Family is everything

feat. Mufasa

Le cœur battant d’impatience et d’anxiété, Nala sonne à la porte du domicile de ce beau-père qu’elle ne pensait plus jamais revoir, émue à la seule idée de poser les yeux sur lui, ou tout du moins sur l’humain qu’il sera devenue. L’émotion la plus vive avait déformé les traits et la voix de Simba au moment de lui annoncer ses retrouvailles inespérées avec son père, et Nala avait accueilli la nouvelle avec un mélange de curiosité et d’émerveillement. La mort de Mufasa avait tout bouleversé dans leur vie, tout. La terre des Lions ne pouvait plus être la même en son absence… Mais celui qui en avait le plus souffert était bien évidemment Simba, qui n’avait pas seulement dû faire le deuil d’un père profondément aimé et regretté, mais endossé le poids d’une injuste culpabilité, qu’il n’aurait jamais dû ressentir. Le retour de Mufasa dans leurs vies est à ajouter à la longue liste de ces aberrations cosmiques qui font leur quotidien, mais Nala est prête à l’accueillir à bras ouverts… De même qu’elle veut accueillir à bras ouverts cet homme pour qui elle a tant d’estime dans sa famille.

Après avoir demandé à Simba les coordonnées de son père, Nala n’a pas su y résister. Oui, elle aurait, sans nul doute, dû se signaler avant toute chose, mais elle n’avait pas réellement prémédité son cou. Quand, en revenant d’une réunion associative, elle s’était vue passer dans la rue que Simba lui avait signalée, elle n’avait tout bonnement pas résisté. Elle espérait qu’il serait là, et qu’il ne lui en voudrait pas pour cette visite impromptue. Elle ne demande qu’à le revoir… et aussi, en agissant de la sorte… il est bien possible qu’une part inavouée d’elle-même cherchait également à provoquer cette rencontre sans que Simba soit au courant… Car quand bien même son impulsion première est de vouloir revoir celui qui jadis fut son roi, il est évident à ses yeux que leur conversation tournera tout naturellement autour de son fils… Et il y a… un certain nombre de choses à dire à ce sujet.

Elle est soulagée quand elle voit la porte s’ouvrir. Elle accroche un sourire à ses lèvres, et se retient de le dévisager plus longtemps que nécessaire. Même en humain, il conserve la même prestance, le même charisme. Elle aurait presque envie de s’incliner, comme elle le faisait en présence de son roi, mais la situation est différente, à présent… et à bien y réfléchir… C’est à peine si Nala sait comment elle devrait le considérer.

« Bonsoir. Désolée de venir à l’improviste mais… Simba m’a dit que vous étiez ici et… » Elle esquisse un léger sourire. « C’est moi, Nala… »

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Retrouver Simba a été la plus merveilleuse des nouvelles depuis que tu es ici. Hélas cela te rappelle qu’il te manque l’être qui possède la moitié de ton cœur mais cela allume une petite étincelle d’espoir de te dire que tu fais bien de ne pas perdre espoir. Si tu as enfin retrouvé ton fils, la prunelle de tes yeux qui a tant souffert de ta disparition, tu peux aussi retrouver Sarabi et toute ta famille. Le seul être que tu ne désires pas confronter pour le moment est ton frère car tu n’as pas toutes les cartes en main pour savoir exactement ce qui s’est passé après ta mort et tu n’es pas le genre d’homme à foncer tête baissée vers une rencontre qui sera complexe. En premier tu préfères prendre le temps d’avoir les récits des êtres en qui tu sais avoir confiance et ensuite tu aviseras.

Et, sans le savoir, tu auras des réponses aujourd’hui, alors qu’on frappe à ta porte. Simba t’a parlé de ses retrouvailles avec Nala, de la découverte de Kiara mais aussi de Kovu et, bien entendu, de la présence de Scar mais tu n’as été au devant de personne pour le moment. Pas que tu ne désires pas les voir mais tu juges avoir le temps de le faire correctement et, te rappelant du caractère effronté d’une certaine petite lionne, tu te doutes que si elle saura venir te trouver si elle a besoin. Ce qui peut être le cas vu ce que ton fils t’a confié. T’ouvres donc la porte de ta maison sans te presser ce jour là, habillé d’un pantalon de lin et d’une chemise de la même matière, pieds nus. Il y a des choses qu’il est difficile d’oublier, comme ce lien si important avec la terre. Certes tu vis en ville mais tu as besoin de cette simplicité pour te sentir bien.

Tu souris tendrement en l’entendant se présenter, avançant ta main pour la poser sur sa joue, observant plus en détail cette si belle jeune fille qu’est devenue Nala. Lui dire “Que tu as changé !” serait étrange car elle est une humaine désormais mais, malgré tout, elle a bien grandi comme tu as quitté un bébé. Ca te rappelle que tu es mort il y a bien longtemps alors que le temps s’est arrêté pour toi.

« Je suis très heureux de te revoir Nala, entres. »

Tu te recules pour la laisser entrer dans ta maison, refermant la porte derrière toi et l’invitant à te suivre dans le salon et à poser ses affaires où elle le désire.

« J’ai beau avoir découvert mon fils si grand désormais, cela me fait étrange de voir ô combien tu as grandi aussi. Tu es devenu une magnifique jeune femme, Sarafina serait si fière de toi. Comment vas-tu ? »

Tu lui fais signe de s’installer sur le canapé alors que tu prends place à côté d’elle, délaissant ton fauteuil habituel pour rendre ses retrouvailles plus chaleureuses même si tu n’en perds pas pour autant ton maintien naturel de roi que les années ne peuvent effacer.

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Nala sourit quand Mufasa l’accueille avec beaucoup de respect et de tendresse, avant de constater combien elle a changé. C’est rien de le dire. Physiquement, ils ont tous beaucoup changé par la force des choses, bien sûr, mais… elle devine que cette réflexion touche à quelque chose de bien plus profond. La dernière fois que Simba avait posé les yeux sur elle, elle n’était encore qu’une enfant, aujourd’hui elle est une jeune femme, fière et déterminée. Et pour cette raison, si lui considère qu’elle a changé… elle, a le sentiment qu’il est resté le même. Sous une apparence humaine, certes, mais il conserve la même dignité, la même aura de respectabilité que celle qu’elle lui avait connue. Même aujourd’hui, même dans ces circonstances… il garde l’aura et le charisme d’un roi, et Nala ne sait pas le considérer autrement qu’en tant que tel.

« J’espère que je ne vous dérange pas », dit-elle très poliment en rentrant à l’intérieur, à l’invitation de son interlocuteur, soulagé de l’entendre dire qu’il est heureux de la revoir.

Elle avait agi impulsivement, sans forcément réfléchir à ce qui se passerait si elle devait vraiment déranger son interlocuteur, à présent… elle regretterait très clairement d’avoir commis cette erreur s’il avait dû lui réserver le pire accueil possible, si elle avait dû réaliser tomber comme un cheveu au milieu de la soupe. Mais puisque ce n’est pas le cas, Nala en profite très largement et prend la peine de jeter un regard curieux autour d’elle… Peut-être un peu trop curieux, mais il est difficile, pour ne pas dire impossible, pour elle, de ne pas s’interroger sur la manière dont il vit.

« Je l’espère », dit-elle en s’installant sur le canapé alors que Mufasa observe que sa mère serait probablement très fière d’elle. Nala ne peut que le souhaiter, mais pour l’heure, elle n’a aucune nouvelle d’elle… Elle le déplore mais elle garde la tête haute. Elle a retrouvé Simba, elle a retrouvé sa fille. A présent Mufasa… Elle sait, à présent, que tout vient à point à qui sait attendre. « Je comprends ce que vous devez ressentir, j’ai éprouvé la même chose la première fois que j’ai revu Kiara… je ne m’y suis toujours pas totalement habituée, d’ailleurs. » Et au moment de parler – peut-être un peu trop – elle réalise qu’elle en a peut-être un peu trop dit. « Simba vous a parlé de Kiara, n’est-ce pas ? » Elle affiche un sourire embarrassé. Peut-être que non, peut-être que c’était trop tôt. L’ancienne lionne glisse une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je vais bien… De mieux en mieux, je dirais… »

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« Tu ne me déranges jamais. »

Tu la laisses entrer dans ta demeure et être curieuse. On est loin de ce qu’était la caverne dans laquelle tu vivais chez toi, mais tu n’as pas acquis des goûts de luxe en devenant humain. C’est une petite demeure toute simple, meublée tout en bois et en pierre avec énormément de livres partout. La découverte de la littérature et de la philosophie ont été pour toi une révélation quand tu es arrivé ici et t’as mis peu de temps à apprendre à lire avant de te plonger corps et âme dans ton métier. Cela te permettait de transmettre ton héritage tout en veillant sur les nouvelles générations. Tu l’avais fait aussi en espérant retrouver Simba, mais t’étais loin de penser que tes enfants ne seraient plus du tout en âge d’aller à l’école. Quelle surprise cela avait été de retrouver Simba si adulte. Et maintenant Nala.

« Veux-tu boire quelque chose ? »

Tu pars quelques instants vers la cuisine pour aller te chercher un café et la boisson qu’elle désirera, avant de revenir vers elle, remarquant son sourire embarrassé comme elle vient de parler de ta petite fille. Tu lui offres un sourire rassurant alors que tu t’installes dans le fauteuil en face d’elle pour pouvoir discuter tranquillement.

« Simba m’a parlé de Kiara et de sa difficulté à faire face à la situation comme, pour lui, ses souvenirs s’arrêtent bien avant sa naissance. Je me doute que sa réaction n’a pas dû être facile pour toi. Non seulement tu as retrouvé ton enfant qui avait ton âge, mais tu as retrouvé ton mari qui ne se souvenait plus de votre vie à deux. »

Tu aurais eu beaucoup de mal à faire face à Sarabi ayant tout oublié de vous, de votre vie et de votre famille. Mais tu es aussi assez peiné pour ton fils qui ne se souvient plus des plus belles années de sa vie. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas en recréer -et tu vas le pousser à le voir ainsi- mais cela reste un trou béant dans son cœur. La situation est difficile pour les deux, même si ce n’est pas la même douleur. Hélas, celui qui se souvient porte généralement un fardeau bien plus grand et tu es désolée pour ta belle-fille.

« Tu peux dire à Kiara que je serai très heureux de rencontrer ma petite fille. »

Tu ne t’imaginais pas déjà grand-père mais tu es celui qui a disparu, tu sais que tu dois te faire à un monde qui a avancé sans toi et c’est normal. Pour toi le plus important est de renouer avec les tiens et de pouvoir prendre de nouveau soin d’eux.

« Que deviens-tu ? »

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« Je prendrai ce que tu prendras », répond Nala d’un ton poli, sourire sincère aux lèvres, quand son beau-père lui demande ce qu’elle prendra à boire.

Ce sera donc un café, et c’est très bien ainsi. Nala n’a pas vraiment soif, mais elle aime l’idée d’avoir quelque chose pour s’occuper les mains en même temps qu’elle discutera avec Mufasa. La conversation est cordiale, le père de Simba se montre attentif et généreux, et cela rassure beaucoup l’ancienne lionne, qui a le plus grand besoin de se sentir à l’aise si elle veut être capable d’évoquer ses doutes, ses peurs et ses contrariétés, et surtout, mettre les bons mots sur ces derniers.

Une chance pour Nala tout de même, Simba lui avait prémâché le travail en discutant déjà avec son père de sa situation avec Kiara, et de la difficulté qui était la sienne à accepter son rôle de père alors même que, contrairement à son épouse (dont il ignorait jusqu’à il y a peu qu’elle l’était), il ignorait même sa naissance. Mufasa semble lire en Nala comme dans un livre ouvert – ce qui arrange cette dernière, quelque part. Il parvient à isoler ses appréhensions avant même qu’elle ne les formule, et c’est rassurant pour Nala, qui n’aurait peut-être pas été capable de mettre, pour sa part, des mots aussi justes sur son ressenti. Mufasa résume bien sa situation, la difficulté qu’elle a à accepter ce décalage, entre Simba et lui.

« Ce n’est pas évident pour moi, mais Kiara est celle qui en souffre le plus », dit-elle tout de même, parce que les sentiments de sa fille se doivent de passer avant son propre ressenti, envers et contre tout. « Simba reste l’homme que j’aime, envers et contre tout, mais je regrette souvent d’être la seule de nous deux à porter notre histoire. »

Ou du moins la continuité de leur histoire. Simba conserve une certaine immaturité, du fait de n’être jamais devenu le roi qu’il était appelé à être. Cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas capable de prendre ses responsabilités… Mais en attendant, tout n’est pas simple tous les jours.

« Je dirais à Kiara de passer te voir », promet-elle pour changer de sujet. Avant de parler davantage d’elle-même. « Je fais des études de sociologie. J’étudie l’humain, maintenant que j’en suis devenue une. » Elle sourit. « Et toi ? J’ai appris que tu enseignais ? »

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« Kiara souffre, tout comme toi. Je comprends ce que ton cœur de mère veut faire car je fais la même chose avec mon fils, mais vous devez prendre soin de vous deux de la même façon. »

Lui conseilles-tu avec sagesse. Ce n’est pas un jugement de ta part, tu comprends ce qu’elle veut faire car tu es le premier à passer Sarabi et Simba avant toi. Ne dis-tu pas que ta mort n’est rien face à la souffrance qu’ont du ressentir ta femme et ton enfant quand tu as disparu ? Tu es donc pleinement conscient de ce qu’elle est en train de faire mais tu trouves important qu’il y ait quelqu’un pour lui faire comprendre que si elle porte avec sa fille la douleur du passé manquant de ton fils, tu es là pour l’aider à s’en relever à son tour. C’est beau d’être le pilier de sa famille mais il faut aussi pouvoir s’appuyer contre un autre le temps de se reposer un peu, avant de reprendre sa place.

« Simba doit comprendre qu’il peut créer de nouveaux souvenirs ici, avec toi et Kiara. Ce qu’il n’a pas pu faire avant, il peut le faire désormais. Certes ce ne sera jamais pareil, et j’espère que tu le comprends, mais ça ne veut pas dire que c’est impossible. Je serais là pour vous épauler si vous le désirez. »

Car tu ne veux pas pas t’imposer dans leur vie de famille bien entendu mais tu seras toujours là pour eux s’ils le désirent, et tu comptes bien aider ton fils à avancer. Il n’a pas eu le temps de faire le deuil de ta mort, de combattre ton frère pour faire un trait sur tout cela et avancer, mais il y a d’autres façons de le faire. Cette ville leur met des obstacles en les faisant arriver à des moments différents de leur histoire mais t’es persuadé que leur amour trouvera un nouveau chemin. Il faut juste que les lionnes acceptent qu’il soit différent et que ton lionceau de fils accepte d’avancer.  

« J’aime beaucoup la sociologie, tu as choisi un agréable sujet d’étude. Je me suis intéressé à la philosophie pour ma part quand je suis arrivé ici. J’ai été professeur quelques années au collège Kadic avant d’en prendre la direction depuis deux ans. » Tu ne caches pas un sourire amusé avant de continuer : « Je pensais que ce serait plus facile pour moi de vous retrouver en enseignant au collège, j’étais loin d’imaginer que vous aviez autant grandi. »

Tu l’observes avec un regard paternel rempli d’amour et de fierté, heureux de voir qu’ils ont tant grandi et qu’ils sont si beaux.

« Que veux-tu faire ensuite ? »

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Nala sait qu’elle doit écouter avec la plus grande attention chacun des conseils que Mufasa daignera lui prodiguer. Elle le tient pour quelqu’un de très sage, et surtout, quelqu’un dont l’expérience ne pourra que bénéficier à celle qui est à l’affut de la moindre solution pour l’aider à si ce n’est résoudre ses problèmes, du moins l’aider à y faire face, d’une manière ou d’une autre. Et ses premiers conseils n’entrent pas dans l’oreille d’un sourd. L’ancienne lionne sait qu’il a raison. Oui, elle doit prendre soin d’elle-même, et Simba aussi. Tous les deux doivent prendre soin d’eux-mêmes pour s’efforcer de veiller sur ceux qui comptent pour eux… et ce n’est pas l’exercice le plus simple, pour Nala, qui a toujours eu tendance à faire passer les intérêts des autres avant les siens propres.

En ce qui concerne Simba, en effet, il sera toujours temps de se construire de nouveaux souvenirs avec elles, à présent, mais Nala doit bien reconnaître qu’elle sera probablement toujours un peu frustrée d’avoir pour elle cette expérience, ce parcours de vie que son époux, de son côté, semble n’avoir jamais connu, créant une sorte d’inéquité qui doit être plus insoutenable encore pour Kiara, à coup sûr. Mais ils en sont là, à présent, et le mieux qu’ils puissent faire, ils le savent, reste de se serrer les coudes autant que possible. Ils s’y efforcent, d’ailleurs, mais il y a toujours des fausses notes, des ombres au tableau.

« Je sais que tu as raison, et je veux vraiment tout faire pour que notre nouvelle vie ici soit la plus épanouie possible, tant pis si on n’a pas tous les mêmes souvenirs en commun… » Elle sourit. « Mais une part de moi ne pourra peut-être jamais s’empêcher de penser à ce que j’aurais voulu de différent. »

Et elle s’en veut véritablement pour cela. Ce n’est pas du tout ce qu’elle désire, ce n’est définitivement pas ce qu’elle veut. Elle a envie d’être dans l’instant présent, mais elle a toujours tendance à beaucoup réfléchir, à trop réfléchir pour son propre bien… tout en sachant que cela pourra nécessairement lui retomber dessus.

« Ton aide sera toujours la bienvenue quoi qu’il en soit. » C’est sincère. « Et je ne vois certainement pas Simba s’en priver. Tu représentes tellement à ses yeux », ajoute-t-elle avec émotion.

Après quoi, Mufasa la complimente sur son choix d’études. Elle ne sait pas si elle a fait le meilleur, mais elle y trouve du moins de l’intérêt, une manière de mieux appréhender sa nouvelle nature… la philosophie devait servir à ça aussi. Elle affiche une légère grimace attristée quand son beau-père ajoute qu’il pensait qu’en enseignant au collège, il retrouverait son fils plus facilement… comment s’imaginer qu’ils auraient tant grandi ?

« Je sais ce que ça fait, oui », dit-elle avec un fin sourire, songeant elle-même à l’âge de Kiara… Etrange de se dire qu’on pourrait les prendre pour deux sœurs. « Je n’ai pas encore réfléchi à ce que je ferai ensuite. Enfin si, j’y ai réfléchi, mais… c’est encore très abstrait, pour moi. Même après toutes ces années, j’ai encore du mal à observer certaines chose avec une perspective… humaine. » Elle sourit. « Je me suis rapprochée de plusieurs associations pour la protection des animaux, et des associations féministes, aussi… j’aimerais y contribuer de manière plus active, le faire à temps plein, ce serait l’idéal. »

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Tu t’avances pour prendre doucement sa main dans les tiennes. T’as appris avec les années les conventions humaines mais tu trouves que rien ne sera jamais plus rassurant que le contact entre deux personnes, comme les lions et lionnes font pour se donner du courage. Tu comprends la situation dans laquelle elle est. Il n’y a pas de bonnes réponses, même si tu la pousses avec douceur a penser à se créer de nouveaux souvenirs, de nouvelles envies. Ce passé ne pourra jamais revenir et tu ne comprends pas pourquoi la ville se joue de vous en ôtant une partie des souvenirs à ton fils, le faisant arriver ici en jeune adulte et non en adulte épanoui. Il doit passer de nouveau par toutes les étapes du deuil de la trahison de ton frère, de ta mort, et découvre sa femme, rencontrer sa fille. Quant à Nala qui a vécu une douce vie, elle se retrouve avec un mari qui ne se souvient pas de leur vie et une fille si grande. C’est un moment complexe pour vous tous, et encore plus pour tes enfants.

« Et cette part de toi sera toujours là, il ne faut pas la voir comme quelque chose de négatif mais avancer en osmose avec. C’est à toi de voir si tu peux réussir à en faire une force plutôt qu’une tristesse. Pas tout de suite bien entendu, le temps aide toujours à cela, mais pourquoi ne pas essayer de recréer certaines situations, en découvrir d’autres puisque notre nouvel humanité nous permet aussi des choses que nous n’aurions pas pu faire sous notre véritable forme. Comme des souvenirs d’enfance qu’on chérit mais qu’on sait qu’on ne pourra jamais revivre. Cela n’empêche pas d’en parler, de les partager, de les recréer, même si on sait que ce sera différent. »

Tant de choses qui sont possibles avec le temps et l’acceptation que rien ne pourra jamais être comme avant. Nala vit avec les souvenirs que Simba n’a plus et a l’impression d’avoir raté des moments importants de la vie de sa fille. Tu partages certains de ses sentiments mais tu veux l’aider à aller de l’avant. Tout en douceur, comme toujours. Comme un philosophe peut voir la vie, pas comme un médecin pourrait pousser plus concrètement à agir tout de suite.

« Vous représentez énormément aux miens. »

Ta famille est toute ta vie et tu ne leur diras jamais assez. C’est pour cela que tu t’intéresses autant à ce qu’elle a fait depuis qu’elle est dans cette ville. Simba est devenu barman mais elle ? Sans surprise, elle a choisi une voie qui se rapproche de la tienne. Tu n’aurais pas pensé que Nala te ressemblerait autant une fois adulte mais c’est une évidence.

« Je comprends, je suis moi-même engagé dans plusieurs associations. J’ai une amie, Sif, qui s’occupe des fermes agro écologiques et est membre de plusieurs associations en aide aux animaux et aux femmes. Je peux te mettre en contact avec elle si tu en as besoin. » Tu penses que les deux femmes devraient bien s’entendre vu leur caractère. « Le milieu associatif aura toujours besoin de gens aussi engagés que toi. »