[terminé] Avez-vous besoin d'aide ? - Elizabeth

Le beau temps était au rendez-vous, après tous les jours de pluie qu’il y avait eu ces derniers jours, Camille devait en profiter. C'est pourquoi la jeune mère avait préparé son petit garçon, lui avait préparé un sac avec quelques jouets, une boisson et un biscuit pour le goûter. Le petit Georges se faisait d’ailleurs une joie de se retrouver seul avec sa mère pour passer un petit moment agréable et amusant. Il était vrai que le jeune garçon devait souvent la partager avec les enfants de l’orphelinat et à son jeune âge, ce n’était pas simple pour lui de le comprendre.

Camille était enfin arrivée au parc, Georges était à peine arrivé qu’il avait envie de jouer, mais il fallait avant cela s’installer. La mère avait trouvé une place à l’ombre et assez éloigné du monde, un petit coin tranquille pour que le petit puisse s’amuser tranquillement et que Camille puisse profiter au maximum de cet instant. Alors que le petit et sa mère commençaient à s’amuser au ballon, une jeune femme était arrivée près d’eux. Tout naturellement, Camille s’était approché de son garçon pour lui tenir la main, comme pour le protéger de cette étrangère qui s’approchait d’eux. « Puis-je vous aider ? » La rousse semblait assez effrayée et Camille préférait savoir ce qui lui arrivait pour savoir si elle allait devoir quitter les lieux ou non, et puis peut-être que cette jeune femme avait juste besoin d’un peu d’aide, ou Camille faisait totalement fausse route.

Les jours pluvieux avaient laissé place à des jours ensoleillés. Les gens en profitaient alors pour sortir, pour se promener, pour prendre du bon temps. Elizabeth qui ne travaillait pas cet après-midi avait décidé elle-aussi de prendre l'air. Elle sortait très peu en dehors du restaurant pour prendre ses repas, pour quelques courses ou pour travailler. Sa cousine était partout et elle était dangereuse. Si Mary avait su s'entourer, Elizabeth s'était isolée et avait fait l'erreur de ne pas se constituer sa propre petite armée pour se défendre.

Se promenant tranquillement dans le parc, elle avait encore aperçu ces deux hommes. Deux hommes qui la suivaient depuis bien trop longtemps pour que ce ne soit qu'une coïncidence. Elle en avait l'habitude, pourtant elle craignait que sa cousine ne passe à l'étape supérieure, demandant à ses hommes de ne plus se contenter de la suivre. Cette fois-ci, elle se sentait plus mal encore parce que les deux hommes semblaient presser le pas, se rapprochant dangereusement de la jeune femme jusqu'à être à un mètre à peine d'elle. Prise de panique, Elizabeth s'approcha d'une jeune femme qui jouait au ballon avec son fils. Ce n'était sans doute pas la meilleure idée, peut-être même mettait-elle en danger la vie de cette femme et de cet enfant, mais elle s'était approchée d'elle parce qu'elle était la plus proche. Parce qu'elle espérait que Mary était assez humaine pour ne pas mettre en danger d'autres vies que celle d'Elizabeth. Parce qu'elle faisait davantage confiance à une mère jouant avec son fils qu'à une personne seule ou sans enfant. La jeune mère semblait effrayée, attrapant la main de son fils comme dans un geste de protection. « Je vous en supplie, faites comme si on se connaissait. » supplia Elizabeth, doucement, en s'approchant davantage de la jeune mère, essayant de sourire. « Voyez ces deux hommes derrière, ils me suivent depuis tout à l'heure. J'ai besoin que vous m'aidiez. » Autant être franche, autant que possible du moins. Peut-être que cette information ferait fuir la jeune femme ne souhaitant pas mettre en danger son enfant ou peut-être allait-elle accepter d'aider l'ancienne reine.

Qui était cette femme et que voulait-elle ? Camille était en train de s’amuser tranquillement avec son petit garçon quand elle s’était approchée. La brune avait attrapé la main de son petit garçon, le mettant légèrement derrière elle afin de le protéger. Elle ne connaissait pas la rousse qui venait de s’approcher et elle ne connaissait pas ses intentions. Si Camille avait bien appris une chose ici, c’était la méfiance. Elle savait bien que tout était différent de Fleurville, les gens n’étaient aussi inoffensifs et bons que là-bas. La demande de la femme fut particulière, pourquoi faire comme si les deux femmes se connaissaient ? C’était assez étrange, mais Camille avait vite fini par comprendre, puisque la rousse avait repris la parole pour lui donner plus d’explication. En entendant le début de la phrase, Camille avait machinalement tourné légèrement les yeux pour apercevoir ces deux hommes. Ils n’avaient, en effet, pas l’air très sympathique, mais que pouvait-elle faire ? Camille hésitait un court instant avant de reprendre la parole. Elle avait peur de mettre en danger son petit garçon, elle ne connaissait pas les intentions des hommes et ne savait pas si cette femme était dangereuse ou non. « D’accord. » Les mots étaient sortis sans que Camille ne puisse réellement les contrôler. Elle avait toujours été bonne avec les autres et elle n’avait pas envie de laisser cette femme affronter le danger si c’était réellement ce qui l’attendait. Camille s’avançait pour la prendre dans ses bras comme elle aurait fait avec sa sœur ou l’un de ses amis. Elles ne se connaissaient pas, mais elles devaient jouer le jeu. « Faîtes semblant de vous amuser avec nous dans ce cas. » Camille venait de lâcher la main de son petit garçon, ne s’éloignant pas trop de lui. Elle donna un léger coup de pieds au ballon, pour que Georges le rattrape. Puis il l’avait tout naturellement lancé à la femme qui était désormais près d’eux. À son âge, il ne se posait pas trop de questions, heureusement. « Je peux vous demander votre nom ? Ce sera sans doute plus simple de faire semblant de se connaître si on sait le prénom de l’autre. Moi c’est Camille. » La brune souriait comme si elle discutait avec son amie, évitant de croiser le regard des deux hommes toujours posté un peu plus loin.

L'hésitation se lisait clairement sur le visage de la jeune mère. Elizabeth n'en était pas tellement étonnée. Elle voulait sans doute protéger son fils et Elizabeth pouvait très bien être le véritable danger pour elle. Alors elle comprenait ses hésitations et comprendrait même très bien qu'elle ne réponde pas à ses supplications. Elle fut soulagée d'entendre ce d'accord sortir de la bouche de l'inconnue. Comme si ce simple d'accord était en train de la sauver. Ce n'était peut-être pas le cas, mais elle était au moins rassurée, en sécurité pour quelques minutes au moins. Ils n'attaqueraient sans doute pas du moment où Elizabeth était avec cette femme. Mary était bien des choses, elle était cruelle et violente, prête à tout et déterminée, mais elle ne s'en prendrait pas à un enfant. Elle l'espérait, du moins.

En voyant la jeune femme s'approchait pour la prendre dans ses bras, elle eut presqu'un mouvement de recul. Personne ne la prenait jamais dans ses bras, personne ne la touchait jamais. C'était un geste bien amical auquel elle n'était nullement habituée, ni dans cette vie, ni dans l'ancienne. Mais elle répondit rapidement à cette étreinte, comprenant ce qui était en train de se passer, ce que l'inconnue était en train de faire. « merci. » souffla-t-elle sincèrement. S'éloignant, la jeune femme tira dans le ballon pour l'envoyer au petit garçon qui lui envoya à elle. Voilà un jeu auquel elle n'était pas habituée, mais qui semblait bien amusant. Alors, à son tour, elle tira la balle tout doucement pour la lancer au petit garçon. La jeune mère jouait son rôle à merveille, parlant peu fort pour que personne n'entende leur conversation. « Elizabeth. » répondit l'ancienne reine, ajoutant aussitôt. « Enchantée Camille, et merci. Vraiment de tout coeur. » combien de personnes auraient fait pareil ? « et votre petit garçon ? » demanda-t-elle, curieuse. « Je ne voulais pas vous mettre en danger, j'ai paniqué, je ne savais pas quoi faire. Je suis désolée de vous mêler à tout ça ! » elle n'avait pas été aussi sincère depuis un siècle. Cette femme semblait adorable et prête à aider les autres, alors elle s'en voulait de la mettre en danger ainsi. Elle se rassurait comme elle pouvait, en se disant que Mary ne s'en prendrait pas à elle. Mary croirait peut-être enfin qu'Elizabeth avait une vie et qu'elle avait des amis, même si ce n'était vrai.

Camille devait donc jouer la comédie. Comme cette fois où elle avait fait une pièce de théâtre avec Sophie, Madeleine et Marguerite. Bien évidemment, ce n’était pas la même chose, il y avait sans doute une vie en jeu et elle devait être très convaincante. Elle devait se comporter comme une amie avec une inconnue, faire semblant de la connaître depuis longtemps et ce n’était pas simple, surtout que Camille était méfiante. La jeune mère s’était dans un premier temps approchée de la rousse pour la prendre dans ses bras, comme elle pourrait le faire avec un membre de sa famille ou un ami proche. La jeune femme l’avait remercié de faire ce geste pour elle sans doute. Camille ne répondait rien, car elle avait juste face à elle les deux hommes qui semblaient suivre l’inconnue. Les deux femmes s’étaient ensuite éloignées l’une de l’autre, pour jouer au ballon avec Georges. Elles devaient se comporter normalement après tout, non ? Camille se présentait, demandant à la rousse comment elle se nommait. Elizabeth. Elle pouvait désormais mettre un nom sur son visage, ce qui était tout de même plus pratique pour faire croire qu’elles se connaissaient. « C’est normal. » Elle avait fait comme beaucoup d’autres aurait fait à sa place, elle l’espérait du moins. « Il s’appelle Georges. » Elle devait aussi connaître le prénom de son petit garçon, une fois de plus, c’était une question de logique. « Je comprends, j’aurais peut-être fait pareil à votre place, si je me sentais en danger, je serais certainement allait voir quelqu’un. » Si elle n’avait pas eu d’autres choix, elle aurait sans doute fait pareil, elle n’aurait sans doute pas hésité à aller voir quelqu’un, faisant semblant de le connaître. C’était sans doute le meilleur moyen de se sauver, les deux hommes n’allaient sans doute pas s’en prendre à eux, surtout qu’il y avait un enfant, Camille l’espérait en tous cas, elle ne supporterait pas l’idée de mettre son enfant en danger. « Je peux vous demander ce que vous avez fait pour que ces deux hommes vous suivent ? » Camille avait bien le droit de savoir. La brune souriait, s’amusant toujours au ballon, elle attendait la réponse de la rousse, en espérant qu’elle lui réponde et sans mensonge.

Elizabeth remerciait sincèrement la jeune mère de son action. Elle restait persuadée que peu nombreux étaient ceux qui auraient fait la même chose. Certains auraient sans doute fui, d'autres l'auraient totalement ignoré pensant à leur propre sécurité d'abord, mais qui pouvait les juger ? C'était normal et humain de se protéger et protéger sa famille. Pourtant cette jeune femme était prête à l'aider, alors Elizabeth se trouvait bien bête de ne pouvoir lui offrir en échange qu'un simple merci et de la mettre, en plus de tout, en danger. Même si elle était persuadée, ou elle espérait du moins, que sa cousine n'était pas monstrueuse au point de mettre un enfant et une mère en danger.

Après s'être présentée, la jeune femme demanda le nom de l'enfant. Après tout, il était important de le connaître également. Elle afficha un sourire pour toute réponse lorsque la mère donna le nom de son fils. C'était un prénom bien peu courant de nos jours, de ce qu'elle avait pu en déduire du moins. L'ancienne reine la remercia alors de nouveau, s'excusant de la mettre ainsi en danger. Elizabeth n'était pas habituée à discuter avec quelqu'un en dehors de son travail, alors elle ignorait comment débuter une véritable conversation ou comment se comporter. Elle se contentait alors de taper doucement dans le ballon pour participer au jeu de la mère et de l'enfant, parlant doucement avec Camille qui lui racontait qu'elle aurait fait la même chose. C'était un comportement humain après tout de se rapprocher d'autres êtres humains lorsque l'on avait peur, pour se défendre et être protégé. A la question de la mère, Elizabeth se sentit immédiatement gênée. Que devait-elle dire ? Lui dire toute la vérité était totalement impossible, elle était censée être amnésique et n'allait pas se dévoiler à une inconnue. Devait-elle lui mentir, faire comme si elle ignorait la vérité ou simplement dire que quelqu'un la faisait suivre ? Sans doute était-ce clair qu'elle réfléchissait à la réponse qu'elle devait donner, évitant le regard de la mère pour se concentrer sur le ballon. « Je ne peux pas tout vous raconter, mais une personne croit me connaître et me fait suivre depuis des mois. » se justifia-t-elle. Inutile de raconter toute la vérité ou la véritable nature d'Elizabeth. « Habituellement, ils me suivent de loin, mais là j'ai paniqué lorsque j'ai remarqué qu'ils s'approchaient de trop près... » elle avait tellement honte de ne pas avoir su réagir autrement, de se montrer si faible face à cette jeune femme. « Je comprendrais totalement si vous me demandiez de partir. » après tout, elle pouvait comprendre être en danger elle-aussi, rendant les choses plus réelles après des explications.

Alors que Camille jouait tranquillement avec son fils, elle se fit interpeller par une jeune femme. Celle-ci lui avait demandé de l’aide, car elle se faisait suivre. L’éducation de Camille faisait qu’elle ne pouvait pas laisser cette femme se débrouiller seule, elle se devait l’aider du mieux qu’elle pouvait. Le mieux à faire était de faire croire que les deux femmes se connaissaient depuis longtemps et que la rousse était simplement venue rejoindre son amie et son fils pour passer un moment agréable au parc. Il fallait aussi faire comme si elles ne se souciaient pas des deux hommes, comme si elles ne les avaient même pas remarqué.

Les deux femmes faisaient doucement connaissance, toujours en jouant la comédie. Elles faisaient semblant de se connaître depuis longtemps et pour cela, elles se posaient discrètement quelques questions, pour en savoir un peu plus l’une sur l’autre. « Cette personne vous veut du mal ? » Il était normal de se poser la question. Il était possible qu’Elizabeth soit dangereuse. « Non, ne vous en faîtes pas, vous pouvez rester. Je ne peux pas vous laisser repartir si vous êtes en danger. Vous avez bien fait de venir nous voir, j’aurais sans doute fait la même chose à votre place. » Camille souriait, si elle était en danger, si elle craignait pour sa vie ou pour celle de son fils, elle n’aurait pas hésité une seule seconde, elle se serait approchée de quelqu’un qui ne semblait pas dangereux pour trouver de l’aide. Georges commençait à fatiguer, il était encore petit, courir après un ballon était vite épuisant pour lui. « Nous allons goûter, tu as faim ? » Camille se permettait de la tutoyer, si les deux hommes entendaient ce qu’elles disaient et qu’elles se vouvoyaient, cela n’aurait aucun sens. « On devrait se tutoyer, je pense que c’est plus prudent. » La brune souriait, tout en prenant Georges dans ses bras pour aller rejoindre ses affaires. Camille déposa une nappe sur l’herbe, sortant de son panier quelques petites choses à manger et à boire. « Vous pouvez vous servir. » Camille s’adressait autant à Georges qu’à Elizabeth. Il y avait assez de biscuits et de jus de fruits pour eux trois. Georges avait pris un biscuit et le verre de jus de fruits que lui avait servi sa mère. Camille avait fait de même, ce genre de moment lui rappelait son enfance à Fleurville. Les deux hommes étaient toujours là, ils n'avaient pas bougé d'un pouce et ils continuaient à les observer.

Elizabeth était soulagée d'avoir trouvé une personne prête à l'aider. Pourtant, ce n'était pas facile de lui expliquer les faits sans lui donner toute la vérité. Elle ne pouvait tout de même pas dévoiler toute sa vie à une inconnue, même si elle était en train de l'aider. « En quelque sorte, oui... » avoua Elizabeth en baissant les yeux. Si cette personne lui voulait du mal, alors peut-être que Camille ne voudrait plus l'aider. Il était logique qu'une mère veuille protéger son enfant et peut-être ne voudrait-elle pas mettre la vie de son enfant en danger à cause d'une inconnue. Elizabeth releva les yeux lorsque la jeune femme affirma qu'elle pouvait rester ici. « Merci. Sincèrement merci. » répéta-t-elle. « Je ne souhaite pas vous mettre en danger... » avoua-t-elle pourtant, pensant à quelqu'un d'autre qu'elle-même.

Il n'était pas courant qu'on la tutoie, alors elle fut surprise d'entendre Camille le faire. Pourtant, il était évident qu'elles devaient se tutoyer puisqu'elles étaient censées se connaître. Cessant de jouer, la jeune mère lui proposa alors de goûter. Elizabeth se mit à sourire, sincèrement, sans se forcer, chose rare, et ajouta : « Je meurs de faim, oui. » Et à sa remarque, Elizabeth se contenta de hocher la tête pour montrer qu'elle était d'accord avec elle. En effet, c'était plus prudent. Elizabeth suivit la mère qui allait préparer une nappe et un goûter. Elle ne savait pas trop quoi faire, si elle devait aider ou comment. Ce n'était pas une situation habituelle pour elle. L'ancienne reine, finalement, s'installa aux côtés de la mère et de l'enfant et attrapa un des biscuits pour prendre le goûter. Si elle ne mangeait rien, elle pouvait paraître suspecte. Les deux hommes continuaient à les observer, alors Elizabeth prit par la suite un verre de jus, priant pour qu'ils partent et qu'elle puisse rentrer chez elle. « C'est délicieux ! » lança-t-elle, cherchant à faire la conversation comme n'importe qui. « Vous... » Non plus de vous, même s'ils ne les entendaient sans doute pas puisqu'elle ne parlait pas fort. « Tu fais quoi dans la vie ? » Après tout, peut-être pouvait-elle en apprendre plus l'une sur l'autre, « si vous souhaitez en parler, bien sûr. » encore un vous, mais la situation était bien trop inhabituelle pour elle.

Camille essayait d’en apprendre plus sur la femme qu’elle était en train de protéger, ainsi que sur les hommes qui étaient en train de la suivre. La mère de famille voulait avant tout protéger son enfant, il était à ses côtés, alors elle voulait savoir si elle le mettait en danger en laissant Elizabeth rester avec eux. « Oh… » Réponse peut constructive, mais qui laissait bien comprendre ce que pensait Camille, surtout avec le ton qu’elle avait emprunté. Elizabeth mettait sans doute Georges en danger, mais que devait faire Camille. Elle ne pouvait pas lui dire de partir, si elle était en danger, elle n’en avait pas le droit. Et en même temps, elle devait protéger son enfant. Pour le moment, les deux hommes restaient dans leur coin, observant de loin, ils n’avaient pas l’air d’être prêt à passer à l’action. Georges ne risquait peut-être rien finalement. Peut-être qu’ils ne voulaient pas intervenir si Elizabeth n’était pas seule. « Vous n’avez pas à me remercier. » Après tout, c’était un comportement normal, protéger et aider les autres était normal. Pour ce qui concernait le danger, Camille ne répondit rien, mais elle espérait qu’elle ne mettait pas son petit garçon en danger.

Pour plus de sécurité, les deux jeunes femmes devaient faire semblant de se connaître depuis longtemps, elles devaient prétendre être des amies. Se vouvoyer n’était donc pas une bonne chose à faire. Elles devaient sembler proches, ne pas vouloir tenir de distances, comme pouvaient le faire deux amies. « Parfait, alors goûtons. » Camille préparait la nappe, avait sorti quelques petites choses pour le goûter avant que tous ne s’installent. Elizabeth prit un biscuit et un verre de jus de fruits, suivit de George et Camille. « Merci. » Tout avait été préparé maison avec les enfants de l’orphelinat. Camille en avait juste pris une petite partie pour passer un moment seule avec son fils, enfin, c’était ce qu’elle pensait avant de voir Elizabeth arriver. La rousse reprit la parole, elle semblait avoir du mal avec le tutoiement, pas étonnant, elles ne se connaissaient même pas et devait faire semblant du contraire, cela n’avait rien d’évident, surtout qu’elles ne devaient rien laisser paraître. « Je ne sais pas si tu connais l’orphelinat qui se trouve dans le quartier Hogwarts Place. J’en suis la directrice. Et toi ? » Pourquoi Camille ne souhaiterait-elle pas parler de son métier ? Il n’y avait aucun mal à dire ce que l’on exerçait comme métier, sauf si celui-ci était illégal, dangereux ou quelque chose comme ça. Les deux femmes prenaient le temps d’apprendre à se connaître. Il ne restait plus qu’à espérait que les deux hommes, qui se trouvaient toujours à la même place ne les entendent pas parler. Comment expliquer que deux amies de longues dates ne connaissent rien l’une de l’autre ? Comment expliquer qu’elles ne connaissent même pas le métier de l’autre… ?

Elizabeth avait remercié, une fois encore, la jeune mère de famille. Elle acceptait de se mettre en danger pour l'aider elle. En réalité, elle ne risquait sans doute rien, les hommes de Mary n'interviendraient pas alors qu'elle n'était pas seule. Elle en était presque certaine. Selon Camille, elle n'avait pas besoin d'être remerciée. Et pourtant. Combien ferait comme elle ? Trop peu, malheureusement. Elizabeth en était certaine. Alors si, elle avait toutes les raisons de la remercier.

Les deux jeunes femmes s'installèrent sur la nappe installée par terre. Il semblait qu'il était l'heure de prendre le goûter. Pour faire plus naturel, la jeune femme prit part au goûter, se servant un biscuit et un verre de jus de fruits. Si elle ne faisait rien et qu'elle restait bêtement assise là, sans doute que cela pouvait paraître suspect. Elizabeth prit même l'initiative de faire la conversation. Ce n'était pas du tout quelque chose d'habituel pour elle. Elle ne savait pas lancer la moindre conversation en général. Alors elle avait sorti la première chose qui lui était passée par la tête, simplement pour donner l'impression aux deux hommes que les deux femmes discutaient comme des amies. Mais elles prenaient bien soin de parler doucement, pour qu'aucun mot ne leur parvienne et que la conversation ne leur semble pas étrange. « Non, je ne crois pas. Je ne sors pas beaucoup. » Pour ne pas dire presque jamais, alors forcément, elle connaissait assez peu les différents endroits de la ville. « mais c'est un très beau métier de venir en aide à ces enfants. » elle aussi autrefois, elle avait essayé d'aider à sa façon une enfant. C'était bien différent, c'était certain, mais elle pouvait comprendre cette envie d'aider un être vulnérable. « Je suis psychologue. » lança-t-elle. Même après plus d'un an ici, il lui était toujours étrange de se présenter comme telle. Autrefois, elle n'avait aucun besoin de se présenter, aucun besoin de donner son métier. Elle avait été Elizabeth Tudor, reine d'Angleterre, si on s'adressait à elle, on savait forcément qui elle était. Tout était tellement différent dans ce monde. « C'est ton seul enfant ? » demanda-t-elle, pour lancer une autre conversation, après avoir bu un peu de jus. Elle était toujours aussi peu douée pour discuter et elle allait vite être à court de conversation, elle le savait, mais plus elles discuteraient, plus Elizabeth aurait de raisons de rester là.

Après avoir joué à la balle, il était temps de prendre le goûter. Tout le monde s’était donc installé sur la nappe installée au sol. Camille déposa des biscuits au sol, ainsi que le jus de fruits. Une fois tout le monde servi, Camille bu une gorgée de jus, avant de commencer à goûter les biscuits. « Oh, je vois. » La brune souriait à celle qui était censée être son amie. Elle ne sortait pas beaucoup, peut-être qu’elle avait des soucis. Enfin, elle avait certainement, puisqu’elle était suivie et semblait peu sereine. « Merci. J’ai toujours apprécié aider les autres. » Camille n’aimait pas recevoir de compliment, ou plutôt, elle était gênée à chaque fois qu’elle en recevait un. Il était vrai que Camille avait toujours aimé aider les autres, elle aimait se sentir utile voilà tout. Et puis tous ces enfants avaient besoin d’adultes pour s’occuper d’eux, ils avaient besoin d’être entourée, protégée… « Psychologue. » Camille répétait bêtement ce que venait de dire la rousse, un peu étonnée par ses dires. Elizabeth était réellement psychologue ? Difficile à croire, mais en même temps, elles ne se connaissaient que depuis vraiment très peu de temps. « C’est également un beau métier. Vous aidez également les autres. Ça nous fait déjà un point commun. » Elizabeth aidait les autres, tout comme Camille aidait les enfants de l’orphelinat. Un point commun, parmi les nombreuses différences qui semblaient les qualifier. « Oui, Georges est mon seul enfant. » Camille souriait, elle aurait aimé en avoir d’autres, mais le père de Georges avait disparu et puis elle s’occupait déjà de dizaines d’enfants à l’orphelinat. « Enfin, j’ai beaucoup plus d’enfants. Tous les enfants de l’orphelinat sont un peu comme les miens. Et toi ? Tu as des enfants ? » Elle était seule dans ce parc, en l’observant, elle ne semblait pas être mère, mais Camille pouvait se tromper. Elizabeth avait peut-être même une grande famille qui l’attendait chez elle.

Elizabeth confia à la jeune mère qu'elle exerçait un beau métier. S'occuper d'enfants qui n'avaient plus de parents ne devait pas être quelque chose de simple. Au contraire. Et c'était admirable de se dédier entièrement à d'autres, à de jeunes enfants qui avaient besoin d'aide. Elizabeth l'admirait. Elle aurait aimé être ce type de personnes si la vie lui en avait laissé le choix. Aujourd'hui, elle aurait pu faire tout ça. Elle aurait pu changer et devenir celle qu'elle aurait aimé, mais ce n'était pas le cas. Elle n'avait rien fait. Elle n'avait pas changé. Puis à son tour, elle évoqua son métier. A sa façon, elle aurait pu aider les autres, mais ce n'était même pas le cas puisqu'elle n'était pas douée du tout. Parfois elle se demandait même si elle ne faisait pas pire que mieux, conseillant au plus mal ses patients malgré les efforts qu'elle mettait parfois dans son travail. « C'est différent... Ce n'est pas un métier que j'ai choisi et je ne suis pas très douée, à vrai dire... » se confia-t-elle finalement, avouant très rarement qu'elle ne faisait pas ce métier par choix. Elle était stupide quelque part, cela amènerait sans doute des questionnements sur le pourquoi de la part de Camille. Et contrairement à ce que cette femme imaginait, elles n'avaient sans doute aucun point commun.

Les deux femmes continuèrent leur conversation et Elizabeth en vint à demander si le petit garçon était fils unique. La psy imaginait cette mère avec plus d'enfants. Elle semblait être faite pour ça, même sans la connaître. Et la suite la fit sourire, jusqu'à cette fameuse question. Avait-elle des enfants ? Elle avait failli en avoir un, une fois, il y a très longtemps. Mais elle l'avait perdu. Il aurait sans doute était un grand bonheur, mais il aurait également et très probablement provoqué sa chute. Elle n'était pas mariée et il y avait déjà bon nombre de rumeurs sur elle et ses relations. Et puis elle n'en avait pas eu d'autres ensuite. Et elle n'en aurait probablement jamais parce que sa vie était trop compliquée, elle n'était pas assez stable et avoir un enfant, ce serait ne pas pouvoir assurer sa sécurité. « Non, je n'ai pas d'enfant. » précisa-t-elle simplement sans plus de détails, reprenant aussitôt : « Tu as beaucoup à faire alors. » ajouta-t-elle en souriant. « Tu as une grande famille. » même si ça n'avait rien d'une famille de sang, elle vivait et s'occupait de tous ces enfants. « Tu es ici depuis longtemps ? » Poursuivit-elle en tentant de poser des questions comme n'importe qui le ferait, mais elle n'était pas spécialement douée avec l'improvisation.

Camille et Elizabeth apprenaient à se connaître. Elles étaient bloquées là toutes les deux. Elles n’avaient pas d’autres choix que de jouer les amies, alors autant faire quelque chose d’utile pendant ce temps. Après avoir discuté de leur métier, les deux femmes en étaient venues à parler des enfants. Elizabeth avait lancé le sujet en demandant à Camille si Georges était son seul enfant. Le petit garçon était bien son seul enfant biologique, mais elle devait s’occuper de plusieurs dizaines d’enfants à l’orphelinat. Ils n’avaient aucun lien de sang, mais elle s’occupait d’eux depuis son arrivée ici, alors, ils étaient tous un peu comme ses propres enfants et formaient tous une sorte de famille. « Oui, j’ai beaucoup à faire. Les enfants ne sont pas tous faciles à gérer, mais au final, je n’ai pas à me plaindre. » Elle avait une grande famille, comme le disait Elizabeth. Alors oui, elle avait beaucoup de travail, surtout avec les plus jeunes, mais ce n’était rien. Elle savait comment éduquer les enfants et surtout, elle savait comment gérer les perturbateurs, elle avait grandi aux côtés de Sophie, il ne fallait pas l’oublier.

Les deux jeunes femmes continuaient leur conversation, tentant toujours d’en apprendre plus l’une sur l’autre. Sauf que le temps tourné peu à peu à l’orage et sans s’y attendre une averse leur été tombée dessus. Leur petit après-midi au grand air était fichu. Camille, aidait d’Elizabeth, avait tout rangé en vitesse avant de prendre Georges dans les bras et de se mettre à courir pour rentrer le plus vite possible chez elle. Une fois hors du parc, Camille et Elizabeth s’étaient assuré de ne pas être suivies par les deux hommes, avant de se séparer pour rentrer chacune chez elle. Si Camille devait retenir une chose de cette journée, c’était qu’elle avait fait une bonne rencontre, bien qu’un peu étrange.