendre, il a fallu s'aventurer au nord. On a laissé Kristoff derrière nous. On a retrouvé le bateau de mes parents et on a compris qu'ils étaient, en réalité, partis à Ahtohallan, sans doute pour comprendre l'origine des pouvoirs d'Elsa. C'est un endroit qui permet d'obtenir des réponses sur le passé. » Précisa la rousse avant de reprendre : « Elsa m'a alors renvoyé avec Olaf parce qu'elle ne voulait pas nous mettre en danger. Elle a choisi à ma place et elle a continué sa route. Je me suis retrouvée coincée dans une grotte avec Olaf, tout près des géants endormis, qui sont les esprits de la terre. Puis j'ai finalement reçu des nouvelles d'Elsa, elle m'avait envoyé un message grâce à sa magie pour me raconter l'histoire des Northuldras, pour m'apprendre que mon grand-père les avait trahis, qu'il avait attaqué le premier et qu'il avait construit un barrage pour les piéger dans la forêt. Tous les problèmes venaient de là. » Ce n'était pas la chose dont elle était le plus fière, son grand-père ayant vraiment mal agi, mais elle n'y était pour rien, elle. « Il est arrivé quelque chose à Elsa et Olaf, qui était le fruit de sa magie, a disparu. Je me suis retrouvée seule dans cette grotte et j'ai compris que je ne pouvais pas rester là, qu'il fallait détruire le barrage pour tout réparer et restaurer la paix, même si cela voulait dire détruire Arendelle. J'ai alors forcé les géants à me poursuivre et je les ai conduit au barrage, avec l'aide de Kristoff qui m'avait retrouvé. Le barrage a été détruit et une vague géante a bien failli détruire Arendelle, mais Elsa a été libérée et a pu sauver le royaume. La brume a définitivement disparu et la forêt a été libérée. L'erreur était réparée. » Un sourire s'afficha sur ses lèvres à cette évocation, heureuse que tout se soit bien terminé. « J'ai retrouvé Elsa et elle a fait renaître Olaf. Elsa m'a alors expliqué que nous étions deux côtés d'une passerelle, nous étions le lien entre la Forêt Enchantée et Arendelle. Alors elle est restée là-bas et moi, je suis retournée à Arendelle pour gouverner. » Elle aurait préféré garder sa soeur avec elle, mais au moins, elle était vivante et elles pouvaient se voir. « Et c'est là que Kristoff a fait sa demande, aussi. » lança-t-elle, un sourire heureux aux lèvres en se souvenant de cet instant. « Voilà, tu sais tout. Ou le principal, en tout cas. » lança-t-elle, attendant une réaction de son amie. Anna avait beaucoup parlé, elle pouvait désormais laisser son amie répondre.

L'histoire d'Anna était longue, pleine de détails et d'événements. La résumer n'était pas une chose facile, mais elle avait réussi. Elle l'espérait du moins. En plus d'être longue, son histoire comportait bien des événements difficiles à croire pour ceux ne les ayant pas vécus, pour ceux dont le monde était si différent. La magie, les pouvoirs... Tout le monde n'était pas prêt à le croire et l'accepter. Anna en avait eu un petit aperçu à Arendelle, lorsque les pouvoirs de sa soeur avaient été dévoilé au grand jour. Heureusement pour Anna, son amie la croyait. Elle se rendait alors compte d'à quel point ça faisait du bien de se confier, de déballer son histoire et de ne plus être la seule au courant de tout ça. Anna savait que, désormais, elle pouvait compter sur quelqu'un, elle pouvait en parler à quelqu'un si elle avait le coeur lourd, si elle avait besoin de se vider la tête. A cette seule idée, Anna se sentait soulagée d'un énorme poids.

La première réaction d'Aelita avait été de dire que son histoire était incroyable, ce qui fit sourire la rousse. Puis elle enchaîna sur le fait que cette histoire lui rappelait les contes que sa mère lui lisait. « Alors je devrais être rassurée, non ? Les contes pour enfants finissent toujours bien ? » Plaisanta-t-elle, un sourire amusée sur les lèvres. Elle tentait de plaisanter, d'oublier ce qui la rendait triste. Si son histoire ressemblait à un conte, elle finirait bien. Tous les contes ne finissaient pas bien, mais elle préférait se convaincre que ceux des enfants, si. Ainsi, elle se donnait un peu plus d'espoir de retrouver les siens. « Arendelle me manque, oui. Mais je pourrais vivre n'importe où du moment où ma famille est avec moi. S'il le faut, je suis prête à rester ici pour retrouver les miens. » Pourtant son royaume lui manquait réellement. Elle répétait souvent comme elle souhaitait y retourner et comme elle ferait tout pour y retourner. Mais à choisir, elle préférait vivre avec sa famille ici que seule là-bas. Même si parfois elle se disait qu'elle devait y retourner par tous les moyens, après avoir fouillé cette ville de fond en comble, avec l'espoir qu'ils soient tous restées là-bas. « Pourquoi ? » Demanda alors Anna lorsque son amie lui avoua qu'elle les admirait, Elsa et elle. C'était une question innocente parce qu'elle ne voyait rien qui puisse justifier de l'admiration. Après tout, Aelita aussi devait avoir une histoire de fou. Elle sentait que son amie avait vécu beaucoup de choses, elle pouvait le lire dans ses yeux et ça s'entendait lorsqu'elle évoquait ses amis, parfois. « Alors, tu penses que tu as tout ce qu'il te faut pour ton truc là ? » Son truc, c'était le réseau social sur lequel elle était en train d'inscrire Anna. Maintenant qu'elle lui avait conté son histoire, sans doute avait-elle tous les détails importants. « Si un jour tu te sens prête à partager ton histoire avec moi, je t'écouterai. » C'était une façon de l'encourager à le faire, sans lui forcer la main. Anna était curieuse de mieux connaître son amie désormais, maintenant qu'elle, elle lui avait tout déballé, mais elle lui laisserait le temps de se sentir prête, évidemment.

Anna se sentait soulagée d'avoir pu partager son histoire avec son amie. Plus encore de savoir que son amie la croyait. Il était parfois difficile de ne rien dire, d'avancer et de continuer en taisant ce que l'on avait au plus profond de nous-même. Maintenant Anna savait qu'ici quelqu'un connaissait son histoire et sa vie passée. Elle savait que, quelque part, elle ne serait plus jamais seule. Et Anna savait qu'elle pouvait compter sur Aelita. Elle le savait déjà avant de lui raconter son passé. Aujourd'hui, elle en était certaine. Elle était une véritable amie sur qui compter et à qui elle pouvait absolument tout dire.

Aelita commenta alors en quelques mots la vie d'Anna, plaçant au passage qu'elle admirait Elsa et Anna. Sauf que cette dernière ne comprenait pas ce qui la poussait à ressentir ça. Après tout, elles n'avaient rien fait d'exceptionnel. Seulement ce qu'elles avaient dû faire. C'était, en tout cas, la façon dont Anna essayait de voir sa vie. D'autant qu'ici, dans ce monde, tout le monde semblait vivre des choses incroyables. Alors à côté, son histoire ce n'était pas grand chose. Sa réponse fit alors rougir Anna, qui ajouta simplement : « Merci. Je suis certaine que tu es plus courageuse encore. » Anna sentait le courage, la détermination chez son amie. Alors même si elle n'en avait pas de certitudes, elle voulait le dire et l'affirmer.

Revenant au sujet principal, Anna demanda à Aelita si elle avait tout ce qu'il lui fallait pour procéder à une inscription complète sur l'un des réseaux dont elle parlait. « Bien sûr qu'on va trouver. » Les deux retrouveront leurs proches. Il le fallait. Elles n'étaient plus seules désormais, elles allaient se serrer les coudes, se soutenir, se motiver et s'aider. « Je ne te remercierais jamais assez pour tout ce que tu fais ! » ajouta la rousse, reconnaissante. Alors, comme elle s'était confiée, elle laissait la possibilité à Aelita d'en faire de même. Si elle en avait envie. La rousse l'invitait à le faire, sans la forcer, évidemment. C'était une façon de la remercier également, de lui montrer qu'elle était là pour l'écouter et la croire s'il le fallait. « Je comprends, ne t'en fais pas ! » rétorqua alors la rousse lorsque son amie lui affirma ne pas vouloir en parler pour le moment. « Tu as tout le temps pour le faire de toute façon. » Aujourd'hui ou un autre jour, ça n'avait aucune importance. L'important était qu'elle se sente prête. Puis la matinée et la journée n'étaient pas terminées, elles avaient encore bien des choses à se raconter et peut-être était-il temps de passer à un sujet moins sérieux ?